Sur le moment, je dois le confesser, car après tout je ne suis pas (toujours) infaillible, sur le moment, je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire.
Autant j'étais persuadé que ma colère et ma rage étaient légitimes, autant je me demandais ce que je faisais là, dans cette voiture, sur cette route. La radio crachait de la musique incompréhensible, le moteur faisait un bruit de bourdonnement idiot, et moi j'étais là, couvert de larmes séchées, de sueur, fou de rage, en partance pour…
Pour où, au fait ?
Déjà, mon cerveau supérieur faisait l'inventaire de ce dont j'allais avoir besoin.
L'argent. J'ai conservé un compte personnel. J'ai dissimulé de l'argent à l'insu de Rachel et ce depuis le début de notre mariage. Je n'ai jamais eu confiance en sa gestion des finances. Je n'ai jamais eu confiance en personne, d'ailleurs. En personne d'autre que moi. Cela, je le savais depuis ma naissance, allait me sauver la vie un jour. Ce jour est arrivé. Mon incroyable intelligence et mon édifiante capacité d'anticipation allaient me préserver, moi.
Moi est le seul être infaillible qui ne me trahira jamais.
Le logis. Je peux dormir à l'hôtel, c'est une formalité. J'ai suffisamment d'espèces pour régler le paiement sans me faire repérer par un de ces nuisibles qui essaierait de me sortir un beau discours à la con pour me faire revenir.
Comment elle a pu me faire ça…
Oh et j'oubliais. Le leitmotiv…
Quoi faire ? Où puis-je diriger ma vie ? Je peux faire ce que je veux, je n'ai plus ni femme, ni enfants, ni amis, ni famille à qui rendre des comptes.
Les combats clandestins c'était quand même vachement génial.
Et ce tournoi sur l'île de N, ça m'avait bien grisé.
Si ma vie pouvait rester comme ça…
Eh…
C'est ça…
Voilà la vie que je vais mener maintenant !
***
Le lendemain, après une préparation tant matérielle que psychologique, je me rendais à l'aéroport de Lavandia. J'avais décidé de ne pas me raser pour le moment. Je ne voulais pas avoir l'air trop propre ou trop sage, je n'étais ni l'un ni l'autre.
- Un aller simple pour New York.
Le type assez jeune prit mon argent, tapa sur l'ordinateur.
- Un vol dans vingt minutes. Vous avez des bagages à faire enregistrer ?
- Juste un sac à dos.
- Très bien. Porte d'embarquement 16.
Je me dirigeais vers cette fameuse porte. Une petite file, quelques touristes. L'espace d'un instant, j'eus une pensée pour tout ce que j'allais quitter.
C'est exact, je ne pensais à rien du tout.
Je me retournai pour regarder les gens qui attendaient, non pas que j'en aie quelque chose à foutre, et là je vis quelque chose de presque touchant.
C'était une vieille dame aux cheveux blonds grisés par l'âge, elle portait une robe rouge ridiculement trop belle pour son âge. Son visage auparavant bienveillant était creusé de rides et de soucis. Elle était accompagnée d'un grand escogriffe tout aussi âgé, l'air inquiet, la mine déconfite. Des lunettes trop petites sur son nez et donc une façon de regarder autour significative.
Je me tournai et décidai d'être le plus discret possible. Il ne fallait surtout pas que mes géniteurs, qui avaient eu l'intelligence, probablement avec la complicité du reste de la bande, de scruter les aéroports de la région, me repèrent. Mon camouflage alla jusqu'à changer ma posture pour ne pas être reconnu à mon dos remarquablement droit.
Je n'allais quand même pas me battre dans un aéroport. Ça aurait fait du grabuge. Ma fuite aurait été un bel échec.
C'était hors de question. Pour une fois que j'avais le contrôle de ma vie, je n'allais pas le laisser m'échapper.
Ce n'est que quand j'entrais dans le couloir qu'ils eurent la présence d'esprit de regarder vers la porte d'embarquement 16.
Les crétins…
***
Malgré mes nombreuses protestations internes, je ne fus pas isolé dans une cabine, tout seul, on se doute donc que j'ai pris l'avion comme le commun des mortels, avec la plèbe.
J'aurais pu être à côté d'une grosse dame en sueur, d'une famille nombreuse, d'un type qui n'aurait fait que jacter pendant huit heures, d'un huissier de justice badinant sur ses contrôles fiscaux dévastateurs (c'eut été follement distrayant cependant), d'une grosse dame noire trop maquillée... Mais alors que j'avais judicieusement choisi la place près du hublot, on plaça un homme à côté de moi…
Un homme aux cheveux roux qui plus est. Karma, je te hais.
- Bonjour, Holland Tenorman, je suis… désolé que nous voyagions ensemble !
- Vous ne pouvez pas savoir à quel point…
Quelqu'un fit irruption dans l'avion. Evidemment, je me doutais de qui cela pouvait être. On ne les voyait pas mais on les entendait, et évidemment je reconnaissais les voix…
- Vous devez nous laisser aller voir les passagers !
- Monsieur, c'est impossible, vous ne devriez même pas être là !
- Etienne, viens, ça n'est pas légal, on trouvera un autre moyen !
- Il se peut que mon fils soit ici ! ROLAND !
Et merde… Mon stupide voisin de siège, curieux, regarda vers la porte.
- ROLAND ! Laissez-moi passer !
- Monsieur c'est impossible !
- Nous avons vu les listes, je suis Etienne Smirnoff, mon fils Roland est ici !
- Vous avez vu les quoi ? J'appelle la sécurité !
Petit blanc. Et voilà que mon père arrive dans l'avion…
- ROLAND ! Roland tu dois revenir, bon sang mais qu'est-ce que tu fais !
- Etienne, arrête !
- ROLAND BON SANG !
Je ne regardais même pas. C'était hors de question. Hors de question que je prête attention à ce fieffé lâche qui venait juste me dire de vivre la vie qu'il avait menée, dans le mensonge et le déni.
- Tout peut s'arranger, Roland ! C'est inutile que tu t'enfuies comme ça !!
- On dirait qu'il regarde par ici… marmonna mon stupide voisin.
La sécurité emmena Etienne Smirnoff hors de l'avion.
- Lâchez-moi ! C'est mon fils enfin !!!
Une fois l'incident calmé, je poussais un gros soupir de soulagement. Mon stupide voisin me regarda.
- Vous… ne m'avez pas donné votre nom ?
- Oui, et j'aurais dû en donner un faux à la réception…
Mon stupide voisin haussa les sourcils puis ouvrit la bouche, hébété.
- C'est vous qu'ils…
- Vous voulez qu'on décolle ? Fermez-là.
- C'étaient vos parents, vous êtes le fils d'Etienne…
- Vous voulez vivre ? Fermez-là.
Le rouquin ne moufta pas de tout le voyage. Par chance, j'étais près du hublot. Cela me permit de ne plus penser à rien.
***
L'hôtesse de l'air me réveilla avant l'atterrissage. Il y eut un contrecoup dérangeant au fait de m'être endormi dans l'avion : A mon réveil, j'étais profondément désorienté. J'aurais dû dormir la nuit avant au lieu de tourner en rond dans la chambre d'hôtel en vidant le minibar. Et en plus j'avais un mal de crâne atroce.
- Vous avez bu, monsieur ?
- Vous servez de l'alcool sur ce vol ?
- Oui…
- Alors j'ai probablement bu dans mon sommeil !
Je me relevais, laissant cette pintade s'en aller. Mon stupide voisin me regarda.
- Vous avez dormi pendant tout le vol !
Capitaine Constate à la rescousse…
Je poussais un gros soupir. L'avantage avec les gens que vous ne connaissez pas, quand vous n'en avez rien à foutre, c'est que vous pouvez les envoyer chier comme bon vous semble. Il suffit d'activer ce ressort de flipper dans votre organisme. La montée d'adrénaline est tellement forte ensuite que ça coule tout seul.
- Bon dieu de merde, mais de quoi je me mêle ? Votre vie est si inintéressante que vous deviez vous immiscer dans la mienne ? Mais quelle espèce de pauvre merde vous êtes ?
Mon stupide voisin rouquin me regarda, éberlué.
- Je faisais simplement un constat ! C'est vous qui avez une vie inintéressante au point de devoir vous défouler sur moi ! Pauvre type va !
Il se barra sur ces mots. Mais quel tocard. Je décidai de ne pas m'embrouiller plus avec lui, n'ayant qu'une envie : Me barrer.
Mais où. C'est là que ma désorientation me joua des tours, je ne savais plus exactement ce que je venais faire à New York…
Ah oui !
J'avais pour but initial de gagner plein de pognon en allant combattre à la Zone de Combat. Contrairement à Poképolis, ici, c'était légal. Et même très lucratif. Evidemment, on donne une mise de départ, mais si on gagne, c'est tout bénef.
Et comme je suis le meilleur…
***
- WELCOME TO THE BATTLE ROULETTE !!!
Je sais à quoi vous pensez. Non, personne ne montre son pénis.
Au Battle Roulette, le challenger est placé sur le terrain au milieu dès le départ. Les autres dresseurs sont désignés au hasard par le grand plateau qui fait le tour du terrain et qui tourne jusqu'à atterrir sur une flèche.
En tant que Challenger, j'étais placé au milieu. Les dresseurs étaient alignés sur le plateau circulaire autour du terrain. Ils avaient tous l'air d'une belle bande de minables.
Le chef de ce bâtiment, un certain Martingale, attendait avec les autres. Il avait l'air d'être un beau minable en chef, ce qui explique que j'aie choisi cette zone pour commencer.
Inutile de dire que comme je suis bien meilleur que tous ces pouilleux, j'avais misé tout mon fric histoire d'empocher le pactole.
Mon premier adversaire s'avéra être… une gothique.
- YEAHHH ROCK AND ROLL !!! TRIXIE WILL BE THE FIRST TO CONFRONT CHALLENGER ROLAND SMIRNOFF !
Je sais ce que vous pensez… pourquoi je n'utilise toujours pas de faux nom. C'est que j'ai envie d'être reconnu, moi. A quoi sert de me battre si c'est pour garder l'anonymat ? Je ne vais pas me déguiser comme au temps où j'avais une famille.
Tiens au fait cette famille… j'y pense plus du tout ! C'est bien, ça !
« Trixie », donc, ma stupide adversaire gothique, arriva. Elle avait des cheveux très rouges en couettes. Elle avait l'air totalement Emo mais à un point dégueulasse même. Collants résilles, ceintures partout, le teint pâle, les yeux maquillés… Pouah.
- Hey ! Bienvenue à la Battle Roulette ! Je suis Trixie et tu vas perdre !
- Wow, tu parles français ! Tu parles tout court ?! moquais-je avec talent.
- FAITES VOS JEUX, RIEN NE VA PLUS !!!
- Aerodactyl !
Ma stupide adversaire envoya la première Pokéball. Dans une lumière customisée apparut un stupide Ptera. Le Pokémon poussa un cri et s'envola dans le stade. Il fut applaudi.
C'était un 1 contre 1 et je devais donc y aller à fond dès le départ.
- Newton, GO !!
Mon fidèle Pokémon Académique apparut sous mes yeux. J'étais vraiment confiant sur le coup.
- Allez, attaq…
- Aerial Ace !
Cet enfoiré de Ptera faucha mon Tartard en un seul coup. Inutile de dire que j'étais scié.
- De… Mais… Put…
- Tu sais plus parler ? Dégage, tocard !
***
Eh… voilà. Voilà comment j'en suis arrivé à être vraiment désespéré, dans les rues de New-York, genre totalement à la ramasse, après une telle défaite. Honnêtement, sur le moment, j'avais pour projet de séduire une vieille femme riche et de me faire entretenir. Ce serait simple. Dégradant, certes, mais simple.
Et puis je suis passé devant chez un bookmaker. Et je l'ai vu.
Il portait des talons hauts. Il avait de longues jambes poilues engoncées dans un legging moulant bleu ciel. Il portait une chemise hawaïenne rose, surmontée d'un boa à plumes rose.
Un monstre. Une horreur. Une folle. Blonde platine avec un bronzage à provoquer des cancers rien qu'à la vue. Et une voix…
- C'est SCANDALEUX !!! Tout ça parce que j'ai gagné les trois fois précédentes !!
- Monsieur Montes, en toute honnêteté, la direction pense que vous… trichez.
- PARDON ??? MAIS C'EST UN SCANDAAAAALE !!! COMMENT OOOOSEZ-VOUS M'ACCUSER COMME CA !!! MAIS… MAIS… AU SECOURS !!
La folle se tourna de tous les côtés, et cette vieille salope se tourna vers moi. Elle baissa ses affreuses lunettes violettes de pouffiasse, et elle arriva vers moi.
- Monsieur !
- J'ai pas le temps.
- Mon tout beau, j'ai un service à te demander !!!
- Je ne suis pas votre « tout beau », je suis pressé !
- Ah oui ? Tu vas chez le coiffeur ? Parce que t'en as besoin !
- Vos gesticulations ne m'intéressent pas…
Je m'éloignais devant cette pétasse frustrée.
- … je me contrefous de votre spectacle permanent de vieille tantouze sur le retour. Sur ce...
Je pensais m'en sortir.
Oh que non.
Un immense cône glacé se dressa devant moi. Normal.
- PERSONNE, je dis bien PERSONNE ne traite Pablo Montes de… de ce mot, là !
- Ouais bah tu fais pas beaucoup d'efforts pour qu'on pense autre chose…
- Oh toi mon joli, tu ne vas pas t'échapper comme ça !! Lickilicky, GO !!
Le gros Pokémon apparut face à cet empaffé. J'eus ce regard méprisant que je réservais aux sous-merdes dans son genre.
- Tchhh…
- Quoi ? Il est faible ? Il est mauvais ? Je peux lire dans ton regard !
- A travers ces horribles lunettes pourpres ?
- Oh que oui ! Et je vois un joli garçon qui vient de perdre à la Zone de Combat ! Quelqu'un qui vient tout juste d'être atteint dans sa fierté… Je dirais donc au premier tour, et compte tenu de la direction d'où tu es arrivé – car j'avoue sans honte t'avoir un peu largement maté quand tu es arrivé – je dirais que tu as perdu dans le Battle Roulette. En un seul coup compte tenu de ton état de fébrilité ! Probablement même alors que tu avais un avantage de type, ce qui de facto t'a blessé dans ta fierté !
Alors là, j'étais scié. Si ce type enlevait ses lunettes affreuses et révélait un micro-ordinateur à la place de ses pupilles, j'y croirais à fond.
- … euh…
- Ah-HA ! Une fois de plus, la grande Pablo Montes n'a pas démérité !
- … Ca n'empêche que je peux à l'aise battre tes deux minables !
- En es-tu bien sûr ? Tu viens de perdre face à un sous-Pokémon surentrainé dans le bâtiment de combat le plus risible de l'ensemble des terres habitées et tu penses gagner face à un Lickilicky et un Vanilluxe ?
Touché. J'étais dans une incertitude totale. Je pensais que ce serait du flan mais là honnêtement j'étais complètement à la ramasse. Même un Magicarpe m'aurait posé un cas de conscience. Eh, ce truc peut apprendre Rebond !
- … C'est quoi, ce service, que tu as à me demander ?
- Hep hep hep ! Combat, d'abord !
Je soupirais. Me battre face à une folasse pareille…
- Kiki !
Mon fidèle singe vert apparut. Cette petite saloperie me rappelait ma sœur et mon frère, mais quelque chose de mignon.
- Lickilicky, Hammer Arm !
La créature tendit sa langue dont le bout était courbé. Je connaissais cette feinte, commune à de nombreux dresseurs attardés d'Excelangue ou de Coudlangue.
- Canon Graine !
Feuiloutan sauta vers Coudlangue et performa un splendide coup de poing chargé dont je n'étais pas peu fier. La charge explosa au visage de Coudlangue qui recula.
- M… Maudit sois-tu ! Vanilluxe, Ice Beam !
- Vous êtes au courant que c'est à un contre un ?
- On n'en a pas parlé ensemble !
Je comprenais mieux pourquoi on traitait ce type de tricheur. Primo, son attitude ne mettait pas en confiance. Deuxio, la façon dont il avait foiré son attaque me disait clairement que ce type n'y connaissait rien en combat réel.
Le Laser Glace ayant fini au sol, je regardais mon pitoyable adversaire, défait.
J'avais été comme ça il y a quelques minutes. Ce combat avait été grisant et j'avais, du coup, repris un peu de contenance.
Une part de moi encore sensible et réceptive aux émotions humaines se contenta de répondre.
- Pourquoi avoir accepté le combat ?
Pablo me regarda. Vous savez pourquoi je déteste les gens avec des lunettes teintées ? On ne sait jamais ce qu'ils pensent. Je ne peux faire confiance qu'à des yeux. C'est pourquoi je suis un très mauvais joueur de poker.
- … Je… je n'avais rien à perdre. C'est vrai que compte tenu du fait que vous ayez tenté la zone de combat, vous étiez forcément au minimum un grand dresseur… j'étais donc presque persuadé de perdre…
- Vous ne concourrez pas, vous n'êtes pas un chef de zone ou un dresseur agréé…
- Je suis un simple parieur. Ils m'interdisent de parier parce qu'ils pensent que je triche.
- Comment ça ?
Pablo sortit de son sac (à main Vuitton, dus-je préciser) un calepin assez volumineux. En tournant les pages, il me permit de remarquer qu'il était rempli de chiffres, de calculs et de tableaux statistiques. Particularité, l'encre était verte foncée, ce qui traduisait selon moi un sérieux irréfutable. Quand on s'habille comme une drag-queen mais qu'on utilise de l'encre verte pour faire ses calculs, c'est qu'on est fada des chiffres mais qu'on vénère le mohair.
- … disons que sur 784 mises, j'ai vu juste 773 fois et j'ai donc empoché l'équivalent de 18,2 millions de dollars pour une perte totale de 44 166 dollars.
J'avais envie de hurler un énorme « Whôôôôt ? » mais le comique de répétition l'emporta.
- Dix-huit millions ?!
- Dix-huit millions deux cent mille trois-cent quatre-vingt-quatre dollars pour être précis.
- … vous trichez, c'est obligé !
- MAIS PAS DU TOUT ! Pourquoi TOUT LE MONDE en arrive FORCEMENT à cette conclusion !!!
- Vous avez forcément un truc !
- J'ai un truc, sans que c'en soit vraiment un. Je vous en parle si vous acceptez de parier à ma place et d'entrer avec moi dans le Battle Hole.
Pablo me regardait avec un air désespéré. J'ignorais pourquoi mais l'espèce de niveau équivalent de déchéance que nous avions mutuellement atteint me mit en confiance.
- Au fait quel est ton nom, suave jeune homme ?
- … Smirnoff. Roland Smirnoff.
***
- La Zone de Combat New-Yorkaise est avant tout vouée aux spectacles. Si tu as séjourné dans un hôtel, tu sais qu'à part d'excellentes chaînes porno, le câble américain retransmet aussi les matches.
- Alors… ma défaite a été vue ?
- Oh que oui, et même commentée.
Je sirotais ma téquila en frissonnant. Tout avait été payé par Pablo ce qui m'embarrassait énormément, mais il m'avait promis une part sur le pari en cours.
Battle Hole est un complexe impressionnant. Le challenger et le public sont sur une plate-forme géante qui descend dans un trou sans fond. Le challenger doit affronter diverses épreuves, les traverser avec ses Pokémon et au fond, il affrontera le chef de zone.
- Bref tout ici est question de pognon. L'essentiel dans cette zone c'est de bien choisir son moment.
- … je ne vois pas en quoi ça influence le match.
- La pression, mon tout beau.
- Juste ça ?
- Et tout un tas d'autres facteurs, mais principalement celui-là. Il faut aussi beaucoup de chance, de tactique, de sang-froid et de maîtrise.
- De ce côté-là, je peux me débrouiller.
Pablo me scruta.
- Tu as en effet l'air d'être un grand dresseur, mais…
- J'ai déjà battu un Pokémon légendaire !
- Vraiment ?
- Oh que oui. J'y ai laissé quatre Pokémon mais je l'ai eu.
Pablo ricana, ce qui ne me rassura pas.
- Mon chou, laisse-moi te dire une bonne chose. Le maître de la zone de combat New-Yorkaise, tu vois qui c'est ?
- … Julius Kent ?
- Ouiiii… Son équipe se compose de six Pokémon légendaires, mon chou. Six Pokémon qu'il connait et qu'il utilise comme sa poche. Il est tellement sûr de lui qu'on peut l'affronter avec DOUZE, je dis bien DOUZE Pokémon. En vingt ans de règne il n'a jamais été battu une seule fois.
Je regardais Pablo, stupéfait.
- Eh merde… Je me suis attaqué à un trop gros morceau, hein ?
- Je ne sais pas. Personnellement c'est vrai que j'ai toujours rêvé de voir quelqu'un battre ce trou du cul.
Je m'étonnai.
- Comment ça ?
Pablo soupira.
- Je suppose que c'est le moment où je te raconte mon passé tragique !
- Certainement pas, je posais la question par politesse !
- J'adore les salauds dans ton genre, ce sont les meilleurs amants !
- … je dois répondre, là ?
- J'ai travaillé à la zone de combat pendant cinq ans.
J'eus un sourire narquois. Dans quoi cet énergumène pouvait-il avoir travaillé ici...
- En tant que stripteaseur ?
- Nan !
- Gogo Dancer ?
- Y a-t-il autre chose dans ton esprit étroit que des clichés barbants ? J'étais secrétaire général des dix bâtiments !
- Ouais c'est bien ce que je me disais, un boulot de gonzesse.
Pablo souffla.
- Tu es épuisant. J'étais donc secrétaire de direction et j'étais donc souvent en contact avec ce type, et il était énervant ! C'est le genre typique de mec humble, gentil, que tout le monde aime ! Tu sais, ce genre de type qui donne aux œuvres de charité !
- Oh mon Dieu je déteste ce genre de connards… grommelai-je.
- N'est-ce pas ! Et sur la fin de mon contrat, cette enflure s'est permis de me faire une proposition…
J'étais passionné, inutile de le dire. Encore un homo qui se plaint parce qu'on le fait passer sous le bureau…
- … il voulait que je devienne réceptionniste à l'entrée de son cabinet personnel !!!
Je haussai un sourcil surpris. PLOT TWIST, MUTHAFUCKAH…
- … et ?
- ET ? ET ? JE VENAIS DE BRILLER COMME UNE DEESSE PENDANT CINQ ANS ET CET ENFOIRE PENSAIT QUE JE POUVAIS ETRE SA SOUILLON ???
J'acquiesçai.
- Cette humiliation, cette façon de me rabaisser… Je ne l'ai jamais, jamais encaissée. En fait, tout ce temps où il me félicitait pour mon travail, en réalité il voulait juste me flatter pour que je serve du café à l'entrée de sa permanence… quel mépris ! Quelle trahison !! Moi qui me pensais indispensable, en fait ils n'avaient aucun respect pour moi… pour mon travail… Tous !… Tous les membres de la zone de combat me voyaient juste comme quelqu'un de très compétent mais sans autre valeur en comparaison de leur toute puissance. Depuis, mon plus grand rêve est de voir cet abruti se faire défoncer la poire par le premier gusse venu.
Je hochai la tête, convaincu.
- Ok. J'veux bien essayer.
- Si tu te fais battre par la première Raymonde venue, ma pauvre fille, on n'ira pas loin !
- T'as qu'à devenir mon agent. Je serais ton poulain. Un peu comme Rocky et l'autre noir, là !
Pablo plissa les yeux. J'avais lancé l'idée pour avoir un objectif et quelqu'un pour m'y aider… même si honnêtement l'idée de m'acoquiner avec qui que ce soit, surtout cette grosse tarlouze, me déplaisait profondément.
- … Que je devienne ton agent ?
- Je suis balaise. Promis. Cette pute m'a eu par surprise, mais elle ne m'aura pas à nouveau. Je ne ferais plus deux fois la même erreur.
- Plus ?
- … pas. Je ne referais pas deux fois la même erreur…
Le Battle Hole s'arrêta soudainement. Le challenger se retrouva face à Serge Hussein, le champion de la zone. C'était un grand homme typé arabe avec une grosse barbe, très massif, légèrement gras du bide, dans une tenue rappelant volontiers un mineur.
- Bienvenue au Battle Hole, je suis Serge Hussein. Nous allons nous battre à présent pour décider si tu remporteras la médaille Profondeur.
- J'VAIS T'BUTER !! J'EN AI RIEN A FOUTRE DE TES DISCOURS A LA CON !
Je regardai Pablo.
- On parie sur quoi, déjà ?
- Hussein bat Lecter par cinq Pokémon restants à zéro.
- … sérieux ?
- Lecter est un petit con, sa technique est mauvaise, son attitude désagréable et provocante. Il a franchi toute la zone avec une telle rage et une telle furie qu'honnêtement il ne peut pas gagner ce match même en priant le petit Mew le plus sincèrement du monde...
Je hochai la tête.
- Pour gagner à New York, il faut être sûr de soi, mais également bien dans sa tête et dans son corps. Cela n'a rien d'étonnant que tu aies perdu au Battle Roulette si tu y es allé en pensant tout défoncer.
Je méditai cela. En effet, j'étais peut-être allé là-bas en pensant que ce serait un peu trop facile.
- Une raison pour être une telle furie ? Hm ?
Je regardai Pablo, résigné.
- Ma… ma femme m'a trompé.
- Broutille.
- Alors que notre enfant avait été kidnappé.
- Connasse.
- Avec le policier qui était censé le retrouver.
- … Ah la sa-loooooope !!!
- J'te le fais pas dire. Du coup je me suis barré, j'ai tout laissé derrière moi…
- Mon pauvre biquet…
- Je pensais honnêtement m'enfiler toute cette zone sans souci, mais…
- Mais rien du tout, c'est comme si un Roucool s'était lancé tout seul sur un Elekable en furie, pauvre fou !
- J'ai cru voir ça, oui…
Pablo acquiesça.
- Un ancien employé frustré et un mari bafoué s'attaquent à la zone de combat, qu'est-ce que ça va donner ?
- Dois-je préciser que je suis un ancien prof et que mon père est l'éminent Etienne Smirnoff, stratège de renom ?
Pablo enleva ses lunettes.
- Serais-je tombé sur la perle rare ?
- Je ne suis pas homo !
- J'avais compris, merci ! Mais avec mon intuition féminine et ta force brute brutale, nous devrions pouvoir faire des miracles ! Hihihihi !
Le challenger s'écroula bientôt en n'ayant réussi qu'à battre un seul Pokémon du maître.
- ON A GAGNE !
- La VACHE ! m'étonnais-je franchement.
- DANS MES BRAS ! sourit Mistinguett.
- VA TE FAIRE FOUTRE ! répondis-je sur le même air enjoué.
***
- Ceci, mon chou, est mon appartement, ou comme j'aime à l'appeler, ma garçonnière !
Honnêtement ? J'étais plus rassuré pendant la guerre.
A part ça c'était un endroit super sympa, grande baie vitrée, moquette, meubles design… A défaut d'escroquer une vieille, je pouvais toujours essayer de voler une folle.
- Prends place, prends place. Tu aimes le brandy ?
- Ca peut aller.
- Chouette, j'avais plus que ça !
Je m'assis dans le siège qui m'était proposé, un fauteuil blanc très ergonomique. Jamais mes fesses n'avaient été aussi bien moulées. Et je vous défends de reprendre cette phrase hors-contexte.
- Dis-moi Roland…
- Hm ?
- Est-ce que tu as envie de passer une bonne soirée ?
Je haussai un vrai sourcil surpris.
- … qu'est-ce que tu entends par là ?!
Pablo reparut avec sa bouteille de brandy, sans ses lunettes ni son boa à plumes, il avait l'air largement plus humain et moins monstrueux.
- Eh bien, parfois quand j'ai envie de passer une bonne soirée, j'invite de gentils petits camarades de jeu… et je leur laisse un billet vert en partant !
- … prostituées ? Nan ! Nan, je peux pas faire ça !
- Oh, voilà, ça y est, je savais que tu n'étais pas un vrai marrant !!
- T'appelles ça « te marrer » ?
- Très bien, buvons de l'alcool en regardant « 14 ans et enceinte » sur MTV !
L'éventualité me glaça de terreur.
- … Je… ça fait moins d'une semaine que j'ai quitté ma femme !
- Et ça fait moins d'une semaine, je suppose, qu'elle a joué à « farfouille dans mon utérus avec ta bite, ô mon beau policier, pendant que je sais à peine où est mon fils ! »
Mes mains se crispèrent sur le fauteuil. Pablo me regarda alors que j'essayai de retenir toute l'étendue de ma fureur.
- Ça va ?!
- Non…
- Tu veux des calmants ? J'en ai toute une armoire !
Je regardai Pablo.
- Tu peux pas savoir ce que c'est…
- En effet…
Pablo ramena deux verres à pied remplis.
- T'es sérieux pour les putes ? On vient de se rencontrer et tu me proposes des putes ?
- On pourra faire les putes plus tard, si tu veux, c'est pas une nécessité…
- J'sais pas… J'crois que… c'est pas ce qu'il me faut.
- Ok, ok, les putes dès le départ c'était peut-être un peu trop. Allons faire la fête !!
- … tu t'arrêtes jamais ?
- Ja-mais !
***
A mon réveil, tout était flou. Avais-je été drogué ?!
Non…
C'était le retour de ce vieil ami que j'avais délaissé : L'alcool.
Mon petit mal de crâne n'était rien et je pouvais le surmonter, prouvant ainsi à ma petite personne que j'étais le roi du monde. En me relevant, je remarquais que j'étais sur un tas de poubelles. Sympa. J'étais aussi entouré de deux demoiselles que je ne connaissais pas… Pablo passait avec un sac poubelle.
- Hey, comment va le joli cœur qui s'ignore ?
- … qu'est-ce qui s'est passé ?
- Toi, tu n'as pas l'habitude de boire !
- Plus l'habitude.
- En tout cas j'adore la vue !
La v… ? Eh merde ! Retrouver mes affaires !
- Cesse de me mater !
- C'est difficile. D'où viennent ces cicatrices ?!
- Aucune idée, peut-être qu'une des deux filles m'a volé un rein pour l'envoyer au Pakistan…
- T'es d'un ronchon au réveil…
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Oh je suis un peu maniaque alors je range !
- …
- … et je t'attendais !
- C'est follement gentil, ça…
- En fait je dois t'avouer la vraie raison : Hier soir, j'étais avec quatre mecs, on était dans la même pièce que toi et… Oh seigneur c'était passionnant de te regarder faire !
Pourquoi, pourquoi, pourquoi dans ma putain de vie je ne fais QUE tomber sur des folles tordues qui me matent le cul en permanence et fantasment sur ma perfection absolue ?! Quel enfoiré de pervers contrôle ma vie pour me faire faire de telles rencontres ? Destinée, si un jour j'ai l'occasion de te demander des comptes, crois-moi, tu vas les rendre, et au centuple. Salope.
- Pablo, on va faire un deal…
- Hm ?
- Tu ne me regardes plus jamais tout nu et moi en retour je ne te casse jamais la gueule !
- Si tu étais un être sensé et raisonnable, tu voudrais que je ne te fasse plus boire !
- Nan, j'aime boire. Ce que je n'aime pas c'est être observé par un pervers !
- Oh je t'en prie ! En plus le commentaire que je posterai sur mon blog sera très positif !
Je regardais Pablo avec l'expression la plus meurtrière qu'un type mal réveillé et en pleine cuite puisse avoir.
- Je plai-sannnnte ! Mon blog n'est destiné qu'à mes recettes de cocktails !
- J'espère bien. On peut se barrer ? J'aimerais pas trop discuter avec… Merde, mais elles sont grosses, ces filles !!
- Elles sont américaines, nuance ! sourit Pablo.
- Faut qu'on se barre !!
***
L'air avait l'air plus doux en sortant. Les souvenirs de la soirée d'hier me revenaient. Il me semblait en effet m'être bien amusé. Et Pablo également…
- Alors là ils m'ont demandé de m'incliner sur la table, et ils se sont mis à faire la queue, c'était gé-nial !
- Bordel, j'ai l'impression d'être Charlotte et toi Samantha, c'est atroce !
- Ah non, tu serais plutôt une Carrie…
- Cette insulte était basse et odieuse… On devrait commencer à travailler notre projet de conquête de la zone…
Pablo me regarda comme si je parlai d'un traité d'astrophysique.
- Hein… Ah OUI ! D'abord hier, entre deux sodomies sauvages et passionnées…
- Je te hais, Pablo, si tu savais, putain…
- … je me suis permis de regarder tes Pokémon ! En fait je cherchais tes éventuelles capotes…
- Mon royaume pour qu'un bus te passe dessus… geignis-je avec douleur.
- Ma pauvre fille, avec une équipe aussi peu variée, je ne donne pas cher de ta peau.
- Je sais que mon équipe a des problèmes de balance générale…
Pablo acquiesça.
- Certes. Surtout, avec seulement huit Pokémon, tu ne feras pas…
- Neuf ! J'ai neuf Pokémon !
Pablo grimaça très sérieusement. Je me souvins alors que je m'étais débarrassé du neuvième. Foutu moi.
- … huit, ok, huit.
- Ah bon, je pensais que j'avais les neurones détruits par les coups de burin de mes amants !
- Trop de foutus détails, A-BREGE, bordel !!!
- Ok, ok. Avant de dormir, comme j'étais pas trop bourré et j'avais beaucoup trop mal au cul au point que j'ai presque cru que l'un des étalons qui m'avait défoncé m'avait également causé une péritonite…
Métaphoriquement on peut dire que je m'étais écroulé sur le trottoir pour pleurer sur ma vie dissolue et le fait que mon avenir tout entier reposait sur un concentré de tous les foutus homosexuels que j'avais rencontré dans ma foutue vie, en pire.
En réalité, affligé par le chagrin, je me contentai d'un soupir lassé en observant les voitures sur la route, dont les pneus caoutchouteux et creusés de sillons meurtriers semblaient un refuge plus rassurant que la compagnie de ce garage à bites sur talons.
- … j'ai réalisé un diagramme des types dont tu avais besoin, j'ai recroisé avec les points faibles et les points forts de ton équipe, j'ai cherché les Pokémon qui auraient un relais compensatoire…
- T'as vraiment la bosse des maths… tu me rappelles un parfait abruti…
Pablo soupira.
- Je sais quels Pokémon tu dois avoir pour avoir l'équipe la plus complète possible !
- C'est la chose la plus censée et la plus agréable que tu aies jamais dite. Merci, Pablo.
- Et on devrait aller les chercher assez vite pour que tu te familiarises rapidement avec eux. Aussi, je dois piocher dans mes nombreuses acquisitions immobilières pour te trouver une salle d'entrainement. Et aussi, je ne pourrais pas t'entrainer…
- C'est pas un problème, je m'entraine très bien tout seul.
- Dit celui qui s'est fait laminer par une pute frigide, gothique, avec un Aerodactyl spécialisé dans la vitesse et la défense spéciale, pitié, Roland Smirnoff, avec un Poliwrath de surcroît… Comment dire… Atterris, pétasse, t'es à la ramasse !
Je frissonnai à la seule réminiscence.
- Bref. Comme tu n'es pas sans le savoir, à New York, les Pokémon sont en vente libre. Il y en a deux que je peux t'acheter… Un autre pour lequel je dois passer par le marché noir, quant au dernier, il y en a des sauvages dans un coin de la ville.
J'avouai mon étonnement profond.
- Tu as déjà tout planifié ?!
- Evidemment, je sais déjà quels sont les Pokémon que tu vas devoir apprendre à maîtriser et ça me fait frémir par avance !
- Mais euh… t'as dormi au moins ?
- Pourquoi tu crois que j'ai ces lunettes aux verres fumés ! Oh, on passe au Starbuck, j'ai besoin d'un café bien noir !
Je regardai Pablo, m'attendant à un jeu de mot scabreux. Il me montra du doigt.
- Toi, tu as remarqué le grand black hier !
- …
- Il m'est passé dessus aussi !
- … n'as-tu donc aucune dignité ?!
- Ce qui se passe en soirée reste en soirée !
- Oui, bah évite d'en faire le verbatim, si c'est le cas…
***
Non.
NON, NON ET NON.
- Pablo, pète-moi la rondelle si tu veux mais JAMAIS je ne dresserai un Pokémon pareil !!!
Le Lippouti me regardait comme si j'étais Hitler. Et putain, il avait raison.
- Roland, mon Roland, ce Pokémon Glace et Psy est idéal pour toi. Avec ta maîtrise et ton savoir-faire, tu ne pourras qu'en faire une guerrière imbattable !
- Pour le Héricendre, je veux bien, mais Lippouti, quoi ! Et ma réputation !!
- Héricendre, c'est un peu par défaut… Tu avais besoin d'un Pokémon Feu puissant et rapide !
- Je les déteste plus que tout ! Mon père parlait tout le temps de médecine des Pokémon Feu…
- Tu vas arrêter avec ta famille ? On dirait un juif divorcé…
Divorcé… C'est ça, aussi qu'il fallait que je fasse…
- Pablo, j'aurai un truc à faire dans la journée…
- Quoi donc ?
- Divorcer d'avec ma femme.
- … comme ça, sans passer par un juge ?
- J'ai un contact qui peut me faire ça sans problème.
- Oooooh, monsieur a des contacts !!
- Eh bah oui.
- Eh bien va donc faire ça, je vais aller chercher ton troisième Pokémon.
- Pourquoi le marché noir au fait ?
- Si on passe par les moyens normaux, on va perdre beaucoup de temps avec l'évolution…
Je haussais un sourcil, étonné.
***
- Je veux juste que vous prononciez l'acte de divorce !
Le téléphone se fit silencieux. Je soupirai.
- Allô ?
« Hm… Excusez-moi, il est un peu six heures du matin, vous avez une notion bien creuse du décalage horaire ! Et puis bon sang, que faites-vous aux Etats-Unis ? »
- Vous avez une notion bien creuse de la vie privée… Bon, ce divorce alors ?
« Vous permettez ? Je ne suis pas une espèce de grand manitou des relations amoureuses des habitants de Poképolis ! J'ai une vie, moi, et je ne suis plus aux affaires pour rappel, je vais devoir passer des coups de fil pour ce que vous me demandez là ! »
Je levai les yeux au ciel, terrassé par tant de connerie.
- Bonelly, je considère la demande faite, je vous demande donc d'y répondre, merci !
« Vous savez qu'ils vous recherchent, n'est-ce pas. »
Je restai un moment suspendu au téléphone, puis je décidai de raccrocher fissa.
- Une bonne chose de faite… Merde, comment je retrouve Pablo, moi ?!
J'étais bel et bien perdu. Pablo était parti de son côté, moi du mien.
- … Roland Smirnoff, roi des cons…
Un courant d'air frais attira mon attention, et je constatai vite que Sorbouboul me suivait, légèrement au-dessus de moi.
- … ah oui je me sens infiniment moins con, avec un cornet de glace deux boules au-dessus de la tête… Youpi ! Où est ton maître ?
Sorbouboul se contenta de me regarder avec ses grands yeux remplis d'intelligence.
- Mouais. J'viens de divorcer de l'autre grosse salope. J'espère que ce fils de pute de Bonelly ne traquait pas mon appel. Il en serait capable, l'enfoiré… Pourquoi je parle à un Sorbouboul, moi ?
Foutue vie, toujours là pour nous rappeler qu'être seul c'est bien au début, mais au bout d'un moment, c'est nul. Pffff…
Pablo revint assez vite, bien que j'aie eu le temps de m'asseoir sur un banc en toute simplicité.
- Me revoilà ! Avec ton Pokémon !
- Cool. C'est quoi, que je rigole ?
- Eh bien, ton équipe manque de vitesse.
- Certes, mais je compense par la force, mon bon ami !
- Tout comme moi je compense les faiblesses érectiles de mes amants par des cris bestiaux et des imprécations de la Vierge Marie !
Ce mec est une chiure. Où est le parti républicain quand on a besoin de lui ?
- Bref. Je me suis dit qu'un Accelgor ne ferait pas de mal à ton équipe.
Limaspeed ?! Grosse montée d'émotion de ma part. J'adore ce Pokémon. Honnêtement ? Si les conditions pour l'avoir n'étaient pas aussi chiantes, ça ferait longtemps que je m'en serais procuré un.
- … T'es sérieux, là ?!
- Evidemment.
- … T'as payé combien pour ça ?!
- Tu m'as dit que tu ne voulais aucun détail graveleux !
Je fis des yeux ronds, et je saisis la Pokéball de mon premier Pokémon obtenu en échange d'une partie de jambes en l'air.
- … Jure-moi sur la Bible en Flammes que tu t'es lavé les mains !
- Evidemment…
- MERCI A TOI, CARBO-JESUS !!!
- Cesse de faire l'enfant et viens, nous avons à faire.
***
J'étais stupéfait. Nous étions dans un ensemble de ruelles crades derrière des hangars près du port.
- … Putain, qu'est-ce qu'on fout là ?
- Ton dernier Pokémon se trouve ici, pardi.
- T'as pas de voiture ? Pourquoi on a fait le chemin à pied ?!
Pablo leva les yeux au ciel et se retourna vers moi.
- J'TE FAIS VISITER NEW YORK A PEU DE FRAIS, TU POURRAIS ME REMERCIER AU MOINS, ESPECE DE GOUGNAFFIER !!!
- QUOI ? MAIS JE T'AI RIEN DEMANDE MOI, MORUE !
- LA MORUE ELLE SE MET EN QUATRE POUR TON PETIT CUL D'HETERO MAL BAISE !
- OUAIS BAH LA MORUE ELLE DEVRAIT BOUGER LE SIEN, DE CUL ! JE SUIS PAS LA POUR FAIRE DU TOURISME, MERDE !
- T'ES LA POUR QUOI ALORS ?
Faut avouer qu'elle a des arguments, la grognasse. Et puis nous les vîmes. Les Ronflex. Ils dormaient dans un coin, en tas les uns sur les autres.
- … ouh putain…
- Voilà ! Snorlax. C'est le Pokémon qui te manque.
J'étais assez surpris. Non pas du fait que des Ronflex trainent ici, mais de la nature du Pokémon.
- Un… Pokémon normal ?
- Force et résistance exceptionnelle. Son seul inconvénient c'est sa lenteur mais comme tous les inconvénients, ça se comble, j'ai vu assez de combats pour le savoir.
- C'est censé être le douzième membre de mon équipe ?
- Oui !
- J'devrais pas plutôt avoir un Pokémon Electrique par exemple ? Genre Elekable, Pharamp…
- Les Pokémon électriques sont nazes et tout le monde les voit venir. En plus tu as deux Pokémon Plante dans ton équipe, ça suffit pour la balance ! Tu devras justement apprendre à ton Snorlax l'attaque Thunder Punch !
- J'aurais pu avoir un Dragon à la place, genre Dracolosse…
Pablo éclata de rire, ce qu'après coup je compris.
- Ma pauvre nénette, un Dragon ? Les Pokémon Dragon sont aussi utiles que la diarrhée dans un ascenseur en panne ! Si tu savais le nombre de dresseurs que j'ai vu arriver avec six dragons dans la Zone de Combat, pensant que ça irait comme sur des roulettes… Bref, capture un de ces Snorlax, on verra après.
Je fixai le tas.
- D'accord… mais seulement le meilleur…
- Ca va sans dire.
Je sortis Tartard et Kapoera. Les Ronflex se réveillèrent face à l'agitation autour d'eux. Pablo recula.
Les Ronflex, combattifs, se mirent en position. Je me sentais un peu rouillé en fait.
- Allez… Approchez…
En fait j'étais un peu terrifié, voir ces gros Pokémon se dresser devant moi…
Et puis tous ces doutes qui m'ont empli après mon échec…
- … BUCK, TRIPLE PIED !
Kapoera partit comme une fusée. Chacun de ses coups évacua un Ronflex. M'étais-je sous-estimé ? Oui, c'était probable. J'étais toujours aussi fort qu'avant, c'est juste que j'avais eu de la malchance pour mon premier match.
L'astuce contre les Ronflex : Eviter les attaques spéciales. Pas facile avec Tartard que j'ai habitué à la manipulation d'énergie spéciale.
- Newton, Dynamopoing !!!
Tartard fonça, le bras tournoyant, vers l'armée de Ronflex. Pablo acquiesça, intéressé.
Mon Pokémon chargea dans la masse. Les Ronflex se jetèrent sur lui. « Et merde… »
Tartard avait disparu sous les patapoufs. Pablo pencha la tête sur le côté.
- Si tu veux appeler un autre Pokémon…
- La ferme !
Le tas explosa. J'allai me cacher en poussant Montes. Les Ronflex partirent de tous les côtés.
- La vache ! Il est BG ton Poliwrath !
Je regardai Pablo, blasé.
- … Bigrement Glorieux ! Héhéhé…
Certains se relevaient pour repartir à l'attaque. Celui qui m'intéressait était au fond.
- Comme tu le sais…
- Je sais. Je sais tout, ne prétend jamais le contraire !
Pablo haussa les sourcils derrière ses putains de lunettes de soleil.
- Les Ronflex vivent généralement en communautés éparpillées. La réputation de solitaire de Ronflex vient uniquement du fait qu'il dorme généralement seul n'importe où. En fait ce sont des créatures qui aiment à vivre et dormir en groupe. Ces groupes sont généralement dirigés par le plus gros et le plus lourd, celui sur lequel les autres dorment.
J'observai le gros Ronflex qui attendait patiemment au fond, à attendre que les autres affaiblissent Tartard.
- Plus un Ronflex est gros, plus il est fort. Je veux le plus gros, le plus lourd, le plus fort.
- Ah, Roland Smirnoff, j'adore ton style. Puis-je passer quelques coups de fil pendant que tu batailles ?
- Fais ce que tu veux, m'en tape.
- Génial !
Pablo s'isola. Je continuai à écarter ces crétins de Ronflex inférieurs. Je voulais le nec plus ultra. Tiens, de penser à eux comme des inférieurs, ça me rappelait…
… rien du tout.
Tartard utilisa Projection, et il balança les Ronflex vers leur chef qui en esquiva deux, et se prit le troisième en pleine gueule.
- Oh, utiliser les Ronflex comme projectiles, fabuleux !! Oui allo, pourrais-je avoir le Docteur Wound à l'appareil ? Vous lui dites que c'est Pablito !
Je grimaçais de rage. Il appelait un type avec qui il avait couché. J'y crois pas.
- Jacky-chou ? C'est Pablita à l'appareil !... N… non, je n'ai pas refilé d'herpès à mes Pokémon une fois de plus !
Je me retournais vers Pablo, effaré. Le Ronflex en profita pour approcher Tartard. Pablo me regarda, intrigué. Il éloigna le téléphone de son visage.
- … C'était sur la bouche et j'aime bien leur faire la bise avant dodo !! A quoi tu pensais ?
- A quoi tu VOULAIS que je PENSE ???
Ronflex colla un coup de boule à mon Tartard. Je regardai mon Pokémon voler jusqu'à une benne à ordure. Les autres Ronflex étaient à terre ou observaient, ayant abandonné le match.
- Bordel !
- Sois attentif au lieu d'écouter mes conversations comme un goujat ! Jackson ? Pardon ! J'ai quelqu'un à te présenter !
Oh c'est pas vrai, il ne va pas me présenter un de ses stupides amants !
Il me GAVE !
J'en ai MA CLAQUE !
- NEWTON, ATTAQUE…
Mon Pokémon sauta hors de la benne à ordure droit vers le Ronflex. Pablo baissa ses lunettes.
- … MITRAPOING !!!
L'attaque défonça complètement Ronflex qui se la prit en plein ventre. Le spécimen faisait bien trois mètres, soit un bon mètre de plus que la normale. Certains spécimens atteignaient quatre mètres dans des conditions particulières cependant.
Je le capturai avec une vulgaire Pokéball. Pablo siffla.
- Bah putain mon cochon, tu t'mouches pas du coude. On va prendre le métro, je t'emmène voir un ami !
Je regardai Pablo, excédé.
- Il est HORS DE QUESTION que je m'acoquine avec un de tes stupides ex-amants !!
Pablo grimaça.
- Ex-amant ? Jackson Wound est un médecin réputé dans la remise en forme, la préparation physique et l'accroissement des capacités des Pokémon !
Je tombai des nues.
- Et d'après mon harcèlement, il est hétéro !
Bah merde alors.
- Si tu veux t'entrainer vite et bien, tu vas avoir besoin de lui !
- … t'es chiant, je sais jamais quand tu es sérieux !
- Je sais et j'adore ça ! Il faut encore que je trouve quelqu'un d'autre.
- C'est pas possible, on va former Agences Tous Risques ou quoi ?
- ROLAND ATTENTION !
A peine le temps de tourner la tête et je vis la Pokéball de Ronflex emportée par un gamin.
- BORDEL !!!
J'engageai la poursuite. Pas simple.
- Merde, merde, merde ! Limax !
Le Limaspeed, nouvellement obtenu, apparut devant moi.
- Suis-le !
J'étais également suivi par le Sorbouboul de Pablo.
« La glace, ouais… »
L'enfoiré de gosse passait à travers les ruelles sombres.
- BOMBE ACIDE !
Limaspeed lança une boulette de poison totalement useless, mais la fumée que dégagea son explosion barra la route du gosse qui ne fit pas demi-tour.
« Quoi ? »
Il sortit un foutu Furaiglon. « FUUUUU… »
- Wing Attack !!
Forcément, Limaspeed étant à son plus faible niveau, il succomba totalement à l'attaque ennemie du Pokémon un minimum entraîné. Je rappelai promptement le Pokémon avant de continuer ma chasse. Le gosse se mit à descendre des escaliers.
« C'est salaud mais j'ai pas le choix… »
- MELBA !
L'horrible petite chose blonde, alias Lippouti Ingalls, apparut.
- Poudreuse !!!
L'attaque fit son effet et le sale gosse glissa dans les escaliers. Je récupérai ma Pokéball et allai empoigner le morveux.
- Putain de sale gosse ! Tu te rends compte du temps que tu m'as fait perdre ? Pourquoi tu voulais voler ce Pokémon ? Réponds ?!
Le gosse soutint mon regard.
- Pour le vendre sur le marché noir… un bestiau comme ça, ça se vend cher !
- Sale petit con…
- J't'emmerde !
Je regardai le gosse avec de grands yeux. Il avait l'air sacrément rebelle. Comme moi. Cool.
- Dis-moi, petit, c'était bien joué le coup de balancer Furaiglon comme ça face à mon Limaspeed.
- … lâche-moi, connard !!
Je lâchai le gosse. Il allait fuir mais je sortis Feuiloutan pour lui bloquer la route.
- Putain !!
- Tu m'écoutes, oui ? Je suis en train de te dire que tu as des capacités, que tu es fort, potentiellement très bon dresseur !
- Et alors ? J'en ai rien à branler, j'te pisse à la raie moi ! Va te faire f…
Et une claque dans la gueule, une.
- Aïe !!!
- Ça joue les grands et ça supporte même pas une tarte dans la gueule ! C'est quoi ton nom, p'tit con ?
Le gosse me regarda, haineux.
- … Corrigan. Seth Corrigan.
- Seth Corrigan… T'as de la famille ?
- Y sont tous morts !!
Je haussai les épaules.
- Et alors ? Moi aussi toute ma famille est morte.
Seth grimaça, étonné.
- C'est vrai ?
- Non, et pour toi non plus, sinon tu n'aurais pas autant de sensiblerie dans le regard.
- … j'me suis barré y'a un an.
- Tu vis dans la rue alors.
- Ouais…
- Génial. T'as quel âge ?
- S… Seize ans.
- C'est assez pour te prostituer, passer de la drogue avec toute la confiance des trafiquants du coin et te faire exploiter comme main d'œuvre facile par les commerçants véreux du coin qui acceptent de te laisser fouiller les poubelles ensuite. Merveilleuse vie, j'approuve.
Seth baissa la tête. Voir ce gamin plein de potentiel raviva complètement mon idéal de départ. Etre prof. Enseigner. Faire de jeunes débiles de grandes promesses pour l'avenir. Perdre mon temps devant vingt à trente bovins ruminants qui s'intéressent plus à une console de jeux ou à un téléphone portable qu'à ce qui se passe dans le monde.
Ça, c'était 90% de ma motivation. Les 10% restants c'était de la pitié manifeste. Juré.
- … Ça te dirait de me suivre ?
- … vous voulez que j'vous fasse des trucs en échange d'argent ?
- Nan, par contre je vais devoir surveiller mon manager qui, lui, essaiera sûrement. Je te promets une vie hétérosexuelle, riche et pleine de travail enrichissant. Ça te dit ?
Seth plissa les yeux, méfiants.
- J'accepte pas la charité !
- Ta gueule, petit con, et accepte ou j'te décalque la tronche ! Tu préfères quoi, suivre un mec qui te propose le gite et le couvert ou aller sucer de gros types obèses pour gagner cent dollars ?!
Seth baissa la tête en grimaçant. Je rappelai Feuiloutan et montai les escaliers.
- Si tu te décides, c'est maintenant. La vie est remplie de grandes occasions qu'il ne faut pas laisser passer…
Seth me suivit de suite. Je souris.
- Bah super. Allez, on va rejoindre mon pote. S'il essaie de te sauter dessus, promis, je le tue.
***
Pablo avait été plutôt surpris par mon initiative. Et sa réaction me prouva qu'il était loin d'être aussi con qu'il n'y paraissait.
- Il n'y a rien de honteux. Tu as fait ça pour survivre. N'importe qui l'aurait fait. Poussé par la faim, la soif et la volonté d'avoir un abri, n'importe qui ferait des choses pareilles. Le monde moderne est ainsi fait. Il nous pousse au pire, mais nous fait sans cesse aspirer au meilleur…
Seth pleurait et acquiesçait. Pablo lui tapota l'épaule.
- Mais c'est fini maintenant ! Tu peux mener la vie que tu veux ! Il te suffit de rester avec nous ! C'est une opportunité que tu dois saisir. Bien sûr nous te laisserons partir si c'est ton souhait, mais tu as tout intérêt à rester. Quoi qu'il en soit, ce sera ta décision.
Seth acquiesça. J'étais surpris de voir que Pablo était vraiment parfait pour sceller des amitiés en bonne et due forme. Je lui soupçonnai un talent certain pour les relations publiques.
- On va où ? demanda Seth.
- Voir un ami docteur de Pablo.
Seth acquiesça.
- Pour quoi faire ?
- J'ai besoin de lui pour notre plan à moi et à Roland pour vaincre la Zone de Combat.
Seth s'étonna.
- … vous déconnez, les mecs, c'est pas possible.
- Mais si, tu verras !
Je regardai Pablo. Nan, impossible qu'on ait dit ça en chœur.
***
Jackson Wound avait l'air du parfait type que même moi j'aurais tabassé à l'académie. Lunettes, cheveux poivre et sel, la petite trentaine, l'air totalement bizut. Même Seth avait secrètement envie de lui faire des brûlures indiennes.
- C'est lui, Roland Smirnoff ?
- Oui. Roland, je te présente Jackson Wound, un des plus grands médecins Pokémon du monde. Jackson, Roland Smirnoff vient de Poképolis où il était professeur de dressage.
- Monsieur…
- ... b'jour.
- Et voici Seth Corrigan.
Jackson regarda le gamin sale, en veste miteuse.
- … Pablo, pas si jeune !
- Crétin, c'est… le… protégé de Roland.
Jackson me regarda et rehaussa ses lunettes. Je secouai la tête immédiatement.
- Pas comme vous pensez !
- Oh.
- En quoi vous pourriez m'aider à devenir plus fort ? Parce qu'à part faire des pansements sur mes Pokémon, j'vois pas trop…
Jackson soupira.
- Les gens pensent qu'un médecin est un dresseur inutile et sans force. Qu'un médecin n'a rien à apporter à ses Pokémon ou aux Pokémon des autres. Mais je ne suis pas un simple médecin, je suis aussi un scientifique. Monsieur Smirnoff, connaissez-vous Astor Benz ?
J'acquiesçai.
- Vraiment ?
- Je l'ai plus ou moins fréquenté pendant une période.
Jackson grimaça. Je levai les yeux au ciel.
- Y a-t-il UNE PERSONNE dans cette pièce qui ne pense pas au sexe en ce moment !
Pablo leva la main.
- Baveuse !!
- J'te jure, les laboratoires, ça me coupe la chique !
- C'était en toute amitié et en tout professionnalisme ! grommela Roland.
- Je m'en doutais bien, c'est juste que c'est étonnant de croiser quelqu'un qui a… côtoyé monsieur Benz.
- Longue histoire, peu de temps.
- Certes. Monsieur Benz était un individu peu fréquentable aux manières déplaisantes, MAIS il a créé une innovation cruciale dans le domaine scientifique. Une innovation que je me fais un devoir d'étudier.
- Ca a quelque chose à voir avec le fait que je doive éclater la zone de combat ? demandai-je en regardant Pablo.
La blondasse trop bronzée secoua la tête.
- Savez-vous qu'Astor Benz emprisonnait certains de ses criminels en état d'arrestation dans une autre dimension avec l'aide de son Ténéfix ?
Je plissai les yeux. Il utilisait les noms francophones des Pokémon, et il n'était donc pas d'ici, tout comme moi.
- Euh bah oui, j'ai assisté à ce phénomène…
- … plait-il ?!
- J'ai assisté au… en quelque sorte au bannissement de deux vieux criminels de merde… Je sais plus exactement ce que c'était…
J'essayai de me souvenir de cette attaque. On en avait parlé avec… merde, je veux pas repenser à eux. Pourquoi tout dans ma vie m'y pousse, ça fait chier…
- Il y avait… cette maîtrise de Griffe Ombre…
- Monsieur Benz était un technicien scientifique très réputé…
- TENEBRES ! C'était une déclinaison de Ténèbres !
Jackson hocha la tête.
- Monsieur Smirnoff, vous êtes professeur…
- Etais.
- Vous étiez professeur. Vous savez donc qu'en théorie, même un dresseur extrêmement performant n'utilise que…
- 50% de la puissance réelle de son Pokémon.
- Exact. Les Maîtres de la Zone de Combat y parviennent à 100%. Tout comme les gouvernants de votre nation natale, Poképolis.
Je hochai la tête comme à chaque fois que j'entendais un truc vrai. Jackson soupira.
- En très grande partie, grâce à moi.
Je m'avouai franchement intrigué. Et puis je compris grâce à mon esprit supérieur.
- … c'est VOUS ! Vous avez dirigé les recherches gouvernementales de Poképolis sur les Pokémon !!!
- Je tiens d'abord à dire que durant toute ma carrière, je n'ai jamais cherché à faire du mal au moindre Pokémon. J'ai toujours tenu à faire respecter les règles sans toutefois trop de zèle, mais avec le gouvernement… Disons que j'étais entouré de gens qui avaient moins de scrupules… Si seulement j'avais pu détecter les agissements de certains plus tôt… cette maudite Blyth par exemple…
J'étais scié. C'était la même sensation qu'après avoir vu comment Anakin devient Dark Vador.
- … J'ai… connu… quelqu'un qui… avait un Corayon qui avait subi vos expériences !
- Ah, oui, ce sujet, je m'en souviens. Il s'agissait de développer les attaques Roche de et les contrôler comme si c'était de la roche molle ! Un sujet très intéressant. Pour en revenir à Benz, excusez-moi, j'adore me disperser, il avait réussi à créer une autre dimension.
Je grimaçai. Là, ça devenait débile.
- Et je m'intéresse fortement à ce phénomène. J'ai un Kaorine, mon seul et unique Pokémon…
Jackson le sortit.
- Avec mes expériences, j'ai réussi à combiner Telluriforce et Extrasenseur. De fait, il ne peut plus utiliser les deux attaques normalement. Ce mélange, habituellement, crée une toile de terre assez pratique, un tissu de terre dont je me sers en combat.
- C'est chiant… souffla Seth.
- Shhhhht ! grommelai-je, intéressé.
- Un jour, j'ai concentré l'attaque sur un carré de cinq centimètres sur cinq. Et j'ai eu l'idée d'utiliser Distorsion en même temps.
Je ricanai.
- Combo de trois attaques, ça ne tient pas en général.
- J'y suis arrivé douze secondes.
- C'est déjà assez énorme, les experts maintiennent la concentration trente secondes maxi.
- De quoi ils causent ? demanda Seth à Pablo.
- De trous, visiblement… sourit Pablo.
- Et quelque chose est sorti du trou.
Jackson ouvrit un coffre, visiblement blindé, gardé avec une combinaison à dix chiffres. Il en sortit une boulette de papier chiffonné. Il me la tendit. Je le regardai, totalement mystifié.
- Vous êtes taré.
- Regardez.
- Vous me donnez ça comme ça ? C'est pas censé être très précieux ?! Je pourrais être un taré, un voleur, quelqu'un de rattaché à des affaires louches qui voudrait utiliser vos expériences à mauvais profit !
- Je ne suis pas stupide, monsieur Smirnoff, quand Pablo m'a appelé, j'ai vérifié les archives, la chose la plus illégale que vous ayez faite c'est participer à des combats clandestins. Et aussi vous avez une main courante contre vous pour destruction de biens, lancée par tout un quartier à Cimetronelle.
Je haussai les sourcils.
- Fuck…
- C'est le cas de le dire. Lisez.
Je dépliai le papier chiffonné.
« EN VIE - G »
La grimace que je fis devait être bien convaincante.
- Certes… En vie, G… vous avez ouvert une porte donnant sur un vagin, quoi !
Pablo éclata de rire. Seth grimaça. Jackson hocha la tête.
- Oui. C'est sans compter sur Cynthia Karashina, Jethro Gallhager et la Team Galaxy.
- J'vois pas qui c'est. Enfin, Cynthia, si, c'est une personnalité politique, mais elle est morte.
- Ah oui ? Où est le corps ?
- Dans sa tombe, ma foi !
- Où est le corps ?
Je levai les yeux au ciel.
- Elle a disparu, on a fait une tombe comme ça pour faire bien !
- Elle a disparu au sommet du Mont Couronné.
- Et alors ?
- Dialga et Palkia sont censés y vivre…
- Foutaises…
- Vous voulez ma théorie ? Cynthia Karashina et Jethro Gallhager sont dans une autre dimension qui diffère de celle-ci. Certains Pokémon peuvent y accéder.
Je secouai la tête, j'avais l'impression d'écouter la suite de Star Wars, réalisée par Disney. Oh mais attendez, cette suite existe, je suis même allé la voir. Scoop : C'était nul.
- Vous… venez de perdre le peu de crédibilité que vous aviez à mes yeux.
- Ca ne vous intrigue pas, un autre monde que le nôtre, une autre dimension, un autre univers ? Les possibilités que ça implique ?
- Le nombre de saisons qu'on pourrait ajouter aux « Feux de l'Amour » ! souffla Pablo, lassé.
- Non, pas du tout. Ce qui m'importe c'est ce monde-là. Et l'aide que vous pouvez m'apporter, qui est la raison pour laquelle Pablo voulait que je vous rencontre. Vos conneries dimensionnelles, ça ne m'intéresse pas… des masses, avouai-je.
- Oh, exact. Outre mes talents de médecins et mon intérêt pour la science, je suis un préparateur physique reconnu.
- Z'avez quel âge ?
- Trente-sept.
- La vache. Par contre j'vous préviens, hors de question que vous injectiez quoi que ce soit à mes Pokémon ou que vous… rendiez mon Tartard radioactif, capable de se transformer en marteau, ou d'autres conneries comme ça !
- D'une, ce serait contreproductif et inutile. De deux : vos adversaires ne feront pas autant de cas.
- J'ai vu ce que ça a fait à ce Corayon…
- A-t-il souffert ?
Maudits scientifiques.
- Disons que je suis un traditionnaliste. Je ne veux pas que mes Pokémon changent, je veux garder le contrôle et le suivi sur tout ce qu'ils apprennent !
- Et si je vous permettais d'ouvrir une porte vers de nouvelles techniques, d'atteindre un niveau de maîtrise tel qu'à termes vous auriez juste à penser les choses pour qu'elles adviennent ? Vos Pokémon, immédiatement liés à votre imagination.
Vous voyez mon regard de suspicieux ? Vous imaginez mon regard de suspicieux niveau 99 ? Bah je l'fais, là.
- … Vous ne leur injectez rien, on est d'accord ?
- Ca dépend du Pokémon. Vous avez un Pokémon Roche ?
- Nan.
- Alors je pourrais tout faire par gélules.
- … c'est pas plus rassurant.
- Aucune douleur, rassurez-vous, la recherche est très avancée !
Je soupirai, ayant l'impression de vendre mon âme au diable.
… ce dont au fond je me foutais royalement. Gagner une nouvelle maîtrise de mes Pokémon, ça, c'était intéressant.
- Une dernière chose. Vous me garantissez que le niveau que vous allez me faire atteindre, je ne pourrais pas l'atteindre avec l'effort ?
- Garanti. Les agents du Gouvernement ont tous atteint leur niveau avec mes expériences. Et les Maîtres de zone également. Vous ne feriez qu'utiliser les mêmes armes en fait.
Gros soupir rolandien de résignation face à l'existence grasse et moche qu'elle est laide et injuste. Pablo lâcha son téléphone.
- Bien ! Je viens de racheter ton immeuble, Jackson !
Surprise de ma part, ainsi que de Seth et Jackson. Pablo sourit.
- Je m'installe chez toi !
- … même pas en rêve !!
- Enfin à l'étage au-dessus !
- Je comptais en faire un auditorium pour mes conférences ! soupira Jackson.
- Eh bah non. Bien, Roland, on a une dernière personne à voir.
- Qui, encore ?
- Une vieille amie qui me doit un service. Tu as besoin d'un dresseur fort pour franchir une certaine zone de combat…
- … Le Double Heart Center, comment ai-je pu oublier ça ! grommela Roland.
- Eh oui, tu as besoin d'un partenaire. Et mon amie est une sacrée dresseuse…
Jackson plissa les yeux.
- Je la connais ?
- Ce serait très étonnant et ça en dirait très long sur toi et tes soirées arrosées ! sourit Pablo.
***
Les trompettes résonnèrent. Le rideau de velours rose s'ouvrit.
Elle était devant le micro. Un sosie de Jessica Rabbit. La même. Rousse, pulpeuse, grande, robe rouge écarlate. Elle commença à baragouiner une chanson avec une voix super sensuelle. J'en avais presque quelque chose à foutre de ce qu'elle chantait. Je vous jure.
Pablo regardait avec indifférence, habillé comme Elton John en tournée en Grèce. Jackson, dans un petit costume étriqué, semblait mal à l'aise. Seth, dans des habits neufs que Pablo s'était fait un plaisir de choisir, était très impressionné.
Et moi, je m'en foutais royalement de ses gros nichons et de sa gueule de pute. Et même de sa chanson de pute. Ce qui m'intéressait, c'était : Est-ce que cette femme peut vraiment se battre à mes côtés à la Zone de Combat ?
Traitez-moi de benêt, j'en ai rien à battre. Le jour où une paire de nichons vaincra un Rattata, revenez me voir !
***
- Qui ?
- Pablo ! Ta vieille copine de beuverie ! Burning Man 2032 !!
Arlène Rhodes haussa un sourcil intrigué.
- On a… toi et moi !
Plus tard.
Je ferais une trilogie de films.
Sur ma vie.
La partie 1 s'appellera : « De Voilaroc à Viol Baroque »
La partie 2 s'appellera : « L'Île aux enfants avec l'autre Pute »
Et la partie 3 s'intitulera sobrement : Roland Smirnoff Partie 3 : Errances de Roland sur fond de vie sexuelle de Pablo Montes, illustre salope internationale.
Promis, après ces films je me suiciderai avec splendeur en m'empalant sur la statue de je ne sais quel général français à cheval avec une arme. Je suis sûr qu'ils en ont plein, des comme ça.
Arlène sembla s'en rappeler, pas plus inquiète que ça.
- Mon Dieu, j'étais tellement ivre et shootée à cette époque, je ne me rappelle que trois mois de cette année précise… Qu'est-ce que tu veux, Montes ?!
- J'ai besoin de tes talents de dresseuse. Ca y est, je m'y mets, j'attaque la zone de combat !!
Arlène eut un rire.
- Moi ? Pablo, tu peux me coacher tant que tu veux, je ne gagnerai jamais aucun match contre ces fanatiques de la baston extrême !
- Non, pour une épreuve, j'ai besoin que tu accompagnes mon poulain !
Pablo me désigna. Je semblai gavé.
- Cet endroit pue, j'ai faim, je suis fatigué, je te déteste Pablo.
- Arlène Rhodes, je te présente Roland Smirnoff !
Arlène me dévisagea.
- Inintéressant.
- Je vous rends le compliment, monsieur… soupirai-je.
Et vous noterez que ce n'est pas difficile d'être super offensant avec une garce, il suffit de l'appeler « Monsieur ».
- Je me suis contentée de dire « inintéressant », vous n'étiez pas obligé d'être insultant. Pablo, c'est quoi cette histoire ?
- Je veux que tu viennes t'installer avec nous dans l'immeuble de Jackson, qui est à présent le mien…
- Bonjour ! sourit Jackson comme un Bisounours en chaleur.
- … afin que nous mettions au point le plan pour déglinguer la zone de combat !
Arlène sembla se réveiller d'un mauvais rêve.
- Aaaaaaah, oui, c'est toi le dingue qui a une dent contre Kent !
- Voilà !
