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Le Projet Wallace de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 23/10/2014 à 01:27
» Dernière mise à jour le 23/10/2014 à 22:56

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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079 - Presque Rien
« Bébé. Créature difforme à l'âge, au sexe et à la condition indéterminés, hautement remarquable par la violence des sympathies et des antipathies qu'elle provoque chez les autres, sans exprimer elle-même de sentiment ni d'émotion. »
(Ambrose Bierce)

« - Je vais passer de TRES MAUVAISES VACANCES ! »
(Fey dans le chapitre 30, Stop Worrying, Love the Bomb)

« Qu'au fond de moi sommeille
Un continent de vie
De tes monts et merveilles »

(Mylène Farmer, Du Temps)



James et Fey déjeunaient dans un café. Lui soucieux, elle embêtée.

- On va vraiment le faire alors ?
- Eh bah oui. On va le faire.
- D'accord, euh... Pour de vrai ?
- Oui, pour de vrai, James.
- Bon. On fait ça quand ?

Fey inspira.

- Mes parents ne sont pas là ce soir.
- Okay...

Fey regarda dans le reste du café. C'est comme si tout le monde savait ce qu'ils allaient faire.

- Tu l'as déjà fait ?
- Hein ? Quoi ?
- Bah l'amour. Tu l'as déjà fait ?
- Bah non, j'ai toujours été qu'avec toi !
- Hm. Donc ce sera la première fois.
- Comme pour toi, quoi !
- Oui.

James hocha la tête.

Et le soir venu, il se passa quelque chose qui, au fur et à mesure allait devenir normal entre eux, comme si cela devait toujours être.

***

- Et puis tout est tellement évident avec lui... C'est un peu ça, l'amour, quand tu réalises que toi et l'autre personne, vous êtes destinés à être ensemble. C'est la normalité, quoi.

Ana hocha la tête.

- J'espère qu'un jour je ressentirai ça avec quelqu'un... Encore faut-il trouver la personne...
- Justement, moi et James on ne s'est pas trouvés, on était destinés à se rencontrer !

Ana agita la tête.

- Quelque chose me dit que ça a encore moins de chances de m'arriver... Je suis toujours un peu partagée entre ici et la Russie... Qui sait où se trouve mon grand amour... Non pas que ça me préoccupe vraiment, en fait... Ce tournoi, tu le sens comment ?
- Oh ça va être terriblement chiant !

***

- C'est quoi ce bordel ? soupira James.

Ils étaient dans sa chambre à lui.

- Ce bordel, c'est qu'à chaque fois que je veux qu'on parle sérieusement de nous, de notre relation, de son avenir, tu esquives !
- On a le temps pour ça !!
- Nan, on l'a pas, le temps ! Je veux des enfants, je veux une maison, je veux qu'on travaille tous les deux, je veux qu'on fonde une famille, James !

James agita la tête.

- En attendant, on est encore à l'école...
- Tu vois ?!! Tu n'y penses même pas sérieusement !!
- Evidemment, on n'y est pas encore du tout !!
- Mais on va bientôt y être !
- Tu me gonfles !

Fey s'étonna. James inspira.

- Ca me gonfle qu'on s'engueule comme ça pour des conneries !
- Mais justement c'est PAS des conneries, c'est NOUS DEUX, James !! C'est ce qu'on va devenir, et le fait que tu ne penses à rien de tout ça me fout en ROGNE !

James et Fey se regardèrent, stupéfaits.

Et ils couchèrent ensemble, sur le moment.

Le lendemain, en se rhabillant, Fey expliqua à James qu'il valait peut-être mieux qu'ils prennent un peu de distance. James sembla d'accord.

Cette distance se mua en rupture après quelques envois de SMS de Fey qui ne trouvaient pas de réponse :

[Tu as fait les démarches pour trouver ta fac ?]

[Tu sais où on pourrait habiter plus tard ? Une résidence, pas une cité, hein, une résidence, un vrai truc habitable, pas un petit truc de merde là.]

[Si tu as un bon travail et moi aussi, ça peut le faire.]

[Hey, pour le mariage, je pourrais être en autre chose que blanc ? Ça me saoule d'être en blanc en fait...]

James, lui, fut vite saoulé tout court.

[Tu réponds pas ?]

Depuis son lit, un soir, il soupira et se décida à envoyer le message fatidique :

[Je crois qu'il faudrait qu'on rompe]


***

Toilettes. Vomi. Elle s'étonne. Pleure, se demande ce qui se passe. C'est vrai qu'elle est un peu anormale en ce moment. Tout qui s'échappe, tout qui change.

Pourvu que ni maman ni papa ne remarquent rien. Parce que Fey est une femme et qu'elle sait ce que ça peut vouloir dire.

Fey Hope avait toujours fait attention, elle était toujours restée dans les clous. Sauf en ce qui concernait sa relation avec James qui constituait son seul écart de bonne conduite. Elle maintenait la relation plus ou moins secrète auprès de sa famille qui prenait James pour son meilleur ami, du moins Fey en était certaine.

Et là, sous ses yeux ébahis, de la bonne bile.

- Merde... merde, merde, merde...

Elle tira la chasse et s'essuya vivement. Elle se regarda dans la glace. Elle s'y trouva transfigurée. Elle tâta sa poitrine puis son ventre.

- Oh non... non... non... Pas ça, non, pas maintenant...

Elle se mordilla les lèvres et regarda son téléphone, Facebook.

[25 Août – Fey T-M Hope a changé son statut amoureux en « Célibataire »]

« 16 septembre, Fey Hope a peut-être attrapé la pire maladie qui peut toucher une fille de son âge... »

***

Du coup, passage à la pharmacie.

- Je voudrais un test de grossesse, s'il vous plait...

Le pharmacien regarda la grosse fille noire timide en face de lui.

- Hmph...

Il en prit un et le tendit à la jeune fille.

- Cela fera 150 Pokédollars.

Fey hocha la tête et sortit le billet et les pièces.

- A cet âge-là, si c'est pas malheureux... grommela le caissier.

Fey serra les dents et se barra de l'établissement, bien matée par les vieilles qui faisaient la queue.

***

- C'est ballot que tu puisses pas cette semaine...
- C'est que j'ai beaucoup d'interventions chez des clients... souffla Tristan.

Wallace acquiesça.

- Au moins on peut parler un peu ici...
- Hm ! sourit Tristan.
- J'arrive plus à regarder mes Pokéballs tous les jours. Je les mets dans une poche de mon sac, c'est ma mère qui continue à les nourrir... je sais pas trop comment aborder cette partie...
- Petit à petit, ça va revenir. Je ne sais pas trop comment tes Pokémon – enfin, comment les Pokémon – abordent le deuil, mais je suppose qu'ils sont tristes aussi...
- Maman dit qu'ils traînassent dans le jardin, un peu hagards...
- Tu devrais essayer d'aller les voir un peu...

Wallace inspira.

- J'sais pas trop...
- On... « j'arrive pas à croire que je dise 'on'... » on n'aura qu'à y aller ensemble, si tu veux...
- J'sais pas trop si ça changerait quelque chose... C'est un peu viscéral, tu comprends...
- Essaie avec ta maman alors.
- Ta maman ? Tu peux dire « mère » hein... ricana Wallace.
- Oui bon, avec ta mère !
- Boh, j'sais pas, ce serait un peu embarrassant en fait... On essaiera. Si tu peux venir.
- Je verrais, ouais...
- J'avais pas pensé à ça en fait, t'as une vie et tout, et moi je te réquisitionne...

Tristan se sentit fondre. « Les termes qu'il utilise... mais réquisitionne-moi tant que tu veux... Si tant est que je saute le pas, que j'arrête de te mentir et si j'ose venir chez toi... »

- Euuuuh... Bah j'ai peut-être une intervention qui peut se décaler, je te dis ça... cet aprem ?
- Ok. Cool.

Tristan acquiesça. Il allait se séparer de Wallace.

- On mange ensemble ?

Tristan s'écroula en flaque de sueur.

- Dheu... Ou...i, si tu veux...
- Ce serait cool. A ce midi.
- Hm...

