Chapitre 11 : Sous occupation
L'humanité ne manque pas d'exemple concernant ceux qui, en son sein, ont dérivé vers le fanatisme, les ténèbres, la folie ou la cruauté. Mais je doute que la majorité d'entre eux soient nés ainsi. On ne nait pas mauvais. C'est le monde qui nous fait devenir mauvais, et donc, les autres. Je me demande... à trop vouloir rester dans la lumière, si l'on n'obscurcit pas ceux autour de nous. Je sais de quoi je parle...
*****
Castel avait réussi son coup. Il était, de façon légale, le dirigeant de la région Bakan. Bien sûr, personne n'ignorait que cette soi-disant légalité était une mascarade. On peut très bien fomenter un Coup d'Etat et, après coup, le déclarer tout à fait légitime. Il n'en restait pas moins un Coup d'Etat. Mais comme Castel et son armée contrôlaient à présent la capitale et sa périphérie, la population se taisait, et acceptait le nouvel ordre établit.
Ce n'était pas le cas du reste de la région. L'armée loyaliste, qui pour sa grande partie avait quitté le centre avant la chute de Fubrica, était dispersée dans toute la région, et partout où elle allait, elle montait le peuple contre le « tyran autoproclamé de Fubrica ». La guerre n'avait pas fini quand Castel avait pris le pouvoir sur le Sénat. Elle venait au contraire de commencer. Sauf que les places étaient désormais inversées. Cinhol tenait le centre de la région, et l'armée de Bakan ses contours.
Mais peu importe. Castel n'avait jamais eu pour projet de conquérir proprement la région, comme il l'avait fait croire. Maintenant qu'il tenait le centre, il avait fait ordonner de ramener la météorite de Vifacier dans l'Ancien Monde. Elle pourrait se nourrir de toute la misère et la mort que Castel allait faire pleuvoir sur ce monde. Il jouerait un moment avec ce peuple qu'il a conquis, afin que ces personnes aient un avant-gout du désespoir que lui avait enduré par la faute de leurs ancêtres, cinq cents ans plus tôt. Puis, quand la météorite sera pleinement chargée en émotion négative, il ferait ce qu'il aurait dû faire à l'époque. Ce qu'Uriel avait fait échouer : la surcharge de la météorite, qui entraînerai une destruction telle à travers le globe qu'elle allait décimer tous les êtres vivants ou presque.
Alors, le Grand Forgeron n'aura plus qu'à s'emparer de ce monde stérile et de s'en servir pour ses expériences, comme convenu. Castel aurait sa vengeance. C'était pour bientôt, mais le moment n'était pas encore arrivé. Pour l'instant, il devait continuer à jouer le jeu avec Astarias, Isgon, Stormy Sky, et tous les autres. Il assistait donc à un conseil de guerre que menait Astarias, en utilisant une carte holographique du palais ministériel, là où Castel avait élu domicile.
- Comme vous pouvez le voir, Majesté, les forces de Bakan n'ont pas tardé à reprendre entièrement les villes que l'on a prises en arrivant, disait Astarias. Ils n'arrêtent pas de bouger de villes en villes, dans l'espoir qu'on les pourchasse.
- Ce que vous ne préconisez pas, si je comprend bien, fit Castel.
- Ils n'attendent que ça, sire. Leur but est de nous diviser et d'attirer une partie de nos forces loin de la capitale, afin qu'ils aient une chance de la reprendre. Ils ne s'y risqueront pas si on demeure tous ici.
- Amiral, vous pouvez jouer au chat et à la souris avec ces petits garnements qui refusent d'admettre mon règne légitime ?
L'Amiral Rashok haussa les épaules.
- Nous n'avons que dix vaisseaux. Vous voulez vous en séparer de combien ?
- Quatre devront rester en permanence au dessus de Fubrica, ordonna Castel. Vous pouvez utiliser le reste.
Rashok hocha la tête. Castel savait qu'il pouvait compter sur lui. Si Castel l'avait bien jugé, Rashok était un homme d'opportunité. Il voyait l'alliance avec Cinhol comme un moyen pour son organisation de prospérer bien plus qu'avec le précédent gouvernement. Le coup de force de Castel à Fubrica l'avait convaincu. Bien entendu, lui comme tous les autres ne se doutaient de rien.
- Qu'en est-il de la situation ici, duc Isgon ? Demanda le roi.