- Mon Dieu, jusqu'à maintenant je me souvenais de toi comme du blond qui avait oublié de m'enlever ma petite culotte avant de me sauter !
Je ne pus m'empêcher de rire. Jackson et Seth firent de même, amusés. Pablo leva les yeux au ciel.
- Inutile de…
- Oui, tu as raison, d'autant que tu étais vraiment pitoyable. Combien je suis payée ?
- … euh, bah…
- Pablo, je ne fais rien gratuitement, surtout pour toi !
- Je…
Avec le recul, j'sais pas pourquoi j'ai dit ça. Honnêtement.
- J'veux bien vous reverser 25% de mes revenus suite à mes futures victoires aux épreuves de la zone.
- Futur, éventuel, probable, autant de mots qui me donnent envie de vomir.
- Vous voulez tester sur pièce ?
Pablo, Jackson et Seth me regardèrent, surpris. Arlène se releva.
- Vous êtes un amant de Pablo ?
- Nan ! grommelai-je.
Et là, elle sortit la phrase qui allait me perdre, moi et mon cerveau faible d'homme facile :
- Dommage. Vous auriez été rôdé pour ce que je vais vous mettre.
***
Pablo, Jackson et Seth s'étaient placés sur le côté. Dans la rue derrière le Dandy Warhol, je faisais face à une chanteuse de cabaret qui ressemblait à une pute de cartoon. Génial.
Comme toujours devant une belle femme, mon premier réflexe c'est de faire la conversation. Certains bavent, d'autres bandent, moi je bavarde en bande. Chacun sa méthode.
- Avant qu'on se batte, je peux avoir vos antécédents ?
- Mes ?
- Quelle école vous avez suivi ? Si Pablo s'intéresse à vous, je suppose qu'il y a une bonne raison…
Arlène acquiesça.
- Née et élevée dans un cirque. Toujours passionnée par le monde du spectacle, spécialisée dans l'acrobatie.
J'acquiesçai mollement.
- Je vois ce que vous vous dites, vous avez une tête à… bosser dans un bureau.
- Vous voulez qu'on parle de votre tête ? J'étais prof.
Arlène eut un sourire méprisant.
- D'accord. Vous pensez que dans notre monde, nous sommes faibles et n'élevons nos Pokémon que dans le but de divertir, mais nous avons un réel point d'honneur à développer notre souplesse et notre force. Et vous ?
- Je sais que je veux devenir prof depuis l'âge de dix ans, j'ai été littéralement dressé par mon père, tel un Pokémon, pour devenir prof, mon père étant un tel abruti qu'il pensait que nous, ses enfants, étions de vulgaires Pokémon. De fait j'ai mis sur pieds une équipe calibrée pour la victoire, j'ai mis longtemps à capturer des Pokémon pour le plaisir de les dresser pour moi.
Arlène hocha la tête.
- Je propose un double, histoire de voir. Je suppose que vous avez besoin de moi pour le Double Heart Center.
- Yep.
- Eh bien voyons déjà si vous savez maîtriser un match à deux Pokémon contre deux. Ferrothorn et Nidoqueen !!
Les deux Pokémon apparurent. Une rapide analyse de la situation me dit rapidement qui appeler.
- Fournil et Nout !!
Héricendre et Minotaupe apparurent. Pablo haussa les sourcils, terrifié.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Seth.
Pablo se pencha vers le jeune homme.
- Il ne l'a pas entrainée du tout !! Je viens tout juste de lui acheter ce matin !!
Arlène avait entendu tout comme moi. Je soupirai.
- Discrétion, tu connais pas, toi !
- C'est si étonnant ? souffla Arlène.
- Nan, en fait nan…
- Je ne sais pas comment je dois prendre le fait aberrant que vous fassiez usage d'un Pokémon que vous venez d'acheter.
- C'est mon seul Pokémon Feu pour battre votre Noacier, en fait.
Arlène sembla surprise. Mais c'était vrai, c'était pour ça.
- J'avoue que l'usage d'un Noacier, ça me perturbe, mon équipe n'est pas vraiment faite pour affronter ça…
- Peut-on commencer à se battre ?
- Je vous laisse la main.
Arlène acquiesça.
- Bon. POWER WHIP !
Noacier bondit, se fixa entre deux immeubles avec deux lianes. La troisième alla frapper vers Minotaupe et Héricendre avec une puissance monstre.
- TUNNELIER !
Minotaupe fonça pour contrer le bras vengeur de Noacier. Arlène sourit.
- Comme c'est mignon de laisser cette pauvre Cyndaquil à découvert…
Je haussai les sourcils.
- C'est une FILLE ???
- C'est la dernière qui restait ! geignit Pablo.
- M'ENFIN QUITTE A AVOIR UN TYPHLOSION, AU MOINS UN MALE UN PEU VIRIL !
- Tu t'en fous, c'est pareil !!! grommela Pablo.
- NAN ! EN PLUS CA VA ME FAIRE… QUATRE FEMELLES SUR DOUZE POKEMON !!!
- Et pis ?! C'est quoi ce machisme primaire, là ? Un Typhlosion femelle c'est…
Je poussai un grognement dans la direction de Pablo qui se recroquevilla, peiné.
- Je vais être obligé de la renommer ! Héricendre, tu vas désormais t'appeler… euh… Jackson, trouve-moi un surnom !!
Jackson regarda à gauche, à droite et haussa les épaules, perturbé.
- Gnnn… Amber !!
- Ca va lui porter malheur !! geignit Pablo.
- M'en TAPE ! C'est TA FAUTE !!! grognai-je.
- Vous n'êtes pas très concentré. Poison Sting !
Nidoqueen ouvrit la bouche et cracha vers Héricendre des dards venimeux.
- 'chier !! grommelai-je. Griffe Acier !
Minotaupe se libéra de l'obligation de Noacier et alla protéger Héricendre.
- Vous êtes juste trop mignon, mais c'est bien inutile, vous êtes censé me prouver que vous êtes digne de ma confiance.
Bah voyons.
- C'est que ça depuis le début, ma foutue vie… grommelai-je.
Arlène haussa son seul sourcil visible. J'étais tendu. Sa remarque me remémorait que j'étais en train d'essayer de construire quelque chose avec bien peu, et en m'en remettant uniquement à d'autres. Pour un égocentrique mégalomane comme moi, c'est quand même un foutu comble.
- Confiance, confiance, confiance, se reposer sur les autres et au final, on est trahi…
Pablo plissa les yeux. Jackson, Seth et Arlène penchèrent la tête, intrigués.
- Hm… Je pensais que ce serait intéressant mais non. Ferrothorn, Gyro Ball.
Noacier retomba à terre et fit tournoyer ses trois lianes comme des lassos.
- Nidoqueen, prête… EARTH POWER !
Nidoqueen recula et provoqua des explosions sporadiques. Enfin pas tant que ça.
« Quatre explosions qui arrivent sur moi en spirale… »
« Et son Noacier… »
Le Pokémon Boule Epine envoya ses trois lianes en fronde vers moi et mes Pokémon.
« Ouh bordel réfléchis, réfléchis putain… »
La Telluriforce porta. Je savais ce que j'avais fait, mais cela allait-il marcher…
Minotaupe en sortit intacte. Héricendre, posée sur sa tête, de même.
- Rapid Spin ? Bien joué…
- Vous savez ce qu'est l'attaque Tour Rapide ? Surprenant !
- Vous n'avez aucun intérêt à faire le malin. Bullet Seed et Poison Sting.
Au début je me suis dit « Bwoh l'attaque de merde ». Et pis j'ai vu genre le millier de trucs qui m'arriva sur la figure, des graines et des dards par milliers.
Fallait encore que je joue sur la défensive… Oh et pis merde.
- Nout, prends Amber.
Minotaupe prit Héricendre dans ses bras.
- TUNNELIER !
Minotaupe prit sa force de vrille et fonça dans le tas. Les graines et les dards ricochaient sur elle. Arlène était surprise.
- Oh… vous êtes le premier à percer cette attaque…
- J'en avais un peu marre de la jouer défensif, fallait bien que j'attaque.
- Sage décision…
Minotaupe arriva vers le duo. C'est Nidoqueen qui réceptionna l'affaire.
- Earthquake !!!
Nidoqueen frappa Minotaupe et l'enfonça dans le sol. Pressée contre terre, Minotaupe relâcha Héricendre qui roula entre les jambes de Nidoqueen.
- Pardon ?!
L'échidné de feu regarda Noacier, intriguée. Le Pokémon plante haussa les sourcils.
- AMBER, ATTAQUE REBONDIFEU !
Héricendre cracha la boule de feu qui aspergea Noacier. Le Pokémon eut un vif mouvement de recul.
- SPAMME AVEC FLAMMECHE ! DANS SA FACE !!!
- Nidoqueen !!!
Le Pokémon Sol et Poison se retourna pour démolir Héricendre.
- Vous apprendrez qu'avec moi on ne disperse pas son attention ! NOUT, TUNNELIER !
L'attaque symbolique de Minotaupe frappa Nidoqueen dans le dos. Choquée, le Pokémon femelle retomba au sol alors qu'Héricendre poursuivait Noacier en le bombardant de flammèches.
Arlène, humiliée comme il fallait, rappela ses Pokémon.
- Je vois, je vois… Vous en valez effectivement peut-être la peine…
- Bah ouais. Faut toujours me croire, tout ce que je dis est vrai. Toujours.
- … mais vous êtes bien un mâle avec ce que ça a d'inconvenant…
Encore une salope. C'est pas vrai. Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu ? C'est quoi cette contrepartie de merde pour ma perfection ? Rhalala…
Tout se mit en place assez rapidement. Je m'entrainai en exploitant le résultat des expériences de Wound. J'entretenais ma paire avec Arlène et visiblement la complicité était évidente, nous étions aussi salauds l'un que l'autre. Elle prenait un malin plaisir à s'occuper de Seth comme une vraie mère poule. Et elle cuisinait pas trop mal. Normal, si elle est vraiment issue du cirque, la tradition familiale l'y a forcément poussée.
- Je n'ai jamais eu d'enfants – trop fastidieux – mais s'en occuper c'est un régal !
- Ca me gêne ! geignit Seth.
- Petit menteur, va…
Pablo travaillait dans un bureau à préparer notre parcours, il semblait très concentré. J'essayai de le détendre un peu en sacrifiant mon espérance de vie dans des soirées arrosées.
- R… Roland, t'es le mec hétéro le plus cool pou… pour lequel j'me sois jamais défoncé le cul ! Et venant de moi c'est pas PEU DE L'DIRE !
- J'aurais jamais cru que tu serais un si bon compagnon de beuverie !
- Ouais, j'assure, quand j'picole.
- Tu bosses beaucoup en ce moment, ça m'va droit au cœur. J'saurais te rendre ça au centuple.
- Dégomme cet enfoiré de Julius et je te cirerai les pompes ad vitam aeternam, Roland Smirnoff !
Aviné, je regardai Pablo avec un sourire des plus charmeurs.
- T'inquiète.
- T'es trop mignon…
- T'es bourré !
- Et je sais que tu veux baiser Arlène.
Je haussai un sourcil.
- J'ai un problème avec les trop belles femmes. Je sais jamais comment les satisfaire… grommelai-je avec dépit.
- T'es pourtant pas un trop petit homme.
- Arrête de parler de la taille de ma bistouquette ! ricanai-je.
- Elle est pas si grande de toute façon… J'parlais en termes d'égo !
Nouveau soupir aviné de ma part. Pablo, à quinze centimètres de mon visage, grimaça sous l'odeur de pinard.
- Mouais. Mais ce serait malvenu avec ce qui va arriver. On va faire équipe, si jamais on couche, ça va tout compliquer…
- Hm…
- Pis ça m'embêterait de passer après toi.
Pablo éclata de rire. Je ris à sa suite. Ça faisait du bien de rire un peu.
Parce qu'en semaine, c'était l'horreur. J'étais très exigeant envers moi-même et cette exigence menait un train de vie fou au reste de la maisonnée. Seth était devenu un foutu dresseur accompli. Le jour de ses dix-sept ans, alors qu'il avait réussi à accumuler trois Pokémon d'expérience riche, je lui proposai un choix.
- Tu vas m'offrir un truc, Roland ?
J'avais refusé qu'il m'appelle Maître, c'était trop pompeux. Pis merde, quoi, j'ai trente ans, pas soixante-dix.
- Nan. Ecoute, Seth. Ça fait deux mois que je t'enseigne. Et visiblement je suis un excellent maître vu qu'en deux mois, tu as atteint le niveau moyen d'un dresseur du double de ton âge.
- Faut dire que c'était super intense, ces sessions d'entrainement, y'a tellement de fois où on a sauté des repas que j'ai un estomac en béton maintenant ! sourit Seth.
Je gardai un air sérieux.
- Je te propose à présent un choix. Soit tu sors du programme, soit tu y restes et tu m'aides à ramener du monde.
Seth s'étonna.
- Sortir… du…
- Ouais. Ce qu'on fait, là, c'est très intense, très risqué, Pablo travaille comme un fou, Jackson aussi, Arlène fait ce qu'elle peut pour se mettre à mon niveau, toi au final tu n'as été que l'émulsion qui a apporté de la fraîcheur à mon entrainement…
Seth se décomposa.
- … au final tu n'as rien de précis à gagner dans tout ça, et moi-même je t'ai plus enseigné par pitié que pour autre chose…
- Je… sais, je sais…
- Sache cependant qu'avec ce qu'on a ramassé avec les gars dans les combats de rue, on aura de quoi te payer un appart hyper sympa et même une rente pendant bien un an !
Seth acquiesça.
- Si tu choisis de rester, toi et moi on va faire entrer plus d'enfants des rues dans le programme. Plus il y aura d'élèves, mieux ça sera pour moi et mon entrainement. Et tu t'amélioreras aussi, par truchement.
Seth acquiesça. J'avais vraiment bien dressé ce gosse.
- Cependant, sache que le meilleur choix que tu aies à faire, c'est de quitter tout cela.
Seth grimaça. Mais j'étais bien décidé à lui faire mon laïus jusqu'au bout.
- Je… J'ai de grands projets pour l'avenir. J'ai du temps pour réfléchir avec ces stupides séances de méditation que m'impose Wound, et j'ai pensé m'investir en politique après tout ça. J'en ai parlé aux autres, ils sont prêts à m'aider. Le souci c'est que tu es bien trop jeune pour m'aider utilement dans cette tâche future.
Seth hocha la tête.
- Le mieux que tu aies à faire, c'est d'accepter ma première proposition, de fonder ta propre école de dressage, de reprendre mes méthodes et ensuite de vivre ta vie.
Le gamin continuait à acquiescer comme un fanatique.
- Ou alors tu restes avec moi et je forme plusieurs petits Seth. Mais tu seras toujours le numéro 1, le plus fort et celui qui aura profité de mon enseignement au plus pur, seul avec moi.
Seth sembla réfléchir. Je le regardai non sans expectatives.
- … Ok. Je reste avec toi !
Un sourire satisfait s'afficha sur mon visage.
Evidemment, il aurait mieux valu qu'il se barre. Parce qu'il semblait complètement occulter le fait qu'après tout ça, j'allais le jeter comme une vieille chaussette.
Du coup nous étions encore plus nombreux dans l'immeuble. Il a fallu engager un traiteur régulier pour faire la cantine.
- ROLAND SMIRNOFF, JE N'AI PAS DE TEMPS POUR FAIRE DE LA COMPTABILITE SUPPLEMENTAIRE !!! grommelait Pablo à tout bout de champ.
- Faut bien. J'ai besoin de perpétuellement réviser mes bases, entretenir ces gosses, c'est idéal pour m'entraîner !
- Pour un peu, on pourrait croire que tu entretiens un harem pour Pablo… marmonna Arlène, laconique.
- J'ai JAMAIS touché aucun de ces gosses ! grommela Pablo. C'est pas l'envie qui m'en a manqué, y'a des petits culs vraiment attirants et des fonds de slip qui font rêver, mais j'ai de la retenue, moi, messieurs-dames !!
Jackson plissa les yeux.
- Oh, c'est plutôt marrant… Je suis allé récupérer des gains avec Roland, la dernière fois, c'était cool !
- Quoi ? Tu me trompes en combat double avec lui ?! s'offusqua Arlène.
- C'est pour m'habituer à coopérer avec quelqu'un ! Bordel, ça ressemble de plus en plus à une fraternité universitaire, cet immeuble ! soupirai-je.
- Avec les mêmes réserves d'alcool ! fit remarquer Pablo.
C'était horrible à remarquer de la part de quelqu'un comme moi qui avait tout laissé derrière lui, mais j'avais pour ainsi dire retrouvé une famille. Une qui m'acceptait vraiment et qui me laissait faire ce que je voulais. Pour un peu, j'en oubliais presque que j'avais deux enfants d'un précédent mariage et que j'avais une sacrée réputation en tant que professeur.
Et en fait c'était le cas. J'avais oublié. J'étais sur un petit nuage.
Il y eut, à un moment donné, une conversation cruciale entre nous quatre, une petite conversation qui allait faire des vagues.
- Après ?!
Arlène acquiesça.
- Là, tu te mobilises, et tu nous mobilises pour gagner la zone de combat, mais au fond, qu'est-ce qui va se passer après ? Si tu gagnes ?
Pablo et Jackson me regardèrent, tout aussi intrigués. Je posais ma bière, songeur.
- J'y ai pensé… dans les grandes lignes.
- J'ai hâte d'entendre ça ! sourit Pablo.
- Eh bah… J'ai toujours eu envie de changer le monde.
Jackson, Pablo et Arlène haussèrent un sourcil surpris.
- Et j'ai bien envie d'entrer en politique.
Arlène grimaça franchement. Jackson pencha la tête, totalement intrigué. Pablo éclata de rire, la garce.
- En POLITIQUE ! Bah voyons !!
- En fait j'y pense depuis que j'ai réfléchi à ce que m'a dit Jackson. A propos des dimensions.
Jackson sourit.
- Tu trouves enfin mon hypothèse intéressante ?!
- Nan, je trouve toujours ça aussi chiant. Mais je pense qu'un homme d'envergure comme moi, qui a la capacité de faire de grandes choses, devrait donner toute la mesure de son talent et devenir un instrument majeur de l'avancée de ce monde. Mon ambition c'est de rendre le monde un peu meilleur, et pour ça, je compte sur votre aide.
Pablo me regarda, surpris.
- A… attends, tu es sérieux ?!
- Tu m'as déjà entendu ne pas l'être ?!
- Mais… attends, à quel niveau tu veux qu'on t'aide ?!
- Vous serez au plus près de moi. La position la plus simple que je puisse acquérir, c'est Président de l'Association Pokémon, à Poképolis. Cela demande la nomination de chefs de cabinet, et avec vous, ça m'en fait trois sur cinq.
Pablo, Jackson et Arlène s'étonnèrent.
- M… mai… Mais Roland…
- J'aurais besoin de ta capacité d'anticipation et surtout de ta capacité à calculer un budget.
- C'est… c'est de la folie… marmonna Jackson.
- Oui mais pense à tes expériences, si je deviens le grand manitou, tu pourras les reprendre, et avec un contrôle total, cette fois. Ton contrôle !
Arlène haussa les sourcils.
- Et moi ? Tu veux me donner un cabinet à moi ?!
- Bien sûr.
- Je suis juste une chanteuse de cabaret qui sait utiliser un trapèze !
- C'est déjà deux choses de plus que tout le monde ici ! J'ai besoin d'un œil neuf, de quelqu'un d'aussi piquant que moi mais qui saura me raisonner. Et puis tu es quelqu'un d'intelligent, non ?
- Certes mais…
- Ça ira très bien, ne vous inquiétez pas !
Pablo, Jackson et Arlène se regardèrent, perplexes. Mais j'étais persuadé que ça roulerait nickel. J'sais pas pourquoi, une intuition.
Au bout de quatre mois, les choses devenaient compliquées. Des tas de choses que j'avais feint de voir me sautèrent aux yeux.
D'abord le fait que Pablo et Seth déjeunaient souvent ensemble le matin. Ça avait de quoi me rendre suspicieux. Et puis je sentais bien qu'il se passait des choses en cachette. Même Arlène avec qui j'avais pourtant une certaine complicité, me faisait des secrets.
- J'ai juste été manger avec Jackson, je ne vois pas en quoi ça te regarde !
- Pourquoi vous ne m'avez rien dit ?!
- Tu étais en pleine session, quand on te dérange, ça te met de mauvaise humeur !
- J… Je sais, mais ça m'aurait fait du bien de sortir, vous faites plein de trucs dans votre coin et vous m'excluez complètement !
- Désolé d'avoir des vies privées ! Si ça t'intéresse, ça m'arrive de chanter dans le bar à côté de l'immeuble ! Pablo et Seth viennent me voir en sirotant des mojitos !
Sur ce, je m'étais assis sur une chaise, effaré. Arlène me regarda, étonnée.
- … J'me comporte… comme un gosse.
- Un peu, oui, j'osais pas le dire.
- C'est parce que je me comporte envers vous tous comme un patron ?
- Ah non ! De ce point de vue, je vois plus Pablo comme un patron ! Disons que toi, tu es le type un peu trop sérieux.
Autant dire que j'étais pas avancé.
- J'sais m'amuser aussi.
- Prouve-le !
Avec le recul, honnêtement, le sexe avec Arlène, c'est probablement la meilleure partie de jambes en l'air que j'ai jamais eu de toute ma vie. Un vrai volcan cette femme. J'ai essayé avec elle des trucs que j'avais à peine imaginé essayer dans ma précédente vie. Franchement, aucun homme marié, rangé, avec des gosses ne peut dire « J'ai super bien tiré ma crampe la nuit dernière » avant d'avoir été au lit avec Arlène Rhodes.
Cependant elle avait été très claire. Ce n'était pas une relation amoureuse, en aucun cas. C'était quand elle le voulait uniquement. J'étais d'accord. Sauf pour la partie où elle me tenait par les valseuses. Là, croyez-moi, plus d'une fois, j'ai eu ce que je voulais. J'étais bien trop intelligent pour elle. Je sais, on ne peut pas parler d'intelligence avec le sexe. C'est trop chimique pour être vraiment rationnel. Une fois on l'a fait dans les appartements de Pablo alors qu'on le cherchait pour lui demander une calculatrice – une vieille querelle sur le nombre de lignes sur un passage piéton, vous ne voulez pas savoir, honnêtement – et comme il n'y était pas, on a testé la literie. Laissez-moi vous dire qu'il y a une inégalité hallucinante concernant la qualité des matelas dans cet immeuble.
Pablo avait compris très vite (en fait on n'avait apparemment pas été discrets du tout et il était apparemment juste dans l'annexe de son bureau) et m'avait fait la morale.
- Roland, bon sang, je me casse le cul pour tout préparer et monsieur baise dans mes appartements ?!
- Oh ça va ! Qu'est-ce que tu prépares depuis quatre mois ?
- Des probabilités, monsieur ! Des calculs très importants ! Je suis en train de définir un plan stratégique pour finir la zone en trois jours !!
Je haussai les sourcils.
- TROIS JOURS ?
- Tant qu'à buter cette pute de Kent, autant établir un record du monde. Ne sous-estime pas la puissance de mon ambition !!
- … la vache. Y'a quoi entre toi et Seth ?
Pablo sembla offensé.
- QUOI ?
- … J'demande. J't'en voudrais pas. Tu fais ce que tu veux.
- Tu baises Arlène – une femme magnifique mais tout de même, une FEMME ! – sur MON canapé Louis XV et JE devrais me justifier sur mon amitié avec un gosse ?!!
- Tu fais ce que tu veux !
- Y'a des choses, monsieur Smirnoff, que vous n'êtes pas capable d'appréhender, alors ne me titillez pas, il vous en CUIRAIT !! grommela Pablo avec un air canin.
- J'te rappelle juste qu'il a dix-sept piges et que dans ce pays c'est genre… illégal !
Pablo eut une grimace sans équivoque. Je hochai doucement la tête.
- Gros dégueulasse.
- Y'a rien eu, Roland, j'te le jure !!
- Tufaiscequetuveux, jeneveuxriensavoir.
- Gnnnn…
- NEANMOINS…
Pablo me regarda alors que je lui faisais dos en levant un doigt de la manière la plus classe que je connaisse.
- … je remarque que tu ne me livres aucun détail alors que d'habitude tu ne te gênes pas. Donc… soit il n'y a rien… soit tu as du respect pour ce petit.
Je m'éloignai, ayant le sentiment du travail bien fait. Je n'appris que plus tard qu'il y avait entre eux une grande tendresse et une profonde complicité, peut-être un peu d'à-côtés sexuels dont ni moi ni Arlène ni Jackson aurions entendu parler, mais de toute évidence une relation unique tant pour Pablo que pour Seth.
Bah. Comme on dit dans Lost : « Plus tard, dans des flashback ! »
Je sais, j'suis un enfoiré, etc.
- Tu t'améliores, Seth, c'est bien.
- Merci Roland. J'ai l'impression d'avoir fait un service militaire !
- Oui, tu ne jures plus, tu es poli, propre sur toi, j'ai fait de toi un homme, un vrai !
Seth sembla gêné. Je l'observai, tout propre sur lui, bien coiffé, plus sportif, accompli quoi.
- Pis bon, ici, ça t'a forcément changé de ta vie d'avant, tu as rencontré des gens…
- Oui, oui…
- C'est dommage qu'on doive se quitter bientôt. Mais on restera en contact, évidemment.
- Hm, j'espère bien…
- Mais oui. J'vais pas te lâcher comme ça, cher disciple !
Seth sourit faiblement. Merde, même en étant un peu sentimentaliste, j'arrivais pas à tirer quoi que ce soit de sa relation à Pablo. J'suis trop mauvais !
Jackson ne comprenait pas mon empressement.
- C'est étrange cette curiosité malsaine de ta part, tu es le premier à engueuler Pablo quand il détaille ses conquêtes.
- C'est trop bizarre, quoi, le mec qui a presque trente balais et ils passent genre des soirées entières dans ses appartements ! Même Arlène se pose des questions !
- Ca ne vous regarde pas. Au fait, entre deux justifications foireuses, Pablo ne t'aurait pas glissé par hasard un mot à propos de l'oreillette ?
- Heu… non…
- Pendant tes matches, tu pourras être relié à un coach par oreillette. Pablo n'a pas le droit en tant qu'ancien employé, Arlène ne te serait d'aucun secours, Seth est ton élève donc c'est moi qui m'acquitterais de cette tâche.
Je hochai la tête. Cela me convenait parfaitement. Le combat, c'était quelque chose de sérieux pour moi, et d'avoir avec moi la personne la plus sérieuse de nous tous, c'était un plus non négligeable.
- Cool. L'entrainement se passe bien, merci… Même si je me sens un peu comme un tricheur.
- On a eu mille fois cette discussion. Tu ne sens pas que tu as obtenu un plus grand pouvoir ? Que d'une certaine manière ça découlait de quelque chose de naturel ?
Je hochai la tête, mais de ce point de vue, c'était toujours l'incertitude. Je savais que mes Pokémon étaient toujours les mêmes, mais de les savoir capables de tant de choses. Et surtout de pouvoir attaquer humains ou Pokémon sans distinction, c'était ça le plus flippant. C'est un secret que je ne connaissais pas, mais ça n'était pas l'excès de force qui rendait les Pokémon capables d'attaquer significativement les humains jusqu'à les tuer, c'était le résultat des expériences, un mauvais effet secondaire.
En fait, normalement, les Pokémon s'attaquent entre eux, sans volonté de se blesser réellement, juste de se mettre KO. Ensuite, lors d'un combat, le Pokémon normalement dressé retient son attaque pour ne pas blesser d'humain. Les expériences de Jackson cassent cette limite dans l'esprit du Pokémon afin de débloquer sa puissance réelle.
Mais loin de moi l'idée de blâmer Jackson pour quoi que ce soit. J'allais réaliser un exploit, et c'était en grande partie grâce à lui. Et puis c'était devenu un sacré pote, et un sacrément bon joueur d'échecs.
***
Et le grand jour arriva.
Nous avions pris le soin de congédier tous les élèves (exception faite de Seth qui allait suivre mon parcours avec nous) en les remerciant pour leur investissement et leur sérieux. L'immeuble lui-même avait été revendu. Nous avions gardé une réserve pour manger, trouver où dormir et nous refaire au cas où. Tout le monde jouait son cul pour moi, mais nous devions également avoir la plus grosse mise de départ. Si on enchaînait les zones, la mise se transférait d'une zone à l'autre.
Pablo avait établi un plan strict. C'est donc au petit matin que je me présentais à Battle Roulette, lieu de mon échec cuisant.
A nouveau au milieu de la roulette, je regardais les adversaires tourner autour de moi.
- ROLAND SMIRNOFF VERSUS TRIXIE !!!
La même pouffiasse qu'au début. Putain de sa chienne.
- Encore toi ? C'était y'a quoi, six mois ?! Même en t'entrainant dix ans, tu n'arriverais pas à battre cette zone ! Hahahaha !
J'étais visiblement crispé. Heureusement j'avais dans le public quelqu'un qui pouvait me calmer un peu.
« Roland, on se détend. C'est une mouche sur le pare-brise de la victoire.
- T'as rien de plus con à lui dire ?! grommela Pablo.
- Non, rien ! »
Je respirai bien fort. Elle appela son connard de Ptera, avec son putain de sourire de pute bien affiché sur sa gueule de salope.
Calme-toi, Roland. C'est juste une gothique. Juste une fille qui croit que l'existentialisme ça consiste à faire le malheureux pendant que des gosses crèvent de faim en Afrique. Mais madame est malheureuse parce que c'est plus cool d'être malheureux que d'être heureux. LOL.
J'envoyai Tartard, normal. Elle ricana devant mon erreur manifeste.
Je l'écoutais plus en fait. Elle parlait, parlait, mais moi j'étais d'un calme olympien. C'était juste un moucheron sur ma route.
L'arbitre sonna le début du match. Je n'eus qu'un mot à prononcer.
« Hydrocanon ».
Les yeux de Tartard s'illuminèrent. J'avais eu la lumineuse idée d'utiliser sa nouvelle malléabilité technique pour faire en sorte que Lire-Esprit soit actif en permanence. Mon Tartard pouvait frapper chaque point faible avec une précision terrifiante.
L'attaque partit d'en dessous, comme une vulgaire Saumure. Elle fusa comme un Geyser, du sol au plafond. Un puissant tir aquatique qui défonça complètement ce gros ptérodactyle de mes deux. La créature retomba au sol, stupéfaite, autant que sa maîtresse débile.
- Mais… Mais… Mais…
Au sol, le Ptera semblait en souffrance, choqué. Il criait dans ma direction alors que j'avais les bras croisés, impassible. Mon calme olympien m'étonnait moi-même en fait. Je ne pensais pas que je serais aussi relax.
Quand Ptera s'approcha pour tenter de mordre, Tartard lui asséna une bonne claque. Ma victoire était totale, à un point que j'en jubilais complètement… et intérieurement. Hors de question de laisser quoi que ce soit transparaître avant la victoire totale.
Hasard ou non, mon adversaire suivant fut Martingale Croup. Engoncé dans un costard, ce grand type assez massif avait des jeux de cartes à jouer dans toutes ses poches. Notamment un tarot. Rien à foutre.
- Roland Smirnoff… Bienvenu au Casino Grande Stadium, où nous accueillons chaque jour des dresseurs venus de tous horizons, venus tenter leur chance, venus vivre le rêve américain !
Rien à branler de ton discours institutionnel.
- Prépare-toi à vivre un combat d'anthologie !
Je me souvenais des conseils de Pablo.
« Martingale est un joueur. Il tentera de t'atteindre sur le plan psychologique. Tu dois absolument passer outre son attitude méprisante et son charabia de joueur. C'est un combat normal mais Martingale a une grande capacité d'adaptation et aime jouer avec les nerfs des adversaires. Si tu restes calme et si tu restes dans la ligne que tu t'es fixé, il n'y a rien à craindre. »- Sudowoodo, go !!
Le Pokémon Roche me faisait face. « Typiquement le genre de caca boudin que j'adore éclater »
- Jugger.
J'envoyai Ronflex, sans trop de conviction.
- Lame de Roc !
Il envoya des rochers. A mon étonnement, ils n'étaient pas pointus mais ronds, comme des galets. Ronflex prit la sauce, l'attaque étant bien trop rapide pour lui.
En observant les rochers, je m'aperçus qu'ils étaient aussi ronds et parfaits que de banals jetons.
- Tu aimes ? C'est Simularbre qui produit nos jetons ! Leur rareté et leur caractère précieux ne t'aura pas échappé ! Libre à toi d'en prendre, c'est cadeau !
Je serrai le galet dans ma main.
- … tu m'affrontes et tu oses m'opposer ton distributeur de flouze ?!!
« Roland, calme-toi !! » criait Jackson dans l'oreillette.
- Tu me prends pour un vulgaire joueur dans ton foutu casino ?!!
- Que veux-tu, c'est le jeu ! ricana l'homme.
- BORDEL DE MERDE MAIS TU ME PRENDS POUR QUI ???
« Roland, ça suffit ! »
La voix autoritaire de Jackson me ramena à la réalité.
« Je sens en toi une immense colère, une puissante frustration. Je crois t'avoir déjà dit, ainsi que Pablo et Arlène, que tu devais utiliser l'énergie déployée par cette colère de façon utile à présent. Redirige-là contre ton adversaire par le biais de ton Pokémon ! »
Je fermais les yeux, prenant pleine conscience de ces paroles.
Ronflex se redressa et fonça vers Simularbre, aussi déterminé que j'étais. La première chose qui m'a intéressé chez Ronflex c'est sa puissance basée sur la répartition des poids. J'ai alors travaillé sa graisse, sur plusieurs plans. En défense il est tout mou. En attaque, il est dur comme l'acier.
Son Plaquage donna un grand coup à Simularbre qui fut envoyé dans les airs. Ronflex sauta à sa suite. Je voyais les visages s'agrandir dans le public, les gens ne s'attendant pas à voir un Pokémon pareil sauter avec tant d'aisance. J'ai travaillé son habileté au maximum, et j'ai probablement le Ronflex le plus souple.
Le Tacle Lourd acheva le stupide arbre de pierre en le clouant radicalement au sol. Martingale sembla impressionné.
- Waouh. Pas mal. Mais rien n'est encore joué. Escavalier !!
Le Pokémon apparut. J'eus un réflexe immédiat, celui de rappeler Ronflex.
- Tiens ! On ne fait pas confiance à ses Pokémon sur la durée ?
- Amber.
Typhlosion arriva à sa suite. Le Pokémon semblait intrigué de se retrouver ici. Martingale éclata de rire.
- Bah voyons. EXPLOFORCE !!!
Je savais que cette attaque était une mascarade. Typhlosion ne s'y trompa pas, et j'avais bien fait de ne pas la rejeter parce que c'était une femelle. Elle était parfaite.
Le Pokémon encaissa la boule d'énergie. Martingale fut impressionné. Lançargot fonça droit vers mon Pokémon, en pleine Tête de Fer. Mais il semblait venir de plusieurs côtés, se servant de sa vitesse insoupçonnée pour tromper ma vigilance.
- Tu n'en réchapperas pas !
Typhlosion se recroquevilla sur elle-même. Le feu remplit le stade. Les dresseurs de la zone durent s'éloigner de la roulette. Le public sembla avoir bien chaud aussi. Je n'étais pas peu fier de mon effet.
- Nom d'un poker menteur… C'est…
- Aire de Feu… marmonnais-je.
Martingale sembla surpris. Je le regardai froidement.
- Les attaques puissantes, c'est réservé aux Pokémon puissants.
Martingale sembla stupéfait. Il rappela son stupide gastéropode cramé.
- Très bien… Dernier Pokémon, le roi des voleurs !! Krookodile !!
Le spécimen était impressionnant, largement plus grand que la moyenne.
Mais j'avais été prévenu.
« Son Crocorible est sa carte maîtresse. Il est gigantesque, suite à une cure de Pokéblocs jaunes, comme Jackson te l'a expliqué. Mais comme tu le sais également, ça ne change rien à sa puissance globale. Cela affecte juste sa conscience offensive de la physique. »Je rappelai Typhlosion.
- La même stratégie… Même si tu appelles ton Poliwrath, je saurais le contrer !
- Kiki.
Feuiloutan apparut. Le singe me regarda, je hochai la tête, sur de moi.
- ATTAQUE SAND TOMB !!!
Le terrain se transforma en véritable tamis. Feuiloutan commença à glisser vers le fond. Pablo, Arlène, Seth et Jackson se relevèrent, surpris.
- HAHAHAHA ! TU ES VENU AVEC TOUTE TON ARROGANCE, MAIS N'ESPERE PAS DEJOUER AINSI LES TOURS DE…
Le Fouet Liane enserra la bouche de Crocorible.
Feuiloutan se sortit du trou à toute vitesse, tracté par la liane accrochée à son bras.
Le singe se posa sur le nez de la créature.
- Q… Quoi, mais…
- Kiki, Canon Graine, qu'on en finisse…
Feuiloutan sauta, les bras contre son corps et tendit les mains comme pour recevoir un ballon. Il s'en échappa une nuée de sphères blanches semblant constituées de chaleur pure. L'attaque frappa Crocorible en pleine face. J'avais en fait porté l'attaque à un tout autre niveau. Outre ses capacités physiques, je devais différencier ce Pokémon de Phyllali dont il était très proche dans la typologie et le mode d'attaque. Et comme j'avais toujours été un peu fan de Fulmigraine…
- N… NON !!! Un… Canon Graine porté… à ce niveau-là ?!!
- Faut pas déconner, tu m'envoies trois merdes, je les dégomme avec des attaques merdiques, ça va pas chier plus loin !
L'attaque explosa complètement Crocorible qui s'effondra complètement, fumant de toutes les attaques qui l'avaient atteint. Martingale était vert. Moi, j'étais tout sourire. Et dans les tribunes, mes quatre compères étaient extatiques.
***
- EXTRAORDINAIRE ! MAGNIFIQUE ! JE SAVAIS QUE J'AVAIS EU RAISON DE TE FAIRE CONFIANCE !! sourit Pablo.
- On continue. Faut pas s'arrêter en si bon chemin ! soufflai-je.
- Certainement pas. C'est bien trop amusant ! sourit Arlène.
- Roland, ta maîtrise de toi était très impressionnante, je m'attendais à ce que tu pètes un plomb, mais…
- Je vais être honnête, j'ai pris des calmants ce matin !
Jackson haussa les sourcils.
- Bon. Pablo, tu vas acheter des sandwiches, je passe à l'Everlasting Battle !
***
Everlasting Battle, au Continuum Stadium. Je dois enchaîner 100 combats à la suite pour espérer rencontrer le maître de zone. La zone en elle-même est une ancienne ligne de métro transformée en zone de combat. C'est un long terrain continu (et le plus long du monde) que le dresseur parcourt en affrontant à la suite cent dresseurs (oui vous avez bien lu)
C'est ainsi que j'affrontai 100 dresseurs complètement inintéressants avec un Pokémon chacun, utilisant mes 12 Pokémon l'un à la suite de l'autre, dix fois. Pour les deux derniers, je me contentais de Metamorph qui s'en sortit sans problème.
Le maître apparut alors : Sylvester Flow.
- Après tous ces matches, tu dois être éreinté ! Subis la puissance du dernier Pokémon : PROBOPASS !!!
- Buck…
J'appelai Kapoera à la rescousse.
- ABRI !
Ma première attaque, un Mawashi Geri bien porté, ne porta pas. C'était pas de chance.
- MUR DE FER ! MUR DE FER ! ABRI ! MUR DE FER ! HAHAHA ! ABRI !
Un surexcité, bah voyons.
Une simple Ruse eut raison de sa stratégie basique.
- AH !!!
- Bah oui… quand même… Buck, un petit Close Combat s'il te plait...
Ca prit bien une minute, mais je réussis à vaincre cette stupide créature. Son abruti de dresseur resta bouche bée tandis que mes quatre acolytes m'applaudirent mollement, atterrés par la nullité de mon adversaire.
***
Battle Hole. Je devais franchir un véritable parcours du combattant, que j'avais choisi de franchir avec Phyllali et Absol. La plateforme descendait et je devais franchir les obstacles qui se formaient sur la plateforme. C'était bien chiant. Et long.
- Putaiiiiin… grommelai-je.
Pablo semblait fou de joie, voyant la mise devenir faramineuse. Fou tout court en fait.
- On est en train d'atteindre les cent millions !!! CENT MILLIONS DE DOLLARS !!!
- Calme-toi, rien n'est encore sûr ! souffla Arlène.
- Il est temps ! Temps pour la réalisation des projets de Roland !! ricana Pablo.
- Vraiment ? Si tôt ? s'étonna Jackson.
- OUI ! Ma confiance envers sa puissance était au départ… motivée par mon attirance pour son petit cul, mais à force…
Arlène, Jackson et Seth écoutaient Pablo de moins en moins attentivement.
- A force je sens que tout est possible !
Arrivé tout en bas, je fis face à Serge Hussein. Le gros barbu acquiesça, se retira et laissa place à six Teraclope en cercle autour de moi. Mais Pablo m'avait prévenu. Je rappelai Phyllali pour laisser Absol s'en charger.
Les six Teraclope attrapèrent Absol qui fut quasi momifié dès le début du combat. J'observai, confiant. Je savais grosso modo comment j'allais m'en sortir.
Comme prévu, les Teraclope utilisèrent Dépit. De leurs mains sortirent d'étranges esprits blancs qui fonçaient sur Absol. Ça, plus leur aptitude Pression, autant dire que j'étais foutu.
Absol se mit à fumer. Mes Danse-Lames, ça ne ratait pas. Coupe-Vent désagrégea Etreinte et Dépit en un rien de temps. Je n'avais que faire des attaques puériles et épuisantes d'un groupe de momies fantômes.
- Vlad, Tranche-Nuit, et ce sera bon.
Absol se mit à courir vers un Teraclope. Prenant la chose de vitesse, il la frappa d'un vif coup de corne. Les cinq autres réagirent en utilisant Reflet. Le terrain était rempli de Teraclope. Absol s'entoura d'une étrange enveloppe noire, semblable à une sphère au départ, puis à une rose noire.
La rose se déflora tout naturellement, libérant le Vibrobscur dont elle était formée. Oui, j'avais trouvé ça cool d'en faire une attaque périphérique, juste pour m'aider à me débarrasser d'éventuels projectiles alentours. Dans ce cas précis c'était surtout pour dissiper les reflets et retrouver les vrais Teraclope.
L'attaque rasa les reflets et retrouva les cinq derniers Teraclope (le dernier ayant été trop bien frappé par la Tranche-Nuit) en groupe, prêts à lancer une rafale de poings élémentaires divers. Je poussai un soupir lassé.
- J'ai pas de temps à perdre…
Le rayon de cette Tranche-Nuit était tellement large qu'elle abattit les cinq derniers Teraclope, interrompant de facto leur offensive ridicule.
Hussein reparut. Il me regarda. Je le regardai. Clairement, c'était un hirsute arabe bourru et probablement aussi misanthrope que moi, mais je voyais dans ses yeux beaucoup de respect et de fair-play. Il avait perdu, mais il en était pleinement conscient. Il n'allait pas geindre. Il n'était pas pathétique – et il ne l'avait pas été, j'avais pensé cette stratégie avec beaucoup de réserves mais en sachant bien à quoi m'attendre.
- … Passe. Ici, tu as gagné. Qui sait ce que te réserve la suite.
Moi, je sais. Merci quand même. Cela restera le seul à qui j'aurais serré la main.
***
- J'espère que ça va aller… C'est une des zones les plus difficiles…
Battle Park, mon quatrième arrêt. Central Park, au cœur de New York, devenait, chaque nuit, le théâtre d'une zone de combat très particulière. Le but était de la franchir et d'arriver vivant au chef, Parker Olmsted. Je dis vivant en exagérant à peine. La zone est minée, gardée par une horde de Pokémon enragés qui n'hésitent pas à attaquer les humains. La nuit on peut entendre des explosions, des cris de terreur ou de douleur… C'est dangereux et la plupart des dresseurs qui y vont se tirent dans les pattes, de surcroit.
Pablo semblait inquiet pour moi.
- Tu connais les quatre cachettes possibles de Parker…
- Ouais.
- Bon… Tu comptes…
- Utiliser seulement deux Pokémon, aller tout droit, défoncer tout le monde.
Pablo acquiesça. Jackson hocha la tête. Arlène était impressionnée. Seth pas rassuré.
- Bon courage… on se retrouve au bar à l'entrée.
- Yep.
J'entrais dans la zone après avoir présenté ma carte à l'entrée. J'étais un peu fatigué. Mais je sortis quand même Scorvol et Limaspeed.
Une grande inspiration plus tard, je pris les jambes du premier et le laissais planer pour moi du haut d'un rocher.
Franchir la zone en volant n'était pas interdit – de toute façon les quatre cachettes possibles sont couvertes donc d'en haut on ne peut pas le repérer – mais cela a plusieurs inconvénients…
Les premières Balle Graine me visèrent. J'étais mal barré. Limaspeed, au sol, assainissait la situation autour.
- Bordel de merde…
Envisager une descente ? Même pas en rêve. Purée…
- Voldo, ça me désole, mais tu vas devoir t'en servir maintenant !
Mon Pokémon acquiesça d'un cri. Il s'arrêta et croisa les pinces. Je croisai les doigts pour qu'il y arrive, je ne pensai pas vraiment cette technique au point. N'empêche New York la nuit c'est super beau !
Le vent se déclara sur la lande de Central Park. Les arbres faisaient bruisser leurs feuilles. Les lacs vibraient. Cela fonctionnait ! J'avais bien développé Vent Arrière dans des proportions ahurissantes !
- Génial !
Limaspeed sentit le vent lui aussi. C'était le signal que le plan aérien ne se déroulerait pas comme prévu. Le Pokémon s'immobilisa complètement.
La Tempêtesable se déclara, astronomique. Elle frappa tout le parc. Qui n'est pas petit, ça, je le garantis. La plupart des dresseurs qui faisaient tranquillement la zone furent pris au dépourvu. Limaspeed subissait les dommages du sable.
A la fin de l'attaque, le sable avait salement dévasté le parc entier. Je descendis sans heurts. Limaspeed vint me rejoindre, surpris.
- Je sais, on a dû activer le plan plus tôt. Erreur de jugement de ma part. Soin !
Limaspeed se régénéra. J'avançais dans le parc. Des dresseurs m'accostèrent.
- C'est TOI qu'a fait ça ? T'es MALADE ?!
- Limax, Bourdon…
L'attaque de Limaspeed provoqua un choc qui repoussa cette larve dans un buisson.
- CA VA PAS LA TETE ? VOUS VOUS PRENEZ POUR QUI ?? demanda une idiote.
Même régime. J'suis pas sexiste.
Comme les pouilleux s'amassaient autour de moi, pour divers motifs tels que m'insulter, vouloir faire équipe avec moi ou me tuer sans équivoque, le chef de zone sortit de sa cachette.
C'était un trappeur. Dans Central Park. Bah tiens.
- Est-ce toi le déclencheur de tout ce chahut ?
- J'veux juste vous battre, si cette épreuve n'était pas aussi chiante, j'aurais pas eu à déployer de si grands ressorts tactiques.
- Jeune homme, Battle Park est un lieu d'aventure pour tous, et…
- Gna, Gna, Gna. Je connais votre terrible secret, alors on se bat et vite.
Parker s'étonna.
- Mon… secret ?!
- Bah oui, vous êtes mormon, et pas n'importe quelle branche, la branche polygame et super libérale sur plein de sujets…
- … oh…
- … vous avez trois femmes et deux maris, il me semble. Ainsi que sept enfants, mais ça je m'en tamponne…
L'homme grinça des dents.
- Dheu… mais… qui vous a dit ça ?!
- Quelqu'un qui, visiblement, savait que vous étiez un péteux coincé du cul et que vous trouveriez sûrement un excuse à la con pour éviter le combat.
Parker serra les dents.
- Sachez, monsieur, que je n'évite jamais le moindre combat !
- J'espère bien pour vos fesses sinon je divulgue à tout le monde le fait que vous êtes un gros dégueulasse qui fait partie d'une secte et qui de surcroît est roux. Ce qui est giga grave. Autant le reste je m'en fous, mais vous êtes roux, quoi ! Un trappeur roux à Central Park ! La moindre accusation de pédophilie et vous êtes foutu, personne vous croira !
- Très bien, très bien, j'accepte l'affrontement. Préparez-vous à affronter la parfaite combinaison entre forêt et lacs !! Seedot !!
Je savais que je devais me méfier de tous ses Pokémon.
- Limax, attaque…
- BULLET SEED !
De mystérieuses graines magiques apparurent autour de Grainipiot en cercle, comme une Lame de Roc.
- Sérieusement… soupirai-je. Survinsecte.
Grainipiot balança ses graines à une vitesse et avec une force assez hallucinantes. Fort heureusement, la Survinsecte de Limaspeed était rapide, vicieuse, puissante et avide de végétation. Elle dévora tous les grains, et alla coller une rouste monumentale à ce stupide gland insomniaque. Ouais, j'aime pas ses yeux.
- Ah c'est comme ça, hein ? NUZLEAF !
Pifeuil apparut. La créature s'empara d'un bambou. Pablo m'a dit de me méfier de ce bambou. Et quand un homosexuel vous dit de vous méfier d'un gros truc dur et long, c'est que c'est grave.
- Voldo !
- Un Pokémon volant ! Je les mate sans problème !!
Pifeuil s'apprêtait à tabasser Scorvol d'un bon coup de bambou, mais la queue du Pokémon trancha la plante avec Direct Toxik.
- AH !!!
« Même sans les expériences de Jackson, je m'en serais tiré face à ces deux-là… »
- LOTAD !!!
Le Pokémon apparut. Pablo m'avait aussi parlé de ses pouvoirs. En voyant les bulles vertes, en réalité une nébuleuse d'Ecosphère, je n'étais pas surpris.
- Tu me les brises avec tes attaques débiles. Survinsecte !!
Une fois de plus, l'attaque au rayon étendu de Limaspeed perça son attaque puérile.
- LOMBRE, SAUVE-MOI !
Si en plus tu perds ton calme, ça va être simple.
- FURY SWIPES !!!
Pardon ?! Mais c'est le niveau zéro d'utiliser cette attaque-là avec ce Pokémon précis…
Je compris vite mon erreur : Lombre frappait le sol et déplaçait de la terre. C'était encore plus débile que je le pensais. Il me lançait du terreau quoi. Limaspeed utilisa Giga Sangsue. L'énergie de la terre balancée fut complètement absorbée et il n'en resta que de la poussière. Mes Pokémon ainsi que moi-même ne pouvions que nous dépoussiérer.
- Jolie et très originale combo de Combo-Griffes et de Force Nature. Dommage que ce soit complètement inut…
Idiot que j'étais : Nous étions dans l'herbe. Force Nature, dans l'herbe, ça fait quoi, Roland, couillon que tu es ?!
- … Para Spore… maudit…
- HAHAHAHA !!! VOILA CE QUE J'EN FAIS DE TES PRETENTIONS !!! VAINCRE LES MAITRES DE LA ZONE !!! TU TE FAIS ABATTRE PAR UN LOMBRE !!!
- Danse Pluie.
Limaspeed prit la pose la plus ninja possible et la pluie tomba sur le terrain. L'Hydratation fit son effet et le soigna.
- Prêt, Voldo ?
Scorvol acquiesça et se mit en position. Parker était stupéfait.
- Mais il est… mais il est…
- Empoisonné, pourquoi ?
Scorvol ouvrit sa pince. Ah bah oui, ça, un orbe toxique, on la voit pas tout de suite…
- Soin Poison, mesdames et messieurs… Oups, pardon, c'est pas une attaque…
La Poison-Croix lamina complètement Lombre. Je me sentais d'humeur explicative.
- Alors comme nous pouvons le constater, je me suis servi de la capacité de Voldo à transformer le poison en nutriments…
- SILEEEEENCE !!!! LUDICOLO, SHIFTRY !!
Ludicolo et Tengalice sortirent des dernières Pokéballs.
- TU NE ME BATTRAS PAS ! JE T'INTERDIS DE ME BATTRE !!! SURF…
Ludicolo souleva au-dessus de nous l'eau des lacs de Central Park. Waouh. Inutile de dire qu'avec ma Danse Pluie, l'effet était intensifié.
- J'vais arriver trempé au bar, les potes vont rager…
- … ET LEAF STORM !!!
Les feuilles des arbres du parc se joignirent à la farandole.
- … pis les serveurs aussi…
- MON ATTAQUE VA DEMOLIR TES POKEMON !!! TU VAS DEVOIR TOUT RECOMMENCER !!!
- Ouais, ouais.
L'eau dans les airs diminua sensiblement après une bonne Giga Sangsue. Et les Survinsecte de Limaspeed étaient super bons pour dévorer les feuilles.
- MAIS… MAIS…
- J'connais de très bonnes marques de calmants si vous voulez !
***
Après avoir achevé les deux rois de la forêt avec la Poison-Croix de Scorvol, je retrouvais mes chères ouailles. Pablo exultait déjà, bien bourré. « La bière anti-stress », me signifia Seth qui s'était contenté d'un Coca.
- NOUS ALLONS DEVENIR MILLIARDAIIIIRES !!!! HAHAHAHAHA !!!!
- Ça devient de pire en pire… souffla Jackson.
- Au moins il ne dégoise pas d'horreurs… souffla Arlène.
- A la limite je préférais, au moins il n'avait pas l'air d'un fou dangereux…
- Non, juste d'une lecture audio d'un roman de Stephen King ! souffla Arlène.
Je m'assis et savourai la vodka pomme qu'on m'avait commandé.
- Tout s'est bien passé ? demanda Seth.
- Ouais, nickel… C'est même un peu trop facile.
- Mes expériences ajoutées à ton talent naturel, tout cela rend les choses plus aisées… admit Jackson.
- Mouais… J'aimerais un peu plus de challenge quand même…
- Tu en auras demain ! sourit Pablo en retrouvant sa contenance. Tu vas affronter Gino Fork dans un tournoi à dimension mondiale !!
Je déglutis.
- Stadium Exodeum ?!
- Oui.
- J'vais mourir…
- Ensuite le truculent Tai-Pu à Battle Chromatorium…
- Tai-Pu ? On dirait un nom de purge pour Miaouss !
- Ensuite ce sera Katalina Irons à la X-Y-Z Factory qui va monopoliser ton esprit supérieur !
- Hm…
- Enfin ce sera Ariane et Corbier Duduchka !
Je regardai Arlène qui hocha la tête.
- Ca va aller. On va s'en tirer.
- Hm. Et la troisième journée ?!
- Tu vas démolir Julius Kent comme la vulgaire merde qu'il est !! grogna Pablo.
Je ne pus qu'acquiescer.
- J'espère qu'on pourra manger entre temps !
***
- INCROYABLE MAIS VRAI ! LE CHALLENGER ROLAND SMIRNOFF EST VENU A BOUT DE TOUS SES ADVERSAIRES !!!
J'avais assuré, franchement. Toute une matinée pour dézinguer trente dresseurs dans des 1 vs 1 radicaux, ça fatigue.
- IL VA MAINTENANT AFFRONTER… LE MAITRE !!!
Un type en tenue de matador descendit les marches du stade sous les acclamations de la foule.
- MESDAMES ET MESSIEURS, GINO FORK !
Le matador salua le public.
- Roland Smirnoff, challenger, si ?
Non mais je rêve. Mon dernier adversaire est un hispano qui ne sait parler ni anglais ni français ? On est à New York, bordel !
Bon en même temps honnêtement j'ai eu de la chance de tomber uniquement sur des gens parlant ma langue jusque-là.
J'en ai de la veine, hein ?
- Tu vas tâter de ma férule ! TORTERRA, OLE !!!
Le Pokémon apparut. Je connaissais bien ce Pokémon.
- Hm. Melba !
Ma nouvelle bonne femme Lippoutou apparut. Elle se retourna vers moi et commença à m'engueuler.
- TA GUEULE ! ON SE BAT ! COMMENCE PAS ! POURQUOI T'ES PAS GENTILLE COMME LES AUTRES !!! SALE PUTE !!!
Pablo regarda Jackson.
- Il s'engueule encore avec elle ?!
- Hmmm… Si Roland était un Pokémon mâle je dirais que c'est part du rituel d'accouplement…
- TU TE BATS ET TU TE TAIS ! UN POINT C'EST TOUT !
Lippoutou continuait à crier, puis elle se retourna, joyeuse. Moi de même, j'affichai un grand sourire.
- J'adore m'engueuler avec elle ! souris-je, tout content.
Gino semblait me prendre pour un gogo.
- Torterra, Frenzy Plant !
Pablo m'a prévenu. L'attaque déclenche une véritable forêt autour. L'avantage c'est qu'en théorie ça n'inflige aucun dommage. Ma diva en robe rouge sautait habilement pour se rétablir sur les branches. La végétation poussait avec force.
« On appelle Gino Fork « La Fourchette du Diable » parce qu'il passe son temps à s'ajouter des dents pour compléter son office. Et surtout il s'en sert pour radicaliser ses techniques. »Lippoutou se rétablit sur une branche. Je devais garder ma concentration intacte. Je ne voyais plus ni l'adversaire ni son Pokémon.
- Bah merde alors…
Lippoutou se retourna vers moi. Je haussai les épaules. Soudain, elle fut enserrée par des lianes à feuilles.
« Vampigraine ??? »
L'énergie de Lippoutou commença à être absorbée. Plus encore par les branches.
« Vampigraine plus Giga Sangsue !! Mazette !! »
Honnêtement, j'ignorais complètement comment me sortir de cette mouise.
Vous y avez cru ?
Les cheveux de Lippoutou s'imprégnèrent de psychisme. Ils dénouèrent les liens de Vampigraine. Je savais qu'elle était toujours active mais au moins, Lippoutou pourrait mieux bouger. Les cheveux de mon Pokémon s'agrandirent et s'enroulèrent autour des branches.
- C'est parti…
Lippoutou se déhancha et s'agita dans une danse prenante et hypnotique. La Psyko tordit les branches et Torterra fut découvert dans l'alcôve que j'avais créée.
- Bien !
- WOOD HAMMER !!
L'attaque prit une forme étonnante : De véritables troncs d'arbres fusèrent de la forêt vierge comme des putains de missiles d'un tank forrestier.
- ESQUIVE ! criais-je, donnant de la voix pour la première fois dans cette course.
Lippoutou sauta habilement de tronc en tronc, évitant de s'en prendre un dans la gueule. Je faisais entièrement confiance à ce Pokémon. Pablo avait raison, certaines combinaisons de types donnent envie qu'on s'investisse pour elles. Lippoutou n'est pas un Pokémon que j'apprécie spécialement, mais…
- Ok, ça suffit, Exploforce !
… c'est une sacrée guerrière.
Lippoutou sauta, tournoya dans les airs et étendit les bras et ouvrit grand les mains. L'onde de choc brisa les troncs d'arbres volants.
- Impossible !
- T'as encore rien vu… GROBISOU !!!
Les lèvres de Lippoutou s'illuminèrent. Rassurez-vous, loin de moi l'idée d'utiliser une attaque aussi puérile, ce qui m'intéressait c'était la violence qui s'emparait de Lippoutou pendant cette attaque. Les Lippoutou ont des lèvres très sensibles qui leur servent d'odorat et de goût à la fois. Très jeunes, elles apprennent à s'en servir d'organe sensitif premier. En évoluant, elles éprouvent parfois un besoin puissant et irrépressible d'embrasser les objets ou les êtres vivants. J'ai transformé cet instinct compulsif en puissance motrice. Ainsi, ma Lippoutou partait comme une fusée vers la masse végétale.
- C'est du suicide… marmonna Gino.
- La ferme, pauvre tâche.
- Wood Hammer !!!
Les troncs partaient encore mais Lippoutou les esquiva comme un vaisseau dans un shoot-em-up qui passe entre les attaques.
- Que diable…
- Blizzard !
Lippoutou tournoya, toujours en train de vrombir comme une fusée. Elle évacua les troncs qui partaient vers le public, protégé par les boucliers.
- Nom d'un…
- Allez !
Lippoutou s'écrasa sur Torterra comme une furie. Je la vis par l'écran qu'elle avait ouvert avec Psyko que ma petite fée des glaces avait bien réussi son coup : Torterra était congelé et abattu. Gino haussa les sourcils.
- Bien joué !
Il rappela son Pokémon, et là j'assistai à quelque chose d'assez inédit. Les plantes créées par le Végé-Attak repoussèrent.
- C'était donc vrai…
« Gino Fork, comme son nom l'indique, est le créateur de la technique dite de la « Fourchette », à savoir ajouter à une attaque un effet qui ne s'active qu'après le KO du Pokémon, un chemin qui se divise, tu comprends, pour former une fourche. Il a créé cette stratégie parce que ses techniques préférées sont Rancune et Prélèvement du Destin. Il a toujours été fasciné par cette possibilité pour les Pokémon d'agir après leur KO. D'où le terme Fourchette : Une ligne s'éteint, il s'en crée une nouvelle, puis une nouvelle, puis une nouvelle. C'est un technicien d'un niveau complètement surréaliste. Tu ne dois pas te laisser prendre dans la circonvolution de ses attaques et rester concentré sur l'objectif du combat : Vaincre un par un ses Pokémon ! »- Infernape !!
Le second Pokémon arriva, et incendia immédiatement la forêt. Message reçu, je rappelle immédiatement Lippoutou.
- Bon. On va prendre des risques : Nout !!
Ma fidèle Minotaupe arriva en force. Elle me regarda et j'acquiesçai.
- Impressionnant, le pouvoir de mon Blast Burn, n'est-ce pas ?
J'étais étonné d'entendre cette voix dans un micro. Avec le mur de feu face à moi, impossible d'entendre quelque voix humaine.
- Roland Smirnoff, vous semblez être un adversaire hors-norme. Je suppose qu'on a utilisé un petit coup de pouce, hein ?
Je tressaillis. Il avait visé juste, ce con. Il n'y a rien que je ne supporterais moins que d'être traité de tricheur. Panique, un instant.
« Roland, ici Radio Jackson… »
- Il a deviné, je suis découvert !
« Roland, tu t'es échiné à apprendre les règles de la zone de combat par cœur. On est d'accord ?! »
Je hochai la tête en fermant les yeux, légèrement stressé.
- Hm !
« Y a-t-il un passage sur l'usage d'expérimentations quelconques ? »
- … seulement génétiques et avant la naissance.
« Bien. Tu n'as donc pas à en rougir, compris ? C'est TON TALENT et TON TALENT SEUL qui te guide ici. »
Je hochai la tête et osais même un :
- Merci Jackson.
« Ce ne sera pas répété, rassure-toi. »
Je soufflais, rasséréné.
- Je peux commencer ? Maaaaaaaaach…
Je regardais Minotaupe qui comprit immédiatement.
- PUUUUNCH !
Une centaine de poings enflammés sortirent du brasier comme des missiles. Je m'éloignais en courant, suivi par mon Pokémon.
- Prête ?!
Elle semblait concentrée. Honnêtement c'est celle sur laquelle j'avais le moins travaillé, la considérant parfaite sur le plan de l'offensive pure.
Sauf que j'avais prévu des cas de figure de ce genre. L'attaque spéciale super efficace.
- STRIDO SON !
L'attaque créa un champ de force qui stoppa les attaques enflammées. J'étais obligé de crier à cause du bûcher de Jeanne d'Arc en face.
- Nout, TUNNELIER !
L'attaque se déclencha très rapidement. Minotaupe fonça dans le tas.
- Fou suicidaire ! sourit la voix dans le micro. (Enfin j'entendis clairement qu'il souriait, ce connard)
Comment savait-il que j'arrivai ?! Et c'est là que j'ai vu les écrans géants sur les côtés du stade. Crétin des îles que tu es, Roland Smirnoff. Tellement concentré sur le terrain…
Minotaupe entra dans le bûcher. Elle en ressortit par les airs, emportant le stupide macaque avec elle.
- Haha ! Acrobatics !
Simiabraz saisit Minotaupe, reprit le contrôle et allait la balancer dans les flammes, la tenant au-dessus de sa tête.
- NON MAIS JE REVE !!! grommelai-je.
« CalmetoiRolandpourlamillièmefois… »
- Tu SAIS que la stupidité des gens me hérisse les poils !!
« Je sais mais calme-toi ! »
- Nan mais faut vraiment qu'il soit triso pour faire une connerie pareille ! SEISME !
Minotaupe sortit de l'état Tunnelier. Elle concentra sa force dans ses griffes et frappa Simiabraz qui fut littéralement bombardé dans sa fournaise. On se serait cru dans la scène finale du Roi Lion. Mon Pokémon revint à mes côtés grâce à une autre attaque Tunnelier.
- Hm ! Bien joué ! Ou pas.
Ca prenait trop de temps. J'examinais mes possibilités, mais je devais battre ce clown au plus vite.
- Bon, Tunnelier.
Minotaupe fonça dans le brasier. Mais visiblement elle ne trouva pas Simiabraz. Un rapide coup d'œil sur les écrans me permit de voir qu'il n'était pas à côté de son maître. Mais alors où…
« Roland, en haut !! » cria Jackson.
Oh misère.
- C'est MON Blast Burn, j'en fais CE QUE JE VEUX !
Le bûcher s'éleva et se gonfla. Je ne sourcillai point.
- Prépare-toi à perdre un Pokémon ! cria Gino.
- Prépare-toi à perdre tes couilles...
Le bûcher sembla se distordre. Gino et Simiabraz exprimèrent une certaine surprise. En un claquement de doigts je fis retomber cette montée en puissance comme un soufflé.
- Ca, c'est Tour Rapide. Et ça…
Minotaupe fusa hors des flammes comme une fusée. Elle lamina Simiabraz contre le plafond.
- … c'est Tunnelier. Crotte de bique suivante, je vous prie.
Minotaupe retomba à mes côtés. Les flammes s'étaient répandues sur le terrain, et je pouvais voir mon adversaire.
- Bien joué, Roland Smirnoff, je vois qu'on a bien exploité les capacités nouvelles de ses Pokémon.
Hm-mm. Cause toujours.
- Prépare-toi pour le dernier combat.
Il rappela Simiabraz, et le terrain sembla inondé par les flammes. Nous en étions en tout cas entourés, restant au milieu des flammes.
- Technique impressionnante, n'est-ce pas ?
Je haussai dédaigneusement les épaules.
- Hmph… Vous pourriez au moins être sport !
- Oui, je pourrais.
Gino grommela et envoya, sans surprise la moindre, un Pingoleon. Les flammes s'éteignirent et le terrain fut empli de vapeur.
- ARGH ! JE SUIS DANS UN HAMMAM !!! JE SUIS DANS LA TETE DE PABLO !!! AU SECOURS !!! grommelai-je dans l'interphone.
Ce qui, de ce que j'entendis dans l'oreillette, fit beaucoup rire Jackson, Arlène et Seth.
« - Qu'est-ce qu'il a dit ? Qu'est-ce qu'il a dit ?! s'étonna Pablo.
- C'est bien, au moins tu es détendu. »
- Ouais, il est trop con.
Je rappelai Minotaupe.
- Boooon. On va finir en beauté hein. FLORE !
Phyllali apparut, toute resplendissante.
- Un Pokémon Plante ? Mais mon pauvre ! C'est la pire espèce de Pokémon que tu pouvais appeler !
« Je savais que tu allais dire ça. »
- Hahaha ! Tu n'as pas la moindre conscience de ton erreur !
« Dans cette situation précise, si tu appelles un Pokémon Plante, il va se moquer de toi.
- … pourquoi ?!
- Parce que sa technique avec Empoleon est une habile transformation d'Hydro Cannon en Scald MAIS en combinant adroitement l'eau avec un type Feu plus subtil.
- … Transformer une attaque Eau en attaque Feu ? Avec un Pingoleon ?!
- Oui !
- … Tu réalises que c'est tout bonnement impossible ?
- Tu es un stratège. Tu connais la controverse concernant l'attaque Scald.
- Foutaises. Les défendeurs de la théorie « C'est une attaque Feu » sont débiles.
- Certes. Mais Gino est un d'entre eux.
- Je déteste cet attardé par avance.
- Certes. Mais dans ce cas, ça veut dire qu'appeler un Pokémon Plante est le plus mauvais choix que tu puisses faire…
Pablo prit alors sa tasse de thé et en extrait le sachet rempli d'herbes.
- … et le meilleur !
- … ?!
- Simisage n'est pas un Pokémon très défensif mais Leafeon, si.
- Défensive d'un point de vue physique, pas spécial. Hydroblast, surtout de type Feu, ça va la dégommer…
Pablo me regarda, vicieux. Ou malicieux, c'est selon.
- … ahoooon pas bête ! énonçai-je
- N'est-ce pas ! »- Prêt à manger la pâtée, Roland Smirnoff ?
- Quand on déploie un sauna en guise de tactique d'attaque, on ferme sa gueule et on regarde jouer les adultes.
- Pard…
- Flore, attaque FEUILLE MAGIQUE !
Phyllali s'entoura de feuilles en guise de bouclier.
- … euh…
- Approche si tu l'oses !
- … Tu me connais au moins ? Tu connais ma réputation ?
- Je sais que t'es une grande gueule.
- … Je vois. Empoleon, HYDRO CANNON !
L'attaque fusa parmi les vapeurs. Je hochai la tête. Pingoleon battait des ailes en lançant son attaque. Des « Ailes d'Acier ». Phyllali présenta les feuilles sous une forme d'épée.
