Le prince sans royaume
A ma surprise, je ne fus pas conduite dans la salle du conseil mais dans la petit auditorium que nous utilisions pour recueillir des témoignages.
Un jeune homme blond était assis au centre du cercle que formait les généraux de la résistance.
Jusqu'à présent, il n'avait pas levé la tête et paraissait entièrement absorbé par le cours de ses pensées. Il donnait l'impression de dialoguer avec lui-même.
Mon père me fit signe.
Je m'assaillais à sa gauche tandis que mon frère prenait place à sa droite.
L'assemblée était pétrifiée de silence. Nous étions tous surpris que mon père nous ait convoqué en session plénière pour écouter un jeune homme qui semblait à peine plus âgé que Lucien.
Le regard admiratif que lui lançait mon frère me fit comprendre qu'il s'agissait du gourou que j'avais pensé être une vieille personne, à tord.
Ma cécité m'avait éloigné des affaires de la guerre.
Il y a encore quelques semaines, je n'aurais pas imaginé qu'une aussi jeune personne puisse avoir traversé tant d'épreuves.
Maintenant, que l'aura vibrait en moi, je n'avais aucun doute de sa valeur.
Il dégageait encore plus de force que mon frère. Ses aptitudes à captiver les foules semblaient évidentes. Je devais avoir affaire à un personnage royal.
Effectivement, mon père nous le présenta comme le prince exilé de Johto.
Qu'il était venu nous apporter son témoignage ainsi que de graves nouvelles.
Notre survie en dépendait, soulignait-il.
Soudain, le prince releva sa tête et m'observa intensément, son aura tout entièrement dirigée vers la mienne. Mon père se hâta de me présenter sous mon titre de 'briseuse d'aura'.
Cela le fit sourire et enfin, il se décida à prendre la parole.
- Je suis le prince Icar de Johto. Pour ceux qui ne le saurait pas, je suis le dernier survivant de la dynastie. Je suis né il y a 19 ans dans un pays en proie à la guerre contre Kanto. Mon grand-père, le roi Adamant régnait d'une main de fer. Il avait une vision pour son pays. Il voulait le rendre puissant en le dotant d'armes, en le modernisant et le hisser première puissance mondial. Pendant plus de 40 ans, notre pays entra dans une période de prospérité sans précédent, mais au prix des libertés individuelles. Tout changea peu de temps avant ma naissance. Johto se heurtait aux projets d'hégémonie de Kanto et les deux entrèrent en guerre. Un conflit sanglant qui provoqua la colère de la population à qui on volait les enfants. Les deux puissances étaient tellement préoccupé par le conflit qu'elles ne réalisèrent pas le vrai danger qui les menaçait : le parti arcanien.
J'étais suspendu à ses lèvres. Je n'avais jamais entendu un témoignage sur Johto et Kanto avant la dictature arcanienne. Le fait qu'un descendant direct de feu le roi Adamant témoigne sur la propre destruction de son royaume ajoutait à la tragédie.
- Il y eu une révolution qui provoqua la chute des deux rois et qui plaça les technocrates Arcanien au pouvoir. Les partis fidèles aux rois s'y opposèrent et les milices arcaniennes déclarèrent la loi martial. Mon grand-père fut exécuté en place public, en même temps que son homologue de Kanto. J'avais trois ans quand je quittais mon pays avec ma famille. Voilà . Regardez ce que je suis devenu, un prince fugitif, détesté par son peuple à cause de ses aïeux.
- Qu'est devenu votre père le roi légitime ?
Icar se renfrogna à l'évocation de son père. Il fit un effort pour garder contenance devant mon père.
