« C'est tellement difficile d'oublier la souffrance, mais c'est tellement plus difficile de se rappeler du bien-être.
Nous n'avons pas de cicatrice à montrer pour le bonheur ressenti.
Nous apprenons si peu de la paix. »
(Chuck Palahniuk)
« J'peux pas m'promener en kimono sublime
Toute la saison »
(Alizée, Seulement pour te plaire)Le jour se leva comme il se levait chaque matin depuis une éternité. L'air était le même, sans cesse renouvelé par les plantes. La terre était la même, bien que peu à peu, imperceptiblement, elle devienne moins fertile et moins propre, s'empourprant de la toxicité que le monde s'échinait à lui infliger.
C'était une simple journée comme les autres. Rien n'était censé arriver aujourd'hui.
***
Wallace Gribble ouvrit les yeux.
C'était aujourd'hui. Il le savait. D'avance, il refusait ce qui allait se passer.
La rentrée des classes.
- Putain, j'suis même pas malade… La tuile…
Il s'habilla plus ou moins, vérifia ses cheveux – comme toujours sensationnels – et prépara les gamelles de ses Pokémon.
Ce faisant, il les sortit un par un. Les créatures s'empressèrent de manger.
- A tout de suite !
Wallace sortit de sa chambre et se dirigea vers le salon, où son père et sa mère l'attendaient.
- Coucou…
- Bonjour mon grand !
- 'lut fiston.
Wallace prit sa petite tasse, son sachet de thé aux épices, ses sucres, et il présenta son thé dans le micro-ondes. Son père le regarda.
- Prêt pour la rentrée ?
- Autant que pour toutes les autres, j'ai bossé d'arrache-pied pendant deux mois, j'ai presque toutes les couleurs de kimono possible et inimaginables…
- J'vois vraiment pas l'intérêt… C'est quoi la différence ?
- Couleur, qualité du tissu, importé ou pas, texture…
- Mouais… En attendant, c'est beaucoup d'argent dépensé pour rien, tu devrais mettre des sous de côté pour plus tard !
- C'est déjà fait… un peu…
- Combien ?
- J'sais pas, mille, mille cinq-cents…
Carl Gribble écarquilla les yeux.
- Seulement mille cinq-cents Pokédollars de côté ?!
- Baaaah…
- Wallace, bon sang, tu crois qu'on va intégralement payer tes études ?!
- Baaaaah y'a déjà mille cinq-cents d'avancés ! sourit Wallace, embarrassé.
- C'est trop peu, bon sang !
- Carl… souffla Margaret.
- Qu'il dépense son argent en fanfreluches, soit, mais qu'il soit un peu responsable, bordel ! Tu as dix-huit ans, Wallace, pense à ton avenir !
Wallace inspira en reprenant son thé réchauffé et en allant se mettre à table.
- Dire qu'à une époque je rêvais qu'on ait des conversations normales dans ce genre-là…
- Félicitations, ton rêve s'est réalisé, maintenant pense à ton avenir ! grommela Carl.
- Oui papaaa… marmonna Wallace, mécontent.
***
Aloysius Grant ouvrit les yeux.
C'était aujourd'hui. Il le savait. D'avance, il refusait ce qui allait se passer.
La rentrée des classes.
- Dépêche-toi…
L'adolescent leva les yeux au ciel.
- J'fais c'que j'peux…
- Tu lambines, ça m'énerve !
Le jeune homme soupira.
- Maman, au moins, elle me fait pas chier pour que je déjeune plus vite…
- Ne me parle pas de ta mère, bon sang de bois…
- Je sais, je sais…
Aloysius vérifia sa valisette. Son fils observait.
- Qu'est-ce que t'as encore ?
- Rien, rien.
- J'sais pas, on dirait que t'as peur qu'il y ait une bombe !
- Mais non… Tu veux bien arrêter de dire des bêtises et finir tes stupides céréales ?!
Le jeune homme leva les yeux au ciel et mangea de nouveau tandis qu'Aloysius avait du mal à dissimuler son anxiété.
***
David Truman ouvrit les yeux.
C'était aujourd'hui. Il le savait. D'avance, il refusait ce qui allait se passer.
La rentrée des classes.
- Firmin, veux-tu bien cesser d'être aussi infernal !
- Je veux rester là à regarder des dessins animés !! Je veux que papa continue de m'entraîner !!
- Qu'est-ce que tu as été faire ça, Denis ?!! grommela David.
- Ca lui servira un jour ! souffla Denis.
- Bah voyons. Perrine, tu es…
Perrine était prête et avait même déjà préparé le sac de Firmin. Firmin s'en étonna.
- Ouais ! Mon sac il est fait !! Cool j'ai pas à le faire !
David et Denis penchèrent la tête. Perrine soupira.
- Faut lui faciliter les choses et ensuite ça glisse tout seul.
Les parents hochèrent la tête. Perrine soupira.
