Les lamentations de Ste-Arcanie
Tout dans Volucité vous rappelait l'occupation arcanienne.
L'ancienne capitale du royaume d'Unys, jadis éclatant, était devenu l'avant-poste de la Dictature.
Seule rescapée des cendres, elle remplissait parfaitement son rôle de vitrine pour la propagande.
Des drapeaux à fond pourpre orné d'une flamme jaune dorée plafonnaient le sommet des gras-de-ciel.
L'agitation générale qui caractérisait la ville était recouverte d'une sensation toxique. L'air était lourd. Les gens s'évitaient du regard et aussitôt leur besogne accomplie, s'en allaient chez eux d 'un pas cadencé.
Les enfants ne jouaient pas mais participaient à l'effort collectif au mieux de leur capacité dès qu'ils finissaient l'école.
Le centre ville avait été entièrement rénové.
Les anciens immeubles aux parois vitreuses, remplacés par des façades en béton marbré couverts de pictogrammes, vous envoyait tout droit en Arcanie.
L'arène n'existait plus, réduite en cendre par un incident que les autorités avaient qualifiées de 'criminel', bien entendu commis par des 'barbares nordiques'.
A la place se dressait un gigantesque édifice aux allures religieuses avec ses colonnades et ses bas-reliefs antiques.
Des milliers de fidèle aux régimes, arcaniens et quelques indigènes convertis s'y rassemblaient quatre fois par jour pour louer le 'Suprême'.
Comme tout portrait à son effigie était sacrilège, les fidèles baisaient des icones aux couleurs de la dictature.
Les arcaniens de souches purs facilement reconnaissables à leur attitude méprisante, occupaient les meilleurs sièges, rembourrés de mousse, tandis que les convertis se disputaient le maigre espace mis à leur disposition.
Tous les jours, on y baptisait de nouveaux jeunes endoctrinés avant de les envoyer aux fronts mourir en martyrs.
Des jeunes veuves toute drapée de noir, se donnaient en spectacle déchirant dans des discours enflammés où elles faisaient part de l'étendue de leur fanatisme.
Je n'avais jamais participé aux messes au village. Je ne croyais pas en un dieu sinon il aurait évité cette guerre.
Lucien en revanche se lançait dans des échappés passionnées pendant les cours de théologie et de philosophie. Son auteur préféré était Régis avec qui il partageait la même vision politique, qui l'avait inspiré pour codirigé la rébellion, tâche qu'il laissait le soin d'achever à notre père.
Les prières devenaient hystériques en prenant de accents délirants.
Ce qu'il m'avait rapporté de sa foi ne correspond en rien avec la mise en scène pathétique sous mes yeux qui me donnait la nausée et qui aurait fait vomir n'importe quel pokemon.
Cela eu au moins le mérite de me faire revoir à la hausse nos belles chansons traditionnelles isshuiennes, accompagnés par Maurice et Martin autour d'un feu crépitant, entrainés par le rythme des os de Lucario frappés sur un tambour, époque joyeuse où Lucien, haut comme trois pommes, se tortillait maladroitement en me montrant comment je devais danser. J'imitais sa chorégraphie improvisé, provoquant les rires de nos parents.
Puis, après mon accident, ses joies avaient subitement laissé place à l'amertume de ma convalescence. Depuis ce jour, j'avais refusé d'assister aux messes et de me prosterner devant une statut d'Arcéus ou d'un dieu à l'image d'un homme.
Pourtant, depuis que l'aura m'avait élu gardienne, je commençais à croire à nouveau aux miracles.
Je laissais avec soulagement le temple Ste-Arcanie derrière moi, masqué par des cèdres immenses, dont les feuilles rouges pourpres jonchaient le sol.
Je me recueillais un moment au cimetière. Me sachant observé par le coin de l'oeil d'un clochard, drapés d'un foulard pourpre, un livre sacré à la main et une bouteille dans l'autre, je déposais une bougie sur le monument aux martyrs priant pour leur paix qu'ils soient Isshuiens ou non. En partant, je laissais quelques pièces à l'homme qui me remercia d'un 'longue vie à L'arcanie !'
Suivant à la dérive le flot des personnes, je me retrouvais je ne sais comment au port.
Les vieux quais avaient été délaissés, seul des rares pécheurs y accrochaient leur canaux, au profit de passerelles suffisamment larges où on avait empilé des baraquements entassés pêle-mêle sans soin, recouverts de suie crasseuse. Elles s'étendaient jusqu'à l'océan, où se découpaient des navires de guerre. La structure ressemblait à des bras tentaculaires d'un Tentacruel géant dont Volucité aurait été la tête.
Des immenses paquebots déversaient en continu leurs flux de marchandise en provenance d'Arcanie pendant que des matières premières extraites du sol d'Unys filaient en sens inverse.
Toutes les minutes, il passait une nouvelle patrouille de soldats. Difficile de savoir s'il s'agissait d'Arcanien ou d'Isshuiens. Leur aura se ressemblaient come deux gouttes d'eaux derrière la tenue noire drapée de rouge qu'ils arboraient.
Tout ce qu'il considéraient comme troublant l'ordre disparaissait puis était redistribué parmi les arcaniens de la colonie.
