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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 15/10/2014 à 09:18
» Dernière mise à jour le 12/10/2016 à 17:53

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 7 : Amnésie et mariage
Galbar


Ma défaite contre ce gringalet de Kerel fut l'une des choses les plus humiliantes de ma vie, mais pas la pire. Le pire vint après, quand mon maître Frelali ne cessa de me reprocher ma faiblesse et ma stupidité toute la soirée durant, m'assommant de toutes les qualifications insultantes qu'il pouvait trouver. J'en avais assez, mais je devais le supporter. Toutefois, mon maître se montra moins fâché que je n'aurai pu le craindre. Il avait déjà dévoré des esclaves pour avoir perdu des combats dans l'arène. Là, il m'abreuvait d'insultes et de mépris, mais ça semblait être uniquement pour la forme.

- Franchement, quel humain inutile tu fais Galbar, poursuivit maître Frelali tandis qu'il dévorait une jambe en décomposition d'un de ses anciens esclaves qu'il avait tué il y a un moment.

- Je suis désolé d'avoir raté la femelle, maître.

- Idiot. Il ne s'agit pas de ça, mais de ma réputation ! J'ai perdu contre cette parvenue de Cielali, devant le maire Cresuptil et tous les Pokemon de Ferduval ! Sais-tu quel genre d'humiliation ça peut représenter ?

Oui, je le savais. Autant que la mienne face à Kerel.

- Je me vengerai, maître. Je vous vengerai ! Je tuerai Kerel, je vous le jure ! Oh maître, laissez-moi le tuer !

- Tu n'en feras rien, contra mon maître. Ce Kerel est doué, et vaut beaucoup d'argent. Ce serait du gâchis de le tuer alors que je peux l'acquérir.

J'écarquillai les yeux.

- L'acquérir ?! Vous comptez l'acheter ?

- Bien sûr que non, bougre de crétin ! Mais maintenant qu'à cause de ton incompétence, la femelle m'est passée sous le nez, je vais devoir trouver une autre façon de l'avoir. Et j'en ai justement une. Je vais accepter la proposition de Noctali et épouser sa fille. Ainsi, par les droits du mariage, tous ses esclaves seront aussi les miens. J'aurai la femelle et Kerel du même coup. Je deviendrai alors le Pokemon le plus puissant et respecté de toute la région !

Je fronçai les sourcils. Je n'aimais pas ça. La femelle, oui, bien sûr, pour me reproduire et faire gagner beaucoup d'argent à mon maître. Mais je n'aimais pas l'idée de devoir cohabiter avec Kerel. Même si on se mettait à servir le même maître, on ne pourrait clairement pas s'entendre. L'un de nous deux finirait inévitablement en cadavre, et je comptais bien que ce soit Kerel.


***

Tannis


Je me réveillai d'un sommeil dont je n'aurai pas pu dire la durée. Et dès que j'ouvris les yeux, je sus que quelque chose n'allait pas. Un désagrément passager, qui pourtant pouvait être assez désagréable.
J'ignorais qui j'étais.
Chose embêtante que cela. Et comme j'ignorais qui j'étais, j'ignorais naturellement où j'étais, bien que le décor qui m'entourait me fasse songer à une grotte. Je m'assis difficilement, les membres rouillés, comme si j'avais dormi un siècle. J'inspectai mon corps. Deux bras, deux jambes, une tête, deux yeux, un nez, une bouche, et je verrais plus tard pour le reste. J'avais l'air entier, et mieux que ça, j'avais l'air humain. J'étais donc un humain. Voyez, j'avançais doucement mais sûrement.
Je tâchai de me concentrer pour fouiller ma mémoire à la recherche du moindre petit indice, mais c'était le vide total. Je ne me rappelais de rien, pas même de mon nom. Mais je savais trois choses : j'avais faim, j'avais soif, et j'avais froid. Tandis que je tâtonnais dans l'obscurité de cette caverne pour trouver quelque chose, n'importe quoi, une voix criarde me fit sursauter.

- Croâââ, tu t'es réveillé, petit humain ?

Une créature se posa près de moi. Un volatile aux plumes bleues et aux corps jaune. Il devait faire ma taille, et sa tête arrondie me dévisageait avec curiosité, et une certaine forme d'envie. Un Pokemon, pensai-je tout de suite. Un Aeropteryx. Je ne savais pas d'où me venait ce savoir, mais j'étais certain de moi. Comme quoi, je n'avais pas tout oublié.