- Mouais. Bon. On y va ?
- Je vous emmène et on aura même le temps de passer à la boulangerie ! sourit Denis.
- C'est ça… Et moi, pendant ce temps, je vais me préparer pour mon service… soupira David.
- J'en connais un qui regrette de retourner au bloc ! sourit Denis.
- Boh, pas plus que d'habitude…
- A tout à l'heure, chéri ! sourit Denis en embrassant son mari.
- Hm… Perrine, Firmin, pas de bêtises.
- A tout à l'heure.
- Salut papaaaa !
David inspira et se rassit à la table, quelque peu déconfit. « Et voilà. Seul, à nouveau. C'était bien quand cette maison était remplie de rires. C'est trop court, l'été… »
***
Amélia Levy ouvrit les yeux.
C'était aujourd'hui. Elle le savait. D'avance, elle refusait ce qui allait se passer.
Mais il allait quand même falloir le faire.
Elle se saisit d'une paire de ciseaux bien coupante.
Et après ça, c'en serait fini.
***
Wallace achevait son thé avec patience.
[Le candidat Truce a déclaré que son adversaire n'était que le pantin de puissances supérieures obscures et l'instrument d'un complot global visant l'hégémonie sur Poképolis. Ce à quoi Holland Tenorman a répondu que c'était, je cite : « L'hôpital qui se foutait de la charité vu que monsieur Truce est issu de la noblesse Poképolite. »]
- Il est marrant, ce petit Spirou.
- Carl, je t'ai déjà dit de ne pas utiliser le surnom que lui donnaient les journalistes, c'est une attitude de mouton.
- Tu me reproches de m'intéresser un peu à la politique ?
- J'ai le sentiment qu'on essaie de rendre cette campagne comique… c'est vraiment désespérant… soupira Margaret.
- Attends, tu dis ça parce que je m'y intéresse ? s'étonna Carl.
- Non, mais avoue qu'avant cette campagne, tu ne t'intéressais pas beaucoup à l'association Pokémon !
- Bah moyennement, quoi.
Wallace inspira.
- Chéri, où est ta sœur ?
- Hein ? Bah… Dans sa chambre, j'suppose.
- Elle ne vient pas déjeuner ? s'étonna Margaret.
- C'est aujourd'hui, la rentrée de la fac, pour elle ? demanda Wallace.
- Il… me semble… songea Carl.
- J'y vais…
Wallace déambula dans le couloir. Il se dirigeait vers la porte de la chambre de sa sœur. Incapable de savoir. Incapable d'anticiper ce qui l'attendait derrière cette porte.
Il ouvrit.
Et écarquilla les yeux.
- Nan…
Il secoua la tête.
- Nan mais tu déconnes ou quoi ?!
Lindsay baissa son casque et regarda son frangin.
- Ma rentrée c'est dans deux heures, j'ai le temps ! Tu le savais en plus !!
- M'maaan ! Lindsay glande !
- T'es vraiment chiant ! grommela la blonde.
- L'an prochain je ferais pareil, j'veux juste te faire chier !
Margaret parut dans le couloir.
- Les enfants…
Wallace ferma la porte de la chambre de sa sœur, pour mieux rejoindre la sienne.
***
- Allez, entre, Gary.
Le fils d'Aloysius Grant prit la place avant, à côté de son père à la place conducteur.
- Tchhh…
- Si ton boulot te fait autant chier que ça, t'as qu'à trouver quelque chose de mieux… souffla l'adolescent.
- Tu veux bien… Je sais pas, la fermer un peu ?!
Gary regarda son père, stupéfait. Aloysius soupira.
- J'en mate des plus durs que toi à l'école. Et je parle que des profs, hein.
Gary soupira, puis frémit lorsqu'une figure se dévoila sur le siège arrière.
- Putain, papa !!
- Que…
Tara Yokas se hâta de coller un flingue contre la tempe d'Aloysius Grant, proviseur de l'école d'Ogoesse.
- Bonjour. Vous avez du temps ? Discutons !
***
On sonna. David plissa les yeux.
- Mais qui ça peut être à cette heure-ci ?!
Il se leva, étonné et prit la poignée de la porte. Sans se douter l'espace d'un instant de qui se trouvait derrière.
***
Amélia se coupa les cheveux de sorte à se faire une coupe courte. Ses cheveux ne tombaient même plus sur ses épaules, on aurait presque dit un garçon.
***
David découvrit Malcolm derrière la porte. Le médecin était quelque peu surpris.
- Hey ! J'peux entrer ?
***
Gary était recroquevillé, mort de trouille, alors que son père se faisait menacer d'une arme par une inconnue dans leur voiture.
- Vous n'oublierez pas, bien sûr, notre petit mail avec les codes d'accès de l'école que vous nous avez promis lorsque Justin Truce vous a délivré ce petit chèque le jour de la conférence de première année ?
