Des Rubis et des Saphirs de Dagyne

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu'ils arrivèrent au pied de la montagne. S'ils suivaient le chemin jusqu'au bord de la mer, ils pourraient alors prendre le bateau. Cela leur permettrait d'aller à Poivressel. Pourquoi ? Simplement pour y rencontrer quelqu'un.

Benjamin bailla à s'en décrocher la mâchoire. Ils avaient entrepris leur voyage le matin même alors que l'aube pointait à peine à l'horizon. Et ils n'avaient pas arrêté de marcher, lui et Gobou, sous les directives de Jirachi. Peu avant le départ, il est venu faire irruption chez le jeune homme pour l'aider. D'ailleurs, sa mère fut à la fois surprise et ravie que son fils parte à l'aventure.

« Mais je suis obligé ! avait-il déclaré. Sinon, je ne l'aurais jamais fait ! »

Mais Sarah ne voulait pas le croire. Elle s'était alors empressée d'aider Benjamin à faire son sac.

« Des vêtements de rechange... De l'eau... récitait-elle. »

Son fils avait alors levé les yeux au ciel avant de prendre Gobou dans ses bras et de retrouver Jirachi dehors, sur le seuil de la porte, qui attendait exaspéré et agacé. Dès que tout fut prêt, le petit groupe composé d'un dresseur et de deux Pokémons était parti.

Ils traversèrent un village et une forêt avant de finalement atteindre le pied de la montagne.

Benjamin se laissa tomber au sol en soupirant, comme si on avait appuyé sur le bouton off de sa mécanique humaine qui n'est autre que son corps. Écroulé par terre, il ferma les yeux et laissa son esprit divaguer sur les flots tumultueux des rêves. Son fidèle ami vint de planter à côté de lui et laissa à son tour le sommeil le gagner. Quant à Jirachi, il s'assit dans l'herbe et regarda passer les nuages.

Le jeune homme, en ouvrant les yeux, vit que l'heure avait bien avancé. Connaissant Jirachi, ils allaient sûrement continuer même la nuit. Son ventre gargouilla. Il n'avait pas mangé depuis leur petit arrêt dans la forêt. Et la faim se faisait donc sentir. Benjamin s'étira, s'assit et chercha dans son sac quelque chose à manger. Mais tout ce raffut réveilla Gobou qui grommela. Mais en sentant l'odeur de la nourriture, il commença à baver sur les genoux de son dresseur. Celui-ci sortit une barre chocolatée et la partagea avec son ami.

Peu après, Jirachi réapparut des bois. Il avait dans les bras des baies et les partagea avec ses « amis » qu'il ne considérait pas encore vraiment comme tels. Et comme l'avait prévu Benjamin, le petit Pokémon des vœux ordonna qu'ils continuent leur chemin vers Mérouville où un port avait était nouvellement construit.

La nuit s'installa peu à peu tandis que les petit groupe longeait la chaîne de montagnes. Les étoiles arrivèrent dans le ciel nocturne les une après les autres. Mais bientôt, même la pâle lueur de la lune ne parvint pas à éclairer le chemin.

« Je n'en peux plus de marcher dans le noir... gémit Benjamin.

-Il faut cependant continuer. insista Jirachi. Vous avez trop dormi dans la journée. »

Le jeune dresseur retint une autre plainte mêlée d'une pointe de colère destinée au petit Pokémon. Tout à coup, un féroce et puissant aboiement retentit dans la nuit. Les trois « amis » cherchèrent des yeux la provenance de ce bruit. Gobou aperçut alors surgir des buissons et terrifiant Ghayèna. Celui-ci semblait en colère et de la bave suintait des ses babines retroussées. Le starter eau émit un petit cris terrorisé avant de sauter sur la tête de son dresseur qui se retourna vers le Pokémon canin.

