Rubis & Saphir - The Origins de Feather17

Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent à plusieurs reprises Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Suite à un conflit contre la Team Aqua, le bateau de Monsieur Marco explose et Sofian, Flora et Timmy se retrouvent éparpillés dans l’océan. Tout porte à croire que Monsieur Marco est décédé dans l’explosion de son bateau et Goélise a évolué en Békipan tandis que Picko a retrouvé les trois amis. Après quelques jours, ils finissent par affronter la Team Rocket, dont la montgolfière se retrouve détruite, et échouent finalement sur une île avec de la civilisation.

Village Myokara

Les ombres qui se dessinaient sur les murs du couloir de l’hôpital s’étaient glissées hors de la chambre la plus éloignée de l’étage. La lune qui brillait de mille feux dans le ciel dégagé de la nuit éclairait les environs comme si toutes les lumières avaient été allumées. Les deux personnes auxquelles les ombres étaient attachées se faufilèrent en silence entre les brancards stationnés dans le couloir, laissant traîner leurs robes d’hôpital au sol tels des fantômes hantant les lieux, et arrivèrent jusqu’à la cage d’escalier principale de l’étage. L’homme regarda à travers la baie vitrée l’autre partie du bâtiment à une centaine de mètres en face et la femme observa longuement le plan de l’institution.
– L’aire des pokémons se trouve dans le bloc opposé au nôtre, indiqua Jessie en arrachant le plan du mur.
– Je vois ça, dit James en montrant l’autre partie du bâtiment à travers la fenêtre.
– Allons chercher Miaouss et sauvons-nous avant que la police ne nous interroge.
Ils descendirent les marches en vitesse et arrivèrent dans le gigantesque hall d’entrée déserté à cette heure avancée dans la nuit. Ils traversèrent l’atrium jusqu’à la double porte qui indiquait l’entrée sud du centre pokémon et s’engagèrent dans le couloir aux murs colorés. Pour avoir accès aux escaliers qui les mèneraient à l’étage où Miaouss avait été amené par les sauveteurs lors de leur naufrage en mer, il fallait passer devant le comptoir de l’infirmière Joëlle. Heureusement, aucune âme vivante ne traînait dans les parages et ils purent s’introduire dans la cage d’escalier qu’ils grimpèrent quatre à quatre avant de s’arrêter face à la porte qui menait au couloir des chambres.
– Il va falloir qu’on fasse vite parce que le centre pokémon est bien mieux protégé que la partie pour les humains, rappela Jessie.
– Je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont besoin de protection dans un hôpital, marmonna James.
– Pour empêcher les voleurs comme nous de voler des pokémons faibles, peut-être ?
– Eh mais ! Ce n’est pas une mauvaise idée ! Pourquoi on n’en profiterait pas pour voler les pokémons qui se reposent ?
– Parce que justement, s’ils sont ici, ça veut dire qu’ils sont faibles et qu’ils ont besoin d’attention pour guérir. Et nous n’avons pas le temps ni le matériel pour nous occuper de pokémons blessés, James. Et puis, une fois qu’on se sera introduit dans la chambre de Miaouss, il va falloir être très rapide pour s’échapper parce qu’une alarme retentira directement. Tu es prêt ?
– Prêt.
– Go !
Jessie ouvrit la porte à la volée et courut dans le couloir vers la chambre de Miaouss dans laquelle ils pénétrèrent en toute hâte. James percuta Jessie de plein fouet et vola au sol lorsqu’elle s’arrêta subitement dans sa course.
– Qu’est-ce que vous faites là ?
James se releva d’un bond et constata avec horreur que deux personnes leur faisaient face : l’infirmière Joëlle et un jeune homme assez grand et aux cheveux touffus.
– On voulait prendre des nouvelles de notre Miaouss, mentit rapidement Jessie.
– Qui êtes-vous ? demanda l’infirmière, méfiante.
Jessie et James échangèrent un regard inquiet.
– Ce sont des patients de l’hôpital, expliqua l’homme qui les avait reconnus. Ils ont été repêchés cet après-midi avec ce Miaouss.
Il pointa le lit derrière eux et James reconnut la silhouette de son ami pokémon qui dormait paisiblement avec un masque à oxygène pour l’aider à respirer.
– On voulait juste savoir comment il allait, répéta Jessie en mettant de la tristesse dans sa voix afin de paraître naturelle.
– Vous feriez mieux de vous reposer comme votre pokémon, conseilla l’infirmière Joëlle. Il a subi beaucoup de traumatismes physiques lorsque le Wailord vous a attaqués. Mais il se remettra vite, tout ce qu’il lui faut c’est du repos. Et vous aussi vous en avez besoin.
– Est-ce qu’on peut… rester seul un moment avec lui ? demanda James.
Jessie se retourna discrètement vers lui, le fusillant du regard. L’homme aux cheveux touffus fronça les sourcils et l’infirmière Joëlle soupira, désolée pour eux.
– Je suis navrée mais c’est interdit, vous devriez vraiment retourner dans vos chambres maintenant.
– Même pas deux minutes… ?
– Allons-nous-en, James, ordonna Jessie. Ils savent ce qu’ils font.
– Mais…
Jessie le fusilla du regard une seconde fois et James se tut immédiatement en suivant son acolyte hors de la chambre.
– On ne va pas se mettre à dos Bastien ! chuchota-t-elle énervée en mettant de la distance le plus vite possible avec la chambre de Miaouss.
– Tu veux dire que cet homme est… ?
– Bastien, oui !