Un collier de couleur jaune de Démolosse fut confisqué et le dresseur dut payer une lourde amende car le jaune était la couleur de la rébellion. Seul les arcaniens pouvaient porter de l'or, symbole du Suprême. Le dresseur, fonctionnaire au bureau de la poste centrale perdit son emploi pour avoir tourner en ridicule un symbole sacré au cou d'un pokemon.
Pour sa défense, le propriétaire avait rétorqué qu'il s'agissait d'or blanc couvert de bronze !
Une autre histoire du même genre me fut rapporté par une aubergiste.
Une marchande de fleur expliquait en vain que les roses piquaient et qu'elles n'y pouvaient rien si un imbécile d'arcanien s'y était pris la main. Elle fut condamné à un an de réclusion criminelle pout tentative à la vie d'un responsable des forces de l'ordre.
Depuis, les fleuristes s'appliquaient à retirer toutes les épines !
L 'aubergiste s'appelait Lanna. Une des rares des personnes que je trouvais sympathique dans le coin.
Elle était fraîche comme la rosée du matin et ses remarques piquantes de justesse.
Quand je lui dis que j'étais réfugié du nord, elle me proposa immédiatement de m'héberger gratuitement le temps que je trouve un logement. Il fallait attendre trois mois avant de recevoir les autorisations administratives vu l'état du marché immobilier.
Je refusais poliment mais elle insista désignant les clients qui se pressaient en masse dans son établissement, lançant de-ci de-là, des sourires charmeurs à sa clientèle, exclusivement masculine.
- Niveau financier, je roule sur l'or. Tous les officiers arcaniens viennent loger chez moi et les Généraux viennent s'y amuser.
C'est avec stupeur que je découvris un bar à plaisir en retrait de l'hôtel.
Lanna était très fière d'offrir une centaine d'emploi à des jeunes filles sans avenir. Elle passa la soirée à me raconter l'histoire d'une prostitué, quelque chose comme Laura ou Léa, elle ne pouvait plus être certaine, qu'un général avait épousé !
Tard le soir, un jeune adolescent du même âge de visu que Lucien, entra, arborant fièrement la tenue des nouveaux baptisés. Lanna se tut immédiatement et me présenta son jeune frère.
Celui-ci après m'avoir jugé avec méfiance se détendit soudain et prétendit se souvenir de moi. Il se remémorait m'avoir entraperçu au cimetière après la messe où j'avais rendu hommage aux héros de la guerre.
Il me bombarda de citation du livre sacré telle que : 'toute femme dont le mari tombe en héros au combat sera honoré par tous les hommes à qui le suprême a accordé la vie'
Il me souhaita de tout cœur que mon mari parti à la guerre meurt le plus vite possible.
Je le remerciais aussi sérieusement que je le pus.
Baillant la bouche grande ouverte, il se leva de table, la panse bien remplie et partit faire ses prières nocturnes au temple, promettant de me ramener des brochures.
Quand il fut parti, je ne pus m'empêcher de pousser un soupir de soulagement.
J'avais peur que Lanna ne le prenne mal.
- Mon frère est un crétin, décréta-t-elle sans détour.
- Pardon ? Je pensais avoir mal entendu.
- Un crétin. Un jeune imbécile qui veut jouer à la guerre. Cette obsession lui vient de son père, martyr de la première heure.
Je ne savais pas pourquoi, mais cette femme me touchait beaucoup. Je me sentis très proche d'elle.
- Le pire, c'est qu'il est trop petit pour se rappeler quoi que ce soit de lui. Papa n'a jamais voulu se battre contre les Hoenniens, nous avons de la famille là-bas. C'est un malgré-nous.
- Et ton frère ne le sait pas ?
- Il ne veut rien entendre. Les refrains arcaniens lui ont mis dans la tête que c'est un héros de guerre. Il vat finir comme son grand-frère, murmura-t-elle des larmes apparaissant au coin de l'œil. J'avais promis à mon père qu'il ne lui arriverait rien J'ai échoué à lui ouvrir les yeux.
-Tu n'y peux rien, la consolais-je, ils retournent la tête des gens au temple. Je suis sorti d'une de leur messe depuis des heures et l'hymne nationale ne me sort toujours pas de la tête ! Lanna, quand est-ce que ton frère s'apprête à embarquer pour Hoenn ?
- Très bientôt, dans deux jours.
- Il a beaucoup de chance alors.
Lucario sentant ce que je m'apprêtais à faire tenta de faire fléchir ma volonté mais j'étais déterminée.
Sans détours, je lui révélais ma véritable identité et pourquoi j'étais ici.
Je lui exposais la situation. Que l'armée rebelle, profitant du déficit de troupes stationnées à Unys à cause du conflit contre Hoenn, allait porter l'assault final dans deux jours exactement.
Elle m'écouta les yeux écarquillés mais ne m'interrompit pas.
J'ajoutais que mon frère et le prince Icar de Johto étaient coincés avec un millier d'otage Isshuiens au fond d'un réseau de galeries souterraines et que sans l'aide de forces venant de l'intérieur, les chances de victoire étaient nulles.
Lanna me considéra longuement comme si elle jugeait de ma capacité à provoquer un soulèvement populaire. Elle secoua frénétiquement la tête.