- Bouffe ça !
L'Hydroblast absorba les feuilles, puis s'évapora complètement.
- HEIIIIIIN ???
- Tu sais à quoi tu me fais penser ? A mon cul dans un miroir !
- Mais comment…
- J'avais essayé de pratiquer quelque chose avec Limaspeed. Intégrer Giga Sangsue à son corps. Impossible. Mais j'ai pu lui permettre d'utiliser l'attaque si vite que c'est presque comme si. Cependant avec Phyllali ça s'est avéré possible.
- Impossible…
- POSSIBLE. Tu peux bien déclencher des attaques après le rappel du Pokémon, ne prétend pas avoir une notion valable du possible et de l'impossible.
- … HYDRO CANNON !!!
L'attaque fusa de nouveau, plus forte que jamais, plus chaude aussi.
- Certes. Lame Feuille !
Phyllali trancha l'eau et évapora l'attaque. Gino grommela.
- Je vois le point faible de ton attaque !! La Giga Sangsue avec le corps ne s'active que si Phyllali fait une attaque !
- Une attaque qu'il apprend naturellement, nuance. Plus l'attaque qu'il apprend est proche de son chemin de naissance, plus elle active la Giga Sangsue. Yep.
- Mais… Mais…
- Vous n'avez cherché qu'à développer une seule tactique ! Vous savez quand je m'en suis aperçu ?!
Gino, sur les écrans, secoua la tête.
- La première Végé Attak ne m'a infligé aucun dommage. Aucun. Végé Attak. A partir de là, j'en ai déduit la même chose pour Rafale Feu. Et là, pareil, votre Hydroblast c'est en majorité de la vapeur. De qui vous moquez-vous, sérieusement ?!
Gino sembla tout penaud. Et il pouvait, ce couillon. Je n'avais peut-être pas inventé de technique révolutionnaire mais au moins je ne me vantais pas d'avoir fait du vent avec un toît de préau…
- En plus désolé de vous le dire, mais votre truc, là, c'est une vieille resucée merdique de la combo Aire de Feu / Aire d'Eau / Aire d'Herbe, juste en un peu plus puissant. C'est dire si c'est ridicule et inutile. Lame Feuille.
Phyllali alla lacérer ce stupide pingouin attardé et m'accorda une victoire foutrement bien méritée. Je partis en remettant mes lunettes de soleil, semant une explosion aquatique derrière moi, signe de ma victoire incontestée et de mon statut de Badass.
***
- Moi Vieux Maître Tai-Pu !!! Oooooh !
Je me trouvais face à une vieille fusion de merde entre Monsieur Miyagi de Karaté Kid et Pai Mei de Kill Bill 2. Avec un vieil accent chinois stéréotypé. Genre « ne sois pas raciste avec moi, je le suis bien assez avec moi-même ».
- Je t'explique les règles, la roue va sélectionner deux types de Pokémon…
« Tu as droit à n'importe quel type ou alors à Metamorph ou Kecleon. »
- Tu as droit à n'importe quel type ou alors à Ditto ou Kecleon ! Oooooh ! Si tu n'as pas le type demandé, tu dois utiliser un type Normal et si tu n'en as pas non plus, je ne peux rien pour toi, ooooh !
Marrant. Ouais.
- Je choisis d'abord ton type…
La roue tourna…
- Normaaaaal ! Ooooooh !
« Tai-Pu est un sale enfoiré de tricheur, tout le monde le sait mais personne ne le dit. Ton type sélectionné n'est jamais Dragon ou Glace. Pourquoi ? Parce que le type choisi par Tai-Pu est dans 80% des cas Dragon. SAUF quand l'inspecteur de la régulation passe, là, il change. C'est, techniquement, le meilleur moyen de le battre, sauf que tu as un atout dans ta manche… »- Et le mien est Dragon ! Oooooh ! J'ai de la chance ! Allons-y, ce sera donc HA-XO-RUS !
Le Pokémon apparut, massif et puissant, dans sa grande armure dorée et tout le toutim. Je hochai la tête.
- Bien joué. Dragon. Ça fait combien de fois que ça arrive ?
- C'est très rare, oui ! Oooooh !
- C'est ça. BOB !
Metamorph sortit de sa Pokéball et se transforma immédiatement en Tranchodon.
- Oooooh Metamorph bien joué ! OUTRAGE !!!
Tranchodon fonça sur Metamorph. Par chance, j'étais moins con.
- Double Baffe.
Le premier coup fit esquiver la Colère, le second porta comme un violent coup de hache dans le dos de Tranchodon. Tai-Pu afficha un air étonné – si tant est que sa face de citron crispé puisse avoir l'air étonnée.
- Disons que quand on sait quel type on va avoir en face, c'est facile…
- Au… Aucun Ditto ne peut surpasser…
- Si, les Metamorph comme le mien qui reproduisent la force du Pokémon adverse en y ajoutant leurs propres statistiques. Ainsi, il a gagné 48 points de plus dans chaque statistique, il est donc chaque fois PLUS FORT que le Pokémon qu'il copie. Colère !
Metamorph attrapa Tranchodon et lui cassa la gueule comme les Tranchodon savent si bien le faire entre eux.
- Voilà.
« Evidemment l'inconvénient c'est que la transformation ne peut pas excéder dix minutes, mais c'est le cadet de mes soucis dans un combat aussi bref… »
- Noooooooooooh ! Tu m'as vaincu, comment as-tu fait ?!
Je soupirai en repartant.
- Disons que je suis pas un connard de tricheur…
***
Au Double Heart Center, j'ai fait la connaissance d'un type qui allait bien m'aider plus tard, mais je ne peux pas vraiment vous en parler maintenant. Disons juste que c'est quelqu'un qui m'a permis de réaliser plus amplement mon projet futur. Je ne vous en parlerai pas ici parce que c'est des trucs politiques et géopolitiques absolument inintéressants. Mais c'est un contact utile dont je vous reparlerai probablement. Richard Grimes. Un type bien. Il a deux horribles gosses avec qui j'ai échangé deux trois mots aussi. Rien d'important.
Bref, avec Arlène, nous étions survoltés et bien partis, nos adversaires étant de parfaites nouilles. Vint alors le moment d'affronter les maîtres des lieux.
- BONJOUR JE SUIS ARIANE !
- BONJOUR JE SUIS CORBIER !
Arlène me regarda et je lui signifiai de ne pas rire, on ne se moque pas des handicapés mentaux.
- BIENVENUS AU DOUBLE HEART CENTER !
- AVEC CORBIER, ON EST LE MEILLEUR DUO !
- CA DOIT ETRE PARCE QUE…
- ON EST MARIEEEEES !!!
Je soufflai.
- Je préconise l'extermination.
- Je préconise la chambre à gaz… marmonna Arlène.
- ON VA FAIRE UN BEAU COMBAT !
- MAIS NE CRIEZ PAS VICTOIRE TROP VITE !
L'arbitre annonça le début du match.
- PLUSLE !
- MINUN !
Je regardai Arlène qui acquiesça.
- VOUS NE POURREZ PAS VAINCRE CETTE PREMIERE PAIRE !!
- ELLE EST INVINCIBLE !
J'envoyai Minotaupe et Arlène envoya Nidoqueen.
- …
- …
- Oui, être débile ou être bon, généralement, faut choisir… marmonnai-je. Tunnelier.
- Earth Power.
Minotaupe fonça comme un missile. Nidoqueen donna un coup de poing dans le vide.
- PROTECT !
Posipi et Negapi joignirent leurs mains et se protégèrent de nos puissantes attaques.
- Ah, un peu de résistance ! sourit Arlène.
- Offensivement ils ont peu d'options…
- Je rêve où tu souhaites leur victoire ?
- Pour moi, gagner passe par l'évaluation des possibilités des adversaires afin de pouvoir les contrecarrer ensuite.
Arlène haussa un sourcil.
- GRASS KNOT !
Posipi et Negapi, les mains jointes, s'éloignèrent et créèrent un cordon vert entre eux.
- Ca sent la merde… marmonnai-je.
- Je dirais même plus : ça sent la merde verte… admit Arlène.
Les deux Pokémon partirent comme des fusées, faisant voler Nidoqueen et Minotaupe.
- SERIEUSEMENT ??? m'étonnai-je.
- Alors ça…
J'observai, hébété, les premiers crétins à m'avoir porté un coup sérieux pendant cette compétition. Une part de moi était fière d'eux, une autre avait envie de les réduire en miettes entre mes mains. De presser leurs têtes jusqu'à ce que le cerveau sorte, voyez.
- HAHAHA !
- OUI ! C'EST LE DEBUT DE LA DEFAITE FACE A NOTRE COMBINAISON ULTIME !
- Arlène !
- Sache que même quand tu ne me le demandes pas, je réfléchis… Stealth Rock !
Nidoqueen sembla se concentrer. Elle posa des rochers autour de Posipi et Negapi. Les deux Pokémon semblaient coincés. Et il en apparaissait de plus en plus.
- Mazette, Ariane, comment allons-nous faire ?
- Je l'ignore, Corbier !!
Tiens, une voix normale.
- AH SI ! QUICK ATTACK !
Ces deux stupides souris débiles foncèrent dans le tas. Arlène me regarda.
- Tu as le droit de m'aider.
- Sache que même quand tu ne me brailles pas dessus, je réfléchis… marmonnai-je.
- IRON TAIL !
L'attaque détruisit les rochers, à l'étonnement d'Arlène.
- Il semblait prévisible qu'ils aient prévu quelque chose dans cette éventualité… marmonnai-je.
Arlène sembla courroucée. Voilà pourquoi je déteste les femmes : Elles ne savent jamais reconnaître quand elles ont tort et qu'elles sont nazes.
- Nasty Plot…
Les deux Pokémon se regardèrent et froncèrent les sourcils. J'observai alors qu'Arlène se crispait.
- Roland !
- Oui, oui, attends, j'observe, veux-tu…
- SIIIIIGNAAAL BEAAAM !
L'attaque frappa de plein fouet Nidoqueen et Minotaupe. Les deux Pokémon résistèrent plutôt bien, du fait de leurs types respectifs.
- Roland !
- Hm… Attends, j'ai deviné d'où venait leur puissance, maintenant j'essaie de deviner leur potentiel de dangerosité…
Arlène leva les yeux au ciel.
- Je ne sers à rien, c'est ça ?!
- Sans toi je ne pouvais pas participer à cette épreuve, ne dis pas de sottises, voyons.
Arlène fronça les sourcils. Comme si j'avais été offensant.
- Bien. Ariane et Corbier, je sais pourquoi vos Pokémon sont aussi forts.
- TU N'AS PAS PU PERCER LE SECRET DE NOS ATTAQUES SURPUISSANTES !!
- Arrêtez de gueuler, c'est inutile. Vos Pokémon sont frères et sœurs.
Arlène s'étonna.
- Par l'enfer, COMMENT as-tu remarqué ça ?!
- Bah ça se voit, leur connexion est naturelle, ils viennent d'une même mère. Qui était donc un Metamorph. Ce qui nous amène à un autre point, ils sont liés au point qu'ils s'accouplent ensemble.
Arlène sembla impressionnée par mon sens de l'observation, ce qui me plut, j'aime quand une femme n'a pas des réactions attendues. Mes adversaires firent les effarouchés.
- QUUUUOIIIII ??? TU OSES PRETENDRE QUE NOS POKEMON PRATIQUENT DE TELLES IGNOMINIES ???
- SUR QUOI TE FONDES-TU POUR DIRE DES CHOSES PAREILLES ??
- J'peux pas le dire, y'a des enfants qui m'écoutent…
« Bien vu, Roland. Tu as remarqué qu'ils se donnaient un furtif baiser esquimau entre chaque attaque. Cet amour profond et unique permet à ces deux Pokémon d'avoir un niveau de cohésion exceptionnel »
Je hochai la tête sous les sages paroles de Jackson.
- Le seul moyen d'obtenir une cohésion supérieure avec deux Pokémon c'est d'être jumeaux – ce que vous n'êtes pas, vous êtes trop différents l'un de l'autre – mais généralement quand deux frères ou deux sœurs possédant un lien de gémellité se battent ensemble, leur cohésion est si naturelle qu'elle ne souffre que d'un point faible : La séparation. Mais ensemble, deux frères jumeaux ou deux sœurs jumelles peuvent devenir une combinaison imbattable. Cependant de faux jumeaux donnent généralement des résultats catastrophiques du fait que le rapport est plus conflictuel. Mais ce sont là des querelles stériles qui n'intéressent pas notre combat.
Ariane et Corbier étaient soufflés de mon exposé. Arlène acheva de m'écouter.
- Que faisons-nous, je t'écoute…
- Arrête d'essayer si pitoyablement de te rendre utile, Arlène, cela te va très mal.
La grande rousse me regarda, choquée. Posipi et Negapi arrivèrent, un Nœud d'Herbe entre leurs pattes.
- Danse-Lames et Tunnelier.
Minotaupe croisa les griffes, les décroisa et fonça en vrille sur Posipi et Negapi. L'attaque était si puissante qu'elle emporta les deux Pokémon et les projeta tous les deux de part et d'autre du terrain.
Corbier et Ariane étaient soufflés. Mais ce n'était jamais que mon style naturel. Arlène se pinça les lèvres, quelque peu dépitée. Probablement d'être inutile. Mais tout le monde ne peut pas être à mon merveilleux niveau.
Ariane et Corbier semblaient également s'être pris une barre de métro dans le cul chacun mais le combat continua.
- B… BIEN JOUE !
- OUAH ! NOS ADVERSAIRES SONT FORTS !
- MAIS LA PAIRE SUIVANTE VA TOUT BRISER !
- OUI ! VOLBEAT !
- ILLUMISE !
Les deux Pokémon insectes apparurent, nous inspirant le même sentiment de pitié envers nos sous-adversaires.
- C'est une blague ? osa Arlène.
Les deux débiles ne répondirent pas, souriant comme du carrelage à salle de bains.
- C'est ce qu'on se disait tout à l'heure et on s'est bien fait moucher… soupirai-je. Amber.
Typhlosion apparut.
- Je vois… Togekiss…
Un Pokémon Feu et un Pokémon Vol. En théorie nous avions mille fois l'avantage face à ces Pokémon Insecte. Mais leur étrange expertise du combat double me laissait perplexe, et honnêtement ils étaient les premiers contre lesquels j'éprouvais une légère difficulté.
- C'est parti ! Volbeat, Tail Glow !
- Illumise, Psych up !
Je hochai la tête.
- Ah ça c'est malin.
- … On n'attaque pas ?
- J'sais pas. Tu penses pouvoir gagner sans attaquer ?
Arlène sembla en avoir eu pour son argent.
- Tu es un connard !
- Je SAIS, désolé, on s'est pourtant exercés, mais je n'ARRIVE PAS à travailler en équipe avec quelqu'un ! Le combat c'est MON terrain, je ne supporte pas de le partager !
- Tu es un véritable autiste…
- Oui, voilà…
- BUG BUUUZZ !
L'attaque combinée des deux insectes créa un film rougeâtre au milieu du terrain. Je m'étonnai d'une telle tactique.
- C'est quoi ?
- Tu en veux une bonne ? J'ai déjà vu ça.
Je regardai Arlène, franchement étonné.
- Vraiment ?!
- Oui. Créer une pellicule à partir de Bug Buzz, ça se fait beaucoup de par chez nous.
- … je… connaissais Bourdon sous forme de pulsion répulsive mais quant à en faire quelque chose de solide…
- On s'en sert notamment pour créer des effets sonores quand on fait des tours avec Rapidash ou Tauros. On fait le tour du terrain et on passe à travers des « toiles tendues » faites à partir de l'énergie solidifiée de Bug Buzz.
Je haussai les sourcils.
- Ah, oui ! Je connais ça ! La suspension dans l'air de la matière sonique ! J'ai toujours été un kéké en physique des attaques…
- Ici par contre c'est à un autre niveau. Et c'est plus grand… admit Arlène.
Muciole et Lumivole semblaient attendre.
- Ils nous attendent ?
- Oui, je suppose que si tu franchis la barrière, c'est Tonnerre qui t'attend. Si j'y vais c'est Ball'Ombre à gogo dans ma figure. Enfin c'est ce qui m'apparaît le plus logique.
- Chiche ?
Je haussai les épaules.
- Togekiss, Extremespeed !
Togekiss franchit la barrière rouge. Le Tonnerre fusa sur lui, mais Togekiss fit demi-tour et laissa Typhlosion prendre sa place avec Vive-Attaque.
- Amber, Ebullilave !
L'attaque éjecta rapidement les flammes du corps de Typhlosion, contrecarrant le Tonnerre.
- Mouais, c'est vraiment un contre au rabais…
- Ball'Ombre !
L'attaque fusa de la part des deux insectes, mais le Togekiss d'Arlène la contra avec aisance.
- Si je comprends bien c'est un jeu de « on se couvre, on attaque »… marmonna Arlène.
- Je déteste ça… soupirai-je.
- En tout cas je suis contente d'avoir pu t'aider à y voir clair dans leur stratégie.
- Avec le temps j'aurais compris aussi…
Arlène leva les yeux au ciel. J'adore faire chier les nanas, c'est tellement facile…
- Finissons-en, Lance-Flammes, Amber.
Typhlosion attaqua les deux Pokémon qui se fendirent d'un Abri.
- AH LES TROUDUCS !
- Air Slash…
Le Togekiss d'Arlène les frappa par surprise au moment où l'Abri cessa. La rousse sourit tandis que le couple déchantait.
- Eh bah voilà.
- Ne fais pas la maligne, j'aurais réussi à les vaincre un jour où l'autre.
- Tu es d'un tact avec les femmes, ça fait peur…
Ariane et Corbier prirent un air plus sérieux.
- Vous avez battu quatre de nos Pokémon !
- L'offense est très sérieuse !!
- A présent préparez-vous…
- A affronter de vrais adversaires !
Arlène me regarda. Je secouai la tête.
- Non, ils ne sont toujours pas intimidants.
Je tiens à signaler, pour information, que cette chère Arlène a bénéficié des expériences de Jackson. C'est une mesure de sécurité qu'elle a tenu à prendre elle-même, ne voulant pas être un poids mort.
Bon ok, je lui en ai peut-être intimé l'idée entre deux coups de bites.
- SAWK !
- THROH !!
Karaclée et Judokrak apparurent. Je hochai la tête.
- Malin, deux Pokémon combat !
- Avec deux styles différents ! souffla Arlène.
- C'est finement joué !
- NE VOUS MOQUEZ PAS DE NOUS !
- Arrêtez de GUEULER ! grognai-je.
- VOUS ALLEZ COMPRENDRE VOTRE DOULEUR !
J'appelai Kapoera tandis qu'Arlène appela Kicklee.
- Les deux styles de nos Pokémon sont à peu près similaires, tout comme les leurs. Ils combattent avec les mains, nous avec les pieds, ce qui nous laisse des ouvertures.
Je vis le regard d'Arlène. Je vis qu'elle n'osait pas me dire quelque chose.
La confrontation commença. Rude. Nous n'avions pas d'efficacité immédiate. C'était compliqué.
- Arlène ?
- …
- Si tu as quelque chose à me dire, dis-le moi.
- … Dans le domaine du cirque, on a coutume de dire que Mains contre pieds, ce sont les mains qui gagnent.
Je haussai un sourcil alors que Kapoera et Kicklee faisaient grosso modo jeu égal avec Judokrak et Karaclée.
- Par exemple au trapèze acrobatique ou dans le cadre d'acrobaties plus techniques, au sol ou à dos de Pokémon. La main soutient le pied, la main attrape le pied. En cirque, un pied ça n'est rien, c'est la main qui fait tout.
- Et tu attendais quoi pour le dire ?
- Excuse-moi d'avoir pensé que ton avis stratégique allait forcément au-dessus du mien, parce que c'est ton domaine de prédilection.
- Oui, mais si tu as quelque chose à redire, redis, je ne suis pas sourd ou fasciste au point de t'imposer ma pensée sans t'écouter.
- Depuis le début du combat tu es infect.
- C'est le combat. J'ai du mal à me concentrer sur autre chose. Et te savoir à côté de moi ça me perturbe à plus d'un titre…
- Ne me dis pas des choses comme ça. C'est déjà assez bizarre entre toi et moi.
- Je te rassure, je ne veux absolument pas que ça change entre toi et moi.
- Ton cœur le dit peut-être mais j'entends autre chose.
« Ça dure, là, on n'a pas le temps et J'ENTENDS TOUT… » marmonna Jackson dans l'oreillette.
- Boucle-là et arrêtez d'écouter nos conversations… Tu préconises quoi, Arlène ?
Laquelle observa le terrain.
- Hm…
Elle agita les doigts d'une certaine manière, ce qui fit que je compris.
- Ahon. AEROPIQUE.
D'un coup de pied donné à distance, Kapoera éradiqua Karaclée.
- OH !
- Hitmonlee, Blaze Kick ! cria Arlène.
Kicklee éjecta Judokrak qui alla s'écrouler sur les projecteurs, les explosant dans sa chute.
- OH LALA !
- Rien à foutre… souffla la rousse sulfureuse.
Le duo suivant arriva : Serpang et Rosabyss. On était contents.
- Mais sérieusement, ces deux trucs, ça vaut que dalle à un combat de ce niveau !!
- Que veux-tu, on ne peut pas être à la fois ridicule et intelligent ! souffla Arlène.
- Là encore je suis sûr qu'ils ont une tactique de malade… Enfin…
J'envoyai Ronflex, Arlène lâcha Noacier.
- C'est parti, Gorebyss…
- Huntail…
- Whirlpool !!!
Les deux Pokémon se concentrèrent et immobilisèrent Ronflex dans un Siphon. Je haussai les sourcils.
- Double Siphon… Je suis bloqué, tu vas devoir te battre seule, Arlènounette.
- Pas. De. Surnoms. GRAVITE !
L'attaque cloua les deux Pokémon adverses au sol.
- Elle a tellement grandi, elle peut se débrouiller toute seule maintenant ! pleurai-je presque.
- Jackson m'a expliqué comment immobiliser ces stupides Pokémon Eau hors élément naturel.
- QUOI ? Jackson, comment as-tu osé donner des conseils tactiques à Arlène ?!
« Elle écoute beaucoup mieux que toi… »
- Et en plus tu me fais la gueule !!
« Tu sais qu'elle aime qu'on la mette dans la confidence. Sois un peu scolaire avec elle ! »
V'la que l'autre puceau de service me donne des conseils de drague, je REVE.
- Power Whip !
Noacier amorça une frappe vers Rosabyss et Serpang. C'est sans compter sur le Laser Glace commun qui contra l'attaque sans plus de procès.
- … Je vois, on se fiche de moi…
- C'était prévisible.
- IRON HEAD !!!
Noacier chargea la tête en avant. J'étais pas très assuré. La Psyko de Rosabyss stoppa le Pokémon Plante et Acier.
- Mais bon SANG !
- Ne t'énerve pas…
- C'est facile pour toi de dire ça, ton Pokémon est bloqué dans un tourbillon d'eau !
- Je peux en sortir quand je veux.
Arlène haussa le sourcil. Je souris comme si je savais si bien le faire.
- Et… Tu ne sors pas parce que…
- Parce que ça me plait de te voir te débattre face à eux !
Arlène soupira et hocha la tête.
- Tu es donc bel et bien un connard.
- Je ne m'en suis jamais caché ! Et je dirais plutôt sadique, j'aime voir les rats se débattre !
Arlène me regarda comme si j'avais dit une saloperie. Et j'en avais effectivement dit une. A peine m'en apercevais-je qu'elle me colla une gifle monumentale.
- SALAUD !
Je la regardai, l'air conscient de ma bêtise. Ariane et Corbier grimaçaient, surpris.
- SALE ENFOIRE, VA ! POWER WHIP !!!
L'attaque partit avec rage, et les efforts des deux serpents marins pour la contrer furent vains. Arlène sembla tirer du soulagement à les dégommer de la sorte.
- CA FAIT DU BIEN !
- Oui, merci pour ça.
Ronflex fut libéré, et je le rappelai. Arlène me regarda, circonspecte.
- Tu m'as dit ça EXPRES pour que je les batte ?
Je haussai les épaules, malicieux.
- Tu penses ce que tu veux…
- Alors ça… Tu m'as mise en colère EXPRES ?!
- J'avais envie de voir ce que tu donnais une fois en pétard !
- Tu es MALADE ??? J'ai failli te tuer !
- J'aime prendre des risques.
Arlène grommela, et je décidai de m'expliquer.
- J'ai besoin de quelqu'un d'impulsif comme toi pour le plan d'après.
Arlène me regarda, séduite comme au premier jour.
- J'y pense déjà. Et je sais que tu te sens incertaine à mes côtés et que tu penses que je ne te garde que pour le sexe mais c'est faux. J'ai une vraie estime pour ton caractère et ton audace. Tu me rappelles moi. Mais en fille. Et en plus jolie.
Arlène ajusta ses cheveux.
- Tu n'es qu'un foutu baratineur.
- Je sais.
- Mais tu as bien fait de faire ce que tu viens de faire. Je pense que ça assainit un peu les choses. Amis avec bénéfices, c'est encore ce qui nous va le mieux.
Je hochai gravement la tête. C'était précisément là où je voulais qu'elle en vienne. Je suis quand même un bel enfoiré de putain de fils de pute de manipulateur quand je veux.
- Dire que je pensais que ce serait dur ! soupira Arlène.
- Tiens, c'est la première fois que tu dis ça devant moi ! souris-je.
- Crétin…
Dernière paire, Seleroc et Solaroc.
- VOUS NE NOUS VAINCREZ PAS !
- C'EST L'HEURE DU DUEL A DEUX, LA DICHOTOMIE DES DUALITES DUELLES !
- T'aurais pas un tournevis ? demandai-je.
- Je m'en sers déjà, j'arrive pas à atteindre le cerveau, c'est dur avec un tournevis… marmonna Arlène.
J'envoyai Tartard, elle envoya Sharpedo.
- Newton ? Tu joues avec ta vie ! marmonna Arlène.
- Tu peux ne pas appeler mes Pokémon par leur surnoms s'il te plait ?
- Pardon.
- C'est que c'est très personnel.
- Tu parles, ça vient d'un dessin animé ! pouffa Arlène.
La tactique de Seleroc et Solaroc était simple. Solaroc et Seleroc étaient collés, le dos de Solaroc collant au côté gauche de Seleroc.
- … quoi ?!
- EN AVANT !
- POUR LE CANON ASTERO-PSYCHIQUE !
C'est alors que j'assistais à la Lame de Roc la plus stellaire jamais créée. C'était beau comme des étoiles filantes.
- Leur tactique de double se résumait bel et bien à un contact entre les deux Pokémon comme Pablo l'avait dit… songea tout haut Arlène.
- Et tous ces Pokémon étaient de la même famille, également… résumai-je.
Tartard tenta de contrer ces météores mais ils le brulèrent.
- Enrobés de Psychisme…
Sharpedo passa au travers avec Aqua-Jet mais le Pokémon morfla.
- Une seule solution…
- Y aller ensemble ? songea Arlène.
Maligne, la Martine.
C'est ainsi que Tartard se retrouva à faire du surf sur Sharpedo, en plein Aqua Jet. Les deux Pokémon atteignirent Sele-Solaroc et lui portèrent un merveilleux coup.
Du coup, les deux Pokémon changèrent de position : Solaroc se retrouva en chapeau de Seleroc.
- C'EST DEBILE !! ricanai-je.
- Ne te laisse pas distraire…
- On recommence la même attaque.
- Hein ?
- Je veux voir s'ils vont y réagir.
Même attaque du « requin surfer », cette fois nous sommes repoussés par un mur Psychique mélangé à un Jet Pierres.
- C'est… étonnant.
- C'est temporaire.
- Hein ?
- Solrock récolte de l'énergie.
- Pour ?
- Nous sommes deux Pokémon Eau, quelle attaque un Solrock peut faire pour nous battre qui nécessite de récolter de l'énergie ?
Je haussai les sourcils.
- Merde, tu es intelligente en fait !
- Va chier.
Solaroc se plaça collé au nez de Seleroc. Le Pokémon arrière servit de catalyseur de puissance.
- La vache, leur technique est super élaborée !
- Tais-toi et suis le plan.
- Yep, m'dam. Newton, Exploforce !!
Mon fidèle destroyer envoya une sphère d'énergie qui fut contrée par le bouclier précédemment placé.
- Ah, ça reste, leurs merdes…
- SOLAR…
- BEAM !!!
L'attaque fusa en millions de petits rayons.
- Roland…
- Arlène !! geignis-je le plus exagérément possible.
- Ce n'est pas une…
- BLIZZARD.
Tartard se frotta les mains, serra le poing, prit de l'élan et relâcha sa main, créant un mur de vent glacé. Ce qui stoppa l'attaque en cours.
- QUOI ?
- MAIS C'ETAIT NOTRE PLUS PUISSANTE ATTAQUE !!!
- Primo, arrêtez de gueuler. Deuxio, ce Blizzard est l'attaque la moins travaillée de mon Tartard. Je déteste vraiment les attaques Glace, c'est trop facile à porter au niveau supérieur…
Ariane et Corbier s'étonnèrent.
- Si Mâdame veut bien se permettre…
- Mais bien sûr. Crunch.
L'Aqua-Jet, combiné à une bonne Mâchouille des familles, eut raison de Solaroc. Seleroc tenta de s'enfuir.
- Vibraqua…
Tartard balança une sphère aqueuse qui alla exploser sur le Pokémon Roche, le mettant KO sur le coup.
- DEFAITE D'ARIANE ET CORBIER !!
Le duo sembla dépité. Arlène souffla, heureuse de ne pas avoir été un boulet. Je la rassurai avec tout le doigté dont j'étais capable.
- Waouh ! J'ai vraiment cru qu'on allait perdre à cause de toi !
Ce qui me valut un regard meurtrier génialement sexy.
***
L'endroit ressemblait à une sorte d'usine. Katalina Irons ressemblait à une super geekette derrière un super ordinateur.
- Coucou ! Hihihi, on va bien s'amuser !! Bienvenu au Battle Industry dans le X-Y-Z Stadium ! Je suis Katalina Irons ! J'ai créé cette zone pour pallier au manque d'Usine de Combat. Prêt à m'affronter avec une équipe que tu vas créer sur mesure ?
J'ai besoin de vous dire ce que je ressens, là ?
- Ok, on y va… Tu peux choisir tous les Pokémon que tu veux, même des légendaires !!
- Ah oui, vraiment ?
- Oui, c'est très intéressant, non ? Prendre des Pokémon de légende dans l'équipe inédite que tu vas utiliser ici !
Je hochai la tête, totalement convaincu. En attendant, je formai l'équipe de trois qui allait m'assurer la victoire à coup sûr. Sur l'ordinateur, je construisais virtuellement les Pokémon que j'allais utiliser dans le simulateur, une nouveauté américaine que je trouvai assez intéressante.
En attendant, Pablo m'avait conseillé de ne pas faire de folies.
« Pourquoi ? Mais parce que cette idiote utilise les mêmes Pokémon selon les jours où elle combat ! Tu la battras également en sélectionnant tes Pokémon comme s'ils étaient les tiens. » - Je commence avec Crimson, le Scizor !!
Le Pokémon insecte apparut. Je hochai la tête.
- A MOI LE GRAND POKEMON LEGENDAIRE…
Katalina sourit. Je la regardai, immobile. Elle pencha la tête.
- Ok. Je pensais que tu étais juste une gamine idiote mais visiblement tu te fous aussi de ma gueule.
- Hein ?
- Tout ça, c'est juste un jeu de gamin, n'est-ce pas. Tu essaies de m'inciter à faire une équipe de légendaires débiles parce que tu sais quels Pokémon accorder pour obtenir une tactique presque invincible.
- Mais…
- Cependant aucune équipe n'est invincible. Tu devrais le savoir.
Katalina plissa les yeux.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
J'eus un de mes fameux sourires stylés, ceux que je sors quand je sais que je vais éclater une parfaite idiote.
- Amber !
« Typhlosion » sortit de sa Pokéball.
- Ah !!!
- Lance Flammes !!
- Ah non !!! REVIENS, CRIMSON !
Elle rappela Cizayox.
- Regarde ma super stratégie !! A toi de jouer, Menora le Chandelure !!
Lugulabre apparut à la suite. J'étais étonné. Le Pokémon Feu et Spectre absorba mes flammes avec Torche.
- Menora ?! C'est un surnom à donner à un Pokémon ?
- Je fais ce que je veux !!
- C'est vrai, c'est vrai, tout comme moi…
Je rappelai Typhlosion et envoyai « Tartard ».
- Newton, Surf.
Bien sûr, je n'avais pas mes tactiques habituelles.
« C'est la seule zone où tu n'utilises pas tes Pokémon. Ce qui pourra te déstabiliser. Mais au final, en reconstituant les Pokémon que tu as déjà, tu auras un sacré avantage car ton expérience parlera pour toi. »Lugulabre fut néanmoins anéanti par mon attaque. Les répartitions statistiques que j'avais entrées dans l'ordinateur étaient parfaites contre elle.
- C'est impossible…
- Eh si.
- … CRIMSON !
Cizayox revint, je rappelai donc Tartard pour envoyer Typhlosion.
- REVIENS !!! A TOI, WASHIE LE ROTOM !
Le Motisma, sous sa forme Machine à laver, apparut.
- Ah oui, très malin ! Reviens Amber… A toi Kikinette !
Katalina sembla devenir folle.
- MAIS… MAIS…
- Kikinette, Canon Fleur ! Euh, Graine. C'est juste que j'ai choisi une femelle !
L'attaque pulvérisa l'appareil électroménager. Katalina devenait folle.
- C… Crimson…
- Reviens Kikinette, à toi Amber.
La suite, on la devine facilement, Cizayox était tout grillé. Je regardai mon adversaire, soupçonneux.
- C'était trop facile. Je suis génial mais quand même, à ce niveau…
Katalina baissa la tête.
- Il… m'a été demandé de ne pas trop en faire…
Tiens tiens, encore une donzelle soumise au pouvoir oppresseur d'un homme dominateur. J'ai l'impression de n'avoir rencontré QUE ça dans ma vie.
- Le maître… Julius Kent, il… Il souhaite vous affronter, et même vous rencontrer avant…
Je hochai la tête.
- Gelée de groseilles appelle Bibifoc, me recevez-vous, Bibi ?
« On a tout entendu, ça sent l'arnaque, Gelée ».
- J'aime pas ça non plus mais il va falloir laisser ta méfiance de côté, stupide sirénien albinos. J'ai bien envie d'aller voir, au moins…
***
J'entrai dans la « suite » de monsieur Kent. Une espèce de grand palace. L'homme était sur un trône. Semblant relativement jeune, grand, musclé, blond, bref, il avait tout pour être détesté. Pablo, Arlène, Jackson et Seth m'avaient accompagné, mais honnêtement je n'étais pas rassuré.
- C'est donc vous…
Nous nous alignâmes sans qu'on nous le demande et nous arrêtâmes non loin de lui.
- La petite bande de bras cassés qui essaie de me vaincre… Roland Smirnoff, un simple petit professeur Poképolite… Pablo Montes, un de nos anciens employés… Jackson Wound, un scientifique controversé en exil… Arlène Rhodes, l'acrobate et chanteuse de cabaret… et un illustre petit inconnu.
Seth semblait presque content de ne pas avoir été « reconnu » par ce personnage.
- Pablo…
Derrière ses verres fumés, la blonde soutint le regard de son ancien patron.
- … qu'est-ce qui te fait croire que tu peux me faire tomber de mon piédestal ?
- Je fais confiance en Roland et en ses capacités. Tu ne le vaincras jamais.
Julius acquiesça.
- Bon. Et tu penses que tes pitoyables efforts vont servir à quelque chose ?
Pablo déglutit.
- Regarde, Pablo. Regarde ce que tu as construit. C'est un vulgaire château de cartes. Tout va s'écrouler d'un coup une fois que j'y aurais apposé ma patte. Je n'ai jamais été vaincu. Aucun de mes Pokémon n'a jamais été vaincu une seule fois. Qu'il arrive à en battre un seul, ce sera déjà un exploit. Tu crois vraiment qu'il peut y arriver ?
Pablo hocha la tête.
- Eh bien mon pauvre Pablo, je suis bien mécontent que tu aies recommencé à te droguer, ça ne te réussit pas ! Hahaha !
- Que signifie ce manège ?
Julius regarda Arlène qui avait posé la question.
- C'est une habitude d'inviter vos futurs adversaires chez vous, ou nous avons un traitement spécial ?
Julius sourit.
- Je tenais juste à effacer de vos têtes tout espoir. Disons que vous avez passé les neuf zones avec bien trop de facilité. Je vais donc vous détailler mon équipe. Ainsi, vous saurez POURQUOI vous ne pouvez pas gagner.
Je fermai les yeux.
- Le premier Pokémon que j'utiliserai, vous le savez tous, c'est Gene…
Je tournai le dos et partit. Les autres me suivirent sans plus de procès. Julius s'étonna.
- Hey ! Je vous fais une faveur, là ?
Je soupirai et m'arrêtai alors que les autres continuaient.
- Tu peux dire ce que tu veux, chercher à me rabaisser tant que tu veux…
Julius haussa un sourcil.
- Demain, je t'explose la gueule.
Julius eut un regard mauvais pour moi, mais honnêtement, j'en avais RIEN à FOUTRE.
***
La nuit précédente, je n'avais pas dormi. Mais pas par peur ou par stress. J'étais excité.
« MESDAMES ET MESSIEURS, AUJOURD'HUI DEVANT NOS YEUX EBAHIS VA SE DEROULER UN MATCH PEUT-ETRE HISTORIQUE ! TOUS LES SIX MOIS OU PRESQUE, UN INDIVIDU PUISSANT ET COURAGEUX ARRIVE A SE HISSER EN HAUT DU PODIUM ET A AFFRONTER LE MAITRE JULIUS KENT ! MEME SI GENERALEMENT CES CONFRONTATIONS SONT COURTES, CAR LE MAITRE EXPLOSE GENERALEMENT LES DOUZE POKEMON ADVERSE AVEC UN SEUL POKEMON, ELLES RESTENT PASSIONNANTES ! VOICI DONC LE CHALLENGER, ROLAND SMIRNOFF ! »
Le projecteur m'illumina sur le gigantesque terrain du Battle Olympia.
« ET VOICI LE HEROS QU'ON APPELLE « LE MEILLEUR DRESSEUR DE TOUS LES TEMPS » : JULIUUUUUUUS KEEEEEEEEEEENT !!! »
L'homme arriva, encensé par le public en délire. Pablo, le seul qui avait parié sur moi de toute la salle, avait les nerfs à vif. Arlène, Seth et Jackson ne savaient pas trop quoi penser.
« SANS PLUS ATTENDRE, QUE LE COMBAT COMMEEEEEEEEEENCE !!! »
Pas d'oreillette avec Jackson, mais moi et l'adversaire étions en contact radio. Le terrain faisait en effet quatre fois la taille normale.
« Bonne chance, adversaire ! »
Je refusai d'échanger un mot avec ce gros porc rempli d'autosatisfaction, j'avais assez de moi-même dans ma tête.
- A toi de jouer, GENESECT !!
Un insectoïde violet avec un gros canon sur la tête apparut. J'étais impressionné. J'avais lu et entendu beaucoup de choses sur Genesect, mais d'en voir un en vrai, c'était quelque chose. Pour un peu, j'enviai mon adversaire. Et je le maudissais, car bien qu'il possède un tel Pokémon, il ne faisait pas connaître au monde les innombrables connaissances que lui devait en avoir.
Je décidai de suivre mon plan originel.
- Nout !!
C'est Minotaupe que je choisis pour le premier match. Le Pokémon Sol et Acier me regarda. Je lui faisais entièrement confiance.
Un signal déclara le début de l'affrontement du siècle.
- TECHNO BLAST !!!
Ouh putain.
Genesect tendit son canon vers moi et tira comme à la mitraillette des missiles bleutés. Minotaupe s'éloigna. Mais pas moi. Je me retrouvai donc bombardé de missiles.
- WAAAAAAAAAH !!!
Putain ! Pablo !! Abruti, pourquoi tu m'as pas prévenu ?!
- NOM D'UN CANARTICHO !! J'AI OUBLIE DE LUI DIRE ! geignit Pablo dans le public.
Les trois autres le regardèrent, étonnés.
- Pardon, on ne t'a pas prévenu ? Ici, tu es une cible au même titre que ton Pokémon, je ne retiens pas mes attaques !
Je me relevai, trempé et choqué.
« Des missiles d'eau… C'est une attaque Eau !! » songeai-je.
- Genesect, Techno Blast !!
Il recommençait. L'enfoiré.
- Nout, Griffe Acier !!
Minotaupe fit luire ses griffes et donna des coups précis devant elle. Quand les missiles d'eau arrivèrent à bonne portée, l'énergie déplacée par les griffes coupa les missiles.
- Hein ?
- Tu m'as sous-estimé, tu vas voir ce qu'il en coûte !!! TUNNELIER !!!
Minotaupe fonça comme un missile. Julius sourit.
- Je vois… Lock-On !
Comme je m'en doutais, il a une garde très serrée.
- TECHNO BLAST !
Il n'a qu'une attaque ou quoi ?!!
Les missiles fusèrent. Je pensais que la rotation de Minotaupe suffirait à détourner les attaques, mais non, pas du tout.
- J'VEUX PAS VOIR CA !!! geignit Pablo.
Minotaupe retomba, choquée par l'attaque. J'étais choqué aussi.
- Je sais ce que tu penses. « Mince. J'étais pourtant sûr d'être préparé à cela. D'être à la hauteur. Les autres combats étaient si faciles, forcément, je ne pourrais pas foirer celui-là. »
Je serrais les dents alors que Minotaupe se relevait difficilement.
- Contemple, Roland Smirnoff, l'étendue de ton erreur. Tu vas t'arrêter ici, tu vas sombrer lamentablement et perdre amèrement un combat que tu pensais gagné d'avance. Tu vas passer d'une vie de challenger adulé à ta vie d'avant…
Ma vie d'avant ?!
- … retourner dans la fange, à enseigner à des idiots comment devenir des hommes.
J'éclatai de rire. Il me regarda comme si j'étais fou, avec condescendance et pitié.
- J'ai dit quelque chose de drôle ?
- J'avais presque oublié ! Ma vie d'avant !! Hahaha !!
- …
- Plutôt CREVER que d'y RETOURNER !! TEMPETESABLE !!!
Minotaupe tourna sur elle-même et déclencha un climat sablonneux.
- Ooooh. Joli.
- FONCE !!!
L'attaque Tunnelier reprit.
- Quel dommage. L'aptitude Sand Force, ou Sand Rush, je ne vois pas bien, ne te sera d'aucun recours avec moi. SIMPLE BEAM !
Ah bah quand même il a d'autres attaques que Techno Buster et Verrouillage.
Minotaupe retomba au sol, dépossédée de son aptitude fétiche. Mais je restai confiant.
- Non seulement t'es imbuvable, mais en plus t'es foutrement con. DANSE LAMES !!!
Minotaupe augmenta drastiquement sa puissance.
- Tu peux tout essayer, rien ne…
- ALLEZ !!!
Tunnelier, à nouveau. Je voulais que ça porte, je voulais l'atteindre.
- Quand comprendras-tu que c'est INUTILE !!! TECHNO BLAST !!!
L'attaque partit, fusant vers Minotaupe. Cette fois le Tunnelier dissipa les attaques.
- QuOI ???? s'étonna Julius.
Tunnelier porta !!
Genesect se prit l'attaque en plein dans le bide.
- OUAIS VAS-Y NIQUE-LE !!!
- C'est puéril…
- M'EN BRANLE !!!
- Non, c'est ta naïveté qui est puérile. Tu penses vraiment que je vais me laisser frapper. FLAME CHARGE !!!
Genesect s'entoura de flammes. Je commençai à paniquer. Minotaupe sortit de l'état Tunnelier et sembla vraiment atteinte.
- NOUT !!!
- Le rôle d'un dresseur est d'endosser les périls endurés par ses créatures. Tu ne sembles pas prêt à supporter la souffrance de ton Pokémon.
- Espèce de salopard d'enfoiré de fils de pute !!!
- Rassure-toi, je n'irais pas jusqu'à la tuer.
Sale… putain… salopard…
Je regardai vers Jackson, Pablo, Arlène et Seth qui semblaient tous quatre sur les nerfs.
Merde, merde !!
- Ton manque de réaction me lasse.
Minotaupe fut repoussée avec force. J'étais vraiment désemparé.
- MAGNET BOMB !
L'attaque fit sortir par le canon de Genesect des billes d'acier. Putain, non !!!
- L'effet est presque similaire à des balles de revolver. Oui, j'ai atteint ce niveau de puissance.
Mais PUTAIN…
- Aiguisage, Nout !
Elle frotta ses griffes l'une contre l'autre. Avec Simple, elle était devenue précise et offensive.
- TUUUUUUUNNELIEEEEEEEEEEEEER !!!!
L'attaque transforma Minotaupe en foutue vrille de la mort. La seule vibration disloqua les Bombaimant avant même qu'ils ne portent leur coup.
- Sale connard, je vais te botter le cul tellement fort que tu pourras PLUS JAMAIS T'ASSEOIR !!!
- La vulgarité ne sert à…
- ECLATE-MOI CE PUTAIN DE ROBOT INSECTE DE MES COUUUUUILLES !!!!
Minotaupe fonça la pointe vers le sol.
- C'est inut…
Elle continuait de tourner dans le sol, créant des vibrations sismiques en vortex dont elle était l'épicentre. Julius n'en crut pas ses yeux. L'onde de choc frappait Genesect à répétition.
- Nom d'un…
Genesect dût s'élever au-dessus du sol et se transformer en petit vaisseau insecte. Il avait l'air ridicule, on aurait dit un Tampax en métal.
- Très bien, je vois que tu es sérieux. On va passer au mode supérieur. QUICK ATTACK !
Genesect tourna dans tout le terrain. J'en profitai pour remarquer que le terrain était cerné de vitres apparemment blindées, ce qui ne présageait rien de bon pour la suite du combat.
- ALLEZ !!!
Minotaupe sortit du sol et fonça à la poursuite de Genesect.
- Tu n'arrêtes donc jamais ?
- J'PEUX PLUS M'ARRETER, JE SUIS LANCE ! J'SUIS A FOND, TU VAS TE PRENDRE LE MEILLEUR DE MOI DANS LA GUEULE !!!
- Techno Blast !!
Le canon de Genesect tourna sur lui-même et tira vers Minotaupe qui le poursuivait. Détail intriguant : Les « Missiles » s'étaient changés en charges laser. En boules d'énergie si vous préférez.
« Au sol, il est plus à l'aise pour former des missiles, dans les airs pour créer des boules d'énergie. Je me demande si la puissance change aussi… »
On se serait cru dans un foutu shoot-them-up. Minotaupe esquivait plutôt bien les attaques ennemies, mais Genesect faisait durer la poursuite.
- Tu gagnes du temps…
- J'te rappelle que c'est le premier Pokémon que j'ai sorti et que tu ne l'as toujours pas vaincu ! grommelai-je.
Julius parut courroucé. Mais visiblement, il faisait tout pour ignorer le fait que j'avais un net avantage en comparaison des adversaires qui m'avaient précédé.
- Lock-On, ça suffit.
Je savais que Minotaupe se prendrait forcément la prochaine attaque. Et qu'elle serait fatale.
Putain, trouver l'idée…
- TECHNO BLAST !!!
L'attaque se chargea dans le canon de Genesect.
- Séisme !!
Minotaupe cessa sa forme Tunnelier, ce qui la déséquilibra complètement. Elle put cependant balancer derrière elle la charge sismique qui rembarra complètement Genesect.
Ouh putain !
Genesect balança le laser. Je ne me sentais plus, je n'avais plus rien à perdre, Fuck it.
- GRIFFE ACIER !!!
Les griffes de Minotaupe se transformèrent en véritables lames d'épée. Ma Minotaupe avait deux épées laser à la place des griffes. Elle tenta de trancher le Techno Buster laser, mais elle ne put en trancher qu'une partie, l'autre vint lui décalquer la face.
- NOUT !
Mon Pokémon retomba au sol, fumant et KO. Je cherchai son pouls. Elle allait bien.
- Pfou.
- Si tu n'es pas prêt à sacrifier tes Pokémon, tu ne pourras pas me battre.
Genesect atterrit à côté de moi et me lança un regard… vide. Normal, pour un insecte robot préhistorique.
Je rappelai Minotaupe, signant là ma première perte de ce combat.
- Bien. Il te reste onze Pokémon, il m'en reste six.
- Hm.
- Mais je pense que Genesect pourra éradiquer sans problème tes onze autres Pokémon.
- Vous avez fait des recherches sur moi ?
Julius haussa un sourcil.
- Oui… Je sais que vous êtes professeur.
- Ah oui, vous avez fait de sacrées recherches. Bravo. Moi aussi j'en ai fait sur vous. D'après les sources officielles, vous êtes issu d'un village très spécial dans lequel on élève les enfants à la maîtrise de Pokémon légendaires. Vous avez notamment vécu parmi les Phione, des Pokémon très rares et très étranges, issus de Manaphy mais qui semble-t-il n'aient en fait aucun lien avec lui. Bref…
Julius haussa les sourcils, cette fois.
- Montes… que vous a-t-il raconté ?
- Pas grand-chose. Juste que cette version était du pipeau vos Pokémon étaient pour la plupart issus du braconnage.
Julius se raidit et me tendit un doigt menaçant.
- SAUVES du braconnage !! Ne prétendez pas que j'ai eu ces Pokémon par des moyens illégaux !
- Ça se discute. La version officielle me paraît très louche.
- Vous n'êtes VRAIMENT pas en position de discuter de ça avec moi.
- Ma théorie c'est que vous les avez fait capturer par d'autres et que vous avez prétendu les avoir sauvés pour vous construire une légende.
Le visage de Julius se crispa.
- M'enfin je vous disais ça parce que visiblement vous n'êtes pas au courant que je me suis déjà frotté à deux Pokémon légendaires. Regigigas et Boréas.
Julius s'étonna.
- Et à l'époque, avec mon niveau d'avant, je ne m'en sortais pas si mal. Alors maintenant, après m'être bien amélioré…
- Peuh. Vous n'êtes pas meilleur que la plupart de mes adversaires passés. Vous n'avez rien de différent.
- Vous pouvez vous mentir autant que vous voulez, je sais ce que je vaux, et je sais qu'à l'instant, je viens de vous mettre en difficulté.
- Sortez un Pokémon, que j'en finisse.
Je hochai la tête.
- AMBER !
Typhlosion sortit de sa Pokéball. Julius éclata de rire.
- Typhlosion ! HAHAHAHA !
- …
- Je rêve ! Vous me prenez vraiment pour un débile, ma parole !
- … Je ne vois pas en quoi…
- Vous êtes un GAMIN, Roland Smirnoff ! Vous voyez un Pokémon Insecte et Acier, vous pensez Feu !
- Que voulez-vous que je pense, Cafard métallique vibrant anal ?!
- Vous êtes un gamin stupide, vous ne méritez même pas d'être ici. Techno Blast.
Genesect renvoya des missiles, maintenant qu'il était revenu au sol. Amber leva la patte vers le ciel. Le Zénith se déclencha, affaiblissant les obus.
- Hm, certes… admit Julius.
- Lance Soleil.
Le rayon laser partit à une telle vitesse qu'il emporta les missiles, frappa Genesect et frôla Julius.
- HEY !!!
- Faites pas votre lopette, c'est juste un stupide Pokémon Feu contre votre sextoy violet.
Julius serra les dents.
- Sale petit morveux…
- Vieux con prétentieux.
- Quick Attack !
Genesect se remit en position « vitesse ». Je souris.
- Faisons un peu de physique des attaques, voulez-vous.
Julius s'étonna, j'étais en train de lui parler chinois, je pense.
- Vive Attaque est une technique rapide d'une simplicité extrême. Foncer, frapper, se retirer. C'est très con. Mais Vive Attaque présente une particularité : Le plus rapide est toujours derrière le moins rapide. Pourquoi ? Parce que c'est au plus rapide de toucher le moins rapide d'abord. Cela se résume en poursuites, donc.
Genesect fonça autour du terrain. Julius sourit.
- Tes paroles ne te sauveront pas de ta défaite.
- Amber, Vive Attaque.
Le Pokémon Feu poursuivit le Pokémon Insecte.
- Mais…
- Dommage. Typhlosion a une vitesse un poil plus haute que celle de Genesect.
- Vous êtes stupide, ma parole. Techno Blast !
Genesect tourna son canon vers Typhlosion qui le poursuivait.
- Ah ouais merde !
- Vous êtes décidément très, très naïf.
L'attaque fusa.
- ROUE DE FEU !
L'attaque permit à Typhlosion d'esquiver rapidement sans pour autant perdre de la vitesse. Julius hocha la tête.
- Impressionnant. De débilité.
L'attaque fusa comme un laser, propulsant Genesect et frappant Typhlosion qui chuta, stoppée dans son élan.
- Merde !!
- Vous êtes pathétique. Il est temps que ce match pathétique prenne un rythme plus normal. Flame Charge !
Genesect fonça. Je savais ce qu'il faisait, il voulait gagner de la vitesse. Typhlosion se releva, touchée.
- Amber !
Le Pokémon se releva, pas trop amoché.
- Ouf !
- J'avais oublié votre maudit Zénith…
- Ouais, c'est pratique des fois.
- Ne criez pas victoire trop vite. GUNK SHOT !
Quoi ?!!
Mais il est MALADE !
Il veut m'intoxiquer ou quoi ?!!
Genesect se plaça en l'air. Julius revêtit un masque de protection, le fils de pute.
- Merde, merde !! Vous voulez me tuer, c'est du meurtre !!
- Vous pouvez vivre, en esquivant !
- Salopard…
- Il faut bien que je vous attaque avec une technique puissante faisant des dégâts normaux.
Le canon dirigé vers le sol, Genesect projeta une épaisse fumée pourpre.
- Mais bordel !!
Genesect se replaça devant Julius, pour le protéger éventuellement, je suppose.
Mais moi comment je pouvais me…
Me protéger…
Typhlosion…
Typhon… Explosion…
- AMBER, EBULLILAVE !!
Typhlosion se plaça devant moi et activa ses flammes. La température monta. Julius s'étonna.
- Vous voulez être intoxiqué par les vapeurs ? C'est intéressant.
« Rebondifeu sera trop ciblé, Lance-Flammes trop léger… »
J'avais transformé Ebullilave en catalyseur : Elle augmentait la température extérieure et intérieure de Typhlosion. En éjectant une attaque après celle-là, son effet serait complètement décuplé.
- C'est l'heure du barbecue, sale fils de pute !! SURCHAUFFE !!!
L'attaque était absolument épique. Typhlosion cracha un puissant jet de flammes dans la fumée toxique, provoquant une violente explosion du côté de Julius.
- NOM D'UN CHIEN !! VOUS ETES TARE !!!
- Je t'emmerde, enculé ! T'as essayé de me tuer d'abord, à mon tour, et crois pas que j'vais m'gêner, putain de salope !!
Le terrain adverse était couvert de flammes, on se serait cru pendant la guerre du Golfe. Genesect en sortit, enflammé et visiblement englué dans sa propre merde.
- Amber, Lance Flammes !
- ARRETEZ ESPECE DE MALADE !
- Arrêter d'attaquer ? Tu m'prends pour une bille ou quoi ?!
Typhlosion frappa Genesect qu'il acheva complètement. Une équipe de sécurité intervint pour éteindre les flammes envahissantes.
- Bah voyons…
Une fois les flammes dissipées, on constata que Genesect avait été vaincu. Un tonnerre d'applaudissements s'éleva des tribunes. Jackson, Arlène, Seth et Pablo étaient complètement effarés. Moi-même, j'avais presque du mal à y croire.
Julius se remit de ses émotions et me regarda comme si j'étais un clodo.
- Vous… Sale…
- C'est le jeu, ma pauvre Lucette.
- Me vaincre, moi, un maître…
- C'est le but, putain, arrête de taper un caca nerveux !
« INCROYABLE !!! ROLAND SMIRNOFF VIENT DE REALISER UN INCROYABLE EXPLOIT EN BATTANT UN DES POKEMON LEGENDAIRES DE JULIUS KENT AVEC SEULEMENT DEUX POKEMON !!! »
Julius pestait comme une gamine de seize ans privée de son téléphone portable.
- Vous ne vous en tirerez pas vivant…
- Encore une menace de mort ? Vous avez commis une erreur hallucinante en utilisant une attaque Poison de si haute densité avec un Pokémon aussi puissant face à un Pokémon Feu sous Zénith…
Je l'entendis tousser.
- Les vapeurs vous ont atteint, on dirait. Vous avez été bien con de sortir une attaque pareille. Sous le coup du désespoir, on…
- La ferme !
- … commet souvent des erreurs d'une débilité telle qu'après coup on se dit qu'on a été stupide de faire ainsi…
- Roland Smirnoff, bouclez-là, vous ne me vaincrez jamais alors retirez immédiatement ce sourire satisfait de votre face d'abruti…
- Vous savez, posséder six Pokémon Légendaires n'augmente en rien la taille de votre pénis. Physiquement comme métaphoriquement parlant.
Julius grogna et appela le Pokémon suivant.
- TERRAKION !!!
Une espèce de taureau féroce apparut. Le Pokémon me regarda droit dans les yeux. Je connaissais ce Pokémon et les autres de son rang. Des Pokémon hautement supérieurs en âme et en cœur, qui ont lutté contre les hommes lorsque cela s'est avéré nécessaire. Plus qu'à ce stupide film de William Gebney, c'est à eux qu'on attribue de façon majeure le changement révolutionnaire de notre monde. Mais je n'ai pas le temps de m'appesantir là-dessus…
« Frère. Mon frère. Où est-il ? »
Quoi ?
Je rêve où le Pokémon vient de me parler dans ma tête ?
Et il me parle de frère ?
Mon frère à moi… C'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire. Fallait que je balaie l'abruti en chef, le boss final. J'étais pas allé aussi loin pour perdre bêtement.
Rien à foutre de ton frangin. Néanmoins cela ne faisait que confirmer plus encore ce que je pensais. Ce salopard a arraché ces Pokémon à leur milieu d'origine. Il n'a pas gagné leur confiance, il n'a pas respecté « le pacte ».
Si jamais je bute ce salaud, il aura intérêt à relâcher ses Pokémon.
Typhlosion me regarda, je hochai la tête.
- Lance Soleil !!
Ma fidèle hérissonne lança le puissant rayon d'énergie. Je m'attendais à ce qu'il esquive, mais ce gros monstre se mit à charger droit vers mon Lance-Soleil.
- … euh…
En agitant simplement la tête, il créa une Plaie-Croix qui démolit radicalement le rayon par son simple souffle. Je m'éloignai.
- Amber, Vive Attaque !!
Mon Pokémon tenta de fuir par les côtés.
- Oh que non, vous allez rester à votre place. SMACK DOWN !!
Terrakium créa une roche face à lui. Véritable missile à tête chercheuse, la roche alla se placer sur le dos de Typhlosion et la plaqua au sol.
- Amber !!
Mon Pokémon tenta de se relever mais c'était peine perdue.
- Allez !! IRON HEAD !!!
La charge de Terrakium fut radicale : Typhlosion fut larguée ad patres. Déjà bien affaiblie par Genesect, elle ne put se relever.
- Eh merde… Reviens, ma belle.
- Tant de sentimentalisme, ça ne vous aidera pas.
- Bob, GO !
Metamorph apparut et se transforma en Terrakium. Julius sourit.
- Un autre dresseur avait eu cette idée aussi… Très mauvaise, l'idée.
- Séisme !!
J'attaquais radicalement. Terrakium répondit par un autre Séisme qui annula le mien.
- Close Combat, Terrakion !!
L'adversaire poussa un cri et se mit à charger, entouré d'énergie rouge.
- Putain si je me prends ce coup, ça va chier pour ma gueule !! ABRI, BOB !
Metamorph retint l'attaque à bout de bouclier vert. Mais l'attaque adverse semblait chercher à forcer mon champ de protection.
« Il est DINGUE ! Non, c'est cette puissance qui est dingue ! »
Terrakium cessa, voyant qu'il ne pouvait faire céder l'Abri. Je soufflai, soulagé, parce que l'espace d'un instant ce con m'avait presque fait croire qu'il avait atteint une puissance qui pouvait briser Abri… Le Pokémon adverse revenait vers son maître en trottant. « C'est un putain de monstre de puissance, je ne le vaincrai pas avec mes petites tactiques de merde ! »
- Surpris, hein ?
Je déglutis.
- Préparez-vous à perdre. Iron Head !!!
Terrakium fit instantanément demi-tour et se projeta violemment vers Metamorph.
- B… Bob, Tête de Fer !!!
Combattre le mal par le mal…
Les deux attaques s'entrechoquèrent… Et le Terrakium adverse recula, étonné. Je m'étonnais aussi. Et Julius de même.
- …
- …
- … votre Ditto est plus fort que le Pokémon original ?!
- …
- … Il y a un truc, forcément. Un point faible pour contrebalancer cet avantage trop grand.
Je serrai les lèvres. Je disais un seul truc, j'étais grillé. S'il savait que Metamorph ne pouvait se transformer que dix minutes et ne se retransformer que deux minutes plus tard, j'étais foutu.
- Votre silence en dit long…
- Close Combat !
Metamorph chargea Terrakium et le frappa, même. Cool.
- Bon sang !!!
- C'est un duel bien moins classe que le précédent, j'avoue…
- EARTHQUAKE !!!
L'attaque se déroula dans une zone très réduite. Metamorph vola, littéralement projeté par le souffle de la secousse.
- Vous allez payer votre affront à mon pouvoir ! SACRED SWORD !
Terrakium se contenta d'agiter la tête. Metamorph fut frappé par une vibrante lame sonique qui l'abattit au sol.
- Putain… m'étonnai-je.
Metamorph eut du mal à se relever. Mais il y parvint.
- Impressionnant. Votre Ditto est donc plus fort que mon Terrakion. C'est impressionnant. Une stratégie pareille a forcément un point faible.
Eh merde. Il était malin ce con.
- Je suppose que ce point faible a quelque chose à voir avec la concentration initiale d'énergie, donc avec la transformation.
Ce moment gênant où vous constatez que l'empaffé en chef n'a pas volé son titre.
- Vous avez donc probablement un temps de transformation réduit. Je pourrais vous battre en utilisant Protect et Double Team.
L'enculé quoi.
Mais je souris.
- Hm. Vous venez de le dire, toute stratégie a un point faible. Toute équipe a une faiblesse, et c'est notre lot à nous, dresseurs d'apprendre à combler ces points faibles en permanence. Si vous faites ça, j'utiliserais Lame Sainte ou Aéropique les tours où vous ferez Reflet. Et puis ensuite j'ai neuf autres Pokémon qui feront le boulot.
Julius sourit.
- Vous me plaisez, Roland Smirnoff. Vous êtes un sale con, mais vous me plaisez.
- J'sais pas encore si vous me plaisez. Un gars qui autorise douze Pokémon contre six, c'est quand même un gars avec un égo surdimensionné…
Julius hocha la tête.
- Allez. Je vais être gentil et vous battre avec panache. Géant d'Airain.
Terrakium poussa un hurlement. Et ensuite quelque chose poussa sur lui. Une statue de taureau géante. Un monstre de pierre.
- Ouah…
- Vous me plaisez surtout parce que je vais pouvoir tester mes meilleures techniques contre vous. J'ai enfin un adversaire à ma hauteur !
- …
- Je suppose que de votre côté vous êtes en quête permanente de limites, de murs à franchir, d'adversaires plus forts et plus puissants… Si vous me battez, vous pourrez être considéré comme virtuellement imbattable.
Je soufflai.
- Mouais. CLOSE COMBAT !
Metamorph fonça vers la statue géante. La pierre se mit à remuer et à bouger, de telle sorte que Metamorph se retrouva cerné, frappé puis relancé ailleurs.
- Wow…
Metamorph eut beaucoup de mal à se relever.
- C'est fini. Chute.
Le géant d'airain se projeta complètement contre Metamorph. Je dus m'éloigner pour ne pas être entrainé dans l'attaque. Metamorph fut littéralement mis KO et réduit à l'état de petit blob gélatineux.
- Un tel Pokémon… Comment avez-vous pu le garder aussi longtemps ?!
Je soupirai.
- Y'a des trucs comme ça, on peut pas s'en débarrasser même en le voulant vraiment…
- En attendant vous peinez pour me battre.
- Ouais. Il est temps de sortir le grand jeu et d'arrêter la déconne.
- Content de vous l'entendre dire.
- En fait, j'ai déjà vu votre technique.
Julius haussa les sourcils.
- Vraiment ?
- Oui, c'est le déplacement d'aura propre à la cheftaine du conseil des quatre de Sinnoh, Kalindra Duchessey. Son pater, me semble-t-il, est le créateur de ce stupide système qui consiste à faire voler un Pokémon Eau appelé sur terre. C'est naze. T'as un Pokémon Eau, tu le sors pas n'importe où, c'est débile ! Bref. Votre technique a un gros défaut.
Julius s'étonna.
- Et je vais vous le prouver. BUCK !
Kapoera apparut. Le Pokémon semblait au mieux de sa forme. Julius hocha la tête.
- Vous connaissez votre charte des types sur le bout des doigts, félicitations ! Chute !
Le Géant d'Airain se lança sur nous. Je sifflai.
Kapoera partit alors en toupie. Le Pokémon défonça l'attaque de Terrakium sans le moindre effort. Julius sembla totalement mystifié. Je haussai les épaules.
- Le problème, c'est que ça reste une attaque ! Duchessey avait réussi à en faire quelque chose d'utile mais fondamentalement, sa foutue Aurasphere, ça pouvait être dissipé en un coup de Cru'Aile facile. Moi, avec un Tunnelier bien placé, je dégomme votre attaque. Oui, j'aime bien l'attaque Tunnelier, ne me demandez pas pourquoi.
Julius était stupéfait.
- Bien… Bien… Mais Terrakion est fort…
- Je sais, j'ai vu. TRIPLE PIED !
Kapoera fonça vers Terrakium et le frappa d'un coup de pied.
- Ridic…
D'un second. D'un troisième. D'un quatrième. De plus en plus fort et en tournant autour du Pokémon.
- Imposs… Impossible…
Au bout de dix fois, Terrakium était défoncé. Onze, douze, treize…
- NOM D'UN CHIEN !!! grommelait Julius, ulcéré.
Au bout de quinze, Terrakium fut balancé contre le mur d'enceinte et retomba lourdement.
- Par tous les diables…
- Ouais, trois coups de pied, ça me paraissait trop peu. Je n'arrive que jusqu'à quinze, malheureusement. Très étrangement c'est mon père le premier qui a développé ce genre de techniques, il faisait ça avec le Coup Double de son stupide Capidextre.
Terrakium se releva, me regarda, furieux, et hurla, créant une armée de taureaux de pierre, plus petits que le géant d'airain, mais apparemment plus solides.
- Je vois, ce sera épique ou ce ne sera pas… MAWASHIGERI !!!
D'un simple coup de pied dans l'air, Kapoera fêla toutes les statues. Julius était sidéré.
- Vous êtes un MONSTRE !
- Et encore, vous l'avez pas vue en érection. Buck, Tunnelier !
La charge tournoyante fit des dégâts colossaux sur le marché de la sculpture sans originalité. Terrakium m'appréhenda. Julius grommela.
- Vous me les brisez menu !!
- C'est le cas de l'dire ! souris-je.
- AIRAIN !
Terrakium s'enveloppa d'une couche de pierre. Une véritable armure.
- PU-TAIN ! criais-je.
Julius semblait fier de lui, en plus, le con.
- C'est quoi ces tactiques de seconde zone de MERDE !
- C'est ça, riez… CLOSE COMBAT !
- CLOSE COMBAT AUSSI, MEME QUE !
Kapoera et Terrakium s'opposèrent dans la plus grande joute de coups de tous les temps, faisant pour ainsi dire jeu égal, ce malgré toute ma rage de vaincre. Je devais me calmer et réfléchir.
Pas facile quand vous avez un Pokémon qui peut tout péter et en face la même…
Tout péter…
- BUCK, RECULE !
Kapoera trotta en arrière, épuisé.
« Merde, faut pas que je rate mon coup… »
- Vous abandonnez ? sourit Julius.
- Ça te ferait plaisir, hein ? « Vraiment pas… » LIRE ESPRIT !
Kapoera se concentra. Julius hocha la tête.
- Malin, vous me toucherez à coup sûr au prochain tour. Mais vous ne me ferez probablement pas grand-chose.
Sa tactique consistant à se recouvrir de pierres est un subterfuge visant à limiter les dégâts alors que son offensive, lui, reste intacte.
Mais cette défense a un point faible évident. En fait en revoyant Kapoera latter tout et n'importe quoi, je me suis souvenu du combat dans le Continuum Stadium.
- VIVE ATTAQUE !
D'abord approcher…
- Attaque Sacred Sword !
Maintenant !
- RUUUUUUUUUUUSE !!!
L'attaque frappa Terrakium sur un point précis dans son dos. Ce simple coup brisa toute l'armure. Julius était stupéfait.
- Bon. Maintenant vous arrêtez de faire joujou. Parce que moi, j'ai déjà arrêté depuis trois jours. Mawashi Geri.