- Après l'exil, nous nous sommes réfugiés à Hoenn dans la branche cousine de notre dynastie. Nous pensions y être à l'abri. Mais l'Arcanie disposait d'une armée surpuissante et poursuivit les plans mégalomanes des anciens rois destitués. Les mêmes qui s'étaient battu pour stopper la guerre dix ans plus tôt attaquait à présent Hoenn, cherchant à détruire toutes les reliques de notre dynastie, aveuglés par leur soif de vengeance et leur endoctrinement. Nous savions notre fin proche. Isshu venait de signer une armistice. Disposant des précieuses ressources de son sol, l'armée arcanienne ne saurait être stoppée. En quelques semaines, les îles à l'ouest tombèrent les unes après les autres. Dans une tentative désespérée, les dresseurs d'Hoenn se joignirent au combat. Tous les top-dresseurs, les vétérans, les champions d'arène repoussèrent un à un les débarquements arcanien dans des combats épiques. Le fait que les pokemons ne soient pas des êtres de sang fut d'une grande aide et ils se montrèrent plus efficace que des armes modernes. Les arcaniens n'abandonnent jamais. Ils revinrent à la charge encore et encore, capturant nos dresseurs les uns après les autres. Finalement, mon père aussi fut capturé. Il fut déporté en Arcanie après des mois de supplice, jugé et exécuté comme feu le roi. Je quittais sans dire au revoir à ma mère et cherchait un moyen de venger ma famille. Je confrontais ceux qui avait tué mon père et les réduisait à néant, puis je fus capturé.
Icar se prit les mains dans le visage.
Comment s'y-était-il pris pour traverser le mur d'Acier. Les arcaniens l'avaient-ils envoyés ? Préparaient-ils une attaque ?
Certains généraux s'agitèrent. Icar au milieu du cercle cherchait à trouver les mots justes mais peinait à prendre son courage à deux mains.
- Je suis désolé, en parler me cause trop de souvenirs douloureux.
- Allons, silence. Ce garçon est épuisé par ce qu'il a traversé. Je l'ai interrogé pendant deux jours et il n'y aucun doute sur qui il est. Traitez le avec la dignité qui lui convient.
Mon père nous fit signe mais déjà, Lucien se levait en même temps que moi.
Nous accompagnâmes Icar à l'extérieur dans un endroit calme pendant que mon père se chargeait de livrer les informations qu'Icar lui avait fourni au restant du conseil.
Aussitôt que Janna lui eût préparé un bon thé et des tranquillisants, il se détendit.
Les yeux perdus dans le vague, il mit du temps avant de revenir à lui.
Il était terriblement désolé de s'être laissé impressionné. Leur interrogatoire lui rappelait trop ceux de ses années de captivité en prison.
Je comprenais que les stries lumineuses que je percevais sur son visage devaient être des cicatrices infligés sous la torture.
Icar poursuivit son histoire avec beaucoup plus de détail, réconforté par les bons soins de ma belle-mère, il semblait plus enclin à nous livrer les faits dans leur totalité.
Il avait eu une sœur, Jasmine, qui était morte toute jeune, empoisonné par un agent arcanien. Lui avait évité d'ingurgiter le poison grâce à son Lucario.
Ainsi, le compagnon d'éternité du prince avait été un Lucario.
Une idée folle germa dans ma tête, une hypothèse peu probable mais qui expliquait comment à 10 ans, Icar avait pu vivre livré à lui-même, comment il avait échappé aux arcanien pendant un bon bout de temps et surtout comment il avait du trouver notre village.
Intrigué, je filais dehors cherchant Lucario.
Depuis quelque temps, mon frère s'était beaucoup rapproché de moi. Il comprit que je lui faisais signe de me suivre.
Il fut surpris par ma théorie et demanda l'avis de Janna qui nous avait rejoint.
D'après la légende, seul une personne au monde était élue par l'aura.
Il était donc possible qu'Icar ait été un 'briseur d'aura'.
J'étais sidéré que Janna, que j'avais toujours prise pour une femme au foyer en sache autant. Elle m'adressa un clin d'œil complice. Lucien me donna un coup de coude me conseillant de ne pas sous-estimer sa mère. Venant de lui, je trouvais la remontrance déplacée.
Je captais l'aura d'Icar qui s'approchait et leur intimait d'être silencieux.