- Euh... Bonjour à toi. Tu peux me dire qui je suis et où je suis ?

- Tu te trouves dans ma grotte, croâââ. Quant à qui tu es, je vais laisser ton compagnon Paxen te le dire.

- Paxen ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Fis-je sans comprendre.

- Ton ami avait donc raison, croâââ. L'Empire t'a lobotomisé le cerveau.

L'Empire... Ce terme avait une certaine résonnance dans mon esprit, bien que je ne parvienne pas à savoir ce que c'était. Tout était flou et insaisissable dans ma tête. Je savais des choses, bien sûr. Des choses basiques, que n'importe qui savait. La couleur du ciel. La sensation du vent. La chaleur du soleil. Je savais que j'étais humain et comment de fonctionnais. Je savais que les Pokemon étaient une race différente de nous, plus puissante, et qu'ils nous dirigeaient. Je savais que le dieu au-dessus de nous qui avait créé notre univers se nommait Arceus, et était un Pokemon.

Mais en dehors de tout cela, tout ce qui pouvait se rapporter à moi ou à mes possibles connaissances, c'était le noir complet. C'était comme si je me découvrais pour la toute première fois. Quel était mon nom ? Étais-je un type bien, ou une ordure ? Je faisais quoi dans la vie ? Est-ce que j'avais une copine ?
Ayant fini de me torturer les méninges sans aucun résultat, je constatai que l'Aeropteryx n'avait pas cessé de me fixer, et son regard me mettait mal à l'aise. Je me souvins alors d'autre chose, une chose qui pourrait m'être utile en ce moment : les Aeropteryx, une espèce de Pokemon préhistoriques et quasiment disparus, étaient carnivores.

- Euh... Rassure-moi, m'sieur l'Aeropteryx... Je ne suis pas ton repas du soir, dis ?

- Ce n'est pas le soir, mais le matin, croâââ. Et non, je ne vais pas te manger, bien que ce ne soit pas l'envie qui m'en manque. Le goût de l'humain est si savoureux... Mais j'ai promis à ton ami Penombrice de ne pas te toucher. Je l'ai invité à rentrer dans ma grotte, et toi aussi, et mon devoir d'hôte est que vous ne risquiez rien chez moi, croâââ.

- Très gentil à toi, fis-je avec sincérité. Parle-moi de cet ami Penombrice. Je crains d'avoir oublié pas mal de trucs...

- Il est sorti observer la cité de Ferduval de dehors. Son amie humaine est à l'intérieur, d'après ce qu'il m'a dit... Tiens, mange.

Le Pokemon me jeta avec le bec la moitié d'une carcasse de Ratentif crue. Je retins mon dégoût pour la refuser poliment.

- Ce Penombrice serait mon compagnon, alors ?

- Il fait partie des Paxen, une coalition d'humains et de Pokemon qui tente de renverser l'Empire Pokemonis, croâââ. Toi aussi. Lui et sa camarade humaine t'ont arraché aux griffes de l'Empire qui t'avait capturé. L'Empire aurait tenté de fouiller dans ton esprit pour apprendre la localisation de la base secrète des Paxen. Ton cerveau a subi des dommages. Tes camarades t'ont amené ici parce qu'ils connaissent une humaine à Ferduval qui serait capable de lire et restaurer ton esprit, à la recherche d'informations importantes que tu as appris sur l'Empire durant ta captivité. Voilà l'histoire, en résumé. Enfin, celle que m'a racontée Penombrice.

Je me pris le menton dans la main.

- OK. Je suis un rebelle. Ça me va bien, je trouve. Mais dis-moi, cet Empire Pokemonis, est-il méchant ? J'aime penser que je suis un gentil rebelle.

Aeropteryx secoua la tête.

- Gentil, méchant... ces termes n'ont aucun sens pour moi. Je sais juste que les Pokemon de l'Empire sont des imbéciles arrogants, et vous autres Paxen, des fous. Je crois d'ailleurs que si des Pokemon vous soutiennent assez pour vous rejoindre, c'est juste qu'ils vous prennent en pitié, vous les humains. Moi, je me fiche de tout ça. J'ai autorisé Penombrice à demeurer ici le temps que son humaine à Ferduval revienne, et c'est tout.