« Gentil Grahyèna... dit-il d'une voix apeurée. »

Le Pokémon de la nuit fit un pas en avant et les deux autres firent un pas en arrière, Gobou n'étant pas encore descendu. Mais, petit à petit, le Grahyèna se retrouva en face de Benjamin. Ce dernier pouvait sentir le souffle chaud du molosse. La peur le gagnait lentement et des gouttes de sueur glissèrent le long de son dos. Grahyèna montra les crocs et alors qu'il allait déchiqueter le visage de jeune homme, une voix retentit et le Pokémon canin s'arrêta au milieu de son mouvement.

De derrière les arbres sortit une ombre d'environ un mètre soixante-dix. Benjamin eu du mal à trouver la silhouette parmi les ombres dansantes de la forêt. Une autre plus petite ne dépassait guère les genoux de la première et était minuscule.

La silhouette sortit des ténèbres de la forêt et se planta devant le petit groupe en rappelant son Pokémon dans sa Hyper Ball. La deuxième ombre la suivit et fit de même. Celle-ci était un Poussifeu qui semblait très sérieux à son regard sévère.

La première ombre se révéla être une jeune fille. Elle avait les cheveux noirs et courts. Elle était extrêmement maigre, presque la peau sur les os. Malgré cela, elle arrivait à faire des envieuses. Habillée tout en noir avec une jupe mi-longue, de grosses bottes de cuir noir et une veste, ses yeux faisaient contraste de part leur couleur bleutée. Son visage fin était plus blanc que la neige d'Hiver. Son regard était à la fois tendre et sévère. Aux yeux de Benjamin, ses lèvres étaient suaves, sensuelles.

La jeune fille s'approcha un peu plus du petit groupe. Ses gestes lents laissaient au jeune homme tout le temps d'observer l'humaine devant lui. Elle fut suffisamment près de Benjamin pour pouvoir effleurer son visage le bras tendu. Celui-ci ne parvint à articuler un mot tant il était bouche bée.

« Bonjour.

-B... bon... bon... bonjou... bonjour... bégaya-t-il.

-Je m'appelle Violette. »

Le petit Poussifeu ne semblait pas très ravi de voir sa dresseuse parler à un inconnu. D'ailleurs, Gobou regardait l'autre starter d'un œil mauvais. Voyant que le jeune homme n'arrivait vraiment pas à parler, Jirachi le présenta à sa place.

« Benjamin... Enchantée. dit-elle dans un grand sourire.

-De même... »

La jeune fille s'approcha un peu plus, prit le jeune dresseur par la main et l'emmena un peu plus loin, derrière les arbres. Elle s'assura qu'ils étaient seuls et prit les mains de Benjamin dans les siennes.

« Je suis sincèrement désolée que mon Grahyèna vous ait attaqué.

-C'est déjà oublié. »

Violette baissa la tête. Benjamin aperçut alors qu'elle pleurait. Il se pencha vers elle avant de vite arrêter son geste. Il ne la connaissait même pas et ne savait pas réellement quoi faire. Finalement, la jeune fille releva d'elle-même la tête et fixa Benjamin de ses grands yeux bleus.

« Vous me pardonnez ? demanda-t-elle.

-O...oui.

-Vous êtes... si gentil. On ne croise plus beaucoup de gens comme vous. »

L'inévitable se produit. Violette approcha suffisamment son visage de celui du jeune homme pour que leurs lèvres se touchent. Le cœur du jeune garçon fit un bond dans sa poitrine tandis qu'il se laissait enveloppé par le doux parfum qui émanait de la jeune dresseuse.

Mais peu avant l'arrêt de ce doux moment, les ténèbres l'envahirent. Avant de s'effondrer lourdement au sol, il entendit des pas et des cris de Pokémons.


Il se réveilla dans un lit. Il se releva difficilement et se frotta la tête. Il ne comprenait plus rien. Où était ses compagnons de route ? Et la jeune fille ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir que quelqu'un ouvrit la porte et rentra dans la chambre.

« Tu es réveillé ? On t'as retrouvé endormi dans la forêt. »

La jeune fille qui venait d'entrer avait les cheveux roses et un vêtement gothique.

« On s'est beaucoup inquiété, d'autant plus que ma mère ne s'occupe que des Pokémons principalement. Au fait, je m'appelle Joëlle, et toi ? expliqua la jeune fille.