Celui-ci semblait être complétement remis sur pied après une longue sieste. Il nous intima de rentrer pour qu'il réponde à mes questions, après m'avoir félicité de ma perspicacité.
L'impression qu'il s'intéressait tant à moi prenait tout à coup sens.
Icar confirma bien que l'aura de mon Lucario l'avait attiré jusqu'à moi.
Une fois élu par l'aura, tous tes sens se développent, permettant même à une femme aveugle de battre son spiritueux de frère. Mais ce n'est que le début. Acrobatie, sentir l'énergie, pouvoir de guérison ne sont que le début. Au sommet de ma puissance, je pouvais lancer des aurasphères.
Mon frère me jaugea m'imaginant lancer ces boules d'énergie surpuissantes. L'idée d'un tel pouvoir me fit frémir. Janna pausa une main rassurante sur mon épaule et m'ébouriffa les cheveux tendrement. Elle avait eu le même geste à mon égard depuis que j'étais aveugle dans le but de m'apaiser. J'avais découvert avec surprise que ma nouvelle condition n'avait rien changé entre nous.
Janna m'avait toujours considéré comme quelqu'un d'indépendant. Je lui devais ce que j'étais.
Cependant, une question me taraudait l'esprit.
Si Icar avait perdu son pouvoir, alors cela signifiait que Lucario...
Un nœud se forma dans ma gorge. Je comprenais.
La perte de son pokemon avait du l'anéantir sans compter la torture en prison.
N'importe qui à sa place aurait été brisé.
J'attribuais cette résistance à son éducation princière et à la perte de son père, je ne compris que plus tard à quoi cela était réellement du.
Icar concéda qu'il avait perdu tout espoir. Le dictateur en personne était allé le voir dans sa cellule pour lui proposer un marché. Il avait eu vent qu'un spiritueux subsistait à Isshu, derrière le mur d'Acier. Peut-être même que le nouveau gardien d'aura se trouva là-bas.
Je me représentais Icar à terre couvert de sang au pied du monstre que l'on décrivait.
Je ne pouvais pas me représenter le dictateur. Personne n'étais revenu vivant après l'avoir croisé.
Icar avait eu les yeux bandés et était donc incapable de satisfaire ma curiosité.
Lucien soupira. Nous saurions bien reconnaître le monstre quand nous lui ferions face.
Cela cadrait bien avec mon frère. Il se voyait déjà terrasser le dictateur !
- Il m'a déconseillé de tenter la moindre action contre lui. Il prépare une ultime offensive d'une ampleur inégalée qui, espérait-il, détruira l'armée d'Hoenn, ce qui réduira les effectifs qui surveillent le mur d'Acier.
- C'est donc notre chance pour organiser une contre-offensive !
- Non Lucien, le dictateur m'a mis en garde. S'il me remettait ma liberté, c'était pour que je retrouve le spiritueux et que je le lui livre. Sinon, il tuera tous les otages Isshuiens !
- Il ne peut pas, protesta mon frère, il s'agit de milliers de personne. Certains sont même de la famille de soldats Arcaniens. Cela se retournerait contre lui. Aucun chef de guerre n'oserait.
- On voit bien que tu ne le connais pas ! Cet homme ne craint pas les autres. Je suis étonné que personne parmi vous n'ait encore compris pourquoi. C'est un spiritueux, comme toi Lucien, il possède des pouvoirs dévastateurs. S'il avait du temps devant lui, il se chargerait lui-même de détruire votre insignifiante rébellion !
J'étais trop choquée pour intervenir. Icar était en train de nous dire qu'il n'y avait pas d'espoir.
Mon frère était révolté. Par Arcéus, il fallait en profiter. Les patrouilles de moins en moins fréquentes, le mur d'Acier moins gardé, tout cela avait été évident. La rébellion avait de peu laissé passé une opportunité incroyable et maintenant, le prince Icar, celui à qui il devait son honneur retrouvé, lui disait de ne pas agir, de rester sans rien faire !
De frustration, mon frère sortit et poussa presque avec brutalité sa mère sur le côté.