- Nan, nan, nan, je n'oublierai pas !
- Papa, putain !!
- Bien. Ce serait regrettable de salir une si jolie voiture et d'éclabousser un si gentil garçon. A plus tard, alors !
Tara sortit de la voiture, sortit Brutapode et s'échappa. Aloysius respira puissamment et regarda son fils.
- Tu as raison, je dois changer de boulot !
- Putain mais grave !! C'était QUOI, cette meuf ???
***
Wallace se figea à peine la porte de sa chambre ouverte. La scène qui s'y déroulait n'était assurément pas habituelle.
Chartor était rentré dans sa coquille, apeuré.
Pandespiègle s'était réfugié sous un meuble. Tiplouf était caché derrière un rideau, affolé.
Canarticho courait partout en criant et en agitant ses ailes.
Et Manternel.
Manternel regardait Wallace en souriant pendant que du sang violet coulait de sa bouche. Wallace regarda son Pokémon droit dans ses yeux. Les feuilles de Manternel tremblotaient. La créature s'effondra, inerte.
- N… N… MA-M-MA-MA-MA-MAMAAAAAAN !!!
Margaret arriva dans l'encadrement de la porte, suivie par Lindsay puis par Carl.
- Quoi ? Quoi ? Oh mon…
- C'est quoi c'te merde ?! Putain !
- Han…
Wallace se précipita sur son Pokémon.
- String ! String !! Putain ! Mais qu'est-ce qu'elle a ?!! Maman ?!!
- Il faut qu'on l'emmène à l'hôpital, Carl, va préparer la voiture !
- Mais j'ai rien fait !! J'ai rien fait j'leur ai juste donné leur nourriture habituelle, maman, qu'est-ce qui s'est passé ?!!
- On n'en sait rien, mon chéri, il va falloir être fort ! Lindsay, rassemble les papiers, Wallace, prends ta carte dresseur. Ca va aller Wallace, d'accord ?
Wallace était en larmes, complètement dépassé. Les autres Pokémon n'étaient pas dans un meilleur état. Wallace les regarda.
- MAIS PUTAIN ARRETEZ DE FAIRE LES CONS, VOUS VOYEZ PAS QU'ELLE EST EN TRAIN DE CREVER ???
- Calme-toi ! Ils ont peur ! C'est une réaction normale ! Aide-moi à la porter !
- Han non… Han non…
- Lindsay !
La sœur de Wallace, pétrifiée, s'avança et saisit Manternel par les bras. Elle la lâcha aussitôt.
- Maman, elle est toute froide !
- Lindsay !! cria Margaret, sévère.
La pom-pom girl s'exécuta. Wallace les aida à porter le Pokémon au dehors et à la charger dans la voiture.
- Lindsay, tu montes à l'avant, je reste à l'arrière avec elle !
- Mes Pokémon… geignit Wallace.
- Ils iront bien. Tu as leurs Pokéballs et ta carte dresseur ? demanda Margaret.
- Oui, oui oui, oui…
- Carl, fonce !
Lindsay ferma sa porte et Carl chargea en direction de l'hôpital. Wallace regarda Manternel qui le fixait, inerte, du sang plein la bouche.
- Ca va aller, String, ça va aller, j'te promets que ça va aller…
Wallace ne pouvait pas cesser de pleurer. Margaret lui prit la main. Lindsay était complètement affolée.
- Et si on nous avait vu transporter ce truc ? On va être accusés de meurtre ?!
- Lindsay, garde ton sang-froid, un Pokémon malade, c'est quelque chose qui arrive à tout le monde ! assura Margaret.
- Putain, c'est où déjà l'hôpital… grommela Carl. Là !!
Carl tourna brutalement. Margaret se cramponna. Wallace commençait à devenir fou.
- Ficelle, ma petite Ficelle, ça va aller, t'inquiète pas…
- Bordel de dieu, elle va pas nous claquer entre les pattes… souffla Carl en s'arrêtant prêt de l'entrée.
Margaret ouvrit la porte et sortit en trainant les pattes de Manternel.
- Allez, Wallace !
- Gnnn…
- Reprends-toi, si tu lâches maintenant, là ce sera vraiment fini !
Wallace hocha la tête et il soutint le crâne de son Pokémon.
- Elle est toute froide ! Elle est toute froide, maman !!
- Chut, Wallace, ça ne veut rien dire !
Carl alla garer la voiture. Lindsay suivait le cortège, complètement stupéfaite. Elle regardait autour d'elle. Tout le monde les regardait comme s'ils étaient des animaux. Des animaux hystériques échappés d'un zoo puant. Et l'air de la liberté les rendait fou-furieux.
Une fois à l'intérieur, même vélo.
- AU SECOURS !
- Qu'est-ce qui se passe ? souffla la réceptionniste.
- C'est une urgence ! souffla Margaret.