J'allais jusqu'à lui révéler que j'étais l'élue de l'aura, que j 'étais plus forte que je n'y paraissais.
L'aubergiste se prit la tête dans ses mains, secouée de tremblement frénétique en proie à une violente lutte interne. Elle répétait hallucinée : 'le prince de Johto, le descendant du roi Adamant, il est encore en vie, ton frère, un spiritueux, les exploits du 'colosse de pierre' sont légendaires.'
- Je devrais te dénoncer aux autorités, lança-t-elle sur un ton peu convaincu, pourquoi révéler tout ça à la lèche-bottes des Arcaniens ? Voulut-elle néanmoins savoir.
Déjà parce que je n'avais aucune autre piste. Lucario m'envoya une image d'un vieux sigle de la team plasma par télépathie me donnant une idée de génie.
- Lanna, tu connais beaucoup de monde, je veux dire autrement que des arcaniens.
- Ouais et donc ?
- Tu connais des résistants, c'est inévitable qu'il s'en promène quelque fois dans ton bar des plaisirs, comme des anciens de bandes criminelles qui ne supportent pas une tyrannie étrangère.
Son aura vibrait étrangement et m'apprit une nouvelle qui ferait son effet.
- Qu'arriverait-il à ton frère si les autorités apprenaient que tu reçois des agents de la team plasma ?
- C'est une menace ?
- Une constatation plutôt. Je t'ai tout révélé à mon sujet, je crois que c'est ton tour, tu ne risques rien, je sens que ton frère dort comme un ronflex.
Elle céda après m'avoir fait juré de ne rien dire à personne.
Elle connaissait tous les réseaux possibles de la ville, soutenant comme opposant aux régimes. Elle me mettrant en contact avec les forces libres de l'intérieur si cela évitait que son frère ne se fasse tuer au combat.
- C'est très courageux, la gratifiais-je.
- Prends ce laissez-passer, il permet à des prostitués d'entrer dans la base militaire prêt des quais. C'est le seul moyen que tu as de contacter Hoenn. Cela fait maintenant 13 ans que les résistants tentent de leur transmettre des données logistiques sur les engins de guerre construits ici. Ces informations sont capitales pour la survie d'Hoenn.
Lanna m'indiquait où trouver mon contact et me jetais de chez elle tôt le matin ,avant que son frère ne se réveille, en me donnant une lettre pour sa famille d'Hoenn si par miracle j'arrivais jusque là-bas.
Je quittais rapidement les quartiers favorisés du Sud et filait vers le point de rendez-vous après avoir passer un point de surveillance avec le laissez-passer que Lanna m'avait procuré.
J'expliquais aux soldats Arcaniens que je préférais plein de petits clients que de dépendre du bon vouloir d'un seul officier et leur indiquait où il pouvait me retrouver pour faire appel à mes services.
Ma performance de comédienne n'eut en rien à envier à celle que mon frère avait joué pour nous faire passer le mur.
Je peinais à m'orienter mais à deux auras, nous finîmes par localiser un homme caché dans un pub sordide dans une rue jonché de détritus, sans aucun doute la plus répugnante de Volucité et donc l'endroit le plus discret pour être à l'abri des oreilles indiscrètes.
Lanna l'avait mis au courant de ce que je m'apprêtais à faire car il ne siffla pas un mot et se contenta de me tendre une clé USB enveloppée dans de l'aluminium que des bobines simples ne détecteraient pas. Cela dépendait de la confiance des officiers arcaniens en un papier signé par la main de Lanna.
L'homme me souhaita un simple bonne chance et rejoignit une bande de fumeurs de tabac qui emplissait la ruelle d'une fumée épaisse et suffocante.
Sur le chemin, Lucario m'envoya des images où j'apparaissais incapable de me diriger.
J'étais d'accord avec lui. Comme je devais entrer seul, plus la distance entre nous serait grande, plus mon aura serait faible : je risquais d'être aveugle.
Peut-être que l'aura pouvait m'éclairer de sa lanterne.
Sur le chemin, en passant devant Ste-Arcanie, je revins sur mes pas et entrais à nouveau le pompeux édifice.
Par une coïncidence à laquelle je ne m'étais absolument pas attendu, j'y repérais le frère de Lanna.
Il m'accueillit à bras ouverts quand je lui disais que j'étais venu récupéré les dépliants qu'il m'avait promis.
Il était désolé, cela lui était sorti de la tête mais je pouvais voir ceci avec le prêtre.
Il me désigna une homme svelte, à la mine sympathique qui incitait à confesser ses pêchers.
Naturellement, il esquissa une moue surprise qu'une femme vienne pour méditer.
Il me conduisit dans la galerie souterraine que j'avais senti sous le temple la veille et me promit de revenir me chercher dans une heure.
L'endroit était le plus apaisant de toute la ville.
Tout était recouvert de marbre vert. Les clapotis de l'eau me détendirent immédiatement. Une source d'eau glacée jaillissait d'un pan de la paroi.
- Purifie-toi avec l'eau sacré ma sœur.
- Lucario peut-il aussi recevoir la bénédiction du suprême ? Jouais-je.
