A la recherche d'une solution
- Cherry ? Ou es-tu ? appelait le patron du petit café de Safir.
Il déposa le sac de baies qu'il venait d'aller acheter à la supérette du village, et entreprit de vérifier chaque pièce.
- Ho ! Cherry ?
Il avait fouillé le café, mais refusait de croire que la serveuse ait pu abandonner l'établissement. Soudain, il entendit un gémissement dans le placard à balai. Il l'ouvrit, et découvrit Cherry, les mains et les pieds liés par des languettes de plastiques. Un morceau de tissu dans sa bouche, l'empêchait de crier. Elle ne portait plus sa robe rose et son tablier blanc de serveuse, mais une jupe et une T-shirt gris.
Son patron libéra ses jambes, et elle fondit en larme.
- Allons, allons Cherry… racontez moi.
Entre deux sanglots, la jeune femme s'expliqua :
- Je préparais la commande du jeune homme dans la cuisine, et puis quelqu'un a mis un mouchoir sur ma bouche. Je me suis endormie, puis réveillée dans le placard…
- Le jeune homme ? Qui ?
A cet instant, Léo entra dans le café.
- Nina ! cria-t-il. Avez-vous vu ma sœur ?
Puis, apercevant la serveuse encore à moitié entravée, il fit le lien entre les évènements récents. Il se rappelait que la serveuse qui avait pris sa commande n'était pas la même que celle qui l'avait apportée. La première serveuse se retrouvait piégée dans un placard, et Nina disparaissait sans laisser de trace. Comme la deuxième serveuse…
Léo courut à sa table. Sur le plateau, il trouva immédiatement le morceau de papier. Il lut.
Enferme ton Pokémon et dépose le sous le grand chêne de la forêt de Zipetion avant mercredi à 15h. Obéis, et tu retrouveras ta sœur sous le pont qui relie Argentia à Pajolais à 15h30
Le jeune homme resta bouche bée. Il devait trouver une solution, et pour cela, il aurait trois jours et trois heures.
- 4, passe-moi l'adhésif.
Son nom de code était « numéro 3 », de son vrai nom, Anne. Elle était assez jeune, grande et jolie. Ses cheveux bruns tombaient jusqu'au bas de son dos. Elle était occupée à attacher les mains de Nina derrière son dos. Le numéro 4, un grand gaillard roux du nom de Tom, tenait le volant du fourgon. Il n'avait pas pris la peine de regarder le « paquet » ne serait-ce qu'une seconde. Il avait confiance en 3. Ils se rendaient à Zipetion. Là-bas, ils livreraient la fille, et seraient payés. Ensuite, ils disparaitraient dans la nature.
La jeune femme colla une large bande adhésive sur la bouche de Nina. Puis elle posa une couverture sur son corps endormi, et se contorsionna pour passer de la banquette arrière au siège avant.
- A nous le fric, 4 !
- Youhou !
Léo avait roulé jusqu'à Argentia, qui se trouvait se trouvait à quelques kilomètres de Safir. Il traversa le village en pédalant comme un fou. Il dépassa une confiserie et plusieurs boulangeries. Rapidement, il arriva sur le pont. L'énorme géant de pierre s'étendait loin à l'horizon. On ne voyait pas le bout. L'adolescent se pencha. Il aperçut le fleuve, agité par un courant très fort. Nina n'était pas là. Léo remarqua un chemin de terre, qui descendait sous le pont.
- On y est… Bon, go.
Anne sortit de la voiture. Elle fit coulisser la portière arrière. Elle enleva la couverture du corps de Nina. Cette dernière ouvrit les yeux, encore à moitié endormie. Anne fit glisser une cagoule sur sa tête.
- Un coup de main, s'te plait.
Tom avait sorti un tapis Persian du coffre. Il en fit un rouleau, Nina dedans, et le souleva. A une centaine de mètres au sud de Zipetion, les deux jeunes s'arrêtèrent. Anne fit coulisser l'écorce d'un gros arbre factice. Ils entrèrent. L'arbre-ascenseur descendit durant plusieurs minutes. Quand il s'immobilisa, les portes s'ouvrirent sur un étrange lieu. Les murs métalliques du couloir reflétaient la lumière artificielle des lampes au sol. Au bout, une porte en fer était entrouverte. Tom et Anne marchèrent jusqu'à elle. Le tapis commençait à remuer.
Léo glissa sur un caillou. Le chemin était raide. Léo se baissa lentement. Il s'assit sur le chemin, et se laisser doucement glisser jusqu'en bas. Les cailloux lui griffaient les fesses, mais cette alternative était la moins dangereuse. Bientôt, le jeune homme se retrouva sous le pont, debout sur un petit lopin de terre couvert d'herbe. Il n'y avait pas beaucoup d'espace. Un ou deux mètres carrés tout au plus. Léo repéra l'endroit. Aucun endroit où se cacher. Nina n'était pas là.
Les numéros trois et quatre ouvrirent la porte de fer. La pièce grise était vide. Au centre, une chaise métallique, pourvue de deux accoudoirs massifs. Tom posa le tapis au sol, et le déplia sans ménagement. Nina se retrouva à l'air libre. Presque. La cagoule l'empêchait de voir plus que des fragments de lumière. Quand elle sentit qu'on là soulevait, elle se débattit tant bien que mal. Tom l'assit. Anne là força à se pencher, et ôta le ruban adhésif de ses poignets, veillent à ne pas lui faire mal. Ensuite, elle accrocha les poignets de la jeune fille aux accoudoirs grâce à des anneaux en fer. Tom libéra ses pieds.
Au moment où les deux jeunes sortaient de la pièce, la fille demanda :
- On devait pas retirer la cagoule ?
- Merde. J'y vais.
Tom retourna dans la pièce grise. Il retira délicatement la cagoule. Nina lui jeta un regarde suppliant. Le jeune homme, quand il la vit, sentit un sentiment agréable monter en lui. Elle était si belle… Mais il ne pouvait pas se permettre de l'aimer, de la sauver. Il y avait trop en jeu. Mais il pouvait l'aider, éventuellement.
- Tom ! Grouille, on va récupérer l'argent !
Nina eu un mouvement suppliant vers Tom. Il lui jeta un regard mêlé de tristesse et de pitié, et sortit. Il claqua les deux verrous de la porte.
- Allez, frérot. Avec cet argent, on va soigner Gobou et Carapuce.