- Pour les urgences, madame, c'est la porte là-bas, pas celle-ci !
- ON T'A DIT QUE C'ETAIT UNE URGENCE PUTAIN !!! EST-CE QU'IL Y A UN VRAI MEDECIN ICI OU EST-CE QU'ON DOIT SE TAPER LA VIEILLE CONNE EN CDD ???
- Sécurité !
- Non, non ! Le Pokémon de mon fils est dans un état grave ! cria Margaret.
Un groupe d'infirmiers accourut.
- On la prend en charge, c'est bon !
- Qu'est-ce qu'on a ?
- Individu femelle, de type Insecte et Plante et de groupe Insectoïde. Ecoulement sanguin buccal. Aucune contusion ni trace de coup. Regard alerte, muscles faciaux actifs.
Wallace regarda son Pokémon partir. Dans une forme d'agitation nerveuse, elle tendit un bras vers lui.
- Ficelle…
- Ca va aller, Wallace, souffla Margaret, épuisée. Ils vont s'occuper de lui, tu n'as plus qu'à attendre.
- Mamaaan… sanglota Wallace.
Margaret prit son fils contre elle.
- Tu ne peux plus rien faire d'autre qu'attendre, mon chéri…
- Nnnnn… J'sais même pas ce qui s'est passé…
- On verra, mon grand…
- Et si elle avait avalé un truc dans ma chambre !! Putain ! Je l'ai tuée !
- Calme-toi, Wallace ! Calme-toi !
Wallace hocha la tête, en état de choc. Margaret le porta à moitié jusqu'à une salle d'attente. Lindsay, qui suivait le pas à moitié, décida d'aller acheter quelque chose, complètement submergée par les émotions des autres.
***
Malcolm sirotait son thé. David avait été obligé de prévenir le boulot qu'il serait en retard.
- Claire et les enfants sont allés rassurer Léopold et Charlie… qui doivent avoir fait une attaque à l'heure actuelle… Donc, où en étais-je… Oui ! Donc il y a environ deux ans, Roland est venu, l'air de dire « Hey, vous êtes méga en danger, faut vous cacher, tout ça »… Ce que du coup, on a fait. Ensuite, certains évènements ont eu lieu, je peux pas trop tout te raconter…
- Si, raconte !!
Malcolm regarda David qui semblait las.
- J'en ai marre d'être exclu des confidences, c'est fini tout ça, on arrête ! Roland vous a cachés, ok, pour vous protéger de qui ?
- De Justin Truce.
David écarquilla les yeux.
- J… Le Justin Truce ? Celui qui… la présidence… lui ?
- Il a déjà tué pas mal de gens – du moins fait tuer, puisqu'apparemment il se salit très rarement les mains – et il a très probablement tué ou blessé grièvement Ulrich Trafalgar, c'est encore très incertain. Roland a parlé par codes pendant un bout de temps pour sécuriser ses communications, il y a eu une période assez difficile…
David sembla comprendre des tas de choses.
- P… Roland a dégommé six Pokémon légendaires, c'est quoi le souci avec ce Truce ?
- Roland m'en avait vaguement parlé… Disons qu'il a un Jirachi qui est littéralement immunisé contre les Pokémon ayant subi des expérimentations. Contre les Pokémon altérés, si tu préfères.
- Comme mon Corayon…
- Voilà. Du coup… Grosse trouille côté Roland…
- Roland a eu la trouille… souffla David, peiné.
Malcolm regarda David.
- Ok… Euh… Dave, Roland est une toute autre personne, d'accord ? Ce n'est plus le frère que tu as connu. Le pouvoir l'a grisé, son entourage est différent, pendant cinq ans il n'a quasiment fait que travailler… Quand il est venu nous voir avec Claire… On le voyait régulièrement à la télévision, mais disons que… Ton frère a un peu plus de trente-cinq ans maintenant, et il en fait bien quarante-cinq physiquement et soixante mentalement. Le pouvoir a endurci son mental, ça m'étonnerait qu'il soit dans l'état d'esprit où tu l'as connu.
David se mordilla les lèvres, se souvenant de leur enfance.
- Il a aussi protégé Rachel de ce malfrat.
- … alors il l'a revue…
- Oui, et c'est un peu ce qui nous a encouragés à suivre Roland dans sa démarche. « Si Rachel l'a suivi, on ne voit pas pourquoi on ne ferait pas la même chose ». Elle a quand même plus de raisons de lui en vouloir que nous, tu vois.
- Oui…
- Je ne peux évidemment pas te dire où elle est cachée, mais elle va bien.
- Hm… Grâce à Roland…
Malcolm ferma les yeux et soupira.
- David, il va falloir que je clarifie quelque chose tout de suite.
David regarda Malcolm avec sérieux.
