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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 12/10/2014 à 10:45
» Dernière mise à jour le 21/03/2019 à 22:57

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 249 : Né pour obeir
Aton se réveilla avec l'impression qu'il venait de naître. Peut-être était-ce le cas. Il ne se souvenait de rien sa vie antérieure. Il savait juste une chose avec certitude : son nom. Il s'appelait Aton, mais ne pouvait pas dire d'où cette certitude lui venait. Il se leva d'où il était allongé, et se rendit compte qu'il était nu. Ce qui ne provoqua en lui ni gêne ni interrogation. Il étudia plutôt son corps avec curiosité, presque avec détachement. Il avait une forme humaine ; deux bras, deux jambes, une tête.

Sauf que sa peau ne semblait pas être de la peau. Elle était argentée, solide et granuleuse à la fois. De plus, loin d'être lisse, elle semblait être un amoncellement de rocs les uns sur les autres. Qu'était-il, au juste ? Il ne savait pas. Son esprit avait la connaissance de ce qu'était un humain, même s'il n'était pas certain d'en avoir déjà rencontré. Hors, les humains n'étaient pas comme ça. Il savait aussi ce qu'étaient les Pokemon, et il ne ressemblait à aucun de ceux qu'il connaissait. Alors, qu'était-il ?

Aton regarda autour de lui. Il se trouvait dans une salle faiblement éclairée, avec de nombreux ordinateurs et moniteurs. Il y avait des silhouettes étranges aux deux entrées de la pièce, des gens habillés d'un manteau noir et portant un masque jaune au sourire niais. Et tout autour de lui, il y avait d'autres personnes. Nues, comme lui, et visiblement toujours endormies, elles présentaient tout comme lui des physiques pour le moins étrange. Il y avait par exemple une jeune femme avec des fleurs en guise de mains, et un adolescent mâle avec une tête aplatie et rectangulaire. Avait-il un lien avec eux ? Aton voulait savoir. Aussi interrogea-t-il les gardes masqués.

- Qu'est-ce qui se passe ici ? Qui suis-je ? Que suis-je ?

Les étranges gardes ne répondirent pas. Etaient-ils ses geôliers ? Aton sentait une force phénoménale en lui, du fait de son corps de métal. Il avait envie de de tabasser ces sentinelles silencieuses, de briser les murs de cette pièce et de sortir. Il ne savait pas où, mais il voulait trouver des réponses.

- Enfin réveillé ?

Aton sursauta. Quelqu'un avait parlé, mais ce n'était pas l'un des gardes masqués. Une femme venait d'apparaître derrière lui. Aton était pourtant sûr qu'elle n'était pas là il y a quelque secondes. Elle avait un visage plaisant et jeune, bien que gâché par une espèce de moue désabusée et une pâleur extrême. Elle avait des cheveux argentés, et n'était habillée que de noir et de blanc, avec un petit air de lolita gothique, renforcée par le petit chapeau qu'elle portait sur son crâne, ainsi qu'un nœud noir à côté. Aton se méfiait, mais au moins avait-il trouvé quelqu'un à qui parler, et donc à qui poser des questions.

- Qui êtes-vous ? Fut la première chose qu'il demanda.

La femme cligna des yeux, le visage boudeur, comme si elle était déçue par la question.

- Je me nomme Lilwen. Je suis une Agent de la Corruption.

Agent de la Corruption... Ce terme était totalement inconnu à Aton.

- Et c'est quoi ?

- Nous sommes un groupe de personnes vénérant et travaillant pour le compte du Seigneur Horrorscor, notre dieu et maître. Notre but est de répandre la corruption et le malheur partout sur la Terre.

Lilwen avait dit ça comme si c'était quelque chose de tout à fait banal et ennuyeux.

- Et qu'est-ce que vous avez à voir avec moi ? Continua Aton. Et je suis qui d'ailleurs ?!

- Ce que tu as à voir avec nous ? Tu es notre serviteur. Toi, ainsi que tous les autres ici.

Elle engloba d'un geste du bras la pièce entière et leurs occupants endormis. Aton désigna un de ses bras métallisés et rocailleux.

- Et c'est quoi ça ? C'est vous qui m'avez fait ça ?

- Tes questions m'ennuient, décréta Lilwen en s'approchant. Et je n'aime pas l'ennuie. Mais bon, la vie est une chose par nature ennuyeuse, non ?