- Le livre sacré ne s'impose pas aux pokemons mais il est écrit : 'tout dresseur qui partage les sacrements avec ses pokemons sera récompensé'.
J'opinais et sûr que j'étais hors de danger, je plongeais dans l'eau.
Etrangement, je n'avais pas froid. Au contraire, mon aura était plus chaude que d'habitude.
Lucario s'illumina d'une lueur bleuté que le marbre diffusa dans toute la pièce.
Je m'enfonçais à moitié consciente dans l'eau.
Puis tout fut noir.
Icar m'avait parlé des pouvoirs de l'état d'introspection. Je pouvais dialoguer avec mon moi profond pour avoir les idées au claire et découvrirent de nouveaux pouvoirs.
Lorsque le saint-homme revint une cinquantaine de minutes plus tard et me demanda si j'avais trouvé des réponses, je lui répondis par l'affirmative, le remerciant chaleureusement.
Sans le poids de la contrainte, il aurait très certainement dépensé son énergie à aider les nécessiteux. L'aura m'indiquait que c'était un honnête homme.
Que deviendrait-il si la résistance renversait le régime ? Serait-il exécuté comme traître ou jeter en prison le restant de ses jours ?
Les responsables rebelles n'étaient pas des hommes tendres. Les treize années de lutte pour la survie les avaient endurcis.
J'avais l'impression d'assister à un nouveau bouleversement, une nouvelle page de notre histoire était sur le point de se tourner, changeant à nouveau le cours des destinées de mon peuple.
Le bâtiment de la base militaire écrasait par ses dimensions toutes les constructions de la ville.
Je repérais facilement par où je devais entrer.
Je jouais mon rôle et j'eus la chance d'être reconnu par un des soldats croisé dans le quartier nord dans la mâtiné auxquels je promis une heure de plaisir après avoir satisfait le général.
Les autres barrages furent passés avec aisance.
J'entrais dans une des chambres à coucher, rempli d'appareils répugnants. Un arcanien d'une quarantaine d'année était allongé sur un lit gonflé d'eau. Il fut déçu que ce soit moi.
J'excusais que Lanna n'ait pas pu venir. Elle voulait rester auprès de son frère jusqu'à son départ et ne s'occuperait que de l'auberge d'ici-là, ce qu'il crut.
Il s'approcha d'un pas lancinant vers moi.
Je me dépêchais de l'assommer avant qu'il ne baisse son pantalon.
- Lucario, c'est bon, montre toi, chuchotais-je.
Il réapparut à mes yeux, rassuré que nous n'ayons pas été découverts.
Je trainais le corps inerte du général jusqu'au lit, y plaçait à ses côtés une poupée remplie d'air de la taille d'une femme et drapait le tout du plus de couverture possible.
Heureusement, j'avais appris qu'en s'entourant de la même aura infinitésimale portée par l'air, Lucario pouvait être invisible aux yeux des hommes pendant quelques minutes si nous étions au contact l'un de l'autre.
Je n'étais pas sûr que ce soit un pouvoir conventionnel et je n'aurais pas su comment le refaire, l'important c'est que j'avais réussi à appliquer les conseils d'Icar.
J'espérais avoir l'occasion de lui raconter cette nouvelle découverte si par chance je le reverrais un jour.
L'aile des généraux était la seule section du bâtiment sans caméra.
Je me glissais hors de la chambre après avoir revêtu un uniforme piqué de la garde robe.
J'avais beaucoup de chance que les autres généraux soient occupés à organiser le départ des nouvelles recrues, sillonnant la ville à la recherche des volontaires.
La salle de surveillance était toute proche.
Je laissais le plaisir à Lucario de défoncer la porte et de s'occuper des trois salariés qui avaient été trop absorbés par leur travail.
Je jugeais que je disposais de dix minutes tout au plus.
J'entrais le code sur le serveur central tentant de rentrer en contact avec Hoenn.
Je commençais au bout de cinq minutes infructueuses à perdre espoir à triturer les boutons dans tous les sens quand une voix de fille répondit enfin au bout de la ligne.
- Halo, ici Mauville-city, que puis-je pour vous ?
- Halo ! Je suis de la résistance Isshuienne, est-ce que la reine est là ?
- Je lui transmettrais votre message, pouvez-vous patientez ?
- Non je dois lui parler à elle seule, j'ai des données capitales à vous envoyer.
- Alors, vous pouvez me les envoyez l'esprit tranquille, je suis Valériane, la nièce de la reine de Johto, régente d'Hoenn. Vous êtes tombés sur la bonne personne.
- Attendez, compris-je soudain, vous êtes la cousine d'Icar !
- Vous le connaissez ! Où est-il ? Cela fait dix ans que je ne l'ai plus revu, nous savons qu'il avait été capturé et qu'il était leur otage. Ah parfait, j'ai reçu vos données, peut-être que tout n'est pas encore joué.
- Comment ça ! Fis-je alarmée par son ton. La situation est préoccupante ?
- Désespéré ! Répondit-elle, son ton se chargea de reproche. Nous allons perdre la guerre au plus tard dans un mois, nous sommes à bout de forces. Nous avions déjà assez de mal à contenir les Arcaniens, maintenant, il faut aussi nous battre contre vous Isshuiens.