Tristan souffla, bouleversé. « Il veut de moi à ses côtés, il ne me repousse pas, je suis devenu important pour lui... »

Tristan baissa la tête. « Uniquement parce que son Pokémon est mort... bravo, Tristan, belle technique de drague... » songea le jeune homme.

Il secoua la tête. « Non, non et non. Tu n'en profites pas, c'est le garçon que tu aimes, tu es là pour lui dans un moment difficile, ce n'est pas comme si vous sortiez ensemble, il veut juste ta compagnie ! »

- Hey.
- WARPS ! Rebecca !
- Comment va ?
- Euh bah... Bien...
- On a vu ça... C'est en bonne voie ?

Tristan grimaça. Rebecca leva les yeux au ciel.

- Toi et Wallace !
- J'avais compris, mais il n'y a pas de... moi et Wallace. Il a juste besoin de soutien, je lui en apporte...
- A ce que mes petits oiseaux m'ont rapporté, il a un peu envoyé chier tout le monde pour les condoléances, et tu es le seul qui à présent a toutes ses faveurs...
- Je n'aurais JAMAIS dû te prêter mes DVD de Game of Thrones !
- On s'est éclatés à regarder ça avec Mike !
- Uh... même les scènes dans les bordels ?!
- Mais oui ! Et je persiste et signe, Varys va tous les enfumer !
- D'après Tino, c'est ce vers quoi on se dirige...
- Pas de spoilers, pas de spoilers ! Mike est plutôt pour Littlefinger mais je pense que Sansa va le zigouiller quand l'élève aura dépassé le maître !
- Mon avis c'est que ça va se finir sur Sansa et Arya qui retrouvent Winterfell chacune arrivant d'un côté, qui se regardent l'une et l'autre, transformées par ces épreuves, et qui se pleurent dessus pendant que la caméra s'élève et montre les marcheurs blancs franchissant le mur et s'avançant peu à peu pour les tuer tous et toutes.
- ... Tristan, tu es dépressif ?! s'étonna Rebecca, dégoûtée.
- Nan...
- C'est atroce ! Moi je voyais juste Daenerys mariée à Jon Snow !
- Oh pff. Cette fin de fillette... soupira Tristan. C'est ignorer complètement les enjeux géopolitiques et les jeux sous-jacents, ainsi que les théories sur Tyrion, Jon, etc.
- Tu devrais essayer de regarder avec Wallace, ça lui changerait les idées !

Tristan inspira.

- Je sais pas trop, on va voir comment ça avance... Il veut m'inviter chez lui, j'ose pas.
- L'avantage quand tu es invité, c'est que tu peux prendre congé si ça tourne mal.

Tristan soupira.

- Il a besoin de moi, je suis prêt à l'aider et... Je sais pas si je me suis ouvert des portes ou si au contraire je m'en suis fermé...
- Wow, wow, wow ! Tu te projettes beaucoup trop ! Vas-y, tu verras sur pièce !!

Tristan hocha la tête. Rebecca soupira en voyant Mike.

- J'y vais, sinon il va encore croire que je te confie des trucs sur nous deux...
- Tu as pensé aux billets pour son anniversaire ?
- Je sais pas à quel match l'emmener ! Et puis il voudra pas y aller avec moi, plus avec ses potes !
- Mais si, il voudra y aller avec toi !
- Faut voir. Pour le match...
- Demande à James ou à Steven...
- James, un peu compliqué en ce moment, Steven... un peu compliqué de manière générale !
- Ouais... Francis...
- Il est revenu ?
- Je sais pas, nan... J'sais pas trop ce qu'il peut faire en ce moment, faudrait voir avec Quinn. C'est juste moi ou la classe est un peu éclatée en ce moment ?
- Tu as de bons yeux, Tristan, waouh ! admit Rebecca, sarcastique.

Fey passa devant le duo, quelque peu stressée. Plus loin, Santana et Violette marchaient ensemble dans le couloir.

- Le cours commence bientôt...
- S'il te plait ! souffla Violette.
- J'adore quand tu es comme ça, mais là, du coup, ça va être plutôt court... sourit Santana.

Violette ouvrit la porte des toilettes.

- Personne !
- Bon, bah...

Les deux filles se glissèrent dans la pièce, prirent un box et s'y embrassèrent avec passion.

- Ca fait du bien, avec tout le monde qui déprime !
- Tu m'étonnes !! souffla Violette.
- Tu as repris le sport, tu es tellement belle... souffla Santana en embrassant Violette dans le cou.
- Et toi tu as repris les gâteaux de ta mère... admit Violette en tâtant les fesses de son amante.

Santana s'éloigna et regarda Violette qui sourit.

- Mais j'aime bien !

Santana sourit et prit sa camarade à pleine bouche.

Quinn et Lucy soupirèrent en scrutant le bout du couloir. Lucy regarda Quinn.

- Et... t'as pas de nouvelles ?
- Il ne répond pas à mes messages et quand j'appelle, ça ne répond pas...
- Aller chez lui... ?

Quinn souffla.

- Je flippe, Lucy !
- Ouais, mais...
- Y'a pas de mais, je flippe à mort ! Je sais que ça répondrait à pas mal de questions, mais...
- Salut...

Lucy et Quinn se tournèrent vers Francis. Qui semblait assez fatigué, vêtu d'un simple t-shirt blanc col en V, de ses habituelles lunettes et d'un jean.

- FRANCIS !!!

Quinn lui sauta au cou. Francis s'étonna. Lucy le regarda.

- Ca fait presque une semaine !! Pas de nouvelle ni rien !
- Je sais...
- Il t'arrive quoi ?! souffla Lucy.

Quinn s'éloigna et regarda Francis qui semblait gêné. Fey passa derrière tout ce monde et fila vers les toilettes.

- Grosse gastro, toilettes bouchées, réparateur, etc.

Lucy grimaça. Quinn la regarda et les deux filles semblaient incertaines. Francis serra les dents et haussa les épaules.

- C'est la seule version que vous aurez. Quoi de neuf ?
- Tu es sûr que ça va ?! s'interrogea Quinn.
- Mais oui... Quoi de neuf ?
- Wallace est revenu... marmonna Lucy.
- Vraiment ?! Chouette, c'est bien pour lui... Et...
- Et ça va pas fort du tout mais apparemment Tristan s'en occupe.

Francis grimaça. Lucy hocha fermement la tête.

- Ah ouais... Bon... Un truc de gays, je suppose ?!
- Tout le monde y pense, oui. Tristan est allé contre Tino, toute la classe jase... Top fun quoi !

Francis hocha la tête.

- Bon, ok... Bah c'est cool.

Quinn le regarda, inquiète. Francis la regarda.

- Je vais bien, promis.

Quinn agita légèrement la tête, incertaine. Elle ne pouvait s'empêcher d'entendre la respiration irrégulière de son ami.

***

Fey s'assit dans le second box. Elle entendit bien que ça s'agitait à côté. Son objectif était simple et il était clair : Elle devait faire pipi sur un objet pour qu'il lui dise si elle était enceinte ou pas. « Et à ce moment, que faire... C'est forcément celui de James... »

A côté, Santana et Violette, qui s'efforçaient de faire silence, se trouvaient dans une situation bien délicate quand la main de Violette glissa dans le pantalon de Santana qui fit de gros yeux en regardant Violette, malicieuse.

Fey souffla et s'exécuta. Un peu humiliant, mais au moins il y avait des murs. Et deux nanas qui faisaient « elle-ne-savait-pas-trop-quoi » à côté. Elle soupira une fois que cela fut fini et posa la chose sur la poubelle. « J'ai l'impression d'être la pire des dépravées »

Un autre gémissement la convainquit qu'elle était la seconde pire. Et un chuchotement :

- Arrête, il y a quelqu'un à côté ! chuchota une voix rieuse.

Fey leva les yeux au ciel. « Je suis pas à ça près, surtout en ce moment... »

- On s'en fiiiiche ! chuchota une voix plus vicieuse.