Kapoera prit la tête de Terrakium entre ses pieds, et dans un mouvement rotatif puissant, le balança dans les airs.
- Bon sang…
- Je sais, ça surprend toujours. Buck, TRIPLE PIED.
L'attaque, réalisée à ma sauce, acheva le Pokémon Légendaire qui s'écroula dans les vaps. Le public m'acclama de nouveau, moi et ma grandeur.
- … bon sang…
- En effet. C'était trop facile. Vous n'avez rien de mieux à me proposer ? C'était nul. Comment il s'appelle, ce Pokémon, Terrakium ? Je le déconseillerai aux gars du Rotary Club.
Julius semblait furieux, apparemment il ne pensait pas que je pouvais le vaincre aussi simplement.
- Vous êtes fâché ? Zut alors, je commençais à apprécier votre humour !
Julius envoya une Pokéball dont il sortit un truc complètement dingue : Cresselia. Je dis complètement dingue parce que ce truc ressemblait à un canard en plastique stylisé par la mafia gay.
- La vache. Vous avez rien de plus viril ? Genre un Rondoudou ?
- Aurora Beam.
L'attaque eut un effet absolument étonnant. Toute la pièce, je dis bien l'ensemble de l'arène, fut envahi par une aura arc-en-ciel. J'avais froid, mes mouvements étaient ralentis, et même mon brave Kapoera qui était pourtant censé être résistant à ce genre d'attaques, était tout bonnement déphasé.
Julius, lui, semblait à l'aise. Il suffit d'une petite Psyko surpuissante à Cresselia pour réduire Kapoera à l'état de légume inerte.
- ZZzzzuuuutttt…
Waouh. Même mon élocution était ralentie. L'Onde cessa et tout revint à la normale, sauf Kapoera qui était toujours KO. J'étais vraiment stupéfait. J'appris plus tard que les autres n'avaient rien vu d'autre qu'un flash rose bonbon à ce moment précis. Le temps lui-même avait été compressé.
- Putain…
- Savez-vous qui est Cresselia ?
Je haussai les sourcils.
- J'vous avoue que non. C'est pas un Pokémon légendaire qui me fascine spécialement. Darkrai me fascine beaucoup plus. Mon côté fan de Twilight, probablement.
- Cresselia est la garante de la lumière lunaire. Savez-vous ce qu'est la Lune ?
- Evidemment que non, je viens de battre deux de vos stupides Pokémon légendaires, vous vous doutez que je suis con comme une otarie.
- La Lune est une partie de l'univers. En somme elle a été créée en même temps que lui, par le déchaînement du temps et de l'espace.
- On touche à l'astrophysique, là, ce match devient de plus en plus intellectuel.
- Ce n'est rien de moins que de la cosmogonie…
- Ouais, ouais, j'm'en fous de comment l'univers a été créé…
- Cresselia est extraite des pouvoirs de Dialga et Palkia, créateurs du temps et de l'espace.
- Bzzzt. C'est juste des racontars. Si c'était le cas, ils passeraient leur temps libre à créer des univers parallèles inutiles. Idem, Arceus serait un mec trop cool qui aurait créé des tonnes de mondes et d'univers différents… C'est des conneries.
Julius sourit.
- Vous savez pourtant que ces « racontars » mènent souvent à la rencontre dudit Pokémon légendaire.
- Je vous en PRIE, sans me forcer j'en ai rencontré cinq, rien qu'aujourd'hui je vais en rencontrer six ! Légendaires mon cul ! Je parlerais plutôt de Pokémon en voie de disparition.
Julius haussa les sourcils.
- Vous êtes partisan de cette hypothèse ?!
- J'ai observé les travaux des scientifiques de la famille Suzuki, vous savez, cette famille qui possédait un Heatran.
- Oui, Heatran est un Pokémon exclusivement mâle.
- Que vous dites. Les scientifiques de Suzuki, dans le but de cloner Heatran pour en faire une arme militaire, ont retracé le cursus génétique de ce Pokémon. Ils ont fait deux découvertes majeures.
Julius semblait intéressé, ce qui m'étonnait. Comment une telle truffe pouvait être intéressée par des choses pareilles ?
- La première : Heatran peut être cloné. Donc il a la capacité de se reproduire. Mais probablement dans des conditions restreintes.
Julius haussa un sourcil réellement étonné.
- La seconde : Heatran est sexué. Il aurait tout aussi bien pu être femelle. D'où mon hypothèse : la plupart des Pokémon légendaires sont des Pokémon qui, peu à peu au fil des âges, ont perdu leurs fonctions reproductives, leur nombre a diminué et les derniers représentants de chaque espèce vivent reclus car trop longtemps pourchassés.
Julius éclata de rire.
- Cela voudrait dire qu'il y aurait plusieurs Arceus !
- Et pourquoi pas ?
- Arceus est le seul, l'unique, le remarquable. Cresselia elle-même est remarquable !
- Vous venez de dire vous-même qu'elle n'était qu'un résidu de deux Pokémon, la bâtarde de deux attaques à la con !
Julius fronça les sourcils.
- Appelez un Pokémon, qu'on voie de quoi est capable le résidu.
- Okay. Voldo !!
Scorvol apparut. Julius s'étonna.
- Hm… Un Pokémon abonné à la défaite.
- Ah bah forcément ça a moins de gueule que « Cresselia la folasse de l'espace »…
Je regardai Cresselia, inexpressive, sérieuse. Je soupirai.
- Quel Pokémon fadasse…
- Ce que je vous ai expliqué tout à l'heure devrait vous être utile… Aurora Beam !
Nouveau ralentissement sépia genre Instagram de photomaton. C'était répugnant, j'avais envie à la fois de dégueuler et de me suicider, et croyez-moi c'était pas agréable. Scorvol semblait quelque peu atteint. Vite, une idée.
- Rrrrroklas, Rrrrookkklasss…
Putain d'élocution ralentie.
Cependant, Scorvol comprit ce que je voulais dire, il exécuta l'attaque Croc Glace qui lui permit d'avaler en partie l'Onde Boréale.
- I… Impossible !!
- Fallait bien que ça me serve, ces attaques de crocs.
L'attaque était diminuée. Je hochai la tête.
- Donc, l'Onde Boréale de votre Pokémon a été transformée en ersatz imparfait de Spatio-Rift et Hurletemps. Félicitations, encore un utilisateur de plus d'une technique imparfaite tentant de reproduire la perfection d'autres techniques. Vous êtes les rois de ça, dans cette zone. Quand vous ne trichez pas, vous inventez des techniques idiotes qui singent d'autres techniques parfaites. J'applaudis, être aussi con, c'est un exploit.
L'Onde cessa. Julius soupira.
- Psycho Cut.
Cresselia agita ses… ailes ? Anneaux ? Les deux trucs qu'elle a sur le côté quoi. Et du coup elle balança des demi-lunes (hihihi) pourpres vers moi et Scorvol.
- Putain de merde. Tranche-Nuit.
Scorvol fonça, les pinces armées d'énergie maléfique. Les lames psychiques frappèrent mon côté du terrain et je dus reculer pour ne pas être emporté dans l'attaque ou découpé en morceaux.
- Mais pourquoi vous essayez de me tuer ! Non pas que vous soyez le premier à essayer mais QUAND MEME !
- Vous prenez le combat à la légère…
- Faites chier…
- Aurora Beam.
L'attaque figea tout à nouveau mais les Coupe Psycho continuèrent. Scorvol fut atteint par l'une d'elles.
« Courage Voldo, courage… Vent Arrière pourrait sûrement modifier la forme de son attaque voire la briser… Oui c'est ça que je vais essayer après… »
Et là, surprise : Scorvol sembla lire dans mes pensées et il effectua lui-même l'attaque Vent Arrière. Sûrement une conséquence des expériences de Jackson. L'attaque eut un effet dévastateur, elle ruina l'Onde Boréale de Cresselia ainsi que sa Coupe Psycho.
- Mais qu'est-ce que…
- Wow. Je m'étonne moi-même… Avec ça, je suppose que je peux vous lancer mes attaques à pleine puissance…
- Pardon ? Psycho Cut !
En adaptant la vitesse de son attaque à mon vent complémentaire, Julius réussit à faire de cette contrainte un point fort.
- TRANCHE-NUIT !
Scorvol commença à tourner sur lui-même. Ce faisant, il s'entourait d'un tourbillon noir qui repoussa les lames psychiques.
- Bon sang !! Aurora Beam !
- Ça marchera p…
Concon que j'étais, j'avais oublié qu'à la base, Onde Boréale est un rayon givrant arc-en-ciel. C'que j'peux être débile parfois. Rarement. Presque jamais. Jamais en fait. Oubliez ce que je viens de dire.
L'attaque rembarra volontiers Scorvol qui s'en était déjà pris plein la gueule.
« Il va pas tenir longtemps… Mais il doit le faire et il peut le faire. »
Scorvol s'envola de plus belle. J'étais surpris de pouvoir insuffler ainsi de la vie dans mes Pokémon. J'étais devenu le créateur de ma propre stratégie de A à Z. Une capacité, qui, si je la maîtrisais à fond, deviendrait à coup sûr un atout majeur.
Je décidai de m'y entrainer immédiatement. Un peu de concentration et…
Scorvol s'envola et tourna au-dessus du terrain.
- Eh bien, vous méditez ?
Méditation…
On raconte que la technique que je suis en train d'utiliser a été esquissée il y a des siècles au Tibet. Les premiers maîtres avaient réussi à créer une connexion si forte avec leur Pokémon qu'ils étaient capables de lui donner des ordres par la pensée seule. Des ordres simples : Mange, bois, assis, couché, debout. Les plus grands maîtres atteignirent un niveau leur permettant de se battre par la seule pensée, mais cette technique avait des limites.
Les images.
Le Pokémon était capable d'assimiler des « mots » mais pas des « fictions de la pensée », des rêves imaginatifs courts qu'il avait juste à replacer dans le contexte de sa réalité. Mais même quand ils arrivaient à lui faire comprendre le lien entre image de pensée et action, les maîtres n'arrivaient pas à ne pas répéter l'image ou à ne pas la saccader, la répéter inconsciemment dans leur tête. La pensée n'est pas un univers fixe, il arrive que le cerveau déraille un peu ou repasse la même scène sans vraiment le vouloir. La persistance des images nerveuses est difficilement contrôlable.
Pourtant.
L'un des premiers Lamas a réussi à atteindre ce niveau de cohésion, à coordonner exactement sa pensée avec le Pokémon. Mais il n'en fit jamais l'usage optimal qu'on put penser qu'il en ferait. Il se contenta de former son Pokémon à agir de manière civilisée. Peu avant sa mort, on raconte même qu'il a tenté de lui apprendre à parler.
Ce n'était pas à confondre avec ce que Cathy, la chef du Salon de Combat à Hoenn utilise : Elle communique ses ordres par télépathie, comme si je parlais mais par la pensée. Ma technique à moi consiste à insuffler une volonté, non un ordre. Cathy avait parlé en interview du fait qu'elle veillait à donner un ordre, à frapper l'esprit du Pokémon avec un ordre précis, une simple attaque, comme dans un combat normal. Ses travaux m'avaient intéressé à une époque parce que je trouvais cette femme inintéressante et je ne comprenais pas ce qu'on pouvait lui trouver.
Moi.
Moi je voulais juste que le Pokémon agisse exactement comme selon ma pensée, selon ce que je voulais qu'il fasse et non selon son propre raisonnement stratégique de Pokémon.
C'est moi l'humain.
C'est moi le stratège.
C'est moi le technicien de génie.
ET ! C'est cette dernière pensée qui me permit d'atteindre le niveau que j'allais atteindre au terme de ce combat.
Priver le Pokémon de son libre-arbitre était une pure folie. Sans libre arbitre, le Pokémon n'est qu'une machine banale, sans intérêt, sans vie. Autant jouer avec des pantins.
Au contraire, le laisser totalement libre est une folie car le Pokémon n'est pas, à l'état de nature, un combattant inné, capable de stratégies élaborées comme un humain pourrait en créer.
La Pokéball est un équilibre parfait entre les deux. Elle maintient le Pokémon dans un état d'obéissance forcée tout en lui laissant sa liberté d'être, de penser, d'agir dans une certaine mesure.
Je devais atteindre ce niveau : maintenir une cohésion entre ma volonté et la sienne.
En fait maintenir le niveau de cohésion avec des ordres oraux, mais par la pensée.
Scorvol était idéal pour ça. J'avais trop travaillé avec lui, depuis ses débuts en tant que Scorplane, jusqu'à son évolution, sa désobéissance puis son ascension jusqu'à devenir un de mes Pokémon les plus talentueux.
Je devais accompagner ses gestes, pas les brider.
« Lame de Roc.
Tu vas utiliser Lame de Roc pour la piéger.
Quand elle sera acculée, tu la décimes avec Plaie Croix. »
L'ordre était simple. Je l'infligeai de manière directe en appuyant fort sur les mots dans ma tête. Je les dirigeai bien à l'encontre de Scorvol. C'était à lui d'entendre ces mots qui étaient ma pensée, que je transformai en volonté et que je voulais rendre réels.
Pensée profonde, pensée tangible, contact, cohésion, lien, compréhension, action.
Scorvol fit tourner les rochers autour de lui. Dans les gradins, c'était la stupeur totale.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ?!! s'étonna Seth.
- Il n'a rien dit, je ne rêve pas ? souffla Arlène.
Jackson sourit.
- Je crois qu'il s'est éveillé et qu'il a enfin compris le plein potentiel de mes expériences…
- Allez Roland !! grommela Pablo.
L'attaque frappa le sol. Les rochers n'explosaient pas, ils s'enfonçaient dans le sol, juste assez pour former une barrière.
- Pardon ?! s'étonna Julius.
Cresselia se protégea avec une nuée de sphères blanches – un Choc Psy, probablement. Mais j'avais anticipé une tentative de riposte par le biais de pouvoirs psychiques.
Scorvol continua néanmoins son attaque. Son but était de piéger Cresselia. Je lui insinuais l'ordre de poursuivre, de toute façon, il était obligé de le faire.
Cresselia se retrouva piégée lorsqu'elle ne put plus vraiment bouger pour esquiver les rochers pointus. Lorsque cet état de fait arriva, Scorvol plongea en même temps que les derniers rocs.
- Mais qu'est-ce que vous…
Scorvol tournoyait et plongeait vers Cresselia.
- Si vous croyez que je vais vous laisser faire…
Le Choc Psy intervint mais une première Plaie Croix en dissipa les effets. Cresselia sembla comprendre qu'un gros scorpion volant violet lui fondait sur la gueule et s'apprêtait à lui taillader la face comme avec un cutter.
Ça lui apprendra à ressembler à un canard en plastique tout droit sorti d'un clip de Boy George.
Scorvol atteignit finalement Cresselia et lui asséna une foule de coups croisés. Cresselia sembla morfler. Julius grommela.
- Vous êtes un sale petit morpion, vous le savez, ça ?
Hors de question que je me laisse déconcentrer par ce crétin. Mon ordre suivant serait le bon.
Scorvol cessa de frapper Cresselia. Julius y vit une opportunité de se refaire.
- AURORA BEAM !
La Tempête de Sable soulevée par Scorvol fut plus rapide. Elle emporta avec elle les rochers de la Lame de Roc, portés également par le Vent Arrière. La combinaison provoqua un vif déchaînement contre Cresselia qui fut emportée dans une vraie tempête de caillasse.
Dans mon bonheur d'avoir réussi une action aussi complexe sans donner d'ordre, je ne vis que plus tard que Scorvol avait été mis KO par l'Onde Boréale.
- Et zut… soupirai-je…
Un étrange sentiment m'envahit. Une certaine mélancolie. J'avais le moral au plus bas. Etait-ce un contre-effet de la cohésion totale avec Scorvol ?
Il recevait des choses de ma part, mais peut-être pouvait-il m'en faire parvenir. C'était logique. Si je pouvais lui communiquer mon état d'esprit, il pouvait forcément me communiquer le sien. Il vient de perdre, il souffre et il se sent mal de ne pas avoir pu vaincre. Bordel. C'que j'peux le comprendre. Ce sentiment d'échec, de défaite, d'annihilation, celui que toute ma vie j'ai cherché à fuir…
- Vous… pleurez ???
Je m'étonnai et me frictionnai les joues. Bordel, oui, c'était vrai, je chialai sans m'en rendre compte. Le sentiment de perte était trop fort. Et cette stratégie était dangereuse pour moi comme pour mon Pokémon.
Je ne suis pas physicien mais je pense que mes impulsions nerveuses ne peuvent pas être mises sur le même plan que celles d'un Pokémon. Il reçoit ce que je lui envoie à sa manière. Scorvol est un Pokémon assez intelligent, son apparence physique est complexe, il vole, il pince, il pique, il mord, c'est une créature à l'esprit vif et amené à réaliser des tâches multiples et complexes. Je pense donc qu'il appréhende plutôt bien mes ordres par la voie mentale. Cependant je doute qu'un Pokémon comme Kapoera, un Pokémon combat à la façon de penser plus « simpliste » ne soit aussi réceptif à une telle façon de faire. Et je pense qu'il m'enverrait des pensées bien plus franches, bien plus directes.
C'est à travailler. Mais je pense que je dois faire attention à la façon dont je m'en sers.
D'autant que Cresselia n'est toujours pas vaincue et que cette pute se régénère avec Rayon Lune.
- AH LA GARCE !
- C'est autorisé, vous savez… marmonna Julius. Et je suis ravi d'entendre votre voix de nouveau. Qu'est-ce que c'était que cette technique que vous avez utilisé ?
Je décidai de ne pas lui répondre. Sans raison. Par pure volonté d'asseoir ma domination.
- A toi de jouer, Limax !!!
Limaspeed apparut. Il était bien trop cool pour perdre face à une pétasse pareille. Mais une autre question me taraudait : Pouvais-je utiliser ma nouvelle méthode avec ce Pokémon ? N'était-il pas trop linéaire dans sa façon d'être ? « Je fonce, je frappe »… était-ce bon de lier mon esprit au sien ? N'allai-je pas lui faire mal par ce biais ? Et inversement, n'allait-il pas me ramener à un état de loque totale quand la défaite le frapperait à son tour ?!
- Vous hésitez. C'est nouveau. Vous n'êtes plus aussi déterminé, je sens un certain calme, chez vous, une sérénité qui ne transparaissait pas auparavant… Aurora Beam !
La victoire était plus importante que de vulgaires considérations scientifiques. Après tout j'avais pris le risque de leur faire subir des expériences, je pouvais bien utiliser toute l'étendue de leurs possibilités.
Je retrouvai donc ce même état d'esprit, et réussis à me connecter à Limaspeed. Le Pokémon avait la capacité de se déplacer à vitesse normale dans l'Onde Boréale – du fait évident de sa nature physique initiale – mais il avait aussi les moyens offensifs de la vaincre.
La première charge eut lieu. Survinsecte fut utilisé, mais contré par Choc Psy. Ma seconde attaque était le même, de l'autre côté, et fut contrée pareillement. L'Onde Boréale cessa, libérant la vraie vitesse de Limaspeed. J'ordonnais un boost immédiat de la vitesse par hâte.
Grosse erreur de ma part. Le Pokémon allait à une telle vitesse que mon cerveau semblait pris dans une lessiveuse.
- GNNNNNNN…
- Migraine ?! Mais qu'est-ce que vous faites bon sang ?! s'étonna Julius.
Merde, merde, merde ! Cette migraine… Quel con j'ai été !!
- Ressaisis-toi, Roland… geignit Jackson.
Julius, évidemment, me laissa du temps pour me ressaisir.
- Cresselia, attaque Psycho Cut !
Les lames se remirent à voler. Je tentais d'avoir une pensée cohérente dans tout ce bordel.
« Esqu… cont… atta… »
Impossible. Impossible. Limaspeed se contentait de « courir » à toute vitesse. J'étais incapable de recouvrir une pensée cohérente.
Le Pokémon m'avait surpassé ?
Non je n'arrivais juste pas à suivre. C'était moi, l'être simpliste, sous évolué, bas de gamme. Et Limaspeed, au contraire, est une créature plus aboutie, à même de gérer un flux de pensée très rapide.
Je devais donc simplifier les impulsions que j'envoyai pour les rendre cohérentes avec la vitesse de réflexion de mon Pokémon.
- Vous êtes sûr que vous allez bien ?!
Une Coupe Psycho, lame sonique pourpre tranchante, me fonçait dessus. Je la vis au dernier moment. Elle fut explosée par un Bourdon de Limaspeed.
Je retrouvai un brin de conscience. Les yeux ouverts, j'avais l'impression d'avoir dormi dix heures. Julius m'observait, éberlué.
- Mais QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ???
Limaspeed s'était arrêté. Il me regarda. Sa conscience avait surpassé la mienne l'espace d'un instant, et il avait pu me sauver.
Je devais juste maintenir l'équilibre. J'avais été surpris par les effets de Hâte, mais maintenant c'était fini. Je me giflais des deux mains.
- Allez, on y retourne.
- De quelle damnée technique vous servez-vous ?
- Oui évidemment, je vais vous dévoiler les principes de ma technique…
- C'est forcément relié à votre psychisme…
Comme quoi il ne faut jamais sous-estimer son adversaire. Parfois il arrive qu'il ait un cerveau. Un petit. Mais qui fonctionne. Sous Windows 95. Bon.
Limaspeed fonça de nouveau. Cette fois j'avais le contrôle. J'envoyai des Bombes Acides. Julius mit un temps fou à remarquer ce qui se tramait.
- Nom d'un…
J'en renvoyais d'autres afin de poursuivre l'attaque comme il l'attendait. Il me contra donc comme je l'attendais, avec Choc Psy. Ce type est débile.
Limaspeed alla s'écraser sur le mur derrière Julius pour rebondir vers Cresselia.
- PSYCHIC !
Cresselia se couvrit d'un globe psychique. Limaspeed s'y cogna et se retrouva violemment rembarré.
- AURORA BEAM !! Je ne me laisserais pas battre par un âne qui croit contrôler ses Pokémon par télépathie !
Le temps fut ralenti, et la Psyko nous repoussa moi et Limaspeed.
« La vache !! »
Limaspeed devait s'imposer. L'attaque Bourdon qui surgit démolit l'Onde Boréale, et frappa Cresselia. Julius s'étonna. J'étais à fond.
L'attaque Survinsecte surgit alors, s'abattant sur Cresselia qui contra avec Choc Psy. Mais cette fois, juste ensuite, il balança un Bourdon qui défonça cette espèce de dinde spatiale de mes deux.
- Cresselia…
Pas le temps de lui répondre, à peine celui de l'entendre. Un petit Soin est nécessaire.
- Aaaaarhhhh…
Arlène se releva.
- Je rêve où il… jouit ?!
Pablo se releva à toute vitesse.
- Où ça ? Où ça ?!
- J'sais pas mais en tout cas il a l'air content… marmonna Jackson.
- Il bave ! s'étonna Seth.
Oups. Je m'essuie immédiatement le visage d'un revers de manche et reprends mon attaque. Julius semble avoir compris ce qui lui arrive. Je suis passé à un autre niveau, question sensoriel ça n'a rien à voir.
- … est-ce que vous venez de…
Vérification sensorielle : Rien dans le froc, rien sur le devant du froc, rien d'embarrassant ou de compromettant pour mon dossier scolaire. J'avais juste ressenti une certaine extase mais rien de salissant.
Il était temps d'en finir avec Cucul la baleine rose fluo. Mais avant un petit Soin. Non. Ça suffit. J'aime me mettre minable mais seulement avec de l'alcool. Non mais. Mais cette décharge de… Non ! Bordel je suis un foutu addict de merde.
Il était temps que je donne à ce public de cons l'étendue de mon talent légendaire. En faisant Soin. Ta gueule, Roland, concentre-toiiiiii !!!
(Et oui, je m'auto-materne, vos gueules)
Limaspeed s'entoura d'une aura rouge. Julius s'étonna. Avec des mouvements de bras ressemblant nettement à une brasse crawlée, Limaspeed employa une Giga Sangsue. Cresselia ferma les yeux et envoya des rayons d'Onde Boréale vers lui.
Boréale, parce que je le vaux bien.
Cette seule boutade fit sourire les yeux de Limaspeed. Si même moi je fais rire mes Pokémon, c'est vraiment que je suis Dieu sur converses. Oui, je porte des converses, et alors ?
J'encaissai délibérément l'attaque. Pour faire Soin ensuite. Dix fois.
NOOOOOOON. Pour vérifier la justesse de ma théorie !
Limaspeed reprit son sérieux. Car ma théorie était juste. Limaspeed n'avait pas un pet de dégât. Dus à l'attaque, du moins.
Mon attaque fusa donc. C'était Demi-Tour. Je m'imaginais une rythmique dans ma tête, et en augmentait le battement au fur et à mesure. Voilà. Comme ça.
Limaspeed se mit donc à ricocher dans toute la pièce à une vitesse folle. Vous allez me dire : « Mais c'est débile ! » Et je vous répondrais : « Pas si mon Limaspeed est enrobé dans un Bourdon. »
Du coup le brave petit insecte visqueux (sérieusement ce truc est super gluant, c'est dégueulasse) se transformait en véritable missile. Julius hallucinait.
- CRESSELIA !!
Le pédalo de l'espace était complètement défoncé de part en part. Elle essaya tout : Psyko, Coupe Psycho, Choc Psy, Onde Boréale, rien ne réussit à m'arrêter.
Un dernier coup la fit s'écrouler définitivement. Le public m'ovationna. Je soufflai, soulagé.
Sauf quand Limaspeed s'écroula à son tour, trop éprouvé par cette attaque de haute volée. Une nouvelle fois ce sentiment de vide, de déception, de désolation intérieure, le sentiment de n'être rien du tout, d'avoir déçu tous les espoirs qui étaient en moi…
Mais je réussis à le surpasser grâce à mon incroyable volonté de vivre et parce que PUTAIN, je ne voulais pas pleurer en public. En fait j'avais vite réalisé que j'en avais encore trois à dégommer.
L'oreillette me reliant à Julius me délivra une conversation que je n'aurais pas dû entendre, apparemment.
« Kent !! Qu'est-ce que vous foutez ?!! L'un des amis de cet abruti a un pari en cours que nous ne pourrons pas payer !! »
Je souris, intéressé.
- Je… je fais mon possible, mais il est trop fort !
« Ça fait trois Pokémon vaincus, c'est TROIS DE TROP. Si ce gars gagne ce match, il empoche la zone toute entière parce qu'on ne POURRA PAS débourser la mise ! »
Julius grommela. J'étais bien content de faire chier ces sales riches. Et l'idée d'hériter d'une entreprise aussi gigantesque ne me faisait pas déplaisir, loin de là.
- Appelez un Pokémon, Smirnoff, la suite sera BEAUCOUP moins simple.
Je hochai la tête.
- Jugger, à toi de jouer !
Ronflex apparut. Ne sachant pas ce qui allait arriver ensuite, je prenais un Pokémon neutre.
- Articuno, GO !!!
L'oiseau de glace apparut devant moi dans toute sa majesté. J'étais hypnotisé, c'était un des Pokémon légendaires que je préférais.
- Eh beh…
- Vous êtes de moins en moins bavard, c'est suspect…
- Je n'ai pas besoin de parler pour savoir qu'apparemment vos chefs ne pourraient pas me payer si jamais je gagnais.
Julius fronça les sourcils.
- Vous ne gagnerez pas…
- Je viens d'abattre trois de vos Pokémon avec une facilité déconcertante. Vous pourriez cesser de jouer les gros bras ?
- Blizzard.
Le magnifique phénix des glaces battit des ailes et fit s'abattre sur moi une tempête de glace. Je suis frigorifié. Et couvert de neige. Et Ronflex aussi. La température doit être giga froide. J'sens plus mes cheveux.
- BRRRRRRRRRRR !!!
- Voyez à quel point l'étendue de ma puissance vous surplombe.
- A… Atta… Att…
- Toussez donc…
- Attaque Roulade !
J'ai pas le temps de me faire chier avec la température et j'suis trop gelé pour réfléchir et me synchroniser à Ronflex. Mon Pokémon amorce son attaque. Il est cependant bloqué dans la neige.
- Lo… Logique…
- Même Thick Fat ne vous protègera pas de cette attaque. Sky Attack !
Artikodin s'éleva dans les cieux. Il était magnifique. Il s'entoura de flammes bleues. J'étais incapable de réagir. Il fonça sur Ronflex et lui asséna un coup retentissant.
- Nom d'un chien…
- Un problème ?
- J'adore ce Pokémon…
- Vous auriez dû mener une autre vie. Une vie qui vous aurait permis d'avoir ce genre de Pokémon.
Je soufflai.
- Qu'est-ce que ces Pokémon ont de spécial pour vous ?
Julius s'étonna.
- Comment ça ?
- Bah, je vous demande qu'est-ce que vous aimez chez les Pokémon légendaires, ce qui vous a poussé à en avoir six et à constituer une équipe.
Julius hocha la tête.
- Eh bien, étant jeune, et entouré de Pokémon légendaires, j'ai toujours eu pour désir de posséder des Pokémon de légende, de les faire miens…
- Je vous ai dit que je ne croyais pas à ces conneries…
- C'est pourtant la stricte vérité !
- Phrase typique du mauvais menteur.
Julius soupira.
- Très bien, petit fouineur. Vous la voulez, la vérité ? J'étais riche. J'étais puissant. J'avais approché toutes les strates de notre monde. J'en ai même vu l'envers.
Haussement de sourcil de ma part. L'envers ?
- Lorsque j'ai eu encore plus soif de puissance, j'ai compris que je devais aller plus loin. Que je devais transcender les règles élémentaires quitte à passer par des moyens peu amènes…
- ESPECE DE SALAUD !
- Je n'ai rien fait de mal, j'ai assis ma puissance. Il y a longtemps j'ai vaincu, avec l'aide de ces six Pokémon, le chef de zone qui m'a précédé, et…
Ma colère était immense. Il avait bien capturé ses Pokémon avec l'aide du braconnage. Du moins c'est ce qu'il avait insinué. Le fils de pute…
- Vous pouvez me juger mais sachez que j'ai fait tout ce que j'ai fait en connaissance de cause.
- EN CONNAISSANCE DE MON CUL OUI ! VOUS AVEZ TRAITE CES CREATURES COMME DES OBJETS !
- Ils n'ont de légendaire que le nom et la légende qu'on veut bien leur accorder.
- Je ne parle pas de Pokémon légendaires, je parle de POKEMON !
- Oh, parce que vous, vous aimez vos Pokémon ?
- Bien sûr !
- On ne peut parvenir à un tel niveau de puissance avec le seul amour. La preuve que vous n'aimez pas vos Pokémon autant que vous voulez bien le faire croire c'est que vous avez eu besoin d'expérimentations pour les rendre meilleurs.
Petit choc. Mais je repris.
- Cela ne m'empêche pas de les aimer.
- Oui, mais pas tels qu'ils sont. J'ai fait la même chose, mais en sachant pertinemment que j'utiliserais par la suite mes Pokémon comme des outils de ma puissance, des armes.
- J'aimais mes Pokémon avant ces expériences et je continuerai à le faire même après !
- Vous les aimez au point de rentrer dans leur tête pour les diriger comme des personnages de jeu vidéo ?
Je sortis mon téléphone portable et le manipulai quelques instants. Puis, je fermai les yeux. Ronflex s'étonna et se retourna vers moi.
- Qu'est-ce que vous faites ?
- J'essaie de faire danser Ronflex.
Julius haussa les sourcils. Ronflex utilisa Repos. Je m'écroulai de sommeil également.
- Hmph ! Vous l'avez fait dormir…
Le téléphone sonna pour me réveiller. Je regardai Julius.
- Je ne les dirige pas comme des outils. Ils ont le pouvoir de refuser ce que je leur impose. En essayant de faire danser Ronflex, j'allais à l'encontre de son libre arbitre. En liant mon esprit au leur, je ne fais que leur faire exécuter les mouvements de la manière exacte dont je le souhaite, pas comme j'aurais pu le leur apprendre. De plus, mon niveau de cohésion avec eux est la condition sine qua none pour que je me synchronise avec eux. Je ne peux pas le faire avec votre Artikodin.
Julius sourit.
- Qui essayez-vous de convaincre, là ?
- Personne. Je sais que vous êtes une tête de con et je sais ce que je vaux et ce que je fais avec mes Pokémon, rien ni personne ne pourra me convaincre du contraire.
Je fermai les yeux et me replongeai à nouveau en léthargie.
- Articuno, attaque Blizzard.
Le Pokémon envoya des pelletées de vent glacial, diminuant la température et ajoutant de la neige à ce qui ressemblait déjà à une boule de cristal qu'on retournait pour la remplir de flocons.
- Ice Beam !
L'attaque fut fulgurante et provoqua des explosions dans la neige. Je m'éloignai tant bien que mal. La neige me donnait envie de dormir. Fallait pas que ça arrive.
Ronflex se réveilla. J'avais pas le choix, fallait que j'y aille à fond avant de crever.
- Sky Attack !!
Nouveau Piqué. Je me recroquevillai sur moi-même. Ronflex avait activé la roulade, et de fait, il esquiva l'attaque d'Artikodin.
- Je vois. Ice Shards !
Artikodin croisa les ailes et les décroisa brusquement, balançant une rafale de piques vers Ronflex. Mon Pokémon dépassa Julius et arpenta le mur. En roulant.
- QuôôôôôôAH ???
Je ne daignai pas répondre à sa stupeur de gamin de maternelle. Oui, mon Ronflex peut rouler sur les murs. C'est ce qui s'appelle le talent, pétasse.
Arrivé au plafond, j'étendis les bras. Ronflex descendit en Tacle Lourd. Mais l'attaque était trop grossière et Artikodin esquiva trop facilement.
- Vous avez trop froid, du coup vous mimez les attaques. C'est plutôt pathétique. Votre Snorlax semble plutôt robuste, mais il ne pourra pas me résister bien longtemps. Ice Beam !
Artikodin envoya son rayon glacé qui gela Ronflex. J'étais immobilisé également, payant le prix de ma synchronisation.
- Eh bien. On dirait que vous avez poussé vos expériences trop loin.
Pourquoi tu parles tout le temps de moi, gros bâtard ?
Et toi, t'as fait quoi avec tes Pokémon ?! Des galipettes ?!
- Je vais vous aider. SKY ATTACK !
Artikodin rentra dans le lard de Ronflex qui se retrouva projeté en arrière. Une fois qu'il eut heurté le mur, je sortis de ma transe.
- Putain ! Brrrrrrrrrr !!!
- Vous êtes un inconscient et vous allez payer cette façon de faire dangereuse et inconsidérée.
- Ta gueule !
Julius soupira.
- Votre vulgarité ne…
- JE VIENS DE TE NIQUER TROIS POKEMON LEGENDAIRES ET TU LA RAMENES ENCORE, GROS SAC A MERDE ???
Jackson se frappa le front.
- Il vient de perdre toute sa bonne concentration…
- Il n'a jamais été doué pour se concentrer, il va pas commencer maintenant… marmonna Arlène.
- Il peut perdre ? demanda Seth.
- Nan. T'en fais pas, mon grand. Roland ne perdra pas. Parce qu'avant ce match, il a fait un pari avec moi…
Pendant que Pablo expliquait à tout le monde que je lui avais affirmé que je coucherai avec lui si jamais je perdais, serment (posé par écrit et déposé chez notaire, s'il vous plait) qui scellait ma détermination depuis le départ, moi, j'outrepassais le point faible de ma tactique.
Ce point faible était que si jamais j'étais perturbé, dérangé ou pas en état de penser correctement, ma tactique foirait du tout au tout. Dans un froid pareil, la seule tactique qui marcherait, ce serait…
- JUGGER, PLAQUAGE DANS SA GUEULE !!!
… de rager comme une pute.
Ronflex chargea l'ennemi qui me remit à ma place dans un bon Blizzard des familles.
- Gnnnnn !
- Il est temps que le maître incontesté et incontestable que je suis vous donne une bonne leçon. Sky Attack.
- COGNOBIDON !!!! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGHHHHHHHHHHH !!!!
Je gueulai et je rageai comme un veau mais j'étais toujours synchrone avec mon Pokémon, du coup je ressentis son Cognobidon à fond les ballons.
- WAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
- Vous êtes malade… Fonce !
Artikodin chargea vers Ronflex. J'ouvrai un œil rempli de rage et de souffrance.
- GNAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
L'attaque fusa et rembarra Artikodin comme c'était pas permis. C'était le plus gros Poing Eclair de toute la chrétienté. J'étais chaud comme la braise. J'allais bouffer ce type, dus-je mourir.
Enfin non, p'tet pas quand même. J'tiens un minimum avec la vie.
Donc mon Poing Eclair de la mort envoya valdinguer Artikodin. Le majestueux Artikodin.
Reprends tes esprits, merde.
- Maudit gosse. Vous allez comprendre à qui vous vous êtes frotté ! MIND READER !
Artikodin s'illumina. Le terrain était clair comme de l'eau de roche. J'avouai ma surprise.
- Vous ne comprenez pas. Quel dommage. Au cas où ça n'aurait pas été clair jusqu'à maintenant : Vous allez mourir.
Merde. Encore ?
- SHEER COLD !!!
Hein ? Shere Khan ? Qu'est-ce que Rudyard Kipling a à voir avec ça ?!
… ok, note à moi-même, coton-tige immédiat après le combat.
Si j'suis encore vivant. Parce que le terrain commençait à se congeler.
- MAIS VOUS ETES MALADE !!!
Malade, non, l'enfoiré s'enferma dans une bulle hermétique. Salope va.
- PUTAIN…
A gauche : Désert. A droite : Désert.
Ronflex me regarda. J'avoue que là…
En me synchronisant avec Ronflex pour essayer de frapper en premier, le Pokémon désobéit à mes ordres.
- Hey !!
Il me prit dans ses bras, subit la Glaciation et resta immobile.
Ce qui se passa ensuite, on me le raconta : Il s'est passé deux minutes sans que rien ne se passe, rien du tout. Une fois l'attaque adverse complétée, Ronflex est sorti de la glace. Et c'est là que je me suis réveillé. Mon Pokémon m'avait protégé.
- Jugger…
Ronflex me sourit. Je plissai les yeux, touché.
- J'aurais dû te donner un surnom moins gogol.
Le Pokémon haussa les épaules. Je souris.
- Gros bidon, va !
- Vous êtes encore vivant ?!
Préparez la musique épique, j'étais en rogne. Oui, encore.
- Jugger, tu as fait ce à quoi j'ai pensé avant que tu ne sois gelé ?
Le Pokémon hocha la tête. Sacré salopard.
- Articuno, Ice Beam !
Je m'en doutais. Maintenant que le terrain est couvert de glace, il va le faire exploser.
Artikodin s'éleva au dessus du terrain et envoya son attaque.
- Jugger, utilise ton attaque…
Le Pokémon alla se mettre sous Ronflex. Je donnai un coup de poing vers l'air.
- GIGA IMPAAAAAAAAAAAAACT !!!!
Une fois sous Artikodin, Ronflex sauta comme un missile. Il encaissa le Laser Glace.
- IMPOSSIBLE !!! AVEC TOUT CE QU'IL VIENT DE SE PRENDRE !!!
- On a été gelé un petit bout de temps, non ? J'hibernai pendant ce temps…
Je balançai un regard de troll à Julius.
- … donc Ronflex aussi !
Julius tomba des nues. Son attaque de merde avait été la cause de sa défaite. J'A-DORE gagner grâce à la stupidité de mon adversaire.
Ronflex frappa Artikodin et l'explosa contre le plafond du stade. La glace en profita pour éclater en milliards de débris. J'avais l'impression d'être dans un Mojito. Manquait plus que la menthe.
Ronflex retomba solidement au sol. Artikodin s'écrasa comme une merde aux côtés de Julius qui serra les dents.
- JE NE VOUS LE PARDONNERAI JAMAIS !!! CETTE HUMILIATION !!!
Les gens applaudissaient. J'étais fier de moi. J'étais fier de botter le cul de ce salaud.
- Reviens, Articuno… Le prochain… Je ne comptais pas le sortir. Jamais. Contre PERSONNE. Mais vous avez dépassé les bornes.
- Oh, ta gueule !
Julius s'énerva, et j'allais payer cher mon insolence.
- GROUDON !!!
Au début j'ai cru qu'il avait dit Croûton, mais non, il avait bien dit Groudon. Et je vis donc un immense dinosaure géant rouge. Avec un putain de regard de fou psychopathe, un regard qui disait « Je vais t'éventrer, manger tes organes et envoyer tes restes à ta maman par Chronopost pour qu'elle pleure en les voyant ».
Le soleil se déclara dans le stade. Ecrasant…
- WHAAAAAAAAAAAAAH !!!
Trop écrasant. J'étais quasiment brûlé au seul contact.
- PUTAIN ! PUTAIN AYAYAYAYAYAAYA !!!
- Vous ne sortirez pas indemne de ce combat.
Si ça peut vous rassurer, oui, monsieur avait une ombrelle. Une putain d'ombrelle. Même mon pédé de frère n'était pas pédé au point d'avoir une ombrelle.
Pourquoi je pense à lui ?
- C'est parti. Mud Shot !!!
Groudon resta immobile. Il entrouvrit juste la bouche. Je me demandai ce qui se passait.
De la boue.
De la BOUE COULA PAR SA BOUCHE !!!
PUTAIN DE MERDE !
Des hectolitres de boue. Le terrain en fut vite recouvert. Et oui, Julius avait bel et bien des bottes.
- Mais putain vous vous croyez dans un Spa ou quoi ???
- Je ne répondrai plus à vos provocations, ce serait donner trop d'attention à un mourant.
Mourant ? Tu vas me tuer, enculé ? Viens me redire ça en face !
Ronflex fonça en Plaquage. La boue le ralentit.
- Earth Power !!
La terre explosa sous les pieds de Ronflex. Qui se retrouva juste en face de Groudon. Whoops.
- Solarbeam.
L'attaque zappa complètement Ronflex. Le Pokémon se retrouva plaqué contre le mur derrière moi.
- … merde !
Julius ne répondait pas. Fuck, il était sérieux cette fois-ci.
Je n'avais plus beaucoup d'options. Et il fallait que je pense à la suite. Tartard était exclu de ce match, totalement. Lippoutou aussi. Il la dégommerait en un seul coup. Absol ? Il serait laminé, c'est le genre d'adversaire contre lequel il ne peut rien.
Mes Pokémon Plante… Le soleil les avantage mais en face, il y a la possibilité d'avoir des attaques Feu…
Je le fais ?!
- Qu'attendez-vous ?
- Que mon cerveau fonctionne ! Qu'attendez-vous, vous ?
- Que vous appeliez un Pokémon.
- Vous avez une occasion en or de me tuer, là.
Julius resta impassible. Je le regardai, sortant de mon intense réflexion.
- … vous ne voulez pas ?
- C'est mieux si ça arrive par accident.
- … ou alors vous n'osez pas.
Julius ne sourcilla pas.
- Vous n'avez jamais tué personne. Vous n'avez jamais rien fait vous-même. Vous avez toujours fait appel à des intermédiaires.
Julius haussa les épaules.
- Ca me regarde.
- Et vos Pokémon aussi. Ce qui explique que vous n'ayez que quarante-deux ans.
Julius haussa les sourcils.
- Ce ne sont que des allégations.
- Quand ce trou à merde m'appartiendra, parce que…
Je saisis le micro.
- Ecoutez-moi, les gros tas de merde crados derrière les vitres de la loge présidentielle ! J'y perdrai un bras et une jambe mais je vais gagner ce match. Cette zone de Combat va m'appartenir. Et je vous ferai virer. J'ai décidé d'imposer ma vision au monde et ça commence par virer les gros porcs crasseux dans votre genre, ces merdeux pleins de fric qui se croient tout permis !!
Je lâchai le micro.
- Allez, Flore !
Phyllali apparut face au gigantesque Groudon. Julius soupira.
- Pokémon Plante ? Vous avez perdu la raison…
- Ouais.
Phyllali fonça vers Groudon. Julius sourit.
- C'est là qu'on rigole. ERUPTION !
Groudon se raidit et se… durcit ? Il était tout gris avec des veines rouges.
- Euh… S'passe quoi, là ?!
Et là c'est le drame total : De la lave coule de la bouche de Groudon.
- PUTAIN DE MERDE !!! m'étonnai-je.
- Vous avez voulu jouer au grand, Roland Smirnoff. Vous allez à présent être réduit en cendres et jouer au plus petit !
Phyllali passa donc de la boue à la lave. J'étais pas dans la merde. Mais plutôt dans la lave.
- Eh merde… Danse Lames !
Phyllali se concentra. Pendant ce temps, je me couvrais de la boue précédemment lancée. Phyllali devait faire pareil, mais bon elle en avait déjà sur les pattes, ça lui suffirait.
- Lame Feuille !! Dans les roubignoles !
Elle frappa le ventre mais c'eut été comme frapper de l'acier avec mes mains.
- Merde… Les jambes alors !
Non plus. Aucune réaction du Groudon volcanique. « C'est une simple statue ? L'ennemi n'est plus là ?! »
Bizarre. Groudon ne s'est pas enfoncé sous terre, la lave ne s'écoule pas, elle dégouline lentement comme de la lave normale, mais…
Phyllali arpenta l'adversaire. Elle sembla se faire un peu plus mal aux pattes à mesure qu'elle l'arpentait. « C'est pas la partie basse qui est censée être plus chaude ?!
Elle sauta sur un des bras de Groudon.
- Allez, attaque Lame F-…
BOUM. Total. L'explosion. Je me couvrais avec les bras tellement c'était fou. Le bras de Groudon explosa, et du coup Phyllali était larguée sur le côté, très atteinte.
- Mais merde !! Comment je bats un ennemi pareil ?!
Sa Feuille Garde la guérit de sa Brûlure (merci le soleil) mais elle peinait à tenir debout.
- Voyez comme votre résistance est vaine.
- Vois comme tu vas bientôt fermer ta gueule. LANCE SOLEIL !!!
Phyllali cracha un rayon lumineux qui frappa Groudon dans les flancs.
Mais ça ne lui faisait presque rien. « C'est un gros tas de lave en fusion, il n'est plus de type Sol… Comment je bats un truc pareil, moi ??? »
- Seriez-vous en train de sécher ?
Merde, merde, merde…
- Surchauffe !
Tout devint rouge. Je me cachai littéralement sous la boue. L'attaque avait complètement ravagé le terrain. Phyllali était complètement KO.
« Merde… Elle m'a bien aidé pour gagner la zone, et là elle est genre inutile… »
- Suivant… marmonna Julius.
J'étais vraiment pas dans le caca. J'appelle Lippoutou : Elle crève direct. J'appelle Feuiloutan : Même sort que Phyllali. J'appelle Tartard : Le seul Zénith causé par la sécheresse aura raison de lui. J'appelle Absol ? Que pourra-t-il faire de plus ?
La lave s'activa, et Groudon en sortit comme si de rien n'était. La lave se solidifia au sol sur la moitié du terrain adverse. J'étais intrigué.
« Il était… »
« Sous l'armure de lave ?! »
« Il était en dessous ? »
« Mais c'est… »
« Mais alors… »
« Mais, euh…. »
Julius soupira.
- Vous êtes pathétique. Vous vous prenez la tête pour rien.
« Si je fais ça c'est mort. Ça aussi. Ça, ce sera encore pire. Là, non. Je dois attaquer comme ça, comme ça, comme ça et ensuite… Oui… »
- Ça ne sert à rien… soupira Julius.
Je pris la Pokéball qui allait me permettre de gagner ce foutu match.
- Quel que soit le Pokémon que vous sortez, ça ne servira à rien. Un Pokémon Plante sera brûlé, tout comme un Pokémon Glace. Un Pokémon Eau sera anéanti.
Je sortis Feuiloutan. Julius éclata de rire.
- Mon pauvre Roland, vous êtes pathétique. Pa…
Je me mis dans la position du Kamehameha. Oui, oui. Cette position. Julius me regarda, hébété.
- D'accord vous êtes juste fou en fait. Eruption !
Groudon reprit sa position raide et guindée.
C'est à ce moment précis que je tendis les mains en avant. Feuiloutan envoya un puissant rayon de la mort.
- Inutile ! Groudon est devenu un volcan en fus…
Je visai la tête, et l'attaque désintégra la tête du Pokémon.
- QUOIIIIIIIIIIIII ????????????
L'armure de magma s'effondra littéralement. Groudon, qui était roulé en boule sous l'enveloppe de lave fondue, se releva, dépossédé de son avantage. Julius était sidéré. Le public, jusque-là silencieux en respect pour ma performance, m'acclama. Je fixai Julius qui n'en revenait pas.
- MAIS… COMMENT… COMMENT…
- Je n'aurais pas réussi sans ma technique. Votre Groudon aurait dû rester dans sa boule de lave, parce que c'est encore là qu'il était le plus intouchable.
Julius grimaça.
- Je vous explique : Quand Groudon est sorti de cette lave, j'ai IMMEDIATEMENT compris de quoi il en retournait. Votre attaque a atteint une puissance faramineuse – probablement équivalente à la puissance du Camerupt de Johannsen Suzuki qui avait atteint une puissance effroyable sans la moindre expérience pratiquée sur lui – mais avec néanmoins plus de cent ans d'entrainement. Bref.
Je pris une grande inspiration.
- Votre attaque est tellement puissante que Groudon doit entamer une métamorphose particulièrement éprouvante. Il se roule en boule et se contente d'être un catalyseur d'énergie, une pile volcanique surplombée d'un volcan, qui est en réalité son exuvie. Je ne suis pas clair, je vais parler par métaphore. Imaginons qu'un Chenipan évolue en Chrysacier temporaire. Une fois qu'on détruit Chrysacier, on se retrouve avec le Chenipan d'origine puisque le Chrysacier n'était qu'une coquille vide. Dans la normalité des choses, détruire Chrysacier entrainerait la mort du Pokémon – ou son éclosion avancée, je vous demande de vous référer aux brochures médicales concernant les Papilusion nés trop tôt qui s'appelle « Papilusion trisomique : Pourquoi moi, seigneur, pourquoi ? » - même s'il est un peu erroné sur les bords. Bref. Là, c'est pareil. Groudon devient… Bitch Groudon. Bitch Groudon est un avatar de lave, un explosif, mais seulement un buste posé sur le vrai Groudon qui sert de réserve d'énergie. Phyllali l'a pris pour le vrai Pokémon, mais en fait non, c'est un volcan explosif créé par Groudon qui vient de se rouler en boule. Quand Phyllali a frappé le ventre et les jambes de Groudon, elle s'est heurtée à la partie basse, défensive, incassable physiquement. Le magma autour est plus froid car la chaleur est catalysée vers le haut, destinée à l'attaque, elle est créée par la chaleur de Groudon replié sur lui-même. En frappant le bras, elle a frappé le volcan, le magma mou, celui qui était instable.
Julius me regarda, penaud.
- Vous avez compris TOUT CA en TROIS COUPS ???
- J'ai surtout observé votre Groudon. Mais plus que tout, ce qui m'a aidé, c'est le temps de réaction : Il fallait que je frappe pendant l'amorçage de l'attaque, c'était là le point faible. Et la troisième chose qui m'a aidé à vous battre, c'est…
Je tapotai ma tempe.
- Mon cerveau.
- Pardon ?
- Je connais mieux vos Pokémon que vous-même, grosse tâche ! Vous ne les avez pas entrainés vous-même, ce sont des jouets, pour vous. De vulgaires godes-ceintures destinés à vous prouver à vous et à vous seul que vous avez un pénis immense ! J'vais vous apprendre une chose : Tout le monde s'en fout !!
- Bon sang… vous… Vous… VOUS …. LAVA PLUME !!!
Groudon se releva et cracha des flammes devant lui, et donc vers moi et Feuiloutan. Les flammes tombèrent au sol et s'étendirent vers nous. Comme une attaque Feu d'Enfer, mais en Ebullilave, pour vous situer le concept.
Non ? Ca suffit pas ? Rhôôôooo…
Bah, Ebullilave, généralement, c'est une augmentation de la concentration de chaleur dans une zone qui provoque des dommages, on est d'accord.
Feu d'Enfer c'est l'incendie sur toute une zone qui se retrouve enflammée.
Là, imaginons qu'une toile d'araignée en essence ait été tracée au sol. Et pouf, allumette prend feu. Schlouff !
Bah vous avez ce qu'on est en train de vivre en ce moment. Du coup, moi et Kiki étions entourés par les flammes. J'étais couvert de boue sèche donc ça allait. Mais pas pour Kiki qui supportait mal la chaleur.
- C'est terminé. Je vais anéantir un à un vos Pokémon !! Et VOUS avec ! Vous vous êtes moqué de moi une fois de trop !
- Bah allez le dire à la maîtresse…
Julius grimaça comme le primate qu'il était.
- Ah pardon oui c'est vrai qu'on n'est pas dans la cour de récré et donc qu'on est des adultes et qu'on peut régler nos problèmes sans s'accuser mutuellement de se moquer les uns des autres ! N'est-ce pas top moumoute ?
Julius soupira.
- Vous êtes une perte de temps hallucinante. Fire Blast.
Whoops. Pas cool. Les flammes d'Ebullilave gagnèrent en intensité.
- AAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!
Pablo, Arlène, Seth et Jackson se relevèrent.
- Roland !! cria Pablo.
- Roland… marmonna Arlène.
- Oh non… geignit Seth.
- Bon sang… souffla Jackson.
Vous voyez l'effet que ça fait d'être sous une douche bouillante ?
Imaginez ça mais en trois fois pire. Bah c'est un peu ce que j'ai ressenti à ce moment.
- Voilà. Envoyez votre Pokémon suivant…
- Vous… êtes… un… crétin… de dimension internationale.
Julius s'étonna.
- Préparez-vous à être battu par la tactique la plus simple qui soit…
J'étais brûlé à certains endroits, notamment les tibias, les bras, quelques-uns de mes cheveux sentaient le roussi, et globalement je fumais comme une dinde au four. Mais mon bronzage était tellement parfait que ça valait le coup de souffrir pour être belle.
Feuiloutan sortit de terre juste en face de Groudon. Julius était stupéfait.
- J'ai… ouvert et fermé ma braguette quand je vous ai demandé…
D'un Fouet Lianes, il étreignit la tête de Groudon et se posa sur celle-ci.
- … d'aller le dire à… la maîtresse…
Julius s'étonna.
- … et comme… vous n'avez rien capté... j'en ai conclu que vous voyiez à peine… Kiki, c'est à toi…
Feuiloutan utilisa Canon Graine pour échauder Groudon qui tentait d'attraper son nouvel ami sur sa tête, mais quand on a des bras trop courts, on peut pas faire grand-chose.
- SI… SI VOUS CROYEZ QUE « CA » VA M'ARRETER !!! ESPECE DE PETIT PRETENTIEUX !!! SALOPIOT !!!
- Utilisez Eruption et c'est la fin pour vous. Kiki sera KO mais vous aurez perdu Groudon aussi.
Julius était hors de lui. Je crois bien que je l'avais mis en colère. C'est pas comme si j'avais fait quelque chose pour l'y pousser. Je suis innocent, je le jure.
- ROLLOUT !!!
Groudon hurla, se roula en boule et commença à s'avancer vers moi. (NB : Groudon peut apprendre Roulade par tuteur dans Emeraude)
- Oh… Oh… Oh non…
Avec beaucoup de courage, je sautais là travers les murs de flammes créés par l'Ebullilave pour esquiver Groudon-Michelin. (Mémo personnel : Ecrire un recueil de surnoms de Groudon)
- Gnnnnn !!! C'est un match, pas Pitfall, merde !!
Feuiloutan, toujours sous mon emprise psychique, arpentait Groudon roulant comme une balle de cirque. Du coup, moi, je faisais du surplace alors que j'étais encore en chaleur. Enfin, à moitié cuit quoi.
- Bordel… Allez !!!
Feuiloutan serra les poings. Je faisais de même, les bras tendus en avant, tout en courant sur place, du coup on pouvait croire que je dansais sur de la House Music.
- VAS-Y !!!!
Feuiloutan activa la Tempêteverte. Ce faisant il recouvrit Groudon de feuilles.
- Votre petite attaque stupide ne va rien me faire !!! Incinération !!
Quoi ?! On est à un match de niveau mondial et tu… Ah non putain ! Les sillons sur Groudon s'enflammèrent. C'était une motherfucking Roue de Feu artisanale !!
- Merde, merde, merde !!
J'étais concentré sur Feuiloutan. La Tempêteverte ne marcherait pas, et maintenant lui comme moi devions faire face à du feu autour de nous. Mais Feuiloutan subissait surtout des dégâts résiduels, je le sentais bien.
« Un jour tu riras de ce combat, Roland, un jour… »
- Suffit. EARTHQUAKE !!!
Groudon s'immobilisa, et là, la roue énorme, rouge, pointue et enflammée se mit à presser le sol d'un coup sec. Vlan. Les flammes autour de moi s'en éteignirent brutalement, mais moi et Feuiloutan étions projetés par le souffle. Lui en l'air, moi droit vers le mur d'enceinte du stade.
- AAAAAAAAAAAAAAAAH !!!
Plus dur fut l'atterrissage, à quelques centimètres dudit mur. Je m'en sortais avec de sacrées éraflures.
- Bordel… Kiki !
Le Pokémon était en l'air. Suspendu à une liane.
« Dieu bénisse Donkey Kong Country… » soufflai-je, intérieurement.
- GROUDON, ERUPTION !
Quoi ?!
Groudon leva la tête en l'air et se solidifia.
- Non, non, non, non, non !!! geignis-je.
Ferme les yeux, Réfléchis….
L'attaque fusa. Feuiloutan se projeta vers moi avec l'aide d'un Lance Soleil bien placé.
- Kiki, tu vas bien ?
Le Pokémon hocha la tête.
- REMPLIS-MOI CE TERRAIN DE LAVE !!! JE NE VEUX PLUS VOIR CET ABRUTI ET SON POKEMON PLANTE STUPIDE !!!
- Kiki, prêt ?
Le Pokémon hocha la tête. Je m'assis contre le mur d'enceinte, observant Groudon qui balançait de la lave vers le plafond, et partout autour.
-
Hello darkness my old friend…Oui je sais, ça peut paraître complètement dingue, mais j'ai chantonné à ce moment. J'aurais pu m'allumer une clope si j'en avais eu sur moi.
-
I've come to talk with you again…Pourquoi cette chanson, me direz-vous…
Vous vous rappelez la chanson de merde qu'Arlène chantait au bar ? J'vous ai pas dit ce que c'était. Bah c'était ça. Sound of Silence par Simon and Garfunkel. Je crois que je suis amoureux de cette nana. Putain j'y crois pas à quel point je suis con de me faire avoir une nouvelle fois. Et de penser à ça ici. N'importe quoi. J'ai envie de beurre de cacahuètes.
Le sol explosa sous Groudon. Même erreur, même merde. Feuiloutan avait pour ordre de jouer la mine. Se placer sous Groudon et l'exploser par en dessous avec des Lance Soleil à répétition pendant qu'il bourrinait de la lave comme un gogol.
Retomber amoureux après ce que j'ai subi. Mais quel genre d'abruti je suis ? Retomber amoureux après la vie que j'ai mené. Après ce que ma mère a fait. Après le comportement que ma mère a eu. Après avoir injecté deux mômes à une pute. Après avoir traversé autant de choses. Après avoir rencontré Pablo. Après tout ça j'étais encore capable de trouver les femmes attirantes.
Elles resteront ma seule faiblesse. L'explosion était énorme, déstabilisé par le dessous, Bitch Groudon s'écroulait sur lui-même et s'occasionnait des dégâts hallucinants.
- MAUDIT SOYEZ-VOUS, ROLAND SMIRNOFF !!!!! MAUD-
Oh, toi, ta gueule.
J'enlevai le micro. J'en avais marre d'entendre le sosie de Christian Bale brailler comme une merde. Ta gueule, connard. C'est ma pause Sound of Silence.
Kiki était probablement KO. Fallait que j'aille vérifier. Groudon, en tout cas, était bel et bien KO, il marcha quelques pas vers son maître, au milieu de la fumée et des flammes, et il s'écroula.
Mon brave Feuiloutan vint me rejoindre, tout fier. Un peu cramé mais tout fier.
- Bien joué mon vieux !
J'essuyai les débuts d'incendie sur sa mèche. Le Pokémon me leva un pouce enjoué.
J'attendis que tout ça se calme un peu. En rappelant Groudon, Julius fit cesser les flammes et la lave refroidit. Je pouvais monter dessus. C'était drôle. Mais le terrain était dans un état…
Je remis le micro pour mieux entendre Julius bougonner.
- C'EST PAS POSSIBLE, C'EST PAS CROYABLE !!! COMMENT OSEZ-VOUS ME BATTRE DE MANIERE AUSSI STUPIDE !
- Le combat c'est comme une bonne série télévisée. Peu importe comment, les scénaristes se doivent d'arriver à un résultat satisfaisant au final.
Julius respirait bruyamment.
- Vous faites de l'asthme ou vous avez la rage ?
Toujours rien que de la respiration.
- Envoyez votre dernier Pokémon, j'ai quatre Pokémon pour le battre et généralement ça me suffit amplement.
- …
Bon. Il se tait. Ça doit être sa pause chansonnette à lui aussi. Je parie que c'est « Bali Balo ».
D'ailleurs Pablo m'avouera plus tard que comme le combat était retranscrit à la télévision new-yorkaise, j'avais fait exploser les ventes digitales de Sound of Silence après l'avoir chanté. Merde alors. J'étais devenu un fucking placement produit.
- Le dernier… Vous n'en réchapperez pas…
- Je sais déjà que ça peut pas être Mewtwo, une de mes vieilles copines de classe l'a déjà. Non plus Boréas pour la même raison. Regigigas, ce serait une drôle de coïncidence, j'aurais trop de choses à lui raconter et peut-être qu'il va réessayer de me violer comme la dernière fois.
Julius lâcha sa dernière Pokéball, furax. Eh bah putain les gens, j'étais pas déçu.
GIRATINA.
Alias InHuman Centipede.
Imaginez Batman, le chevalier noir, qui aurait troqué son cul et ses bras contre un char de la gay-pride en forme de mille-pattes. Vous obtenez Giratina. En plus d'avoir un nom ridicule, Giratina était ridicule. Pis il avait une sale tronche, on aurait dit un dragon attardé qui se serait coincé la tête dans une lunette des toilettes en or massif. Non dans quatre lunettes successives. La vache, en plus d'être attardé et d'aimer les lunettes des toilettes, il était persévérant dans la connerie de se les enfiler autour du cou. Visiblement la dernière lui avait résisté et était coincée sur sa tête comme un beau chapeau.
La vache, ne me laissez JAMAIS écrire les pages du Pokédex…
Comme la sécheresse avait disparu, j'étais pas dans la merde. Mais au moins il faisait frais. Bon. Je me décidai quand même pour un Canon Graine.
- Shadow Force.
Giratina s'enfonça dans le sol, devenu tout noir sous lui. Je ne connaissais pas bien Revenant, j'avoue. Mais en tout cas, mon Canon Graine avait foiré.
- Vous semblez bien calme… marmonna Julius.
- Ouais. J'ai chanté une chanson.
Julius secoua la tête, semblant me prendre pour un attardé. Un Giratina d'Ombre sortit sous les pieds de Feuiloutan et l'éclata littéralement. Feuiloutan était KO. Paf. Vlan.
- Oups… marmonnai-je. Reviens, mon petit pote.
Je rappelai nonchalamment mon Pokémon.
- Suivant… soufflai-je.
Julius était interloqué par mon attitude. Sur le moment, j'avais un peu l'air sous acide d'après Pablo.
Tartard apparut face à moi. Je m'immisçai dans son esprit.
« Allez Newton… »
Tartard balança des Blizzard sur l'adversaire. Julius leva un orbe étrange. Giratina se mit à évoluer. Je me contentai de hausser un sourcil mal épilé.
Le mille-pattes devint un serpent obèse volant avec des… collants noirs dans le dos. Ça ressemblait toujours à un char de la gay pride mais cette fois catégorie obèses, poilus et travelos…
Ainsi volant et tout foufou, Giratina me contra avec des Ball'Ombre qui se formèrent exactement aux endroits où les Blizzard allaient frapper.
- Oh.
- Shadow Sneak.
Les pointes rouges au bout des collants noirs de Giratina (Je sais pas comment appeler ça… des étendards ? Des fanions ? Des chaussettes ? Des drapeaux ? Ca faisait gay dans tous les cas !) foncèrent vers Tartard. Le Pokémon en esquiva quelques-uns mais il se prit les autres.
- Crotte…
- Outrage.
Euh… quoi ?!
Giratina s'éleva, ses étranges trucs noirs l'entourèrent puis s'éloignèrent de lui soudainement. Le Pokémon fonça vers Tartard avec l'intention de lui vendre ses collants.
- POINGLACE !
L'attaque… échoua, parce que Giratina est un sale enfoiré de Pokémon trop rapide. Je soupçonne ses Ombres Portées de départ d'avoir amenuisé les réflexes et la vitesse de Tartard. Le Pokémon, envoyé valdinguer à quelques mètres, se releva.
- Allez, on ne lâche rien ! Blizzard !!!
- Shadow Force.
Eh, nan, nan, nan !!!
KO en un coup, encore !!! Mais merde, pourquoi ???
- Vous n'avez aucune chance, si vous abandonnez maintenant, vous aurez encore un pet de dignité.
Julius reposa l'orbe, et Giratina régressa (?) en forme ridicule de mille-pattes.
De toute façon, en serpent, en mille-pattes ou en tracteur violet, ce Pokémon est ridicule.
Cependant je ne comprenais pas la différence entre les deux formes. Visiblement aucune. Enfin à première vue. C'était la même merde.
Nouvel appel. Il me reste deux Pokémon : Absol et Lippoutou.
A première vue, Absol peut battre ce Pokémon Spectre et Dragon.
Maintenant, si je laisse Lippoutou finir le travail, je prends un risque énorme. Je devrais donc trouver très vite le moyen de contrer Revenant parce que si jamais il frappe Lippoutou avec Revenant, je perds immédiatement.
Foutu Pablo, tout est de sa faute ! Pourquoi ne m'a-t-il pas fait dresser un Pokémon Glace et Normal ?
J'suis con moi. Ça existe pas…
En même temps avec Absol j'ai moins de ressources globales. Lippoutou est une dingue qui peut virtuellement se sortir de n'importe quelle situation. Absol peut frapper, frapper et frapper.
Le cerveau ou les muscles ?
- J'attends, marmonna Julius en confiance.
Je sentais Pablo enrager, trépigner, et attendre son pognon comme un gros juif. Bon.
- Vlad ! Go !!
Suicide total. Lippoutou allait finir le job. Au moindre coup elle claquerait comme une merde. Putain.
Absol se livra à une première Danse Lames. Il fonça vers Giratina.
- Shadow Sneak.
Des pointes noires sortirent du sol. Elles perturbèrent la course d'Absol dans un premier temps. Puis il apprit à les esquiver et à les anticiper.
- Hmph. Aurasphere.
Giratina envoya une flopée de sphères bleues qui s'abattirent devant lui sur le terrain. Absol sauta pour attaquer son adversaire.
L'attaque Tranche-Nuit n'eut pas grand effet, ce qui me fit peur. Julius semblait cependant impressionné. J'avouai ne pas trop comprendre. Enfin bref. Nouvelle Danse Lames.
- Shadow Force.
AH NON, PAS CETTE ATTAQUE DE MERDE !!!
Giratina commença à disparaître dans le sol. Pouvais-je l'attaquer avant qu'il ne disparaisse et ainsi empêcher l'attaque ?
Ruse et Vive Attaque ne marchèrent pas. Bon…
En même temps, gros con, ces attaques sont normales !!
L'attaque frappa Absol qui résista assez bien à l'attaque. Ou pas trop. Troisième Danse Lames, je devais au moins le frapper. Julius releva à nouveau son stupide orbe. Je devais frapper à ce moment.
Giratina se transforma en serpent bouffi de l'espace. Absol lança une Tranche Nuit.
Et là, vlan ! Giratina s'en prit une grosse dans la face. Purée.
- Hmph.
- Bon… soufflai-je.
- Dragon Tail !
L'attaque frappa violemment Absol qui fut balancé à l'autre bout du terrain.
- Woh putain… soufflai-je, toujours neurasthénique.
- C'est fini.
Absol se releva. Il est beau mon Absol. Bien mon Youki. Bien mon chien !
Oups. Devait y avoir des acides dans cette chanson, en fait. Pablo avait raison.
Absol fonça de nouveau. J'avais compris assez vite (pas du tout quoi, ça fait trois Pokémon que je gamberge comme un Camerupt dans les sables mouvants) que Giratina mode terrestre, c'était la défense, mode volant, c'est l'attaque. Bien reçu.
Revenant numéro quatre. Bah putain. Absol devait m'aider à vérifier ma théorie…
Et ce fut le KO.
Je hochai la tête et rappelai mon Pokémon.
- LADIES AND GENTLEMEN, CECI SERA LE DERNIER POKEMON DE ROLAND SMIRNOFF !
Je regardai la Pokéball, saisi d'une incroyable émotion.
- SI CE POKEMON PERD LE MATCH, ROLAND SMIRNOFF AURA TOUT PERDU.
Putain…
- IL DEVRA REMBOURSER TOUS LES PARIS.