-Benjamin.

-Enchantée. »

Joëlle prit Benjamin par le bras et le tira hors du lit. Ce-dernier n'opposa aucun résistance. Ils arrivèrent ensuite dans le hall du Centre Pokémon. Plusieurs dresseurs venaient faire soigner leurs monstres de poche, mais quand l'infirmière vit les deux adolescents débouler, elle se dirigea à leur rencontre, laissant les Leuphories s'occuper du centre.

« Maman ! Voici Benjamin, le jeune homme retrouvé un peu plus tôt dans la matinée.

-Depuis quand est-il ici ? demanda l'infirmière. »

Le jeune garçon comprit alors que seuls deux personnes étaient au courant : celui qui l'a trouvé et la fille gothique de Joëlle. Il essaya de se faire tout petit, évitant le regard de l'infirmière et ne voulant subir un éventuel courroux de sa part. Mais elle n'en fit rien. À la place de sermonner le jeune homme, elle parla calmement avec sa fille. « Décidément, elles sont incroyables » pensa Benjamin.

« Je suis bien d'accord, mais il est quand même recouvert de boue. fit soudain remarquer Joëlle. »

Benjamin ne fut que d'accord avec cette remarque. Partout où il avait marché de la terre recouvrait le sol. Il essaya de se faire encore plus petit. La jeune fille rougi de honte. Apparemment, ce détail lui avait échappé. Elle n'avait plus qu'à tout nettoyer.

Alors que l'adolescente partait à la conquête du balais et de la serpillière, Joëlle invita Benjamin à aller se laver. Elle lui indiqua où était la salle de bain du centre et lui dit qu'elle allait lui chercher des vêtements propres. Le jeune homme entra donc et commença à faire couler l'eau. Celle-ci ruisselait telle un petit fleuve tranquille sur le visage de Benjamin tandis que sa chevelure rousse perdait en volume. Maintenant seul et au calme, il se mit à réfléchir sur ce qu'il c'était passé la veille, dans la forêt.

Il était là, à l'orée du bois. Quand soudain, cette jeune fille – Violette – est venu lui parler. Et une fois à l'écart, seuls, sans les Pokémons...

Le jeune homme ouvrit de grands yeux ébahis. Les Pokémons ! Voilà ce qu'il lui manquait ! Ni Jirachi ni Gobou n'étaient ici !

Il sortit en trombe de la salle de bain, y retourna chercher une serviette, et se mit à courir dans les couloirs dans l'espoir de retrouver la jeune Joëlle. Celle-ci nettoyait le hall quand Benjamin tomba nez à nez avec elle. Elle rougit à la vue du jeune homme.

« Il semblerait que tu n'aies pas peur du regard des autres... murmura-t-elle.

-Pas quand il s'agit de mes amis Pokémons !

-Eux ? Ne t'inquiètes pas, ils jouent avec d'autres Pokémons là-bas. »

Benjamin, en voyant que la jeune fille avait raison, ressenti une profonde gêne et ses joues rougirent à vue d'œil. Il retourna timidement vers la salle de bain sous le regard éberlué des dresseurs, et surtout, des dresseuses. Certaines devinrent même écarlates en l'apercevant.

Alors qu'il retournait vers la douche, il vit l'infirmière Joëlle en ressortir, l'ai mécontent.

« À ce que je vois, tu es parti si peu habillé en laissant l'eau coulé.

-Désolé... je m'inquiétais pour mes Pokémons. »

Le regard de l'infirmière sembla s'adoucir. Le fait que Benjamin se préoccupe plus des Pokémons que de lui lui a fait plaisir. Elle lui indiqua une pile de vêtements et s'en alla aider les Leuphories à soigner les autres monstres de poche des dresseurs de passage. Quant au jeune homme, il ferma la porte derrière lui et s'habilla.

Puis, il retourna dans le hall et partit rejoindre Gobou et Jirachi.