Fey secoua la tête, gavée. Elle regarda la boîte du truc. « 5 minutes... putain, cinq minutes à attendre... »

Quelqu'un d'autre entra dans les toilettes : Naomi. Elle soupira en voyant les box pris et alla devant le miroir pour se regarder. Elle s'appuya au lavabo et soupira. « Mais qu'est-ce que je fais avec ma vie, bon sang ?! J'ai passé un été de merde, tout ça parce que j'ai voulu... Merde, c'est d'avoir fréquenté Wallace qui m'a rendue comme ça ?! Mais Walter aussi, voulait... Pourquoi je fais retomber ça sur Wallace, c'est débile... et ça n'a rien à voir surtout ! Sinon à dire qu'il avait raison et qu'au final tout revient au sexe et qu'on ne peut pas faire autrement que... et ça gouverne tout et... »

Orgasme. Naomi haussa les sourcils et regarda vers les boxes.

- Nan mais faut pas vous gêner !!

C'était une autre voix qui avait dit ça. Celle de Fey. Dans son box, la fille se ravisa en se couvrant la bouche avec ses mains. Qu'elle éloigna rapidement, l'embout du test étant juste devant son œil.

- AAAAAH !!!

Fey sortit du box, paniquée. Naomi la vit. Santana et Violette sortirent du box en se rhabillant. Fey allait sortir mais les deux filles lui bloquaient la route, et... bon sang, elle n'allait pas sortir avec ça dans les mains !

- Ah... Ah non...
- Fey ?! s'étonna Naomi.
- Désolées... souffla Violette.
- Mais qu'est-ce qui se passe ? s'étonna Santana.

Fey recula, s'appuya sur le radiateur, et se mit à pleurer comme une gamine. Les trois filles se regardèrent, totalement interloquées.

***

La populace s'agglutinait devant la salle du cours de fondamentaux. Wallace était avec Tristan, Walter avec Perrine. Steven somnolait alors que Mike et Rebecca papotaient. Amélia était seule au bout du rang, ses cheveux toujours aussi courts, en train de tripoter son téléphone. James se demandait où était Fey. Gina et Holly avaient une discussion enflammée à propos d'une téléréalité passée la veille. Les jumeaux se tenaient à carreaux. Robbie envoyait un message enflammé à... sa mère. Tino semblait contrarié. Christina aussi. Orson et Benjamin finissaient une partie de jeu sur console portable. Francis semblait toujours autant à l'ouest. Quinn toujours aussi inquiète. Lucy de même. Clive et Andréa devisaient tranquillement.

Et puis Naomi sortit des toilettes, affolée.

- Euuuuuuuh...

Elle regarda ses camarades qui la regardaient comme si elle allait faire une grande annonce. Wallace regarda Tristan qui secoua la tête.

- On va pas faire cette blague de merde chaque année...
- Nan, t'as raison ! sourit doucement Wallace.

Naomi inspira.

- J'ai besoin que toutes les filles viennent dans les toilettes, on a une urgence !
- Une urgence ? s'étonna Rebecca.
- Toutes celles qui veulent venir viennent mais on va avoir besoin de monde !
- S'passe quoi ? s'étonna Quinn.
- Soit vous venez, soit vous ne venez pas ! souffla Naomi en repartant.

Les filles se regardèrent. Perrine hésita. Gina, Holly, Quinn, Lucy et Rebecca furent les premières à s'y précipiter. Ana suivit le mouvement. Andréa s'y rendit à leur suite, suivie par Christina. Perrine se décida à s'y rendre.

Seule Amélia resta à sa place. Les garçons s'étonnèrent.

- Et nous, putain ? grommela Steven.
- Je... suppose que c'est un truc de filles et qu'elles doivent gérer ça... entre filles ! admit Mike.

Francis inspira, quelque peu blasé. James soupira.

- J'espère que c'est rien de grave... souffla Walter.
- Ca avait l'air grave... admit Wallace.
- Je suppose qu'on doit pas bouger et attendre... marmonna Francis.
- Le prof va arriver... marmonna Orson.
- On s'en moque, nan ? souffla Benjamin.
- Non mais ça va pas, Benjamin ? Tu as perdu le sens commun, ma parole ? souffla Tino.

Benjamin grimaça.

- M'enfin, Tino, on va pas rentrer en classe pendant que les filles sont toutes dans les toilettes ! Ce serait pas juste envers elles ! Si elles sèchent, on sèche aussi !
- Ouais, au moins par solidarité ! admit Léon.
- Il a raison, tant qu'elles ne reviennent pas, on rentre pas ! admit Lilian.
- Et surtout : Elles vont pas se la couler douce pendant que nous on va trimer avec tête de gland Michelot de mes couilles ! souffla Steven.

Benjamin hocha la tête et s'assit contre le mur, suivi par Orson. Steven, Mike, James, Francis, Tristan et Wallace l'imitèrent. Tino resta debout en pestant. Robbie était tourné vers Amélia.

- Tu... n'y vas pas ?
- Je ne vois pas l'intérêt.

Robbie pencha la tête, intrigué. Il s'assit à son tour contre le mur. Clive restait debout. Tino le regarda.

- Bon ! Je suis ravi de voir qu'il y a au moins un garçon raisonnable dans cette classe !
- Me poser avec les poseurs ? Tu me prends pour qui, une pom-pom girl ?

Tino grimaça.

- ... euh... quoi ?!
- Je refuse de me conformer à votre grève débile.
- ... voilà autre chose... soupira Tino. Tu fais comme Amélia, tu te rends compte, là ?
- Tu fais aussi comme Amélia.

Tino secoua la tête.

- Je reste debout parce que je veux aller en classe !
- Je reste debout parce que je ne veux pas faire comme tout le monde.

Les deux regardèrent Amélia qui leur jeta un coup d'œil.

- Arrêtez de me prendre pour exemple. Et de citer mon nom aussi. Et de me regarder, s'il vous plait.

Clive et Tino se retournèrent. Tino croisa les bras, bien décidé à rester debout.

- Dis, Clive, tu te rends compte que tu te conformes à ma position, là.
- T'en as pas marre de toujours vouloir avoir le dernier mot ? Boucle-là... soupira Clive.

Tino grimaça et se tut. Les garçons étaient soit sur leurs téléphones soit en train de lire un bouquin.

***

Quand Perrine entra la dernière dans les toilettes des filles, le spectacle était pour le moins affligeant et mélodramatique. Fey était contre le radiateur du fond, le test de grossesse devant elle, en larmes, les mains sur le visage. Les autres filles étaient en cercle autour d'elle, sans pour autant qu'aucune ne soit à ses côtés excepté Ana qui lui tenait le bras.

- Ca va aller, Fey... marmonna la russe, inquiète.
- On... devrait pas être là... marmonna Perrine.
- Courage, Fey, voyons, ce n'est pas la mort... souffla Naomi.
- Pas la mort, pas la mort... Je suis enceinte ! C'est...

Christina agita la tête.

- Quelque chose de merveilleux...
- D'HORRIIIIIIIBLEUHEUUU... sanglota Fey.

Rebecca serra les dents.

- On va dire que tu as très mal choisi ton moment...

Les autres regardèrent la rousse, étonnées. Rebecca leva les mains.

- Elle vient de rompre avec le père ! James est bien le père, hein Fey...
- Evidemment...
- Du coup son timing est mal choisi !

Violette, Quinn, Lucy, Gina et Holly hochèrent la tête. Santana inspira.

- Fey, tu as peu d'options... Mais je suppose que ta décision est prise, je ne te connais pas beaucoup mais je vois comme tu es, et je suppose que tu vas vouloir le garder.

Fey hocha la tête.

- Oui bah oui...
- Mais si l'administration le découvre, tu peux être exclue...

Fey se mordilla les lèvres.

- Je sais.
- Que veux-tu qu'elle fasse, qu'elle se cache ? souffla Lucy.
- C'est une solution ! admit Quinn. Elle ne peut pas avorter !

Fey se boucha les oreilles, redoublant de sanglots.