- Malgré ce qu'il a fait pour nous, je… J'hésiterai vraiment avant de qualifier Roland de « gentil » ou même de « méchant » dans cette histoire. De même pour Truce. Même s'il a essayé de nous tuer. Il y a des intérêts dans cette affaire qui dépassent cette notion de bien et de mal.
David pencha la tête. Malcolm soupira.
- Disons qu'ils sont aussi butés l'un que l'autre et que ça va forcément mal finir, et que leurs raisons respectives ne tiennent pas à la morale commune…
David inspira. Malcolm hocha la tête.
- Roland veut juste faire chier Truce, et Truce veut juste avoir le dernier mot.
David plissa les yeux.
- Je… je voulais plutôt des précisions !
- Roland… pfff qui sait ce que veut Roland… Et l'autre, ça semble être une question de pouvoir… Je t'avouerai que j'en sais pas grand-chose.
David acquiesça.
- Mais euh… Pourquoi vous sortez maintenant ? De votre cachette ?
- Roland a dit qu'on pouvait.
- … C'est… Je sais pas, ça a l'air complètement idiot…
- Roland a la situation en main, ne t'en fais pas.
David hocha la tête.
- Et… moi, Denis, Firmin et Perrine, pourquoi il ne nous a pas cachés ? Kate, Lily, Colin… Pourquoi pas nous ? Pourquoi vous et les parents ?
Malcolm haussa les épaules. David soupira. Son bipper se mit à sonner.
- Une urgence ?
- … euh… Probablement…
- Je vais peut-être te laisser alors…
- N… Non ! Où est Roland ?
- Je ne peux pas te le dire.
- … M… C'est mon frère quand même ! Malcolm !!
- C'est pour ton bien, David, moins tu auras d'informations, mieux tu seras protégé !
David soupira.
- Euh… Est-ce qu'il compte… Essayer de nous revoir ? Je veux dire… Revenir à la vie normale ?! Pas avec Rachel, hein, c'est pas ça que je veux dire…
- Tu régresses, ma parole ! sourit Malcolm. J'ai l'impression de te revoir étant enfant !
David grimaça. Malcolm se leva.
- Merci pour ton accueil.
- … Est-ce que… est-ce que ça va vraiment mal finir entre Roland et Justin Truce ? Est-ce qu'on peut… au moins essayer d'aider Roland ?
Malcolm inspira.
- Pour te répondre… Oui, sûrement, et… Tu ne peux pas aider Roland. Et tu ne dois pas essayer. Tu as des enfants, David.
David acquiesça.
- Je sais… E… Et si je quittai tout ? Pour aider Roland ! Je quitte Denis et je le rejoins et…
- David, arrête de dire des sottises. Continue de vivre normalement. Viendra le moment où tu sauras quoi faire. Promis.
David plissa les yeux.
- Tu sais des choses, hein ?! Tu sais qu'il va se passer quelque chose !
- Non, mais je connais Roland, et je sais que tu ne resteras pas bien longtemps inconscient de ce qui se passe.
David baissa la tête. Malcolm se dirigea vers la sortie.
- Oh, et…
David releva la tête. Malcolm inspira.
- Il ne m'a pas dit que je n'avais pas le droit de te dire ça, donc je vais le faire, mais je pense qu'il serait furieux…
Malcolm regarda David.
- Il a gardé ta lettre. Celle que tu lui as envoyée.
David écarquilla les yeux.
- La…
Malcolm hocha la tête. David se rassit, sonné.
- Bon courage, David. L'attente ne sera plus très longue. Tu sauras tout, promis.
David hocha la tête, terrassé par cette dernière nouvelle. Le bipper se remit à geindre.
- Tu devrais regarder ce que c'est…
Malcolm sortit, aussi énigmatique qu'il était venu.
David resta un moment sous le choc, puis il se décida enfin à regarder pourquoi on le bipait.
***
Wallace, Margaret, Lindsay et Carl étaient alignés dans la salle d'attente. Une vieille dame attendait également, tout comme une bande de gamins.
- Mon pauvre Caninos… J'espère que ça va aller…
Wallace n'écoutait pas, trop occupé à stresser pour Manternel.
- J'espère qu'on l'a pas tué…
- Mais arrête, c'était qu'un accident !!
- On pouvait pas savoir que l'étagère lui tomberait dessus ! Il va s'en sortir, ton Chacripan !
Wallace regardait vers le sol, dans l'attente inexorable. Ainsi, il ne vit pas David arriver et traverser le couloir comme une flèche.
Par contre, Lindsay, oui.
- Eh mais c'est pas…
Carl lui couvrit la bouche de sa main. Margaret et Wallace regardèrent le manège.
- Quoi ? Quoi ?! geignit Wallace.
- Rien du tout. Ta sœur a vu sa star préférée sur un magazine, c'est tout ! grommela Carl.
Lindsay regarda son père qui secoua la tête vivement. Margaret tapota l'épaule de Wallace.
- Prends ton mal en patience, mon chéri, on aura bientôt des nouvelles, j'en suis sûre.