Sympa le mec... Enfin, j'aurai pu tomber sur pire. Je devais m'estimer heureux qu'il ne tente pas de me manger. J'attendis donc patiemment que ce Penombrice que j'étais censé connaître revienne, ce qu'il fit au bout d'une demi-heure. C'était bien un Pokemon, mais alors que j'ai tout de suite reconnu un Aeropteryx, la silhouette de Penombrice ne me disais rien du tout. On aurait dit une ombre mobile, vu de profil, avec une tête en forme de flocon de neige, et de grandes mains aux doigts crochus. Il me foutait même un peu les jetons, car il n'avait ni yeux ni bouche apparents.

- Bon retour parmi nous, mon ami, commença-t-il en me voyant debout, d'une voix étonnement agréable. Tu dois être un peu troublé, j'imagine. Notre hôte t'a-t-il renseigné sur ta situation ?

- Dans les grandes lignes. Apparement, je suis un Paxen, et on se bat ensemble contre cet Empire Pokemonis.

- C'est exact. Tu te nommes Tannis Chalk, et tu as seize ans. Tes parents étaient Paxen aussi, et leurs parents avant eux. Mais ta famille a quasiment été toute anéantie par l'Empire. Il ne reste plus que toi et ta mère, Cesta. Je suis navré de te l'apprendre comme ça.

Je fis un geste de la main signifiant que ce n'était pas grave. Je n'avais aucun souvenir de ma famille, de toute façon, et pas plus du nom qui était censé être le mien. Tannis Chalk... C'était vraiment triste d'entendre son propre nom et de ne pas s'en rappeler.

- Tu es un de nos meilleurs éléments, poursuivit Penombrice. Tu étais dans le groupe d'assaut qui a assassiné le Seigneur Protecteur Xanthos.

- C'est qui ça ?

- Celui qui a fondé l'Empire. Un humain qui s'est rangé du côté des Pokemon, il y a des siècles. L'ancien dresseur de l'Empereur en personne. Il a vécu plus de six cents ans, et c'est nous, les Paxen, qui en sommes venus à bout. Mais tu as été capturé lors de la mission. L'Empire aurait dû te tuer, mais il a préféré se servir de toi pour nous combattre.

- En fouillant dans ma mémoire ?

- C'est cela. L'Empire dispose de puissants Pokemon psychiques capables de manipuler l'esprit humain comme ils l'entendent. Ils pensaient découvrir des informations capitales sur les Paxen, comme notre nombre, notre base, nos espions infiltrés... Tu as sans doute résisté vaillamment, ce qui explique que ton esprit soit en si sale état.

- C'est peu dire, fis-je en souriant. Je ne me souviens de rien.

- C'est-ce que nous avions envisagé. Nous avons réussi à te récupérer lors d'une mission risquée qui a couté la vie à sept des nôtres.

- C'est stupide, protestai-je. Pourquoi en sacrifier sept pour en sauver un seul ? Non pas que je sois mécontent d'être en vie, mais...

- Nous ne pouvions pas les laisser te soutirer des informations vitales, répondit Penombrice. Et puis, il y avait une autre raison... Il est possible que durant la mission qui a aboutit à la mort du Seigneur Xanthos, tu aies eu accès à des renseignements très sensibles au sujet de l'Empire. Des informations qui nous seraient énormément utiles.

- Ah ? Bah, dommage pour nous, alors. Il me semble que j'ai tout oublié.

- C'est pour ça qu'on est là, répondit Penombrice. Il y a, dans la ville voisine, une humaine, alliée des Paxen, qui possède le pouvoir de lire dans l'esprit humain. Nous espérons qu'elle parvienne à restaurer ta mémoire, ou au moins à trouver ces informations sur l'Empire.

Je clignai des yeux. Je n'avais jamais entendu parler d'un humain avec des pouvoirs semblables à ceux des Pokemon.

- Vous n'aviez pas de Pokemon qui pouvaient fouiller en moi chez les Paxen ?

- Si, nous en avons. Mais les Pokemon Psy de l'Empire qui étaient chargés de toi ont posé une protection psychique sur ton esprit. Si un seul Pokemon autre qu'eux tentait de lire en toi, ton cerveau serait irrémédiablement perdu.

Je déglutis.

- En effet, ce serait dommage...

- Mais l'Empire n'avait pas prévu qu'il existait un humain capable de faire ça aussi, et sur qui la protection qu'ils ont placé n'aurait aucun effet. Ma sœur d'arme, Ludmila, est actuellement à sa recherche dans la cité Pokemon. Nous attendons jusqu'à ce qu'elle revienne avec cette humaine.