Bon ça je m'en fous, c'est Pablo qui s'en chargera, moi je serais déjà en Papouasie-Nouvelle-Guinée si jamais ça arrive.
- ET SURTOUT CE SERA LA FIN DE SA CARRIERE DE DRESSEUR.
Merde, quoi, merde !
- VOICI MAINTENANT LE DERNIER ACTE DE CE COMBAT QUI, A COUP SUR, ENTRERA DANS LA LEGENDE !
Et voilà. Je pleure.
- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN !!! AAAAAAAAHAHAHAAAAAAAAAAAAAA !!! POURQUOIIIIIIIIIIII !!! POUR-QUOU-AAAAAAAAAAAAAAH !
Julius tomba des nues. Vous ne rêvez pas, j'étais réellement en train de pleurer comme une merde.
- Vous… êtes… ému ?
- PUTAIN !!! PUTAIN DE MERDE !!! AAAAHAHAAAAHAAAA !!! OUIIIIIIN !!!
- Calmez-vous enfin vous êtes ridicule !
- C'EST PAS VOUS…
Je m'essuyais très salement avec ma manche – qui en a vu d'autres, pleine de boue, à moitié brûlée, pleine de ma bave de jouissance tout à l'heure (Quel dommage que Lippoutou n'aie pas Soin. Ta gueule, Roland !)
- C'EST PAS VOUS QUI AVEZ POUR DERNIER POKEMON UN TRUC ABSOLUMENT RIDICULE !!! Enfin, si, mais moins que ça !
- … euh…
- Je suis désolé par avance de la vision que je vais vous imposer, sachez que c'est plus dur pour moi que pour vous !
Julius ne comprenait rien.
- En tout cas ça a été une vraie gageure de vous affronter. D'ici la fin du combat, vous serez au chômage.
Julius secoua la tête.
- Je ne crois pas, non.
- Ouais. MELBA, à toi de JOUER !!!
Lippoutou apparut, et elle poussa un cri absolument ridicule.
- Oh ta gueule !
Lippoutou se retourna vers moi et me balança une Poudreuse à la gueule.
- GNAAAAH ! SALE PUTE ! VA CREVER !!!
Lippoutou me tira la langue. Je lui fis un doigt d'honneur qui choqua le public.
- Il… a conscience qu'on le voit sur des écrans géants dans les gradins ? souffla Jackson.
- Je crois pas qu'il ait conscience de grand-chose… soupira Arlène.
Julius s'étonna.
- Un Jynx ? Mais je vais l'écraser !
- Je sais. C'est pour ça que je… NE ME REGARDE PAS COMME CA, SALE PUTE !
- … pourquoi vous engueulez-vous avec elle ?!
- Elle a toujours perçu que je ne voulais pas l'entrainer. Du coup on a une hostilité mutuelle qui s'est développé peu à peu. Paradoxalement…
Je contrecarrai la Torgnole de Lippoutou.
- … elle a les deux types… Gnnnn ! Qui m'intéressent le plus et le moins…. Pétasse !! Dans une combinaison de combat. J'aime le psy, je déteste la glace. Tout entre elle et moi est conflictuel…
Je la repoussai et lui ordonnai d'aller se battre comme un italien ordonne à une pizza de cuire.
- Ce qui fait qu'elle m'a obligé à m'intéresser aux travaux d'Ursula Némésis Bex.
- … qui ça ?
- Une excentrique mais remarquable femme, la première à avoir réussi à dresser un Mangriff et un Seviper ensemble depuis leur enfance. En fait ils étaient ses Pokémon Académiques, elle les a dressés ensemble et a réussi à transformer leurs dissensions en cohésion, tout simplement en développant leur haine à un point tel qu'elle devint de l'amour. D'après elle, toute haine peut virer de bord aussi vite, et inversement pour l'amour…
Je tiquai un instant, ça ressemblait foutrement à ma vie, ça.
Enfin bref.
- … de fait elle a inventé la théorie des émotions contraires. Et préconise qu'en cas de désobéissance du Pokémon, le meilleur moyen de s'en sortir c'est de contrôler cette fureur contre soi et la supporter au même plan que le Pokémon lui-même...
Je levai un pouce.
- Je te fais CONFIANCE, Melba !!!
Lippoutou m'adressa un sourire confiant. Je soufflai et me mit en condition.
- Bref, allons-y pour cette défaite… Shadow Sneak…
Les pointes d'ombre s'avancèrent vers Lippoutou. Celle-ci frappa dans ses mains. Cela figea les pointes.
- ParDON ??? s'étonna Julius.
Elle chargea en avançant de façon fluide, donnant l'impression que sa robe glissait sur le sol. En tournoyant, elle brisa les Ombres Portées.
- … que… Bluff et… Représailles ???
Je ne confirmai pas (mais c'était effectivement ça) et poursuivit en fronçant les sourcils.
Le pouvoir de Lippoutou augmenta dans une Machination. Giratina prit ça comme une invitation à la Colère.
- Outrage !!!
L'énorme serpent se mit en position. Lippoutou leva les mains et balança une flambée de Laser Glace. Des rayons compacts, comme de vrais lasers lumineux. Giratina fut affreusement repoussé.
- Non, non, NON !!!
- …
- Je vois. Vous voulez la guerre, vous allez l'avoir ! Shadow Force !
Giratina plongea vers le sol. Lippoutou ferma les yeux et les rouvrit.
Giratina s'écrasa sur le sol, à la stupeur générale.
- QUOI ???
Le Pokémon Dragon se releva, troublé.
- NON !!! IMPOSSIBLE !!! COMMENT ! COMMENT AVEZ-VOUS PU CONTRER SHADOW FORCE ??? SHADOW FORCE EST IMPARABLE !!! VOUS N'AVEZ PAS PU !!! VOUS N'AVEZ PAS PU !!!
Je hochai la tête et poursuivait la petite vie. Les Laser Glace défoncèrent Giratina.
- SALE…
Julius reposa l'orbe platinasse (oui c'est un truc genre platiné mais bon…) et Giratina reprit sa forme poubelle-mille-patte de l'espace.
- STONE EDGE !!!
La Lame de Roc se déclara autour de Giratina. Elle était grande. Une bonne centaine de pierres.
- FEU !!!
L'attaque fusa. Les rochers partaient vers moi, jusque-là rien d'anormal.
- DRACO METEOR !
Giratina cracha un premier météore. Il se divisa en rayons qui s'unirent à la Lame de Roc.
Merci, c'est encore plus simple comme ça. En un Blizzard, Lippoutou avait tout contré. Julius était béat de délire.
- ……………………………
Nouveau Laser Glace de ma part. Giratina utilisa Abri.
- … Comment avez-vous contré Shadow Force ??? Je DOIS savoir !
Hors de question de perdre ma concentration pour répondre à des questionnements de gamin attardé.
Julius reprit l'orbe.
- ALLEZ !!! SHADOW FORCE !!!
Encore ? Tu charries, vieux…
Il recommença l'attaque, mais Lippoutou ferma les yeux, secoua la tête, et Giratina se foira de nouveau au sol. Nouvelle Machination.
- COMMENT ??? COMMENT VOUS AVEZ FAIT ???
La prochaine attaque serait probablement la bonne.
« Kent, cessez de faire le zouave et battez cet abruti !!! » cria la voix dans le micro.
- Je… Oui, vous… avez raison…
On remercie gros cake dans sa loge présidentielle qui visiblement tient monsieur par les joyeuses.
- Iron Head !
Giratina chargea comme un missile. Oups. Je m'attendais à tout sauf à une charge aussi directe.
Lippoutou retint l'adversaire à bout de bras. A bout de Poinglace en fait.
« Melba !! » songeai-je, inquiet pour elle.
- HAHAHAHAHAHAHAHAH !!!! VOUS ALLEZ PERDRE !!! COLERE !!!!!
L'attaque renforça la charge, et Giratina repoussait Lippoutou qui le tenait à bouts de bras, faisant des efforts surhumains. Elle souffrait. Je souffrais avec elle.
- Gnnnnnnn…
- C'EST LA FIN, ROLAND SMIRNOFF ! LA FIN !!!
Dernière Machination…
- VOUS ALLEZ RETOMBER DANS L'OUBLI ! VOUS ALLEZ MOURIR ICI ! VOUS NE SORTIREZ JAMAIS DE CET ENDROIT !!!
Oh la ferme…
- HAHAHAHAHAHAHAAH !!!! AHAHAHAHAHAHAHAHAH !!!!!
Ma théorie s'était avérée juste.
Absol avait bel et bien touché Giratina avant son Revenant, sans pour autant le contrer.
Poursuite fonctionnait.
Donc, forcément… Regard Noir aussi.
Oui c'était… aussi bête que ça. Mais vous me connaissez, moi et mon pouvoir trollant… (Après tout, je m'appelle bien Roland ! Roland le Trollant, ça sonne bien !)
Un simple Grobisou calma Giratina. Julius était fou.
- Votre Pokémon vient d'embrasser… mon Giratina ?!!
Le légendaire se réveilla assez vite ce qui ne m'étonna pas.
- Allez ! Shadow Claw !!
Les collants noirs à pointe rouge foncèrent vers la mémère. Julius ne comptait pas me laisser du répit.
- Ancient Power !!
Lippoutou fut frappée.
« MELBA !! »
Par UN rocher. Elle esquiva les autres en lévitant au-dessus du sol. Julius s'étonna.
- Non !!
Julius reposa l'orbe.
- Ominous Wind !!
En battant des ailes, Giratina envoyait un puissant vent spectral. Lippoutou s'enroba d'un Mur Lumière.
« C'est juste limiter les dégâts avant l'inévitable… » grommelai-je. Ce vent était froid et sinistre.
La sphère où elle était enfermée s'illumina d'une belle lueur bleue ciel électrique.
- Qu'est-ce que…
La sphère explosa et balança une nuée de rayons glacés de puissance faible.
Giratina fut plutôt embêté par l'attaque.
- GRAVITY !
L'attaque me cloua au sol, ainsi que Lippoutou.
« Gnnnn, j'suis lourd !! »
- SHADOW SNEAK !!!
Les pointes noires sortirent du terrain et frappèrent Lippoutou.
- WAAAAAAAAH !!!
- Vous ressentez pleinement la douleur, hein ? Vous outrepassez vos limites personnelles pour me vaincre…
Putain… Elle avait morflé. Je la regardai. Elle était décoiffée, épuisée…
« Melba… »
- JAMAIS vous ne me vaincrez, JAMAIS !!! Je ne me LAISSERAIS PAS avoir !! COLERE !!!
L'arène trembla. Putain !!
Et là j'éclatai de rire.
Littéralement.
Giratina, cloué au sol, courrait vers Lippoutou. Ce gros machin tout moche et agile comme un cul courrait vers moi comme un vulgaire canasson à six pattes avec un cou gigantesque.
- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?
Lippoutou concentra son énergie. Je repris mon sérieux. Et j'étais en rogne d'affronter un adversaire aussi ridicule.
« Toute ma fureur. »
« Toute ma colère. »
« Pour en finir avec cette vie d'insignifiance et de faiblesse… »
« Et devenir le monstre que je mérite d'être ! »
Lippoutou était d'une sérénité absolue. J'avais littéralement atteint un point de maîtrise de ma colère absolument parfait.
Elle tourna sur elle-même et lança un blizzard d'une pureté et d'une puissance incroyable.
Giratina fut stoppé net. Le Pokémon hurla. Julius reprit l'orbe.
- DRAGON PULSE !!!
Le rayon fut vivement craché. Lippoutou le contrecarra avec son propre Laser Glace. L'attaque fut repoussée jusque dans la bouche du dragon qui le sentit passer.
- Bon sang… Bon sang !!!
J'attendais le moment adéquat pour bourriner. Mais l'adversaire s'avéra plus coriace.
- Outrage. C'est fini. Je ne laisserai pas la victoire m'échapper !!
Giratina s'enflamma. Je m'étonnai.
« Plusieurs variations de la même attaque ? Il en a fait un Pokémon très technique… »
Giratina fonça droit vers Lippoutou. Elle allait léviter pour lui échapper mais la Gravité était toujours active.
Vite, penser à une riposte, penser à…
- C'EST TERMINE POUR VOUS !!!
Roland, merde !! Tu es un esprit brillant, un vrai, un grand, un…
C'est alors que je me souvenais d'un certain combat.
Léopold contre Vincent.
Une pédale blonde contre une autre pédale moins blonde.
Lokhlass contre Roitiflam…
L'expression créative de la glace…
Ce souvenir allait me permettre de gagner ce match.
J'allais donc gagner en renonçant à mon nouveau moi et en revenant à mon ancien moi.
Pour un court moment, hein.
Mais la honte quand même. Parce que je pensai que je ne pouvais gagner qu'en abandonnant ma vie précédente. Je pensai que je ne pouvais qu'être meilleur en reprenant tout à zéro. Je me trompai, je me fourvoyai. L'expérience d'une vie, voilà qui fait gagner des batailles.
Voilà qui me différencie nettement du cake en face de moi.
J'agitai les mains. Giratina allait atteindre Lippoutou lorsque je créai ma plus belle œuvre d'art en tant que combattant.
Giratina se heurta à un mur de glace agrémenté de stalactites géantes. Le Pokémon eut un violent mouvement de recul.
Hors de question d'être gentil avec un Pokémon aussi moche.
Une statue géante de Lippoutou immobilisa Giratina par derrière.
- PAR L'ENFER, QU'EST-CE QUI SE PASSE ???
A ton tour d'être étonné, fils de pute.
Des ronces de glace étreignirent Giratina. Mon imagination n'avait aucune limite. Giratina brisa mes ronces. Il allait mourir pour ça. La statue explosa, ce qui choqua Giratina. Je me concentrai pour l'attaque finale.
Giratina était en train de s'écrouler au sol quand une émanation glacée puissante se créa au-dessus de lui.
- OH MON…
- Merci à toi, Gravité…
Une autre statue géante de Lippoutou, posant comme pour Playboy, s'écroula sur Giratina et l'assomma complètement. Le Pokémon se retrouva à terre, quasiment inerte.
- N… NON ! RELEVE-TOI !!! OUTRAGE !!!
Giratina amorça un redressement de sa lourde carcasse.
Giratina s'immobilisa, cerné d'une aura bleue. Julius était dévasté. Lippoutou s'éleva dans les airs, au-dessus de son adversaire.
- Julius Kent, au nom de la Lune, je vais te punir !
- …
- Tu apprendras que le crime ne profite pas !
- …
- Tu ne voleras plus !
- …
- Allez hop, Laser Glace.
Lippoutou prépara l'attaque. Julius eut un léger sourire qui m'étonna. Mais je continuai, l'air de rien.
L'attaque fusa et frappa Giratina. Le Pokémon fut mis KO par l'attaque fulgurante. Giratina allait s'écrouler, mais les ailes-collants-chaussettes noires de Giratina fusèrent à leur tour sur elle pour l'attraper.
- HAHAHA !!! DESTINY BOND !!! VOUS ALLEZ MOURIR AVEC MOI !!! SI JE PERDS, VOUS PERDEZ AUSSI !!!!
- … Ouah, y'a du niveau… Ça sent le tacticien de grande envergure !
- VOUS NE POUVEZ PAS GAGNER CONTRE MOI ! JE SUIS LE PLUS FORT !!! JE… VOUS…
Julius s'effondra à genoux.
Lippoutou se mit à chanter. Une belle chanson. Etonnante. Les griffes de Giratina ne se refermèrent pas sur elle et retombèrent aux côtés de leur dragon. Par contre, Lippoutou vint se poser auprès de moi. Julius avait les yeux écarquillés.
- Oh ! Je ne vous ai pas dit que… Eh bien en voulant rendre Lippoutou parfaite niveau arsenal offensif et défensif, et prenant conscience qu'elle y perdait forcément au physique DONC que je devais compenser par une bonne maîtrise générale du reste, j'ai… comment dire, « Amélioré » Air Veinard pour qu'il devienne un revêtement similaire à Fermeté.
Julius sembla tourner fou.
- Vous retiendrez donc que le combat le plus important du millénaire aura été remporté par l'attaque… Comment vous l'appelez chez vous, déjà ? Lucky Chant ? C'est mignon.
- VICTOIRE ABSOLUE ET INCONSTESTABLE DE ROLAND SMIRNOFF !!!!
Le public m'applaudit. Je soufflai, heureux, mais je m'effondrai presque aussitôt. Lippoutou me porta. Le stade était impressionné par ma performance, même si énormément de parieurs avaient perdu leur argent.
Ce qui se passa ensuite fut très flou, j'avoue. Je crois avoir parlé à une caméra de télé, lui avoir dit des trucs, bref…
***
- JE N'AI PAS ETE AUSSI HEUREUSE DEPUIS LA MORT DE MON CHER PAPAAAAAAAAA ! OUIIIIIIIIN ROLAND TU COMBLES LA FEMME QUI EST EN MOI PLUS QUE N'IMPORTE QUEL HOMME SUR TERRE !!!
- Arrête de pleurer, Montes… grommelai-je.
- TU ES SI BEAU, SI BON !
- Ohlala… soupira Arlène.
- Pablo… souffla Jackson.
Nous étions tous les cinq dans le bureau des grands patrons de la Zone de Combat.
- Monsieur Smirnoff… Votre victoire est un cas de figure qu'honnêtement nous n'attendions pas…
- … en conséquence de quoi nous ne pouvons pas vous payer.
- Mais nous supposons que vous en étiez conscients…
Je hochai la tête. Pablo grommela.
- AH OUI ? ALORS JE VEUX LES COUILLES DE JULIUS KENT SUR UN PLATEAU !
- Vous lui avez déjà pété au visage et pris des photos de vos fesses près de lui après qu'il se soit évanoui après sa défaite, cela ne vous suffit pas ? grommela un patron.
- NON ! J'aurais voulu déféquer en plus !
- Faites-le taire… soupira Arlène.
J'inspirai.
- Bien. Ne faites pas payer les parieurs. Par contre je veux la Zone de Combat. Je veux en être l'actionnaire majoritaire. Je veux la prise de décision totale et absolue.
Les patrons déglutirent.
- Mais, euh…
- Je vous vire et vous fais remplacer par un conseil d'administration neutre. Je vire les maîtres de zone qui ont triché, je les remplace par de bons gars. Je diminue le prix d'entrée et je fais en sorte qu'on reçoive des commissions importantes sur les paris. L'endroit deviendra lucratif et va devenir ma source de revenus.
Un des patrons s'étonna.
- Mais… pourquoi donc ?
Je souris.
- Parce que je vais devenir politicien et que si je veux faire ce que je veux, je vais avoir besoin de beaucoup d'argent.
- La Zone de Combat ne servira pas un tel projet !
- D'accord. Payez-moi, bande de sales putes !
Les patrons semblèrent gênés. Je souris. Le lendemain, tout était signé. Je n'avais plus qu'à imprimer ma marque ici, revenir à Poképolis et accomplir mon foutu destin.
***
Seth semblait attristé.
- Vous reviendrez me voir ?
- T'en fais pas. Je t'appellerai à l'occasion, Seth.
Je m'éloignai du gosse. Pablo serra Seth dans ses bras.
- Tu es le meilleur ami qu'une folle comme moi ait pu avoir !
- Bon courage, Pablo ! Tu vas me manquer aussi…
Pablo s'éloigna, ému. Arlène serra le gamin dans ses bras également.
- Sois fort mon petit chéri.
- A bientôt, Arlène.
- C'est bien, tu ne m'appelles plus Tatie.
- C'est Pablo qui voulait…
Pablo grommela.
- MEME PAS VRAI !
Jackson serra la main du petiot.
- N'oublie pas tout ce qu'on t'a appris !
- Je n'oublierai pas tes cours barbants, Jackson… souffla Seth.
Nous prîmes donc l'avion, laissant Seth derrière nous.
- Tu es sûr de ton coup ? marmonna Pablo.
- Oui. Et vous, vous êtes persuadés de vouloir m'accompagner ?
- Tu as collé une raclée à mon ennemi juré, je te suivrai, où tu iras j'irai, fidèle comme une ombre, jusqu'à destination !! sourit Pablo.
- Je n'ai rien de mieux à faire ! sourit Arlène.
- Si je veux évoluer scientifiquement, je dois te suivre ! admit Jackson.
Je hochai la tête.
- En route, fine équipe. Allons retourner Poképolis, la mettre à quatre pattes et lui défoncer le parterre de fleurs à grands coups de bite électorale !
Ensuite, je suppose qu'il n'y a pas grand-chose à raconter…
Excepté mes cinq ans de mandat.
Excepté la raison qui m'a poussé à quitter ce mandat.
Excepté la situation irrationnelle dans laquelle je me trouve actuellement.
Mais ça… vous le saurez plus tard !
***
]- Je dois avouer que c'est… quelque peu surprenant… Que vous vous présentiez ici, et que ce soit vous qui ayez convoqué cette assemblée…
Roland hocha la tête, lunettes noires sur le visage, assis au banc des accusés. Dans la salle, Donna Morris, son mari Harrison. Frank Erickson, le voisin moustachu blond. Clarence Moeder, l'ancienne nounou. Eden Holt, la psy scolaire. Stephen et Tamara Horton, les riches du bout de la rue.
Une absente, notable, à qui tout le monde pensait. Omniprésente, donc.
- Monsieur Smirnoff… Vous êtes la victime d'une action judiciaire collective de la part de votre ancien voisinage. Votre Minotaupe a causé d'importants dégâts dans une rue de Cimetronelle, dégâts qui ont eu une influence sur presque tout le nord de la ville. Qu'avez-vous à répondre à ça ?
- A combien s'élève le montant des dommages-intérêts ?
Le juge s'étonna.
- Il n'est pas encore question de ça…
- D'après ce que j'en sais, le maximum jusqu'où vous pouvez aller s'élève à un million de Pokédollars. Bien.
Roland se leva.
- Monsieur Smirnoff !!
- Qui faisait partie du voisinage ?
Des gens levèrent la main. Roland les compta.
- Okay. Vous êtes dix-sept… Je vous donne trois millions de Pokédollars par tête de pipe si vous abandonnez la poursuite.
- MONSIEUR SMIRNOFF !
- Et évidemment je règlerai le double des frais de justice et je ferais une donation annuelle au syndicat de la magistrature en commençant par un premier versement de six millions de Pokédollars.
Le juge n'en revenait pas alors qu'un terrible brouhaha s'emparait de la pièce.
- Monsieur Smirnoff, c'est de la CORRUPTION pure et SIMPLE ! Vous soudoyez la cour afin d'éviter le procès !!
- Ça s'appelle un arrangement à l'amiable, c'est tout à fait légal, ils le font tout le temps dans New York Police Judiciaire, et avec des criminels bien plus ignobles !
- Silence, SILENCE !
La cour se calma un peu.
- Madame Morris, vous êtes la plaignante principale. Que décidez-vous ?
Donna regarda ses voisins qui hochèrent la tête. Elle s'adressa au micro.
- Eh bien, dans le sens où… nous n'attendions pas spécialement des excuses, connaissant le caractère de notre ancien voisin…
Tamara Horton ne put qu'acquiescer.
- Nous acceptons cet argent si tant est qu'il compte réellement le donner…
Roland se leva de nouveau et sortit son chéquier.
- Quel ordre ? L'association de quartier ?
- Euh… Oui, pour la coopérative… marmonna Donna.
- C'est un SCANDALE !! grogna le juge.
- Le vrai scandale c'est qu'étant donné qu'il y a des nobles dans l'assistance, une fois de plus, vous prenez parti… marmonna Roland.
- Je vous demande PARDON ???
- Voilà !
Donna regarda le chèque, éberluée.
- Oh mon… Oh mon DIEU ! 55 millions de Pokédollars !!
- Ca va couvrir les réparations, à l'aise ! admit Frank.
- Tant qu'on fait pas appel à des artisans, quoi ! souffla Tamara.
- On peut même faire repaver la rue ! admit Clarence.
Donna regarda Roland qui salua ses anciens voisins et quitta la cour.
- ROLAND SMIRNOFF, REVENEZ ICI TOUT DE SUITE !
- Je suis le roi du monde, vous ne pouvez rien contre moi, okay ?
Donna regarda Roland, toujours aussi stupéfaite. Harrison la regarda.
- Pas trop secouée ?
- … Nan, nan… Il a juste l'air tellement… différent…
- C'EST ABSOLUMENT SCANDALEUX, SCAN-DA-LEUX ! IL NE S'EN SORTIRA PAS COMME CA !
***
PREMIERE ANNEE
***
Les pas claquaient dans le grand couloir. Le bâtiment était étonnamment joli et bien décoré pour une planque de politicien raté en manque d'immunité parlementaire.
Mais ça, c'était fini.
Je m'avançai vers mon destin. Tout entier, il m'était dévolu. J'étais le nouveau Président de l'Association Pokémon Emérite, mon titre exact. Ce qui, en acronyme, se lisait « PAPE ». Hahaha.
J'étais d'ores et déjà bardé de conseillers qui avaient décidé de me parler très gentiment pour commencer.
- Il n'y a aucun local pour vos… chefs de cabinets, cela ne s'était pas fait depuis au moins 1940 ! Presque cent ans !
- Normal, tous ceux qui m'ont précédé étaient des fainéants sans gloire… marmonnai-je.
Pablo, Dimitri, Ulrich, Arlène et Jackson me suivaient sans frémir. Je savais ce qui m'attendait.
- Nous savons que vous avez prévu de faire des travaux ! Nous savons que vous avez pour intention de démonter les dorures et les sculptures célestes afin d'en faire don aux collectivités ! Cela ne se passera pas ! Ces locaux sont sacrés !!
Je fermai les yeux et m'arrêtai. Les conseillers autour de nous s'étaient arrêtés aussi. Ils se placèrent devant moi.
- Vous avez pensé pouvoir venir ici et tout révolutionner, hein ? Eh bien non ! Ce poste conservera sa sacralité et sa grandeur ! Ce n'est pas un jeune coq sans carrure qui va tout changer ici !!
Je soufflai.
- Que ceux qui votent pour que je laisse ces types tranquilles lèvent la main.
Personne ne leva la main. Les conseillers étaient surpris.
- Que ceux qui votent pour que je les foute à poil et que je les enchaîne à un poteau sur la Grand-Place en distribuant des tomates gratuites aux gens pour qu'ils les leur balancent dessus lèvent la main.
Arlène, Pablo, Jackson, Dimitri et Trafalgar levèrent la main. Je haussai les épaules.
- La démocratie a parlé, celle-là même qui m'a mis au pouvoir. Celui qui décide, c'est donc moi et personne d'autre.
Les conseillers s'étonnèrent. Nous les dépassâmes.
- Vous, toutes les vermines stupides et incompétentes, vous décampez fissa ou je vous vire à grands coups de pied dans le cul. Ceux qui resteront auront le choix : Se soumettre ou se prendre des tomates pourries dans les couilles.
Les conseillers frissonnèrent.
- Le temps est venu pour cette association vieillissante de servir enfin à quelque chose…
***
Les premiers jours étaient un véritable foutoir. Je connaissais les priorités qui étaient les nôtres, et nous nous étions donc enfermés dans une salle, avec toutes les archives. Dimitri passait son temps par téléphone ou par visioconférence pour dévoiler à la presse nos actions en premier lieu.
- Il vous suffit de vous référer au programme qui vous a été envoyé et de vous référer aux pages 6 à 13 pour savoir ce qui va être discuté au congrès lors du premier colloque. Roland Smirnoff a élaboré un programme sur cinq ans et il s'y tiendra.
Arlène et Pablo mettaient en place le plan budgétaire.
- Extraordinaire. Extraordinaire !! Roland, ta gestion financière de la Zone de Combat nous a rapporté trois milliards de plus que prévu ! sourit Pablo.
J'acquiesçai. Arlène était encore plus surprise.
- Et visiblement tous les acteurs de la vie politique acceptent de collaborer avec toi ! Les gouvernements d'Unys, Johto, Sinnoh et Kanto te soutiennent pleinement !
Je haussai un sourcil, surpris.
- Et Hoenn ? Ils me font la gueule ?!
Arlène haussa les épaules. Trafalgar était occupé à édifier sa nouvelle déclaration des droits.
- Vous êtes sûr de vouloir faire ça seul ? Ça a l'air coton.
Ulrich me regarda, quelque peu habité.
- J'ai vraiment envie de faire cela. Le fait que vous me laissiez le faire seul est d'autant plus gratifiant.
- N'oubliez pas que je ne la relirai pas, pas même pour l'orthographe. Je tends à supposer que vous êtes allé au moins jusqu'au certificat d'études.
Trafalgar hocha la tête. Jackson quant à lui était en contact avec les grands services de santé du pays.
- C'est dingue l'enthousiasme des gens ! On dirait que le pays est coopératif. Contrairement à ce qu'on pensait, les gens n'ont pas voté pour toi parce que tu disais « merde » et « putain » à la télé !
J'acquiesçai. On avait cru ça pendant un moment le soir de mon élection et un pari avait même circulé entre nous.
Dimitri arriva, satisfait.
- La presse est dithyrambique, la côte de popularité est maximale, le forum de réclamations est très actif sur le web, c'est la folie.
Je hochai la tête.
- Bon. Maintenant faut ranger, ça fait au moins quatre jours qu'on n'a pas aéré cette pièce !
- Je tuerai pour autre chose que des plats asiatiques livrés à domicile… souffla Arlène.
- D'autant que tu as dû prendre des kilos, on ne te reconnait plus… marmonna Pablo.
- Tu peux parler, tu rivalises avec moi pour le tour de poitrine maintenant ! assura Jackson.
- Je dois avoir un métabolisme extraordinaire, je n'ai pas pris un gramme… marmonna Dimitri.
Traflgar ne disait rien, et moi j'observai tout content cette fine équipe que j'avais bien fait de mettre en place.
***
Une fois les repères pris et l'organisation installée, nous avions procédé au lancement des grandes et des petites réformes. Nombre de gens tenaient à entrer en contact avec moi, ce que je permettais par intermittences – sauf pour les membres de la famille ou les amis. Je ne voulais pas qu'ils me perturbent. Les journalistes étaient un vrai petit moment de distraction, sauf dans mes grandes allocations télévisuelles, préparées étroitement avec Dimitri et qui visaient à entretenir la communication sur mes réformes.
- Roland Smirnoff, bonjour !
La journaliste était belle, trop belle. Et puis elle avait cet air pincé, faux et brillant qu'avaient toutes ces fausses femmes de la capitale. Elle avait cinquante ans, elle en paraissait vingt-huit, c'était immonde. Dimitri avait fait des recherches sur elle, ce qui me permettrait d'avoir l'avantage.
- Hmm…
- Votre réforme du système éducatif a été mal accueillie par les professeurs qui prétendent que vous allez les accabler d'heures.
- Non, je vais seulement rendre les horaires plus flexibles et les cours plus denses. Je veux que le travail de professeur soit plus facile à faire pour que les professeurs fassent mieux leur travail.
- On parle de dévalorisation…
- Pas du tout, je veux juste que ce soit plus facile pour eux, j'allège leurs heures, je leur donne un nombre équitable de classes moins remplies et je leur facilite la tâche en améliorant leurs possibilités pendant les cours. Je consacre 55% de notre budget total à l'éducation, c'est ma priorité numéro 1, j'ai supprimé l'inutile et dévalorisante défense intérieure Poképolite uniquement pour ça. J'ai été professeur, je ne laisserai pas tomber ma profession. Et je pense aussi aux élèves qui ont besoin d'être bien encadrés et d'avoir des outils pour le futur, outils que je compte bien mettre en place.
La journaliste hocha la tête.
- Je sais, j'ai lu tout ça dans votre programme, j'ai tout lu !
- C'est bien, vous aurez une sucette en récompense.
La journaliste s'étonna puis elle reprit.
- Euh… D'autres critiques sont plus objectives et témoignent du manque de réforme de l'administration.
Je haussai un sourcil. N'ayant pas été administratif, j'avais en effet rempli cette partie du programme assez naïvement. Oui, je viens de m'auto-critiquer. Prenez une putain de photo, ça recommencera pas de sitôt.
- Nous… devons en effet débattre de cela avec mon équipe, c'est une partie du programme que nous devons reconsidérer jour après jour.
Cette hésitation allait faire la une de la putain de presse.
- Vous voulez dire que votre programme n'est pas parfait ?
Salope. Salope, salope, salope. Encore aujourd'hui, toi, Garance Cohen, je te maudis. Je te conchie. Je rêve que ton fucking nom apparaisse dans la fucking rubrique nécrologique.
- Rien n'est parfait en ce bas monde, madame, tout ne fait que se perfectionner.
- Dit celui qui a dit en interview, je cite : « Mon action ne souffre d'aucun défaut, elle est vitale et elle mènera Poképolis sur la voie de la perfection » !
- SUR LA VOIE de la perfection, je n'ai jamais prétendu que j'allais arriver et que tout allait se recouvrir d'or, comme ça, d'un coup !
- Dans votre attitude de campagne, c'est ce qui transparaissait du moins !
Dimitri grinça des dents tellement fort que je l'entendis le faire. Et pour cause.
- OOOOOH ! BAGHEU BAGHEU JE SUIS UNE JOURNALISTE SOI-DISANT POLITIQUE ET JE FEINS D'IGNORER QUE L'ATTITUDE EN CAMPAGNE ET L'ATTITUDE UNE FOIS ELU CHANGE FORCEMENT ! Bordel de merde, vous avez sucé QUI pour vous retrouver sur ce fauteuil orange de merde ?!
Rires dans la salle, évidemment, mais Dimitri était affolé. Et la journaliste en face…
- … Vos tactiques pour détourner la conversation n'y changeront rien, votre réforme administrative n'est pas complète…
- J'estime peut-être que l'administration est très bien comme elle est !
- Vous pensez qu'en modifiant le fonctionnement du corps professoral, cela ne va pas affecter l'administration ?!
Attention Roland, rappelle-toi des conseils de Dimitri. 1 – Tu n'insultes pas la présentatrice et tu ne la traites pas de potiche botoxée avec un micro qui joue à la star 2 – Tu réponds calmement et clairement. 3 – Tu ne te donnes pas l'impression de ne pas savoir de quoi tu parles.
- Il y aura évidemment des ajustements à faire, mais dans un premier temps, je pense que chaque administration a un fonctionnement propre et qu'autant il y a des réajustements clairs, nets et précis, à effectuer sur la fonction et les enjeux de la vie de professeur et d'élève, mais l'administration est un cas plus complexe…
- Que vous estimez ne pas pouvoir résoudre dans un premier temps.
La veine qui apparut sur mon front fut très commentée dans la presse aussi.
- Que… je dois travailler plus attentivement encore que la réforme professorale parce que c'est une catégorie qui nécessite d'être plus méticuleux, et un homme aux ambitions pharaoniques tel que moi doit savoir aussi prendre son temps.
- Vous avouez donc votre incapacité à mener seul et de façon immédiate cette réforme.
- Vous pouvez toujours me coller un Cacnéa dans le cul, je n'avouerai jamais que je suis en incapacité de faire quoi que ce soit, vieille fouine !
Dimitri tomba dans les pommes à ce moment précis.
***
- MERDE ! FAIT CHIER !
- Du calme ! Tu ne pouvais pas y penser aussi bien qu'au métier de professeur… souligna Arlène.
- Tu vas devoir faire appel à des intervenants extérieurs, c'est la seule solution… marmonna Pablo.
- PUTAIN NON !
Jackson plissa les yeux. Dimitri soupira.
- Les Hashtags #RolandSucksnoff, #Incapacité et #PasGlopRS est redevenu populaire sur Twitter. La page Facebook est remplie de commentaires moqueurs… On t'accuse en gros d'être un beauf misogyne et prétentieux, ce que tu avais pourtant évité pendant toute ta campagne.
- POURQUOI TU ME DIS CA, CA ME FOUT ENCORE PLUS LA RAGE !!!
Dimitri plissa les yeux.
- C'est mon travail !
- Ne blâme pas le petit ! soupira Arlène.
- Roland, tu dois travailler ça avec les syndicats, c'est le seul moyen pour que tu aies une crédibilité sur le sujet ! souffla Jackson.
- Et ne surtout pas t'arrêter à de bêtes critiques ! Si les gens sont cons et ne comprennent pas que Pétulance Couenne voulait juste se farcir le Roland, tu les emmerdes, tu passes à autre chose et puis BASTA ! grommela Pablo avec un grand coup de main radical sur le « basta ».
Je grommelai. Trafalgar soupira.
- On dirait un gamin vexé qu'on lui ait pris son jouet…
- Je vous remercie, Ulrich, c'est très constructif tout ça ! soufflai-je.
- Réfléchissez, qui peut vous aider ? Vous avez de nombreux contacts, dont certains qui ont travaillé dans l'administration. Le souci, c'est qu'il vous faudrait leur reparler, et je suppose que vous ne souhaitez pas le faire… vu votre position gênante.
Je haussai les sourcils, me levai et fouillai le tas de courrier.
- Il faut que je range ce tas de merde… soupira Dimitri.
Pablo, Arlène, Jackson et Ulrich regardèrent Dimitri, surpris. Le jeune homme soupira.
- Le travail me rend grossier. Excusez-moi.
- Tu fais bien de t'excuser, j'allais te claquer la gueule, foutriquet ! grommela Pablo.
- N'insulte pas le petit, il ne t'a rien fait ! grommela Arlène.
- Pourquoi tu l'appelles le petit ? soupira Jackson.
- C'est le plus jeune ! soufflèrent Pablo et Arlène.
Je ne me préoccupai pas de la drama débile entre mes sous-fifres et trouvai mon bonheur.
- VOILA !
Une liasse de trente pages.
- J'avais pris ce type pour un illuminé, mais ce Justin Truce m'a écrit la lettre la plus brillante et la plus précise que j'ai jamais lue. Il pourrait m'être utile. A plus d'un titre.
Ulrich releva la tête vers moi.
- Justin Truce ? Le fils de Ménard Truce ?!
- C'est votre ex petit-ami ?! m'étonnai-je.
- Ne me dites pas que vous ne connaissez pas la famille Truce ?
Je cherchai dans mon cerveau érudit quelque truculente trace de ce Truce.
- … une des treize familles nobles directes de Poképolis !
- Exact. Et pas la meilleure.
- A mon souvenir des cours d'histoire, c'est celle qui a fait le moins de vagues…
- Vous savez qui est à l'origine de la guerre des dix-huit jours ?
Dumb Bitch Trafalgar is a dumb bitch.
- PERSONNE ne le sait ! Les gouvernements eux-mêmes ne savent pas qui a tenté de tuer Suzuki et ils se sont battus comme des chiffonniers pendant la quasi-totalité de leurs mandats respectifs…
- Pas cette partie-là. L'autre.
Ahon. Euh…
- Vous êtes sérieux, là ? Personne ne sait qui a commencé le conflit des dix-huit jours !
Ulrich soupira. Je sentais que je lui courrais sur le haricot au Traffy.
- C'était Ivan Truce. Lui et Venceslas Suzuki étaient rivaux mortels.
Je penchai la tête sur le côté.
- Les deux familles ont toujours été en froid. Truce était un pacifiste autoritaire, Suzuki un belliciste méthodique. Deux courants de pensée qui s'opposent. Truce et son armée se présentaient comme les rebelles révolutionnaires. Après la victoire de Suzuki pendant la guerre des dix-huit jours, Truce et lui ont mis au point une trêve. Au nom de la famille.
Nouvelle interrogation de ma part. Dimitri, Arlène, Jackson et Pablo semblaient aussi intrigués que moi.
- Roland Smirnoff, votre méconnaissance de l'histoire de la noblesse Poképolite est affligeante…
- C'est chiant ! Et c'est de l'histoire, j'ai négligé cette partie de mes études à cause de ma mère et de sa vie sexuelle.
Pablo fit une grimace malicieuse. Arlène haussa un sourcil.
- Suzuki, Truce, Schirevel, De Beaufort, Heine, Duchessey, Pentwell, Stockwell, Medrenski, Gallhager, Horton, D'Aubenant, Veveldini ! Les treize familles nobles de Poképolis, toutes issues de la famille du roi Salazar Caub !
Oula. Attendez, là.
- Euh… Heine ? De Beaufort ? D'Aubenant ? Pentwell ?!
- Oui, le moins qu'on puisse dire c'est que vous avez été souvent en contact avec ces familles.
- Et Horton, bon sang elle vivait dans mon quartier résidentiel…
- Ils se faisaient plus discrets après la guerre. Revenons à nos moutons. Mildred Caub est la première née, qui a épousé Johannsen Suzuki premier du nom. Félicie Caub a épousé Sherwood Truce.
Je hochai la tête comme si j'écoutai le synopsis d'une telenovela.
- Les deux jeunes filles se détestaient copieusement.
- Une histoire de robe, de chaussures, d'urines de couleur différente ?
- Félicie était amoureuse de Johannsen qui lui a préféré Mildred. Et d'après certaines sources, pour se venger, Félicie serait responsable de la mort du premier né de Mildred et Johannsen.
J'étais plutôt décontenancé.
- Attendez, quoi ? Une vieille histoire de fesses et de bébé mort ?!
- Je pense également que l'histoire oublie beaucoup de choses, toujours est-il qu'ayant été marié à une Heine, vous ne pouvez pas vous acoquiner directement avec cet homme.
Je hochai la tête.
- Parce qu'il déteste copieusement tout ce qui est de près ou de loin lié à la noblesse. Sa famille peut être considérée comme anti-noble par excellence.
- Oui en gros c'est un juif antisémite.
- Cela… résume très grossièrement la chose mais c'est à peu près cela. Les Truce sont en froid avec toutes les autres familles nobles. Ne lui parlez pas des Horton. Evitez d'évoquer votre mariage. Evitez d'évoquer les Heine tout court. Evitez de parler de quelque noblesse que ce soit. En fait si vous pouviez avoir un intermédiaire dénué de tout lien avec toute engeance noble…
Trafalgar soupira.
- Mais… vous n'avez plus beaucoup d'amis.
- Pablo, passe un coup de fil à qui tu sais.
Pablo s'étonna.
- Ah non ! Je n'implique pas Seth avec ce type !
- Pablo, on n'a pas le choix. Vous m'êtes tous indispensables ici. Je ne vois que Seth.
- Roland, j'émets de furieuses réserves !! Seth n'a pas les reins assez solides pour une mission d'une telle ampleur !! C'est encore un enfant !!
- Pablo, c'est notre seule chance.
- J'y vais à sa place !
- PABLO !
Le grand blond bronzé sursauta devant mon autorité.
- J'ai besoin de toi ici. Seth sait que je peux l'appeler pour une mission de ce genre. Il sait qu'il est mon disciple et donc qu'il est à ma disposition.
Dimitri hocha la tête. Arlène se mordilla les lèvres.
- Si tu estimes qu'il en est capable… estima la rousse.
- C'est très risqué… Tout ça pour tes réformes administratives ? souffla l'avisé Jackson.
J'acquiesçai.
- Ouais… C'est un peu prendre un tank pour écraser un Statitik… mais… en même temps ça me permettra de le garder sous contrôle… Justin Truce est dangereux, Ulrich ?
Trafalgar sembla réfléchir.
- Il n'a pas fait énormément de vagues, hormis la reprise de l'entreprise de son père… Je doute qu'il ait des objectifs poussés.
- D'après ce manuscrit de trente pages qu'il m'a envoyé, il a participé à gâcher la campagne de Pringle, exprès pour obtenir mes faveurs a priori…
Trafalgar plissa les yeux.
- C'est très suspect, ça. Cela signifie qu'il a une idée derrière la tête.
Je hochai la tête.
- Raison de plus pour garder un œil sur lui. Appelle Seth.
- Si ça tourne mal, Roland, je te le ferais savoir, crois-moi !! grommela Pablo.
- Si ça tourne mal, je m'en voudrais plus que tu ne me le feras payer, Pablo. J'ai de l'estime pour ce gosse, abruti, c'est mon élève !
Pablo soupira et retourna à ses comptes. Arlène à ses documents. Jackson approcha de Trafalgar.
- Vous aussi, vous le sentez mal ?
Trafalgar ne dit rien et repartit à ses activités. Jackson s'en étonna.
***
Après avoir réalisé ce lien avec Truce, ma réforme sur l'administration était écrite. Justin Truce avait aidé Dimitri pour ma communication sur cette réforme. De fait j'avais été amené plus ou moins directement à fréquenter l'homme, ne serait-ce que par ses écrits.
Et ses coups de pute.
- Il a une plume magnifique… S'il était écrivain, ce serait mon préféré.
- D'après ses instructions, vous devez commencer par la conservation de l'ancien règlement avec l'ajout des diverses souplesses sur les règles les plus fortes.
J'acquiesçai.
- C'est quoi la « grande surprise » à la fin de la conférence ?
- Euh… je sais pas.
- Dimitri, je t'ai engagé pour que ma communication soit la plus verrouillée possible, comment tu as pu laisser passer ça ?!
Dimitri serra les dents.
- Il… me l'a imposée.
- … je dois craindre le pire ?!
- Je ne sais pas… En tout cas ça vous sera transmis durant la conférence.
- Cette conférence est indispensable ! C'est censé réparer mon faux pas précédent ! Je ne peux pas me permettre d'avoir un plot-hole dans ma conférence !
Dimitri geignit, embarrassé. Justin arriva précisément à ce moment.
- Un souci ?
- C'est quoi cette « surprise » ?
- Toute conférence a son annonce spéciale, non ?
Je devais avoir l'air sacrément largué parce que Justin inspira de l'air comme pour se gonfler. Seth m'avait prévenu qu'il n'était pas excessivement chaleureux au premier abord.
- Ne vous inquiétez pas, faites comme si tout était normal, vous en saurez plus pendant la conférence.
- C'est précisément ce qui me gêne.
- Un petit mot vous gêne ? Quel âge avez-vous ? Vous pensez qu'un simple pli peut changer la face du monde, monsieur Smirnoff ? J'admire un tel attachement aux petites Lettres mais tout de même.
Je plissai les yeux alors que mon interlocuteur avait cet air hautain presque méprisant qui me foutait franchement les boules.
- Monsieur, c'est à vous dans trois, deux, un…
Je me dirigeai avec appréhension vers la conférence. Ce connard avait tout compris. S'il ne pouvait pas avoir d'emprise directe sur moi et mon gouvernement, il pouvait me parasiter et ce, dès les rouages de ma communication.
« Je dois me débarrasser de ce fouteur de merde au plus vite. »
- Mesdames, messieurs, mes chers condisciples dresseurs de Pokémon. Cette conférence a pour objet de clarifier la réforme de l'école que je tiens à mettre en place d'ici la fin de l'année. En plus d'annoncer la construction et la réfection d'établissements scolaires hauts-de-gamme, et la réforme des statuts professoraux afin de les rendre plus adaptés au monde d'aujourd'hui, permettez-moi de vous présenter ma… réforme de l'administration.
Rassurez-vous, ce « … » a été travaillé en répétition. Il est fait pour montrer que je suis assuré mais pas arrogant. Un truc pour mon image publique, cherchez pas.
- D'abord. Je tiens à agrandir le personnel administratif. Le secrétariat central dirigera les secrétariats des bureaux annexes. Le rôle de la doyenneté sera agrandi au placement et au reclassement des professeurs grâce à la création d'un intranet spécialisé. Le proviseur aura la charge de trancher sur tous les litiges graves. En outre, j'annonce la création de procédures spéciales en cas d'actes délictuels impliquant un professeur face à un élève et réciproquement…
Je vous avoue que je trouvais ça complètement con, mais passons.
- L'administration exerce un contrôle précis sur la présence des élèves qui sont désormais sous son entière responsabilité. Ainsi les élèves seront tenus de faire un nombre minimum d'heures par semaines, heures qui seront utilisées majoritairement pour l'enrichissement des matières optionnelles et des mémoires sur trois ans. Je tiens enfin à faire une annonce…
Dimitri apporta le pli. Je craignais VRAIMENT le pire.
J'allais pas être déçu.
- … spéciale à propos de cette réforme… Trois annonces spéciales… Premièrement : Création d'une cellule Bowyer pour chaque district : L'administration sera soumise à un contrôle précis de son activité. Tout élément nuisible ou réfractaire sera licencié de manière arbitraire.
Et merde.
- Deuxièmement : L'administration veillera au respect aveugle et sans discussion de la réforme Roland Smirnoff sous peine d'être immédiatement expulsé, ce afin de faciliter sa mise en place et son application.
Charlie Chaplin est Roland Smirnoff dans : Le Dictateur. Ce mercredi, dans vos salles.
- Troisièmement…
Je prononçai un vibrant « Oh l'enculé » dans ma tête. Mais j'étais obligé de le dire, sinon j'étais dans la merde jusqu'au moule-burnes.
- … je rétablis la procédure de confinement public en cas de tout type d'affaire concernant le système scolaire, brisant ainsi l'amendement Cumberdale qui y avait mis fin.
Autant vous dire que mon visage scié devant le pli a été foutrement commenté.
***
- Je ne vois pas quel est votre souci.
L'inexpressivité faciale de Justin Truce me glaçait. Il était méthodique, intelligent, racé, nous aurions pu parler des heures entières de la liste complète des perversions sexuelles existantes que ce serait resté une conversation tout à fait classe et studieuse, mais bon sang quelle porte de prison.
- Mon… souci c'est que vous avez glissé par surprise trois réformes que… personnellement je n'aurais pas instauré !
Il inspira et soupira comme si je lui faisais perdre son temps. Même si Trafalgar ne m'avait pas prévenu, j'aurai employé un intermédiaire pour pactiser avec ce mec de moi-même. Quelque chose ne collait pas entre nous. La sauce ne prenait pas.
- Je suis dans votre camp, monsieur Smirnoff. Ces trois annonces sont là pour faciliter vos réformes. Votre autorité sera pleine, m'assura Justin Truce.
- Je… Je n'avais pas besoin de ça ! Je vous remercie pour la réforme que vous m'avez écrite, elle est très bien faite, je ne peux que l'admettre, mais… Honnêtement, l'annulation de l'amendement Cumberdale, c'est hardcore !
- Pardon ?
Ah oui c'est vrai que tu vis encore au siècle dernier… Le mec il a trente balais et c'est déjà ta grand-mère mentalement… putain…
- C'est… un peu extrême !
- Monsieur Smirnoff, le système scolaire a la chance d'être et d'avoir été un milieu privilégié en ce monde. Je tenais juste à rétablir de vieilles lois qui garantissaient cet état de fait.
Je secouai la tête, dépité.
- C'était pas le but…
- Il faut savoir ce que vous voulez, monsieur Smirnoff… Réformer l'école ou jouer les pisse-froid en ne faisant qu'une demi-réforme pathétique ?
Je hochai la tête mais je n'en pensai pas moins. Justin prit congé.
- Soyez franc : Vous aimez le pouvoir que vous allez obtenir suite à cette annonce.
Sois franc : Mon pied, dans ton cul, tu l'attends avec impatience. Connard.
***
- Au moins ta popularité a augmenté chez les conservateurs… marmonna Pablo.
- J'avais vachement besoin de connards qui refusent d'accepter la réalité que le monde avance et se modernise, merci Pablo…
Je faisais les cent pas dans le bureau de ma folle préférée.
- La confrérie Politique des Témoins d'Arceus te félicite pour ce courageux pas en avant.
- Pablo, comment tu peux me dire ça aussi simplement ? Ces mecs sont des homophobes, des réfractaires, des arriérés…
- C'est toujours des soutiens de plus et des détracteurs de moins ! Ta base de soutiens est très fière que tu aies pris sur toi et que tu aies fait des efforts audacieux. Epic Win, biatch ! sourit Pablo.
- Dimitri est effondré. Il a le sentiment d'avoir foiré son coup.
- Il s'en sortira… Ce gamin est plus solide qu'il n'y paraît, je te cache pas qu'avec Arlène et Jackson, on a eu des doutes, mais… il est fiable. Et sex…
- Pablooooo… soupirai-je.
Pablo souffla.
- Roland, mon Roland, je ne vois pas ce qui te gêne dans tout ça…
- La perte de contrôle, Pablo. Je pensais que j'aurais le contrôle total.
Pablo agita une main.
- C'était juste pour la réforme administrative ! Tu l'emmerdes, ce Justine Prout ! Tu le rappelles si tu as des réajustements à faire et…
- Tu as vu les rapports de Seth, toi aussi. Tu sais que je ne peux pas lâcher ce mec comme ça.
Pablo fronça les sourcils.
- Laisse-moi m'occuper de ça. Et Seth est bien assez intelligent et compétent pour se charger de ça seul.
- C'est trop de pression pour lui…
- Roland. Je me charge de Truce avec Seth. Crois-moi, tu n'aurais pas pu rêver meilleure dream team pour s'occuper de ce cas !
Je soufflai, pas vraiment soulagé de savoir que Priscilla folle du désert et son Renato de service s'occupaient du Wario de la noblesse.
***
Dimitri était au bord de la dépression. Arlène était avec lui dans un bar.
- J'ai fait tout ce que j'ai pu… et au final ça n'a pas été assez…
- Allons, Dimitri…
- Cet homme est un démon ! Un démon ! Comment il a pu être plus malin que monsieur Smirnoff, comment ?
Arlène inspira.
- Personne n'est infaillible. Roland Smirnoff n'est pas un dieu…
- Eh bah moi, je suis un raté…
- Et ce Justin Truce n'est pas un dieu non plus. Et la masse de travail que tu as accomplie depuis le départ, personne n'aurait pu l'abattre. Ressaisis-toi, Corbin. Tu ne vas pas te laisser impressionner par un grand escogriffe qui se prend pour un messie !
Dimitri regarda Arlène. Il hocha la tête, déprimé.
- Merci…
- Vodka ?
- S'il te plait. C'est moi qui invite de toute façon...
- J'ai une paye de fonctionnaire aussi, tu sais.
***
Dimitri titubait. Il regarda Arlène.
- Vous êtes qui ? Vous r'ssemblez à Yann mais vous avez les cheveux plus longs…
- Tu as l'alcool splendide. Je te reconduis.
- Pourquoi vous dites ça ? J'peux conduire. Même si j'ai pas mon permis.
Arlène monta Dimitri en voiture. Elle prit le siège conducteur.
- Allez. Mets ta ceinture.
- Nan.
Arlène se jeta sur Dimitri pour lui mettre sa ceinture. Un instant, leurs regards se croisèrent. Dimitri grimaça. Arlène glissa une main vers l'entrejambe de Dimitri, mais ce dernier la repoussa brutalement.
- P… P… P-p-pas ça.
- …
- N… Me forcez pas. J'veux pas qu'ça recommence. Me forcez pas.
- D… D'accord…
- J… Chuis désolé.
- C'est moi.
Arlène ajusta la ceinture de sécurité de Dimitri, puis elle le reconduisit à son logement de fonction.
***
- Monsieur Montes, je m'INSURGE contre votre répartition du budget !!
Pablo était à une réunion de comptables interrégionaux. Il portait une chemise hawaïenne, des lunettes fantaisie violettes à verres roses et un pantalon tellement moulant qu'on pouvait voir qu'il n'avait pas de culotte.
Je sais. J'ai des fréquentations merveilleuses. La ferme.
- Plaît-il, monseigneur ? dit-il avec une voix efféminée.
- Vous êtes aussi comptable que moi charcutier !!
Pablo leva les yeux de son téléphone rose bonbon à paillettes. Il regarda l'homme en costard qui lui faisait la leçon.
- Vous consacrez la quasi-totalité du budget au financement de la construction d'écoles, de l'aménagement, de la réhabilitation de bâtiments…
- Quelle horreur. Vous m'en voyez désolé. J'aurais dû claquer ces cinq milliards en putes, en jeux d'argent et en cocktails.
Sourires autour de la table. Le trublion n'était pas en reste.
- QUI, QUI va payer les fonctionnaires et la main d'œuvre ??? Vous n'y avez même pas pensé !! Cette élaboration du budget est scandaleusement enfantine !
Pablo soupira. Il sortit un de ses éternels calepins.
- Vous voulez bien regarder à… Amaillide, s'il vous plait.
La table de comptables manipula la liasse que Pablo leur avait distribuée.
- Bon. Vous allez tous apercevoir en bas du bilan comptable une mention « Fonds privés ». Elle s'élève pour toutes les villes à 450 millions de Pokédollars.
Les comptables hochèrent la tête.
- C'est l'apport personnel de la zone de combat de Roland Smirnoff.
- … C'EST INSENSE !!! D'OU SORTEZ VOUS AUTANT D'ARGENT ???
- Oh ta gueule !
L'homme tressaillit, stupéfait. Pablo soupira.
- Je viens de te le dire, espèce de trou du cul tout droit sorti d'une école de gestion qui vient me faire chier dans mon élément ! ZONE-DE-COMBAT ! Nous levons une masse de fonds immense. Afin d'éviter que le fisc ne nous en déduise des monceaux, nous faisons passer tout ça en donations publiques internationales pour l'association.
- … De l'argent sale ?
- Meuh non. C'est de l'argent bien gagné, dans la légalité de la zone de combat new-yorkaise. Ici, ce sont des fonds privés, considérés comme l'argent personnel de Roland Smirnoff qu'il réinjecte en tant qu'argent public. Du coup ça augmentera sensiblement l'ensemble des subventions. Et les fonctionnaires seront payés plus. Des questions ?
Secouage de tête intégral. L'excité fouilla la liasse.
- Mais les… Mais tout… Mais c'est imp…
- Oh la ferme, rasseyez-vous et votons ce budget. Vous voyez bien que c'est indiscutable, j'ai gagné. On ferme sa bacchante, la méchante !!
***
***
Jackson se tenait face à Giratina dans la chambre prévue pour lui, un immense dôme annexe à son laboratoire.
- Tu as assez de place, je pense… il y a encore des réajustements à faire mais je pense qu'on va pouvoir travailler efficacement.
- Docteur Wound !
Jackson se retourna vers un de ses subordonnés, Fiodor Wick.
- Oui, docteur Wick ?
- Ulrich Trafalgar tient à faire une visite inopinée.
- Oh. Laissez-le entrer.
- P… Partout ?!
- Oui. J'ai lu et respecté sa charte de l'éthique, je m'y suis tenu. C'est pour ça que je n'ai pas autorisé vos expériences sur les organes internes.
Fiodor plissa les yeux.
- Vous êtes conscient… qu'une telle retenue contrevient à l'avancée de la science ?
- Il n'y a pas de science dans des expériences déraisonnables et potentiellement mortelles, docteur Wick.
Fiodor se mordilla les lèvres. Jackson retourna à Giratina.
- Je me demande quel effet ont les vibrations sonores sur un Pokémon comme toi… Dialga et Palkia ont créé le temps et l'espace, et tu es le Pokémon qui maîtrise les deux, jusqu'à entrer dans les nouvelles dimensions. Tu dois avoir des réactions intéressantes aux changements spatiaux même les plus mineurs !
Trafalgar entra dans la pièce alors que Jackson passait de la musique classique à Giratina. Le Pokémon sembla apaisé.
- Tu fais un petit tour, Giratina ?
Le Pokémon se mit à voler en rond dans son dôme. Jackson acquiesça.
- Excellent, excellent.
Trafalgar plissa les yeux, puis il sortit, voyant que rien n'était anormal ou dégradant pour le Pokémon.
***
- Arrête de trembler…
- Pas si facile…
Bernice soupira. Kate souffla.
- Je sais qu'on est obligées d'en passer par là, mais ça me donne des sueurs froides à l'idée de probablement le revoir…
Bernice inspira.
- Et moi, tu crois quoi ? Il aurait pu tuer mon Léopardus !
- Je sais, je sais… C'est d'autant plus pour ça que c'est dur… Avec cette foutue procédure d'adoption qui n'en finit pas…
- Bon, calmos, si ça se trouve ce ne sera qu'une formalité…
Arlène entra dans la salle d'attente des bureaux publics de l'association Pokémon.
- … Ludges et Twain…
Bernice et Kate regardèrent la grande rousse en tailleur rouge.
- J'préfère ça que ton cousin…
- Et moi donc ! sourit presque Kate.
- C'est pour le renouvellement de votre permis de concours ?
- Oui…
- Il nous manque des pièces au dossier mais elles sont en cours d'envoi et on a un souci avec la chambre de commerce qui ne veut pas nous donner le renouvellement d'occupation…
Arlène soupira.
- Vous savez qui je suis ?
- …
- La meuf qui bosse ici ? suggéra Bernice.
- Je suis la chef de cabinet en termes de culture et d'animation. Vous n'avez plus besoin de passer par la chambre de commerce pour renouveler votre permis…
Arlène se posa sur la table au centre de la salle d'attente afin de donner des coups de tampon, ce qui permit aux deux filles d'admirer un sculptural fessier.
- … et c'est moi qui décide de tout, et si vous me dites que les pièces sont en cours d'envoi, je vous crois sur parole, au pire tout s'annulera de lui-même. Ce sera enregistré par mon service dans la journée.
Kate s'étonna.
- S… Sérieusement ?
- De surcroît j'ai une réunion affreusement chiante et j'aimerai prendre un bain avant. Mesdames…
Arlène prit congé. Bernice hocha la tête.
- Mille fois mieux que ton cousin !
- Ah bah ça…
***
- Le budget est nickel, Pablo… décidément j'ai bien fait de te faire confiance…
- C'est moins trippant que les statistiques de la zone de combat mais ça me relaxe. Comme une clope. Depuis que je suis ici, je ne me suis jamais senti aussi épanoui de faire des calculs. J'en oublie complètement de baiser et d'être vulgaire !
Je haussai un sourcil. Dimitri, Arlène, Jackson et Trafalgar regardèrent Pablo alors que nous étions réunis pour le bilan hebdomadaire.
- Tu n'as pas fait de rencontres ?! demandai-je.
- Eh bien non. Je passe mon temps à bosser.
- C'est triste. Tu mériterais bien une semaine de congés, voire un mois entier.
- Ca va pas, non ? Tu m'as donné une raison de vivre, Roland Smirnoff !!
- Oui mais je tiens à ce que tu sois satisfait sur tous les plans.
- Oh mais crois-moi je le suis !
Je plissai un œil suspicieux.
- Ne me dis pas que toi et Seth…
- Ah non, je ne tape pas dans les gens qui sont casés !
La tablée s'étonna. Tout comme moi.
- Il est casé ?
- Oh je t'en prie Roland ! Il travaille pour Justin Truce à plein temps et il vient même d'être promu cadre, qu'est-ce que tu crois ?
Je haussai les sourcils.
- En plus quand on communique, j'ai un nom de code. Le Pacha !
- … oh non mais je rêve !!
- Siiiiii ! C'est trop drôle !!
- … Bon, ok, je pensais essayer d'aller en boîte avec toi, mais j'abandonne. Arlène !
- J'ai reçu les mécènes et les garants des vestiges de Hoenn. C'est un gros travail mais avec l'aide de Pablo, nous avons calé un budget. Ensuite pour ce qui est des bibliothèques, je suis arrivée à un accord pour la création de lieux de consultation gratuite dans toutes les villes, y compris au cœur des établissements scolaires quand c'est possible.
Je haussai les sourcils.
- Pas bête. Et bien joué !
- Par contre les musées, quel casse-tête. Ils tiennent absolument à rester rentables.
- C'est moi qui les finance… Oh, ils veulent garder leurs primes !
- C'est ce que j'ai compris.
- Les bâtards. J'irai leur gueuler dessus moi-même s'il le faut. Maintiens la fermeté la plus totale ! Dim-Dim !
Dimitri souffla.
- J'ai écrit vos discours du mois.
- Génial.
- Ainsi que le verbatim de vos prochaines interviews.
- Cool.
- Et… J'ai également trié et rangé le courrier, ainsi que mené habilement la revue de presse et le journal de bord de l'association.
Je penchai la tête.
- Tu te démènes beaucoup…
Dimitri hocha la tête.
- Je croyais pourtant t'avoir dit que je ne t'en voulais pas pour la conférence…
- Je m'en veux bien assez moi-même.
- Tu retrouves de vieilles habitudes… La dernière fois que ça t'es arrivé, tu t'es jeté du haut d'un immeuble…
Pablo, Arlène, Jackson et Ulrich regardèrent mon cher petit autiste de seconde zone.
- … J'aime ça. Continue, Dimitri, excellent travail. Michael Jackson, c'est à vous !
Jackson me regarda. Je haussai les épaules.
- Ahem… Les expériences avancent et le contrôle sur les pouvoirs de Giratina s'améliore de jour en jour.
Je hochai la tête.
- Mes expériences s'améliorent et nous sommes désormais capables de renverser l'effet de ma cure d'amélioration génétique.
J'étais stupéfait.
- Tu veux dire que…
- Oui, je peux ramener tes Pokémon à leur état normal.
- … Cool. Comme ça, si y'a un raté…
- On peut tout faire revenir à zéro !
- Génial.
- Niveau médecine, ça avance pas mal… Mon plan pour diminuer le nombre de médicaments différents avance à grands pas.
- Bon.
- Le plus difficile évidemment est de faire confiance à mes collaborateurs, la plupart étant d'anciens collaborateurs, d'avant mon exil à New York.
Je hochai la tête.
- Au pire, Trafalgar se fera un plaisir de tout foutre en l'air une fois de plus !
- …
- Trafalgar ?
- Tout se déroule bien. Mon entretien avec le président chinois a été un désastre…
- Fallait pas lui dire que c'était un foutu hypocrite et lui demander aussi explicitement la destruction des murs entourant le Tibet… mais j'avoue que j'aurais dit la même chose.
- Néanmoins sur les autres plans, en moins de six mois, j'ai réussi à améliorer la qualité de vie des Pokémon.
- Cette idée d'agrandir les centres Pokémon et de les rendre accessibles à tous, c'était du génie. Surtout le coup de les avoir transformés en hôpitaux universitaires. Bien joué.
- Merci…
- La réunion est close, retournez à votre travail, je n'ai rien de précis à vous redire !
Les chefs de cabinet se levèrent. Pablo vint me voir et sollicita un entretien en privé.
***
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Si tu pensais que ça passerait inaperçu de mes yeux de faucon-biche de velours !
- Pablo, je ne vois pas de quoi tu parles.
Pablo acquiesça.
- D'accord. Alors une cellule d'espionnage secrète est apparue dans la comptabilité sans qu'on y fasse attention. Pouf !
Je soupirai.
- Cela ne te regarde pas.
- Tu as déjà Seth pour espionner Justin !! Quel besoin as-tu d'avoir une cellule d'espionnage en rabe ?
- Cela. Ne te. Regarde. Pas.
- Roland, je veux des explications !
J'inspirai à grandes bouffées.
- Je veux garder un œil sur des gens, et ça ne te regarde absolument pas.
Pablo plissa les yeux.
- Ton ex-femme ?
- Non.
- Ton frère ?
- Non.
- Ta sœur ?
- Non.
- Tes parents ?
- Non.
- Tes amis ?
- Non plus.
- QUI ALORS ?
- Des gens, c'est tout ! Lâche-moi la grappe !!
- C'est suspect, Roland ! Très suspect !!
- Non, c'est rien du tout, c'est toi qui fous la merde !
- Je découvrirai le fin mot de l'histoire !
- Que dalle, super mère maquerelle ! Va te rabattre sur ce qui se passe entre Seth et Justin !
Pablo ricana et se dirigea vers la porte.
- A propos, tu n'es pas sans avoir remarqué que Dimitri et Arlène sortent ensemble ?!
- Dehors, Pabloooo… soupirai-je.
- Oh ta bouche hein, pouffiasse va !!
- Trouve-toi un mec ! grommelai-je.
***
J'allais dans le bureau d'Arlène, dans son cabinet, et fermais la porte. Elle souffla.
- Je me doutais que ce jour arriverait…
- Du calme. Je viens rompre.
- Il y avait quelque chose entre nous ?
- On s'est bien amusés mais je préfère que tout soit clair histoire que tu ne déçoives pas le petit.
Arlène hocha la tête.
- Tu as conscience qu'il a à peine vingt ans et qu'il sort d'un hôpital psychiatrique.
- Peu m'importe. Il me traite mieux que n'importe quel homme que j'ai rencontré dans ma vie. Il est tendre, doux et sincère. Et bien plus adulte qu'on pourrait le penser.
Je hochai la tête.
- Il a une grosse histoire, il a eu une vie pas facile du tout…
- Qui a eu une vie facile ? Tu crois que moi, fille de forains, j'ai eu une vie facile ? Tu crois qu'être dépucelée à douze ans c'est facile, Roland ?
Euh. Oups. Où est ce foutu trou de souris que je m'y…
- A voir ta tête, je me pense obligée de préciser que c'était par un garçon de mon âge.
- Oh grands dieux merci…
- Ce qui se passe entre moi et Dimitri ne regarde que nous.
- Ok, ok, ok. Je ne fais pas plus de commentaires, je voulais juste te dire que… J'approuvai et que je ne ferai pas de grandes tentatives pour te récupérer.
Arlène acquiesça.
- Tant mieux. Parce que ça crève les yeux que tu es encore amoureux de ton ex-femme.
Je me retournai vers l'impudente.
- … pardon ?!
- On sait pour la cellule d'espionnage. Tu gardes un œil sur elle, n'est-ce pas ?
Je grimaçai. Mon visage sembla passer sous un tunnel, puis je rouvris les yeux.
- Ce qui se passe entre toi et Dimitri, ça ne regarde que vous. Ce qui se passe entre Roland Smirnoff et Roland Smirnoff, ça ne regarde que Roland Smirnoff.