- Cela risque de changer très prochainement, assurais-je, demain, l'armée rebelle devrait avoir repris Volucité.
Valériane avait des doutes sur nos chances de succès. J'étais la gardienne d'aura. Cela la rassura. Elle me rappelait un peu Icar qui avait craint que le pouvoir ne tombe entre de mauvaises mains après que son Lucario ne trépasse.
- Mon frère Lucien est un spiritueux, m'empressais-je d'ajouter, communiquant le plus de bonnes nouvelles possibles.
- Ah bon ! Lui aussi ! Mon frère et moi, on est deux de plus.
- Par quels légendaires ? Demandais-je à l'affut de la moindre information.
- Pardi, par les puissants titans des terres et des mers, pourfendeurs d'arcaniens et d'Isshuiens dans une moindre mesure. Le puissant Kyogre est logé et nourri par mes petits soin !
Je commençais à sérieusement me poser des questions sur le nombre de légendaires sauvages qui étaient encore vivants autrement qu'en cohabitant avec un homme, forcés à se réduire à un esprit parce que leur enveloppe charnelle avait été détruite.
Pourraient-ils retrouver une nouvelle enveloppe ?
Valériane me rassura en signalant au passage que cela faisait maintenant dix ans que le grand Rayquaza échappait encore et toujours à l'envahisseur arcanien.
Bon, ça en faisait au moins un.
- Je dois vous laisser, gardienne de l'aura, la nuit ne va pas tarder à arriver et la lune à prendre la place du soleil, je vais prendre le relêve de mon frère.
J'aurais voulu lui poser une question au sujet de ce qu'elle venait de dire mais j'entendis une explosion au bout de la ligne.
- Voici mon conseil avant de vous laisser, mon cousin parvenait à communiquer avec l'aura de n'importe quel pokemon. Peut-être faut-il commencer par là ? Adieu et bonne chance gardienne, je suis sûr que nous nous rentrerons quand le bon moment sera venu. Puisse Victini vous porter chance !
Avant de partir, je prenais le soin d'effacer les traces numériques qui aurait indiqué qui j'avais contacté.
Par la chambre du génral encore assoupi, je gagnais un promontoire d'où je pouvais descendre au bout d'une corde la paroi glissante.
De retour en ville, je regagnais l'auberge de Lanna.
Sur le seuil de la porte, Grizza, la femme de chambre, m'interdit le passage. Lanna avait repris ses activités au port. Nous avions du nous croiser en chemin.
Ne sachant plus quoi faire, je filais à nouveau vers les quartiers du Nord, où je tentais de retrouver mon contact du matin.
A la place, je croisais une patrouille arcanienne sur l'autre, écumant les rues à la recherche de nouvelles recrues.
Au détours d'un angle, j'évitais in extremis un de ces jeunes en habit de fidèle.
Il faillit trébucher et se remit à courir la mort aux trousses.
Quand je vis que ses poursuivants étaient arcaniens, je me mis aussi à courir.
Au loin, le jeune homme dérapa et chercha refuge dans les bras d'une femme qui faisait ses courses au marché. Je reconnus la vieille Grizza. Elle interposa son parapluie.
Les arcaniens voulurent se saisir du jeune homme mais son Démolosse s'interposa.
Bien que recouverts de poils gris, il dégageait une férocité peu commune.
Les arcniens sortirent leur arme.
Celui coiffé d'un bandeau pourpre ne voulait pas provoquer un bain de sang avec tant de témoin.
Il changea de tactique.
- Cet homme est un déserteur.
- C'est faux, se défendit-il s'agrippant fermement à la vieille femme, vous m'avez enrôlé de force.
- Tous les jeunes entre 17 et 28 ans doivent remplir leur service militaire. Le décret est tombé depuis deux jours.
Un hurlement se fit entendre. C'était sa mère.
Elle se jeta aux pieds de son fils le cachant à la vue des soldats.
- Pitié, il vient d 'avoir 17 ans, c'est encore un enfant, les implora-t-elle
- La loi est dure mais c'est loi, déclara l'officier d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.
- Ce pauvre gosse n'est même pas majeur, s'indigna Grizza.
- La ferme la vieille si tu veux pas finir en tôle.
Les passants s'étaient arrêtés à bonne distance, ne pouvant se résoudre à passer leur chemin. Ils savaient comment cela alllait finir et se sentaient contraint d'y assister pour témoigner leur soutien silencieux au jeune adolescent et à sa mère.
- Soldats, débarrassez moi des spectateurs !
- Rien à faire de vos menaces, hurla Grizza couvrant la clameur des soldats de sa voix stridente, déjà fait un an de tôle à cause d'un imbécile qui s'était piqué les doigts avec une rose et mon mari c'est pis encore, s'adressa-t-elle aux passants, lui ça fait dix ans à cause du collier de Molosse. Laissez le gosse à sa mère !
Je vais te tuer de mes propres mains et te trancher la gorge, argh.
L'officier s'effondra au sol.
J'appliquais sur son cou une lame de rasoir.
J'intimais au arcanien de baisser leur arme.
- Ah la garde ! Besoin de renfort, prévint un des soldats alertant la base centrale du port.
- Molosse, attaque brouillard !
- Lucario, strido-son !