L'aura de Janna m'intrigua. Je ne comprenais pas comment je le savais mais Janna avait toujours su la vraie nature du dictateur. J'en étais bouleversé. J'avais toujours cru qu'il n'existait aucun secret entre nous.
La vie me renvoyait une nouvelle fois l'étendue de ma naïveté.
- Lucien attends ! Tu ne voudrais pas écouter ce que Janna a à te dire. Parce qu'elle cache quelque chose !
- Comment as-tu deviné ? Je suis bête, dit-elle se frottant les paupières, l'aura t'habite, désormais les hommes n'auront plus de secret pour toi. Bravo, je suis découverte.
A ce moment, nous entendîmes des bruits de pas qui s'approchait.
Des hommes firent irruption dans le salon.
- Ma moquette, espèce d'hommes des cavernes ! J'espère que vous avez une bonne excuse.
- Dame Janna, le conseil a pris sa décision. Nous avons tranché que votre fils et belle-fille ne devaient pas se rendre à l'ennemi. Considérant, l'opportunité qui nous est offerte, nous allons réunir les différentes coalition et lancer toute nos forces dans trois jours contre le mur d'Acier puis nous libérerons nos compatriotes de la tutelle Arcanienne !
- Que vas devenir Icar ? Demandais-je, une pointe d'inquiétude faisant tremblez ma voix. S'il revient sans nous, il sera exécuté tout comme les soldats isshuiens.
- Le conseil a tranché. Nous sommes prêt à faire des sacrifices. Quand au prince, l'accord qu'il a passé fait de lui un traître à notre cause.
- C'est folie ! S'insurgea Icar. Votre plan est complétement irréfléchi. Conduisez moi au conseil !
- Celui-ci a décrété qu'en attendant la victoire, vous seriez sous notre surveillance ! Enfermez-le dans la tour de cristal.
Ca devait être un cauchemar. Il ne pouvait pas lui faire ça après tout ce qu'il avait traversé.
Lucien et moi nous étions mis devant lui pour le protéger.
L'aura du prince se chargea à nouveau de cette détermination royale. L'aura de son Lucario ne coulait plus en lui, il avait perdu tout ses pouvoirs, pourtant sa dignité, son élégance, sa magnificence ôtèrent à l'esprit de quiconque de le toucher.
Il sortit sous bonne escorte de notre maison.
Nous le regardions partir sans pouvoir intervenir. Notre espoir de sauver des milliers d'hommes et de femmes avec lui. Quel immense gâchis !
Ma vie et celle de Lucien valait bien que ces personnes vivent.
Mon frère était aussi peiné que moi et me prit dans ses bras pour me réconforter.
- Tu avais raison, ma sœur, une attaque directe n'est pas la solution. Tu es plus sage que n'importe lequel de ses généraux et bien plus que moi. C'est toi qui aurait du être à ma place pendant toutes ses années, je n'ai jamais eu le courage que tu as.
Ces mots me virent droit au cœur et me revigorèrent instantanément.
J'observais Janna. Elle me suppliait à moitié du regard de ne pas révéler à son fils qu'elle était une spiritueuse. Mon frère aurait vécu cela comme une trahison !
Je la suppliais à mon tour d'une prière en joignant mes deux mains de ne pas m'obliger à le faire à sa place.
Janna céda et demanda à son fils de la rejoindre seul à l'intérieur pour nettoyer la moquette pendant que grâce à l'aura, je retrouverais Lucario. Ils nous faillaient nos pokemons.
J'accrochais donc une bandoulière autour de ma taille, emportait un poignard, un petit revolver et me mit en route, tard le soir.
Mon père soupçonnait que je veuille intervenir et la maison était sévèrement gardé.
Mais l'aura me transformait chaque jour. Mes pas ne firent aucun bruit.
Même un Léopardus ne pouvait plus m'entendre.
C'était une nuit de pleine lune.
Je me mis à courir soudain plein d'énergie comme si la lune me rechargeait.
Au sommet d'une colline, prêt d'une cascade, je m'assis les pieds en tailleur estimant que l'endroit serrait propice à étendre mes sens.