- Laissez-là respirer un peu ! souffla Ana.
« Difficile, à treize dans une si petite pièce... » songea Perrine.
- L'année scolaire fait neuf mois... Oui il y a des chances pour qu'elle ait le bébé dans l'année... admit Gina.
- La classe va avoir un bébé, c'est génial ! sourit Holly.

Les autres filles la regardèrent. Elle leva les yeux au ciel.

- Ok, là, ça fait un peu chier parce qu'elle a dix-huit ans, qu'elle est pas mariée, qu'elle a pas fini ses études. Mais une fois le bébé né, elle pourra se marier, arrêter ses études et James va l'entretenir ! C'est un cadeau du ciel pour elle, elle aura juste à tenir son foyer !
- ... tu... viens de quelle époque, au juste ? demanda très sérieusement Lucy.
- Bah quoi ? s'étonna Holly.
- On va t'aider à le cacher... assuma Violette.
- Il faut mettre les profs dans le coup, ça semble évident... admit Andréa.
- Hm... Au moins madame Clover... admit Naomi.
- Vous pourriez vous calmer et laisser Fey parler ? soupira Ana.

Les filles regardèrent Fey qui respirait profondément.

- Je garde le bébé... C'est... certain, indiscutable, c'est le bébé de James, je n'avorte pas, je ne le fais pas adopter par aucune inconnue, c'est MON bébé.

Les filles acquiescèrent.

- Reste que... James ne doit rien savoir !

Les filles haussèrent les sourcils.

- S'il sait quoi que ce soit, il va revenir en rampant, et je vais le laisser revenir ! Je veux qu'il réfléchisse vraiment à son avenir, et là, il reviendra. Quand il aura compris que c'est important. Pas pour le bébé, pour lui et moi, pour nous deux !

Santana leva les yeux au ciel.

- On croirait entendre Tristan... Tu en exiges trop de lui !
- Mais c'est nécessaire ! Je n'élèverai pas mon enfant avec un irresponsable !
- James n'est pas irresponsable...

Les filles se tournèrent vers Perrine qui eut un réflexe embarrassé.

- Il... a peut-être juste peur ! marmonna la grosse fille.
- N'empêche que je veux qu'il n'en sache rien. Je veux qu'il fasse des efforts par lui-même. Et quand il sera à la hauteur, on en rediscutera. Pour ce qui est de... la grossesse en elle-même...

Fey inspira fortement.

- Je vais avoir besoin de vous, les filles, mais pas les profs !
- Même pas madame Clover ? s'étonna Naomi.
- C'est une pipelette ! souffla Fey, stressée.
- Mais elle pourra nous aider, elle est de notre côté ! assura Naomi.
- Nan ! Pas de prof ! Juste vous ! Je vais avoir besoin que vous me couvriez, et que vous ne vendiez pas la mèche, et que vous m'aidiez si j'ai besoin... Est-ce que vous me promettez de ne rien dire ?

Les filles se regardèrent.

- S'il vous plait, les filles, j'y arriverai pas toute seule !!

***

- Pourquoi moi juste après Tristan ?! Je n'ai rien fait de mal ! Personne n'a rien fait de mal parmi nous ! Vous n'avez pas honte d'interroger des élèves de troisième année comme si c'étaient des criminels ?

L'inspecteur Reiner soupira.

- Vous avez tous autant de répondant dans cette classe ?
- Quand on nous taquine, oui, généralement !

Fey Hope avait l'air fatiguée et secouée. Et anxieuse. Jason Mars buvait un café tout en prenant des notes.

- Mademoiselle Hope, qu'est-ce qui vous a poussé à vous joindre à cette guérilla ?

Fey inspira.

- Il le fallait.
- Enfin quelqu'un qui ne répond pas avec insolence !
- Tristan Edison vous a répondu avec insolence ? Il a vraiment mal tourné, celui-là...
- N'est-ce pas... soupira l'inspecteur. De quel genre de milieu venez-vous, mademoiselle Hope.
- J'ai un papa et une maman, j'ai deux cousines qui vivent en Martinique, d'où vient ma famille. Mon père est chef de son service dans une boîte de pharmaceutiques, ma mère a été préparatrice de commande avant de m'avoir.

Reiner s'étonna.

- Bon... Pendant cette guérilla, vous étiez chargée de la surveillance de l'étage... Avec votre camarade Ana, c'est ça ?
- Oui.
- Où se trouvait votre enfant ?

Fey se mordilla les lèvres. Jason Mars regarda Fey plus attentivement. Reiner attendait une réponse.

- Avec ma mère.
- Avec votre mère. Ne trouvez-vous pas irresponsable pour une personne avec une vie comme la vôtre de se lancer dans une telle action ? Groupée, commandée, organisée... Vous vous rendez compte à quoi vous avez joué ?

Fey acquiesça en fermant les yeux et essuya les quelques larmes qui lui étaient venues. L'inspecteur lui tendit un mouchoir en papier.

- Excusez ma dureté.
- C'est rien, c'est juste que j'ai envie de sortir pour le retrouver.
- Et s'il vous était arrivé quelque chose pendant cette attaque ?
- Arrêtez !
- Fey Hope, qu'est-ce qui vous a poussé à participer à ce que la presse de ce matin n'hésite pas à qualifier de « Plus grand conflit depuis la dernière guerre » ?

Fey soupira.

- Ils abusent un peu... Un peu beaucoup, même.
- Répondez ! Vous êtes mère !
- PRECISEMENT !!! cria la jeune fille.

Jason et Reiner s'étonnèrent. Fey respira lourdement, éreintée et au bord des larmes.

- Ils l'avaient menacé, vous comprenez ! M... Mon enfant ! Je ne pouvais pas ne pas réagir ! J'étais obligée de participer... de faire ce que j'ai fait... C'était pour qu'on ne lui fasse pas de mal ! Ils pouvaient le faire... Je ne voulais pas !

Reiner acquiesça.


***

Francis rampa jusqu'à Wallace.

- Hey !
- Zuckerman, je vois la raie de ton cul ! grommela Steven.
- Le spectacle a l'air de te plaire ! grommela Francis.

Francis s'assit devant Wallace.

- Tout va bien ?

Wallace haussa les épaules.

- Y'a eu des époques meilleures. On fait aller.
- Bon.
- T'as été pas mal absent à ce que j'ai cru comprendre... marmonna Wallace.
- C'est pas important... Tu arrives à gérer ?
- A ma façon, on va dire.

Tristan restait stoïque.

- Tu n'étais pas là à cause d'un souci avec ta sœur, c'est ça ? marmonna Wallace sur le même ton monocorde qu'il avait souvent quand il était un peu déprimé.

Francis inspira.

- Perrine m'a dit que c'était pas simple de ce côté-là... souffla le brun en chemise.

Francis se mordilla les lèvres.

- Tout est sous contrôle.
- T'es sûr ?
- Mais oui... Pourquoi tu t'en fais pour moi, là ? C'est toi qui a besoin d'être rassuré !
- Mon pied dans ta gueule, aussi ? sourit Wallace.

Francis inspira.

- Je vois que ça va.
- Mieux qu'hier, moins bien que demain. Mais toi, ça va pas du tout.
- On se reparle, Wallace...
- J'y compte bien... sourit le brun sans lunettes.

Tristan regarda Francis partir, puis Wallace qui soupirait sobrement en regardant le mur d'en face.

- Sois pas jalouse.
- Je suis pas... Heeeeey !
- Il a l'air mal.
- Tu es mal aussi.
- Ouais... mais lui, plus.
- Tu t'occuperas de lui plus tard ! souffla Tristan. Quand toi, tu iras mieux.

Wallace hocha la tête.

- Merci maman.
- De rien, fiston... souffla Tristan, un peu dépassé.

Le professeur Michelot arriva, étonné.

- Euh... J'veux bien être un peu en retard, mais c'est quoi ce bazar ? Où sont les filles ? Qui est ce jeune homme blond, là ?
- C'est Amélia, m'sieur... souffla Mike.

Le prof regarda la blondinette qui lui lança un de ces regards hostiles dont elle avait le secret.

- Oh, pardon. Mais avec cette coupe ignoble, aussi...

Amélia releva la tête en inspirant vivement, balançant cette fois un regard meurtrier au prof.