- Pourquoi ne pas l'avoir appelée au lieu de venir nous-mêmes ? Demandai-je. Et pourquoi m'avoir amené avec vous si j'étais inconscient ?

- Actuellement, notre base n'est plus très sûre, avoua Penombrice. On a à craindre que l'Empire la découvre à tout moment. Au vu de ton importance, nous ne pouvions pas te laisser là-bas. Le plan était de t'amener, et quand notre alliée serait avec nous, de partir vers une base annexe que l'Empire ne trouvera pas, jusqu'à qu'on ait accès à l'information secrète que tu gardes enfouis. Question de sécurité.

J'acquiesçai en silence. Ça semblait logique. Donc, j'étais un type super important pour ces Paxen ? Je savais quelque chose, quelque chose qu'il voulait savoir. Je leur aurais dit avec joie si seulement je m'en souvenais...

- Y'a-t-il une chance que je récupère totalement ma mémoire ?

Penombrice hésita.

- Je ne vais pas mentir. Ton cerveau était vraiment endommagé. Nous avons dû te maintenir en stase pendant deux ans pour te garder en vie.

- Deux ans ?! M'écriai-je. J'ai roupillé pendant deux ans ?!

- Oui. Tu n'as pas vieilli, durant tout ce temps. Comme si tu étais mort. Le fait que tu puisses parler et bouger normalement est déjà un miracle en soi. Mais il ne faut pas perdre espoir. Notre alliée est vraiment très spéciale, et elle pourra peut-être te guérir de ton amnésie. C'est ce qu'on souhaite tous.

Je hochai la tête. Bon, la situation n'était pas glorieuse, mais elle aurait pu être pire pour un gars qui se réveille sans même se rappeler de son nom. J'étais apparemment en bonne santé alors que je devrais être un cadavre, et j'étais avec des alliés. Me réveiller dans une cellule impériale aux mains de Pokemon me bidouillant la cervelle aurait été moins joyeux.

- Et cette Ludmila, quand doit-elle revenir ?

Penombrice n'avait pas vraiment de visage, mais je pus sentir son inquiétude.

- Je ne sais pas. Ça fait déjà une semaine qu'elle est entrée. Mais ça peut prendre plus longtemps encore. Elle s'est infiltrée en se faisant passer pour une esclave errante. J'ignore ce que les autorités de la ville auront prévu pour elle...

- C'est une fille que je connais ?

- Tout le monde se connait entre Paxen. Nous ne sommes pas si nombreux que ça. Et Ludmila est plutôt célèbre...

- Une fille avec qui je m'entends bien ? Demandai-je avec espoir.

J'étais impayable, franchement. Je venais de me réveiller d'un sommeil de deux ans après lequel je ne garde aucun souvenir de mon passé, et je me cherchais déjà une petite-copine.

- Euh... hésita Penombrice. Oui, sans nul doute, vous vous entendiez bien à l'époque. Vous vous entrainiez souvent ensemble. Vous êtes tous deux, je pense, les deux éléments les plus prometteurs des Paxen, en dépit de votre jeune âge.

- Cool. Je me sens bien dans mon corps, en fait. J'ai l'impression que j'étais plutôt balèze avant, comme tu dis. Ludmila l'est-elle plus que moi ?

- Avant, non. Mais elle a eu deux ans pour s'entraîner tandis que toi, tu étais en hibernation à l'article de la mort.

- Certes. Va falloir que je retrouve mon niveau.

Penombrice leva la tête, songeur.

- Ludmila est actuellement la plus compétente des humains Paxen. Elle est encore jeune, mais elle est déjà une légende vivante. C'est elle qui a vaincu et éliminé le Seigneur Xanthos. Elle n'avait que quatorze ans, et lui était un humain légendaire qui a vécu plus d'un demi-millénaire, mais elle a gagné. Elle descend d'une éminente famille d'humain, dont les ancêtres ont contribué à fonder les Paxen. Je suis fier d'être son partenaire Pokemon.

- Est-elle canon ? Fis-je sans avoir pu m'en empêcher.

Penombrice émit un son semblable à un rire.

- Selon vos critères, probablement, mais je te déconseille d'essayer de lui conter fleurette. Elle tient plus du fauve que de l'humain quand elle est de mauvaise humeur. Et Ludmila Chen est constamment de mauvaise humeur.


***

Ludmila


- Mmgrrr... Mmgrrr de mmgrrr !