Je m'occupais en priorité de détruire leur arme, me repérant dans ce nuage de fumé grâce à l'aura.
Lorsqu'il s'était dissipé, plus un arcanien n'était debout.
A l'autre bout de la Grande rue surgirent des Tank derrière lesquels marchaient une centaine de soldats.
Sans sommation, ils tirèrent sur la foule.
Ce fut un bain de sang. Tout le monde hurlait.
Lorsque le nuage se dissipa, seule Grizza que j'avais protégé était encore en vie.
Les corps de la femme et de son fils étaient enlacès dans une mare de sang.
Une vingtaine de cadavre jonchait les pavés.
- Monstres, hurla un étudiant. Il se prit une balle dans la tête.
- Rentrez chez vous où nous ouvrons le feu ! Je reconnus la voix du général de la base.
Des nouvelles troupes bloquèrent l'accès nord de la Grande rue coupant toute retraite.
Celles-ci était composé de dresseur arcanien.
Des portes de maison s'ouvrirent pour accueillir les passants piégés.
Cependant, à part des enfants, les Isshuiens ne bougeaient pas, fixant les cadavres.
- Lucario, utilise Séisme pour bloquer le passage.
Le sol trembla. La façade du vieux hôtel de Lanna s'effondra, recouvrant le sud de la Grande rue sous ses décombres, bloquant le passage aux chars.
La patrouille de dresseur s'avança au pas cadencé, des Tauros, Rhinoféros et Kabutops en première ligne, suivi d'un mur de Grolem.
Je me précipitais devant les centaines de civils, Lucario à mes côtés.
Grizza me rejoint avec son Démolosse.
A trois contre cent nous n'aurions aucune chance, gardienne d'aura ou pas.
Les paroles d'Icar me revinrent une fois encore.
'Tu ne pourras pas sauver ce que tu aimes, l'aura ne protège que toi'.
Puis l'impensable se produisit.
Un jeune écolier d'une dizaine d'année jeta sa pokeball d'où sortit un Pikachu.
Un autre dresseur se dressa à nos côtés chevauchant un Galopa.
Un autre, possédant six pokemons, envoya Noctali, Mentali, Pyroli, Aquali, Voltali et son métamorph au combat.
En un instant, une trentaine de pokemon se tenait à nos côtés.
- Comme au bon vieux temps, s'enflamma Grizza, je commençais à me ramollir.
Les gravats de l'autre côté avait été déblayés. Les chars amorçaient leur approche.
Je retournais sur mes pas décidé à ce qu'ils n'atteignent pas la foule.
Ils firent feu.
Les cinq aurasphères de Lucario firent exploser les obus à mi-distance.
Profitant de l'explosion, je profitais pour réduire la distance qui me séparait d'eux avant qu'il n'ouvre le feu à nouveau.
Une pluie de balle s'abattit sur Lucario. Leurs collègues du mur d'acier les avaient prévenu de mes pouvoirs. C'est donc Lucario qu'il visait sachant que s'il était touché, je serais vulnérable.
Mon sixième sens de survie s'activa.
Mes mains se remirent à vibrer puis cette fois, tout mon corps s'illumina.
Je stoppais leur balles pendant que Lucario les criblaient d'aurasphère.
Au bout d'une trentaine de seconde, une balle à la trajectoire plus vicieuse que les autres me frôla les côtes. Je redoublais de fureur.
Une seconde balle me dessina un trait de sang sur ma joue.
L'aura me suppliait de prendre la fuite, elle ne pouvait pas éviter éternellement ces balles.
Mais si je leur lassais le champ libre je condamnais une foule d'innocent à une mort certaine.
Les soldats à l'arrière des lignes furent pris d'un mouvement de panique.
D'autres dresseurs les attaquaient. Des centaines d'Isshuiens se révoltaient et convergeaient dans la Grande rue. Leur pokemon se moquaient des balles qui les chatouillait autant que l'attaque 'balle-graine' d'un Tournegrain.
Dans les cieux, des pokemons volants lançaient des assauts dévastateurs contre l'aviation rcanienne.
Pris en étau, les Arcaniens prirent la fuite.
La clameur de la révolution gagna toute la ville.
La cohue de la Grande rue se propagea à d'autres artères, gagnant de nouveaux combattants pour la liberté.
J'étais à leur tête, un dictaphone amplifiait ma voix.
- Isshuiens, prenez les armes, l'armée rebelle a passé le mur d'Acier et tente de libérer la ville. Joignez vos frères, défendez votre liberté, pour vos enfants, pour vos proches, pour vos pokemons.
Bientôt les insurgés chantaient l'hymne traditionnelle interdite Isshuienne réinterprété.
- Dehors les Arcaniens ! Fuyez sur vos radeaux, craignez, craignez qu'un sang impur abreuve nos sillons !
En fin d'après-midi, le ranger chevauchant Galopa me rapporta que l'armée rebelle avait passé le mur d'Acier mais subissaient de lourdes pertes devant les tours de contrôle.
J'organisais l'envoi d'un groupe d'intervention d'urgence de 500 dresseurs qui surprendraient les défenseurs Arcaniens en s'infiltrant par la galerie par laquelle j'avais évité les tours.