- Bon, elles sont où, les autres filles ?
- Toilettes, signala Lilian.
- Mais encore ?
- Toilettes. Elles sont toutes aux toilettes ! souffla Léon.

Le professeur Michelot haussa les sourcils.

- TOUTES ??? Non mais... Non mais c'est n'importe quoi !
- Bienvenue dans notre classe... marmonna Clive.
- Pourquoi vous êtes tous assis ? Pourquoi vous êtes debout, tous les deux ?!
- On a déjà eu ce débat de merde tout à l'heure, putain... grommela Steven en jouant sur son téléphone.

Tino regarda son professeur en soupirant.

- Naomi est sortie des toilettes et elle a appelé toutes les filles pour qu'elles viennent dans les toilettes.
- Naomi Kingsley ?! Mince alors ! J'étais certain que c'était une élève sage ! Les grosses filles, c'est toujours sage, nan ? souffla le prof.

Walter leva les yeux au ciel. Robbie soupira.

- Vous la confondez avec Perrine, monsieur, Naomi, c'est la fille noire qui aime les robes blanches !
- AAAAAAAAAAAH ! Excusez-moi, c'est juste que, vous savez ce qu'on dit, les noirs...

James et Mike regardèrent leur professeur, à moitié choqués. Robbie, Walter, Benjamin et Clive grimacèrent également. Tristan et Wallace haussèrent un sourcil stupéfait.

- ... euh... ils... on les confond tellement avec d'autres gens ! Hahaha ! Euh... Bah... On va rentrer en classe !
- On peut pas rentrer sans les meufs, monsieur ! On reste ici par solidarité ! souffla Steven.

Le prof grimaça.

- Solidarité ?!
- On veut pas qu'elles soient punies pour avoir séché ! admit Orson.
- Alors on reste là et on empêche le cours de se dérouler pour ne pas les pénaliser ! souffla Benjamin.
- Je tiens à signaler que j'ai tenté de les dissuader ! signala Tino.

Les autres élèves regardèrent Tino comme s'il avait tabassé un Rondoudou.

- Vous êtes qui, vous ?

Francis s'étonna.

- On n'a pas été présentés non plus...
- Eugène Michelot, prof de fondamentaux.
- Francis Zuckerman, chef de classe.
- Je ne vous ai vu à aucun de mes cours depuis le début de l'année...
- C'est normal, je les séchais.
- C'est... un comportement déplacé, jeune homme, vous en êtes conscient...
- Oui.
- ... vous avez réglé le souci auprès de l'administration ?
- Nan.
- Et vous comptez le faire quand ?
- Quand je serais sûr que je resterai ici.

Les autres élèves regardèrent Francis, stupéfaits. Wallace s'étonna.

- Comment ça ?
- Je peux pas en dire plus, j'en ai même déjà trop dit en fait...
- Francis, quand même... marmonna Walter.
- Y'a un souci, vieux ? s'étonna Mike.
- Parles-en, putain, on est dans la même classe ! souffla Steven.
- Nan. Mêlez-vous de vos oignons ! souffla Francis, strict.
- Je crois qu'on devrait faire ce qu'il dit ! admit Orson.

Les autres regardèrent Orson. Même Clive posa sur lui un regard désabusé. Wallace inspira.

- Jeune homme, en fauteuil, vous en pensez quoi ?

Wallace regarda Walter qui inspira en regardant son ami.

- Comme je participe en classe et que je suis un des seuls, il me prend pour le grand manitou.
- J'aurais jamais dû sécher ces deux semaines pour aller à ce festival de la chaussette... sourit Wallace.

Walter regarda le prof.

- On peut pas attendre les filles ?
- Non, on ne peut pas ! Quand vous étiez en seconde année, vous étiez peut-être lâchés, sans surveillance et libres comme l'air, mais là, vous êtes en troisième année, c'est important !!

Tristan poussa un gros soupir désabusé. Le prof le regarda.

- Un problème, monsieur Ketts ?

Tino haussa un sourcil. Tristan plissa les yeux.

- Je suis Tristan Edison !
- Oh pardon. J'ai encore un peu de mal à retenir vos prénoms !
- Vous pouvez attendre que les filles ont fini, elles ne vont pas prendre toute l'heure, si vous attendez patiemment, elles vont revenir comme si de rien n'était et on pourra commencer le cours.
- C'est inadmissible, si c'est comme ça, moi aussi, je vais me mettre en pause, comme ça, pour faire bien, et vous n'aurez pas cours, seulement quand je l'aurais décidé ! Non ! Si l'école doit vous apprendre quelque chose, c'est qu'aucun groupe ne peut faire pression sur l'autorité !

Le prof se dirigea vers sa porte et l'ouvrit.

- Allez, on entre !

Les garçons ne bougèrent pas. Tino regardait tout le monde. Clive ricana.

- Quoi ?
- Rien, c'est trop drôle de te voir en même temps lécher les bottes du prof et faire attention à ce que les autres vont penser de toi si tu entres, et tu as tellement envie de rentrer !

Tino grimaça.

- Mais si tu rentres, les autres ne vont pas te suivre.

Tino plissa les yeux et regarda Wallace qui hocha lourdement la tête, approuvant Clive.

- Mais... Le prof...
- Oublie le prof, pense aux filles. Pense à ta copine, là, Christelle...
- Christina, rappela Tristan.
- Christina, ouais. Elle va se faire punir si on rentre.
- Elle sera punie aussi si vous ne rentrez pas ! souffla le prof.

Tino était écartelé. Clive soupira.

- Elle sera moins fâchée contre toi si tu restes dehors.
- ... mais... mon dossier scolaire ! Je vais être taxé de rébellion !
- Bon, écoute. Je trouve que tu es un poseur, un lèche-cul et un conformiste absolu qui tient absolument à rentrer dans les ordres et ça, ça me donne envie de gerber !

Les autres observaient l'étonnante joute des deux garçons debout.

- Mais y'a un truc que j'aime chez toi c'est ton sens de l'honneur.

Tino se recroquevilla. Les autres semblèrent acquiescer.

- Ouais, pas faux, il reste sur ses positions ! admit Mike.
- Tino est le plus droit d'entre nous, c'est clair ! admit Lilian.
- Comme un I ! sourit Robbie.

Clive hocha la tête.

- Ton honneur te dit d'obéir au prof.
- Hm...
- Mais tu l'aimes bien, la petite Christina.

Tino serra les dents. Les autres regardèrent Tino, intrigués.

- Je peux pas dire ça devant les autres !
- Pourquoi ?
- Parce que c'est... ma vie privée ! Je croyais que tu détestais qu'on déballe sa vie devant les autres !
- C'est pas comme si personne le savait que t'en pinçais pour elle !

Les autres hochèrent la tête.

- Ça se voit quand même... souffla James.
- Quand un mec veut fourrer une meuf, ça pue toujours tellement la bite que tout le monde l'a reniflé avant même qu'il le sache !

Les autres regardèrent Steven, abasourdis, le prof totalement éberlué. Steven plaça ses mains derrière sa tête.

- J'vous emmeeeeeerde !
- Toujours est-il que s'il lui arrive des bricoles, tu veux faire tout ce qui est en ton pouvoir pour que ce soit le moins grave possible.

Tino agita la tête.

- Et donc tu choisirais d'être puni avec elle !
- C'est ridicule, elle ne saura même pas que j'ai pris cette décision !
- C'est si important que ça qu'elle le sache ? souffla Clive. L'important c'est que TU saches que tu l'as fait pour elle.
- Ce n'est même pas pour elle, c'est pour toutes les autres !
- Je reste en grande partie pour Andréa.
- Moi pour Perrine, souffla Robbie.
- Rebecca... marmonna Mike.
- Fey... souffla James, mélancolique.
- Gina... sourit Lilian.
- ... et Holly ! clama Léon.
- Un peu toutes ! J'les aime toutes bien ! sourit Orson.
- Lucy... souffla Benjamin.

Steven poussa un soupir. « Ana... »

- Quinn, Lucy, Ana, Violette, Santana... souffla Francis.
- Naomi... soupira Walter.