Je parcourais plusieurs kilomètre carré avant d'entrer en contact avec Lucario.
J'avais toujours un malin plaisir à le surprendre. Je le sentis sursauter.
Rapidement, je lui transmettais les images de la journée en accéléré. Je le surpris à verser une larme à la nouvelle que le Lucario d'Icar était mort.
Je lui envoyais aussitôt une onde apaisante qui chassa sa tristesse.
Retrouve Ptéra et rejoignez-nous chez Janna. Nous devons le libérez et sauvez ces otages !
J'interrompais la communication.
Janna avait eu raison. Il fallait que mon pokemon soit proche de moi pour que mes pouvoirs soit à leur pic.
Aussi furtivement que j'en étais parti, j'entrais dans le salon en me glissant pas la fenêtre ouverte.
Je fus frappé par la moquette recouverte d'un tas de cendre. Puis, je sentis la présence des deux pokemons. Ils baissèrent honteusement la tête. Chacun tenait maladroitement un balais. Il avait du passer par la cheminée et de facto avait subi le courroux de Janna !
Je ne comprenais guère pourquoi il n'était pas passé par la fenêtre comme moi. Ces pensées laissèrent place à l'appréhension que j'avais de retrouver mon frère.
Lorsque j'entrais dans sa chambre, je le trouvais allongé dans son lit, le visage plaqué contre son oreiller.
Il fut rassuré que ce soit moi.
- Alors ? Tentais-je.
- Je n'arrive pas à le croire. Pendant toutes ces années, j'ai porté le fardeau seul. J'ai cru que j'étais le dernier d'Isshu alors qu'en faite la personne la plus proche de moi me mentait. Pourquoi ? A deux, nous aurions pu briser le mur.
- C'est exactement pour ça qu'elle n'a rien dit. Non, écoute-moi ! Si tu l'avais su, tu aurais été moins prudent. Le fait que tu penses être le seul t'a contraint à jouer profil bas. C'est grâce à ta mère que tout n'est pas encore perdu. Nous avons l'avantage ! Les Arcaniens ne soupçonnent pas ton existence !
- Mais Icar a dit...
- Icar s'est trompé, le dictateur ne parlait pas de toi, il parlait de Janna.
Son aura brilla intensément me confirmant qu'il avait saisi.
Il y avait encore de l'espoir.
Lucien accepta de mauvaises grâce que sa mère retourne dans sa chambre mais une fois n'est pas coutume, il se laissa faire, devinant que je concoctais un plan.
Si Janna voulait sauver son fils, elle devait se rendre avec Icar auprès des Arcaniens.
Ceux-ci ci relâcherait leur attention, estimant qu'ils nous avaient vaincu. Nous pourrions agir et libérez les otages.
Les arcaniens ne soupçonnaient pas notre existence. Si nous nous rendions, nous pourrions agir de l'intérieur de la prison.
Trois jours Lucien, lui rappelais-je, pas un de plus.
- Comment faire pour Icar ? S'inquiéta mon frère.
Je me tournais vers Janna espérant qu'elle puisse apporter son aide.
- Ne vous inquiétez pas les enfants, je m'en occupe. Sachez que libérez Icar était depuis le départ dans l'intention de votre père, mais il devait se plier aux exigences du conseil. Avant que vous partiez, dîtes lui au revoir et souhaitez lui bonne chance pour conduire notre armée vers la victoire.
- Et toi maman, que vas-tu devenir ?
- Je ne sais pas Lucien. Pardonne les erreurs que j'ai faites, c'étaient pour te protéger. Aujourd'hui, en me livrant, c'est mon peuple que je protège. Promets-moi de ne pas te sentir coupable s'il m'arrivait le pire.
Les adieux furent touchants.
Lucario, Ptéra, prenez soin de mes enfants. Ils sont ce que j'ai de plus chers au monde.