Le seul fait que la jeune femme s'approche de lui fit réagir Aton. De par son état de peur et de déboussolement, il la considéra immédiatement comme un danger, et l'attaqua aussitôt. Un coup de son poing métallique, d'une force qui aurait été capable de lui aplatir le crâne, si toutefois le coup avait porté. Au lieu de ça, à peine l'avait-il touché qu'Aton se sentit repoussé en arrière par une force deux fois plus puissante que la sienne. Il avait beau avoir un corps fait de métal et de roc, il était sonné. Lilwen, elle, n'avait rien, mais semblait un tout petit peu essoufflée.

- Bonne gestion de ta force, mais aucune maîtrise de l'attaque, fit la jeune femme. Il va falloir travailler ça.

Aton ne voulait pas en rester là. Il chargea une nouvelle fois, et cette fois ci il utilisa inconsciemment sa puissance intérieure, celle née de son organisme. Son poing se mit à briller, et Aton sentit que la force qui s'en dégageait était décuplée. Mais pourtant, cela eut le même résultat. Aton fut projeté en arrière, tandis que Lilwen resta imperméable face au coup. Elle se contenta de bailler.

- Bon, c'est mieux là. Tu as utilisé ta puissance acier. Pour quelle attaque, je n'en sais trop rien. J'aurai dit Poing Acier, bien que ça n'existe pas...

- Qu-qu'êtes-vous ? Balbutia Aton.

- Une humaine née comme telle, et inchangée. Ce que toi tu n'es pas, et c'est pour cela que tu n'es rien, juste une vermine qui doit se contenter de nous obéir, nous, tes créateurs. Mais le Seigneur Vrakdale t'expliquera ça bien mieux que moi. Suis-moi, il t'attend.

Aton se résolut à la suivre hors de la pièce, sans essayer de l'attaquer à nouveau. Si ce « Seigneur Vrakdale » pouvait lui donner des réponses à ses questions, alors ça lui allait. À l'air libre, Aton se rendit compte qu'il se trouvait en haut d'une espèce de forteresse noire, aux multiples ponts, escaliers et couloirs. Bien qu'il puisse voir tout le paysage autour de lui à la ronde, il ne vit qu'une vaste étendue morne et grisâtre. Cet endroit lui paraissait malsain. On aurait dit que la terre elle-même était malade. En en bas de la forteresse, il y avait des centaines de personnes, peut-être même des milliers, et autant de Pokemon qui travaillaient dans des espèces de puits fumants, avec des plates-formes, des chaînes... Tout un véritable chantier. Aton se serait cru en Enfer.

- Quel est cet endroit ? Osa-t-il demander.

- Le château du Marquis des Ombres, répondit Lilwen. Nous sommes à Dolsordus, surnommée la Terre Noire. C'est une toute petite région tout au nord du Continent Perdu, sans gouvernement d'aucune sorte, à part celui que le Marquis a imposé.

- Et... tous ces gens en bas ?

- Des esclaves. Tous œuvrant pour la gloire du Marquis.

- Qu'est-ce qu'ils font ?

- Rien de particulier. On les fait creuser en vain, pour qu'ils souffrent.

Aton se demanda s'il avait bien compris.

- Vous utilisez des esclaves... juste pour les faire souffrir ?!

- La souffrance engendre la corruption, expliqua Lilwen comme si elle parlait de la météo. Et notre Seigneur Horrorscor se nourrit de la corruption. Ces esclaves sont des hommes et des Pokemon que l'on a fait prisonnier, ci et là dans le monde. Il y en a chaque jour un peu plus. Fantastux, un autre Agent de la Corruption, les maintiens serviles grâce à ses pouvoirs spectraux, mais ils ressentent parfaitement le désespoir, la souffrance, la colère... Tant d'émotion qui renforce Dolsordus par la corruption. Le Marquis est parvenu à la transformer totalement. Le ciel est toujours noir ici, et la terre sombre. C'est le ressentiment de nos esclaves toujours plus nombreux qui transforme cette région de l'intérieur, en véritable nid de corruption, et qui renforce notre pouvoir.

- C'est... C'est terrible ! Balbutia Aton.

- Tu ferais mieux de t'y habituer, lui conseilla Lilwen. Même si tu ne vas pas faire ce qu'ils font, tu es un esclave autant qu'eux.