L’homme aux cheveux touffus observa les deux personnes quitter le couloir et fronça davantage les sourcils.
– Un problème, Bastien ? demanda l’infirmière Joëlle en prenant les constances du Miaouss.
– Juste un mauvais pressentiment… marmonna Bastien.


Les deux adolescents suivaient dans un long couloir blanc l’infirmière Joëlle qui poussait une chaise roulante sur laquelle se reposait un Timmy faible et épuisé.
– On ne pouvait pas attendre un jour ou deux avant cette réunion ? protesta Flora en voyant l’état de son ami.
– Je comprends que la police veuille tirer les affaires au clair, ajouta Sofian en se massant son œil au beurre noir avec de la crème, mais elle aurait pu attendre qu’on soit remis de nos blessures.
– C’est exactement ce que je leur ai dit ! s’indigna l’infirmière Joëlle. Mais de toute façon, on n’écoute pas les médecins, l’ordre et la loi passent avant la santé des individus dans cette région !
Timmy retira son masque à oxygène qui l’aidait à respirer et murmura d’une voix rauque et saccadée :
– Ne vous… inquiétez pas… pour moi…
– Bien sûr qu’on s’inquiète pour toi ! s’énerva Flora en entrant dans la salle de conférence où on les attendait. Après tout ce qu’il s’est passé sur cette île, et puis on ne sait même pas ce qu’il t’est arrivé…
– C’est exactement la raison pour laquelle je vous ai réunis aussi rapidement, s’expliqua l’agent Jenny qui attendait dans la salle.
Sofian observa les lieux. Ils se trouvaient dans une petite salle où une table ronde en bois prenait toute la place. Un homme aux cheveux touffus était assis à droite de l’agent Jenny qui s’était levée à leur arrivée. Deux autres personnes se tenaient confinées dans un coin.
– La Team Rocket !! s’exclama Sofian en reconnaissant les individus.
Jessie et James se recroquevillèrent sur leurs chaises, un regard terrifié sur le visage.
– Qu’est-ce qu’ils font ici, ceux-là ? s’énerva Flora.
– Nous les avons retrouvés au même endroit que vous dans l’océan… tenta d’expliquer l’agent Jenny.
– Et vous auriez dû les laisser se noyer !! s’emporta Sofian. Ce sont eux qui ont failli nous tuer dans l’océan !
– Quelles preuves vous avez de ça ? se défendit Jessie.
– Quelles preuves ?? s’indigna Flora. Votre montgolfière peut-être ?
– Attendez, de quelle montgolfière parlez-vous ? questionna l’agent Jenny, larguée.
– Leur montgolfière !
– Nous n’avons jamais eu de montgolfière ! mentit James.
– Oh le mensonge !! Vous êtes vraiment prêts à tout…
– On n’a rien à voir…
– …pour vous échapper…
– Ce n’est qu’un coup monté !
– Ce sont des voleurs !
– …dans toute cette histoire !
– Ce sont des menteurs !
– …de n’importe quelle situation !
– SILENCE !!
L’ordre résonna brutalement dans la salle et tous se turent soudainement. L’homme s’était levé et sa musculature impressionnante sous sa chemise donnait le ton quant à qui avait de l’autorité dans la salle de conférence.
– Nous sommes ici pour tirer toute cette histoire au clair, dit-il calmement. Alors vous allez tous vous installer autour de cette table, l’agent Jenny va poser ses questions et vous y répondrez avec toute l’honnêteté que vous disposez.
Avec réticence, Sofian tira une chaise de bureau sur laquelle il se jeta en croisant les bras et Flora l’imita en s’installant à sa gauche alors que Timmy fut poussé par l’infirmière Joëlle à sa droite.
– M… Merci Bastien, dit l’agent Jenny, dépassée par les évènements. Nous ne sommes pas ici pour incriminer un coupable de quoi que ce soit, nous voulons juste comprendre comment trois adolescents disparus et deux adultes non répertoriés dans nos répertoires se sont retrouvés dans l’océan hier soir.
Sofian et Flora fusillèrent Jessie et James du regard mais les deux acolytes n’y prêtèrent pas attention car ils semblaient communiquer en s’échangeant eux-mêmes des regards inquiets.
– Agent Jenny, j’espère que cette réunion ne durera pas trop longtemps, intervint l’infirmière Joëlle, parce que mon patient Monsieur Bronam a besoin de beaucoup de repos et…