Et David…
- Qu'est-ce qu'on a ?
- Un Caninos qui a avalé les médicaments de sa maîtresse, un Chacripan qui s'est pris une étagère de bibelots dessus et… La raison pour laquelle on vous a bipé, c'est ce Manternel qui… On ne sait pas pourquoi, s'est mis à cracher du sang et à défaillir.
David plissa les yeux.
- Un Manternel ?
- Oui…
- Celui d'Artie ?
- N… Non, monsieur, il appartient à un certain… Gribble.
David serra les dents.
- Bon… Euh… Je… suppose que je dois le voir.
- Oui…
- La toxicologie ?
- Négative en tout, le Pokémon n'avait même pas mangé.
- Pas d'autres pertes que buccales ?
- Non.
- Réseau foliaire ?
Le résident serra les dents, un peu paniqué.
- Quasi inactif.
David leva les yeux au ciel.
- Et merde.
- Vous… savez ce que c'est ?
- On a trois solutions, en fait.
Le résident hocha la tête.
- La première, c'est une attaque dégénérative nerveuse. Ça se traite avec des décontractants cérébraux, le Pokémon perd bon nombre de ses facultés, mais il vit.
- Ca… le laisse plus ou moins incapable d'attaquer…
- Mais il vit. La deuxième solution, c'est une infestation.
Le médecin serra les dents.
- Il est infesté de micro-parasites qu'il aurait attrapé dans la nature ou au cours d'un combat et qu'il n'aurait pas su éliminer par lui-même pour diverses raisons. métaboliques Dans ce cas il faut localiser les parties infectées et… les amputer.
- La… troisième, docteur Truman ?
David soupira.
- C'est… génétique… Le Pokémon en question est le Pokémon académique du dresseur. Les Pokémon académiques ne sont pas checkés sur les maladies récessives… Et… Si c'est le cas, alors c'est un syndrome de Paraise.
Le résident baissa les yeux.
- La victime se fige peu à peu et devient complètement inerte, incapable de se nourrir, tout diminue à une vitesse folle et… le Pokémon s'éteint sans crier gare, un jour de sa vie, ça peut être au lendemain de sa naissance comme à un âge avancé… Quel âge a ce Manternel ?
- Neuf ans, docteur.
David souffla.
- Bon sang… On a vu des cas aller jusqu'à trente sans souci…
- Comment on diagnostique ?
- Dans les trois cas, une analyse sanguine suffit, mais vous l'analysez comme du sang humain.
Le résident s'étonna.
- Si vous percevez des signes de grossesse, c'est l'infestation, si vous percevez une faiblesse globale de tous les globules, c'est l'attaque dégénérative, et vous repèrerez le syndrome de Paraise si le taux de fer est à zéro.
Le résident s'étonna.
- C'est une méthode de test expérimentale mais qui a déjà fait ses preuves. Allez-y, et… trouvez-moi Hemming pour annoncer la nouvelle au dresseur… ça va être dur.
- Le docteur Hemming ?!
- Oui ce sera la seule à en être capable.
- Bon… mais pourquoi pas vous ?
- Je connais le dresseur du patient.
Le résident hocha gravement la tête.
- Vous ne pouvez pas vous impliquer…
- Pas de trop près en tout cas. Mais je vais faire ce que je peux.
***
Wallace était assis dans la salle d'attente, toujours à attendre. La vieille dame l'observait.
- Vous êtes du coin ?
Wallace regarda la vieille dame, n'ayant absolument pas envie de causer. Margaret répondit à sa place.
- Oui, nous vivons Allée Feuillajou.
- Ooooh. C'est splendide, l'Allée Feuillajou ! Il y a cet adorable petit parc, et ce merveilleux café latin ! Vous en avez de la chance !
- Merci…
- Et pourquoi vous êtes là ?
Wallace inspira, ce qui effraya ses parents ainsi que sa sœur.
- On est là parce que nos Pokémon pètent tous la forme, alors on s'est dit qu'une petite sortie en famille ne nous ferait pas de mal, hein, c'est génial d'aller à l'hosto quand tout va bien, comme ça on peut parler « Petit Parc » et « Adorable Café Latin » pendant que nos chers petits Pokémon ne sont pas DU TOUT en train de crever sur la table d'opération… Nan mais bon dieu de merde, vous avez rien de mieux à foutre que de demander pourquoi on est là ? C'est un putain d'hôpital, pas votre foutu salon de thé Allée Feuillajou !
La vieille dame balbutia.
- Wallace ! souffla Margaret.
- N… Non mais… calmez-le, enfin !
- Iiiiil a un peu raison… souffla Carl.
- Pardon ?!
- Bah il a raison, c'est pas une question à poser ! souffla le père de Wallace.
- Mais je voulais simplement faire la conversation, pour parler un peu ! geignit la vieille dame.