Aton préféra garder le silence. Il ignorait qui il était, et voilà qu'il redoutait déjà son destin. Qu'est-ce que ces gens, ces Agents de la Corruption, avaient donc prévu pour lui ? Pourquoi possédait-il ce corps si étrange ? Pourquoi ne se souvenait-il plus de sa vie antérieure à ce réveil dans cette salle obscure ? Toutes ces questions menacèrent de faire sombrer son esprit déjà bien assez éprouvé, et il se força à faire le vide en lui, se contentant de suivre Lilwen là où elle le menait.

Aton ne tarda guère à rencontrer ce « Seigneur Vrakdale », dans l'une des tours de cette forteresse noire. Si Aton se plaignait de son corps métallisé et lourd, ce n'était rien à côté de celui de cet homme. Il était si brûlé que la grande partie de sa peau était noire et craquelée. De la fumée et une horrible odeur se dégageait en permanence de sous son manteau gris. Lilwen parti quand elle eut mené Aton à son maître. Ce dernier le dévisagea d'un air satisfait.

- Je suis Vrakdale. Je commande les Agents de la Corruption, au nom du Marquis des Ombres. Tu as sans doute bien des questions. Les autres qui sont encore endormis auront sans doute les même. Je vais donc y répondre, une seule fois. Tu pourras ainsi expliquer la situation aux autres.

Aton ne se fit pas prier, en dépit de la terreur que lui inspirait cet homme.

- Qui suis-je ?

Vrakdale haussa les épaules.

- Tu parles de celui que tu étais avant, ou de celui que tu es maintenant ? Celui d'avant, je n'en sais rien. Tu connais ton nom ?

- Oui, Aton. C'est la seule chose dont je me souvienne.

- Eh bien, Aton, tu n'étais autrefois qu'un de nos esclaves parmi tant d'autres. Esclave ou prisonnier, je ne sais pas. J'ignore tout de ta vie passée. Nous avons utilisé beaucoup d'entre vous pour nos expériences. Des centaines. Vous n'êtes que dix à avoir survécu. Mais la transformation aura eu des effets sur votre cerveau. Votre perte de mémoire est l'un d'entre eux, mais n'est pas vraiment gênante pour ce qu'on a prévu pour vous. On se moque de votre identité, et vous devriez en faire de même.

- Par expérience et transformation, vous voulez parler de... ça ? Demanda Aton en montrant son bras qui semblait fait de pierre minérale et métallique.

- Oui. Toi et les neuf autres, vous êtes les Sygmus. Ceux qui ont survécu à l'implantation de la formule Sygma du professeur Lirian. Il voulait transformer les humains en G-Man. Mais sa formule causait la mort du sujet à chaque fois. Nous avons essayé de l'améliorer, et vous autre, vous êtes le résultat de nos recherches. Vous n'êtes pas encore parfaits, mais c'est un premier pas. La seconde génération de Sygmus sera supérieure.

- Vous nous avez transformé en monstre, se plaignit Aton. Les G-Man ne sont pas comme ça. Ils restent humains ! Et ça... ce n'est pas humain.

- Je pense qu'il est impossible de reproduire artificiellement le gène G-Man, avança Vrakdale. On ne peut qui s'y rapprocher. La formule Sygma du professeur Lirian combine l'ADN d'un Pokemon avec une protéine spéciale qui permet à cette nouvelle branche d'ADN de s'imbriquer dans celle d'un humain. Des mi-Pokemon, mi-humains. Voilà ce que vous êtes. Toi, tu as en toi une partie du Pokemon Steelix. Ton corps est fait de la même matière que lui, et tu as la capacité d'utiliser ses attaques.

- Pourquoi nous avoir fait ça ?

- Pour le pouvoir, bien sûr. Vous avez beau être imparfaits, vous nous serez d'une certaine utilité.

- Et pourquoi nous aiderions-vous, vous qui avez volé nos vies ?!

Vrakdale lui fit un sourire indulgent.

- Parce que vous n'avez pas le choix, tout simplement. Quand on a modifié vos corps, on a aussi modifié vos esprits. Nous avons porté à son maximum votre instinct de survie. Or, sans les traitements qu'on vous donnera hebdomadairement, vous mourrez. Vous ne pourrez donc que nous obéir pour échapper à ce destin.

Aton se rendit compte que oui, il ne voulait pas mourir. Ça lui était totalement inacceptable. Il se savait prêt à faire n'importe quoi pour vivre, mais servir ces gens malveillants. Et il se méprisa pour ça. Il était prisonnier de son propre esprit.

- Que... Qu'attendez-vous de nous ?