– Elle prendra le temps qu’il faudra, infirmière Joëlle, répondit froidement l’agent Jenny. Tout d’abord, poursuivit-elle en direction des autres, sachez que vos pokémons – à savoir un Cacnéa, un Tarsal, une Nirondelle, un Arcko, un Poussifeu, un Békipan, un Seviper, une Chenipotte, un Miaouss et un Gobou – sont tous en très bon état et ont été stockés dans une salle spéciale en attendant la résolution de l’affaire.
– Stockés ? s’exclama James. Mais…
– Votre Miaouss, qui apparemment n’a pas de pokéballs, ce qui je vous le rappelle est illégal…
– Sa pokéball s’est cassé dans le naufrage, s’expliqua précipitamment Jessie.
– Menteuse ! s’écria Sofian.
Mais le regard noir que lui lança Bastien le pétrifia sur place et il préféra ne rien ajouter.
– Votre Miaouss, reprit l’agent Jenny en fermant les yeux pour garder son calme, est donc en liberté dans cette salle et nous avons pris soin de le placer dans un environnement adapté pour son espèce afin qu’il n’entre pas en dépression loin de son maître.
Jessie et James froncèrent les sourcils et Sofian savait très bien à quoi ils pensaient : Miaouss n’avait pas besoin de se sentir dans son élément car, mystérieusement, il avait l’habilité de penser et de parler comme un humain. Il devait sûrement déjà être en train d’élaborer un plan pour s’échapper du centre pokémon.
– L’agent Jenny de Mérouville nous a envoyés le dossier concernant cette enquête. Voilà les informations officielles : dans la nuit du premier au deux septembre, Messieurs Marco Fuji, Sofian Match, Timmy Bronam et Mademoiselle Flora Seko ont mystérieusement disparu à bord du bateau de pêche de Monsieur Marco Fuji. Des décombres de ce bateau ont été retrouvés dans un périmètre de plusieurs kilomètres sur le Chenal 105 mais aucun des trois adolescents disparus n’ont été retrouvés. Quatre jours plus tard, des témoins affirment avoir vu un énorme engin tomber dans l’eau à l’horizon et un Wailord a été aperçu quelques secondes plus tard dans les environs. Dix minutes plus tard, les corps de Monsieur Timmy Bronam suivi de ceux de Monsieur Sofian Match et de Mademoiselle Flora Seko ont été retrouvés sur une des plages du Village Myokara. Dix autres minutes plus tard, les corps d’un homme et d’une femme sans papiers d’identités et d’un Miaouss en liberté sont repêchés par un bateau de pêche au large du Village Myokara.
L’agent Jenny releva les yeux du dossier et plongea son regard dans chacune des personnes présentes dans la salle.
– Je veux savoir ce qu’il s’est passé, où vous avez disparus et comment vous vous êtes tous retrouvés au Village Myokara.
Éclata alors un brouhaha assourdissant. Sofian s’était mis à crier haut et fort que leur naufrage avait été causé par la Team Rocket, tandis que James se défendait tant bien que mal en affirmant que tout n’était qu’une simple coïncidence, Flora hurlait à qui voulait l’entendre qu’il ne fallait surtout pas croire les deux adultes alors que Jessie assurait avec des larmes dans les yeux qu’elle n’était la victime que d’une grande mascarade. L’agent Jenny, dépassée par les évènements, perdit patience mais ses cris n’arrivèrent pas à faire taire les quatre personnes incriminées. Même Bastien ne savait plus trop quoi faire pour calmer la situation.
C’est alors qu’un bruit sourd résonna derrière eux et qu’une bombonne d’oxygène s’envola s’encastrer au milieu de la table. Timmy s’était levé de sa chaise roulante et se tenait difficilement sur ses jambes fébriles.
– Vous n’avez pas… parlé de Monsieur Marco, dit-il en suffoquant. Vous avez dit que… les trois adolescents… disparus… n’avaient pas été retrouvés… Mais vous n’avez pas mentionné… Monsieur Marco.
L’agent Jenny et Bastien échangèrent un regard anxieux et Bastien lui fit un signe de tête discret. L’agent Jenny ferma les yeux, prit son inspiration et rouvrit son dossier.
– Des traces de sang et de chair ont été retrouvées sur les débris du bateau le troisième jour des recherches, lut-elle lentement, et l’ADN qu’ils ont pu en extraire correspond à celle de Monsieur Marco Fuji.
Timmy retomba sur sa chaise roulante tel une poupée immatérielle.