Carl souffla.
- Bah dans ce cas-là, il a encore plus raison : Allez dans un café !
- Carl, enfin !! grommela Margaret.
- Inutile d'être malpoli… protesta la vieille.
- Excusez-nous, la situation est un peu tendue… souffla Margaret.
- Et moi qui vous prenait pour des gens bien, comme quoi l'habit ne…
- La FERME !
Margaret, Wallace et Carl se tournèrent vers Lindsay. La jeune fille était furieuse. Les gamins au fond de la salle s'étaient couverts tant Lindsay avait crié.
- Juste… Arrêtez de parler ! Ok ? Fermez-la !
La vieille dame se recroquevilla et regarda par terre. Wallace inspira en se frictionnant le visage.
- Si seulement on pouvait venir et nous dire que c'était une blague… Qu'elle a juste eu un petit malaise, que tout va bien en fait…
- Ce serait bien, mais il faut te préparer au pire aussi, mon grand… souffla Margaret. Ça va être dur mais on sera là, je te le promets.
- Ouais… ouais… souffla Carl, appréhendant un peu cette idée, pas très à l'aise.
Wallace leva la tête, toujours dans l'attente.
- Madame Prédeaux ?
- Oui… ?
La vieille dame se leva en voyant le résident devant la porte.
- Venez avec moi, s'il vous plait…
Wallace regarda partir la vieille en soupirant. La famille releva la tête en entendant la pauvre femme sangloter.
- Non… Caninos… Non… Oh non !!
Wallace souffla. « Bien fait. Y'a une justice. »
- Mais il avait simplement mis le nez dans mon sac…
- Les médicaments, madame… des opiacés…
- Oh mon Dieu, pourquoi… Ooooh…
Wallace grimaça. « Elle l'a pas fait exprès… »
Une infirmière ramena un Chacripan en bonne santé.
- Lequel d'entre vous est le dresseur de ce Pokémon ?
- Euh…
- Bah…
- Moi, madame…
- J'hésite à appeler l'Autorité de Surveillance, jeune homme. Comment avez-vous pu laisser une étagère s'effondrer sur ce pauvre Pokémon ?
- On l'a pas fait exprès !
- On voulait attraper un jouet qui était coincé entre deux vases !
- On pensait pas que l'étagère tomberait ou même qu'il serait en dessous…
- Je ne veux rien savoir ! Vous n'avez pas intérêt à le blesser à nouveau, sinon c'est les autorités !
- Oui madame…
- Pardon…
- Chacripan !! geignit le jeune homme en caressant son Pokémon.
Wallace plissa les yeux. « Mon cul, ouais, y'a pas de justice… Ces gamins blessent un Pokémon, il survit… la vieille se contente de laisser trainer son sac, son Pokémon meurt… aucune justice… »
Wallace plissa les yeux. « En matière de vie et de mort, il n'y a pas de justice… C'est la vie ou la mort, un point c'est tout… »
***
David alla voir le Pokémon en question. Percluse de tubes, la créature regarda David en souriant. Le médecin inspira. « Bon sang… Bon sang… J'ai vu ce Pokémon se battre, c'est le Pokémon du jeune homme qui garde mon fils… Bon sang… »
Il examina les membres. Aucun signe d'infestation. Il regarda les yeux. Aucun signe de trouble nerveux non plus. Il se mordilla les lèvres et se retint de pleurer. « Tu as subi un entrainement pour ça. Tu ne dois pas. Tu ne dois pas trahir la moindre émotion. Va t'occuper des autres patients. Celui-là n'est pas en ton pouvoir. »
Manternel poussa une sorte de soupir. David hocha la tête.
- Je suis désolé. Je ne peux pas te sauver. Je vais faire tout ce que je peux pour que… Pour que Wallace puisse te dire au revoir.
En entendant le nom de son dresseur, le Pokémon poussa un autre soupir.
- Mais tu ne sortiras pas de cet hôpital sur tes deux pattes. Je suis absolument désolé.
Manternel regarda David, le visage toujours figé dans ce sourire macabre, les yeux fixes également, la bouche couverte de sang séchée. David caressa le visage de l'insecte.
- Pardonne-moi. Pardonne-moi de te laisser, de ne pas faire face, mais… Je ne peux pas. Avant, je me disais « Et si tu devais soigner le Pokémon d'un membre de ta famille ? » Et je me disais… Nan, pas possible, tu pourras pas. Eh bah là… Là c'est pareil. Je connais ce garçon et… je ne peux pas assumer cette charge…
David inspira et regarda dans le vide. « C'était pareil pour Roland… Il ne pouvait pas assumer sa défaite devant moi, Lily, Charlie et les autres. Il ne pouvait pas admettre sa faiblesse. On est vraiment frères, après tout… »
- Docteur Truman…
David leva la tête vers le résident.
- On a le résultat… Et j'ai prévenu le docteur Hemming.