Je la serrai une dernière fois contre moi. Pendant toutes ces années où j'étais sans défense, elle s'était occupé de moi comme ma propre mère. J'aurais à ce moment tout donné pour voir les traits de son visage, la couleur de ses yeux, le ton de sa peau, mémoriser à jamais l'éclat de ses cheveux.
Tout cela je ne le connaitrais jamais.
Aujourd'hui, mon frère n'est plus de ce monde et je regrette de ne pas l'avoir interrogé.
Seule sa voie et la beauté de son aura subsiste dans mes souvenirs.
Le légendaire qui vivait en elle n'était autre que Mew.
En une soirée, nous eûmes une démonstration de ses pouvoirs.
Arrivé devant le jardin, elle hypnotisa nos gardes qui tombèrent dans un profond sommeil.
Lucien les cacha derrière une masse de rocs.
Nous traversâmes sans accros le village.
Lorsque nous atteignîmes la tour de cristal, l'horizon s'était éclairci.
Il fallait accélérer la cadence.
Dans le rythme de l'action, on a pas toujours le temps pour mémoriser tous les détails.
La suite est donc quelque peu confus dans mes souvenirs.
J'escaladais la tour lisse comme du verre.
Arrivé au sommet, je tombais nez à nez avec un veilleur.
Celui-ci sonna aussitôt l'alarme en soufflant dans un cors.
D'un coup de pied, j'envoyais valdinguer son instrument dans le vide.
Il me surprit en me fauchant les pieds.
Je me remis debout pendant que l'homme en avait profité pour rejoindre deux autres veilleurs qui me tenaient en joute avec deux fusilles de chasse.
J'étais coincé !
Soudain, Maurice et Martin apparurent au bout des remparts et se jetèrent sur eux, les maîtrisant rapidement.
- Merci les gars ! Bon timing !
- Icar se trouve au fond du couloir deuxième porte à droite, m'apprit Maurice.
- Tiens, Janna lévite. Je savais pas qu'elle était une spiritueuse ! S'étonna Martin.
Janna venait d'atterrir en douceur avec Lucien devant le couloir.
Elle lança un clin d'œil qui fit rougir les deux garçons et appliqua malicieusement un doigt devant sa bouche.
- Nous promettons de ne révéler rien à personne, 'dame-qui-lévite', promirent les jumeaux à l'unisson.
- Ca suffit avec les surnoms, s'impatienta mon frère.
L'occasion était trop belle.
- Viens, 'colosse de pierre', nous allons libérer le prince de Johto !
Mon frère poussa un soupir excédé.
- Lucien, vous êtes là ?
- On arrive Icar ! Répondis-je.
Je passais la clé dans la serrure. La porte coulissa sans difficulté.
Lucien exposa concisément nos plans.
Icar approuva avec pudeur. Il se tourna vers les jumeaux qui passaient avoir les plus beaux jours de leur vie dès qu'il s'agissaient de ne pas respecter les règles.
Il leur intima de rester ici et de veiller sur notre père.
Janna assura qu'elle pouvait effacer les souvenirs récents des gardes assommés.
Cette tâche accomplie, elle appliqua la paume de sa main contre le front d'Icar lui intimant de ne pas bouger et que cela risquait de picoter un petit peu.
Elle pointa son bras mutilé vers la cellule.
De la fumée s'échappa, se comprima et prit les traits d'Icar.
La manipulation était complexe.
Janna s'imbiba d'un voile rose, signe que cela lui coûtait en énergie et parvint à bout de souffle a créer une copie parfaite d'Icare.
- Il mangera, se lavera, se brossera les dents et aura le même comportement que toi. Il devrait vivre une bonne semaine avant de s'éteindre, sans prendre une seule ride !
Joli travail maman.
J'étais soulagé que Lucien ne lui en veuille plus.
Avant de partir, nous sommes encore passer voir mon père.
Nous nous quittâmes comme si c'était la dernière fois que nous l'apercevions.
Le soir même, nous étions devant le mur d'Acier. Le rendez-vous avec les autorités arcaniennes étaient fixées le lendemain, nous laissant encore une journée pour profiter du calme avant la tempête.