RAPPORT DE L’INTERROGATOIRE INDIVIDUEL DU DOSSIER 203017
RÉSUMÉ DE L’AFFAIRE PAR L’AGENT JENNY DU VILLAGE MYOKARA : Trois adolescents et un homme adulte (Ms. Fuji, Match, Bronam et Mlle. Seko) partent au milieu de la nuit du 01/09/11 à un rendez-vous établi par le groupe terroriste nommé « Team Aqua » afin d’échanger des documents importants à la sécurité de la région de Hoenn et un Goélise âgé appartenant à M. Fuji, tout cela sans prévenir les autorités locales, enfreignant ainsi les lois fondamentales de sécurité. Le groupe terroriste kidnappe M. Match et envoie une grenade qui détruit le bateau et tue M. Fuji.

ENQUETEUR : Où étiez-vous les 2, 3, 4 et 5 septembre ?
SOFIAN MATCH : J’ai échoué sur une île perdue quelque part dans le sud. J’ai essayé de survivre tant bien que mal et j’ai retrouvé le corps de Flora.
FLORA SEKO : Nous sommes restés quelques jours sur cette île avant de nous échapper à l’aide d’un radeau que nous avions construit et que la Team Rocket a détruit avec leur montgolfière.
TIMMY BRONAM : J’ai échoué sur une île déserte et j’ai essayé de survivre dans la forêt avant de grimper au sommet d’une montagne où j’ai été attaqué par la Team Rocket qui avait volé le Goélise de Monsieur Marco.

ENQ. : Pourquoi n’avez-vous pas vos papiers d’identités sur vous ?
CASSANDRA MENTIROSA : Parce qu’on les a perdus dans notre naufrage.
JEREMY MINDBLOWER : Ils ont surement dû couler dans l’océan.
ENQ. : Que faisiez-vous au-dessus du Chenal 105 dans une montgolfière non immatriculée ?
C.M. : Nous n’avons pas de montgolfière.
J.M. : De quelle montgolfière parlez-vous ?
ENQ. : Comment avez-vous échoué dans l’océan ?
C.M. Nous faisions de la plongée sous-marine et deux adolescents nous ont attaqués sur leur radeau de fortune.
J.M. : Nous nagions tranquillement quand deux adolescents en radeau ont voulu nous voler nos pokémons.
ENQ. : Ils vous appellent la Team Rocket, pouvez-vous expliquer pourquoi ?
C.M. : C’est quoi la Team Rocket ?
J.M. : Nous n’avons jamais mis les pieds à Kanto. Ces adolescents sont psychologiquement dérangés !

ENQ. : Comment s’est passée votre rencontre avec les deux adultes ?
T.B. : Ils m’ont dit qu’ils voulaient voler mes pokémons et m’éliminer pour pouvoir reprendre leur mission secrète sans problèmes.
S.M. : Ils nous ont attaqués par les airs et ont essayés de nous couler pour voler nos pokémons, comme à leur habitude.
F.S : Vous voulez dire dans l’océan hier soir ou neuf jours plus tôt quand ils ont attaqué le laboratoire de mon père ? Ou quand ils nous ont attaqués dans le Bois Clémenti ? Ou quand ils ont voulu voler les pokémons de l’arène de Mérouville.

ENQ. : La championne Roxanne de Mérouville affirme avoir vu deux personnes partageant vos caractéristiques physiques vouloir voler ses pokémons dans son arène. Un peu plus tôt cette semaine, l’agent Jenny de Rosyères écrivait une plainte contre vous de la part de deux des adolescents. Qu’avez-vous à dire ?
J.M. : Nous n’avons rien à voir dans cette histoire.
C.M. : Nous ne parlerons qu’en la présence de notre avocat.