- J'ai une mission très simple à comprendre pour les Sygmus. Je veux que vous exterminiez tous les Pokemon de type Fée que vous rencontrerez. Vous n'avez rien d'autre à faire que ça.

Aton fronça les sourcils, stupéfait.

- Les Pokemon de type Fée ? Mais pourquoi ?

- La raison t'importe peu. Les Sygmus seront l'instrument de leur mort. Ils ont été créés dans ce but précis. Tu l'as peut être remarqué en voyant tes camarades. Vous avez tous en vous l'ADN d'un Pokemon Poison, Acier ou Feu. Les types Poison et Acier sont très efficaces contre le type Fée, et le type Feu est résistant à leurs attaques. Votre mission sera d'écumer les régions une par une pour les éradiquer. Pokemon sauvages, Pokemon de dresseurs, et même Pokemon légendaires... Tous les Pokemon de type Fée doivent disparaître. Partout où qu'ils soient dans le monde.

Aton secoua la tête.

- C'est une tâche colossale ! Comment pourrons-nous tous les trouver dans le monde entier ?!

- Vous bénéficierez de l'aide de mon ami ici présent.

Un Pokemon se mit à sortir du sol. Il avait l'allure d'un fantôme, vêtu d'un costume blanc, et portant un chapeau. Son visage était plongé dans le néant, et il n'avait qu'un seul œil, couleur or. Ses bras se terminaient par des griffes en acier. Son sourire était particulièrement effrayant.

- Kiiiiissshhh kish kish, ricana le Pokemon.

- Voici Fantastux, le présenta Vrakdale. C'est un des Agents, mais aussi un des plus puissants Pokemon Spectre. Il a une certaine sensibilité pour détecter les Pokemon alentours, dont le type Fée. Des centaines de Pokemon de type Spectre sont sous ses ordres, et peuvent servir d'éclaireur. De plus, Fantastux peut utiliser des attaques de type Acier, et sera donc un fort atout contre les fées. Ce sera lui qui vous donnera votre traitement vital. Si vous envisagez donc de le trahir ou de lui fausser compagnie, vous êtes condamnés.

- Kish kish kish ! Fantastux espère qu'on va bien s'entendre tous les deux, Sygmus. Allons-y ! Allons à la chasse aux fées !

Aton déglutit difficilement. Il ignorait qu'elle avait été sa vie auparavant, mais tout aurait été préférable à ça !


***


La X-Squad était réunie au grand complet, et sans aucune mission sur le feu pour le moment. Un véritable exploit. Pourtant, Mercutio sentait comme une ambiance plombée à la base. Ce n'était pas les relents de la mort du commandant Penan ; Mercutio en souffrait toujours, mais avait fini par l'accepter. Cette fois, ça semblait venir du colonel Tuno. Lui qui était toujours si joyeux et plein d'entrain paraissait troublé par quelque chose. Il avait un air sombre et ne parlait plus beaucoup. Et bien sûr, comme Tuno était le chef et l'indécrottable optimiste de l'équipe, sa mauvaise humeur ne pouvait que se faire grandement ressentir.

Personne n'avait osé lui demander ce qui le préoccupait. Il était comme ça depuis le retour de cette mission dans ce laboratoire secret, où les Agents de la Corruption avaient fait irruption. Bien sûr, les découvertes étaient assez alarmantes, surtout si les âmes damnées d'Horrorscor avaient fait main basse sur une dizaine de G-Man artificiel, avec possibilité d'en concevoir d'autre grâce aux flacons de formules qu'ils avaient pris. Mais ça ne semblait pas être ça qui plombait Tuno. Mercutio pensait, comme Galatea, que ça devait avoir un rapport avec sa vie privée. Sans doute avec Ujianie. Tuno n'en avait jamais rien dit, mais les jumeaux Crust avaient le Flux. Ils n'avaient pas mis longtemps à deviner que Tuno voyait toujours son ancienne amante Shadow Hunter.

Enfin, ce n'était pas leurs affaires. Mais c'était quand même dangereux. Si Siena avait vent de cette relation qui se poursuivait en secret, ça irait très mal pour Tuno. Quant à Ujianie, elle serait simplement capturée et tuée. Comme s'ils n'avaient pas assez de soucis comme ça avec Siena... Et aujourd'hui, Mercutio en eu un de plus. Tandis qu'il discutait avec Solaris de son voyage à Lunaris, un Rocket se présenta à lui, comme étant l'un des assistants du Boss.