Vers le soir, alors que le soleil déclinait, un nuage de fumée toxique recouvrait la ville.
Les bâtiments arcaniens étaient en feu, le temple Ste-Arcanie avait été pillé, les arcaniens s'étaient repliés sur le port pour organiser leur contre-attaque, nous permettant de respirer pendant quelques heures.
Une odeur infecte flottaient. Je gardais néanmoins contenance et organisait la sécurité de la population, souffrant de pilleurs qui profitait de la situation pour semer le trouble.
Quand j'atteignis le temple, je distinguai avec effroi un échafaud sur lequel était accroché des centaines de tête. Je reconnus celle du général.
La foule ivre de rage se vengeait de ses bourreaux en commettant les pires exactions.
Un cri s'éleva :
- Mort à la pute des arcaniens ! A mort !
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
Sous l'épaisse lame d'une guillotine dépassait la tête boursoufflée de Lana.
Elle avait été ruée de coup.
'Tu ne pourras pas sauver ceux que tu aimes, l'aura est aussi ton pire ennemi' avait affirmé Icar.
Je poussais violemment tout ceux qui se trouvaient sur mon chemin et posais le pied sur l'escabeau.
Je vis la lame glisser.
J'arrivais à ses côtés. Elle me lança un dernier regard, étrangement serein. Son petit-frère était en sécurité. Elle était résignée à payer sa collaboration avec les arcaniens. La lame tomba d'un trait. Dans un bruit d'os brisé écoeurant, sa tête roula au sol.
Il l'avait décapité. Mon peuple avait commis l'impardonnable.
Le condamné suivant était l'officier qui avait interpellé l'adolescent pour l'enrôler de force.
Je leur intimais d'arrêter. Ils se rendaient coupables des mêmes atrocités, des mêmes crimes de guerre.
Ils m 'écoutèrent puis reprirent leur cri haineux.
Ca suffisait. Si Lucario ne m'avait pas calmé, j'aurais tué leur bourreau.
Je lui brisais le nez.
Deux jeunes Isshuiens encore vêtu de l'habit de fidèle essayèrent de me maîtriser.
Je leur tordis les testicules.
Les Isshuiens reculèrent.
- Ca suffit la barbarie, qu'on m'enferme leur bourreau avec les prisonniers arcaniens. Je ne fais pas de différence entre les types de criminels Isshuiens ou arcaniens. Faîtes passez le message, toute personne qui exécute des prisonniers arcanien aura affaire à moi et sera jugé comme un des leurs !
Le frère de Lanna sortit des rangs et s'effondra dans mes bras.
- Tout ça est ma faute, elle voulait me sauver.
Il gémit péniblement, une part de lui-même était partie avec sa sœur.
Je lui tendis une pelle. Ensemble, nous allions lui creuser une tombe pour que son corps repose dignement.
Je ne pus cependant pas empêcher que les tas de corps arcaniens soit dévoré par un brasier ardent, les cendres dissipées par le vent.
Au dernier moment, je parvenais à sauver les prêtres du temple. Ils s'étaient réfugiés dans la salle de méditation du sous-sol.
Je fus soulagé de voir que le prêtre qui m'avait aidé le matin se trouvait sain et sauf parmi eux.
Je montais au sommet de la tour de Verre qui culminait à 200 mètres pour observer les mouvements ennemis.
Il devait y avoir une centaine de navire de guerre qui pouvait transporter une légion entière, ajoutant quelques milliers de renforts aux forces qui tenaient le port.
Une alarme retentit.
Ils avaient lancés leur première offensive.
Au bout d'une heure, nous avions repoussé trois vagues successives mais avions dû battre en retraite livrant le sud de la ville aux Arcaniens qui massacrèrent tous les civils sur leur passage.
Je ne pouvais pas l'admettre à ces braves dresseurs que nous ne pouvions pas tenir la ville sans armes, sans chars, sans aviation, avec juste quelques centaines de pokemon.
Un clameur s'éleva parmi les Isshuiens.
Au sommet de la montagne qui dominaient la ville, on pouvait discerner une masse compact dévaler la pente.
L'armée rebelle avait passée le mur et fonçait vers la ville nous porter secours !
Un galopa avec deux hommes sur son dos me faisaient signe depuis le sol.
Le soulagement qui me traversa était indescriptible.
Dévalant quatre à quatre les marches d'escalier, je me jetais dans les bras de mon frère.
- Sacré sœurette qui réussi toute seule à soulever les Volucitéens ! Je savais que tu réussirais !
Icar n'avait de cesse de me dévorer les yeux.
Je m'enquis de l' état de nos forces.
Lucien perdit de son enjouement.
- Les pertes sont très lourdes, notre armée se serait fait descendre sans l'intervention de ta troupe. Des milliers de braves ont laissés leur vie. Il reste un millier d'homme, se lamenta-t-il.
- Mais nous pouvons ajouter les centaines d'otages dans nos rangs sans compter les tonnes de munition et de vivres que nous avons récupérés dans les entrepôts. Vous avez une chance de l'emporter contre les arcaniens. Demain, votre peuple sera libre.
Icar avait parlé avec force. Sa confiance en mon peuple me revigora. Ses discours positifs m'avaient manqué.