COMMENTAIRES : Les adolescents montrent une haine incommensurable envers les deux adultes et jurent que le Miaouss peut parler le langage humain, comme le reportent les détails des dossiers précédents ouverts contre la Team Rocket. Après interrogatoire, le Miaouss semble n’être qu’un simple Miaouss.
Sofian Match, Timmy Bronam et Flora Seko ont été libérés de toutes poursuites judiciaires.
Cassandra Mentirosa et Jeremy Mindblower (« Jessie » et « James » d’après las victimes) sont placés en garde à vue et la garde de leur Miaouss leur a été retirée le temps d’une enquête plus approfondie.


Les téléphones sonnaient à tout va dans le hall d’entrée du commissariat, les agents du Village Myokara s’activaient dans tous les sens, bringuebalant des tonnes de dossiers par-ci par-là. Bastien entra dans le bureau de Jenny, assise devant son ordinateur et feuilletant une montagne de paperasse.
– Cette affaire est un véritable cauchemar administratif, soupira-t-elle en présentant le fauteuil devant elle dans lequel Bastien s’installa. Tu as bien fait d’arrêter de travailler en tant qu’agent parce que c’est infernal !
– Ça avance l’enquête ? interrogea ce-dernier en prenant ses aises.
– Comme tu le sais, l’interrogatoire n’a rien mené du côté des suspects, le Miaouss n’a pas ouvert la bouche, les deux individus sont muets comme des tombes, et je suis actuellement en attente depuis deux heures et demi pour que ma cousine de Mérouville m’envoie toutes les infos qu’elle a pu filmer avec la caméra d’un reporter sur les membres de la Team Rocket. Mais comme c’est une faignante de mes deux…
Jenny ferma les yeux se plaqua les mains au front et soupira de fatigue.
– Tu fais du bon boulot, ça va aller, réconforta Bastien de sa voix chaleureuse.
– Je n’en reviens toujours pas, murmura-t-elle. Monsieur Marco est décédé. Le père fondateur de notre région n’est plus. Quand les journalistes vont avoir la main sur cette information, ça va être un fameux moment. Je pense même que Pierre Rochard décrétera une journée de deuil national. Monsieur Marco, mort.
Et une larme coula sur sa joue. Bastien lui lança son paquet de mouchoir qu’il avait dans sa poche et il atterrit en plein sur le crâne de Jenny qui pouffa de rire en reniflant.
– Je suis contente que malgré ce qu’il s’est passé entre nous, on puisse encore se parler comme avant, dit-elle en se mouvant discrètement. Avec tout ça, je ne t’ai pas demandé comment ça allait avec elle…
– Ça va plutôt bien, répondit Bastien en restant vague.
– Tu ne lui as pas dit ! s’exclama Jenny.
– Ce qui n’est pas dit n’a jamais existé pour elle, ça évite de lui faire du mal.
– Bastien ! C’est ta fiancée ! C’est lâche ce que tu fais !
– C’est plutôt intelligent je dirais, ça m’évite des problèmes, ça t’évite des problèmes et ça lui évite de la peine.
– Tu dois le dire à Al…
A cet instant, l’ordinateur émit un son strident et un mail s’afficha à l’écran.
– Ma cousine vient enfin de m’envoyer la vidéo qu’ils ont de la Team Rocket ! s’exclama Jenny avec excitation.
Bastien se leva d’un bond et se précipita à ses côtés pour la visionner. La vidéo commença par une entrée précipitée dans l’arène de Mérouville mais la vue était bloquée par les trois adolescents qui faisaient face aux voleurs. Jenny reconnut le Miaouss actuellement stocké au centre pokémon debout de manière étrange sur le rebord de la fenêtre de l’arène dans la vidéo. Après une conversation de quelques secondes, à la fin de laquelle Sofian Match avait pointé la caméra qui le filmait par derrière, un énorme Seviper était apparu et avait balayé le caméraman. L’image fut floue un instant et fut à nouveau nette juste après, mais la caméra filmait à présent un coin de l’arène.
– Reviens un peu en arrière !
Jenny revint quelques images plus tôt dans la vidéo et Bastien arrêta la vidéo sur une image qui retint leur attention : juste avant d’être balayé par le Seviper, Timmy Bronam s’était jeté sur le côté pour éviter d’être touché par le serpent et on pouvait clairement reconnaître les visages de Cassandra Mentirosa et Jeremy Mindblower, ou plutôt Jessie et James, deux dangereux membres de la Team Rocket.
Joint à la vidéo se trouvait un fichier qui contenait le dossier sur le fameux voleur insaisissable, Michael, qui pourrait être lié à Jessie et James.
– Il est temps d’aller arrêter ces deux individus avant qu’ils ne provoquent trop de problèmes, dit Jenny en sortant en précipitation de son bureau.
Bastien la suivit d’un pas calme et assuré, lorsqu’un cri aigu retentit depuis la cellule où se trouvaient les suspects. Bastien courut à toute vitesse jusqu’à la cellule de garde à vue et resta figé quelques secondes face à la porte grande ouverte et la cellule complètement vide. Jenny était couchée au sol, inconsciente, le visage ruisselant de sang depuis les deux trous profonds dû à un coup de griffes lacérées.
– Jenny !
Quelqu’un lui tapota l’épaule et il se retourna d’un coup sec. La dernière chose qu’il vit fut la tête d’un gigantesque serpent et le coup qu’il reçut sur le crâne le fit s’évanouir avant qu’il ne touche le sol.