Il avait chargé le duc et ses hommes de faire régner l'ordre à Fubrica.
- Les gens ont peur, par les poils d'Arceus. C'est pour cela qu'ils se soumettent pour le moment. Mais c'est une fois la peur passée que nait la révolte. Vous ne tiendrez pas la population longtemps comme ça, sire. Ils savent ce que vous avez fait à leurs sénateurs.
- Bien entendu qu'ils savent. Je suis passé en direct exprès, pour que tout le monde voit ce qu'il en coûte de me défier.
Non loin, debout dans la salle, Leaf secoua la tête. Castel sentait bien que son spectacle au Sénat ne lui avait pas plu, mais alors pas plu du tout. Il le voyait dans son regard : le dégout et la colère à chaque fois qu'il croisait ses yeux. Mais dans ce cas, pourquoi était-elle restée ? Castel allait devoir la tenir à l'œil.
- Vous ne soumettrez par ce peuple par la peur éternellement, avait reprit Isgon. Personne ici ne croit que vous êtes le dirigeant légal de Bakan. Ils vont se ranger du coté de l'armée à la moindre occasion.
- J'ai une petite idée pour les distraire, fit Castel. Des jeux.
Le duc, ainsi que toutes les personnes présentes, le regardèrent comme s'il avait perdu les pédales.
- Euh... des jeux, par les couilles du Créateur ?
- Parfaitement. Des jeux. La population de Fubrica sera si occupée à s'amuser qu'elle en oubliera toute idée de révolte, vous pouvez me croire.
Castel ricana, s'amusant par avance de son idée, sous les regards sceptiques et inquiets des autres. Le roi se leva.
- Si vous voulez bien m'excuser, mes seigneurs, j'ai d'autre sujets pressants.
Il les laissa tous en plan pour se rendre dans sa chambre, celle du Premier Ministre. Shinobourge le suivit. Son fidèle Pokemon était toujours sur ses talons désormais, refusant de rentrer dans sa Pokeball. Il craignait peut-être une tentative d'assassinat quelconque. Castel le laissait faire. Il avait l'avantage d'impressionner ses sujets à chaque fois qu'ils le voyaient. Dans sa chambre, Venisi l'attendait, couverte de son voile intégral, comme toujours.
- Moi doux roi.
- Ma tendre. Désormais, nous habiterons ici. L'odeur de l'Ancien Monde m'agresse les narines, mais je dois avouer que les élites de Bakan n'ont pas mauvais goût question décoration.
Venisi ne répondit pas. Castel soupira. Il se souvenait avoir aimé de tout son cœur et son âme cette femme, à l'époque où elle était encore vivante et portait le nom d'Enysia. Castel avait ressuscité son corps grâce aux connaissances et à la science du Grand Forgeron, mais il n'avait jamais pu lui restituer l'ensemble de son âme. De plus, son corps restait un cadavre éternellement figé dans le temps. Venisi n'était même pas la moitié de ce qu'était Enysia. Mais Castel espérait, grâce à la météorite, la ramener totalement. La puissance du Vifacier totalement chargé pouvait transcender le temps, l'espèce et la mort. Tout ce dont il avait besoin, c'était un réceptacle pour pour accueillir l'âme d'Enysia. Un nouveau corps, donc. Un corps bien vivant. Et Castel avait une petite idée sur la question. Une idée qui le réjouissait par avance.
- Barneas est rentré, mon roi, annonça Venisi.
- Il était temps.
Castel se rendit dans la cour, qu'il avait pris soin de sécuriser avant. Il ne tenait pas que tout le monde sache qu'il avait ramené la météorite ici, surtout pour des gens comme Astarias, Isgon ou Leaf, qui savaient très bien ce qu'elle était. C'est pour cela qu'il avait confié un anneau à Barneas pour qu'il aille la récupérer à Cinhol, dans le plus grand secret. Barneas avait l'avantage de ne pas trop poser de question. Le duc déboula par la grande porte, avec une trentaine de ses hommes qui tiraient un énorme chariot recouvert d'une grande bâche. Castel sentait la météorite de Vifacier via son épée Meminyar et son armure forgée avec le même métal. La résurrection d'Uriel et la sienne l'avait énormément vidée de l'énergie négative qu'elle avait accumulé au cour des siècles à Cinhol, grâce aux guerres que Castel avait provoquées dans l'ombre. Mais dans ce monde qu'il s'apprêtait à plonger dans le chaos le plus profond, elle aurait tôt fait de se recharger, et de devenir la bombe qui allait purger cette planète de toute la vermine qui l'infectait.