Tristan tendit les mains vers Tino qui le regarda, vipérin.

- Ch... Christ... Chr... Oh... Oh et puis flûte !!

Tino agita les bras, soupira et s'assit, les bras croisés, à l'endroit exact où il se tenait debout depuis le départ.

- Oh bon sang !! grommela le professeur.

Les autres élèves applaudissaient Tino tandis qu'Eugène Michelot se dirigeait d'un pas déterminé vers les toilettes des filles.

***

- Et tes parents ?

Ana et Naomi rajustaient Fey tandis que Quinn jouait les filles rationnelles. Les autres discutaient de la situation.

- Ils n'en sauront rien, pas avant que James ne soit revenu.
- Tes parents savent pour James ? demanda Lucy.

Fey inspira alors que Naomi remaquillait sa camarade.

- Nan.
- QUOI ???

Quinn, Lucy, Naomi et les autres filles regardèrent Fey.

- C'est pas vrai ?! s'étonna Gina.
- Je l'ai toujours fait passer pour mon meilleur ami et ça a toujours marché !
- Et les parents de James... marmonna Holly.
- Vous voyez comment est James, évidemment qu'il ne leur a rien dit ! Waouh, cette crème est géniale, Naomi !
- « Pleine Lune Noire », la meilleure crème hydratante de femme black sur le marché ! assura la jeune fille.
- Ce truc de luxe ?! Tes parents sont pleins aux as ma parole !! s'étonna Fey.
- Mon père a un très gros nouveau contrat... admit Naomi.

Perrine et Santana gardaient la porte. Christina et Andréa se tenaient côte à côte.

- Tu en penses quoi de tout ça ? demanda Andréa.

Christina regarda la blonde et inspira.

- Je ne sais pas trop... D'un côté c'est grave, si l'établissement l'apprend, Fey pourrait être poussée à suivre des cours par correspondance, voire rater son diplôme... D'un autre côté, pousser toutes les filles de la classe à la dissimulation comme ça...
- C'est toujours plus marrant que Wallace avec son Pokémon mort ! admit Andréa.
- Certes. Je sais pas pourquoi mais je sens que cette année va nous mettre en vrac... D'un autre côté, je ne veux pas trop laisser Fey seule face à cette situation... et si toutes les filles s'y mettent, je veux en être. Après tout, je suis une fille de cette classe.

Andréa inspira.

- Francis et Tino avaient raison, on devient de plus en plus une sorte d'armée composée de soldats...
- Dirigée par qui ? Wallace est au point mort. Qu'on se rende à l'évidence, nos destins sont liés... admit Christina.

Fey se regarda dans la glace.

- Je suis probablement présentable...
- Tu es sûre que tout va se passer comme tu penses que ça va se passer ? souffla Lucy.
- Nan.
- Elle est réaliste ! admit Quinn.

Ana inspira et regarda Fey.

- On est toutes avec toi. Je suis avec toi. On va te soutenir pendant cette épreuve. Hein, les filles !

Les autres filles hochèrent la tête. Violette se mordilla les lèvres.

- Je... pense quand même que tu devrais en parler à tes parents.
- Ils me tueraient. Ca, plus James, plus le fait que j'ai des rapports depuis l'âge de quinze ans, ça va les déglinguer.
- On a souvent peur de la réaction de ses parents, mais souvent... ils réagissent bien, mieux que ce qu'on imaginait ! admit Violette.

Fey hocha la tête.

- Sûrement... J'y réfléchirai.

Violette acquiesça.

Perrine souffla. Santana la regarda.

- Je rêve ou cette situation t'ennuie ?
- Elle te passionne, toi ?
- Pas vraiment. J'me dis en fait que je ne serais jamais enceinte et je me dis que quelque part je serais peut-être plus démontée encore que Fey.
- Et moi donc... Tu m'imagines enceinte ?
- Non, pas vraiment... admit Santana.
- Bah voilà.

On frappa à la porte.

« Jeunes filles !! Jeunes filles ça suffit, on arrête le jeu, on sort d'ici !! »

Fey tressaillit. Rebecca fronça les sourcils.

- Ce connard de prof de fondamentaux !!
- Il est tellement moche ! soupira Gina.
- Qu'est-ce qu'on fait, on est coincées !! geignit Holly.
- Il ne peut pas entrer ! résuma Quinn. Les toilettes des filles sont une terre sacrée pour elles, aucun homme n'y entre, jamais !
- C'est un refuge, un sanctuaire... poursuivit Lucy, cynique.
- La ferme, petite chinoise de compagnie ! grommela Quinn.
« Ecoutez ! A trois, j'ouvre ! »

Fey manqua de défaillir, soutenue par Ana et Naomi. Christina serra les dents. Andréa fronça les sourcils. Perrine sembla plus embarrassée que jamais.

« UN ! »

Rebecca soupira et esquissa un pas, tout comme Violette. Quinn et Lucy allaient également agir. Gina et Holly se tenaient prêtes.

« DEUX !! »

Santana, gavée, ouvrit la porte.

- Non mais... marmonna le moustachu.

Santana leva la jambe et décocha un coup de pied absolument magistral dans l'entrejambe du professeur qui fut projeté à un bon mètre en arrière, sous les yeux stupéfaits des garçons. Elle ferma la porte. Les filles restèrent muettes de stupeur.

- ...
- Je l'ai appelé le « Steven, c'est pour toi si jamais un jour tu essaies de me violer ».

Les autres filles hochèrent la tête, d'accord avec ce nom. Fey s'éventa.

- J'y arriverai pas les filles, j'pourrais pas sortir et faire comme si de rien n'était !
- Mais si ! souffla Naomi.
- Fey, bon sang, tu es forte, merde ! Ressaisis-toi ! souffla Rebecca.
- Assieds-toi, on va rediscuter calmement ! somma Ana.

Christina et Andréa s'assirent, prêtes pour un nouveau feu de camp. Santana s'assit contre la porte, prête à rugir. Perrine écoutait à moitié ce qui se disait.

- On ne dit rien aux profs, on garde ton secret, on te laisse faire à ton rythme.

Fey hocha la tête. Les autres filles acquiesçaient également en signe de soutien et d'accord.

- On ne dit surtout rien à James, parce que si elle doit se résoudre, tu veux que votre rupture ait un sens pour lui et qu'il comprenne des choses sans passer par la case bébé.

Fey acquiesça à nouveau, fébrile. Perrine regarda en l'air, une envie folle d'exploser.

***

- C'est... plutôt bizarre que tu m'aies invité, mais soit...

Perrine était face à James dans un café.

- J'voyais personne d'autre.
- Okay, bah... allons-y, tu voulais me dire quoi ?
- Je sais plus trop quoi faire avec Fey...
- Euh... Je... ne pense pas être une experte en relations amoureuses... marmonna Perrine, toute rouge.
- Ouais mais tu penses comme moi, enfin, tu sais comment je suis, tu me comprends.
- ... Oui on peut dire ça... « Qu'est-ce que j'ai pas été le rassurer à ce tournoi, moi... »
- Regarde ses SMS...

[Tu as fait les démarches pour trouver ta fac ?]
[Tu sais où on pourrait habiter plus tard ? Une résidence, pas une cité, hein, une résidence, un vrai truc habitable, pas un petit truc de merde là.]
[Si tu as un bon travail et moi aussi, ça peut le faire.]
[Hey, pour le mariage, je pourrais être en autre chose que blanc ? Ça me saoule d'être en blanc en fait...]

Perrine haussa les sourcils.

- Ah ouais d'accord...
- J... Je sais que c'est nul, mais putain, elle me colle une pression d'enfer ! Elle pense mariage alors que nos parents savent même pas qu'on est ensemble !!
- ... ah oui quand même...
- Qu'est-ce que je peux faire ?!

Perrine inspira.