La journée avait été longue, trop longue pour arriver à garder les yeux ouverts. Tout ce que Sofian arrivait encore à faire était de regarder les vagues venir et partir sous un soleil couchant. Ils avaient décidé de s’asseoir sur la plage pour prendre l’air et essayer d’oublier les évènements de la semaine qui venait de passer.
– On a eu beaucoup de chance ce coup-ci, marmonna Flora.
Sofian ne quitta pas l’horizon des yeux et affirma avec son grave de sa gorge.
– Je n’arrive toujours pas à comprendre comment on a retrouvé Timmy… Est-ce qu’il t’a raconté ce qui lui est arrivé ?
– On n’en n’a pas trop parlé en fait… Je préfère… ne pas en parler.
– Je lui ai posé quelques questions et il m’a dit qu’il avait passé les quatre jours dans la forêt, raconta Flora. Puis, il m’a expliqué sa rencontre avec la Team Rocket et m’a dit qu’ils avaient fait exploser une grenade dans la forêt et qu’il avait réussi à échapper au souffle grâce aux pouvoirs de Tarsal. Mais ce n’est pas logique.
– Les pokémons psy ont des pouvoirs qu’on ne comprend pas trop parfois…
– Sofian, tu as vu comme moi que c’était le sommet de la montagne qui a explosé ! Donc, Timmy était au sommet de la montagne ! Comment a-t-il pu éviter le souffle de la grenade et se retrouver dans l’océan quelques minutes plus tard quand le Wailord nous a attaqués ? Il y a quelque chose qui cloche et je pense qu’il nous cache quelque chose.
– Je crois que… qu’il vaudrait mieux qu’on arrête de penser à l’enfer qu’on a vécu. Qu’on arrête de chercher à comprendre ce qu’il nous est arrivé. Qu’on arrête d’imaginer ce que serait notre vie en ce moment si on n’avait pas essayé de récupérer Picko des mains de la Team Aqua, si on n’avait pas atterri sur cette île perdue, si Monsieur Marco n’avait pas explosé avec la grenade et si Picko n’avait pas disparu sous le corps du Wailord ! Je crois qu’on… qu’on devrait juste… Juste…
Et Sofian fondit en larmes pour la première fois depuis qu’il était sorti indemne de l’épave du sous-marin. Flora le prit dans ses bras et se blottit contre lui en pleurant à son tour, émue par le désespoir de son ami.
Des sirènes de police retentirent au loin, s’approchant de plus en plus de la plage où ils étaient et Sofian tourna la tête pour voir ce qu’il se passait. Une voiture de police dérapa et fonça droit dans la façade d’un restaurant de la plage. La plage étant déserte, personne ne fut témoin de l’accident, et le cœur de Sofian bondit dans sa poitrine en voyant la façade du bâtiment s’écrouler sur la voiture de police.
– Il faut aller les aider !! s’écria-t-il en se levant d’un bond.
Sofian et Flora coururent vers la voiture de police ensevelie sous les décombres du restaurant.
– Appelle une ambulance ! ordonna Sofian.
– Avec quoi ? Le Pokénav de Timmy est avec lui dans sa chambre à l’hôpital !
– Est-ce que vous m’entendez ? s’écria Sofian en appelant les victimes de l’accident.
Des briques bougèrent dans les décombres et une masse informe sortit péniblement de la carcasse de la voiture. Lorsqu’il reconnut de qui il s’agissait, il était trop tard ; Sofian se retrouva piégé dans le corps enroulé du Seviper de Jessie et Flora était maintenue au sol par le Cacnéa de James.
– Comme on se retrouve ! dit James avec un sourire machiavélique sur son visage ensanglanté, ce qui devait être dû à l’accident.
– Vous allez payer ce que vous venez de nous faire endurer, menaça Jessie, à cause de vous on a failli nous faire emprisonner !
Des sirènes de police retentirent à nouveau et s’approchèrent de l’endroit.
– On ferait mieux de décamper, la police arrive ! prévint Miaouss.
La Team Rocket se retourna vers la rue principale d’où arrivaient une demi-douzaine de voitures de police. Flora profita de ce moment d’inattention.
– Vous n’irez nulle part !
Elle jeta Cacnéa sur le côté et envoya la première pokéball qui lui passait dans la main. Son Chenipotte apparut dans les airs et retomba dans les cheveux de Jessie qui poussa un cri horrifié. Ce fut à cet instant que la police arriva sur les lieux et une dizaine d’agents se postèrent en position d’attaque. L’agent Jenny prit les devants, suivie de Bastien.
– Relâchez immédiatement vos otages ! ordonna l’agent Jenny en faisant apparaître son Caninos.
Jessie se débarrassa du Chenipotte de Flora en la lançant contre l’agent Jenny qui ordonna à son Caninos d’attaquer. Le jet de flamme brûlant fusa vers eux mais les trois acolytes se cachèrent derrière la voiture encastrée dans le restaurant. Flora s’était pendant ce temps précipitée vers la police pour échapper aux griffes de Miaouss.
– N’attaquez plus ou mon Seviper coupe le môme en deux ! ordonna Jessie.
– Agent Jenny, ne les écoutez pas et arrêtez-les ! cria Sofian.
Seviper se resserra autour de lui et la douleur était trop insupportable pour lui ; Sofian hurla de douleur.
– Arrête de jouer les héros Sofian !! hurla Flora en pleurant toutes les larmes de son cours. Je vous en prie, laissez-le !
– On ne vous le rendra en un morceau que si vous nous laissez partir !
– Agent Jenny, laissez-les partir, pitié ! supplia Flora en se jetant aux pieds du policier.
– Je crois qu’il est temps pour le champion du Village Myokara d’intervenir, dit Bastien calmement en se posant entre les policiers et la Team Rocket.
Bastien déboutonna lentement sa chemise et se dévêtit le torse délicatement, révélant une musculature parfaite, un torse dessiné grâce à ses puissants pectoraux au-dessus d’une rangée d’abdominaux dignes d’un athlète de haut niveau. Il plia sa chemise avec concentration, la déposa au sol et coiffa ses cheveux touffus en une queue qui retomba sur son dos musclé, à l’image du surfeur qu’il prétendait être.
– Et attendez de voir mon pokémon.