Avec la nouvelle autorité du prince d'Hoenn et la renommé du colosse de pierre, nous prîmes tous les trois les choses en main avec l'approbation générale.
Notre armée de défense, désormais équipée, supportée par des patrouilles de dresseurs qui défendaient leur arrière, contint les assauts suivants sans trop de perte.
On ne pouvait pas en dire autant pour les arcaniens.
Au crépuscule, il leur restait quelques milliers d'hommes, effectif suffisant pour nous vaincre mais dérisoire pour reprendre le contrôle total de la ville.
A minuit, notre armée fondit sur le port et nous nous emparâmes des quais.
L'armée d'occupation en déroute monta à bord des immenses navires de guerre et prit le large, jetant l'ancre à une distance raisonnable des côtes, en attente de renforts.
Cependant, des poches de résistance arcanienne persistèrent jusqu'au matin.
Après il fallut une bonne semaine pour que les gens retrouvent leur travail et que la ville retrouve un semblant d'activité.
Je retrouvais mon père ,au temple miraculeusement encore debout, pour un conseil étendu aux membres des forces libres de l'intérieur.
Maurice et Martin en faisaient partis, ayant miraculeusement survécu aux mines et aux tirs.
Les vrais défis ne faisaient que commencer pour nous.
Un quart des 1,5 million d'habitants que comptait Volucité travaillait pour l'Arcanie aux mines de charbon, de sel, d'or, comme fonctionnaire ou comme religieux.
Il fallait les réinsérer dans de nouveaux emplois en restructurant le système bancaire.
L'hygiène était un autre défi de taille. Les égouts étaient souillées, les rues jonchées de cadavres, l'eau courante et l'électricité disponibles quelques heures dans la journée.
Nous travaillons aussi sur une restructuration de nos entreprises du secteur secondaire.
Tous nos produits de bien étaient Arcanien. Le prix des objets les plus banaux, comme des couverts de table avait triplé, celui des outils comme des scies ou des marteaux quintuplés.
Le marché noir envahissait les ruelles sombres.
Mon frère était retourné à ses anciennes activités et menaçait à nouveau de s'éloigner de moi.
Sauf que la tâche qui lui incombait était d'une autre échelle qu'un village.
D'autant plus, que la nouvelle de la victoire s'était répandue comme une trainée de poudre, des milliers de réfugiés de tout Unys venaient grossir les camps de fortune.
La question se posait s'il fallait raser les bidonvilles qui se formaient autour de la ville.
Les mentalités n'allaient pas changer du jour au lendemain. Il faudrait du temps pour effacer treize année d'une dictature impitoyable sous occupation d'une puissance étrangère.
De très nombreux Isshuiens avait bénéficié de la dictature. Parmi les plus riches et aussi parmi la classe moyenne, beaucoup regrettaient les Arcaniens.
Ils étaient clairement reconnaissables par leur attitude méprisante voire raciste envers leurs frères du Nord.
Mais lorsque je promenais dans les rues et que partout je découvrais des ribambelles d'enfants qui chahuté dans l'insouciance, j'étais résolu à ce que notre liberté recouvrée soit ce qui comptait.
Les gens étaient ce qu'ils étaient et bientôt ils s'en retourneraient à leur activité, nous reléguant à la mémoire collective, reproduisant les mêmes erreurs.
Lucario enfonça son coude dans mes côtes pour m'ôter cette dernière pensée de la tête.
Il me désigna les pokemons qui passaient et dont l'aura me remerciait.
Et oh combien il avait une nouvelle fois raison !
Au loin, les fumées de la flotte arcanienne rappelait que la guerre n'était pas gagné.
Je me souvenais que la situation d'Hoenn était tout aussi déplorable.
Icar souhaitait y retrouver sa famille et organiser la défense des siens. Maintenant que Volucité était reprise, les autres villes allaient tombées.
Je lui apprenais que j'étais entré en contact avec sa cousine et que la situation là-bas était alarmante.
Je lui proposais de l'accompagner. Je songeais à Lanna et me promit de transmettre sa lettre à sa famille à Hoenn. Il ne sembla pas étonné de ma décision mais fut secoué lorsque Lucien se proposa passant outre ses devoirs envers les Isshuiens.
Il rétorqua que son peuple avait une dette envers Icar sans lequel rien n'eût été possible, que c'était à son tour de l'aider à vaincre les arcaniens à Hoenn.
Pour la première fois, mon père céda à son chagrin et ne put stopper un flot de larme. C'était difficile pour lui de devoir se séparer de nous après la perte de Janna.
Lucien lui promit que dès que la situation à Hoenn serait réglée, il partirait à la recherche de sa mère.
Mon père voulut m'avouer quelque chose au sujet de Janna puis changea d'avis. Il était immensément fier de ce que j'avais accompli.
Nous lui promîmes de veiller les uns sur les autres.
Selon mon père, le blocus arcanien était impénétrable.
La seule façon de le passer était par l'île Liberté.
Les arcaniens l'évitaient parce que la légende racontait que Victini y vivait.
Cela faisait un mois que j'avais rencontré Icar.
En un mois, toute ma vie, celle de tous les isshuiens avait basculé.
Ce n'était que le début.
Icar allait changer le destin du monde.