- Parle-lui calmement... de tes peurs...
- Déjà essayé, elle m'écoute pas, elle me prend pour un irresponsable parce que j'pense pas assez loin et que j'fais pas assez d'efforts pour avoir une bonne fac. Et aussi parce que je sais pas ce que je veux faire plus tard, ça aussi ça la saoule. Elle veut une maison, des gosses, des tas de trucs que moi j'y ai jamais pensé quoi ! Ma plus grosse ambition dans la vie pour le moment c'est de bien jouer au foot et d'avoir une grosse bagnole !

Perrine agita la tête.

- Vous devriez faire une pause, le temps de remettre les choses dans l'ordre, je pense que vous avez vos torts tous les deux... même si vous vous aimez, évidemment...
- Putain, ouais, je l'aime, et j'aimerais faire des efforts pour elle, mais j'y arriverais jamais, j'suis trop fainéant...

Perrine inspira.

- Je suis certaine que tu es capable de t'investir suffisamment pour elle... Tu es un garçon très capable, tout le monde dans la classe le pense.
- Pfff... J'sais pas... Ok, on me regarde moins comme un gros nul, mais... j'sais pas, j'arrive pas à me dire « Hey, t'es pas nul, t'es pas nul du tout même, alors fais un effort quoi ! »
- En même temps tu es nul, mais tu es le nul que Fey veut épouser.

James grimaça.

- Tu pars de très bas, tu peux aller très haut encore.

James hocha la tête.

- Maintenant, sincèrement, et là je vais prendre l'exemple de mes parents... Si vous ne vous entendez pas sur la suite à donner à votre couple, plutôt que de vous engueuler et de faire souffrir les gens autour de vous... Séparez-vous. Quitte à ce que ce soit temporaire, mais au moins le temps d'y voir plus clair.

James souffla, la tête entre ses mains.

- Je peux pas rompre avec Fey, je peux pas... Putain nan... Pas moi, pas ça, pas aussi radicalement...
- Si tu souffres et si elle souffre, James...

James regarda Perrine, un peu perdu. Perrine serra les dents, attristée.

- Ca me peine un peu de te voir comme ça, aussi ! Mine de rien, je t'apprécie, James, tu es un brave gars... Est-ce que ça vaut la peine que vous vous preniez la tête ? Est-ce que vous ne devez pas, toi comme elle, prendre un peu de recul ? Je pourrais lui dire la même chose, hein !

James se mordilla les lèvres. Nouveau SMS de Fey.

[Tu réponds pas ?]

James inspira et s'apprêta à taper un ultime SMS. Perrine vit arriver leurs cafés.


***

Perrine regarda les filles répéter leur serment, se sentant un peu beaucoup coupable.

***

- C... C'EST UN VERITABLE SCANDALE !!! UN SCANDALE !!

Les garçons observèrent, hallucinés. Clive agita la tête.

- Elles vous ont pas raté !

Michelot, se tenant les couilles, passa en trombe devant la classe.

- Vous serez collés !! TOUS !! Collés !!! Collés pendant des semaines !! Ad vitam aeternam !!!
- Ca veut dire quoi ?! s'étonna Mike.
- Il nous a insultés en japonais, je crois... marmonna Steven.

Tino serra les dents.

- On va être collés !!! Han non !
- « On », « On », tu plaisantes. TU vas être collé. Ton insolence a bien plus marqué le professeur que notre vulgaire petite grève à deux balles ! sourit Wallace.

Tino regarda Wallace, apeuré. Il regarda Tristan qui secoua la tête.

- Il ne va rien faire. C'est juste un petit prof de fondamentaux... Arrête de te chier dessus !

Tino écarquilla les yeux. Wallace regarda son camarade, intrigué. Tristan croisa les bras, las des lubies de son camarade.

Michelot atteignit le hall.

- Scandaleux, scandaleux, scandaleux, scandaleux.

Parce qu'elle n'avait pas de talons, personne n'avait entendu sa venue.

Michelot atteignit le couloir de l'administration.

- HM-MMM.

Eugène Michelot se retourna vers... Amélia. Avec ses cheveux courts, elle paraissait plus grande, plus adulte. Son visage clair laissait ressortir ses yeux bleus fins. Son minois de jeune fille était un minois de poupée. Elle portait son éternel débardeur blanc, son éternelle veste de cuir marron, son éternel jean délavé bleu, ses éternelles chaussures blanches.

- ... euh... mademoiselle... A... Amélia ?! Mais qu'est-ce que vous...

Amélia sortit son Cerfrousse. La créature distordit l'endroit. De nouveaux couloirs se créèrent. Des portes s'ouvrirent là où elles ne devaient pas. Le sol lui-même...

- Ah !!! AH ! Mais qu'est-ce que vous...

Amélia barra sa bouche claire et luisante de gloss d'un index délicat.

- V... Mais pourquoi vous...

Cerfrousse fit un pas en arrière. Les deux se retrouvèrent dans les jardins, vides en cette heure de cours.

- ... M... Mademoiselle Amélia, mais qu...

Amélia sortit Chapignon. Le Pokémon observa le professeur.

- V... Vous voulez vous battre ?! HA ! HAHA ! Non mais pour qui vous vous prenez ?! J'ignore comment vous nous avez transportés ici, mais en me provoquant en duel, vous commettez une TRES GRAVE erreur, jeune fille !! A toi, Charmillon !!!

Le Pokémon apparut, tout pimpant.

- Vu comme ça, on ne dirait pas, mais Charmillon est le pire adversaire possible pour votre Chapignon !! Haha ! Vous le sauriez si vous écoutiez en cours !

Amélia brisa son silence.

- Mais j'écoute, monsieur. J'écoute même très bien. Je retiens les leçons qu'on me donne. Peut-être pas forcément celles de l'école, mais...

Le souffle de Chapignon exhala une poudre jaunâtre. Le professeur se couvrit le nez avec son manteau.

- Aucun effet sur Charmillon ! Vent Argenté !!

En effet, le papillon dissipa la poudre.

- Haha !
- ... mais j'écoute. J'écoute beaucoup même. Plus que je ne parle, même.
- Ca suffit, jeune fille ! Vous savez ce que peut vous coûter une attaque sur professeur ?!

Amélia acquiesça.

- Oui, je sais. Et je sais aussi que ma coupe n'est pas ignoble.

Eugène grimaça. Amélia était tranchante, sérieuse et souriante.

- Et pour ça, vous devez payer. Le prix FORT.

Son Vostourno se jeta par un angle dérobé sur Charmillon et lui asséna de violents coups de Picore, le plaquant au sol et le rouant de coups de becs.

- CH... CHARMILLON !!!

Le Pokémon sembla terriblement atteint par les attaques sans retenue de Vostourno. Chaque frappe provoquait une blessure au Pokémon. L'insecte en vint même à crier grâce de manière déchirante en criant, tendant sa trompe à l'extrême, émettant un sifflement surréaliste de douleur.

- ARRETEZ !! ARRETEZ !!! PITIE !

Amélia releva la tête vers le professeur. Vostourno cessa tout mouvement. Charmillon ne se releva pas, trop blessé, respirant péniblement. Ses ailes avaient subi des dommages visibles. Eugène Michelot en eut presque un haut le cœur.

- J'arrête !

Eugène sembla soulagé.

- Et vous aussi.

Sépiatop saisit la tête du professeur, lui causant un choc psychique. L'homme s'effondra, et Charmillon fut automatiquement rappelé. Amélia inspira. Quelqu'un sauta par-dessus une clôture.

- C'est vraiment très, très dangereux, ce que tu viens de faire, Amélia ! Vraiment ! Je ne suis pas contente !!

Amélia hocha la tête puis regarda Shirley B. aux côtés de son Majaspic. La blonde faisait d'abord une moue mécontente, mais ensuite elle sourit, les yeux arrondis à moitié clos et la bouche grande ouverte.

- Mais en même temps je suis TEEEEELLEMENT FIEEEEEEEERE !!!!

Amélia sourit. Majaspic s'empara d'Eugène.

- Il fera un parfait soldat, une fois bien reconditionné. Merci d'avoir prévenu, Amélia, mais... Ne refais plus ça, c'est dangereux ! Si quelqu'un constate tes agissements, Teresa ne va pas être très contente ! Et tu sais ce que ça veut dire.