Il fit apparaître son pokémon qui se matérialisa face à Cacnéa. Le pokémon que Sofian pouvait voir difficilement n’était pas très impressionnant. En fait, il avait l’air plutôt médiocre : petit, gros, yeux plissés, peau graisseuse et oreilles informes. Tout le contraire de la merveilleuse plastique de son maître.
– Et c’est avec ce dodu dindon que vous allez nous arrêter ? se moqua Jessie.
– Cacnéa, fais-lui la peau ! ordonna James, confiant.
Cacnéa envoya son « dards nuée » contre le petit pokémon trapu mais celui-ci n’était déjà plus à l’endroit où il s’était tenu quelques secondes plus tôt. Cacnéa valsa dans les airs et fouetta le visage de Seviper qui relâcha son emprise autour du corps de Sofian. Sofian se dégagea rapidement du corps du serpent et rampa en vitesse vers l’agent Jenny dont le Caninos lui assurait une protection. Flora se jeta dans ses bras.
– Makuhita, j’aimerais faire face à la Team Rocket qui reste cachée derrière cette voiture, tu peux me déblayer la vue ? demanda Bastien, un sourire aux lèvres.
Son pokémon courut vers la voiture, plaça ses petits bras dodus sous le parechoc de l’auto détruite et la souleva avec toute l’aisance du monde. La voiture quitta le sol de plusieurs centimètres et Makuhita l’envoya voler sur le côté. Jessie, James et Miaouss étaient à présent à découvert.
– Vous feriez mieux de vous rendre si vous ne voulez pas finir vos jours en prison, conseilla Bastien.
Les trois acolytes reculèrent de peur et la patte de Miaouss toucha quelque chose qui sembla ravir ses deux compères. Jessie et James échangèrent un regard complice et affichèrent un sourire malicieux.
– La Team Rocket ne se rend jamais ! s’écria Jessie.
James lança l’objet vers eux de toutes forces.
– Caninos, protège-nous avec…
– NON !! hurla Bastien.
Mais c’était trop tard. Alors qu’ils reconnaissaient tous la forme d’une bombonne de gaz qui devait provenir de la cuisine du restaurant ravagé, l’agent Jenny avait déjà donné son ordre.
– … « lance-flamme » !
Bastien se retourna à la vitesse de l’éclair et poussa Sofian et Flora vers les voitures de la police tandis que Makuhita courrait de toutes ses forces le plus loin possible du no man’s land. Au contact des flammes, la bombonne de gaz explosa.

