Pokémon version Arc-en-Ciel T.1 : L'assassinat de Milolaidus

Après six jours à crapahuter dans les montagnes du plateau White, Brown atteignit enfin la partie Est d'Alaubia, à peu près indemne. Il appela Pauline et Grey pour les informer de la nouvelle, et appris que ceux-ci organisaient déjà leur départ. Il parvint malgré tout à les convaincre de l'attendre encore un peu, même si Pauline n'appréciait pas vraiment que Brown les aie lâchés devant la route 166.

Le jeune garçon enfourcha donc de nouveau son vélo, qu'il n'avait pas pu utiliser durant sa traversée des Plateaux White, à cause du sol difficilement praticable, et redoubla d'efforts pour atteindre Pinkatchu le plus vite possible. Remis en forme physiquement par plus de trois mois de voyage à pied et en vélo, il était maintenant capable d'avaler les kilomètres sans s'épuiser autant qu'avant. Il était sorti des Plateaux, un matin, et, le lendemain midi, il arrivait déjà en vue de la ville de Pinkatchu.

Brown découvrit bientôt une petite ville assez ancienne, sans aucunes caractéristiques vraiment particulières, si l'on mettait de côté les deux fenêtres peintes en rouge sur la façade de sa mairie, et le drôle d'évènement ayant lieu une fois par an et impliquant, si Brown en croyait les affiches collées un peu partout dans la ville, un concours du plus beau Pikachu, un défilé de Pikachus déguisés en catcheurs ou en princesses, un orchestre de Pichus et quelques autres joyeusetés dans la même veine et dans le même manque de bon goût. Brown soupira intérieurement. S'il était arrivé une semaine plus tard, il aurait probablement dû supporter cette espèce de carnaval grotesque. Heureusement qu'il ne s'était pas attardé plus que ça !

Grey et Pauline s'apprêtaient à partir. Brown fit un passage rapide au Pokécentre, où il laissa ses Pokémons se reposer un peu, et où il récupéra le Ptera qu'il avait capturé dans les Plateaux White, en échange de son Etourvol. Puis il se rendit à la sortie Est de la ville, où Grey et Pauline lui avaient donnés rendez-vous. Brown, de plus en plus habitué aux voyages, se disait que, pour une fois, il pourrait bien rattraper son retard et ne pas faire escale dans cette ville, ou il ne se passerait de toute façon, selon toute vraisemblance, rien qui mériterait d'être raconté. Il s'arrêta, un instant, perplexe par le sens qu'il devait donner à cette phrase issue de son esprit. Mais il entendit crier son nom, et ne s'en soucia plus.

— Brown ! Brown !

Grey lui faisait signe au loin. Brown s'approcha. Il aperçu bientôt Pauline, un peu en retrait, qui lui tournait le dos.

— Ca doit bien faire depuis trois semaines qu'on ne s'est pas vu, au moins ! Ca fait plaisir de te revoir !

— Euh, merci, Grey… bafouilla Brown.

Il était presque étonné que son ami prenne les choses aussi bien. En revanche, pour Pauline, ça risquait d'être légèrement moins simple. Il tenta une approche.

— Mmmm… Salut… Pauline. Ca faisait longtemps…

— …
'Lut.

Pauline tourna furtivement la tête. Hélas, par un grand malheur, Brown cligna des yeux au même moment, ce qui fit que son inconscient ne put percevoir les yeux de la jeune fille avant qu'elle ne lui montre de nouveau sa chevelure. Pauline avait l'air particulièrement absorbée par la ligne de l'horizon. Cette réponse était en revanche assez encourageante, et les choses auraient pu se passer pire.

— Il fallait vraiment que je retourne à Verdion… L'E.d.S., enfin tout ça…

— Oui, on sait… Fit Grey, un peu dérangé lui aussi.

— Enfin bon, c'est mon choix, ça me regarde, non ?

— Oui, bien sûr.

— Mgnh…

— Figurez-vous que le chef de l'E.d.S. de Verdion-les-Champs à l'intention de me faire participer à des missions secrètes ! fit Brown, d'un air enjoué qui sonnait un peu faux.

Pauline, qui sembla soudain piquée par l'intérêt, tourna une nouvelle fois la tête, et même une partie de son corps.

— Si ces missions sont secrètes, pourquoi est-ce que tu nous en parles ?

— Oui, vous avez raison, mais je pensais…

— Bon, on en discutera sur le trajet, le coupa Grey. Nous avons assez tardés, et nous avons du chemin à faire avant d'arriver à Purplaville.
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— Pauline ?...

— M'oui ?

Brown, Grey et Pauline prenaient leur déjeuner dans l'herbe, au bord de la route 160. Ils avaient quittés Pinkatchou la veille. Brown avait déplié la carte de la région d'Alaubia, et l'observait depuis quelques minutes avec beaucoup d'intérêt.

— Nous sommes sur la route 160 actuellement, non ?

— Oui…

— Et la route qui relie Boulocity à Bourg-Crépuscule, et que nous avons empruntée il y a quelques temps, c'était bien la route… 160 ?