Ainsi je m'en fus, ne répondant pas directement à Jessica Rabbit. J'avais bien choisi mes roquets, mais ils étaient vraiment trop perspicaces. Voilà qui ne laissait présager rien de bon…
***
DEUXIEME ANNEE
***
Lodger – I love DeathRoland se levait, la tête pleine de choses. Il commença par vérifier ses messages.
« Urh… Heureusement que je l'ai choisie, cette vie de travaux forcés… »
Il vérifia un autre téléphone particulier.
« RASdjninvajdchiant. MRSC »
C'est à dire : "Rien à signaler, déjeuner avec des investisseurs aujourd'hui, chiant. Mes respects Roland, Seth Corrigan ».
Roland acquiesça. Il regarda ses appartements, spacieux, confortables, vides, solitaires. « Y m'manque un truc. Y'a trop d'écho… »
***
Jackson se réveilla. Il observa Giratina qui dormait en prenant la forme d'un ouroboros. Ses tentacules noirs étaient repliés autour de lui comme pour faire un sac de couchage.
- … fascinant…
Jackson vérifia les variables. Il prit un des café qu'il se faisait indéfiniment. Il regarda le dôme immense et vide. Il avait consacré les derniers mois à observer et à pratiquer les attaques de Giratina pour en analyser les effets.
« Je suis plus en phase avec cette bête qu'avec mes collègues… Je n'ai plus de vie sociale, mais je vis ma passion pleinement… Il n'y a rien dont je doive me plaindre, au final ! »
***
Dimitri se levait, tout somnoleux. Il trouva Arlène dans sa cuisine en train de préparer le café.
- Bien noir, toi, c'est ça ?
Dimitri acquiesça.
- T'es pas obligée de te lever à la même heure que moi…
- Tu plaisantes, j'ai enfin un créneau pour faire mes étirements !
Dimitri sourit.
- On veut rester souple…
- Il n'y a pas plus jeune que celle qui sait bien bouger !
Dimitri haussa les épaules.
- J'devrais me mettre au sport aussi.
- Pour quelqu'un avec une vie aussi simple et carrée, je trouve étonnant que tu n'en fasses pas…
Dimitri acquiesça.
- On devrait se marier.
- Bonjour le changement de conversation, déjà, le romantisme aussi, dans ton super caleçon gris, et enfin… ça fait à peine cinq mois !
Dimitri hocha la tête.
- Oui mais… Pour la première fois de ma vie, je me sens à ma place quelque part. Ni d'être de trop, ni de manquer ailleurs. Juste que je suis là où je devais être dès le départ.
Arlène acquiesça.
- Déclaration validée. Mais tu devras attendre, j'avais jusque-là renoncé à la seule idée de mariage…
Dimitri haussa les sourcils.
- Tu ne veux pas ?
- C'est pour les vieux, le mariage. Même les jeunes qui se marient acceptent l'idée d'avoir soixante ans dans leur tête. C'est atroce.
- D'accord. Alors on le fait pas. Mais tu t'installes ici.
- Mon logement est beaucoup plus confortable, tu vis comme un moine !
- Y'a plein de déco chez toi… et des fauteuils confortables…
Arlène embrassa Dimitri.
- Tu es le seul confort dont j'ai besoin.
- … tu vois maintenant c'est toi qui penses comme un moine ! sourit Dimitri.
***
Pablo se leva, entouré d'hommes qui étaient en fait ses majordomes.
- Mwaaaaaaah ! J'ai bien dormi !!
***
- Bon. Je proclame officiellement que cette séance a servi à quelque chose et que toutes les directives que j'ai décidées s'appliqueront même si vous n'êtes pas d'accord.
Le comité du syndicat des professeurs des écoles religieuses de Poképolis s'étonna. Mais y'avait pas de quoi. J'avais parlé, point.
- Sortez sans rien dire sinon je vous atomise !
***
Chantier d'une nouvelle école. Les travaux avançaient de manière constante grâce au plan de Pablo de déclarer tout le monde
- On rentrera dans les frais, n'hésitez pas à faire du zèle, vous serez payés plus ! sourit Pablo.
- C'est vous le patron !
Pablo hocha la tête. Il regarda un ouvrier qui lui faisait de l'œil et son sourire s'agrandit.
***
- C'est pourquoi je demande à vous, la représentation mondiale, de bien vouloir adopter ce traité international en faveur d'un traitement éthique des Pokémon et ce dans le monde. Merci.
Les Nations Unies applaudirent le discours d'Ulrich Trafalgar. Discours commenté et applaudi dans le monde entier.
***
- Madame Rhodes, comment peut-on représenter la culture et… porter une robe pareille ?
Ahanements dans la salle. Arlène se trouvait dans un des plus grands musées d'art Poképolite, le Centre Queulorium, dans lequel elle inaugurait une aile sur les arts du cirque.
Elle prit le micro du tac au tac.
- Monsieur, est-ce que nous sommes en Arabie Saoudite ?
- … n…non…
- Alors on va faire un marché. Je m'habille comme je veux et vous rasez cette horrible moustache. Question suivante, si possible posée par quelqu'un qui réfléchit avant de parler…
***
- Roland Smirnoff n'a rien à dire, toutes les réformes sont en cours et elles se déroulent bien alors je ne ferai que répondre à vos questions.
- Monsieur Corbin, pourquoi Roland Smirnoff met autant d'autorité dans ses réformes ? Est-ce par peur du débat et de la contradiction ?
Dimitri haussa les sourcils.
- Mais euh… On a débattu pendant des heures pour toutes ces réformes…
- Pas dans les médias, vous avez fait ça dans des commissions !
- … comme c'est de coutume !
- Le peuple attend des réponses !
- Vous avez demandé à tout le monde ? A chaque habitant de Poképolis, et tous les habitants de Poképolis sans exception vous ont dit qu'ils attendaient des réponses ?!
Presse étonnée. Le journaliste agita les mains.
- Vous voyez ce que je veux dire !
- Bah non, quand vous parlez ça fait du son, on ne peut pas voir du son, quand vous parlez je ne vois pas les mots qui sortent de votre bouche, on n'est pas dans une bande dessinée…
Rires dans la salle. Le lendemain, la presse saluait « L'incroyable capacité de l'équipe Smirnoff à répondre avec détente et humour aux questions les plus difficiles ».
***
- Tout avance à merveille. Cette seconde année sera moins tumultueuse que la première… Les établissements où ont été appliquées tes réformes les premiers fonctionnent à merveille. Les professeurs apprécient leurs nouvelles possibilités.
Je hochai la tête.
- Dis-moi quelque chose que je ne sais pas, Dimitri.
- Arlène veut qu'on se marie.
- Quelque chose que je ne sais pas et qui me concerne ! soupirai-je.
- Vous pensez que je devrais ?
- Dimitri, tu me fais ton rapport, là !
- Pardon, pardon… Au niveau administratif, on assiste à des problèmes récurrents…
- C'était prévisible…
- Parmi les solutions possibles…
- J'en ai déjà discuté avec Trafalgar.
Dimitri hocha la tête.
- Dimitri…
Le jeune homme resta dans la pièce. Roland se mordilla les lèvres.
- Tout va bien ?
- Oui…
- … Bon.
- Je sais qu'Arlène et vous avez eu une aventure, ça… ça ne me gêne pas, vous savez…
- Je sais que tu es assez cartésien pour ne pas en tenir compte et je t'en remercie. Tu as tous mes vœux.
Dimitri acquiesça et me regarda. Je haussai un sourcil.
- Oui ?
- … je sais pas, vous avez autre chose à me dire ?
- Nan.
- J'ai l'impression que si…
- Nan pas du tout.
- Au fait, vous étiez où hier ?! Pablo a reçu une note de frais pour l'achat d'un Elekid et une limousine pour aller jusqu'à un hôpital à Unys…
- Dehors, fiancé de pacotille indiscret.
- C'est le courrier, je le vérifie…
- De-hors.
Dimitri grimaça et sortit. Je soupirai, pas très à l'aise.
***
- La plus grande controverse de votre première année de mandat restera la reprise des expériences scientifiques, qui reste assez difficilement explicable même par vos plus fervents partisans…
Je me faisais interviewer par le plus grand journaliste Poképolite, le plus sérieux et le plus digne de confiance, Nestor Woodrow. Un gros bonhomme tout rond, tout mignon, tout brun, tout lisse. Impossible de trouver un pet de travers à ce pimpant quarantenaire.
- Je sais, je sais… Mais mon but dans cette histoire est d'encadrer un maximum ces expériences. Elles ont déjà beaucoup profité à la médecine – même si ça m'a obligé à restreindre l'accès aux études de médecine à des élèves motivés, à des vocations, plutôt qu'à des resquilleurs. Nous avons déjà contribué à amoindrir le coût global des médicaments sans répercuter sur leur qualité, nous sommes maintenant en passe de trouver de nouveaux traitements pour des maladies rares.
- Des voix se soulèvent contre ce projet, des voix écoutées, qui trouvent un écho dans l'opinion publique…
Soupir. Je devais soupirer selon Dimitri. C'était indispensable. Cela permettait de montrer que j'étais concerné.
- Je sais, je comprends… D'autant que ces expériences étaient utilisées par nos gouvernants pour asseoir leur pouvoir militaire, à l'exception de Voldemort, mais… Ces expériences sont de grandes opportunités pour nous. Ce n'est pas se substituer à la nature, c'est lui apporter un coup de pouce. Et j'ai moi-même fait subir ces expériences à mes Pokémon !
Emoi du public. Mais c'était indispensable. Je n'avais pas sourcillé. Woodrow sembla stupéfait.
- V… Vos Pokémon ?
- Mais oui. Et ils se portent très bien. Et je ne me suis jamais senti aussi proche d'eux.
- Mais tout de même…
- Sans cela, je n'aurais jamais gagné la zone de Combat. Je ne m'en suis jamais caché.
Nestor Woodrow semblait clairement indisposé, mais je m'en tenais à ma position. Qui ferait chanceler Roland Smirnoff n'était pas né, ou alors n'était pas un plébéien.
- M… Vous êtes en train de dire que votre position actuelle a été acquise…
- Monsieur Woodrow, ne sous-entendez surtout pas que les gens ont voté pour moi parce que j'ai vaincu ce type ?
- Cela a participé à votre légende !
- Oui mais c'est principalement mes capacités de dresseur qui ont fait tout le travail ! Lui aussi se servait des expériences du docteur Wound ! Je n'ai fait que jouer à armes égales. Ce qui importe en ce bas-monde, c'est le cerveau, pas le corps ou ce qu'il contient !
Nestor acquiesça.
- Certes… Donc vous soutenez ces expériences parce que vous, personnellement vous les avez utilisées.
- Oui, et surtout parce que je reconnais leur utilité et leur non-dangerosité.
- Elles permettent aux Pokémon d'attaquer des hommes !
- Nous y travaillons. Sachez déjà que le docteur Wound a travaillé à un suppresseur desdites expériences.
- Ah. Voilà une bonne chose. Vous allez, je suppose, rappeler les Pokémon qui en ont été victimes, ainsi que leurs dresseurs !
Hésitation de ma part. On n'avait pas anticipé cette question-là. Faut dire que Woodrow n'est pas un habitué des questions populistes.
- … Non. Je ne vois pas pourquoi.
- … mais enfin, ces expériences ont été faites contre le gré des Pokémon qui les ont subies !
- Je… sais, mais tous les Pokémon ne sont pas mécontents de cet état de fait !
- M… Monsieur Smirnoff tout de même !
- Je sais, c'est bizarre mais non, nous ne rappellerons pas les Pokémon concernés. Y'a prescription, on va dire !
***
Coulisses. Dimitri soupira.
- L'opinion a surtout retenu le fait que vous assumiez totalement ces expériences et fassiez encore la preuve de votre courage !
Je soufflai de soulagement. Pablo était là aussi.
- Bon, bah voilà, tu l'as échappée belle !
- Ouais…
- Par contre c'était bizarre cette hésitation sur le rappel.
Je haussai les épaules. Mais Dimitri avait envie de me faire chier.
- C'est à cause de votre frère ?
- Ta gueule, Dimitri.
- Explique donc ça à Tonton Pablo ! sourit la grande folasse bronzée.
- Le Corayon du frère de monsieur Smirnoff avait bénéficié de ces expériences de monsieur Wound, et du coup il avait été pourchassé par Astor Benz.
Je désignai Dimitri.
- D'où mon dégoût pour cette procédure de rappel !!
- Mmmmmouais !! grommela Pablo, incertain.
Nestor Woodrow vint nous voir.
- Monsieur Smirnoff, ce fut un honneur.
- De même, monsieur Woodrow, c'était un rêve de gosse de passer dans votre émission !
- Attendez une minute, Woodrow de mes deux, là ! C'étaient quoi, ces questions à deux balles, là !
Je plissai les yeux et regardai Dimitri.
- Il fout quoi, là, lui, déjà ?!
- Il… a rendez-vous avec vous pour discuter de rectifications sur l'année budgétaire à venir.
- Tu vouvoies Arlène aussi ?! C'est ce qu'elle aime chez toi ?
- Monsieur Smirnoff !!
- J'demande !
Pablo jouait du doigt devant le grand journaliste.
- De quel droit vous, la plus grande folasse refoulée du tout Janusia, vous vous permettez de poser des questions pareilles !! A mon boss ? Vous vous êtes crus où, dans un épisode de Colombo, à faire des interrogatoires corsés ?
- Premièrement, qui êtes-vous, secondement, pourquoi au juste me criez-vous dessus ?
- Ne me répondez pas par une question !
- Je n'ai pas à être condescendant avec qui que ce soit, monsieur…
- Montes, Pablo Montes !
- Par ailleurs ma vie privée ne vous regarde pas et je ne suis pas un « refoulé », très cher. Tout du moins je ne prends aucun plaisir à me pavaner comme vous le faites avec des lunettes affreuses et un legging moulant atroce.
- PARDON ? DIT CELUI QUI S'ENTOURE DE PETITS JEUNOTS DANS LES GARGOTTES LOUCHES !
- Mais de quel droit me parlez-vous sur un ton pareil ? Quelle espèce de Pokémon avons-nous donc élevé ensemble, monsieur ?
Je tirai Pablo par le bras.
- Laisse, laisse, tu t'engueuleras avec le plus grand journaliste du pays plus tard !
- ON N'EN A PAS FINI, WOODROW, ON SE REVERRA !
- Pour que je vous rabatte le caquet, ça, oui !
Dimitri nous suivit. Je rapprochai Pablo de moi.
- Mais qu'est-ce qui te prrrreeeennnnnds ?!!!
Pablita était fiévreuse, elle s'éventait avec son sac fourreau Louis Vuitton.
- Oh, Roland, je crois que je suis amoureuse !
Eh merde.
***
- Merde alors. Ils l'ont acceptée. Votre motion pour un traitement éthique mondial aux Nations Unies est passée !
- Je ne suis pas peu fier de mon coup. Vous aviez raison, la politique ça change du militantisme ! admit Trafalgar.
J'acquiesçai.
- En un an vous avez plus fait pour les Pokémon qu'en une vie !
- Certes… mais néanmoins je ne suis pas très à l'aise dans ces grandes institutions…
- Dit celui qui a fait un discours mémorable à l'ONU et qui est le plus populaire des membres de mon équipe… Vous devriez prendre ma suite en tant que président, tiens…
Trafalgar sembla hésitant, mais moi pas du tout.
- Ca me fait penser que je voulais faire modifier la charte des élections… Bref…
SMS. Trafalgar haussa les sourcils.
- Je vous en prie, ne vous gênez pas pour moi…
- Ne le prenez pas mal, Traffy, les affaires sont les aff… OH PUTAIN D'ENCULE !
Trafalgar haussa les sourcils. Je me levai en prenant mon manteau.
- Suivez-moi, je pense avoir besoin de vous !
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Jackson reçoit la visite de Justin Truce dans ses labos !
Ulrich me suivit sans discuter.
***
- Extrêmement intéressant…
Jackson était tendu comme un slip. Justin avait réussi à accéder au fameux dôme.
- J'étais certain que votre laboratoire ne pouvait pas être si petit alors qu'il est si grand de l'extérieur…
- C'est… une pièce secrète, en fait, cette partie est totalement inaccessible au public…
- Je comprends pourquoi…
Justin observa Giratina. J'arrivai juste à temps.
- Oh ! Justin ! Que faites-vous ici ?!
Justin Truce me repéra ainsi que Trafalgar. Il plissa les yeux.
- Monsieur Smirnoff, quelle délicieuse surprise.
- Quelque chose ne va pas ? Ces expériences ne vous conviennent pas ?
L'homme au Bulbizarre haussa les épaules.
- Je n'y vois aucun inconvénient. Mais après votre récente interview, j'ai eu envie de voir de quoi il en retournait exactement. Monsieur Ulrich Trafalgar, quel plaisir de vous rencontrer !
Ulrich maintint une position ferme face à l'homme. Justin s'avança pour lui serrer la main, tenant son Bulbizarre avec un seul bras.
Ulrich refusa. Jackson sentait la tension monter. Justin replaça ses bras en écharpe.
- C'est un honneur que d'avoir en face de moi un tel militant pour la cause des Pokémon. Et un tel endroit ne vous irrite point ?
Ulrich haussa les épaules, mais je sentais qu'il avait envie de piétiner cet orvet à pattes de Justin Truce. Le noble amateur de Bulbizarre hocha la tête.
- Le « Trouble Herculéen » se complait avec de telles… offenses au seul fait d'exister des Pokémon, c'est particulièrement… troublant ! Vous avez fermé la grotte inconnue pour empêcher les braconniers de s'y fournir, vous avez milité avec violence contre les laboratoires de Wound rattachés aux Gouvernement Pentwell, Stockwell, Veveldini et Duchessey, et vous voilà à soutenir celui que vous avez si longtemps combattu.
Ulrich inspira en regardant férocement l'homme. Même moi je n'osai pas moufter.
- Je n'ai aucun compte à vous rendre.
- Certes. Eh bien… Monsieur Smirnoff, j'espère que tout cela est aussi bien encadré que vous l'avez certifié !
Je hochai la tête, convaincu à cent pour cent. Justin hocha la tête et prit congé.
- Je suppose donc qu'il n'est pas nécessaire que je revienne…
Une fois Justin partit, Jackson put enfin s'asseoir, lessivé. Je soufflai, abasourdi par l'énormité totale de la situation.
Je sais que ça peut paraître étrange, de ma part, de craindre quelqu'un ainsi. Mais ce mec est juste étouffant. C'est comme dans votre entourage, quand vous avez une personne devant laquelle vous ne pouvez pas parler comme vous voulez, soit parce qu'elle est trop sensible, soit parce qu'elle n'est pas dans votre trip. Sauf que là, c'est pire. Ce mec est gluant. Il s'accroche. Il doit forcément sentir notre hostilité mais c'est comme s'il prenait un malin plaisir à la provoquer, à s'en repaître.
- Tout va bien, Jackson ?
- Ou… Oui, désolé, il a vu Giratina…
- Raison de plus pour que tu développes tes expériences. On en rediscutera toi et moi. Ulrich, vous êtes taré !
- Je crois vous avoir déjà dit que je n'avais aucun atome crochu avec ce genre de personnage.
- De là à… à….
- Ne me dites pas que vous avez peur de lui ?!
Je serrai les dents. Trafalgar soupira.
- Un homme de votre stature, craindre une telle fiente…
- J… Je sais pas, y'a quelque chose chez lui qui me…
- Qui vous ? Vous avez affronté les pires combattants que cette terre ait porté et vous me balancez là que vous avez peur de ce prétentieux manipulateur ?
Je grimaçai. La honte quoi. J'me faisais gronder par Trafalgar. Lequel souffla.
- Vous me décevez.
- Je vous déçois ? C'est VOUS qui m'avez demandé de m'en méfier !
- Oui, mais au lieu de garder l'ascendant sur lui, vous vous contentez de lui parler comme si c'était un Chef d'Etat qui avait la bombe atomique !
- C'est peut-être le cas…
Trafalgar me regarda, mortifié. Jackson observait tout ça en témoin involontaire.
- Il a peut-être… un secret qui nous dépasse tous, j'ai vraiment un très mauvais pressentiment à son sujet.
- Vous plaisantez ! Vous avez affronté Julius Kent ! Six Pokémon légendaires gonflés aux dopants !
- Ce ne sont pas des dopants ! soufflai-je en compagnie de Jackson.
Trafalgar souffla et partit, venteux.
- Voyez, c'est là que je retrouve les avantages de la vie de militant : A l'époque, au moins, je pouvais réagir comme je le souhaitai ! Si cela n'avait tenu qu'à moi, j'aurais écrasé ce moucheron ici-même !
Trafalgar partit. Je me frictionnai le visage. Jackson m'approcha.
- Roland, il faut qu'on parle…
- Ca va, je l'ai engagé pour ça, pour qu'il me remette à ma place, c'est une des rares personnes à pouvoir le faire…
- N… Non… Enfin, ça ne te paraît pas étrange qu'il soit venu précisément voir ça ?
- Bah il a vu mon interview, il aura voulu voir de quoi il en retournait…
- Roland, il savait forcément que tu faisais des expériences sur des Pokémon, c'est su depuis le départ. Un type consciencieux comme lui, il a forcément lu tout ton programme !
Je hochai la tête.
- Il ciblerait Gigi ?!
- Je te tiens au courant minute par minute de mes avancées, toi, tu devrais t'entretenir avec Seth. Ou Pablo du moins.
J'acquiesçai.
- Cool. Toi et Trafalgar, ça va, vous vous entendez ?!
Jackson serra les dents.
- Ca fait un an et trois mois qu'on bosse ensemble et on ne s'est pas parlés, c'est pas faute d'avoir essayé…
Je hochai la tête.
- Mouais, ça se comprend. Cherche pas, si ça colle pas, ça colle pas…
Jackson acquiesça.
***
L'homme entra dans le restaurant, pas très rassuré. Il trouva la table qui l'intéressait et s'y assit.
- Hey…
Pablo sourit à Seth qui venait de s'asseoir.
- Cela faisait longtemps, Seth…
- Oui… j'ai été très pris ces derniers temps…
- Moi aussi, ne t'en fais pas.
Pablo s'était vêtu de façon conventionnelle pour ne pas attirer l'attention. Seth souriait de façon embarrassée.
- Je… je sais pourquoi tu m'as convoqué…
- C'est compréhensible que tu n'aies pas pu nous le dire…
- Détrompe-toi, Pablo, c'était… un choix prémédité.
Pablo plissa les yeux. Seth soupira.
- Si je l'en aurai empêché, si je vous avais prévenu… Il se serait douté de quelque chose. Je travaille à assainir vos relations. Cela ne doit pas finir en guéguerre.
Pablo sourit.
- Vous devenez de plus en plus intéressant, monsieur Corrigan.
- Merci, Pacha, je vous le dois bien !
On leur apporta leurs lasagnes habituelles.
- Alors ça y est, tu te lances dans la stratégie active…
Seth acquiesça.
- J'ai… des intérêts dans cette histoire, à présent…
Pablo acquiesça.
- Hm.
- Tu n'as rien dit à Roland, hein ?
- Non, je n'ai rien dit. Ce n'est pas la première fois que je lui fais des secrets en même temps… sourit Pablo.
Seth hocha la tête.
- Hm.
- Donc, raconte-moi tout. Pourquoi Justin Truce a payé une visite au labo ?
Seth inspira.
- Il a surveillé les échanges entre Roland et la Zone de Combat.
- Le fumier. Comment a-t-il fait ?!
- Loretta Gold.
Pablo haussa les sourcils.
- C'est…
- Une riche mécène un peu fofolle. Qui a des intérêts financiers dans Direction Dresseurs. Et dans la Zone de Combat.
- La pupute ! grommela Pablo.
- De fait, il sait ce qu'elle sait, vu qu'elle est tenue informée de l'ensemble des dispositions du conseil administratif.
- Evidemment…
- Et elle sait que Julius Kent a été dépossédé de ses Pokémon légendaires.
Pablo serra les dents.
- Smirnoff a gardé pour lui Terrakium, Giratina et Genesect. Il a relâché Artikodin, Cresselia et Groudon. Et Justin a des intérêts pour Giratina.
Pablo acquiesça.
- Lesquels ?
Seth se mordilla les lèvres.
- Giratina peut traverser les dimensions…
- Hm…
- … et... la mère de Justin…
Pablo plissa les yeux.
- Quoi ? La mère de Justin est une dimension et il veut la traverser ?
- Elle a disparu.
Pablo haussa les sourcils.
- Son père et sa mère se sont séparés. Et… Justin ne sait pas où elle est depuis ça. Il a entendu dire qu'elle avait eu une aventure avec Astor Benz.
Pablo haussa les sourcils.
- Du coup il pense qu'elle est allée au même endroit que lui après sa mort.
Pablo se mordilla les lèvres.
- Mais… Il a des preuves de ça ?
- Apparemment oui…
- S'il se base sur des on-dit, il n'a pas de preuve !
- Une lettre.
Pablo pencha la tête. Seth soupira.
- Elle lui a laissé une lettre d'adieu. Je l'ai lue.
- Tu as fouillé ses affaires ?
- Il me l'a fait lire.
Pablo hocha la tête.
- Ah oui vous êtes vraiment très proches…
- Pablo…
- Pardon, pardon…
- A la fin, elle signe : « On se reverra dans un autre monde, mon fils, un monde qui n'appartiendra qu'à nous cette fois ».
Pablo agita la main.
- Bah elle veut parler de la mort, nan ?
- Difficile à dire. Justin croit dur comme fer à une autre dimension.
Pablo soupira.
- Est-ce qu'au moins il est sûr qu'elle a eu cette aventure avec Benz ?!
- Euh… pas vraiment…
Pablo acquiesça.
- Bon. Je me charge de savoir ça…
***
Dimitri secoua la tête.
- Nan. C'était pas ça.
Pablo plissa les yeux alors qu'Arlène mangeait des nouilles chinoises à la même table.
- Vous êtes répugnants. Tous les deux.
- Sale hétérophobe ! souffla Arlène entre deux nouilles.
- C'était quoi alors, Corbeille ?
Dimitri soupira.
- Il y a bien eu des contacts entre eux mais pas de l'ordre soupçonné par monsieur Corrigan.
- Tu peux l'appeler Seth. Vous avez presque le même âge !
- Hm. Nan. Et tu peux m'appeler Dimitri, on est collègues.
Arlène sourit. Dimitri fouilla sa liasse de papiers.
- Là. La mère de Justin Truce avait bel et bien des contacts avec Astor Benz mais ils étaient tout sauf romantiques…
Pablo plissa les yeux puis prit le papier. Il retira ses lunettes noires.
- Je vois… C'est plus clair…
- Et ça explique tout. Mais le crime exact n'est pas connu.
Arlène haussa les sourcils.
- Elle a été arrêtée par Astor Benz ? Mais qu'est-ce qu'elle a bien pu faire ? Enfin je veux dire, il faut quand même y aller pour être poursuivi par un agent du Gouvernement…
Pablo se mordilla les lèvres.
- J'ai ma petite idée là-dessus…
- Ah ?
- Ah bon ?! s'étonna Dimitri.
Pablo inspira.
- Faut pas s'occuper de ça maintenant. On le garde de côté. On en sait assez, si on fouille trop et si on en informe Roland, ça pourrait aggraver plus encore les rapports avec Truce. Ce n'est assurément pas ce qu'il nous faut actuellement.
Arlène et Dimitri acquiescèrent. Pablo hocha la tête.
- Bien. Merci Dimitri, merci Arlène.
Pablo prit congé. Arlène avala une bouchée.
- Il va faire son enquête de son côté.
- C'est ce que je pense aussi… admit Dimitri.
- Vaut mieux ne pas s'en occuper.
- Non, en effet, il a raison. Je pense que Pablo est la personne de nous tous dont Justin se méfie le moins… Du coup si c'est lui qui enquête là-dessus…
Arlène acquiesça.
- Hm. On est certains d'avoir les meilleurs résultats possibles.
***
- J'ai besoin de vous et des informations éventuelles que vous pourriez me fournir !
Nestor Woodrow regarda Pablo.
- Je vois. Quand vous avez besoin de moi je ne suis plus une folle refoulée.
- Faut que je vous supplie ?!
- Probablement… Vous vous rappelez que je suis journaliste quand même ? Si j'apprends quelque chose de profondément scandaleux, je serais obligé de sortir la nouvelle.
- Hors de question. Tout passera par moi concernant cette affaire. Je vous paierai ce qu'il faudra !
Nestor soupira.
- Inutile de me payer. Invitez-moi seulement à dîner.
Pablo s'étonna.
- Oh. Vraiment ?
- Hm. Je ne suis pas une prostituée, vous n'êtes pas obligé de me payer en liquide pour mes services.
Pablo sourit alors que Nestor repartait.
***
Le déroulement de mes réformes avançait à merveille en cette deuxième année, et mon planning s'était nettement allégé puisque cela ne consistait plus qu'en un travail de maintenance et d'aménagement. En Juin, le bilan était déjà très positif.
- Côté profs, les opinions sont très favorables. Côté administration, tout se passe bien malgré un travail d'adaptation.
J'agitai la tête, compréhensif. Dimitri continua son rapport.
- Le taux de satisfaction chez les élèves est le plus surprenant.
- … ah, c'est déjà fini cette enquête-là ?!
- Il s'élève à 65% ce qui est trois fois supérieur à l'ancien système.
Je haussai un sourcil ravi.
- Génial !
- Les écoles ont adopté les méthodes budgétaires préconisées par Pablo. Leur financement est assuré par les fonds de la zone de combat mais bientôt elles devraient s'autogérer sans problème quand tu appliqueras le même principe ici.
- J'espère que ce sera adopté…
- Déjà ta réforme pour autoriser les combats entre élèves a été très appréciée malgré les réticences de départ. Cela a bien diminué la violence physique entre élèves, les conflits se règlent plus facilement…
- Comment ça se passe avec cette « procédure », là…
Dimitri serra les dents.
- On a… des cas assez crispants… Par exemple une élève de Bonville, à Sinnoh, a été harcelée par son professeur… qui a eu gain de cause, et c'est elle qui a été exclue malgré les preuves qu'elle avait.
Je plissai les yeux.
- Quoi ?!
- Oui et… un autre cas à Oliville, un élève qui avait reçu une gifle de son professeur de mathématiques… a été exclu sous prétexte qu'il l'avait provoqué et donc que c'était sa faute si le professeur avait dû faire preuve de discipline.
Je grimaçai.
- J'ai le droit de trouver ça ultra méga giga con ?!
- Dans quasiment tous les cas, le professeur s'en sort, il est mieux protégé que l'élève…
- Cette procédure est débile… Comment je peux y remédier ?!
- Arlène m'a proposé une idée…
- Avant ou après que vous ayez copulé sur la table du salon ?
- On n'a pas de salon dans les logements de fonction… marmonna simplement Dimitri.
Je soupirai.
- Tu m'énerves quand t'es comme ça…
- Arlène aime bien.
- Mouais. C'est quoi son idée à Madame Gruss ?
- Elle propose de faire faire aux proviseurs et au personnel informatique des formations juridiques qui leur permettrait d'avoir des notions de droit commun et donc de trancher équitablement ces décisions en usant non pas du droit interne du système scolaire mais du droit global.
J'acquiesçai.
- Hm. J'aurai d'autant plus pu avoir cette idée moi-même que j'ai déjà aidé à trancher une décision horrible concernant un prof et un élève…
Dimitri pencha la tête en grimaçant.
- Quand ça ?!
- Un vieux truc avec une gamine qui pensait qu'une claque équivalait à un viol. Bref… Tu prends ta veste, on va quelque part ?
Dimitri haussa les sourcils. Je souris.
- Tu pensais pas que je t'avais convoqué seul comme ça pour faire joli !
***
Dimitri semblait malheureux comme une pierre. Et oui, je sais, j'étais profondément salaud de faire ça, mais je pensais que d'un certain côté, ce serait un gentil cadeau à lui faire.
- Mademoiselle Amy Jade Nixon, voulez-vous prendre monsieur Yann Winchester—Finsbury-Maloney pour légitime époux ?
Amy regarda Yann, blasée.
- Je suppose que oui, on va devoir rembourser le prêt qu'il a fait pour payer ce foutu mariage !
- C'est TOI qui voulais te marier !
- Oui mais il fallait faire quelque chose de simple !! Et puis si tu tenais tant que ça à m'offrir un mariage, tu aurais pu attendre qu'on soit friqués !
- Dans quoi, vingt-mille ans ?!
- Hmph. Oui, j'veux bien l'épouser !
- … par…fait…
Au loin, j'étais avec Dimitri, derrière des buissons.
- … c'est mon meilleur ami et je peux même pas aller à son mariage…
- Je sais. Désolé pour ça.
- … je peux même pas lui dire que je vais me marier…
- Une fois de plus, désolé pour ça.
- … Plus grave encore, comment vous saviez pour ça ?!
Je haussai les épaules mais Dimitri décida d'être intelligent.
- Vous les espionnez ?!
- Je parlerai plutôt de surveillance.
- … Pourquoi ?!
Je soupirai.
- Traffy a sa fille. Jackson a Giratina. Tu as Arlène. Pablo baise comme un Nidoking. Et moi, bah…
Je soupirai.
- … faut bien que j'me distraie un peu.
- … En observant votre famille ?!
- J'fais pas que ça.
Dimitri me regarda en me jugeant beaucoup. Pas cool.
- Mais enfin…
- Regarde !
Dimitri se tourna vers le mariage. Amy et Yann s'embrassaient sous les applaudissements. Dimitri plissa les yeux.
- C'est de la torture.
- Hm. Mais si tu ne l'avais pas vu, tu m'en aurais voulu.
- … Pourquoi vous les espionnez ? Ils vous manquent ?
- Non, je te l'ai dit, c'est comme une sitcom pour moi ! Charlie et Léopold ont adopté deux enfants et ça se passe bien, Kate et Bernice font ce qu'il faut pour avoir un enfant de leur côté aussi, Malcolm et Claire veulent avoir un autre enfant mais ils s'inquiètent pour l'éducation des autres, Rachel…
Dimitri resta silencieux et immobile. Je soufflai.
- C'est juste comme ça, pour pas perdre le cap.
- Quand on garde un œil sur une rivière, c'est généralement qu'on envisage de se remettre dans le bain un jour ou l'autre.
Je soufflai.
- Tu peux pas comprendre. Personne peut comprendre.
- Vous les aimez toujours… Ca date de quand ?!
Je baissai la tête, embêté.
- C'est la faute à ces deux petits cons…
Dimitri pencha la tête sur le côté.
- Deux petits cons ?!
- Viens. On rentre. Faut pas qu'on nous voie ici.
Je partais, Dimitri à ma suite. Le jeune homme semblait inquiet pour moi. Je décidai de ne plus rien dire.
***
Jackson arriva dans la cantine de l'association, mais Trafalgar s'y trouvait déjà.
Le scientifique trentenaire regarda le militant légendaire d'une cinquantaine d'années. Après une légère hésitation, Jackson se décida à entrer dans la pièce. Il fit cuire son dîner.
- Vous devez vous demander ce que je fais hors du laboratoire…
Jackson parlait à tout hasard, des fois que Trafalgar lui répondrait. Mais le scientifique était déjà timide, c'était encore plus difficile face à quelqu'un qui ne lui parlait pas.
- … eh bien, j'ai décidé de laisser Giratina se reposer, ça fait presque un an que je fais des expériences sur lui, non-stop…
Trafalgar ferma lourdement les yeux.
- … je me suis dit, autant le laisser respirer un peu… même si le dôme où je le retiens n'est pas assez large… Au moins je ne l'embête pas toutes les cinq minutes… Même si je vous avoue que ça me fascine de plonger au cœur des possibilités de ce Pokémon !
Le micro-ondes sonna. Jackson sortit le plat et alla se placer face à Trafalgar qui se déplaça dans un geste épidermique. Jackson grimaça et se contenta de manger sans chercher plus encore à communiquer.
***
- Je tenais donc à vous faire part des résultats de mon… de notre enquête.
Nous étions quatre dans la salle. Moi, Seth et Nestor Woodrow. Ainsi que Pablo. Nestor tira une taffe de son cigare.
- Je dois dire, monsieur Smirnoff, que votre collaborateur a tiré son épingle du jeu...
- Entre autres ! sourit Pablo.
Nestor grimaça. Je soupirai.
- Pablo, c'est quoi ce bordel ?! C'est pour ça que tu avais calculé tous tes budgets à l'avance ?!
- Oui. Je me suis avancé dans mon vrai travail afin de mener une enquête parallèle de six mois !
- Bah voyons. En six mois tu as fait des découvertes cruciales.
- Oui, et je ne dois les révéler qu'à un nombre restreint de personnes.
Je haussai les épaules. Seth semblait anxieux.
- Rien de grave, hein, Pablo ?
Pablo inspira et ouvrit sa liasse de papiers.
- Donc. Justin Truce est évidemment né dans une famille noble. Il est le fils de Ménard Truce et d'une certaine Anya Edelson.
Haussement de sourcil de ma part.
- J'ai entendu ce nom de famille quelque part…
- C'est une famille importante, presque noble apparemment.
Je m'évanouis à moitié.
- Han non pas encore des histoires de noblesse…
- La famille Edelson est liée intimement à une autre famille, la famille Carlson.
- … oui… et ?
- Eh bien l'un de ses membres a notamment occupé un poste au gouvernement de Kanto. Dans votre espèce de parlement, là…
- L'ancien aîné de… Kanto ?!
- Oui ! Verne Carlson. Aussi connu sous le nom d'Ushi-Oni.
J'acquiesçai.
- Hm…
- De ce que nous avons observé, les familles Carlson et Edelson étaient une seule et même, jusqu'à une scission sur un différend religieux. Les Carlson étaient athées, les Edelson sont pieux.
- Donc chiants.
- Pas tant que ça. Anya s'éprend de Ménard lors d'une partie de campagne qui réunissait plusieurs familles du comté de… Safrania ! Leur relation est passionnée, et ils ont vite un enfant qu'ils nomment Justinien.
J'éclatai de rire.
- JUSTINIEN, NAN MAIS JE REVE !
- C'est un prénom antique ! Ils l'auront « actualisé » en Justin plus tard.
- Roland… grommela Seth.
- Pardon, pardon… continue.
Pablo inspira.
- La relation est découverte par Verne. Qui n'en a cure. Ma première piste c'était qu'il avait souhaité que monsieur Astor Benz, agent de l'époque, ne venge l'honneur de sa famille, mais il m'a suffi de l'appeler pour constater qu'il n'avait aucun contact quelconque avec les Edelson. J'ai juste eu à citer le nom pour qu'il me dise clairement qu'il ne savait rien.
Je devais avoir l'air particulièrement gonflé parce que Pablo s'est hâté.
- J'ai vite quitté la piste familiale pour m'attarder sur un éventuel acte délictueux de la part d'Anya Edelson…
- Hmmmm…
- Et là j'ai découvert quelque chose d'ENORME.
Haussement de sourcil de ma part. Seth plissa les yeux. Nestor sourit.
- Il y avait dans votre pays une personne extrêmement importante mais extrêmement controversée en même temps.
Je plissai les yeux.
- Lâche le nom…
- Johannsen Suzuki.
Je frissonnai.
- Ouais… J'vois qui c'est.
- Attendez de connaître la suite… marmonna Nestor.
Pablo acquiesça.
- Ouais. Parce qu'elle a une grande responsabilité dans sa mort ! Elle a été son infirmière. Suzuki ne savait pas qu'elle était l'épouse de Truce, elle avait gardé son nom de jeune fille, il lui faisait une totale confiance. Mais apparemment influencée par son mari, elle décida de le rendre malade en l'empoisonnant avec un savant mélange de mercure, de polonium et de tas d'autres trucs chiants que tu ne veux pas connaître.
- Abrèèèèège… Ce que tu me dis en ce moment est inutile !
- Roland, ton incapacité à t'intéresser aux choses frivoles de ce monde te perdra !! grommela Pablo.
- Ou alors ça te perdra quand je vais te tuer !
- Ok, ok…
Pablo inspira.
- Astor l'a découvert quand il s'est intéressé aux données que l'aîné de Sinnoh avait récupéré dans les bureaux du secrétaire de Hoenn.
Je hochai la tête.
- Alors il s'est vengé…
- Pas exactement.
Je grimaçai.
- Pablooooo…
- Il l'a retrouvée mais je n'ai aucune information sur le pourquoi du comment. Toujours est-il que la mère de Truce a disparu dans cette période, et qu'Astor Benz est injoignable actuellement.
- Pourquoi ?!
- J'ai tout essayé ! Je suis même passé par l'ancienne secrétaire de Kanto qui m'a expliqué que quand bien même elle aurait encore ses prérogatives gouvernementales, elle ne pourrait pas m'aider à le joindre.
Je plissai les sourcils.
- Ma parole, tu as été sérieux !!
- Oui…
- Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?!
Pablo serra les dents. Nestor souffla.
- Disons que cette fois-ci, il avait une motivation…
Je tirai la langue.
- Crade !!
- On s'en tape ! souffla Pablo. L'important c'est qu'on sait que Truce en est au même point que moi. Il sait que la disparition de sa mère est liée à Astor Benz. Le seul point qui m'apparaît obscur c'est… Pourquoi Benz aurait puni Anya plutôt que Ménard ? Alors que Ménard semble clairement avoir poussé Anya…
Seth grimaça.
- Pas d'hypothèses inutiles…
- Seth a raison, tenons-nous en aux faits… admis-je.
- Hm. Vous extrapolez trop, Montes.
Pablo acquiesça, fiévreux.
- Mais ça laisse place à des tas de pistes…
- Tu es dessaisi du dossier, Pablo. Tu as très bien travaillé, mais…
- J… Je…
- … je ne veux pas que tu sois impliqué plus encore là-dedans. Compris ?
Pablo grimaça.
- … je voulais juste me rendre utile…
- Pablo, sans toi rien de tout ça n'aurait été possible ! Tu n'as aucune reconnaissance à gagner, tu as déjà toute ma reconnaissance ! Tu n'as rien à me prouver !
Pablo baissa la tête. Je soufflai.
- T'étais plus marrant quand tu décrivais l'état de ton anus après une orgie romaine !
Pablo hocha la tête.
- Hm. C'est tout ce que je suis, une blague. Jusqu'à ce que tu me donnes le premier travail sérieux de mon existence. Je ne m'étais jamais senti aussi utile, et en même temps aussi… ennuyeux ! Je voulais au moins te prouver que j'étais toujours un esprit capable ! Mes calculs ne t'impressionnent plus du tout !
Je fis une tête de cent pieds de long.
- Attends, tu es en pétard parce que je ne suis plus impressionné par ta grosse hypoténuse ?
- Bah…
- Parce que je n'aime plus tes histoires de règle de trois, de quatre ou de dix ?! Parce que ton théorème de Pythagore ne me fais plus d'effet ?!
Seth et Nestor sourirent. Pablo agita la tête. Je souris.
- Allez, rassure-toi. Mon opinion de toi n'a jamais varié. Tu es un gros dégueulasse de matheux et je te respecte pour ça !
Pablo grimaça alors que Seth ricanait franchement. Nestor agita la tête.
- Oui, cela vous résume bien, Montes… admit le journaliste.
- Merci pour tout, Pablo. Mais éloigne-toi de ça, ça sent trop le fromage. Sérieusement.
Pablo acquiesça rapidement, pas très certain.
***
TROISIEME ANNEE
***
La troisième année fut celle de l'accomplissement concret des réformes. Tout se passa à merveille. Un peu trop même.
- Ce qui m'étonne c'est le manque de retours négatifs…
Pablo, Jackson, Arlène et Trafalgar observaient Dimitri, tout comme moi. La table était recouverte de victuailles diverses. Nos réunions ressemblaient à des repas de gala improvisés à la dernière minute. Trafalgar avait une espèce de faible bizarre pour le poulet préparé à l'asiatique, le tout servi avec du thé super odorant dans une théière noire dont il se servait des tasses entières. Dimitri s'était découvert une passion maladive pour les spéculos. Arlène gobait des tomates cerise, et je ne POUVAIS pas comprendre que quelqu'un puisse aimer les tomates autrement qu'en bouillie avec des spaghettis. Pablo s'en tenait à un régime diététique à base de Doritos au fromage et ce truc était tellement gras que la table devenait transparente à cause de la graisse de ses doigts. Jackson avait une prédilection marquée pour la crème de marrons. Quant à moi je me contentai en toute sobriété d'une plâtrée d'œufs mayonnaise que je me préparais avant les réunions – il faut dire que j'avais du temps pour moi et peu de compassion pour mon foie.
Autant dire que le menu était aussi varié que raffiné.
Je haussai les épaules.
- Bah quoi ?
- Bah… c'est suspect. On a vraiment très peu de contradicteurs et en réalité sur des détails. Quand je fouille un peu plus profondément, je m'aperçois qu'une contestation existe mais qu'elle est silencieuse.
Je regardai Dimitri en soupirant, légèrement las.
- Et alors ?!
- Bah c'est pas normal. Les gens devraient commenter grassement ce que tu fais et au lieu de ça ils… semblent l'accepter en toute résignation. C'est pas faute que j'aie la main sur toute la communication… Il y a aussi un détail qui m'échappe… Arlène ?
Arlène acquiesça.
- J'ai eu vent sur un réseau social, par une source personnelle, qu'une manifestation pour contester tes méthodes était prévue.
Je hochai la tête et leva deux doigts avec une seule main.
- Deux questions : Quelle manif et contester quelles méthodes ?
- Elle était prévue il y a un mois.
- J'en ai pas entendu parler… marmonnai-je.
- Moi non plus en fait ! admit Dimitri.
Pablo, Jackson et Trafalgar semblaient interloqués.
- C'était à propos du fait que tu aies dénoncé le… voyage itinérant comme un service militaire et de tes méthodes pour imposer tes réformes. Elle était censée rassembler entre autres un comité d'anciens combattants, des militants traditionnalistes et des conservateurs aguerris qui tenaient à faire un sit-in sur le parvis de l'association Pokémon.
Je hochai la tête.
- En effet c'est le genre de réaction auquel je pouvais m'attendre de leur part.
- Cette manifestation a été… soit réprimée soit tuée dans l'œuf, sans qu'aucun d'entre nous ici n'ait eu à bouger le petit doigt.
Je fis de gros yeux.
- QUOI ???
- On a été étonnés aussi… admit Arlène.
- J'ai cherché à en savoir plus mais la police n'a reçu aucun ordre de ta part apparemment... ni de la part d'aucun bureau. Au départ j'ai soupçonné monsieur Trafalgar d'être une taupe… marmonna Dimitri.
- J'ai adoré cette visite de votre part à deux heures du matin… admit l'ancien militant.
- Quand j'ai une idée en tête faut que je vérifie tout de suite. Il s'est avéré que non et surtout qu'il avait de très bons goûts en matière d'infusions...
- Si j'avais pu soupçonner que vous aimiez autant la verveine…
- Je ne le savais pas moi-même… souffla Dimitri.
- Depuis, il ne boit plus que ça… soupira Arlène.
Je sifflai.
- C'est TELLEMENT intéressant ! Continuez, je vous en PRIE !
Pablo éclata de rire.
- Ca joue à la dinette pendant que les autres bossent, hein ?
- Au final, on ne sait pas. Le groupe Facebook a été supprimé. A la tête de la manif, il y avait ce militant qui se fait appeler « Holon-Espion ».
Je plissai les yeux.
- Du nom de ce territoire secret des mers de Hoenn…
- Hm, mais ça n'a aucune importance ici. « Holon-Espion » a disparu sans laisser de trace.
- Il est mort ?! m'étonnai-je.
- C'est ce qu'on pensait avec Arlène. Mais en fait elle a émis une hypothèse intéressante que je voudrais que tu entendes.
Arlène acquiesça.
- Je m'appelle Justin Truce.
Je plissai les yeux.
- Je veux me faire bien voir de Roland Smirnoff. Que faire ? Tiens, si je devenais une fausse personnalité du Net qui attirait dans ses filets les militants afin de mieux les faire taire ensuite ?
J'écarquillai les yeux.
- Ce serait tellement tordu…
- Mais pas impossible. J'ai essayé de m'adresser à quelques militants, mais ils n'ont pas voulu me parler. Ils avaient peur. Pire : Je n'ai pas pu tous les joindre, soit parce que mes appels étaient filtrés, soit parce que personne ne répondait au téléphone même après toutes les sonneries. Ce qui a plus ou moins confirmé l'hypothèse d'Arlène, sauf pour l'intervention de Truce, mais lui seul a la puissance et la marge de manœuvre nécessaire à une telle entreprise. Et la volonté.
Pablo grimaça.
- Je vois… Truce essaie de saboter ta régence…
- C'est pire que ça… Il essaie de s'accaparer la régence. Il agit en notre nom en sachant très bien qu'on ne pourra pas le contrer car il nous a trop aidés par le passé. Et si jamais on tente de le contrecarrer, il saura comment nous faire chuter… marmonna Dimitri.
Jackson souffla.
- Et surtout, il en profitera pour s'emparer de Giratina…
- Tu as renforcé la sécurité de ton labo ? demandai-je.
Jackson acquiesça et tendit une Pokéball.
- Voici Giratina. Mes données sont chez Pablo parce qu'on suggère – peut-être à tort – que Truce ne voit en lui qu'un vague sous-fifre clownesque.
Je hochai la tête.
- Ok. D'abord vous allez tous arrêter de chier dans votre froc à cause de Justin Truce.
- Vous le premier.
Je regardai Trafalgar.
- On ne va pas de nouveau avoir une discussion à ce sujet !
- Vous avez voulu cette autorité mais vous n'en usez que pour mener votre politique au lieu de vous charger de cet insecte.
- Insecte, insecte…
- Vous pourriez le remettre à sa place !
- J… Je ne veux pas créer d'incident ! Seth est sur le coup, y'a pas de problème !
Trafalgar leva les yeux au ciel.
- Votre acolyte s'est visiblement amouraché de Justin Truce ! Je doute qu'il soit de quelque fiabilité que ce soit !
- Seth est fiable ! grommela Pablo.
- Vraiment ?! S'il est si fiable que ça, pourquoi n'a-t-il rien dit au sujet de ces répressions ?
- C'est seulement mon hypothèse… rappela Arlène.
- Mais c'est la seule probabilité que nous ayons également ! Si votre Seth n'est pas fichu de nous prévenir de faits que nous sommes obligés de déduire, à quoi donc sert-il ?
Pablo grimaça alors que les autres semblaient nettement d'accord avec Trafalgar, Arlène comprise. Je réfléchissais.
- Quelque chose ne colle pas…
Mes cinq alliés me regardèrent.
- L'objectif de Justin Truce n'est pas clair. Il veut me faire passer pour un politicien brutal et répressif, mais dans quel but ? D'après Pablo, Justin est à la recherche de sa mère par le biais des dimensions parallèles que Jackson étudie. Pourquoi s'en prendre à mon mandat de président ?! Les deux n'ont aucun lien !
Pablo hocha la tête.
- Si. La politique, le pouvoir, les possibilités que ça implique.
- Il veut prendre ma place ? Mais s'il prend ma place, je pars, et si je pars, vous partez avec moi. Je sais pas ce qu'on fera, mais on le fera. J'ai toujours rêvé de monter une baraque à frites !
Dimitri, Arlène, Trafalgar, Jackson et Pablo me regardèrent, atterrés. Je soufflai.
- Je plaisante. Admettons. Mais pourquoi prendre un poste habituellement occupé par ces nobles qu'il déteste pour s'accaparer un Pokémon qu'il n'aura pas même s'il me chasse ?
Trafalgar soupira.
- Vous n'êtes pas un noble.
- Et ?
- Et Justin espère pouvoir vous manipuler.
- Mais il connait ma puissance ! Il n'a pas voulu que je sois élu juste pour me manipuler !
- Bah… si, ça paraît logique. Vu la campagne que tu as mené… marmonna Arlène.
- Et vu les efforts qu'il a fait pour que ton élection soit facilitée… admit Dimitri.
- Et personne n'écrit une lettre de trente pages sans une idée derrière la tête ! souffla Pablo.
- Sans compter son embarrassante insistance… geignit Jackson.
- Justin savait qu'il ne pourrait pas s'opposer à vous donc il a tout fait pour se ranger de votre côté. Il a probablement aussi peur de vous que vous avez peur de lui… mentionna Trafalgar.
Roland acquiesça. Jackson semblait sceptique.
- Non, il n'a pas peur… Sa visite surprise au labo… ça prouve qu'il n'a rien à perdre et tout à gagner. Il n'a aucunement peur puisqu'il sait qu'il pourra toujours se relever. Il a prévu plusieurs plans simultanés. Si la rencontre au labo s'était mal déroulée, il m'aurait fait enlever et se serait emparé de Giratina, prenant le risque de déclencher une guerre totale entre Roland et lui. Si Trafalgar avait engagé le combat… Il aurait répondu… La situation serait devenue dangereuse pour tout le monde… Mais il l'aurait fait. Il était prêt à le faire. J'ignore pourquoi mais il n'a pas peur de toi, Roland.
Je hochai la tête.
- Je crois que c'est ce qui me fait peur. Sa confiance en lui. Son arrogance. Je suis arrogant alors je m'y connais en arrogance, mais lui… qu'il se permette d'être comme ça avec moi, c'est forcément qu'il a une botte secrète. Parce qu'il sait pertinemment que j'ai vaincu Julius Kent. Que peut-il avoir de plus puissant que la force…
Mes camarades n'en savaient pas plus que moi. Je soufflai.
- Bon. Etant donné qu'on n'a pas grand-chose d'autre à foutre… Dimitri, tu mènes l'enquête. Pablo, il faut interroger Seth et sonder sa véritable motivation ainsi que sa fiabilité dans cette affaire, tu t'y prends comme tu veux, mais je veux une réponse claire. Arlène, aide Dimitri en le léchant alors qu'il est recouvert de chocolat concentré.
- Berk ! geignit Dimitri.
- Je déteste ça ! souffla Arlène.
- Tu t'habitueras. Jackson… Tu vas cesser tes expériences un moment.
Jackson plissa les yeux.
- J'ai besoin que tu accompagnes Trafalgar en France pour tes conférences et donc que tu prépares ce voyage.
Ulrich se releva.
- C'est hors de question !
- Euh… mais…
- Qui a peur maintenant ? souris-je.
Trafalgar grommela.
- Jackson a trois conférences à assurer là-bas pour les avancées de ses recherches médicamenteuses.
- J… J'avais fait décaler ces conférences…
- Merde, quoi ! J'en ai marre que vous soyez incapables de vous regarder dans les yeux, tous les deux ! Vous êtes ridicules ! Si ce road-trip européen pouvait vous rapprocher… Je serais la plus heureuse des entremetteuses !!
- Et toi, Roland, que vas-tu faire ?! se demanda Pablo.
Je souris.
- J'vais me faire de nouveaux amis, pour changer !
***
Les jours passaient, et Dimitri semblait m'avoir désobéi à moitié.
- Tu prends ton temps sur cette enquête… marmonna Arlène.
Dimitri haussa les épaules alors qu'il était en train de griffonner dans un cahier de brouillon. Arlène plissa les yeux.
- Ta loyauté envers Roland serait-elle remise en question depuis l'épisode du mariage de ton ami ?
Dimitri se mordilla les lèvres et cessa d'écrire.
- Ca fait plus d'un an, nous deux, je commence à te connaître, tu n'es pas un traitre, tu n'es pas un dissimulateur ni un menteur, mais tu as un sens aigu de la loyauté et de la fidélité. Il le sait, n'est-ce pas ? Que tu vas mener cette enquête à reculons ?
Dimitri hocha la tête et reprit son travail. Arlène acquiesça.
- Tu as commencé à réunir des éléments ? Je peux voir ?
- Hmmm… je sais pas trop si je veux que tu farfouilles là-dedans.
- Je suis une acrobate, Dimitri, je sais esquiver les dangers !
- Hmmm… Tout est sur mon mini-pc dans le dossier « Revenus fiscaux ».
Arlène plissa les sourcils.
- « Revenus fiscaux » ?!
- Faut bien que personne n'y fouille.
Arlène hocha la tête et s'attela au bureau.
***
- Je voudrais commencer par vous dire que la situation est aussi gênante pour vous que pour moi…
Trafalgar et Jackson étaient assis côte à côte dans l'avion les menant vers la France. Trafalgar semblait réviser un tas de dossiers. Jackson était très stressé.
- Mon Dieu j'espère que Giratina ne va pas se perdre en soute. Vous imaginez si le tube pneumatique contenant la Pokéball est égaré ?! Ce ne sera pas une simple déclaration de perte, ce sera une véritable tragédie ! Et que va dire Roland !
Trafalgar compulsait sa paperasse. Jackson souffla.
- Je vous envie, vous avez un travail simple et sans stress…
Trafalgar continuait à lire sans sourciller. Jackson plissa les yeux et sortit un bouquin d'Isaac Asimov.
***
- J'ai besoin d'une réponse claire ! Oui, ou non, est-ce que tu savais que Justin réprimait toute opposition à la réforme au nom de l'association Pokémon ?! Est-ce qu'il joue au politicien de supermarché avec notre autorité ?!
Seth se mordilla les lèvres. Pablo s'énerva.
- Il ne s'agit pas de protéger ton petit mariage, Seth !! Ce que Justin fait est très dangereux pour notre action !! On commence à se demander s'il n'agit pas pour nous détruire ou nous mettre du plomb dans l'aile, ou même pour saboter le travail de Roland…
Seth resta sans réponse. Pablo avait pourtant choisi avec soin son lieu d'interrogatoire.
- Trois chemises et six leggings, ça vous fera 4000 Pokédollars, monsieur.
Pablo régla par carte bancaire. Seth resta muet.
- Bordel, Seth, revois tes priorités ! C'est pas lui ou nous, c'est nous et c'est tout !
Seth hocha la tête, gêné.
- C'est pas aussi simple…
- Si, ça l'est. Ton rôle dans cette histoire est très clair.
- On ne faisait rien de mal, Pablo, je t'assure !
Pablo se tourna vivement vers Seth.
- « ON » ?
Seth serra les dents. Pablo le désigna.
- VOILA pourquoi tu n'as rien dit !
- Sur le papier ça semblait une bonne idée de vous aider !
- Pas sans notre aval ! Seth !!
- Pardon…
- Pschhhh… Elle est où, ta belle assurance des débuts ? « Je vais tout arranger » ! « Je vais éviter le conflit » ! La vérité, Seth, c'est que tu n'as de contrôle sur RIEN !
Seth se mordilla les lèvres.
- Tu n'as rien dit à Roland pour moi et Justin ?
- Il a d'énormes doutes, c'est assez difficile à cacher quand on grimpe de simple assistant à Vice-Président.
- Je contrôle la situation, Pablo ! Au départ il voulait tuer les opposants !
Pablo grimaça.
- Comment tu peux rester avec ce type ?
- …
- Sérieusement, comment il a pu te dire ça et comment tu as pu envisager une seule seconde de rester avec un mec qui veut tuer des opposants à une politique locale ?
Seth serra les dents. Pablo leva les yeux au ciel.
- Par Cher, Lady Gaga et Madonna enfilées les unes aux autres la bouche cousue à l'anus pour en faire un mille-pattes, SETH !!!
***
- A dire vrai, nous n'espérions pas vous voir ici, aucunement… votre seule présence en ces lieux a de quoi nous surprendre…
J'acquiesçai, à la barre, face à la plus haute autorité qui soit à Poképolis.
Je suis président de l'association Pokémon. Au-dessus de moi, il y a le gouvernement. Je vous rappelle que le gouvernement est constitué de quatre chambres :
* Le Conseil des Quatre, dirigé par le Maître de Conseil et commandé par l'Agent du Gouvernement.
* Le Palais de Justice, régi par l'Agent du Gouvernement qui se charge également de l'instruction de toutes les grandes affaires en compagnie du Conseil des Quatre.
* Le Congrès, qu'on peut apparenter à un Parlement, dirigé par l'Aîné qui joue également le rôle de chancellerie.
* La Cité Administrative, la gestion de tous les dossiers concernant le gouvernement. Archives, circulaires, mais aussi consigne de tous les actes journaliers du maître de conseil, c'est ici que le Secrétaire du Gouvernement conserve absolument tout.
Après tout le bordel dont vous avez pu être témoins avec les quatre gouvernements, ils ont tous été remplacés. Le système a été conservé mais cette fois-ci la force n'est plus un critère d'entrée, c'est la compétence administrative qui compte.
De surcroît, les cinq gouvernements Poképolites, ainsi que quelques gouvernements rattachés dont la zone en cours de rattachement, Kalos, se sont mis d'accord sur la mise en place d'un organisme de contrôle de toutes ces institutions : La Haute Commission.
C'est un groupe de cinq grands magistrats qui ont la main sur toutes les institutions du pays. Pour changer une règle, régler un contentieux intergouvernemental ou gouvernemental, c'est à eux qu'on doit faire appel.
J'avais face à moi le grand maître de la haute commission, un vieil homme barbu dans une robe noire, entouré de quatre juges plus jeunes dont une femme. J'étais fort bien coiffé, fort apprêté, et très poli.
Et pour cause, je n'avais aucun intérêt à me mettre cette commission à dos.
- Compte tenu de votre réputation, vous comprendrez que nous sommes plutôt… comment dire, intrigués par votre venue ici…
J'acquiesçai.
- Vous êtes un élément hors de contrôle. Votre arrivée à la tête de l'association nous a quelque peu effrayés…
Je hochai la tête.
- Je comprends ça. Mais j'ai besoin de votre grande sagesse.
Le maître agita la main, m'invitant à parler plus.
- Voilà. Je me suis, comme qui dirait, mis dans une mauvaise situation… Dans le cadre d'une de mes réformes, j'ai…
- Attendez, attendez… nul besoin d'être hésitant, jeune homme. Parlez comme vous le feriez devant n'importe qui.
J'agitai la tête.
- Bon… Euh… J'ai fait appel à un chef d'entreprise pour l'élaboration d'une de mes réformes.
Le maître acquiesça.
- Ce n'est pas illégal, en théorie, tout dépend s'il y a eu rétribution…
- Aucunement monétaire, disons que… ça s'est un peu envenimé avec lui et qu'il fait pression sur nous.
- Avez-vous des preuves ?
- Nous sommes en train de les rassembler. Toujours est-il que… je souhaiterai faire changer les règles des élections afin d'éviter un putsch éventuel de sa part.
Le maître haussa les sourcils.
- Faire changer les règles ?
- Oui. Inclure une sorte de… phrase à la con qui dirait « Pour les chefs d'entreprise faut attendre » un truc dans le genre.
Les juges toussotèrent face à ma vulgarité. Le maître leva une main pour calmer l'agitation naissante.
- Jeune homme… Vous… êtes probablement la meilleure chose qui soit arrivée à l'association Pokémon. Vous êtes brillant, vif, votre action est novatrice, moderne et reconnue par tous, même par cette haute commission, comme salutaire pour Poképolis. Nous avons hâte – enfin, mes confrères ont hâte car je doute que je puisse vivre aussi longtemps…
Je souris faiblement.
- … de voir les résultats de votre action à long terme.
- J'ai hâte également… j'espère ne pas m'être trompé !
- A dire vrai, votre requête nous étonne… Maître Lucian…
Un type avec une gueule bien malicieuse hocha la tête.
- Oui. En vérité nous pensions vous faire président à vie.
J'étais surpris.
- A vie ?
- Oui, vous et votre équipe avez démontré des qualités évidentes. Nous pensions renoncer au seul fait d'élection pour votre seul mandat. Et vous octroyer si vous le souhaitez la possibilité d'être élu à vie.
J'étais surpris.
- Juste parce que…
Le maître reprit la parole.
- Archibald Pringle était un pion arrangeant placé par les anciens gouvernements en vertu de sa relation à la noblesse Poképolite. Vous avez été élu sur des critères objectifs et populaires. L'association est désormais un organe actif et utile des institutions. Et surtout vous avez tenu pour ainsi dire l'ensemble de vos promesses en deux ans et demi.
J'acquiesçai.
- Nous allons donc effectuer un changement dans les règles dont vous serez tenu informés sous peu.
- Merci.
- L'apport des preuves de la tentative de « coup d'état » de Truce est évidemment un requis primordial.
- Ce sera fait.
- Sachez également que nous admettons que votre action est favorable MAIS que nous sommes une institution neutre. S'il s'avère que VOUS êtes dans l'illégalité sur le MOINDRE point, cette institution sera beaucoup moins clémente avec vous.
J'acquiesçai.
- Merci infiniment de m'avoir écouté.
***
- Paris est vraiment une ville magnifique !
Trafalgar soupira.
- Nous devons aller à… Alors d'abord l'institut des sciences, puis le Palais Bourbon pour votre discours, puis ma conférence de presse et enfin… la Sorbonne pour notre double discours respectif, comme c'est pratique ! Vous avez un taxi quelconque…
- J'avais prévu de prendre les transports en commun. Vous faites ce que vous voulez.
Jackson hocha la tête.
- Vous ne pouvez vraiment pas m'encadrer, hein.
- Rien ne m'oblige à vous adresser la parole pendant ces quelques jours.
Jackson hocha la tête.
- D'accord… euh, vous êtes au courant que nous sommes logés dans le même hôtel ?
Trafalgar grommela. Jackson serra les dents.
***
Le climat ne se réchauffa certainement pas y compris à l'hôtel. Jackson révisait ses différentes conférences en évitant de penser au fait qu'il devrait se coltiner Trafalgar à l'assemblée. Trafalgar était concentré sur sa propre conférence et semblait toujours aussi réticent à coopérer.
***
- Nous accueillons donc aujourd'hui en ces lieux, dans notre prestigieux institut des sciences, l'un des plus grands scientifiques Poképolites du monde : le docteur Jackson Wound !
Jackson monta à la tribune sous les applaudissements des confrères. Il sourit.
- Merci, merci… Bien, ma conférence portera sur… la portée morale des expériences sur les Pokémon.
Jackson aligna ses papiers.
- Je suis… connu à Poképolis pour avoir été un scientifique de génie. Dès mon plus jeune âge, j'ai démontré un fort intérêt pour les sciences. J'avais eu pour Pokémon académique un Balbuto et plutôt que de m'intéresser à son entrainement et à son développement… Je voulais savoir comment et pourquoi. Comment faisait-il pour léviter ? Pourquoi une telle apparence, quel besoins physiologiques servait cette apparence si étrange ? Un Pokémon qui ne peut pas plier les bras. Un Pokémon qui se nourrit extrêmement peu, tout juste hydraté par l'humidité qui se forme sur son derme simili-terrestre. Pourquoi une telle existence, que sert-elle dans l'écosystème global alliant de près la nature et les Pokémon ? Quel est son rôle dans tout ça ? Autant de questions qui m'ont amené à me tourner vers les sciences. A un point extrême. Je me suis intéressé à tout. J'ai même osé pratiquer sur mon propre Pokémon. Des expériences au départ très simples comme mettre mon Pokémon dans un environnement froid, qui à l'époque était le congélateur de ma tante.
Les élèves sourirent. Jackson haussa les épaules, regarda le public et constata… Ulrich Trafalgar, assis dans un coin. Il s'en étonna franchement, mais continua son discours.
- Hem… A l'âge de 20 ans, je suis donc devenu scientifique. J'ai tout appris auprès des meilleurs, j'ai fait valider treize thèses – c'est affreusement difficile à dire – treize thèses à propos de la biologie des Pokémon. Et puis au bout de trois ans de progression, j'ai été remarqué par…
Jackson inspira, ses mots ayant d'autant plus de portée que Trafalgar était dans la pièce.
- … Derek Pentwell. C'est lui qui m'a offert les moyens de faire mes expériences. C'est sous son joug que j'ai… formé nombre de…
Jackson serra les dents.
- … scientifiques qui ont servi le côté obscur de la science des Pokémon. Même si c'est moi qui ait fait le plus de dégâts en créant… le traitement pour libérer la force innée des Pokémon et la maximiser.
Jackson inspira.
- Ce traitement consiste à agir sur les variables génétiques des Pokémon qui régissent respectivement : La force vitale, la force offensive physique, la défense physique, l'influx nerveux galvanique – aussi appelé vitesse – la puissance spéciale et la résistance spéciale. Ces cinq variables sont appelées valeurs individuelles. Mon traitement consiste à les maximiser, à les pousser au meilleur de leurs capacités pour faire en sorte que les Pokémon dévoilent leur vrai potentiel, et ce sans effet néfaste pour le Pokémon ou pour le dresseur – selon l'usage qui en est fait cependant. Ces expériences ont été… très mal utilisées par les membres du gouvernement qui s'en sont servi pour augmenter leur propre puissance. Derek Pentwell a vendu mes résultats aux autres pays afin de nouer des traités d'alliance militaire, mais cela n'a servi qu'à créer une guerre. J'ai été jugé irresponsable par un tribunal hautement compétent qui a jugé que c'était la faute des gouvernants qui avaient mal utilisé mes expériences, pas la mienne pour avoir inventé une arme. Après tout… l'inventeur de la bombe atomique n'a pas été arrêté pour ses crimes… au contraire, ils ont été récompensés…
La salle ne put qu'acquiescer. Trafalgar haussa un sourcil intrigué.
- … toujours est-il que je me suis exilé aux Etats-Unis… je ne pouvais pas… supporter d'avoir créé tout ça, j'ai même… songé à…
Jackson agita la main.