Amélia hocha la tête. Shirley repartit, mais avant ça, elle vit Charmillon, qui se trainait, à terre, tentant de s'éloigner de la zone des combats.

- Oh, pauvre bête. Majaspic, occupe-toi de lui !

Le Pokémon regarda l'insecte. L'herbe se mit à pousser sous la créature, qui reprit des couleurs.

- Ce n'est pas la faute des Pokémon si le maître est stupide. Non, non, non !

Charmillon s'envola et tenta de rejoindre son maître. Shirley saisit la Pokéball et activa la procédure de relaxe. La créature s'envola loin de l'école, comme si son maître n'avait jamais existé.

- Et voilà ! On va pouvoir lui donner des Pokémon tous neufs ! A plus tard Amélia ! Nous attendons ton prochain rapport avec impatience !

Amélia hocha la tête.

- Bye byyyyye !!! salua Shirley avec exubérance.

Amélia tourna les talons, accompagnée seulement de Sépiatop. Le Pokémon ne pouvait pas s'empêcher de couver sa maîtresse du regard. Amélia observa le poulpe.

- Qu'est-ce que tu as ? Tu n'es pas contente ? C'est pareil.

Sépiatop sembla déçue, mais elle suivit quand même sa maîtresse.

***

Les filles sortirent des toilettes, ensemble. Les garçons se relevèrent. Impossible de savoir ce qui s'était passé, elles étaient toutes unies et aucune ne portait la moindre marque d'affliction ou de problème à résoudre. Ainsi, elles reprirent leurs places normales. James tenta de parler à Fey mais celle-ci l'évita, aux côtés d'Ana.

Amélia était revenue comme si de rien n'était aux côtés de ses camarades qui n'avaient même pas remarqué son absence. Et du coup, la classe attendait le retour de son professeur.

Elle attendit longuement.

***

Fey sortit de la salle, et trouva dans le couloir Ana, un peu secouée et un bras en écharpe. Elle courut vers la petite russe qui la serra contre elle. Fey s'éloigna.

- Où est James ?!
- Il... Oh, Fey...
- Quoi ? QUOI ??? DIS-MOI !
- Apparemment il a causé beaucoup de dégâts, ils lui reprochent quasiment la destruction de la cantine et du hall...
- Oh bon sang... geignit Fey.
- Ils l'ont emmené dans la même prison que Wallace, je crois.

Fey se mit à pleurer. Elle aperçut Wallace, aux côtés de Tristan.

- Ils t'ont...
- Je pense que ça va être pareil pour James...

Fey s'avança jusqu'à Wallace, suivie par Ana. Tristan sembla prêt à s'interposer. Mais Fey le repoussa sans efforts et gifla magistralement Wallace qui en tomba presque à la renverse.

- VA AU DIABLE !!!

Elle partit, furibonde, vers la salle d'attente du commissariat.


***

- J'ai réussi à me libérer, donc si tu veux qu'on se voie ce soir...
- Hm, nan, pas ce soir.

Tristan s'étonna.

- Oh... euh...

Wallace acquiesça.

- C'était nul, cette façon dont tu as parlé à Tino. C'est un peu pour ça que j'étais distant toute la journée.

Tristan regarda Wallace, stupéfait.

- Mais... mais il est juste lourd avec son comportement d'autiste, il me saoule...
- Tristan, c'est ton meilleur pote. Tu peux pas le traiter comme ça. Peu importe ce qu'il dit ou ce qu'il fait. Tino est ton ami.
- Tu sais qu'il ne voulait pas que j'aille te parler !
- ... c'est compréhensible, après tout ce que je t'ai fait !

Tristan grimaça. Wallace soupira.

- Tu viendras chez moi quand tu auras arrangé les choses avec ton latino de service. Pas avant.
- M... Mais enfin, Wallace...
- Je vais pas bien, certes. Mais c'est pas une raison pour oublier les autres autour, ou les traiter comme de la merde. Ce que j'essaie d'éviter de faire depuis que je suis revenu. Alors essaie pas de jouer les coqs sous prétexte que je t'ai pris sous mon aile.

Tristan sembla tout déçu.

- M... Wallace, enfin mais...
- Ton pote d'abord. Moi après. Tino est au moins aussi important pour toi que moi, nan ?

Tristan agita la tête, dépité.

- ... si...
- Alors rabibochez-vous. En plus il a besoin de toi, il a du mal à avancer.
- ... d'accord...

Tristan tourna les talons, déçu. Wallace le regarda.

- Hey.

Tristan se retourna vers Wallace.

- On se voit demain, en cours, hein ?

Tristan hocha la tête, un léger sourire sur son visage. Il partit le cœur un peu plus léger.

***

- On l'a pas revu. C'était trop bizarre. Comme si il avait disparu...

Colin s'étonna.

- C'est... quand même dingue, votre professeur qui disparaît, comme ça, pouf...
- Je sais. Pourtant, c'est ce qui est arrivé...

Nadia et Daria mangeaient tranquillement, chacune nourrissant son Pokémon. Aude était ravie que les petites se soient enfin calmées.

- Tout va bien, Walter ? Cette disparition a l'air de te troubler...

Walter inspira.

- Ca fait beaucoup de choses étranges en une journée... d'abord les filles qui font une réunion dans les toilettes, ensuite ça... On a tous été un peu perturbés en fait, toute la journée.

Colin ne put qu'acquiescer.

- C'est la dernière année, ce serait dommage que vous foiriez à cause des fondamentaux... mais vous avez genre changé trois fois de prof en trois ans... C'est quand même inquiétant...
- Hm... on sait pas trop comment ça va se passer, mais bon... Faut espérer que ça s'arrange...

Colin hocha la tête. Walter regarda son téléphone. Aucun SMS de Naomi, ni de Wallace. « Super. Je vais passer une chouette soirée, moi, encore... »

***

[La polémique enfle après les propos du candidat Tenorman qui préconise de cesser toute relation avec la Russie si, je cite, elle ne met pas fin à ses pratiques de combat immorales. Si de nombreuses voix soutiennent le candidat, d'autres affirment que ce jugement est diplomatiquement déplacé.]

- Ils nous emmerdent avec leur politique...
- Qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse, chéri... C'est bientôt les élections, c'est normal !
- Maman, papa...

Les deux adultes regardèrent leur progéniture.

- Faut que je vous parle d'un truc important...
- Oui... quoi donc ? demanda le père, méfiant.
- Vas-y, parle, voyons ! souffla la mère.

Grande inspiration.

- Je...

Toussotement.

- Je sortais avec Fey.

James regarda ses parents avec attention, l'un après l'autre.

- Sortais ? s'étonna son père.
- Ma parole, on se demandait quand vous alliez nous annoncer vos fiançailles ! souffla Aretha, la mère de James.

Le jeune homme s'avéra étonné.

- Ah vous... saviez ?!
- Mais qu'est-ce qui s'est passé, mon garçon ? souffla Devon, son père.
- Bah... on a rompu, on se disputait trop... souffla James.
- Oh, mon pauvre bébé... soupira Aretha, déçue.
- M'enfin, fais ce qu'il faut pour que ça reprenne, mon gaillard ! Une fille comme ça, on la laisse pas partir comme ça, hein ?

James ne put qu'acquiescer.

- Alors tu vas te bouger un peu et tout faire pour la récupérer !
- Devon !!
- Aretha, je crois qu'il sait lui-même que j'ai raison !
- Ne le brusque pas quand même ! Il va faire à son rythme ! Si il veut vraiment Fey, il saura la reconquérir, si ils s'aiment vraiment beaucoup ! Hein mon garçon ?

James acquiesça.

- Vous m'en voulez pas alors ?
- Tant que vous n'avez pas couché avant mariage, moi...

Devon et James regardèrent Aretha qui passa du demi-rire au choc.

- Hein ? Oh... Oh... MON BEBE ! OOOH MOOON DIEUUUU !! geignit la grosse dame noire en s'éventant.
- Chérie, tu m'épates, parfois... soupira le père, quelque peu consterné par sa femme.
- Oh bon sang, je sens que ça va mal finir... soupira James, la tête entre ses mains.