— Mmm… Oui.

— Et… Les routes 161 et 162 apparaissent aussi en double, sur la carte. On retrouve ce tronçon aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest d'Alaubia. Qu'est-ce que cela veux dire ?

Brown semblait assez perturbé par cette découverte. Pauline se tourna vers lui et leva un sourcil. Grey, lui aussi, qui mangeait en face de Pauline, leva la tête de son sandwich, intrigué par ce qu'il entendait.

— C'est d'autant plus curieux que je n'ai pas découvert cette bizarrerie avant… ajouta-t-il.

Pauline leva son deuxième sourcil.

— Tu… Ne le savais pas ?

Brown ne répondit pas, mais fronça les siens.

— J'ai du mal à le croire, fit Pauline, à la fois amusée et un peu perplexe. Oui, effectivement, il y a deux tronçons 160, 161 et 162 à Alaubia. Mais tu dois bien être la seule personne à ne pas être au courant, Brown !

— Parce que tu ne le savais VRAIMENT pas ? ajouta Grey, qui peinait à cacher sa surprise.

— Et bien… J'aurais dû, vraisemblablement… Mais, comblez donc mon ignorance.

Grey et Pauline se regardèrent. Pauline enroula une mèche de cheveux autour de son index, regarda fixement un point dans le ciel, puis se tourna enfin de nouveau vers Brown.

— Et bien… Tu sais qu'Alaubia est une île qui était pratiquement vide d'humain il y a quelques centaines d'années, et qui n'a été colonisée qu'il y a cinq cent ans environ ?

— C'est possible.

— Et tu sais que les premiers colonisateurs sont arrivés par le Nord, près de l'endroit ou a été bâtit Quopacity ?

— Surement.

— Tu sais aussi que Quopacity est considérée comme la plus vieille ville d'Alaubia encore existante, et que bon nombre des bâtiments de la ville sont classés en tant que monuments historiques ?

— Admettons.

— Et tu sais que les colons, en explorant la région, ont construits des routes pour faciliter les déplacements, et leur ont attribués des numéros, en utilisant une série de nombres encore disponible.

— Ce que n'ont pas fait les Unyssiens.

— Oui, mais ce n'est pas la question.
Bref, les colons ont donc attribués des numéros aux routes en fonction de leur ordre de construction. Sauf qu'à un moment, arrivés aux environs de ce qui est actuellement Verdion-les-Champs, deux grands groupes se sont séparés. Je te passe les détails historiques, mais l'un est parti explorer l'est du pays, et l'autre, l'ouest. Et comme le Pokématos n'avait pas encore été inventé, et qu'utiliser un Pokémon volant pour ses déplacements se pratiquait moins qu'aujourd'hui, il y a eu, pourrait-on dire, un cafouillage. Voulant construire les routes le plus vite possible, les deux groupes se sont attelés à la tâche en même temps, sans se concerter, et ont construits les routes 160, 161 et 162, chacun dans leur coin. Quand ils se sont rendus compte du problème, les routes 160 étaient déjà achevées, et les routes 161 et 162 en bonne partie construites. Les deux groupes se sont disputés un moment, pour essayer de déterminer qui avait construit les « vraies » routes, mais ils ont rapidement compris qu'ils n'arriveraient pas à un arrangement. Ils ont donc laissés tomber l'affaire, et, dorénavant, les routes situés à l'Ouest d'Alaubia sont nommées 160, 161 et 162 Ouest, et les routes situés à l'Est d'Alaubia sont nommées 160, 161 et 162 Est.
Tu ne le savais vraiment pas, Brown ?

— Combien de fois devrais-je le répéter ? Non ! Désolé !

— C'est plus clair pour toi, maintenant ?

Brown détourna la tête et fixa de nouveau son attention sur la carte, l'air renfrogné.

— Inutile de prendre un ton condescendant. Et puis, la distinction entre Est et Ouest n'est même pas signalée sur la carte. Pas étonnant que cela porte à confusion.

Pauline s'approcha elle aussi de la carte. Grey avait recommencé à manger son sandwich. Il se sentait finalement peu concerné par ces considérations cartographiques.

— Oui, effectivement, admit-elle. C'est vrai qu'il aurait été mieux de le préciser. Mais bon, la distinction est suffisamment connue pour que le noter sur une carte de la région ne soit pas indispensable, à mon avis.

— Si tu le dis, fit Brown. Mais j'avoue que cette explication ne me satisfait toujours pas. C'est assez bizarre, je n'ai jamais rien vu de tel dans d'autres régions. Et puis, je ne m'explique pas comment j'ai pu passer à côté de cette information, alors que tout le monde semble le savoir. Je trouve que tout cela n'est pas très net.

— Mais quelle autre preuve te faudrait-il pour te convaincre ? ! s'exclama Pauline.

— Et bien…

Brown n'acheva pas sa phrase. Alors même qu'ils discutaient, un jeune homme, semblant arriver de nulle part, sortit d'un buisson. Les trois amis tournèrent la tête en même temps.

— Je peux te causer deux secondes, Brown ?