- Capitaine Mercutio Crust ? Le Boss vous fait mander dans son bureau.

Mercutio se surprit à être inquiet. Jamais encore le Boss n'avait demandé à le voir lui personnellement.

- Euh... c'est pour quoi, au juste ? Je n'ai rien fait, je vous le jure...

- Veuillez me suivre s'il vous plait, fit l'assistant sans plus de renseignement.

Mercutio se résigna à le suivre jusqu'au bureau de Giovanni. Il ne savait même pas que le Boss était rentré d'Azuria. Ses fonctions de Chef d'Etat faisaient qu'il était plus souvent à l'Assemblée qu'au Quartier Général. Pour s'y rendre, ils se servirent du téléporteur de la base, relié au Quartier Général. Ce machin était pratique, mais très réglementé. Ça coutait énormément en énergie de faire voyager une seule personne, aussi les déplacements étaient planifiés au moins un jour à l'avance, sauf urgence. Que Mercutio soit autorisé à s'en servir signifiait que Giovanni avait quelque chose d'important à lui dire.

Mercutio est déjà allé au Quartier Général de la Team Rocket, deux trois fois, mais jamais encore dans le bureau du Boss en personne. En général, c'est lui qui venait dans la base G-5 de Tender. Le bureau de Giovanni était un truc à voir, avec plein de bibelots valeurs, des statues, un gigantesque aquarium et des meubles qui devaient valoir plus d'un an de salaire de Mercutio. Mais le tableau était gâché par la présence de deux individus indésirables. Venamia et Vilius, respectivement Agents 002 et 003, se tenaient debout chacun d'un côté du fauteuil du Boss. Mercutio les ignora superbement pour se concentrer sur Giovanni.

- Monsieur, capitaine Crust à vos ordres.

- Ah, Mercutio. Content de vous voir, mon garçon.

Le Boss avait un ton pas vraiment officiel et paternaliste. Mercutio lisait dans le Flux que Giovanni ressentait actuellement de l'embarras et de la pitié à son égard. Ça sentait mauvais, cette affaire, surtout avec les deux Agents à côté.

- Je vous ai fait venir pour... Enfin, il s'agit de... C'est assez délicat, hésita le Boss.

De plus en plus mauvais...

- C'est une idée de l'Agent 002, continua Giovanni avec son même air de commisération. Une idée qui peut sembler choquante - et qui l'est sans doute - mais qui apporterait beaucoup au futur de la Team Rocket.

- Je suis un loyal soldat de la Team Rocket, monsieur, fit Mercutio avec méfiance. J'accepterai toute mission que vous me donnerez.

- Bien sûr. Mais il ne s'agit pas là d'une mission, au sens propre du terme. En fait...

- Il s'agit belle et bien d'une mission, coupa Lady Venamia. Mercutio, je pense que tu es bien placé pour connaître l'énorme contribution que tu as apporté à la Team Rocket en tant que Mélénis. Depuis qu'on vous a, Galatea et toi, la Team Rocket s'est considérablement renforcée. C'était là le but du Boss quand il a conclu ce marché avec votre père, et c'est par sens du devoir que notre mère Livédia a accepté.

Mercutio ne voyait pas où elle voulait en venir, mais il avait un mauvais pressentiment.

- Oui, c'est exact. Et alors ?

- Et alors, la Team Rocket aurait beaucoup à gagner à posséder d'autre Mélénis en son sein.

Mercutio haussa les sourcils.

- Sans doute, mais nous ne sommes plus trop nombreux. Ceux du Refuge sont neutres et le resteront. Quant à Miry et Seamurd, ils ne sont là que pour nous protéger, Galatea et moi. Je doute qu'ils accepteraient de s'engager pleinement dans la Team Rocket.

- Nous ne faisions pas allusion à eux, intervint Vilius, bien que leur présence nous sera utile justement. Nous faisions allusion aux futurs Mélénis.

- Ceux qui ne sont pas encore nés, précisa Siena. La Team Rocket vous a élevés, Galatea et toi, pour que vous soyez ses futurs défenseurs Mélénis. Nous devons le faire une fois de plus. Elever nos propres Mélénis.

- Les Mélénis, ça ne pousse pas sur les arbres, dit Mercutio, perplexe. Leur reproduction est bien plus difficile que celle des humains.