- Sire, nous avons ce que vous voulez, dit Barneas en s'inclinant.
- Vous avez mis un certain temps. Des problèmes ?
- Rien qui ne fut vite réglé, Majesté. Quand nous sommes rentrés à Cinhol, nous avons eu la surprise de trouver le palais occupé. Le prince Deornas avait lui disparu.
- Occupé ? S'étonna Castel. Par qui ?
- Des pouilleux, sire. Des rebuts infects qui se sont échappés du Puits Carcéral. Apparement, votre sœur Nirina n'a pas apprécié les nouveaux quartiers que vous lui avez chaudement choisis.
Castel plissa les yeux. Nirina... Il l'avait totalement oublié celle-là. Non pas qu'elle lui importait le moins du monde, mais Castel n'aimait pas qu'on lui prenne ce qui lui appartenait.
- Vous les avez délogés, je suppose.
- Oui sire, c'est pourquoi nous avons mis un peu plus de temps que prévu. Ces types avaient beau être plus nombreux que nous, ils savaient à peine se battre. Leurs têtes vont décorer les murs de votre château un certain temps.
- Et Nirina ?
- Elle avait déjà filé, Votre Majesté. D'après ce qu'on a compris, elle a capturé le prince Deornas, et a quitté Cinhol en compagnie de son fils et de l'ancien Haut Protecteur Surervos.
- Quitter Cinhol pour aller où ? Elle n'a pas d'anneau, elle ne peut aller nulle part.
- Oui sire. Peut-être veut-elle simplement se cacher...
Castel eut un geste de désintérêt.
- Je m'occuperai d'elle quand j'en aurai fini ici. Elle est sans importance.
- Si tel est le cas, pourquoi ne pas la laisser, mon roi ?
C'était Venisi qui venait de parler. Castel ne l'avait pas vu arriver.
- Comme vous dites, elle ne peut plus rien faire. Ne pouvez-vous pas la laisser vivre où elle veut avec son fils, tant qu'elle ne vous dérange pas ? Elle est... de votre famille, après tout.
Castel soupira mentalement. S'il y avait bien une chose que Venisi avait hérité de son ancienne personnalité Enysia, c'était sa compassion. Depuis le temps qu'elle servait Castel en manipulant les rois et reines successifs de Cinhol, elle s'était beaucoup attachée à chacun d'entre eux. Après tout, ils étaient tous ses descendants, à elle et à Castel. Mais si Castel se fichait totalement de ses descendants, Venisi y accordait un certain intérêt.
- Moui, fit-il pour lui faire plaisir. Peut-être vais-je faire ça...
- Mon roi, il y a quelque chose que j'ai oublié, reprit Barneas. La rei... euh je veux dire, Nirina... Elle a dérobé les deux épées que vous gardiez avec la météorite.
Cette remarque attira l'attention de Castel.
- Les épées ? Vous êtes sûrs ?
- Assurément. L'argenté, et celle qui est noire.
Voilà qui dérangeait Castel. Il aurait été prêt à laisser Nirina vagabonder avec son morveux, mais si elle avait pris les épées, ce n'était pas par hasard. La fille avait un plan. Elle devait savoir quelque chose. Castel se maudit d'avoir laissé les épées d'Uriel en plan comme ça. Il n'y avait pas accordé tant d'importance, se disant qu'il les ferait fondre pour récupérer le Vifacier. Mais ces épées avaient le pouvoir de détruire la météorite. Castel ne se rappelait que trop bien de Peine, l'épée noire avec laquelle Uriel avait fait échouer son plan la première fois. Cela ne devait pas se répéter.
- Barneas, ces épées ont une grande importance pour moi, commença Castel. Je veux que vous les récupériez. Prenez une centaine d'hommes avec vous, et pourchassez Nirina partout dans Cinhol.
- Bien sire. Et que devons-nous faire d'elle ?
Castel lança un regard qui se voulait navré à Venisi, puis dit :
- Par son geste, elle a prouvé son défi envers moi. C'est plus que je ne peux pardonner. Tuez-la. Ainsi que son Haut Protecteur. Vous pouvez épargner l'enfant. Il me fera toujours un bon moyen de pression sur Isgon et Astarias.