Kerel me jeta un regard inquiet, comme s'il craignait qu'une quelconque bête féroce ait pris ma place dans la cuisine de cette maison Pokemon. Je savais que me faire remarquer, de lui comme de mes maîtres provisoires, était à éviter, mais je ne pouvais m'empêcher de pester tandis que je m'expérimentais à quelque chose de totalement nouveau pour moi : le cirage du sol. Car oui, ces imbéciles de Pokemon avaient construit leur demeure totalement en bois. Pas de serpillère ou de seaux d'eau pour laver, non, il fallait une cire spéciale, et il fallait frotter comme des malades, à genoux au sol.

Kerel semblait aborder cette tâche comme une sinécure, mais moi, je n'avais jamais rien ciré de ma vie, et surtout pas de cette façon, comme des chiens, tandis que les trois membres de la famille Pokemon étaient à table et parlaient entre eux en nous ignorant avec un dédain évident. Prenant à cœur le marché que j'avais passé avec l'humain domestique de cette Cielali, je m'étais évertuée à jouer la bonne esclave sans râler. J'avais tenu quatre jours entiers pour le moment. Je me suis inclinée, je me suis montrée servile, j'ai servi la nourriture, fais la vaisselle, le ménage, et quantité d'autre tâches domestiques que je ne faisais jamais chez les Paxen. Tout cela pour ma mission.

Kerel, comme promit, était allé voir Sol pour moi, et lui avait parlé de moi. La vieille femme lui avait bien confirmé qu'elle me connaissait et désirait me voir. C'était une demi-vérité, en fait. Sol me connaissait sans doute de nom, mais elle ne m'avait encore jamais vu. Elle avait quitté les Paxen peu avant ma naissance. En revanche, elle a bien connu mes parents, et même mes grands-parents avant eux. C'était une femme reconnue chez les Paxen, et je savais que je pourrai lui faire confiance. Elle seule pourrait lire l'esprit embrouillé de Tannis pour récupérer l'info dont on avait besoin.

Mais ce crétin de Kerel ne m'amènerait pas la voir tant que je n'aurai pas passé sa foutue semaine à jouer les serviteurs pour Pokemon. J'aurai certes pu tenter de sortir la nuit, mais ça aurait été risqué. Je ne savais pas où se trouvait ce fameux ghetto, et si je me faisais prendre, ça se passerait mal pour moi. La patience était encore de mise. Et elle commençait encore à me faire défaut. Il n'en fallait pas plus pour que je jette bientôt ce sceau de cire à la tête de Cielali ou de son arrogant paternel.

Kerel dut voir le danger, car il me proposa immédiatement de le laisser terminer ce qu'il restait et d'aller me reposer. Les Pokemon ne dirent rien, car ils virent sans doute là un geste de galanterie auprès d'une pauvre femelle faible et fragile comme moi. Mais bon, quitte à jouer les faibles, autant être exemptée des tâches ingrates. J'acquiesçai en tâchant de paraître reconnaissante à mon confrère esclave, puis je rejoignis l'endroit où je devais dormir : la chambre de Cielali.

Je couchais au sol, sur un morceau de tissu délavé, non loin de l'endroit où dormait Kerel. Dormir si près d'un Pokemon esclavagiste et d'un humain adorateur de Pokemon me fichait la nausée, mais que pouvais-je y faire ? Demander de dormir ailleurs aurait semblé suspect. Kerel vint me retrouver quelque temps après, tandis que j'étais couchée sur mon piètre matelas, en train d'imaginer mille façons de me venger plus tard de Cielali. Je pris la parole avant que Kerel ait le temps de m'enguirlander.

- Oui, je sais, j'ai perdu patience. Je suis désolée. Mais je n'ai jamais rien ciré avant.

- Vraiment ? Demanda Kerel en s'asseyant près de moi. Ton ancien maître n'avait pas de maison en bois ?

Je fis un effort pour me rappeler le Pokemon que j'avais choisi comme ancien maître imaginaire dans mon histoire.

- Non. Messire Coatox préférait la pierre. Cirer est vraiment chiant...

- Il ne s'agit pas que du cirage, soupira Kerel. J'ai l'impression que tu grognes comme tu sais si bien le faire à chacune des tâches que l'on doit effectuer.

Je haussai les épaules.

- Que veux-tu que je te dise ? J'avais très peu de tâches domestiques à faire chez mon ancien maître.

- Soit, mais quand même, un esclave ne devrait pas rechigner au travail qu'on lui donne...