« Waouh ! La classe ! ironisa le petit lutin. »

Benjamin portait à présent une chemise blanche légèrement ouverte au niveau du col, un pantalon noir et des bottes noires elles-aussi. Ses cheveux, qui n'étaient pas encore tout à fait secs, tombaient en cascade dans son dos, le jeune homme les ayant plaqués vers l'arrière pour le moment. Jirachi pouffait dans son coin tandis que Gobou poussait des petits cris de joie. Quelques dresseurs regardaient d'ailleurs le Maître des Vœux ricaner dans son coin d'un air interrogateur. Il était, certes, un Pokémon Légendaire, mais sa réaction n'était pas compréhensible.

« Au fait Jirachi, toi qui peux communiquer avec moi, que c'est-il passé ? interrogea le jeune homme.

-Bah t'es parti avec Violette... »

« Alors ce baiser n'était pas un rêve... » songea Benjamin.

« ... et après, Gobi et moi on l'a vu revenir juste avant que Piou-Piou et lui n'engage un combat.

-Gobi ? Piou-Piou ?

-Bah ouais, leur prénom. »

Benjamin resta estomaqué. Depuis quand les Pokémons ?... Mais, après mûre réflexion, il se rendit compte qu'avant d'être des monstres, ces créatures étaient aussi des êtres vivants doués d'intelligence. Il se pencha vers Gobou et le prit dans ses bras.

« Gobou... non, pardons. Gobi. Pardonne-moi toutes les méchancetés que j'aie pu te faire.

-Gob gobou ! Gobou bou gob gobou !

-Il dit qu'il ne t'en a jamais voulut et qu'il est heureux d'être ton Pokémon. traduit Jirachi. »

Le jeune garçon fixa son Pokémon dans les yeux et le caressa gentiment. La fille de l'infirmière Joëlle commença à s'approcher du petit groupe. Benjamin tourna la tête vers elle et à ce moment-là, une question vint brûler ses lèvres.

« Au fait, où sommes-nous ?

-Nous sommes dans le Centre Pokémon de Mérouville.

-Et tu sais quand part le bateau pour Poivressel ? continua le jeune homme.

-Dans à peu près une demi-heure.

-Merci ! »

Benjamin fit un grand sourire à Joëlle et lui demanda de remercier sa mère de sa part. La jeune fille lui répondit par un sourire et le regarda s'en aller avant de retourne aider sa mère à soigner les Pokémons.

« Au fait Jirachi, dit Benjamin alors qu'ils approchaient du port. Tu peux comprendre aussi bien le langage humain que Pokémon ?

-Tout à fait.

-Tu crois que tu pourrais me traduire un de ces jours ce que me dis Gobi ? »

Jirachi opina du chef.. Tant que cela n'arrivait pas tous les jours, il était d'accord. Parce qu'après tout, cela ne l'enchantait pas de voyager avec se casse-pieds de rouquin. Il songea à le surnommer Poil de Carotte mais y renonça très vite. Il lui fallait un surnom original. Il réfléchissait tant à ce surnom qu'il ne fit pas attention à une caisse posée de lui et la percuta sous les rires hauts et forts de Benjamin. Le petit lutin fulmina de rage et décocha une gifle au dresseur avant de se diriger vers le bateau qui devait les conduire à Poivressel. Gobi et son dresseur s'échangèrent un regard avant de rire de bon cœur.

Une demi-heure plus tard, le bateau commençait enfin à se mettre en mouvement. On pouvait entendre le vrombissement du moteur et le souffle du vent sur la mer. Celui même qui séchait les cheveux encore un peu humide de Benjamin.

Le jeune dresseur regardait d'un œil les deux petits Pokémons jouer mais son regard était tourné vers la vaste étendu bleue formé par l'eau et ses pensées étaient occupées par Violette. Il sentait au fond de lui qu'il allaient se revoir, mais où ? et quand ? Il ne serait le dire.

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La jeune fille jeta ses bottes dans un coin de la pièce et s'assit sur son fauteuil, les jambes sur le bureau en bazar qui reflétait le soin que la jeune fille portait à ses affaires, hormis ses Pokémons. Un homme en uniforme frappa à la porte et entra.

« Nous sommes heureux de vous revoir, Mademoiselle Violette. Bon retour dans la Team Hakai. »