Barneas sourit, comprenant très bien le roi. Lui-même détestait Astarias et Isgon, et était ravi que Castel fasse du chantage sur eux.
- Oui, Majesté. À vos ordres.
Quand Castel fut revenu dans sa chambre avec Venisi, il tenta de se justifier.
- Nirina a passé longtemps avec Peine et l'esprit d'Uriel. Elle est naturellement corrompue. Ce ne sera pas une grande perte. Ne t'inquiète pas, ma douce. Quand tu auras ton nouveau corps, nous produirons une nouvelle lignée d'héritiers à notre image.
Venisi ne répondit rien, mais hocha la tête.
- Ma chère, maintenant que la météorite est là, il est temps que tu enduises le palais de ton aura, comme tu l'as fait à Cinhol, reprit Castel. Pour l'emplir d'énergie, je vais devoir provoquer bien des horreurs, et les idiots qui me servent y trouveront sûrement à dire. Endors-leur donc l'esprit, qu'ils ne fassent pas de difficultés.
Venisi acquiesça, et toucha la météorite d'une main. Le Vifavier étant un émetteur de l'esprit, il pouvait agir sur ce dernier, s'il était utilisé correctement. Venisi était née de cette même énergie, celle qui avait redonné un semblant de vie au cadavre d'Enysia. Elle pouvait donc contrôler cette énergie via la météorite, et diffuser ses émotions au travers. C'était ainsi qu'elle avait endormi la méfiance des rois successifs de Cinhol tandis qu'elle les manipulait pour le compte de Castel. Là, elle allait faire pareil pour ses sujets.
Venisi connaissait Astarias et Isgon. Elle savait qu'ils n'accepteraient pas certains des ordres de Castel sans... une aide extérieure. L'aura de Venisi, propagée par la météorite dans l'esprit de tous les résidents du palais, allait peu à peu leur engourdir les sens et les rendre plus malléables. Une fois cela fait, elle quitta la chambre en silence, laissant Castel seul avec la météorite. Il la caressa tendrement, frissonnant de plaisir face à la pression qu'elle dégageait naturellement.
- Nous revoilà réunies, ma vieille amie. Cette fois ci, Uriel ne sera pas là pour t'empêcher d'accomplir le destin que le Grand Forgeron a voulu pour toi. Tu seras l'instrument de sa vision... et de la mienne !
***
Erend et son frère Zayne avaient tout vu du carnage que Castel avait perpétré au Sénat. Ils avaient vu en direct leur mère se faire embrocher puis brûler vive par le Pokemon du roi de Cinhol. Si leur peine et leur douleur étaient commune, ils avaient réagi différemment. En temps normal, avec son caractère franc et direct, Zayne aurait sans doute été prêt à aller venger leur mère en se rendant au pied du palais ministériel où Castel avait élu domicile et en défiant le roi en combat singulier. Mais il avait sombré dans une espèce de mélancolie résignée. Erend avait réagi plus posément. Il savait qu'ils ne pourraient pas vaincre Castel de front, que seul un travail lent et dissimulé, tel celui qu'il avait entreprit avec Anis à l'Académie, pourrait porter ses fruits.
Maintenant que Castel gouvernait le centre de la région, il s'y consacrait encore plus activement. La vision de sa mère brûlant tandis que Castel se tordait de rire était son moteur, et la haine son carburant. Erend n'était pas un garçon qui se laissait facilement emporter par ses émotions. Pour réfléchir sainement, il fallait raisonner logiquement et froidement. Mais en ce moment, ça lui était impossible. Toutes les fibres de son être brûlait du désir de se venger, de faire payer à Castel. Pour sa mère, bien sûr, mais aussi pour tous les espoirs de la région qu'il avait foulé au pied par son geste odieux. Au nom d'Uriel qui était son ancêtre, Castel devra répondre de ses actes ; Erend se l'était juré.
Zayne avait momentanément quitté son travail et rejoint son demi-frère dans la résistance organisée que lui et Anis commençaient à fonder à l'Académie. Les jeunes dresseurs qui la peuplaient n'avaient pas été bien difficiles à convaincre après le spectacle auquel s'était adonné Castel. Ils avaient hâte d'en découdre, en vrais patriotes qu'ils étaient. Et ce point inquiétait Erend. Ils avaient tous beau être plus âgés que lui, ils semblaient relativement inconscients. Quand il en parla à son frère, il se contenta de secouer la tête.