- Bref, revenons au sujet. Grâce à New York et à l'aide d'un ami, j'ai depuis pris conscience que mes expériences pouvaient servir le bien et la justice. Que mon savoir pouvait guérir des maladies, que mon savoir pouvait apporter de bonnes choses, que j'avais certes, été un agent du mal, mais que je pouvais aussi être un agent du bien. Que même les créations les plus controversées… pouvaient avoir des avantages. Il y a encore aujourd'hui de nombreux débats sur l'usage des cellules souches. On pourrait dire : « Mais si ça peut guérir des maladies génétiques graves, qu'importe l'éthique ! La guérison devrait passer en priorité, au mépris d'une « éthique » qui ne tient que parce que NOUS y tenons ». La science pourrait réagir comme cela, ou la science peut tenir compte de l'humain, de ses préoccupations et avancer de concert avec elle. Exactement ce que font les Pokémon avec la nature. C'est une délicate alliance. C'est ce but que nous devons viser en tant que scientifiques. Ce n'est pas ménager la chèvre et le chou. C'est faire progresser une science humaine, qui serve l'humanité, qui serve les Pokémon sans perturber en rien leur développement. La science morale, c'est celle qui ne vise pas à tuer les Pokémon qu'elle utilise. La science morale, c'est celle qui ne blesse pas, celle qui agit POUR et non AFIN DE. C'est très différent. Il s'agit de contribuer, pas d'un objectif à atteindre. C'est agir comme une association, non comme un commerce. Nous servons, nous ne visons pas. Aujourd'hui, je mène des expériences dans un cadre éthique, et tout avance très bien. Nous avons supprimé des médicaments inefficaces pour les rendre utilisables. Poképolis peut se targuer d'être un pionnier dans l'industrie médicamenteuse, le tout avec une traçabilité exemplaire. Il est important de tenir compte de la visée morale dans le cadre d'expériences scientifiques afin qu'elles restent à la fois un outil et un complément de l'homme. Nous pouvons y arriver, et dans ce but, je lancerai cette année un plan mondial visant à harmoniser la tenue des expériences sur les Pokémon dans le monde. Merci.
Jackson fut applaudi. Il souffla de soulagement. Trafalgar lui-même applaudit doucement sans réelle conviction.
***
- Vous êtes venu me voir ?!
- Disons que je n'avais rien d'autre à faire… souffla Trafalgar.
- C'est… c'est très sympa de votre part, merci…
- Il n'empêche que j'ai trouvé votre discours proprement insipide. Et que je ne suis pas d'accord avec tout.
- Chouette ! On pourra en discuter !!
Trafalgar soupira.
- Pourquoi c'est si important pour vous de vous rapprocher de moi ? Je déteste tout ce que vous représentez ! Je ne supporte pas l'idée même qu'on modifie les Pokémon pour en faire des armes ! Pourquoi tenez-vous tant à ce que vous et moi fraternisions ?
Jackson se mordilla les lèvres.
- Parce que… j'aimerais au moins avoir votre pardon… à défaut de me pardonner moi-même…
Jackson baissa la tête. Trafalgar plissa les yeux.
- Que je vous pardonne ?!
- D'avoir fait le mauvais choix, le choix du gouvernement… de cette attrayante salle de jeu, de cette foule de possibilités que représentait le fait d'avoir mes propres laboratoires… je me suis laissé emporter par la folie des grandeurs… J'ai mis du temps à comprendre et… grâce à Roland Smirnoff, je peux espérer avoir ma rédemption.
Trafalgar soupira.
- Oui, vous pouvez toujours espérer. Mais à mes yeux vous représenterez toujours cette idéologie néfaste consistant à voir les Pokémon comme des opportunités personnelles plutôt que comme des créatures libres de vivre leur vie sans que les humains ne s'y ingèrent aussi puissamment.
- …
Trafalgar cessa de parler à Jackson. Lequel regarda par les vitres du métro, quelque peu décontenancé.
***
- Je remercie cette assemblée de me laisser la parole. Poképolis travaille à ce que l'éthique des Pokémon soit la plus respectée possible. La France a fait des efforts considérables dans ce domaine avec notamment le durcissement des sanctions envers les Pokémon et le fait de faciliter l'accès des gens au dressage de Pokémon. Mais il y a encore beaucoup à faire. Comme généraliser l'accès des gens au dressage de Pokémon, ainsi que réformer les collectivités pour les rendre conformes à l'existence des Pokémon.
Jackson, dans le balcon de l'Assemblée Nationale, était éberlué.
***
Le sac à dos sur l'épaule, j'observai les bâtiments désaffectés autour de moi.
- Nom d'un chien… alors cet endroit est vraiment dans cet état-là ?!
J'avançai, incertain de ce que j'allais trouver ici. Ou même de ce que je cherchai exactement en fait. Les immeubles étaient déserts. L'endroit était vide. Je savais que quelqu'un était censé y vivre et que l'île était classée « Site Condamné », mais bordel, si j'avais une chance…
- QUI VA LA !
Oh putain l'enculé. Il m'a fait peur ce con.
- Euh…
L'homme me fit face. Il portait une capuche surmontant une casquette. Et était majoritairement recouvert d'un poncho.
- … Salut… je suis… Roland…
- Je sais qui vous êtes. Cette zone a été condamnée. Vous n'avez rien à faire ici.
- Ouais, ouais, euh… J'ai besoin de…
Un Pikachu me fonça dessus. Je l'esquivai d'une gracieuse chute en arrière.
- AOUCH !
Le Pikachu fit demi-tour et me fixa. Je sortis une Pokéball.
- Me dites pas que vous voulez vous battre ?!
- Je n'ai rien à faire avec un homme comme vous ! Tonnerre !
Il va m'attaquer ?! QUOI ???
Pikachu charge son électricité mais je réussis à appeler Minotaupe à temps.
- Nout, Tunnelier !!
L'attaque contra avec brio le Tonnerre mais Minotaupe n'arriva pas à avancer d'un iota vers la souris jaune.
- Sérieusement…
- JUNGKO…
Je me retournais vers la créature verte qui me fixait.
- Woh bordel !
- BALLE GRAINE !!
L'attaque frappa le sol. Je décidai de faire preuve de concentration. Minotaupe effectua une Danse Lames et chargea vers Jungko alors que Pikachu était revenu vers son maître.
- Je viens de vous le dire, partez !! grommela l'homme.
- J'ai quelque chose à vous demander !
- Je n'ai rien à entendre de la part d'un homme comme vous !
- Mais écoutez-moi au moins avant !
- Lame Feuille !!
Jungko allait m'attaquer d'un grand coup de lame. Minotaupe s'interposa et frappa la créature d'une large Plaie-Croix. L'homme tressaillit.
- Vous vivez comme un sauvage ici, c'est ça ?! Je suis venu vous parler parce que, premièrement, vous et moi avons beaucoup en commun…
L'homme plissa les yeux.
- Deuxièmement je veux vous acheter cet endroit !
L'homme souffla. Il releva sa capuche. Je souris car j'étais tombé sur la bonne personne.
- Ravi de vous rencontrer, Sacha Ketchum.
L'homme plissa les yeux. Sa casquette était certes vieille, mais sa barbe de quelques jours était bien taillée.
- … m'acheter Pokétopia ?!
Le parc d'attraction autour de nous ressemblait à une ville fantôme. J'acquiesçai.
- Si nous pouvions discuter des termes du contrat…
- Qu'est-ce qui vous fait penser que j'ai envie de vendre ?!
- Qu'est-ce qui vous semble logique dans le fait de laisser cet endroit tomber en ruines ?
Sacha se mordilla les lèvres. Je soufflai.
- Vous vivez quelque part ? De propre, je parle…
***
Trafalgar observait les retombées de son discours sur un ordinateur, alors que le métro revenait vers leur hôtel.
- Bon. Visiblement on nous prend pour des émissaires de l'état Poképolite en tournée de communication pour notre belle patrie. Les français ne comprennent décidément rien à rien…
- Pourquoi, ils ont cerné votre effroyable hypocrisie ?!
Trafalgar retira ses lunettes de lecture.
- Plait-il ?
- Vous dites que je représente une idéologie qui voit les Pokémon comme des opportunités et non comme des créatures indépendantes de toute intervention humaine !
- Et ?
- Et ? Et vous venez de demander à l'Etat Français de prendre des mesures pour accroître la distribution de Pokémon dans leur pays !!
Trafalgar haussa les épaules.
- Oui, c'est un mal nécessaire ! Pour augmenter, par collusion, le nombre de mesures en faveur de leurs droits !
- A part ça, les humains doivent s'ingérer le moins possible dans les affaires des hommes !
Trafalgar grimaça.
- Mais il y a forcément une légère ingérence, il faut ménager…
- Si maintenant vous commencez à reprendre des termes de mon discours, vous avez beau faire un mètre et cinquante kilos de plus que moi, je vous colle mon poing dans la figure !!
Trafalgar plissa les yeux.
- Mais enfin je ne peux pas nier l'évidence du dressage Pokémon ! Et ça n'a rien à voir avec des expériences qui transforment les Pokémon en machines de guerre capables de tuer !!
- J'ai fait comme vous, j'ai mis de l'eau dans mon vin, j'ai dû accepter que le traitement avait un effet secondaire dangereux mais pas contraignant pour le Pokémon ! Les précédents essais faisaient EXPLOSER la masse musculaire ! D'autres scientifiques STUPIDES ont profité de la guerre pour tester des armes chimiques ou pour augmenter drastiquement la charge virale des traitements ce qui faisait MOURIR les Pokémon sans raison apparente !
Les gens dans le métro regardaient les deux hommes se disputer.
- Ne me reprochez pas d'être hypocrite quand je fais de mon mieux pour les Pokémon !
- MOI AUSSI ! J'ai commis des erreurs par le passé, vous pensez que je ne m'en veux pas ??
- Vous avez choisi la voie du mal.
- Mais je me suis rattrapé ! Un peu tard, mais personne n'a le droit de faire des erreurs ?!
- En vous passionnant à ce point pour la science, vous vous êtes enfoncé sur la voie du mal.
Jackson haussa les sourcils.
- C'est dès le départ que vous avez commis un crime. En voulant comprendre ce qu'étaient les Pokémon. Je ne sais pas pourquoi mon Arcanin ou mon Mammochon vivent ainsi. Mais je ne me pense pas habilité à comprendre pourquoi, je les laisse juste être.
Jackson balbutia.
- V… Vous êtes réfractaire à la seule idée de science !
- Disons que je ne pense pas…
- Pire… Vous croyez au CREATIONNISME ??? Vous pensez que toute chose est ce qu'elle est et que c'est le fait d'une force supérieure ?
- Je ne crois pas au créationnisme ! Je pense juste que vouloir mettre des mots sur la façon dont se comportent les Pokémon c'est… briser un charme.
Jackson plissa les yeux.
- Vous êtes un vrai amoureux des Pokémon.
- Tout à fait.
- C'est pour ça que vous m'en voulez… parce que vous pensez que je ne les aime pas…
- Ah non.
Trafalgar agita une main.
- Je pense qu'une part de vous aime vraiment les Pokémon. Du moins qu'ils vous intéressent beaucoup. Mais vous cherchez à comprendre des choses qui n'ont pas à être comprises à leur sujet.
- Eh bien je suis désolé d'œuvrer pour l'intelligence tandis que vous œuvrez pour l'obscurantisme et la croyance sans base tangible.
- J'appelle cela une grande passion pour ces créatures !
- Mais MOI AUSSI elles me passionnent ! Pourquoi croyez-vous que je travaille autant pour que l'humanité les connaisse mieux et puisse les soigner correctement ?
- Vous ne faites pas que ça.
- Oh oui pardon, je les rends plus fort, ce que vous ne faites ABSOLUMENT PAS en entrainant vos Pokémon au combat ! Non !
Trafalgar grimaça.
- Vous n'arrêterez pas tant que vous n'aurez pas le dernier mot, hein ?
- Visiblement non, je n'arrêterais pas, et vous non plus. Nous ne sommes vraisemblablement pas faits pour nous entendre, j'ai eu tort d'essayer, je suis désolé !
- Hmph. Vous vouliez vous rapprocher de moi uniquement pour que je vous pardonne !
- Vous ne voulez pas vous rapprocher de moi uniquement pour une question idiote de principes sur lesquels votre opinion est complètement amovible ! Capturer des Pokémon pour faire des expériences avec eux, c'est mal, capturer des Pokémon pour les dresser et les faire se battre, c'est GENIAL et TOUT LE MONDE devrait le faire !
- Demain nous irons séparément à la Sorbonne, je n'ai aucune obligation de voyager avec vous.
- Ha ! Vous vous débinez !
- Non, je refuse d'avoir un débat inique avec quelqu'un qui a tué des Pokémon dans ses expériences.
- Mais vous n'aviez aucun remords à travailler pour Dexter Stone et Nathan Vinner qui ont tué des dizaines de Pokémon.
Trafalgar fit de gros yeux. Jackson hocha la tête.
- J'ai fait des recherches sur vous. Pas dans le but de tout vous balancer dans la figure, mais pour vous comprendre. Vous avez souvent fait entorse à vos principes pour les défendre.
Le métro s'arrêta à une station au hasard. Trafalgar serra les dents et sortit sous les yeux étonnés de Jackson.
- Ulrich !! Hey !!
Les portes se fermèrent avant que Jackson n'ait eu le temps de réagir. Le scientifique resta planté sur son siège, totalement décomposé.
***
Le soir venu, Jackson attendit devant la porte de sa chambre le retour de Trafalgar. Qui arriva, l'air exténué.
- Pourquoi vous avez fait ça ?
- Laissez-moi tranquille.
- Vous n'auriez pas dû sortir comme ça du métro…
- Il fallait que j'aille manger et je ne voulais pas manger avec vous.
- Ulrich, c'est ridicule. Je ne vous blâme pas !
Trafalgar entra dans sa chambre et s'y enferma.
***
- Sixième ligne de médicaments : Provolox. C'est censé soigner les déficits de calcium chez les Pokémon. Le médicament augmente la concentration de vitamines…
Jackson était fatigué et las, mais cette conférence de presse était trop importante pour qu'il flanche.
- Conformément à la politique Smirnoff, les médicaments seront gratuits dans le cadre de l'utilisation hospitalière…
***
Conférence à la Sorbonne. Jackson et Trafalgar se rejoignirent à la table.
- Où avez-vous passé la journée ?
- Pas à votre conférence de presse, ça c'est sûr…
- J'ai vu ça merci.
On leur amena des bouteilles d'eau. Jackson soupira.
- Vous m'avez pourri mon séjour…
- Oh vraiment.
- Oui. Je pensais qu'on pourrait se rapprocher et au lieu de ça j'ai découvert que vous étiez aussi lâche que vous accusez Roland de l'être.
Trafalgar soupira. Les deux hommes étaient assis côte à côte alors que l'amphithéâtre se remplissait.
- C'est différent…
- Ah oui ? En quoi ?
- Si j'ai travaillé avec ces gens, c'était pour protéger ma fille.
Jackson haussa un sourcil.
- La protéger ?
- Je suis un militant et un activiste. J'avais des ennemis. L'Ennéagramme, c'était une solution comme une autre. Me faire des camarades devenait un passage obligé… Et mes motifs étaient justes.
- Les miens l'étaient aussi ! Travailler avec le gouvernement c'était une opportunité de faire meilleur, mieux et de manière encadrée… enfin c'est ce que je croyais…
Trafalgar soupira. Jackson plissa les yeux.
Peu de temps après, la conférence commença. Les deux intervenants principaux délivrèrent leurs discours respectifs. Trafalgar exposa sa doctrine pour un traitement éthique des Pokémon. Jackson sa volonté de les comprendre et de comprendre leur fonctionnement par le biais de la science.
- Si vous avez des questions…
Un vieil homme leva la main. Le duo lui proposa la parole.
- Hm… Si je comprends bien, vos deux doctrines pourraient parfaitement s'opposer de plein fouet…
Jackson et Trafalgar ne purent que hocher la tête.
- L'un veut que les Pokémon soient traités avec dignité et en paix avec l'homme, l'autre veut absolument tout comprendre à leur sujet y compris en effectuant des tests avec eux…
Le scientifique et le militant se regardèrent. Le vieil homme inspira.
- Deux façons de penser qui peuvent cependant, comme vous venez de nous le prouver, coexister parfaitement. J'aime les Pokémon. Ce sont mes amis depuis ma prime jeunesse. Et j'ai passé ma vie à essayer de les comprendre également ! A ma façon, mais j'ai essayé. Monsieur Trafalgar, vous avez passé votre vie à sauver les Pokémon du braconnage. Docteur Wound, vous avez fait progresser la science d'au moins cinquante ans en moins de vingt ans ! Vous avez fait progresser la médecine alors que monsieur Trafalgar a fait progresser la façon dont les hommes perçoivent leurs Pokémon. Votre travail respectif se complète. Il se télescope dans ses extrêmes, mais il se complète dans ce qu'il conjugue de théorie et de pratique !
Trafalgar plissa les yeux.
- Je vous connais…
- Q… Qui êtes-vous, monsieur ?
Le vieil homme haussa les épaules. Il était grand, maigre, cheveux blancs mais l'air plutôt vivace encore. Bonne barbe assez courte cependant.
- Etienne Smirnoff, qui d'autre !
Le public applaudit l'intervenant alors que Jackson et Trafalgar se regardaient, stupéfaits.
***
L'habitat du légendaire Sacha Ketchum était une ancienne loge d'un champion de Pokétopia. L'homme vivait dans un bon confort. Une bonne partie de ses Pokémon vivaient avec lui.
- Pour me nourrir je fais des courses par le biais du net, en les faisant livrer sur un lieu-dit, au bout de la presqu'ile qui soutient cet endroit. Pour l'électricité j'ai Pikachu. L'eau courante fonctionne extraordinairement bien tout comme l'évacuation.
J'acquiesçai. Il se retourna vers moi.
- Pourquoi acheter cet endroit ?
- Je veux en faire la zone de combat Poképolite.
- … les combats de ce genre sont devenus illégaux. C'est pour ça que cet endroit s'est délité.
- Je vais faire passer un amendement qui permettra leur retour. Et c'est le seul endroit où je peux construire quelque chose d'intéressant.
- … Pourquoi ne pas prendre l'île de N ?
- Vous ne lisez pas les nouvelles sur le net ? L'endroit a été transformé en réserve naturelle !
- Hm… Qu'est-ce que je vais devenir si vous achetez cet endroit ?
- Rien ne vous empêche de rester ici. Vous aurez juste des voisins bruyants.
Sacha acquiesça.
- Je n'aurais qu'à me retirer plus profondément.
- Pourquoi une telle retraite, au fait ? Si je puis me permettre. Ça ne sortira pas d'ici.
Sacha soupira.
- J'étais très jeune quand j'ai gagné ma première ligue. Et ensuite ils ont voulu adapter ma vie en série télé. Cette fichue « All my Pokémon ».
- Ce truc a duré tellement longtemps…
- Et il fallait que j'aie toujours l'air d'avoir dix ans. Au bout d'un moment je ne savais même plus quel âge j'avais en vrai ! J'ai tenté de faire ma vie, mais entre le showbiz et la notoriété, j'étais sous pression, mon mariage en a pâti, j'ai dû quitter ma femme…
Ouais, je sais vaguement ce que c'est.
- … ce qui a été, rétrospectivement la pire décision de ma vie. On ne peut pas vivre seul, monsieur Smirnoff.
- Ouais, j'ai cru comprendre ça aussi.
- Je me suis réfugié ici parce que…
Sacha soupira.
- J'avais tout gagné. J'avais atteint des sommets. J'avais la célébrité, la gloire personnelle, la reconnaissance du milieu. Pourtant je n'ai jamais été un modèle stratégique. Je me suis contenté de gagner. C'est tellement facile de gagner, vous savez. Quand on fait face à des adversaires normaux, bien sûr, je sais ce que vous avez enduré à la zone de combat… Et cet endroit, c'est le seul où je me sois vraiment amusé. Alors quand le propriétaire est mort, j'ai racheté l'endroit et je l'ai laissé pourrir. Je vis sur mes rentes de vainqueur de la Ligue.
Je hochai la tête.
- Vous voulez le racheter pour en faire une nouvelle zone de combat et vous enrichir.
- Financer la politique publique de l'association plutôt. Ce sera un établissement public géré par l'association Pokémon qui lui rapportera de l'argent pour financer ses actions. Ça me permettra aussi une meilleure gestion des Allocations Jeune Dresseur.
Sacha sourit.
- Vous commencez à vous faire un empire…
- Je suis résolu à accepter toutes vos conditions.
Sacha soupira.
- Faites donc. Je demanderai juste un logement assez grand pour y vivre comme maintenant.
- Reçu.
- Et… ne dénaturez pas cet endroit, s'il vous plait. C'est un endroit où les dresseurs blasés comme moi venaient s'amuser…
Je grimaçai.
- Si vous vous amusiez, pourquoi avoir laissé ce lieu pourrir ?!
Sacha sourit.
- Pour être le dernier à m'y être amusé. Pour ensuite assister à sa décrépitude. On aime toujours voir se flétrir les fleurs dont on a aimé s'occuper, non ?
***
- Nous sommes venus en Europe sur ordre de Roland, au début de sa campagne.
Ulrich et Jackson n'en revenaient pas d'être face à Etienne Smirnoff, sa femme Linda, sa sœur Estelle ainsi que Judith Heine.
- Il a senti que son action pourrait avoir des retombées désagréables sur nous à long terme. Il nous a donc recommandé d'aller en Europe à ses frais, ce que nous avons fait…
- Et depuis trois ans nous passons des vacances merveilleuses ! sourit Linda.
- Si on m'avait dit que ma retraite serait aussi agréable ! acquiesça Estelle.
- On vagabonde de pays en pays… Nous étions à Prague il y a deux mois ! admit Judith.
- Et pourtant on ne parle pas un mot de tchèque ! ricana Linda.
- Mais super frangin nous ouvre des portes ! sourit Estelle.
- Et puis c'est drôle de visiter différents hôtels, appartements, architectures… cita Judith.
Jackson acquiesça. Ulrich cligna des paupières et regarda Etienne.
- Vous… avez été en contact avec lui ?
- Ce fut assez inespéré, il faut dire… nous pensions que notre fils ne nous parlerait plus…
- Et puis il a appelé… sourit Linda.
- Hm. C'était… un peu avant sa victoire à la zone de combat.
- J'aurais tellement aimé pouvoir le dire à David et Lily… soupira Linda.
- Roland nous l'a interdit, Linda… et il a eu raison.
Jackson pencha la tête.
- Comment ça ?!
- Eh bien, apparemment, en vue de la campagne, ils ont essayé d'interroger les membres de la famille…
- Des enquêtes ont été menées par l'équipe de campagne d'Archibald Pringle… soupira Linda.
- C'aurait été intenable. Je me demande comment les gosses ont pu supporter ça… souffla Estelle.
- Ils sont jeunes… souffla Judith.
- Toujours est-il que Roland nous a évité bien des désagréments… Et son action à Poképolis est des plus appréciables. J'approuve tout ce qu'il est en train de faire ! admit Etienne.
- C'est très bien qu'il ait trouvé un poste où s'épanouir… C'est juste…
Linda soupira.
- … dommage qu'il ait fallu en passer par tout ça…
Trafalgar acquiesça bien que ne sachant pas de quoi elle parlait.
- Et… vous comptez revenir ?!
- Nous attendons le feu vert de Roland… admit Linda.
- Il nous appelle une fois tous les six mois, et visiblement depuis quelques temps, il semble craindre quelque chose… souffla Etienne.
Jackson acquiesça.
- Justin Truce…
Etienne acquiesça.
- Oui c'est cela même…
- Comment peut-il avoir peur de quelqu'un à ce point ? soupira Estelle. Il a battu six monstres de légende ! Qu'est-ce qu'il a, ce Truce ? Un flingue ?
Jackson soupira.
- Disons que… son emprise est forte… Il a rendu un service à Roland, et un évènement en entraînant un autre, ils se sont retrouvés à travailler très étroitement ensemble…
Etienne soupira.
- Roland, Roland, Roland… Il n'a jamais été très doué pour les relations humaines, alors si en plus c'est une tierce personne qui essaie de le déstabiliser politiquement…
- Vous avez l'air tellement calmes…
Jackson agita les mains.
- … Comparés à lui !
- Vous êtes un de ses employés, vous l'avez connu différemment de nous…
- Dire qu'il était si petit... si débrouillard pourtant… se souvint Judith.
- Il nous en a fait voir… souffla Linda.
- Mais il a toujours eu bon fond, et ça, ça n'a pas changé ! assura Estelle.
- Il est parti violemment de Poképolis, mais au final, il a trouvé sa voie… Si seulement il pouvait finaliser ce changement et rétablir les liens avec son frère, sa sœur et peut-être même sa femme et ses enfants…
Jackson haussa les sourcils.
- Roland a des enfants ?!
- Longue histoire… souffla Trafalgar. Devons-nous parler à Roland de notre entrevue ?
- Ce ne sera pas nécessaire, au pire nous lui dirons nous-même, mais ne vous mettez pas en fâcheuse position pour ça… sourit Linda.
- Il n'empêche…
Etienne sembla songeur.
- … Roland est effrayé par cet homme parce qu'il ne comprend pas ses motifs. Si vous approfondissiez les points sur lesquels cet homme s'intéresse à Roland, vous comprendriez peut-être des choses qui vous permettraient de mieux le contrecarrer !
Jackson et Ulrich penchèrent la tête.
- Après tout, vous œuvrez tous les deux à une meilleure compréhension des Pokémon et de notre monde en général ! Si vous appliquiez cela aux évènements actuels, votre vision de la situation vous permettrait une meilleure réaction !
Le scientifique et le militant se regardèrent, étonnés.
***
Les yeux rivés sur le café où je voulais rencontrer Truce, je saisis mon téléphone.
- Allô…
« Arlène. C'est bien Seth qui la joue dictateur sud-américain dans notre dos. Truce se fait appeler « L'exécutif de l'ombre ». Son action est double. »
Je hochai la tête.
- C'est toi qui as mené l'enquête, n'est-ce pas ?
« … »
- Dis-lui que je comprends et que je ne lui en veux pas, ok ?
« Tu lui diras toi-même, je pense que ça sera préférable. Toujours est-il que Justin agit à la fois pour notre bien – Il veille scrupuleusement à l'application de ta réforme et éjecte également tous les petits resquilleurs que nous ne remarquerions pas autrement – mais il va trop loin en faisant virer des professeurs qui contestent ostensiblement ton action »
- Je vois.
« Son entreprise 'Direction Dresseurs' sert totalement ce projet. Il est en train de recruter du monde. Des jeunes. Il prépare quelque chose. »
- Ouais, ça on s'en occupera plus tard.
« Que comptes-tu faire ? »
- Je te l'ai déjà dit en réunion.
Je raccrochai et me dirigeai vers le café. Justin venait de s'y placer.
***
- Hey !
Justin Truce semblait très, très gêné d'être là. Il semblait avoir plus l'habitude des restaurants chics que d'un boui-boui de ce genre. J'étais ravi de sa gêne.
- Pourquoi me convoquer ici ?
- J'avais envie d'un petit retour à la simplicité. A la nature, au rustique, vous voyez ? Ça fait longtemps que j'avais pas été déjeuner en toute simplicité.
- Hm…
Un couple se disputait derrière nous. La barrière d'arrogance de Truce étant tombée comme je m'y attendais, je décidai de contre-attaquer avec force.
- Apportez-nous deux chocolats chauds et des pancakes avec du sirop d'érable s'il vous plait !
Justin grimaça.
- Vous commandez à ma place ?
- Oh c'est moi qui invite, vous n'allez pas refuser ! Vous n'aimez pas les pancakes ?
J'avais l'air tellement faux qu'il a forcément remarqué que j'avais un but dans cet entretien. C'était voulu. Tombe dans mon piège, connard, tombes-y à pieds joints.
- … si.
- Ah. Bah vous voyez. En plus c'est l'heure du goûter.
La dispute du couple derrière nous s'intensifia.
- T'es vraiment trop con !! T'as trop salé ton plat, maintenant t'en veux plus et en plus tu te plains au serveur ?!
- Mais ferme ta gueule, merde ! La salière m'a échappé !
- Quel exemple tu donnes au gosse !
Le gamin d'à peu près six ans semblait un peu paumé.
- Il s'en TAPE, le gosse !! Rien à foutre !
- Bah voyons. C'est ça ta méthode d'éducation ?!
Je les regardai avec insistance puis décidai de me concentrer sur Truce.
- Euh… Je vous ai invité ici pour qu'on discute de votre… intervention dans mon programme. Je pense, comment dire, que vous…
- T'ES VRAIMENT QU'UNE BONNE A RIEN !
- ET TOI UN TROU DU CUL !
Justin se leva sous mes yeux stupéfaits.
- CA SUFFIT !
Le couple se retourna. Justin semblait fou de rage.
- SI VOUS N'AVEZ RIEN DE MIEUX A FOUTRE QUE VOUS DISPUTER DANS CE RADE POURRI, DEGAGEZ ! JE PAIERAI VOTRE FOUTUE ADDITION, MAIS SORTEZ D'ICI ! ET FAITES-MOI PLAISIR, DONNEZ CE GOSSE A UN ORPHELINAT POUR LUI EVITER UNE VIE DE MERDE A VOS COTES, ESPECE DE VERMINE TOUT JUSTE BONNE A AUGMENTER LES QUOTAS DE CAS SOCIAUX !!!
Le couple, stupéfait, sortit du café sans payer, sous les yeux ébahis du tenancier. Justin se rassit. Je l'observai sans rien dire, vraiment très étonné.
- … je ne supporte pas ces situations où tout le monde laisse couler. De l'ordre. Je veux de l'ordre. Votre action était désordonnée, c'est pourquoi je me suis permis de…
J'acquiesçai avec douceur.
- Je comprends. Et je vous en remercie.
Justin haussa les sourcils.
- Ah oui ?
- Hm. C'est très sympathique de votre part d'avoir eu ce souci de perfection que je n'ai pas eu.
- … j'avais… presque cru que vous preniez ça à la légère…
- C'est probablement le cas. En fait je pense avoir sous-estimé l'étendue de mes possibilités… Mon inexpérience, vous comprenez…
Justin Truce hocha la tête comme si c'était l'évidence même.
- Oui c'est pour ça d'ailleurs que je me suis permis d'intervenir. Je me suis dit que vous ne laisseriez pas passer ça.
- Vous êtes un maniaque. J'aime ça.
On nous apporta nos plats que nous commençâmes à dévorer.
- Comment ça se passe avec notre intermédiaire ?
- … J'en ai fait mon vice-président.
- Votre bras droit, hm. Je suis content que ça se soit bien passé, cette histoire, l'espace d'un instant j'ai cru que vous le tortureriez et que vous le mettriez aux fers pour qu'il produise l'électricité de votre immeuble !
Justin me regarda, figé. Incapable de comprendre mes blagues. Voyez c'est pour ça que je déteste cet enfoiré de fils de pute. Le jour où ça va clasher, je vais lui dire ses quatre vérités :
1 – T'es con.
2 – T'es super con.
3 – T'es méga con.
4 – Connard, t'as jamais ri à mes blagues.
- … c'est une simple boutade, hein, s'entend !
- … oui… marmonna Justin.
- Vous n'êtes pas très loquace avec le reste de l'espèce humaine, hein.
Justin acquiesça doucement.
- Je comprends ça. Quand j'étais gosse, je détestais ma mère.
Justin releva la tête, surpris. Je hochai la tête.
- Copieusement. Cette femme était un démon pour moi. Parce qu'à l'âge de neuf ans… Mon père, Etienne Smirnoff, était dans le coma.
Justin tiqua à l'évocation de mon père. Je venais de commettre une erreur fatale et je n'en avais même pas encore conscience.
- Et… ma mère qui était très proche de son meilleur ami…
Qu'est-ce que j'ai été lui raconter ça. Retenez bien ce moment, je suis en train de faire une connerie absolue en pensant que je suis en train de gagner sa confiance et de l'amadouer alors qu'en fait je construis délicatement le piège à ours autour de mes couilles.
- … a couché avec lui dans un placard à balais de l'hôpital. Et je les ai vus.
Justin écarquilla les yeux. Puis il se ressaisit.
- Et… et donc vous… et votre mère ?
- Je n'ai jamais pu lui pardonner. Pendant bien vingt ans.
- … c'est… terrible.
Il disait ça avec une inexpressivité et un manque d'empathie tellement affligeant que je me demandai s'il n'était pas une espèce d'extraterrestre incapable de la moindre compassion. C'était lui l'humain et nous étions juste les puces tentant de lui dévorer les jambes.
- Hm. Mais je lui ai pardonné finalement. Les liens entre une mère et son fils…
Justin acquiesça sombrement. Mon tour devint alors cruel.
- Vous et vos parents…
Justin se mordilla les lèvres.
- Mon père… est mort un an avant la guerre. C'était un mendiant et un faible.
- Un… mendiant ?!
- Il mendiait l'attention et l'affection des autres, il faisait tout pour se faire bien voir. Je le détestais.
J'acquiesçai.
- Hm. Mes condoléances.
- Inutiles.
- Et… votre mère ?
Le visage de Justin s'empreint de douceur. J'étais surpris. C'était la première fois que je voyais des SENTIMENTS sur ce visage.
- Elle… elle a disparu.
- Oh… j'en suis… désolé… disparu… comment ?
Justin soupira. Il me raconta alors l'histoire de sa mère. Une histoire si immonde et si dégoûtante que je ne puis la raconter ici. Je déconne.
- Ma mère a toujours été… euh… elle… a toujours fait ce qui était bien. Toujours.
J'acquiesçai.
- Oui, les mères sont… elles sont une espèce de pouvoir, la mienne, malgré toute la haine que je lui portai, n'a jamais été jusqu'à me la rendre franchement. Elles sont incapables de haïr totalement leurs enfants.
- Comment avez-vous pu détester votre mère ne serait-ce qu'une seule seconde…
Je serrai les dents. C'était un tribunal nécessaire.
- Disons que… je… j'étais fou. Encore plus que maintenant.
Justin me regardait, très sévère.
- Vous lui avez vraiment pardonné depuis ?
- … oui, oui.
- Elle est encore de ce monde ? Vous lui parlez toujours ?
Mensonge énorme, décollage dans cinq, quatre, trois…
- Oui, évidemment !
- Tant mieux. Aucune mère ne mérite d'être privée de ses enfants, aucune.
J'acquiesçai. « Il a un graiiiiiiin… »
- Roland Smirnoff, quel était le but réel de cet entretien ?
- … mettre les choses au clair quant à votre ingérence dans ma politique, pourquoi ?
Justin me regarda, sévèrement.
- Je n'aime pas beaucoup qu'on me remonte les bretelles comme ça.
- Qui vous parle de remontage de bretelles, je vous ai dit que j'étais d'accord. Je pense que notre duo fonctionne. Dorénavant, tenez-moi juste informé, histoire que je n'aie pas la sensation que vous essayiez de me prendre à revers. Sans mauvais jeu de mot.
Justin grimaça, rouge comme une tomate. J'achevai mes pancakes.
- Ce fut un plaisir !
Je lui tendis la main. Il me la prit et la serra très fort.
- Ne me sous-estimez pas, Smirnoff. Il vous en cuirait.
Je restai stoïque.
- Je n'ai pas peur de vous, Truce. Ne pensez jamais que vous avez un ascendant sur moi.
- Ce n'est pas l'impression que vous donnez.
- Je ne cherche pas à donner quelque impression que ce soit.
- Vous n'avez pas l'air d'avoir conscience d'à quel point je peux vous écraser.
- C'est pour ça que je tiens à ce que notre collaboration soit la plus claire possible. Je ne voudrais pas que ça finisse mal pour moi… et surtout pour vous.
Justin et moi échangeâmes un regard des plus courtois – si ce regard avait été lancé entre deux salopes en furie autour d'un t-shirt avec un nom de drogue dessus – et il partit le premier. Je soufflai, pas mécontent de mon coup. « Au moins, on saura d'où sont parties les hostilités. »
Je sortais quelques minutes plus tard du café pour aller au pressing juste à côté. Le couple et l'enfant acteurs que j'avais engagé m'y attendaient. Je leur tendais leurs trois chèques.
- Merci beaucoup !
***
QUATRIEME ANNEE
***
- Tu ne réalises pas à quel point j'ai du travail en ce moment ! Roland n'a rien trouvé de mieux qu'à racheter Pokétopia !! Oui oui tu as bien entendu, Pokétopia !! Pas Poképolis, Pokétopia !
Les ouvriers regardaient leur chef, Pablo, au téléphone avec quelqu'un qui avait pourtant l'air important.
- Je SAIIIIIS que tu veux qu'on se revoie ! Je te rappelle qu'au départ toi et moi on se détestait et maintenant on peut pas s'empêcher d'être fourrés ensemble ! On n'a même pas couché ! Tu te rends compte d'à quel point tu mets de l'inédit dans ma vie ? C'est ça, gausse-toi, vieil enfoiré !! Je vais devoir te laisser, Nestor.
Pablo raccrocha. Il observa ce qui s'annonçait comme un des plus grands chantiers du monde. Deux mille ouvriers, des machines partout, du matériel importé de presque partout dans le monde…
- J'espère qu'il sait ce qu'il fait, ce morveux !
- Excusez-moi…
Pablo se tourna vers ce qui ressemblait fort à un clochard.
- Eeeeew !! Crade ! Vous êtes qui ?
- Sacha Ketchum, le propriétaire. Vous êtes un mec ou une nana ?
Pablo haussa les sourcils.
- Sachez, espèce d'impudente pute, que je suis Pablo Montes ! Un des hommes de main de Roland Smirnoff ! Levez la main sur moi et je vous fais emprisonner !
- Ah ouais carrément. C'est juste pour vous dire que les ouvriers attendent votre feu vert pour déplacer mes appartements.
Pablo plissa les yeux.
- Ah. Oui. C'est vrai… Euh… Bah j'arrive !
- Hm. Vous êtes aussi taré que Smirnoff m'avait dit…
Pablo soupira.
- Je suis pas payé assez cher pour ce travail…
***
Dimitri griffonnait des cahiers. Arlène soupirait de le voir de jour en jour s'enfoncer dans le travail.
- Tout va bien ce matin ?
- Hm.
Arlène prit la théière et vit qu'elle était à moitié vide.
- Tu devrais arrêter le thé, ça va te jouer de mauvais tours…
Dimitri se mordilla les lèvres et hocha la tête.
- Tu as raison. Tu veux qu'on ait des rapports sexuels ?
- C'est proposé si gentiment. Je soupçonne ton Asperger de faire un retour en force après ton retour à la réalité…
- … C'est pas que ce qui se passe ici m'ennuie… C'est juste que j'ai réalisé que mes meilleurs amis ne pourraient pas être à mon mariage…
Arlène soupira.
- Je sais que c'est très important mais ne te mine pas le moral pour ça…
- Hm. J'en suis conscient. C'est pour ça que je bosse ces journaux de bord.
- … Tu nous dessines ?!
- Je veux que ce soit un travail atypique et original.
- … j'ai de si gros seins que ça ?!
Dimitri recula de son travail.
- Ah non, c'est pour te différencier des pectoraux de monsieur Trafalgar !
- Ah. Bien. Il faudra qu'on l'invite à dîner avec sa fille.
- Hm. Mais en ce moment il est tout le temps fourré avec Jackson.
- Pablo t'en a parlé aussi…
- Difficile de ne pas l'entendre…
***
- Comme vous pouvez le voir, Giratina est très à l'aise, malgré l'étroitesse relative des lieux en comparaison de sa taille.
Trafalgar acquiesça.
- Il n'est donc aucunement maltraité. Vous voulez venir le voir ?
Ulrich s'étonna et regarda Jackson.
- Vous êtes certain ?
- Tant que vous êtes avec moi, en théorie, il n'y a aucun danger !
Trafalgar haussa les épaules et suivit Jackson jusqu'à une porte de l'habitacle.
- Vous le laissez sous cette forme serpentaire…
- Il est beaucoup plus à l'aise comme cela, l'autre forme est une contrainte mobile pour lui...
- Vos expériences ont avancé jusqu'à quel point ?
- Oh, je suis juste allé dans l'autre dimension parallèle à la nôtre ! Un univers fort intéressant.
Trafalgar regarda Jackson, scié. Le scientifique acquiesça.
- Hm. J'ai déjà rempli des carnets entiers de notes à ce sujet. Et d'autres choses ne sont que dans ma mémoire. Ce qui me place évidemment dans une position délicate si Truce s'intéresse réellement à mes expériences, mais c'est un risque que je suis prêt à prendre.
Giratina approcha de Jackson et le caressa du bout du nez.
- Il est très affectueux, c'est un Pokémon habitué à être rejeté, alors quand j'ai fait preuve du minimum syndical d'affection, il s'est très vite attaché à moi !
Giratina renifla Trafalgar qui observait la créature, médusé. Giratina le caressa à son tour du bout du museau.
- Il sent votre connexion avec la Grotte Inconnue…
- Ce doivent surtout être mes Pokémon…
- Hm. Quoi qu'il en soit je compte faire une démonstration à tout le monde d'ici peu. Il y a quelques précautions préalables à prendre avant d'y pénétrer mais cela en vaut vraiment la peine !
- Qu'y a-t-il de si particulier ? Un nouveau monde ? Des Pokémon qui n'existent nulle part ailleurs ?! Une autre espèce de créature ?
- Ce n'est pas vraiment un… monde. Mes explorations m'ont prouvé qu'il s'agissait en fait d'un long couloir. Du moins c'est la forme qu'il adopte.
- Mais Giratina n'est pas censé vivre dans ce monde ?
- Si. Et en réalité, le monde auquel nous accédons est une sécurité pour lui. Nous ne pourrons jamais pénétrer son monde, à moins qu'il n'y pénètre aussi. Cette sécurité est impressionnante. J'ai fait une expérience en faisant entrer cinq personnes du laboratoire tour à tour. Leurs visites de dix minutes chacun sont totalement différentes. Je pense cependant être entré dans ce monde où tout le monde pénètre par la voie normale. Giratina n'a pas une infinité de mondes parallèles, c'est une hypothèse complètement illogique, vous le concèderez…
Trafalgar avait juste les oreilles qui fumaient.
- Ma conclusion est effarante et annonce un progrès scientifique de grande ampleur MAIS je préfère avoir l'aval de Smirnoff avant de l'annoncer publiquement. Je pense que ma découverte pourrait être un argument de poids contre Justin Truce.
Trafalgar agita la tête.
- Je ne comprends pas tout…
- C'est ce que je craignais ! sourit Jackson.
***
- Autorise-le à inviter quelques-uns de ses amis, au moins !
- Pas possible, trop dangereux, fin de la discussion.
Arlène grommela. Je détestai quand Arlène grommelait. Cela lui donnait des rides moches.
- Alors on va se marier juste tous les deux et il n'y aura que nous cinq ?
- Sacha veut venir aussi ! Pour une fois que je trouve un Sacha supportable… faut dire que lui, il a pas baisé ma femme.
- Comment va-t-elle au fait ? demanda Arlène, laconique.
Je plissai les yeux.
- Oui parce qu'on sait tous que tu observes tes anciens amis, que tu les fais espionner !
- Sorcière, sors d'ici ! grommelai-je, dramatique.
- Roland !
Je soupirai.
- Trop dangereux ! C'est sérieux ! Votre seul mariage est un problème que je gère personnellement !
- Ce n'est pas comme si ce crétin de Truce avait une armée à son service !
Je me mordillai les lèvres. Arlène plissa les yeux.
- Seth a ramené de nouvelles infos. J'ai la liste de leurs effectifs. Ils sont en train de créer des soldats… Ce foutu Truce a les pires atours de la noblesse Poképolite.
Arlène grimaça, ce qui lui créa encore plus de rides moches. Je soufflai.
- Il y a fort longtemps de cela… bien avant toutes les guerres débiles dont celle des dix-huit jours… dans une période qu'on peut apparenter au Moyen-Âge occidental… Il y eut une période tyrannique de notre histoire, une période où régnaient les treize maris des treize filles du Roi Caub, ainsi que leurs descendants.
Arlène soupira et s'assit, sentant que cela allait être long.
- Ils créèrent la société Poképolite telle que nous la connaissons dans les grandes lignes, sauf qu'on pouvait tuer les Pokémon, que leur tenir de l'estime était péché, qu'on mangeait les Pokémon, que notre justice était encore plus expéditive que l'actuelle, bref.
J'agitai une main.
- Le dressage était alors un acte considéré comme dangereux. Militaire. De la même manière qu'Internet était au départ destiné à un usage purement intergouvernemental et est ensuite devenu public, Dresser un Pokémon était au départ un acte militaire destiné à conserver le pouvoir. Un simple Rattata avait un pouvoir de dissuasion au même titre qu'une bombe atomique.
Arlène haussa un sourcil.
- De fait, les nobles se sont emparés de ce constat et, tel Internet, ils l'ont répandu à tous.
Arlène plissa les yeux. Je hochai la tête.
- Les premières écoles Poképolites étaient des écoles militaires. On en retrouve de nombreux vestiges aujourd'hui. Nous sommes les seules écoles au monde qui considérons que nos élèves doivent apprendre à dresser un Pokémon avant même d'apprendre à lire. La matière dite des Fondamentaux est citée par de nombreux pays comme un scandale éducatif humanitaire qui nécessiterait une intervention de l'ONU – comme cela a failli être voté en 1983. Nos cours de combat direct sont vus comme des moyens d'opposer les élèves, de les endurcir, de les former à la guerre. Les Etats-Unis nous ont longtemps vus de la même façon que l'Iran, comme si nous préparions une bombe en secret. Ou comme l'Afghanistan, à préparer des soldats pour détruire leur nation.
Arlène secoua la tête.
- Attends… Poképolis n'a pas d'ennemi que je sache, enfin, pas aussi violemment…
- L'ennemi de Poképolis c'est lui-même. Nos guerres précédentes ont toutes été civiles. Et ignobles. Au final, c'est un vieux fou belliciste qui voulait juste s'amuser une dernière fois avant de casser sa pipe, et c'était pitoyable, meurtrier et immonde… Dimitri en sait quelque chose.
- Raison de plus pour…
- Justin Truce a hérité de la volonté de ses ancêtres. Il est en train de former des soldats. Il veut être aussi stupide que Suzuki.
Arlène cligna les yeux.
- Tu veux dire…
- J'sais pas. C'est l'hypothèse la plus crédible que j'aie en ce moment… J'sais pas à quoi m'en tenir, et vu le caractère du mec, je préfère m'en tenir à l'hypothèse la plus pessimiste…
Arlène soupira.
- Au moins… Yann et Amy.
Je serrai les dents.
- Très bien. Je n'y serai pas dans ce cas.
- ROLAND !
- Le petit rouquin veut me buter depuis que j'ai dit que sa copine morte était un tas de merde et surtout depuis que mon Tartard a collé une droite à son père.
Arlène soupira.
- On sent l'homme qui sait se faire des amis.
- Vous n'invitez que ces deux-là. Personne d'autre. La chapelle sera surveillée.
- Tu as peur de quoi ? Qu'ils soient des espions de Truce ?
- Nan. Que Truce se serve d'eux pour nous atteindre. Qu'il les repère et comprenne qu'ils ont des liens avec moi.
Arlène soupira.
- Tu es complètement paranoïaque…
- Je suis prudent, nuance.
***
- J'avais besoin de vous voir pour discuter de l'évolution de la réforme administrative…
Justin soupira alors que je m'étais quand même déplacé jusque dans ses bureaux.
- Cette vieille réforme…
- Vous ne me permettez pas vraiment de la modifier moi-même… Et c'est quoi cette manie que vous avez de me mentionner en interview comme étant « un de vos proches » ?
Je haussai les épaules.
- Nous travaillons étroitement ensemble, on est plutôt proches, non ? Nos intérêts convergent !
Il agita la tête.
- J'en doute.
- Moi aussi mais j'aime bien vous compter parmi mes proches.
Justin soupira.
- Vous voulez quoi ?
- Bah je suis assez perplexe sur l'efficacité de cette procédure, voyez, y'a eu des effets très, très néfastes…
- C'est pourtant le procédé le plus juste, d'où son nom de procédure.
- C'est également un procès dur, d'où son nom…
Justin souffla.
- Vous êtes chez moi, là, sur mes terres. Ne vous avisez plus d'adopter un ton pareil avec moi.
- Ouais, ouais. Mais c'est vrai, cette procédure cause des résolutions d'affaires assez dérangeantes…
- Vous n'êtes pas content, eh bien vous n'aviez qu'à la rédiger vous-même, cette réforme administrative. C'est vous qui avez laissé de côté tout honneur et toute dignité pour faire appel à un tiers pour écrire une réforme que vous étiez incapable d'écrire. Assumez, maintenant. Si des élèves ou des professeurs n'arrivent pas à obtenir justice, quelle importance.
Je penchai la tête.
- Bah, l'importance que…
- La presse n'est pas au courant de toute manière, et les commissions Bowyer vérifient que le règlement est bien appliqué.
Putain de merde t'es tellement un enfoiré de fils de pute, j'aimerais concasser tes couilles dans un putain d'étau.
- Génial. En effet… Ca ressemble pas du tout à un piège infâme…
- Vous vouliez de quoi faire filer droit. Eh bien, cela file droit, non ?
Inspirer. Expirer. Se retenir de lui coller mon poing dans la gueule avec supplément genou-noisettes.
- Ouais…
J'acquiesçai.
Et puis je posai les mains sur son bureau.
- T'en dirais quoi, tête de nœud, si d'un coup d'un seul je décidai de supprimer ta petite réforme à la con histoire de la réécrire à ma manière, très naïvement évidemment, parce que j'y connais rien, mais histoire, tu vois, de la transformer en un texte qui serait autre chose qu'un étron qui aurait pu être pondu par Hitler et ses potes ?
Justin Truce me regarda, absolument ébahi.
- Tant que j'y suis, continue à me menacer sans en avoir l'air, toi et tes potes, et tu vois ton foutu building, là ? Je le DEPIAUTE. Je ne le démolis pas, je ne le détruis pas, je ne le dévaste pas, je le dépiaute. Miette par miette. Ton empire à la con, j'en fais des putain de confettis. Ne me sous-estime pas, Truce. Ne sous-estime jamais un Smirnoff parce que de tous les fils de pute de nobles que tu as pu croiser dans ta sale petite vie d'aristo mal baisé, y'en a pas un qui m'arrive aux poils de cul. Alors tes menaces de gamine de seize ans, tu te les fourres où je pense et tu te fais plaisir avec, compris ?Putain qu'est-ce que j'aurais aimé pouvoir lui dire ça.
- Vous avez raison. J'ai tort de douter. Bon, bah bonne journée.
- Hm… c'est ça… « Nuisible inutile… »
- A plus ! « Connard… »
Je sortis de son bureau. Metamorph arriva juste à ce moment.
- Alors, Bob…
Il tomba du plafond dans mes mains et je récupérais la caméra sur sa tête.
- … voyons ce super plan que tu m'as fait…
***
- Mes amis…
« … » songea Trafalgar.
« Hmmm… » songea Dimitri.
« Yep » songeai-je.
« Bof bof… » songea Arlène.
« Certes oui » songea Pablo.
Jackson ouvrit le dôme, et Giratina s'échappa dans la pièce.
- Vous allez assister à un évènement d'une ampleur scientifique hallucinante ! Roland, je te remercie encore pour avoir permis ces expériences possibles !
- Pourquoi y'a aucun de tes collaborateurs pour cette séance ?
- Le docteur Wound n'a pas confié l'ensemble de ses expériences à ses proches collaborateurs… marmonna Trafalgar.
J'acquiesçai.
- Et vous deux, c'est pour quand le mariage ?
- Ahem... Bien ! Giratina est un Pokémon qui peut voyager entre les dimensions. Mes expériences ont consisté à faire en sorte que Giratina puisse ouvrir un passage vers l'autre dimension. J'y suis parvenu et nous allons aujourd'hui visiter cet étrange monde parallèle… Oui, Dimitri ?
- Euh… Là, aussi simplement, comme ça ?
Giratina passa au-dessus de nous ce qui nous fit un peu flipper.
- En fait il y a des tas de critères à prendre en compte. J'ai d'abord dû nouer avec Giratina une vraie relation amicale. Il me fait confiance, je lui fais confiance. Ensuite, quand il ouvre son passage dimensionnel, il l'adapte à la personne qui va le traverser.
Penchée de tête générale.
- Je vous explique !
Trente minutes plus tard.
- Et ainsi, avec tous les détails scientifiques, que Giratina sécurise ses dimensions en les déformant selon la façon dont on y entre ! Si Giratina se sent brusqué, la dimension va refléter ses plus grandes peurs, ou alors ses plus grands fantasmes. Si on y entre par les voies normales, rien à craindre !
J'étais très intéressé. Trafalgar s'était endormi debout. Dimitri avait tout noté. Arlène avait fini un bouquin. Pablo matait du porno sur l'ordi de Jackson.
- Merde, pourquoi James Deen n'a jamais fait de porno gay… quand on apprécie de se faire lécher l'anus par une femme, c'est bien qu'on a des prédispositions !!
Nous nous retournâmes vers lui. Il nous regarda.
- Enfin fini ? Pfouu !
Pablo vint nous rejoindre. Jackson souffla.
- Sans plus attendre…
Jackson saisit l'orbe Platiné et le frotta avec un doigt. Giratina se posta derrière lui.
- Bon. Vous allez tous venir et passer le bout de votre doigt sur cette orbe de sorte à avoir une délicate pellicule argentée sur votre empreinte digitale !
Nous nous soumîmes à l'exercice. Et oui, moi aussi je trouve le passé simple horriblement laid. C'est pour ça que le passé de tout le monde est très compliqué !
- Voilà qui est fait. Et maintenant… Giratina !
Jackson lui demanda d'approcher avec des gestes très millimétrés. Giratina se posta au-dessus de nous, la tête penchée vers Jackson.
- Le lieu importe peu. Là où Dialga et Palkia ne peuvent ouvrir qu'une seule porte à un seul endroit et dans des conditions particulières, Giratina peut le faire n'importe quand et n'importe où.
Je plissai les yeux, très dubitatif.
- J'ai une question…
- Oui ?
- C'est pas un peu cheaté ?! Genre on peut entrer dans l'autre dimension comme ça, comme dans un moulin ?
- Ah, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Comme la possession de l'orbe platiné qui est requise pour contrôler Giratina, mais également d'avoir la confiance de Giratina. Et je l'ai.
- Mais euh… le Julius, là, il dressait cette bête, il avait forcément sa confiance…
- Tu l'as dit toi-même pendant votre combat, les circonstances de l'obtention des Pokémon de Kent sont confuses et parfois violentes. Ici, j'étais une personne inédite pour Giratina. J'ai donc pu nouer un lien avec lui, un lien très fort.
- Dernière question… Il me reconnait ? Il pourrait m'en vouloir de lui avoir botté le cul ?
Jackson et le reste de mon équipe sourirent.
- Il se souvient de toi mais à présent sous mon contrôle, il n'a pas en lui l'animosité que lui insufflait Julius Kent.
J'acquiesçai. Jackson souffla.
- Bon ! Allons-y ! Giratina, Revenant !
Giratina ouvrit grand la bouche et poussa un cri qui ouvrit une porte. Jackson nous invita à traverser. Dimitri s'y risqua le premier, suivi par Arlène, Pablo, Trafalgar, moi et finalement Jackson.
Nous étions dans ce qui s'apparentait à une parfaite banlieue américaine, avec les maisons proprettes, les barrières en bois…
- … La dimension de Giratina, c'est WISTERIA LANE ??? grommela Pablo.
- Evidemment. Le monde Distorsion est une représentation de notre esprit. En réalité nous sommes entourés d'un univers sombre, monstrueux et chaotique. Mais notre esprit est trop simple pour le percevoir. Alors il invente ça.
Arlène plissa les yeux.
- Tu veux dire qu'on préfère imaginer ça qu'un enfer ténébreux et horrifiant ? Ouais, ça semble logique…
- J'ai autre chose à vous montrer… Quelque chose de beaucoup plus… spécifique…
Jackson nous mena à travers les allées désertes. Des cris d'enfants se firent entendre. Je grimaçai. Trafalgar me regarda, intrigué. J'agitai les mains.
- Y'a pas des mômes dans la dimension maléfique de Giratina ?
Nous arrivâmes au-devant d'une maison où deux enfants jouaient alors que deux adultes les surveillaient. J'écarquillai les yeux. Trafalgar se couvrit la bouche.
Jackson s'avança plus près en nous faisant signe de ne pas s'avancer. Il alla parler aux deux personnes, que nous connaissions, selon toute vraisemblance. L'homme prit les enfants et rentra dans la maisonnée alors que la grande femme blonde s'avança vers la barrière. Jackson nous fit signe d'approcher.
- Mesdames et messieurs… Cynthia Karashina !
J'étais absolument stupéfait. Tout le monde la croyait morte, mais non, elle était en vacances ici. Gros Lol.
N'empêche j'étais impressionné, cette meuf, jusqu'à sa déchéance, était quand même une putain de légende.
- Ma… Madame…
Cynthia nous observait, intriguée. Jackson la regarda en me désignant.
- C'est le fils d'Etienne Smirnoff, Roland.
Cynthia me regarda comme si j'étais de sa famille. Elle n'avait pas changé d'un iota.
- … mon dieu… Comme vous lui ressemblez…
- Vous êtes hideuse vous aussi… grommelai-je.
Jackson lança un regard entendu à Trafalgar qui secoua la tête.
- Et vous parlez comme lui… admit Cynthia.
- Tout le monde vous croit morte ! Mon père le premier !!
- Je sais… Ce fut une surprise pour nous aussi…
- Les enfants sont entrés avec vous ici ? s'étonna Roland.
Cynthia inspira.
- Je pense que monsieur Wound peut expliquer…
- Cynthia et Jethro ont créé avec le temps un foyer conforme à leurs attentes. De la même manière que nous avons créé ce quartier avec notre esprit, les attentes du couple étaient tellement fortes envers cette autre dimension qu'ils se sont littéralement recréé deux enfants.
Cynthia inspira.
- Je sais bien que ce ne sont pas nos vrais enfants, mais… c'est si doux d'en rêver…
- Depuis quoi, trente ans, fameux… Encore que non, j'avais quatre ans… ça fait vingt-cinq ans et quelques.
Cynthia baissa la tête, dépitée.
- Vous êtes vraiment, terriblement, comme votre père…
- Sauf que moi je suis président de l'association Pokémon et que lui a fini prof.
- Etienne est mort ?
- Pire, en Europe.
Cynthia souffla de soulagement.
- Bon, bon…
- Me permettez-vous d'informer mes parents de votre état actuel ?
Cynthia me regarda.
- Eh bien… Les affaires du monde ne me concernent plus, mais si cela peut le rassurer…
- Bon. En contrepartie je vous informe qu'il se peut qu'un jour vous receviez une visite moins bien intentionnée que la nôtre…
Cynthia plissa les yeux. Dimitri approcha.
- Justin Truce, ça vous dit quelque chose ?
Cynthia sembla apeurée, ce qui ne manqua pas de me sauter aux yeux.
- Justin Truce…
- Oui… Il pense que sa mère disparue serait ici.
- Nous avons toujours été seuls…
Jackson hocha la tête.
- Je m'en doutais…
- Jeune homme, méfiez-vous de Truce.
Je haussai un sourcil.
- Pourquoi ? Enfin je sais que ce gars est un connard mais pourquoi plus précisément ?
- Les familles Truce et Suzuki ont toujours été des ennemies mortelles. Vous le savez. Mais vous vous doutez également que pour que les deux familles se tiennent respectivement tête, il fallait qu'elles soient d'égale force.
Nous acquiesçâmes.
- Les Suzuki possèdent Heatran. Les Truce possèdent un Pokémon très particulier.
- Lequel ? Ne parlez pas par énigmes !
- Je ne sais pas quel Pokémon c'est ! Personne ne l'a jamais vu en action. Et ce Pokémon a fait que les Truce n'ont jamais pu être vaincus ou déboutés de leur rang.
Arlène, Pablo et Trafalgar se regardèrent.
- Arceus ?
- Impossible. L'équilibre du monde en serait modifié, assura Trafalgar.
- Tous ces légendaires, c'est d'une connerie… soupira Pablo.
- Méfiez-vous de Truce, jeune Roland. Méfiez-vous.
J'acquiesçai.
- Mon collaborateur fera son possible pour que si un jour Truce entre ici, il ne vous cause pas d'ennuis.
Cynthia hocha la tête.
- Merci.
- Désolé d'avoir perturbé votre tranquillité… Mais alors au fait, ce petit message… « En vie » ?
Cynthia ricana.
- Ca date d'au moins vingt ans ! Quand on ne possède pas les objets adaptés, la perception du temps et de l'espace d'un côté de la porte à l'autre diffère… Et puis de toute façon, sans ces précieux objets, personne ne peut repartir d'ici…
Un frisson parcourut l'assemblée.
- Non pas que je veuille repartir à présent…
Je grimaçai, frappé par le caractère tragique de leur « vie de rêve ». Jackson acquiesça.
- Nous allons poursuivre notre visite, merci madame Karashina.
- Mais de rien.
La troupe s'éloigna. Jackson me regarda. Je haussai les épaules.
- J'vois pas l'intérêt de tout ça…
- Pour Truce ou tout court ?
- … Tout court.
- Au niveau scientifique, il faudrait que je perce cette barrière illusoire pour examiner le vrai monde distorsion… Au niveau politique, il est possible pour nous de faire en sorte que Justin croie vraiment que sa mère est ici et qu'il perde du temps à chercher à acquérir un Pokémon qui au final ne lui servira à rien. Tu vois ce que je veux dire ?
Je me tournai vers Trafalgar qui hocha la tête.
- C'est mon idée également.
- C'était vraiment la meilleure idée du monde, ces vacances à Paris ! Vous êtes de plus en plus malins !
- Hm… Il faut que je vous montre quelques autres trucs.
Nous sortons du quartier et atteignons une route pavée qui part vers le lointain.
- C'est la sortie, si vous empruntez ce chemin vous sortirez de la dimension exactement par là où vous êtes entrés.
- Attendez, quoi ? La super dimension sur laquelle tu fais des recherches depuis trois-quatre ans, c'est une galerie marchande ?! soupira Pablo.
- Il vient d'expliquer que c'était limité par notre esprit… grommela Dimitri.
- Faut suivre ! soupira Arlène.
- Même moi j'ai compris ça… souffla Trafalgar.
Pablo grimaça.
- J'ai besoin de porno maintenant… Vous êtes contents ?!
- OUI !
- On fait marcher le commerce quoi…
Arlène, Trafalgar, Jackson et moi-même regardions Dimitri qui haussa les épaules.
- La dernière chose que j'ai à vous montrer, c'est… le pouvoir de l'imagination ici. Si vous espérez ou au contraire si vous craignez intensément quelque chose, cela peut se matérialiser avec un peu de concentration. Par exemple, un de mes rêves d'enfants est de mettre la main sur un Kaorine Chromatique, afin de voir s'il y a de vraies différences avec le Pokémon classique…
Jackson se concentra et créa un Kaorine aux yeux jaunes. La créature s'éloigna sur le chemin.
- Mais ça ne reste pas, ça s'en va. Voyez ? Quelqu'un veut essayer ? Quelqu'un avec de l'imagination…
- Moi ! Moi !! cria Pablo.
- … quelqu'un d'autre…
- HEY !
- Arlène ?
La rousse haussa les sourcils et s'avança.
- J'imagine quoi ?
- Concentre-toi sur quelque chose qui te fascine, ou qui te fait peur… ou qui te tient à cœur.
Arlène ferma les yeux et les rouvrit. Un jeune homme nu ouvrait un frigo. Tout le monde se tourna vers Dimitri qui semblait embarrassé.
Le jeune homme ferma le frigidaire et se retourna. Ce n'était pas Dimitri. Arlène frissonna.
- Comme tu es belle, sœurette…
Arlène recula d'un pas. Jackson serra les dents.
- Evidemment, nos… frayeurs les plus intimes peuvent ressortir…
Une épée fusa de nulle part et transperça le jeune homme qui disparut dans une effusion noire. Arlène respira mieux. Dimitri lui attrapa le bras.
- Ça va ?
- Oui… Oui, oui… Je pourrais refaire ça des milliers de fois, c'était jouissif…
- Désolé… Mais au moins ça vous prouve l'efficacité du truc !
Je hochai la tête.
- Hm. Tu ne mesures pas à quel point… Au fait, et les enfants de Cynthia…
- Elle a probablement travaillé ces… « constructions spirituelles » à un niveau extrême, j'essaierai d'en discuter avec elle, sans pour autant gâcher son séjour ici…
J'acquiesçai.
- On sait maintenant à quoi s'en tenir, et on a même un moyen de pression contre Truce. Qui dit mieux ?
***
- Je suis vraiment content qu'on mange ensemble à présent !
Trafalgar agita la tête. Jackson était tout souriant.
- C'est… une vraie victoire pour moi, je suis content, c'est comme si j'avais pu racheter mes péchés, comme si on m'avait donné une seconde chance… Je sais pas comment vous le prenez…
Trafalgar inspira lourdement.
- Disons que parfois il faut accepter de changer de point de vue pour mieux apprécier les situations… En apprenant à connaître vos raisons et votre combat, je me suis rappelé de mon combat personnel… Les deux ne sont peut-être pas incompatibles. Cependant… Pour ce qui est du rachat de vos péchés…
Jackson grimaça. Trafalgar soupira.
- Ne comptez pas sur moi pour le faire. Je ne suis personne pour vous juger. Seuls les Pokémon le peuvent. L'Aîné Baroun Banks ne disait-il pas que les Pokémon seuls ont le pouvoir, l'intelligence et la mansuétude nécessaire au pardon.
Jackson acquiesça.
- Vous avez raison. Si j'arrive à de si bons résultats avec Giratina, c'est que je peux faire mon métier sans pour autant compromettre le futur des Pokémon.
- Voilà.
- Et des humains, ça va de soi.
- A moins que cette dimension n'aspire la planète entière dans son ventre…
- Ce serait embêtant, ça, en effet… sourit Jackson.
- Je ne pense pas que cela puisse être de votre faute…
Jackson ricana.
- Je ne sais pas trop, faut vérifier…
Trafalgar sourit en piochant dans son assiette.
- Merci beaucoup, Ulrich… j'apprécie énormément en tout cas que vous m'ayez pardonné.
Trafalgar haussa les épaules.
- Vous pardonner, c'était une manière de clore une page de mon combat. De dire « Bon, au moins, lui, il a compris, c'est déjà très bien ».
Jackson ne put qu'acquiescer.
- C'est gentil de votre part…
- Je suis le trouble herculéen, pas la danseuse en tutu.
***
- Hm. J'arriverai à Bourg Croquis sous peu… Merci, c'est réciproque ! J'ai hâte de venir entamer avec vous les relations diplomatiques avec Kalos. Voilà. Et oui, je vous présenterai mon Absol… Je sais pas ce que vous avez avec ce Pokémon mais depuis que je vous ai parlé vous n'en avez que pour mon Absol… Bonne journée à vous aussi !
Je raccrochai. Dimitri entra dans mon bureau.
- Futur marié, que puis-je pour toi ?
Dimitri soupira.
- Je suis désolé.
Je plissai les yeux.
- Ce serait à moi de l'être. Je t'ai sapé le moral. Je t'ai imposé trop de contraintes…
- J'ai... été capricieux.
Je penchai la tête.
- Capricieux ?
- Oui, ce travail m'a apporté énormément de bonnes choses… Une structure, une dignité, un rang dans la société… une femme…
- C'était tellement pas évident au départ c't'affaire là…
- Et au lieu de te… de vous remercier, je fais l'enfant et je boude…
- C'est très bien.
Dimitri s'étonna, mais j'étais sérieux.
- Ta vie s'est arrêtée quand tu étais enfant, à cause de la guerre. Si tu te mets à réagir comme un enfant c'est que tu reprends ta vie là où tu l'avais laissé. Et, Dimitri…
Je fis tourner mon fauteuil pour plus de classe.
- … tu ne me dois rien. Sors et retourne travailler.
Dimitri hocha poliment la tête (Je pouvais le voir grâce à mes yeux de siège) (ou peut-être était-ce le miroir devant moi) (Oh et puis zut, la narration interne omnisciente, vous connaissez ?) Il tourna les talons et partit. Je soupirai. « Ils ont une conscience propre à présent… Cela devient problématique… »
Je me retournai, pris le téléphone et passai un appel important.
- Papa… C'est moi Roland. Tout va bien ?... Okay. J'ai un truc à t'annoncer, t'es assis ?
***
- Monsieur Dimitri Corbin, voulez-vous prendre pour épouse mademoiselle Arlène Rhodes ici présente ?
Dimitri hocha la tête. L'officiant plissa les yeux.
- J'ai… besoin d'un oui clair et sans ambiguïté…
- Oui clair et sans ambigüité.
Yann et Amy plissèrent les yeux. « Il a pas changé… »
- Mademoiselle Arlène Rhodes, voulez-vous prendre pour époux monsieur Dimitri Corbin ici présent ?
- C'est d'un ennui tout ça… Pourquoi tu voulais te marier ?!
- Bah… Je sais pas, pour officialiser…
- C'est ridicule. Oui !
L'officiant soupira et acquiesça.
- Bien je… vous déclare donc mari et femme, vous pouvez embrasser la mariée.