David hocha la tête.
***
Life and Death – Michael GiacchinoCe matin-là, Francis Zuckerman était au premier rang dans la file devant la salle d'histoire. Il n'avait pas trop changé, mais il semblait soucieux. Quinn Greyson était derrière lui. Elle avait fait une couleur, ses cheveux semblaient un peu plus châtains clairs, à présent. Elle plaisantait avec Lucy Tien, toujours pareille, peut-être un tout petit peu plus grande, ou peut-être était-ce les talons.
Juste derrière, Mike Denton restait le même, aux côtés de Rebecca Gates qui s'était fait un joli chignon pour la rentrée. Steven Weldon, derrière eux, semblait songeur, les pensées occupées par des tas de choses sans lien avec l'école. Près de lui, James Pitterson tirait une tête d'enterrement.
Violette les suivait, mais pas avec Santana Lan. Seule. Comme si c'était son désir, aujourd'hui. Encore derrière elle, Andréa Hunter, toujours la même. Et Clive Barker, toujours le même.
Encore après, c'était Tino Ketts, cette fois, quelque peu embarrassé, qui subissait les marmonnements de Christina Rockwell, à ses côtés, qui semblait lui faire mille reproches. Derrière, Benjamin Ratsone et Orson Bertelin n'avaient pas changé, mais ils semblaient inquiets pour leur camarade. Encore derrière, Tristan Edison cherchait quelqu'un des yeux, mais il ne le trouvait pas, et son visage se verdit de sollicitude, un sentiment qui ne le quitterait plus de la journée.
Tandis que Gina Crawford et Lilian Grimes semblaient toujours filer la parfaite entente, Léon Grimes et Holly Williams se racontaient leurs vacances comme deux adolescents normaux. Ensuite figuraient Perrine Truman et Robbie Mayer qui se tenaient la main en observant du coin de l'œil Naomi Kingsley et Walter Ludges qui ne se tenaient pas la main.
Achevant le défilé, Fey Hope et Ana Sevreska. La première était fermée, la seconde quelque peu inquiète pour sa camarade.
Amélia Levy arriva la dernière avec ses cheveux blonds et courts qui la rendaient méconnaissable. Armée de son éternel débardeur blanc surmonté d'une veste beige, surplombant un jean de marque, elle se contenta de rester là, à fixer le mur d'en face.
***
La vieille dame entra dans la salle d'attente. Elle demanda à Wallace de se lever et de la suivre. Dans le couloir, le docteur Hemming lui expliqua les faits, les résultats des analyses, le déroulement de l'anamnèse et du diagnostic comme si elle les avait menés elle-même, ne faisant là que mimer les propos d'un autre confrère. Wallace s'effondra complètement, terrassé sous le poids de l'émotion, appréhendant avec douleur la vie sans son tout premier Pokémon. Margaret lui tenait la main avec énergie, voulant soutenir son enfant dans cette épreuve. Wallace passa par des questions, tentant de soulever un espoir quelconque, mais la doctoresse savait ce qu'elle faisait, qu'elle ne devait rien lâcher. Wallace secoua la tête. Elle eut beau se faire aussi empathique qu'elle le pouvait, la vieille savante ne fut d'aucun recours face au chagrin du jeune homme. Son père secoua la tête, abattu. Sa sœur compatissait, attristée.
Il y eut un regain d'énergie lorsqu'elle proposa d'aller le voir. Wallace se mut, mené par le dernier fil d'espoir. Il suivit le docteur, complètement galvanisé mais sans rien perdre de son chagrin. Là. Le Pokémon. Allongé. Inerte. Wallace secoua la tête. La créature émit un bref soupir. Son dresseur s'en rapprocha. Il vit le regard, le sourire, cette expression surréaliste.
Alors, au moment où il saisit la froide feuille, constituante d'un bras auparavant armé des efforts et du talent de son maître, Wallace Robin Gribble se souvint du petit Larveyette qu'il avait recueilli sous couvert de l'académie de Ville Griotte. Il se rappela des efforts qu'il avait dû faire pour le faire évoluer en Couverdure, du soutien que le Pokémon avait été tout au long des étapes de sa vie. Il se rappela des nuits passées avec la petite chenille blottie contre lui, des sourires accordés après une longue session d'entrainement, de l'évolution et de ses petits tracas, du changement progressif d'apparence, de la croissance, de ce doux chemin qu'on appelle la vie, chemin partagé par son maître.
Et tout d'un coup, là, plus rien. Un immense gâchis, un immense sentiment de vide et d'échec, de fatalité, aussi. Essayer de vivre et échouer lamentablement.
Wallace resta figé aux côtés du lit, dans la lumière imparfaite de la chambre, sans frémir lorsque retentit longuement la sonnerie, le glas, le long sifflement aigu de la machine. Et toujours ces mêmes yeux, ce même sourire. Ce même vide.