- Nous sommes à un âge où nous nous pensons tous invincibles, frangin. Surtout les dresseurs Pokemon. Chacun d'entre eux pensent être meilleur que les autres, ils pensent qu'avec leurs Pokemon, ils disposent d'une puissance que personne d'autre ne possède. Ils ignorent totalement ce qu'est vraiment la guerre. Ils pensent sûrement que ça ne sera qu'une aimable escarmouche entre eux et les guerriers de Castel. Aucun d'entre eux ne songe à la plus petite possibilité qu'ils auraient de mourir. Je suis certain qu'après la première bataille, plus de la moitié iront se réfugier chez leurs mères en pleurant.
- Alors pourquoi faisons-nous tout ça au juste ? Répliqua Erend.
- Et que pouvons-nous faire d'autre ? C'est ton idée, je te rappelle. Tu en sais bien plus que moi sur ce Castel et ce royaume de Cinhol. Toi et cette femme chelou...
- Mademoiselle Anis est quelqu'un en qui j'ai entièrement confiance.
- OK, très bien. Moi aussi sans doute, vu que je suis là avec vous, dans cette damnée Haute Académie d'intellos, avec toute une flopée de dresseurs inconscients alors que je n'en suis même pas un moi-même !
Zayne semblait en colère. Erend ne savait pas trop s'il en était la cause.
- Zayne... je ne t'ai jamais demandé de venir.
- Qu'est-ce qui me reste à faire, d'après toi ? Ce type a tué maman, et a pris le pouvoir. Et voilà que j'apprends que mon jeune frère faisait partie depuis quelque temps d'une espèce de résistance secrète qui avait prévu que ça arriverait. Je devrai donc continuer à mener ma petite vie tranquillement, sachant que tu risques de connaître le même sort que maman à tout moment ? Surtout avec la bande que tu as recruté...
- On n'est pas tout seul, grand-frère. Maman avait des amis du Sénat qui nous soutenaient. Tous n'étaient pas là lors de la séance.
- Ouais, et maintenant, j'imagine qu'ils vont rester planqués le reste de leur vie...
- Je ne sais pas où ils sont, avoua Erend. Mais ils ont fondé un groupe, les Adeptes d'Uriel, justement pour combattre Castel Haldar. Anis et moi, on en fait partie, de facto. Nous ne laisserons pas Bakan aux mains de ce tyran.
Zayne sourit tristement.
- Tu parles comme maman. Tu as sa compréhension politique, son sens de la justice, sa capacité de mener les gens. Tu es né pour diriger, Erend, et pour inspirer les autres. Mais moi, je ne suis pas comme toi. Je n'ai ni ton courage, ni ton intelligence, ni ton charisme. Il n'y aurait eu que moi, j'aurai mâchonné mon chagrin et accepté la réalité. Mais si tu es décidé à venger maman et à combattre ce type, alors je ferai ce que je peux pour t'aider, bien que je ne sois ni un dresseur, ni un politique, ni un puits de science.
- Arrête, ordonna Erend en rougissant. On est pas pareil, c'est vrai, mais tu as bien des qualités que je n'ai pas.
- Peut-être, fit Zayne en haussant les épaules. Si jamais on en est réduit à se battre avec des épées, je pourrai sans doute les forger...
C'est à ce moment qu'Anis vint les rejoindre dans la salle qui leur était allouée. En réalité, elle appartenait à l'association des dresseurs de l'Académie. Pour monter leur début de résistance, mademoiselle Anis avait émit le souhait de rejoindre l'association. En tant que membre du Conseil des 4 d'Unys, elle avait très vite était reçue, et l'ancien président lui avait même cédé sa place, ravi. Depuis, Anis et Erend se servaient de l'association pour enrôler le plus grand nombre de dresseurs de Bakan, qu'ils soient de l'Académie ou pas. Avant la prise de pouvoir de Castel au Sénat, ils étaient une vingtaine. Aujourd'hui, ils atteignaient la cinquantaine, pour un total de deux cent soixante treize Pokemon. C'était bien, mais face aux armées de Cinhol et à la flotte de Stormy Sky, pas encore assez.
- Vous avez des nouvelles des Adeptes d'Uriel ? Lui demanda directement Erend.
Anis secoua la tête.
- Toujours pas, je le crains. Ce n'est pas étonnant. J'ai entendu dire que Castel avait détruit tout le réseau téléphonique et internet de la ville. Seul lui peut communiquer.