- Nous le savons, acquiesça Siena. Notre mère Livédia avait beau avoir un père Mélénis, elle n'en était pas une elle-même. Pour qu'un enfant naisse Mélénis, il faut soit qu'il ait deux parents Mélénis. Livédia Crust était un cas à part. Elle était déjà liée aux Mélénis de part sa parenté avec Karus, ce qui explique que vous ayez le Flux, Galatea et toi.

- Et donc ? Vous voulez nous dénicher de ces humains apparentés aux Mélénis pour Galatea et moi ? S'amusa Mercutio.

- Nous n'en aurons pas besoin, puisque nous avons une pure Mélénis femelle à portée.

Mercutio mit un certain moment à comprendre, puis quand il le fit, son visage sembla couler sur lui-même.

- Tu n'es pas sérieuse...

- Très sérieuse. La Team Rocket a besoin de nouveaux Mélénis pour l'avenir. Tu vas faire à Miry un beau bébé que la Team Rocket élèvera.

Le visage de Giovanni se crispa en une grimace. Nul doute que Venamia et Vilius s'étaient unis pour lui imposer cette abomination. Mercutio comprenait à présent son ton de pitié.

- Tu veux que je viole Miry ?! S'écria-t-il.

- Allons allons, qui a parlé de viol ? Cette femme t'appelle « Seigneur Mercutio » et t'obéis aux doigts et à l'œil. Elle acceptera sans doute avec plaisir cette petite tâche...

- Les femmes Mélénis ne peuvent avoir qu'un seul enfant, protesta Mercutio. Elle a le droit de choisir avec qui elle en aura un, et quand. Et moi aussi ! Peut-être tu ne t'en rappelles plus, mais j'ai déjà une petite-amie, et...

- Nous ne vous demandons pas de sortir avec elle ni de l'épouser, sourit Vilius. Juste de coucher avec elle le temps qu'elle soit enceinte. Votre petite-amie n'en saura rien, et ce qu'on ne sait pas ne nous fait pas de mal.

- Moi, je le saurai, protesta Mercutio. Miry est ici de son plein gré, effectuant une mission pour le compte du Refuge. Vous n'avez pas le droit de vous servir d'elle comme ça, et de lui voler le seul enfant qu'elle ne pourra jamais avoir !

- Heureusement que notre mère ne pensait comme toi, sinon tu n'existerais pas, contra Venamia. Nous ne forcerons pas Miry. Mais nous t'en donnons l'ordre à toi. Vu comme elle te vénère, elle acceptera. Si tu refuses, nous serons obligés de le demander à Galatea, avec l'aide de ce Seamurd. Mais comme tu dis, les femmes Mélénis ne peuvent avoir qu'un seul enfant. Je préfère donc laisser à ma sœur la possibilité de choisir. Miry n'est pas des nôtres, donc ça ne nous affectera pas.

Mercutio était atterré par le manque total de morale de Siena. Y'avait-il une limite à ce qu'elle pouvait faire pour acquérir encore plus de pouvoirs ?

- Allons, Mercutio, ce n'est pas une mission difficile, reprit Venamia avec un sourire aussi cruel qu'ironique. Tu ne vas pas risquer ta vie. La seule chose que tu dois faire est de prendre un peu de bon temps avec cette femme. Elle est assez jolie, ce ne devrait pas être un calvaire. Si elle ne te plait vraiment pas, tu peux toujours demander à Galatea. J'ai entendu dire que c'est toi qui lui avait donné son premier baiser. Une fois qu'on a fait ça, on peut facilement lui donner son premier enfant aussi, non ? Et peut-être que le Flux élimine les désagréments nés d'une relation incestueuse ?

Vilius éclata d'un rire moqueur passablement désagréable. Jamais Mercutio n'avait ressenti autant de haine pour ces deux là. Il rêvait de saisir Siena avec le Flux et de défoncer le crâne de Vilius avec le sien. Giovanni avait l'air désolé, mais il était totalement en retrait, n'osant pas intervenir. Si Mercutio avait besoin d'une preuve du manque total de contrôle qu'avait le Boss sur Venamia et Vilius, c'était celle-là. Sans répondre, il quitta le bureau d'un pas furieux, la voix de Venamia résonnant dans ses oreilles.

- J'espère que tu accompliras ton devoir envers la Team Rocket, Mercutio. Tu sais comme je n'aime pas ceux qui se défient de leur devoir. Ce sont des traîtres à mes yeux. Et j'ai une façon bien à moi de m'occuper des traîtres... C'est un ordre que l'on t'a donné. Tu es né pour obéir à la Team Rocket.