Flora sortit la tête de l’eau au moment où la grenade explosait. Monsieur Marco était debout devant la grenade dégoupillée, un regard terrifié sur le visage. Mais il ne semblait pas regarder la grenade, il était plus préoccupé par quelque chose qui se trouvait sur ses mains car son regard se portait sur ses deux mains tendues devant lui. La grenade détona et le corps de Monsieur Marco disparut dans le souffle de l’explosion.[i]

Flora hurla de toutes ses forces et Sofian dû la gifler violemment pour qu’elle reprenne conscience. Elle ouvrit subitement les yeux. Le restaurant était à présent en ruine, quelques voitures de police étaient renversées et carbonisées, tout le monde était sain et sauf, la Team Rocket avait disparu.


Les pokémons aquatiques avaient terminé leur travail d’éteindre l’incendie qui s’était déclaré suite à l’explosion de la bombonne de gaz et Békipan revint vers son maître. La nuit était tombée lorsque les policiers quittèrent les lieux. L’agent Jenny et Bastien rejoignirent Sofian et Flora dont les infirmiers des ambulances appelées sur place s’occupaient.
– Rien de grave, juste quelques brûlures au premier degré par chance, résuma le médecin à l’agent Jenny.
– Je suis désolée que vous ayez dû vivre tout cela, s’excusa l’agent Jenny aux deux adolescents. La dernière chose que vous vouliez en revenant de ces quatre jours sur votre île déserte était cet incident.
– Ce n’est pas grave, nous sommes habitués, répondit sombrement Sofian.
– Alors comme ça vous êtes le champion local, s’intéressa Flora pour essayer de se changer les idées.
– En effet, je le suis, répondit Bastien qui se rhabillait.
– Vous devez être très talentueux, complimenta la jeune fille, vous avez tout pour vous !
– Flora ? intervint Sofian.
– Enfin, je veux dire… vous êtes puissant, parfait physi… enfin, beau… charmant ! Je crois que je vais me taire.
– Il vaut mieux, oui, s’amusa Bastien. Allez retrouver votre ami à l’hôpital et reposez-vous, vous l’avez bien mérité.
– Agent Jenny, vous allez faire quoi avec ce dossier Team Rocket ? demanda Sofian, préoccupé.
– Eh bien, j’ai envoyé mes agents à leur poursuite, j’ai ouvert un dossier urgent et on espère remettre la main dessus. En attendant, on va chercher à comprendre ce qu’ils font à Hoenn.
– Je peux vous parler un instant ? demanda Flora. En privé ?
L’agent Jenny acquiesça et l’amena plus loin.
– Je pense que Monsieur Marco n’est pas mort, avoua Flora.
– Comment ça ?
– Quand la bombonne a explosé tout à l’heure, j’ai eu comme un flash. J’ai revu l’explosion de la grenade et… je crois que… J’ai vu Monsieur Marco disparaître un centième de seconde avant que la grenade n’explose.
L’agent Jenny resta coi.
– Je sais que ça à l’air fou, mais je sais ce que j’ai vu et j’ai ce sentiment qu’il n’est pas mort.
– On a retrouvé du sang et de la chair de Monsieur Marco dans l’océan, Flora, dit l’agent Jenny sur un ton compatissant. Monsieur Marco nous a quittés.
– Mais je l’ai vu disparaître…
– Tu dois être épuisée et sous le choc. Va te reposer, la nuit ne te fera que du bien.
Et elle quitta Flora en direction de ses hommes.
Lorsque Flora rejoignit Sofian, elle vit avec étonnement que Békipan s’envolait dans le ciel en direction de l’océan.
– Où va-t-il ?
– Il s’en va.
Flora fronça les sourcils.
– Békipan pense que c’est de sa faute si Picko n’a pas pu être ramené sain et sauf et il est parti à sa recherche. Békipan était un Goélise, ça a dû le toucher profondément. Alors il a décidé de partir à sa recherche. Et il est parti.
– Ça va toi ? s’inquiéta Sofian.
– Non, et toi ?
– Moi non plus.
– Au moins, on est tous les deux dans le même état lamentable.
Et Sofian prit Flora dans ses bras.


[i]À suivre dans : « Un pokémon poignant »