- Pourquoi faire cela ? S'étonna Zayne.
- Pour couper Fubrica du monde, répondit son frère. Et pour éviter toute rébellion. Sans communication, ça risque d'être compliqué.
- Pour autant que l'on sache, que l'on suppose, que l'on ait vu, parmi les fondateurs des Adeptes, il n'y avait que votre mère au Sénat, poursuivit Anis. Iridien Elson et les sénateurs Kearney et Karsio doivent être toujours en vie. On doit compter sur Leaf pour servir de relai entre son père et nous, si elle peut toujours...
- Mais ce sont eux qui dirigent ce mouvement non ? Insista Zayne. Qu'est-ce qu'on va faire sans directive de leur part ?
- Continuer ce qu'on fait, répondit Erend. Recruter et entraîner de plus en plus de dresseurs. Tant que l'on peut encore...
- Comment ça ?
Anis elle semblait avoir compris ce que voulait dire Erend.
- Castel possède tous les souvenirs qu'il avait de l'époque où il était Adam Velgos. Il a vécu à l'Académie. Il sait qu'elle regorge de dresseurs, et que ça pourrait représenter un danger, une menace, un risque pour lui. Il ne tardera pas à venir ici. Au mieux, pour faire fermer l'Académie, au pire...
- En faisant la même chose qu'il a fait au Sénat, acheva sombrement Erend.
La petite Babytus, le Pokemon fée d'Erend, monta sur les épaules de son dresseur.
- Erend pas inquiété. Erend ami. Moi défendre Erend.
Le jeune garçon lui sourit.
- Oui, j'aurai sûrement besoin de toi, Babytus. Et toi frangin, tu ferai bien aussi de te trouver au moins un Pokemon.
- Quel intérêt, si je ne sais pas m'en servir ?
- Un Pokemon saura toujours quoi faire si jamais tu devais être en danger. Il te protègera quoi qu'il en coute.
Avant que Zayne n'ai pu répondre, Marcelio, une de leur recrue dresseur, entra dans la pièce. C'était un étudiant de dernière année, très bon dresseur, qui possédait entre autre un Carchacrok qu'il pouvait faire Méga-évoluer. Il avait beau être l'ainé d'Erend de presque dix ans et posséder un Pokemon bien plus puissant que son petit Babytus, il lui parlait toujours avec le plus grand respect, comme presque tous les autres d'ailleurs. Erend avait déjà une certaine réputation à cause de son très jeune âge et de ses notes hallucinantes, mais depuis qu'il avait cofondé cette résistance de dresseurs avec Anis et que Castel avait prouvé ce qu'Erend avait avancé sur lui en attaquant le Sénat, tous semblaient le considérer comme leur chef légitime, surtout depuis la mort de sa mère, une sénatrice reconnue.
- Excusez-moi de vous déranger... commença Marcelio.
- Ce n'est rien mon jeune ami, fit Anis. Qui y'a-t-il ?
- Daniel vient de rentrer de Fubrica, avec de mauvaises nouvelles. Sous ordre du roi, tous les dresseurs de Pokemon de Fubrica doivent se faire référencer et confier leurs Pokemon aux armées de Cinhol. Tous ceux qui désobéiraient... seraient publiquement exécutés.
- Oui, je m'attendais à quelque chose de ce genre, soupira Anis. Castel veut gonfler le potentiel de son armée tout en empêchant quiconque ici de représenter une menace.
- Certain chez nous ont paniqué en apprenant ça, et sont allés donner leurs Pokemon, poursuivit Marcelio sur un ton d'excuse. Ils ont eu trop peur, pour eux et leur famille.
- Combien ? Demanda Zayne.
- Onze, mais il y en aura sûrement d'autre bientôt.
Zayne secoua la tête.
- Je le savais. Beaucoup d'entre vous preniez toute cette histoire comme un jeu, mais maintenant qu'on sait que l'on risque la mort à tout instant, certains vont redescendre bien vite sur Terre.
- On ne peut pas leur en vouloir, dit Anis. Mais il ne va pas se passer longtemps je pense avant qu'on ait des soldats de Cinhol à l'Académie. Castel est occupé à Fubrica pour le moment, mais il ne nous a sûrement pas oublié.
- Il va falloir partir et se cacher, résuma Erend. Et commencer à contrattaquer.