- Je n'ai pas rechigné, du moins pas à voix haute, dis-je sincèrement. J'ai respecté notre accord.

- Oui, si on veut. Heureusement toutefois que personne à part moi ne voyait la tronche que tu tire à chaque travail que tu fais...

- Tu ne comptes pas revenir sur notre marché j'espère ?

- Non. Sol m'a dit qu'elle te connaissait et m'a demandé que je t'amène à elle, et je ne peux rien refuser à Sol. C'est elle qui m'a presque élevé avant que je ne rejoigne maîtresse Cielali.

Je me demandai s'il mentait ou pas. Il me semblait surnaturel que cette femme légendaire, qui avait tant fait pour la cause Paxen, ait pu élever un pareil lécheur de pattes de Pokemon. Mais Kerel était bien trop crétin et fier pour mentir. On entendit alors les voix des Pokemon s'élever du salon. Noctali était en train de parler fort et sèchement, et sa fille Cielali de hurler négativement. Une bonne grosse dispute, qui laissa Kerel paralysé de stupeur. Il ne devait pas avoir l'habitude que ses maîtres Pokemon adorés haussent la voix.

- Non, non et NON ! Criait Cielali. Ce n'est pas acceptable !

- C'est au contraire tout à fait acceptable, ma fille, disait Noctali, sans crier mais en élevant la voix. Monsieur Frelali est un Pokemon imminent, de cette cité, mais aussi de l'Empire. Sa proposition nous fait grand honneur.

- Je refuse ! Il me répugne. Père, tu ne peux pas m'obliger à...

- Assez ! Tu es ma fille, et tu vas faire ce que je te dis ! Tu vas épouser Monsieur Frelali, et plus tard, tu nous remercieras, lui et moi, pour cette grande chance que l'on t'a donné. Il est le seul représentant de notre famille d'Evoli à Ferduval, et en plus, il a un nom reconnu...

- Je m'en fiche ! Riposta Cielali. C'est un horrible Pokemon, et je le déteste. Je préfère passer ma vie seule que me marier avec lui.

- Les Pokemon se marient par intérêt, ma fille, rarement par amour.

- Toi, tu as bien épousé maman parce que tu l'aimais. Et puis pourquoi Frelali choisit-il ce moment pour me faire sa proposition, hein ? C'est parce qu'on a gagné Ludmila. Il veut s'emparer de mes esclaves. C'est uniquement pour ça !

- Ne fais pas l'enfant, répliqua Noctali. Tes esclaves seront les siens, et les siens seront les tiens. Tous serviront votre nouvelle famille. Et justement, si on additionne tes esclaves aux siens, vous serez le couple le plus puissant de toute la région !

- Je ne l'épouserai pas !

- Tu le feras, par Arceus, je te l'assure !

Ils continuèrent à se disputer un bon moment encore. Je n'avais pas pris conscience que les femelle Pokemon pouvaient être soumise aux mêmes obligations dans le mariage que les humaines que l'on accouplait avec n'importe qui. Mais je n'allais sûrement pas plaindre Cielali. Kerel, lui, semblait être autrement plus inquiet.

- C'est ce que je craignais... marmonna-t-il.

- Qui est ce Frelali ? Demandai-je.

Non pas que je m'en souciais le moins du monde, mais j'avais l'impression de faire preuve de sollicitude.

- Le maître de Galbar, celui que j'ai affronté en finale. En clair, le Pokemon qui a failli te gagner. Et crois-moi, tu as énormément de chance que j'ai gagné ce combat. Maîtresse Cielali dit vrai. Frelali est un ignoble Pokemon, que ce soit avec ses esclaves ou avec les autres Pokemon. Monsieur Noctali espérait depuis un moment que Frelali s'intéresse à maîtresse Cielali. Il ne l'a jamais fait, jusqu'à aujourd'hui.

- Bah, ce sont des affaires de Pokemon, mon pote, fis-je en haussant les épaules. Ça ne nous concerne pas.

- Au contraire, ça nous concerne aussi. Si maîtresse Cielali épouse Frelali, nous irons alors avec elle habiter chez Frelali, et le servir comme notre maître. Et Frelali est bien moins indulgent que Monsieur Noctali.

Je fis mine de m'inquiéter aussi, mais je n'en avais rien à fiche. Je serai partie bien avant que Cielali ne se marie à ce Frelali. C'était le problème de Kerel, pas le mien.