- Hors de question, y'a à peine dix personnes dans la salle… soupira Arlène.
- C'est obligé ? J'veux pas non plus… geignit Dimitri.
- Non pas qu'il me dégoûte hein !
- C'est pas ça du tout, c'est juste qu'on n'est pas très démonstratifs en public… marmonna Dimitri.
Trafalgar, Jackson et Pablo soupirèrent.
- J'ai jamais été aussi lassé par des fesses… masculines comme féminines…
Jackson et Trafalgar regardèrent la blondasse qui avait revêtu un joli smoking blanc.
Le reste du public était constitué des collaborateurs d'Arlène et Dimitri dans leurs cabinets respectifs.
- Euh… Non, je ne pense pas que cela soit nécessaire…
- Chouette !
- Hm !
- De toute façon, vous n'avez pas de témoins…
- Bah si, y'a des gens dans la salle ! s'étonna Dimitri.
- Il a raison, ça vous suffit pas comme témoins ? soupira Arlène.
L'officiant soupira.
- Oh et puis zut… Vous êtes mariés !
Le couple se regarda.
- Désolé si ça n'est pas comme tu voulais…
- J'avais pas vraiment prévu quoi que ce soit…
- Moi non plus en fait...
Les deux haussèrent les épaules et s'embrassèrent. Amy se pencha vers Yann.
- Arrête de la regarder !
- Ne sois pas ridicule, j'étais en train de me demander si elle n'utilisait pas Dimitri pour avoir la nationalité Poképolite !
***
- Je ne sais MEME PAS par quoi commencer !
- Bah par le commencement… marmonna Dimitri.
Amy inspira.
- Tu es heureux au moins ?
- Très, j'ai un bon travail et j'ai une femme maintenant…
- Comment tu peux travailler pour ce mec ?? Après tout ce qu'il a fait ? Abandonner tout le monde ? Tu as entendu parler de cet horrible procès avec son ancien quartier ! J'croyais que tu aimais bien ta petite vie avec la manutention et ton petit appart…
Amy regarda Yann qui la regarda.
- Quoi ?!
- Quoi, quoi ? Il a trouvé mieux et il s'est juste aperçu qu'il méritait mieux et qu'il pouvait avoir mieux, Yann ! Il a changé, voilà tout.
- Oui elle a bien résumé les choses… admit Dimitri. Même si… Vous me manquez pas mal…
- On se doute… soupira Yann. Tu me manques aussi…
- Il dit ça parce qu'on a des voisins atroces et qu'il aimerait bien que tu viennes le distraire un peu !
- Et elle les adore !!
- Bah oui, j'vois pas pourquoi j'les aimerai pas… Ils nous invitent à dîner et j'ai pas à faire la cuisine !
Dimitri acquiesça.
- Je suis content que ça aille bien… On a… J'ai observé votre mariage de loin, ta robe était très jolie, Amy.
- Merci…
- Pourquoi t'es pas venu tout simplement ? souffla Yann.
Dimitri grimaça, embarrassé. Yann fronça les sourcils.
- Smirnoff…
- C'est pas moi qui te l'ai dit…
- Dimitri, ne te laisse pas contaminer par ce mec, ok ? Dès que tu peux échapper à son emprise, fais-le ! Au moins pour ta femme !
- Pourquoi elle reste à l'écart au fait ? s'étonna Amy.
Dimitri se retourna vers Arlène qui lui fit signe de rester avec ses amis. Dimitri lui fit signe de venir. Arlène agita les mains. Dimitri plissa les yeux. Arlène soupira en levant les yeux au ciel et s'avança.
- Arlène, je te présente Yann, mon meilleur ami, et sa femme Amy, j'ai rencontré Amy après ma tentative de suicide suite à ma relation destructrice avec Rose.
Arlène grimaça.
- Tu m'as déjà parlé de tout ça, tu avais juste à me dire « C'est Amy »…
Arlène serra les mains du couple.
- En plus on ne s'est pas rencontrés comme ça… et je t'ai sauvé la vie, c'est tout… souffla Amy.
- Ouais… marmonna Yann. A… Alors Arlène, vous venez… d'où ?
- Je suis fille d'acrobates dans un cirque, puis j'ai bourlingué pas mal à New York, j'ai fini comme chanteuse de cabaret, j'ai rencontré Roland quand Pablo est venu me chercher pour une sombre histoire de partenariat à la zone de combat…
- Ah oui ! On vous a vu dans des reportages télévisés ! s'étonna Amy.
- De fil en aiguille je me suis retrouvée à la culture, et je suis tombée dans les bras de ce petit malin.
- Elle a essayé de me séduire quand j'étais bourré mais je l'ai repoussée.
- Ce qui de fait m'a rendu totalement amoureuse.
Yann et Amy se regardèrent.
- En même temps tes parents sont dingues… souffla Yann.
- Et je parle même pas de ton côté de la famille et de tes expériences homo… soupira Amy.
Arlène pencha la tête sur le côté. Dimitri sourit.
- La cérémonie va bientôt se finir…
- Ouais, ouais on a bien lu le faire-part… Dimitri, sérieusement, fais gaffe à Roland, s'il a pu foutre la merde à ce point-là avec sa famille, qu'est-ce que ça va être avec Poképolis ?
- Arrête, tu deviens menaçant voire méchant ! soupira Amy.
- J… Je t'assure que Roland ne fait rien de dangereux, Yann…
- Pour l'instant. Il faisait rien de dangereux non plus quand il a dit qu'il en avait rien à foutre du cadavre de Rose.
Dimitri grimaça.
- Et repense à ce qu'il a dit à sa femme et à son fils avant de les quitter. Et repense à la façon dont il t'a monté la tête pendant votre voyage itinérant.
Dimitri acquiesça.
- Je ferais attention.
- Je dis ça pour ton bien. Et aussi parce que si possible j'aimerai que tu reviennes vers nous au lieu de te terrer ici avec les autres. Tu te rends compte que si j'avais pas retrouvé mon faire-part à la dernière minute, j'avais droit à une fouille rectale ?
Amy éclata de rire. Arlène ne put s'empêcher de pouffer.
***
- Merci d'avoir accepté cette rencontre. Pablo est un peu occupé en ce moment, il ne pouvait pas se libérer.
Seth hocha la tête.
- Le chantier…
- Hm.
- Justin trouvait que c'était une bonne idée et que tu étais doué pour les entreprises grandiloquentes…
Je hochai la tête.
- … et que tu aurais dû en rester là.
- Charmant…
- Il n'a pas apprécié ta dernière provocation…
- A-t-il apprécié ta dernière pipe ?
Seth inspira. J'étais ferme mais c'était justifié.
- … R…
- C'est d'une évidence telle que je ne puis l'ignorer. Et j'avoue que ta démarche me laisse plus que perplexe. C'est-à-dire que je ne doute pas de ta fidélité à mon égard – tous mes disciples me sont fidèles sans exception – mais je suis plus perplexe concernant l'impact de ta relation avec cet homme sur notre collaboration.
Seth me regarda, peiné.
- P… Pablo ne te dit rien ?
- Il s'avère aussi que je doute de la fiabilité de Pablo à ton égard. Je pense qu'il te protège trop et j'hésite sur la nature de ton engagement.
Seth plissa les yeux.
- Les choses sont très, très claires !!
- Tiens donc.
- J… Je fais mon possible pour… Je sais pas comment t'expliquer ça…
- Je te fais peur ? Il y a des choses que tu doives me cacher ? Est-ce que je t'ai déjà donné une raison de te comporter de la sorte avec moi ?
Seth me regarda, plus dur.
- … Justin ne me menace jamais, et il n'a pas besoin de hausser le ton avec moi !
Je hochai la tête. « Les choses sont claires. »
- J'avais cru au premier abord que… tu avais mal compris ce que nous attendions de toi…
- Justin ne me prend pas pour son outil.
- J'avais compris, merci. Si j'en crois Pablo, tu considères que tu as une chance de réfréner les actions de Justin Truce.
Seth acquiesça, calmé par mon ton plus normal. Je n'arrivai pas à croire que je prenais des gants avec un ancien élève. « Rien à voir avec Stuart, Edgar ou Dimitri. »
- C'est… bien. C'est une très bonne chose.
- Je peux le faire. Tu le sais.
- Oui, oui…
- J'ai une autre information pour toi.
J'acquiesçai.
- Justin… a commencé des recherches. Poussées. Sur toi.
Je haussai les sourcils.
- Il a parlé de… tes parents… Il est remonté très loin…
- Ca date de quand ?
- De peu… De peu… La semaine dernière peut-être… Il a aussi parlé de ta famille… De ta femme, de tes enfants…
Vous avez déjà vu un albinos avec la jaunisse qui frissonne à cause de sueurs froides ?
- … des origines de ta femme aussi… J'ai pas trop compris, mais…
- Seth ! Qu'est-ce qu'il a trouvé ? Dis-moi tout !
- … euh…
- Seth ! C'est très important, je veux savoir ce que Truce veut à ma famille !
Seth semblait effrayé. J'étais assez fébrile en effet. Il se mordilla les lèvres.
- D'abord je tiens à te dire qu'en aucun cas je ne joue contre toi, Roland…
Je grimaçai.
- Tu préviendras Pablo que nos contacts ne seront plus que téléphoniques.
Je grimaçai puissance deux.
- Et voilà ce que tu demandes.
Il me tendit une liasse de papiers et partit comme si je l'avais séquestré dans une cave pendant vingt ans et qu'il avait peur d'y retourner.
Je restai là, complètement abasourdi, et quand je retrouvai mes esprits, je lus la fameuse liasse :
« Recherches sur la famille Smirnoff
Résultats Généalogiques
Enquête réalisée par Jerry Callum
A destination exclusive de Justin Truce »***
[b]CINQUIEME ANNEETrafalgar était assis à la table de réunion, tout comme Pablo, Arlène, Jackson et Dimitri.
- Bon, bon, bon…
La fine équipe regarda Roland qui observait le journal.
- … C'est à croire qu'on ne pourra pas empêcher ce gros blaireau de faire ce qu'il veut… Il y a donc des bureaux partout, devant toutes mes écoles…
- Légalement, on ne peut rien faire, c'est une association privée qui se veut à but non lucratif… souffla Dimitri.
- Génial… Bon, à part cette merde dont… je suppose que je m'occuperai plus tard, c'est la dernière année de mon mandat, il est temps de faire un petit bilan… Pablito ?
Le blond aux verres fumés acquiesça.
- Si j'en crois les prévisions, nous devrions être en mesure de nous passer de l'apport de la Zone de Combat New-Yorkaise d'ici deux ans. Pokétopia marche du tonnerre.
- Cool. Niveau budget sur quatre ans ?
- Hmmm… suite à des débuts difficiles dus à mon inexpérience dans la gestion d'un budget d'état, j'ai réussi à rétablir mes comptes et à présent nous croulons sous le pognon, excepté tout ce que je dois donner au fisc vu notre quota dépenses-recettes et aussi pour couvrir nos quelques malversations pas trop graves, ce qui fait que nous sommes dans un satisfaisant et non-précaire équilibre budgétaire depuis un an et demi !
Arlène soupira.
- Recommence à parler de cul, s'il te plait !
Rires à table. Même Trafalgar se fend d'un sourire.
- J'a-voue ! sourit Roland.
- C'est votre faute si je suis sérieux et monogame, bande d'hétéros mal léchés de merde ! grommela Pablo.
- Rhalala. Arlène ?
- Je ne pense pas que j'ai réussi à cultiver Poképolis mais je pense avoir réussi mon petit plan d'édifier des lieux culturels variés selon les régions. Le fait d'être la première organisation à pactiser avec Kalos nous a permis de trouver de nouvelles ressources et de nouvelles idées. J'ai réussi à faire en sorte que les partenariats entre les écoles et les lieux culturels soient de plus en plus étroits, et aussi que les médiathèques indépendantes soient également des stades, afin d'augmenter leur fréquentation.
- Génial. Ta femme, elle a quoi, à dire ?
Petits sourires. Dimitri inspira.
- Tout se passe bien, j'ai réussi à faire en sorte que la communication ne passe que par moi, du coup les choses avancent plus vite, tes interventions télévisées passent mieux, tu as légèrement baissé de ton, ce afin d'assurer ta réélection…
- Ouais, ça, va falloir qu'on en recause…
La troupe me regarda, étonnée.
- … Rien de grave ! Juste que… Va falloir qu'on régularise la situation sur certains plans, la Grande Commission voudrait me faire élire à vie.
Arlène, Dimitri, Pablo et Jackson semblèrent ravis.
- … Seulement comme vous le savez, on a été financés en très grande partie par de l'argent privé, et malgré les efforts de Pablo pour faire en sorte que « ça passe », j'ai un peu peur que ça casse mon coup. Et le vôtre, si vous voulez rester en poste.
- Plutôt, ouais !
- Ça pose pas de problème… admit Dimitri.
- Certainement pas ! sourit Arlène.
- Pouvoir faire mes expériences tranquillement toute ma vie, génial ! sourit Jackson.
Trafalgar semblait intéressé également.
- Bon. Alors on la joue profil bas, et on fait en sorte de patienter jusqu'aux prochaines élections le temps qu'il y ait prescription sur notre compta ! Okay ?
Tout le monde hocha la tête.
- Bon. Jackson !
- Je suis en mesure de créer des Méga Gemmes !
- Aaaaaaaaah !
- Mais je n'ai créé qu'un seul Méga Sésame.
Roland effectua une grimace.
- Le Pokémon tient la Méga Gemme, le dresseur tient le Méga Sésame, les deux interagissent, Mégaévolution !
- Ahon. Tu me rappelles la liste des Pokémon qui pourraient y participer ?
- Alors… Pharamp, Mewtwo, Absol, Mysdibule, Braségali et Lucario.
- Comment ça se fait ? Que ce soit seulement eux, pas tous ?
Jackson regarda les autres qui le sommèrent de continuer. Roland haussa un sourcil.
- J'ai parfois l'impression de les saouler alors je demande confirmation !
- Ahon.
- Certains Pokémon sont voués à muter. Pas d'autres.
Roland regarda Dimitri et plissa les yeux.
- Il… me sort un truc digne d'un cours préparatoire, là, ou je rêve ?
- D'autres ont fini de muter ou ne sont pas voués à muter…
Roland hocha lentement la tête, l'air ultra intéressé.
- Eh bah la Méga Evolution réveille les forces génétiques cachées en chaque Pokémon, elle aide les Pokémon à atteindre une forme « Parfaite ».
Roland haussa un sourcil.
- Absol pourrait atteindre une forme parfaite avec l'Absolite que j'ai reçue en cadeau lors de mon petit voyage diplomatique ?
- Voilà.
- Cool. Qu'est-ce qui change ?
- L'apparence, les statistiques à l'exception de la vitalité, le talent dans certains cas, la taille et le poids dans d'autres.
Roland hocha la tête.
- Merveilleux. Weight Watchers… Brrrrrrref. Trafalgarounet ?
- Comme je m'y attendais, ma charte a été acceptée dans six pays supplémentaires dont deux du Moyen-Orient, ce qui porte le nombre de signataires à 88.
- Booon !
- Je ne saurais que trop vous rappeler de traiter le problème Truce en vitesse avant qu'il ne devienne trop envahissant mais ça va faire quatre ans et je prêche dans le vide.
- Oui, en effet.
Jackson reçut un coup de fil.
- Oui, Fiodor ? … D'accord, hm… Pardon ?! Euh… J'arrive !
Jackson raccrocha.
- Giratina nous fait un caprice… soupira Jackson.
- Dangereux ?
- Potentiellement. Je suis le seul à pouvoir le calmer… Désolé !
Jackson partit. Roland souffla.
- De toute façon, la réunion était terminée, retournez à vos postes et à ce soir !
Tout le monde quitta la table. Pablo approcha Roland.
- Avec Nestor, on comptait t'inviter ce soir !
- Naaaaan, j'ai la migraine et ma poire à lavement ne va pas dans les recoins !
- A dîner, évidemment !
- J'y réfléchirai, j'ai une soirée chargée, j'ai des notes de frais à examiner !
- Bah voyons !
Dimitri et Arlène se dirigeaient vers la sortie, suivis par Trafalgar.
- J'ai un drôle de pressentiment… souffla Dimitri.
- Hm ? s'étonna Arlène.
- … Rien de grave, juste… Comme si… c'était la dernière fois qu'on avait ce genre de réunion…
Arlène haussa un sourcil.
- D'accord, très jouasse tout ça… Bon, je rentre, je nous prépare à dîner…
- Hm, moi j'ai le courrier à me farcir…
- Oh, chéri, vraiment ? Le courrier ?
Dimitri regarda Arlène en souriant.
- J'aime pas que tu m'appelles Chéri ! souffla le jeune homme, embarrassé.
- Tu adores. A tout à l'heure !
- Hm…
Dimitri regarda Arlène partir. Trafalgar se plaça aux côtés du disciple le plus fidèle de Roland Smirnoff.
- Vous avez un drôle de pressentiment…
Dimitri plissa un œil.
- Moi, je sens que quelque chose de terrible va arriver. Et c'est pour cela que je vais rejoindre Jackson.
Dimitri s'étonna.
- Ils ne l'auraient pas appelé pour un souci aussi insignifiant. Ses collègues.
- Oh. Bah… Oui, allez-y, ça vaut mieux…
- Ne le dites pas à Roland.
Dimitri hocha la tête.
***
Dans le même temps, au quartier général.
Euh, au laboratoire de Jackson.
- C'est bien, Giratina… On va poursuivre dans cette voie…
- Quelle magnifique créature…
Jackson se retourna vers Justin Truce, tout sérieux qu'il était.
- Oh… B… Bon… Bonsoir, oui, on est le soir !
- Vous travaillez beaucoup ici… Un peu trop. Ce Pokémon vous prend du temps… Beaucoup de temps…
- Que… Que désirez-vous ?
Justin sourit.
- Ce Pokémon m'intéresse.
- Ah oui ?
- Oui.
- … En quoi un tel Pokémon peut vous intéresser ? Je veux dire… C'est un banal Pokémon légendaire…
Justin inspira.
- Vous n'êtes pas sans savoir – ou sans me prendre pour un idiot, que ce Pokémon peut traverser les dimensions.
Jackson acquiesça, apeuré.
- Probablement !
- Docteur Wound, je vous connaissais moins frileux quand vous créiez des machines à tuer pour le compte du Gouvernement…
Jackson serra les dents.
- Vous réalisez que devant un tribunal pénal vous pourriez être jugé responsable d'un véritable génocide ? Le jour de l'herbe rouge, ça ne vous rappelle rien ? Et encore, c'est le seul à être connu nationalement.
Jackson allait presser une alarme. Le Bulbizarre de Justin fit fuser une liane et attrapa un bras du scientifique, qui, apeuré, n'osa pas réagir.
- Vous savez ce que je pense de vous, Wound ? Vous êtes très intelligent, mais pathétique. Je me fous du fait que Giratina traverse les dimensions !
Jackson s'étonna.
- Ce qui m'intéresse c'est ce qu'il y a au-delà. Le Monde Distorsion. Ses ressources.
Jackson grimaça.
- Ses… ressources ?
- Mais oui. Ne faites pas celui qui ne sait pas. L'or. Le pétrole. Les métaux rares et précieux, les minerais ! Des ressources, quoi ! Dans des quantités astronomiques ! Pourquoi croyez-vous que je me démène autant ? C'est le pouvoir que je veux, le pouvoir qui a été refusé à mes ancêtres !
Jackson haussa les sourcils. « C'est pire que ce qu'on pensait… »
La liane de Bulbizarre fut tranchée. Justin s'étonna et regarda Arcanin, puis Trafalgar.
- Vous venez de commettre la plus grande erreur de votre vie…
Justin sourit.
- J'allais vous dire la même chose, Ulrich.
Jackson grimaça. Trafalgar fixa Justin qui restait planté là, provocateur.
Et la suite…
***
Arlène rentra dans l'appartement de fonction qu'elle partageait avec Dimitri. Elle posa ses clés à l'endroit habituel. Elle remarqua tout de suite quelque chose d'anormal.
Un journal était posé sur la table de la cuisine, située dans le prolongement du hall.
- Hm ?! Mais on lit pas le journal… pas celui-là en tout c…
Un article était entouré en rouge.
« SCANDALE DANS LE MONDE DU CIRQUE – Une affaire de viol incestueux entre deux membres de la prestigieuse famille RHODES scandalise la profession.
Les tentatives du patriarche pour couvrir l'affaire ont échoué. La mère a demandé aux journalistes de « Se mêler de leurs affaires ».
La sortie de l'histoire dans la presse web spécialisée aurait provoqué la fuite de mademoiselle RHODES, 16 ans pour une destination inconnue. »
Arlène se figea. Doublement. Quelqu'un savait, quelqu'un voulait lui rappeler ça et la faire souffrir. Elle regarda les fenêtres, la porte. Aucun signe d'effraction.
- … Qui…
Murmure.
Marmonnement.
Gémissement, derrière un bâillon.
Elle rejoignit calmement la chambre, et là, avant même de franchir la porte déjà ouverte, elle le vit.
Sur une chaise.
Attaché.
Nu.
Son frère.
- … Cyrus…
L'homme roux appelait Arlène derrière son bâillon. Elle semblait à la fois totalement dégoûtée de le voir, et en même temps complètement déboussolée par les conditions de ces retrouvailles.
- … Mais qu'est-ce que tu fais là ?! Q… Qui ?
Elle fit un pas en avant mais il secoua la tête, les yeux clos, la sommant de ne pas avancer.
- … Quoi ? Mais qu'est-ce qui se passe, Cyrus, bon sang ?
L'homme pleurait, complètement affolé. Arlène avait du mal à supporter sa nudité et sa présence. Il avait plutôt bien vieilli, certes… Zut, pourquoi penser à ça ? Le fait qu'il était dans la chambre qu'elle partageait avec Dimitri n'arrangeait rien.
- … Je ne t'ai jamais pardonné, tu sais. Je sais que c'est idiot de dire ça maintenant, mais… Tu m'as fait beaucoup de mal.
Il lui faisait signe mais elle ne le voyait pas, tout ce qu'elle voyait c'était un excité apeuré qui convulsait comme un crétin pour se défaire de ses liens, mais en réalité il lui montrait bel et bien quelque chose.
- … J'ai juste envie d'appeler la police, mais… Tu restes mon stupide frangin, celui qui m'a violé étant gamine... mais mon frangin quand même. Je n'arrive pas à croire que je fasse ça.
Arlène avança dans la chambre, ce qui provoqua un hurlement de la part du dénommé Cyrus. La collaboratrice de Roland Smirnoff se prit les pieds dans un fil et déclencha tout de go un tir d'arbalète qui transperça la tête de son frère d'une oreille à l'autre.
La jeune femme mit une bonne dizaine de secondes à réaliser ce qui s'était passé.
- … AH ! AAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! Oh mon… AAAAAAAAAAAAAH !!!!
***
Pablo rentra.
- Nestor, je suis là. Il va venir, je t'assure qu'il va venir dîner ce soir ! Il a prétexté des notes de frais, mais…
La table était déjà dressée. Les chandelles allumées.
- … Oh ! Nestor… Je… ne savais pas que ce serait un dîner de ce genre ! Roland ne va pas apprécier… Mais moi j'adore…
Il aperçut un chemin de pétales de rose rouges. Qui arpentait les escaliers de la demeure de Nestor Woodrow.
- … Eh bah putain ! T'as vu ça où, dans Buffy contre les Vampires, ma parole ! C'est d'un glauque !
Pablo monta les escaliers, intrigué.
- Nestor, si c'est une blague, elle n'est pas drôle… Je sais que tu adores ce genre de conneries, mais moi pas du tout, tu vois… Disons que c'est le genre de choses qui…
Il aperçut une bouteille de champagne sur la console dans le couloir. Pablo s'étonna et la prit.
- … Ah, là, ça me plait un peu plus ! La salle de bains ? Oh je sens le bain moussant ! Hihihi !
Pablo enleva ses chaussures et suivit les pétales jusqu'à la pièce d'eau.
- J'arr…
Il se figea devant la porte. Tout ce qu'il voyait c'était une baignoire remplie de liquide rouge, dont une jambe nue dépassait. Inerte et pâle.
La bouteille de champagne s'effondra au sol, se brisant en mille éclats, laissant couler une odorante mousse qui baigna les pétales écarlates.
***
Dimitri ouvrait son foutu courrier.
« Quelle corvée… »
Une enveloppe l'intrigua. Bien pleine. L'écriture était soignée.
Il vit l'expéditeur et écarquilla les yeux.
« HANS ET CAROLE CORBIN
CAMP DE LA MORT DE SUZUKI
HOENN »
Dimitri secoua la tête.
- N…N-nan… Nan, c'est pas…
Sa première réaction fut de jeter l'enveloppe, et d'envisager de la passer à la déchiqueteuse. Son second réflexe fut de tâter l'enveloppe. Pas de poudre, pas de flacon, pas de dispositif mécanique. Il la passa dans une machine susceptible de vérifier encore mieux que ses doigts : Pas de piège. Juste une liasse épaisse.
Il ouvrit l'enveloppe carrée avec son foutu coupe-papier.
Les photos étaient dans l'ordre.
1 – Une maison.
2 – Une fenêtre.
3 – Amy, qui faisait la vaisselle par cette même fenêtre.
4 – La porte.
5 – Yann qui fumait devant cette porte, l'air soucieux.
6 – Un bébé dans des bras.
7 – Plan reculé, le bébé dans les bras d'Amy.
8 – Plan encore plus reculé, Yann qui la suit, souriant.
9 – Plan encore plus reculé, c'est la sortie de la maternité.
10 – Nouveau plan. Crèche.
11 – Yann et Amy qui emmènent le bébé un peu plus grand à la crèche.
12 – Plan éloigné sur le couple qui fait remplir les papiers de naissance du petit.
13 – Plan approché : « Anatole Lindbergh Dimitri Nixon »
14 – Autre plan. Yann à son travail de bureau.
15 – Autre plan. Amy en train de vendre des vêtements dans un magasin.
16 – La photo de Yann entrant dans la société où il travaille.
17 – La photo d'Amy entrant dans le magasin où elle travaille.
18 – Nouvelle photo de la maison, plus récente, avec un journal pour le prouver.
Dimitri secoua la tête. Il était apeuré. La dernière photo montrait… un message. « Retourne-les dans l'ordre »
Dimitri souffla et retourna les photos avec calme, voyant le message se dessiner. Environ un mot sur chaque photo.
« UN MOUVEMENT – DE TROP
ET TOUT CE – JOLI MONDE
FINIRA DANS – UN TROU
MORTS – OU - VIFS
TU SAIS MIEUX – QUE QUICONQUE
JUSQU'OU – PEUT ALLER – L'HUMANITE
COMME – L'INHUMANITE
ALORS TENEZ – VOUS TRANQUILLES »
Dimitri sembla, pour l'une des rares fois de son existence, absolument terrifié.
***
Roland traitait ses notes de frais en mangeant des gâteaux nounours fourrés à la Fraise. Dimitri fit irruption dans son bureau.
- Moui ?
- ON… ON… ON…
- Hon ?
- ON A UN… UN PUTAIN D'ENORME PROBLEME !!!
- Je suis occupé, Dimitri, ces putains de notes de frais, tu te rappelles ?
Dimitri releva Roland et lui colla une gifle, puis le secoua.
- ON A UN PROBLEME, MERDE !!!
- C… Calme-toi !! Ho !!
Dimitri remit Roland dans son fauteuil, vivement secoué.
- M'enfin, Dimitri !
- D… Désolé, Maître… On a… un très sérieux problème !!
- Explique-toi ! Bon sang, c'est pas des mains que tu as, c'est des planches à pain !!
- Pardon…
- Je comprends ce qu'Arlène te trouve…
Le portable de Dimitri sonna. Le téléphone de Roland également. L'alarme du téléphone de Roland sonna également.
- Allons bon…
***
Roland arriva sur les lieux, totalement défait. Pablo était dans une couverture, rassuré par les policiers.
- Messieurs…
- Monsieur Smirnoff…
- Je peux…
- Il est en état de choc, mais je pense que vous pouvez lui parler…
Roland regarda Pablo, sans lunettes, les yeux rougis, blanc comme un linge. Il s'assit à côté de lui.
- Pablo… Mon grand… Ça va aller…
Roland prit la main de son collaborateur qui la serra fort.
- … J… J-J… Je… Je pouvais pas bouger…
Roland se mordilla les lèvres.
- … I… Il a… Il a… Il avait posé… du champagne, et… je l'ai pris et… Et il a… Il a éclaté s-s su-sur… s-sur mes pieds et… Et je pouvais pas bouger parce qu'… Il… Parce qu'il y avait du… Du… Du verre… Partout et… Je voulais pas me couper, tu comprends…
- Je vais faire payer ça au centuple, Pablo, attends un peu que je sache qui a fait ça et…
Pablo ricana de la façon la plus masculine qu'il puisse.
- Tu n'as… pas encore compris, Roland ?
- … je préfère rester dans la supposition…
- C'est… C'est le diable, Roland… Nous avons traité avec le diable, nous avons joué avec les nerfs du diable, nous avons… tenté de le dompter mais… Le Diable, Roland… Est une force avec laquelle on ne peut pas jouer innocemment…
Roland se mordilla les lèvres.
- Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour…
- Nan, Roland. Tu ne pourras rien faire. Si tu fais quelque chose, ce sera pire. Il va falloir faire… très attention…
- Pablo, viens dormir chez moi ce soir…
- C'est ma faute, Roland. J'ai créé un monstre, Roland. J'ai créé un monstre !
Pablo s'effondra en sanglots. Le président de l'association Pokémon n'en menait pas large.
***
- Madame Corbin, nous nous en tenons à votre déposition, mais en attendant vous ne pouvez pas rester dans ces lieux le temps de l'enquête.
Arlène secoua la tête, encore sous le choc. Dimitri lui tenait le bras.
- Tout ira bien, tout ira bien ne t'en fais pas…
- Vous devez m'arrêter, c'est moi qui l'ai tué…
Le policier secoua la tête.
- On n'a pas retrouvé vos empreintes sur l'arme ni sur la chaise, ni sur le bâillon et encore moins sur les liens, vous n'avez pas touché au cadavre, la thèse du piège est la plus plausible.
- Mais je l'ai tué, je voulais le tuer au fond de moi, j'en avais envie…
- Chérie, arrête, s'il te plait…
- Tu l'as bien vu avec Jackson, hein, Dimitri, tu l'as vu que je voulais le tuer…
- Chérie, on va au bureau, tout ira bien…
Arlène hocha la tête, complètement effondrée.
- C'était mon frère… C'était… l'homme qui a brisé ma vie et… je l'ai tué !
- Je m'occupe d'elle, monsieur l'agent, merci encore…
- De rien, bon courage…
Dimitri emmena Arlène, complètement prostrée.
***
Dans le même temps, au laboratoire de Jackson.
- C'est bien, Giratina… On va poursuivre dans cette voie…
- Quelle magnifique créature…
Jackson se retourna vers Justin Truce, tout sérieux qu'il était.
- Oh… B… Bon… Bonsoir, oui, on est le soir !
- Vous travaillez beaucoup ici… Un peu trop. Ce Pokémon vous prend du temps… Beaucoup de temps…
- Que… Que désirez-vous ?
Justin sourit.
- Ce Pokémon m'intéresse.
- Ah oui ?
- Oui.
- … En quoi un tel Pokémon peut vous intéresser ? Je veux dire… C'est un banal Pokémon légendaire…
Justin inspira.
- Vous n'êtes pas sans savoir – ou sans me prendre pour un idiot, que ce Pokémon peut traverser les dimensions.
Jackson acquiesça, apeuré.
- Probablement !
- Docteur Wound, je vous connaissais moins frileux quand vous créiez des machines à tuer pour le compte du Gouvernement…
Jackson serra les dents.
- Vous réalisez que devant un tribunal pénal vous pourriez être jugé responsable d'un véritable génocide ? Le jour de l'herbe rouge, ça ne vous rappelle rien ? Et encore, c'est le seul à être connu nationalement.
Jackson allait presser une alarme. Le Bulbizarre de Justin fit fuser une liane et attrapa un bras du scientifique, qui, apeuré, n'osa pas réagir.
- Vous savez ce que je pense de vous, Wound ? Vous êtes très intelligent, mais pathétique. Je me fous du fait que Giratina traverse les dimensions !
Jackson s'étonna.
- Ce qui m'intéresse c'est ce qu'il y a au-delà. Le Monde Distorsion. Ses ressources.
Jackson grimaça.
- Ses… ressources ?
- Mais oui. Ne faites pas celui qui ne sait pas. L'or. Le pétrole. Les métaux rares et précieux, les minerais ! Des ressources, quoi ! Dans des quantités astronomiques ! Pourquoi croyez-vous que je me démène autant ? C'est le pouvoir que je veux, le pouvoir qui a été refusé à mes ancêtres !
Jackson haussa les sourcils. « C'est pire que ce qu'on pensait… »
La liane de Bulbizarre fut tranchée. Justin s'étonna et regarda Arcanin, puis Trafalgar.
- Vous venez de commettre la plus grande erreur de votre vie…
Justin sourit.
- J'allais vous dire la même chose, Ulrich.
Jackson grimaça. Trafalgar fixa Justin qui restait planté là, provocateur.
- Sortez… grommela Ulrich.
- Sinon quoi ?
- Sortez. Nous règlerons ça plus tard. Croyez-moi. Ce n'est qu'une question de temps avant que je ne m'occupe personnellement de v…
Obscurité pendant quelques secondes. Trafalgar aperçut des Kirlia dans la pièce. Justin restait stoïque.
- Nous règlerons ça ?
- Oh que oui. Je suis un homme de parole, nous règlerons ça.
Nouvelle obscurité, un tantinet plus longue. Trafalgar se tourna vers Jackson qui semblait tétanisé.
- Jackson ?!
Nouvelle demi-seconde d'obscurité. Cette fois il avait disparu.
- TRUCE !!!
Justin avait disparu également.
- MERDE ! MERDE, MERDE, MERDE !!!
***
Ouverture radicale des portes. Roland, suivi des autres.
- Bon… Oh, tiens, vous !
Trafalgar se tenait dans le hall du bureau de l'association.
- Truce a enlevé Jackson.
Roland écarquilla les yeux. Dimitri secoua la tête. Arlène soupira.
- Et merde…
Pablo se remit à pleurer.
- Han non, non, non c'est un cauchemar, non, non !
Roland s'avança et grommela.
- Ok, écoutez, tout ira bien ! On va tous se réunir dans mon bureau, et tout ira bien, on va faire en sorte de traiter ce problème comme on a traité tous les autres !
Arlène pouffa de rire.
- Problème ! Hahaha ! Traiter le problème !
Pablo et Dimitri la regardèrent, assez incertains quant à son avenir socio-professionnel.
- Vous auriez dû bouger il y a BIEN PLUS LONGTEMPS, et on n'en serait pas arrivés à cette situation de merde ! grogna Trafalgar.
- J… Je sais, je sais, euh…
- Il n'y a pas de BAFOUILLAGE QUI TIENNE ! ROLAND ! JACKSON a été KIDNAPPE ! C'est GRAVISSIME ! Vous savez à quel point il est important !!
- Oui, oui…
- Yann, Amy, leur enfant… Roland, on peut pas…
- Nestor est mort… Voilà ! Ça y est, je l'ai dit ! Tout le monde s'en fout mais… Voilà !
- Mon frère est mort aussi… Dans un sens je le souhaitais mais… pas comme ça… C'était trop rapide ! Pas comme ça…
Dimitri regarda sa femme, inquiet. Il regarda Roland.
- Maître, vous devez faire quelque chose, monsieur Trafalgar a raison !
Roland hocha la tête et se dirigea vers son bureau.
- Laissez-moi juste un instant pour…
Roland ouvrit la porte de son bureau.
Des photos accrochées.
Partout.
Roland écarquilla les yeux, apeuré.
- Mais qui… Mais qui a bien pu…
Roland ferma son bureau derrière lui. Il observa, une par une.
Son père, Etienne.
Sa mère, Linda.
Sa tante, Estelle.
Sa sœur, Lily avec son mari, Finn.
Leurs deux enfants, Noé et Flora.
Malcolm.
Claire.
Nell, Alexander et Léa.
Judith.
Léopold.
Charlie.
Leurs deux enfants adoptifs, Jack et Orianne.
Norbert et Lionel.
Kate et Bernice. Leur gamin, Elijah.
Colin. Aude. Walter. Les jumelles.
Rachel…
- Enfoiré de fils de pute…
Ethan.
- Sale PUTAIN d'enfoiré de FILS DE PUTE DE MES COUILLES DE MERDE.
Denis.
David.
Les poings de Roland se crispèrent.
Perrine.
Le petit Firmin.
Roland sembla au comble de la fureur.
- Mais quel FIEFFE FILS DE PUTE, MERDE !!! CONNARD !!! PUTAIN DE CONNARD DE MERDE ! MAIS MERDE !!! MAIS POUR QUI TU TE PRENDS, BORDEL ??? MAIS POUR QUI TU TE PRENDS ??? SORS DE TA CACHETTE !!!
Roland sortit en trombe de son bureau, sous les yeux effarés de ses collaborateurs.
- T'ES OU ??? SORS DE TA CACHETTE, SALE MERDE !!! VIENS ICI ! TRUCE !!! AMENE TON CUL !
Roland ouvrit une par une les portes des bureaux.
- MA FAMILLE,TRUCE !!! LES FAMILLES DE MES CHEFS DE CABINET !!! MAIS OU TU TE CROIS ???
Trafalgar semblait excédé. Non pas du manque de réaction de Roland, plutôt de la teneur puérile de sa réaction.
Cette crise d'hystérie dura toute la nuit. Tout le monde dormit dans les bureaux, sauf Trafalgar qui écouta Roland s'énerver pendant ces six heures
***
Au matin, tout le monde se leva pour déjeuner modestement, par terre, ensemble, dans le hall. Pablo était silencieux. Arlène peinée mais moins folle qu'hier. Dimitri tremblotait.
Ulrich était prostré et furieux.
- Et évidemment, tout cela vous semble normal ? Nous devrions être en chemin pour aller brûler l'immeuble de Truce du sol au plafond, mais nous restons là à finir les muffins d'Arlène qui pourrissaient au frigo en les trempant dans du lait ?
Pablo pouffa de rire. Les autres le regardèrent.
- Excusez-moi, mais… après une nuit pareille, je m'esclafferai même en écoutant une chanson paillarde !
Dimitri se mordilla les lèvres.
- On ne peut rien faire. Les menaces qu'il a formulées…
- Justement, celui qui attaque le premier, c'est celui qui gagne !! grommela Trafalgar.
- Il a tué le premier et le seul homme que j'ai jamais aimé, il l'a saigné comme un cochon dans sa baignoire. Je ne m'attaque pas à ça, désolé… souffla Pablo.
- Moi non plus… soupira Arlène. Je sais même plus si je dois être triste, soulagée ou… tourner folle.
- Sois pas folle, on peut pas être deux… soupira Dimitri.
Téléphone, à la fois dans le bureau de Roland et dans celui de Dimitri. Le groupe se précipita dans le bureau de Dimitri.
- On pourrait écouter… admit Dimitri.
- Magne-toi alors, mets le haut-parleur !! grogna Pablo.
- Vas-y ! souffla Arlène.
- Ce serait un peu comme trahir Rol…
Trafalgar souleva le téléphone, énervé. Il appuya sur le bouton vert qui déclencha le haut-parleur.
[Monsieur Smirnoff ?]
« Lui-même… »
[Ici la haute-commission. Nous venons de recevoir, ce matin même, un rapport accablant venant de la zone de combat de New York et signé de la main même de sa mécène la plus importante, Loretta Gold. Qui traite de l'origine de 80% de vos fonds !]
Pablo regarda les autres, éberlué.
- Par le cadavre en flammes de Madonna !!
« Ah… euh… »
[Nous vous invitons très sérieusement à venir discuter de cela avec nous. Inutile de vous dire que les conditions de votre réélection seront très scrupuleusement revues et corrigées, et qu'il ne sera pas question d'une réélection à vie dans un premier temps.]
« Je comprends, je peux m'expliquer… »
[Vous avez grand intérêt, dans le cas contraire nous serions très déçus, mon garçon. Dans le meilleur des cas, la meilleure des solutions en l'état actuel des choses serait que vous démissionniez.]
Raccroche. Le quatuor s'attendait à entendre des cris de colère, mais ce ne fut qu'un sanglot.
- Oh merde… souffla Arlène.
- Il a gagné, hein… soupira Dimitri.
- Il a gagné, admit Pablo sans détour.
Trafalgar grommela. Le reste du groupe se dirigea vers le bureau.
- Roland ?
- Maître…
- C'est pas vrai… soupira Arlène.
Pablo frappa à la porte.
- Roland, on va trouver une solution… Sors, s'il te plait ! Parle nous…
Le sanglot avait cessé. Mais à l'intérieur ça semblait être le bouillon de culture.
- Poussez-vous.
Pablo, Dimitri et Arlène observaient, médusés, le militant pour la cause des Pokémon qui s'avançait vers la porte, absolument fou de rage.
- Euh, non mais…
- Ulrich, je ne pense pas que…
Arlène fit reculer les deux autres, tandis que Trafalgar défonça littéralement la porte de Roland. Lequel regarda, médusé, son chef de cabinet.
- Peu importe ce que vous en direz. J'y vais. Je vais botter le cul de Truce. J'y vais et personne ici ou même dehors ne pourra m'en empêcher.
- Ulrich, non !
- Soit vous êtes avec moi, soit non. Quoi qu'il en soit, soyez assuré que je n'irais pas seul. Je ne PEUX PAS laisser Jackson dans une situation pareille.
Roland serra les dents.
- SMIRNOFF ! REVEILLEZ-VOUS ! LA SITUATION A QUAND MEME SALEMENT DEGENERE !!!
Roland grimaça, impuissant.
- Je… Je… bah…
Pablo parut dans l'encadrement de la porte.
- Roland…
Roland regarda Pablo, au bord des larmes. Lui-même semblait éperdument triste.
- Tu peux pas faire ça ! Tu peux pas le laisser gagner…
- En même temps je peux pas le laisser continuer à nous menacer ou à tuer des gens… geignit Roland.
- Oui mais ce serait du suicide de démissionner, tu le sais…
Roland soupira. Trafalgar tourna le dos. Roland se leva de son bureau.
- ULRICH ! NON ! ULRICH, ARRETEZ !!! ULRICH !!!
- A bientôt ou à jamais !
- ULRICH !
Arlène, Pablo et Dimitri restèrent sans réagir. Roland les regarda.
- Vous êtes d'accord avec ça ?!!
Arlène se mordilla les lèvres.
Dimitri inspira.
Pablo souffla.
- D'accord, alors Trafalgar va tuer ou essayer de tuer Justin ! GENIAL ! Cool !! On se met au même niveau que l'ennemi, on le zigouille ! Géant ! Oh, au fait pour ceux qui se poseraient la question, aucune nouvelle de Seth ! Cool !!
Pablo se souvint soudainement de Seth.
- Je vais vérifier mes messages !
- Fais donc ça… Putain… J'ai un nombre INCALCULABLE de trucs à faire !! Et encore, tch ! Je sais même pas si je dois me battre pour rester en place ! A QUOI BON, putain !!
Dimitri inspira.
- Si vous ne restez pas en place, c'est Truce qui va la prendre, et vu comme vous l'avez secoué, je doute que son règne soit clément envers vous…
Roland claqua des doigts vers Dimitri.
- T'es un malin, toi ! Arlène ?
Elle soupira, défaite.
- Faut que j'enterre mon frère.
- Malgré tout ce qui s'est passé ?
Arlène hocha la tête.
- Sur la fin, il avait l'air tellement pathétique, et virtuellement, c'est moi qui l'ai tué en quelque sorte… On va dire qu'on est quittes… Pour l'heure, je vais aller camper devant la porte de Pablo pour éviter qu'il ne fasse une bêtise.
- Pas bête. Moi je vais réfléchir.
- Je vais vous aider.
Roland regarda Dimitri, intrigué.
- C'est censé m'insulter ?
- Vous n'aurez pas trop de deux cerveaux après une nuit pareille. J'ai peur pour Yann, Amy, leur fils, monsieur Winchester, monsieur Finsbury, madame Perry, votre femme, Ethan… je ne pourrais pas dormir pendant un bail.
Roland soupira. Il était inquiet également. Pour tous ces gens, pour toutes les photos.
- Pour commencer je dois sécuriser ma famille… Je vais utiliser l'argent sale qui nous reste et le détourner.
- … mais euh…
- C'est de l'argent sale, on s'en fout, et ma plaidoirie, je l'ai déjà en tête devant la Haute Commission. S'il y en a bien avec qui je ne veux pas merder, c'est eux.
- Bah, normal, ils contrôlent tout.
- T'as tout pigé. Bon, sécuriser les gens…
***
Arlène restait devant la porte de Pablo qui sortit au bout d'une petite heure, en larmes.
- … alors ?
- Rien. Il ne répond pas, il n'a laissé aucun message, rien. Le flou total.
- Alors arrête de gamberger.
- Mon… concubin est mort ! Comment tu veux que je ne gamberge pas ! Oh mon Dieu, je vais être accusé du meurtre !
- Mais non, Roland a confirmé ton emploi du temps.
- Ah, ouf !
- Tu as l'air bien.
- Je suis résigné. On a perdu, voilà tout. Qu'est-ce qui pourrait nous arriver de pire ?
***
- J'avoue que j'ai du mal à saisir vos motivations.
- C'est une plaisanterie ?
Justin agita la tête. La plaine rocheuse dans laquelle ils avaient décidé d'élire domicile n'était pas seulement vaste, elle permettait de se cacher. De fuir. Ou même de permettre un échange d'otages.
Ulrich Trafalgar se tenait devant Justin Truce. Tous deux s'étaient poursuivis jusqu'à aboutir ici. Ulrich avait tout fait pour que Justin pense qu'il avait mené Trafalgar en ces lieux, or, c'est précisément là qu'Ulrich tenait à ce que le combat se déroule.
- Je vous pensais plus attaché aux Pokémon qu'aux hommes. Comme moi, en fait. Je pensais que nous avions énormément en commun et peut-être même que nous pourrions discuter vous et moi.
Trafalgar ne broncha pas.
- Restituez-moi Jackson Wound.
- Pas avant qu'il ne vomisse ce qu'il a avalé.
- Vous êtes déçu, n'est-ce pas ? Vous avez eu affaire à plus fort que vous, question détermination.
- Si cela ne tenait qu'à moi, ce très cher docteur Wick aurait déjà étripé votre ami le scientifique pour en extraire la Pokéball de Giratina réduite et empaquetée dans un préservatif que votre immonde collègue a avalé lorsque je me suis introduit dans son laboratoire pour… Disons, mettre de l'ordre !
- Vous vouliez voler Giratina.
- Je voulais, en effet, Giratina, mais plus que tout, je voulais vous voir vous, donc…
Fiodor Wick sortit de derrière un rocher, tenant Jackson ligoté et baillonné. Et visiblement battu.
- Monstre… grommela Trafalgar.
- Fiodor !! grogna Justin. Vous avez abimé l'otage !
Le scientifique en noir ajusta sa coiffure.
- C'était difficile de ne pas le faire…
- Vous en voulez vraiment à cet homme, n'est-ce pas ? sourit Justin.
- Ce fils de pute m'a volé ma carrière et m'a empêché de mener mes expériences à bien.
- Gné echberriench dhu gné Pfogémwon…
Justin plissa les yeux et retira le bâillon de Jackson.
- Vous êtes prêt à vomir, monsieur Wound ?
- Tes expériences tuent des Pokémon, espèce d'enfoiré… Je suis scientifique, pas médecin légiste.
- Tu t'es tellement prostitué à Roland Smirnoff que tu as oublié le but premier de nos expériences : Créer du génie génétique ! grogna Fiodor. Je peux le frapper encore ?
- Non, résuma Justin.
- Mais ça me démange, rien que de voir sa gueule de gentil petit scientifique de merde !
- De toute façon tu frappes comme ta femme avant le divorce… grommela Jackson.
Fiodor asséna un coup de genou à Jackson qui s'écroula en arrière. Trafalgar saisit une Pokéball. Justin soupira.
- Et voilà, vous avez mis monsieur Trafalgar en colère…
- Pas ma faute…
Bulbizarre releva Jackson avec ses lianes. Jerry Callum arriva de derrière les rochers, et il prit Jackson par le bras.
- Je peux marcher tout seul ! souffla le scientifique.
Jackson arriva vers Trafalgar.
- Je suis désolé…
- Rien de grave. Suivez les instructions et retournez auprès de Roland.
- Ne tentez rien de dangereux, Ulrich, je vous en conjure…
- Cela me regarde. Et croyez-moi, ce ne sera pas la première fois que je « tenterai quelque chose de dangereux ».
Trafalgar claqua des doigts. Un Ohmassacre arriva depuis les rochers, loin derrière.
- Tiens, je ne suis pas le seul à ne pas être venu seul ! sourit Justin.
Ohmassacre coupa les liens de Jackson et le mena à bon port. Une fois derrière les rochers, Jackson repéra Gloria, la fille de Trafalgar, maintenant adolescente, ainsi que deux personnes qu'il ne connaissait pas : Une grande et belle blonde au maquillage parfait et un type en costard rose.
- … Vous êtes ?!
- Marigold Heller, une amie.
- Brice Tramer, un showman !
- … votre tenue n'est absolument pas adaptée à ce terrain !
- Oui eh bien si ce n'était pas pour Trafalgar, je n'aurais même pas fait le déplacement !! grommela Brice. Et pourquoi Maximilien n'est pas venu ?
- Je ne suis pas parvenue à le joindre, et Claire non plus. Effectivement, ça aurait été un apport de poids… songea Marigold.
- Vous pensez que mon père a une chance ? demanda Gloria.
Jackson plissa les yeux.
- J'en doute fort… Justin Truce n'est pas n'importe qui, et ce sera pire encore si Wick était bien avec lui depuis tout ce temps…
- Quoi qu'il en soit, vous devez partir d'ici ! grommela Marigold.
- Et comment ?
Marigold sortit un Pyrax.
- Ce truc peut voler. Je vais nous amener à la ville la plus proche, de là vous pourrez rentrer en transports en commun, ce sera bien plus sécurisant pour vous qu'un déplacement solitaire. Je reviendrai ensuite pour seconder Trafalgar avec Brice.
- Il est hors de question que je fasse quoi que ce soit ! grommela Brice. Je suis venu regarder !
- C'est ça, moi aussi… grommela Marigold.
Jackson regarda Gloria qui se mordilla les lèvres.
- Je dois soutenir mon père !
- Tu es trop jeune pour prendre part à ces batailles de grands ! grommela Brice.
- … j'ignore toujours comment mon père a pu devenir ami avec un détraqué comme vous…
Brice plissa les yeux alors que Marigold acquiesça, et que Jackson hochait la tête, tout aussi intrigué à ce propos.
- … Mais si vous restez, je reste, je ne veux plus laisser mon père se battre sans être là pour l'aider ! Je ne suis plus une petite fille qui subit !
Brice serra les dents derrière ses lunettes noires. Marigold chargea Jackson sur Pyrax.
- On y va !
Marigold s'éloigna avec Jackson tandis que Brice et Gloria observaient discrètement la bataille qui allait se dérouler.
- Sachez, monsieur Trafalgar, que je ne vous ménagerai pas.
- Ce n'était pas mon intention non plus… grommela Trafalgar. La façon dont vous vous êtes ingéré dans notre ambition me déplait infiniment.
Justin plissa les yeux.
- Je ne vous comprends pas. Vous et moi, plus que quiconque, devrions nous comprendre ! Nous avons lutté toutes nos vies pour que les Pokémon et les humains soient traités d'égal à égal.
- J'AI lutté. Vous vous êtes contenté de rester assis sur une chaise à bouillonner devant une assiette remplie de plats raffinés, à piquer des colères d'enfant gâté. Le fait d'avoir un Bulbizarre et de l'aimer sincèrement ne fait pas de vous un militant.
- Je sais, c'est la capture d'un Mewtwo qui fait de vous un militant, n'est-ce pas ?
Trafalgar fronça les sourcils.
- Vous ne valez pas mieux que les infects nobles que vous prétendez détester.
- Oh vous allez regretter le moment où vous avez dit que j'étais un enfant gâté…
Trafalgar sortit Clamiral, Justin sortit Amonistar et Kabutops. Les deux adversaires se mirent en position. Bulbizarre regarda son maître.
- Nous allons en finir avec le monsieur, Bulbizarre, et après ça, Roland Smirnoff verra clairement à qui il a affaire.
- C'est déjà fait, et croyez-moi, vous ne vous en tirerez pas comme ça. Vos crimes ne resteront pas impunis !
- Hydrocanon et Aqua Jet !!
Amonistar déploya des trombes d'eau surpuissantes. Kabutops fonça, entouré d'eau et accompagnant l'Hydrocanon avec grâce.
Dès lors, Trafalgar sut clairement qu'il n'avait pas affaire à un amateur. « Et la moindre faute d'inattention me coûtera plus que la victoire.
- Coquilame !!
Clamiral trancha l'Hydrocanon, le stoppant net. Kabutops arriva pour finir le travail, mais le coquillage sur la nuque de Clamiral était aussi une Coquilame, et protégea astucieusement son dos. Justin s'étonna.
- Joli…
Trafalgar se tut. Son esprit et sa concentration toute entière étaient tournés vers le combat.
- Picanon, et Méga Sangsue !
Tactique similaire à la précédente : Amonistar reste en retrait et balance par le biais de ses cornes, de solides dards qui partent en rafale vers Clamiral. Kabutops fonce et donne des coups de lame dans l'air autour de Clamiral, de sorte à créer un vacuum aspirant l'énergie adverse.
- Clamiral, Lame d'Air !
Clamiral sortit une épée de telle manière qu'il créa une onde de choc qui stoppa tous les Picanon. Justin sembla impressionné.
- Et Vendetta !!
Un saut habile du lion de mer lui permit d'asséner un coup puissant à Kabutops et de le plaquer au sol. La créature fut assommée sur le coup.
- Je n'ai que faire de vos « laquais ». Je connais vos Pokémon, je sais que vous vous battez d'abord en utilisant ces deux-là pour jauger l'ennemi, et ensuite seulement vous sortez l'artillerie lourde.
Justin hocha la tête.
- En effet…
- Aqua-Jet !
Clamiral fonça vers Amonistar.
- Constriction !
Les tentacules d'Amonistar s'agrandirent et tentèrent de saisir Clamiral en plein vol.
- Vous vous battez comme un enfant…
Justin plissa les yeux.
- … mais vous agissez comme un démon !
Trafalgar laissa les tentacules toucher Clamiral, uniquement pour lui asséner, comme à Kabutops, l'effet de sa puissante Vendetta. Clamiral se releva et soutint le regard de Justin.
Lequel regarda Clamiral, puis Bulbizarre, qui frissonnait. Justin tendit une main censée stopper son Pokémon.
- Calme-toi, Bulbizarre.
Trafalgar haussa un sourcil intrigué alors qu'il rappelait Clamiral. Justin rappela tour à tour Kabutops et Amonistar, tout en gardant un œil vers son premier Pokémon. Poussant un soupir, il saisit ensuite son ami et le regarda dans les yeux.
- Cela ne change rien, d'accord ? Il peut parler autant qu'il veut, ses mots n'ont aucune importance pour moi.
Trafalgar crut presque percevoir que Bulbizarre grondait, bouillonnait de fureur. Le militant plissa les yeux. « On dit souvent que certains Pokémon sont tellement connectés à leur dresseur qu'ils deviennent le parfait reflet de leur personnalité… »
Ulrich fixa le Bulbizarre qui le regardait, la rage au fond des yeux. « Si c'est le cas, je pense que je ne sortirai pas indemne de ce combat… »
- Bien ! Vous l'attendiez avec impatience ! Dracolosse !
Dracolosse apparut. Le Pokémon se posa au sol, puis émit une grimace étonnée et regarda Bulbizarre. Le Pokémon Dragon émit une petite danse qui apaisa le Pokémon Plante qui remercia son camarade d'une liane amicale.
Ulrich s'étonna. Justin était prêt à se battre.
- … Comment est-ce possible ?
- Hm ?
- … Comment pouvez-vous manifester un tel amour pour les Pokémon et un tel désintérêt à l'égard des vies humaines ?
Justin inspira.
- Les Pokémon sont du potentiel accompli. Les Pokémon ont compris qu'on ne pouvait devenir quelqu'un ou quelque chose sans grandir, sans évoluer, sans passer par une croissance, des changements qui s'opéreraient tout naturellement, des étapes à franchir. Les Pokémon ont compris tout cela, ils sont purs et ne souffrent d'aucune haine, ressentiment, remords ou regret qui les empêcherait de devenir ce qu'ils doivent être. L'humanité…
Justin grommela.
- L'humanité est une masse informe, grouillante, misérable, qui se complait dans ses propres excréments moraux sans jamais varier d'un iota de la route qu'ils ont prise. Ces guerres qui sacrifient des enfants, ces gens qui s'entretuent, ces pays qui écrasent d'autres pays au prétexte d'une religion, d'argent ou de ressources naturelles, cette haine qui habite les hommes pour des motifs aussi triviaux que ridicules… Comment…
- Mais vous êtes également conscient que l'amour entre humains existe, qu'il est réel, vous le savez à présent, à ce que j'ai… cru comprendre.
Justin s'étonna. Trafalgar agita les mains.
- Ne le prenez pas mal, ce n'est pas pour vous offenser…
Il le pensait vraiment.
- … Simplement votre argumentaire me paraît quelque peu paradoxal, étant donné qu'à présent vous savez que les humains sont également capables de s'aimer. Je l'ai moi-même compris il y a bien longtemps : L'humanité est pleine de défauts dans son ensemble, mais dans le détail, l'humanité est pleine de facettes intéressantes et constructives. On ne peut pas résumer les hommes à du sang, des guerres et de la haine, il y a aussi l'amour, la bonne entente, la créativité…
Justin resta silencieux.
- … Alors pourquoi avoir commis de telles exactions ? Pris Jackson en otage ? Avoir commis ces meurtres, émis ces menaces violentes à notre égard ?
Justin baissa la tête.
- Premièrement. C'est vous qui avez démarré les hostilités en demandant à Justin de me tuer dans mon sommeil en profitant de son avantage sur moi, alors ne venez pas parler d'amour quand vous méprisez jusqu'aux fondements de ce qui nous unit moi et Seth.
Trafalgar fronça les sourcils.
- Deuxièmement, j'ai beau aimer Seth du plus profond de mon cœur, je me souviens qu'il est avant tout un agent de Roland Smirnoff. Je sais que Seth m'est entièrement dévoué, mais je sais également qu'un jour il se retournera contre moi, et cela me terrifie, monsieur Trafalgar. Cette éventualité me glace les os. Et enfin…
Justin tendit un bras vengeur.
- … Ma cruauté n'est que la conséquence naturelle de mes gènes pourris de noble, et de mes gènes pourris d'humain, alors je dirais que ce n'est que pure logique que je commette des actes aussi immondes…
- Vos gènes ont bon dos, si je puis…
- … Et je n'ai pas fini d'en commettre…
Trafalgar plissa les yeux.
- Dracolosse ! Draco Météore !
Dracolosse s'entoura d'une aura rouge. Trafalgar s'étonna.
- J… Je n'ai sorti aucun Pokémon !!
- Eh bien dépêchez-vous ! sourit Justin avec froideur.
L'attaque vrombit, assombrissant les cieux. Trafalgar s'étonna.
- SI VOUS PENSIEZ QUE CE SERAIT UN BANAL PETIT COMBAT, VOUS VOUS TROMPIEZ ASSUREMENT. VOUS N'ETES PAS ROLAND SMIRNOFF MAIS CE SERA UN PLAISIR QUE DE VOUS MONTRER MA VRAIE PUISSANCE !
L'attaque se divisa en plusieurs météores, fonçant tous du côté de Trafalgar.
- MAMMOCHON ! Chute Glace !!!
Le massif Pokémon apparut. Les pics de glace stoppèrent les météores qui arrivaient, mais Ulrich constata une anomalie.
« L'attaque… Dure trop longtemps !!
La lumière envoyée au premier abord par Dracolosse lors de son attaque continuait d'émettre des météores. Trop pour que Mammochon puisse les stopper.
- Je rêve ! Chute Glace, encore !!
Mammochon luttait pour stopper les météores. Trafalgar dut se résoudre à lâcher ses cartouches face à la puissance de l'attaque. Brice dut s'éloigner avec Gloria.
- Non, je veux rester !!
- Trop dangereux !!! Si je ne t'éloigne pas, ton père va me tuer ! grommela Brice.
- Papa !!
Brice se retourna. « Des Draco Météores à volonté ?! C'est qui, ce type ?! »
Trafalgar avait à peine le temps de fixer les yeux de fous de Justin. Il sortit Arcanin et Rhinastoc.
- Roc-Boulet !!
Rhinastoc créa un immense rocher entre ses paumes. Ulrich grimpa sur Arcanin. Mammochon et Rhinastoc s'efforçaient de contrer les météores. Justin éclata de rire.
- Vous êtes tellement risible ! Mon pauvre ami ! Vous pensiez que ce serait plié en deux temps, trois mouvements ? Mais quelle idée de me sous-estimer !
- Vous avez fait subir des expériences à votre Dracolosse !! Monstre !!
- Vous m'en direz tant ! Les déplacements d'énergie de Clamiral étaient totalement anormaux ! A présent, préparez-vous à périr…
Trafalgar remarqua soudain d'où venait explicitement la puissance de Dracolosse : Bulbizarre l'avait enlacé de ses lianes et semblait se livrer à des Croissances, ce qui alimentait le Pokémon en puissance. « La connexion entre ses Pokémon n'est pas qu'une façade amicale, c'est également une stratégie de combat… »
« Je dois le stopper… »
« Je me suis résolu à l'arrêter… »
« Quitte à faire subir à mes Pokémon ces expériences mutagènes… »
- VITESSE EXTREME !
Arcanin fonça à toute allure. Justin haussa les sourcils.
- Ne FUYEZ PAS !!!
Le rayon des météores s'agrandit et bombarda le terrain alentours. Trafalgar se concentra.
« Comme Roland pendant ce match à la Zone de Combat… »
Mammochon s'entoura d'une aura glacée et encaissa les météores, voire les fit fondre avant qu'ils n'arrivent à lui. Justin s'étonna. « Avalanche ?! A un tel niveau ?!! »
Rhinastoc fit quant à lui tournoyer sa corne, à une telle vitesse que le tourbillon ainsi créé broyait les météores. Justin Truce s'étonna. « Il fait comme Roland pendant ce match… Il… C'est de l'art… »
Trafalgar fronça les sourcils. « Je n'ai pas fait ces expériences de gaité de cœur. Je voulais être prêt face à vous un jour, mais je voulais également atteindre ce niveau de connexion avec mes Pokémon. Une fois de plus, une fois de trop, j'ai trahi mes idéaux pour servir ma cause… »
Arcanin arriva derrière Justin sans que ce dernier ne puisse ne serait-ce que percevoir sa présence.
« Et je suis venu ici, résolu à vous tuer ! »
- MOTISMA !
Justin eut à peine le temps de se retourner qu'un réfrigérateur entouré d'une aura violette ouvrit ses portes sur une puissante tempête de glace qui l'emporta, lui, Bulbizarre et Dracolosse…
Justin ouvrit les yeux sur un monde gelé. Il se releva, étonné, et constata que Dracolosse était durement affaibli et couvert de neige.
- B… Bulbizarre ??!
Justin se releva, serrant son imperméable contre lui.
- BULBIZARRE !!!
Il ne remarquait même pas que Trafalgar et ses Pokémon l'encerclaient.
- C'est fini, Truce.
- BUBIZARRE !
Justin s'agenouilla devant un tas de neige. Il trouva Bulbizarre, inconscient.
- Bulbizarre ! Bulbizarre, non, non !
Justin frotta Bulbizarre contre lui pour le réchauffer.
- Je ne me laisserai pas attendrir. Vous avez commis des actes impardonnables, je vais vous faire payer.
Justin regarda Trafalgar.
Et il éclata de rire.
Littéralement.
Il rit à gorge déployée, comme un fou. Trafalgar regarda ses Pokémon qui encerclaient Justin Truce.
- Mais… Mais… MAIS PAUVRE FOU QUE VOUS ETES ! HAAAAAAAAHAHAHAHA !
Ulrich plissa les yeux.
- … Je n'ai pas l'impression d'être le fou dans cette histoire… Surtout pas en ce moment…
- Vous pensiez vraiment, réellement, être capable de me châtier ? Mais si cela avait été le cas, si vraiment vous aviez voulu me faire payer mes exactions, vous seriez venu avec Roland Smirnoff ! Non, au lieu de ça, vous êtes venu seul, ou avec je ne sais quels clampins, et vous avez cru pouvoir régler le problème tout seul, mais au lieu de ça, HA ! HAHAHA ! Vous vous êtes tellement fourvoyé que c'en est désopilant !
Justin, un sourire figé sur son visage, rappela Dracolosse. Il prit Bulbizarre en écharpe sur un bras.
- Ne t'en fais pas, Bulbizarre, je vais me charger de lui sans laisser aucune trace…
- Vous allez envoyer ce fameux Pokémon légendaire que possède votre famille, hein ?
- SILENCE ! Non. Il est hors de question que je sorte le Fils de l'Univers pour vous châtier. Je vais plutôt utiliser un couteau déjà émoussé par d'autres meurtres.
Trafalgar plissa les yeux. Justin sortit un coffret. Trafalgar s'étonna en voyant le sceau sur ce coffret.
- Non…
Justin se mordit un doigt jusqu'au sang et brisa le sceau du coffret avec son sang. En ouvrant la boîte, il en extrait une Mémoire Ball et un rocher.
- C'est…
- ALLEZ !
Heatran apparut face à Ulrich Trafalgar qui secoua la tête.
- Non mais je rêve…
- Et où croyez-vous que ce Pokémon soit parti après la mort de l'autre porc ? Pour quel motif pensez-vous que j'ai bourlingué pendant cette guerre idiote ? L'objectif que ma mère m'a donné…
Le Pokémon Acier et Feu fixa Trafalgar.
- … L'honneur de la famille Truce, c'est justement d'avoir castré les Suzuki au terme de ce conflit. Suzuki était dans ses grands quartiers, et moi j'ai fait la guerre pour ma famille, j'ai volé Heatran quand tout le monde avait le dos tourné, tandis que ma mère a fait ce qu'il fallait pour anéantir la bête… Ce afin qu'à terme, ce soit moi qui devienne…
- Une bête. Vous êtes un monstre, comme Suzuki, vous ne valez pas mieux que cet étron de vieillard lunatique.
Justin avait toujours un sourire de fou.
- VORTEX MAGMA !!!
Heatran s'entoura d'un tourbillon de feu. L'attaque toucha tous les Pokémon de Trafalgar. Motisma et Mammochon tombèrent KO su le coup.
- Hng… Arcanin !!
La Torche du Pokémon ne suffisait pas à absorber toutes les flammes. Rhinastoc recula, Clamiral peinait à résister.
- Bon sang !
- Cette montagne est le refuge de nombreux Pokémon Feu du fait des sources chaudes qui cernent le Lac Courage, vous comprendrez donc que je sois en terrain conquis…
La terre commença à craquer et à s'ouvrir. Le plateau sur lequel ils se trouvaient sembla se démanteler.
- Préparez-vous, Trafalgar, à mourir comme un homme !
Brice avait sorti ses Lockpin qui bondissaient et tenaient Gloria.
- Mon père !!!
- Il va s'en tirer, ton père est un dur à cuire !
Marigold revint de son voyage à ce moment, sur le dos de Pyrax.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
- Ce qui s'est passé, c'est que j'aurais mieux fait de ne pas décrocher mon téléphone ce matin !!! grommela Brice.
- Trafalgar, comment va-t-il ?
- Bien !
- Bien ?! Comment peux-tu le dire ?!!
Brice désigna ses « filles », les Lockpin.
- Elles gardent une « Oreille » sur lui. S'il est en danger de mort, leur instinct les préviendra. La Chromatique est encore plus sensible !
Marigold hocha la tête. Gloria semblait apeurée.
- Mon père…
- Ton père sait ce qu'il fait. Espérons juste qu'il sache ce qu'il fait jusqu'au bout…
Trafalgar grommela et rappela ses Pokémon excepté Arcanin sur lequel il monta.
- Parce que vous pensez que je suis venu ici sans prendre mes précautions ?!
Justin, sur le dos de Dracolosse, sourit, alors qu'Heatran fendait de plus en plus le relief avec ses pouvoirs tectoniques.
- ALLEZ !!!
Trois Pokéballs sortirent d'une bourse.
Boréas. Fulguris, ainsi que Démétéros. Les trois génies observèrent Justin Truce, médusé. Dracolosse était intrigué également.
- VENT VIOLENT !
L'attaque de Boréas dissipa le Vortex Magma. Heatran releva la tête, surpris.
- PIETISOL !
Démétéros étendit les bras et rétablit le sol tel qu'il était avant l'attaque d'Heatran, ce qui mit le Pokémon en colère.
- Et FATAL FOUDRE !
L'attaque frappa le sol en direction d'Heatran. Le Pokémon utilisa Abri. Justin plissa les yeux.
- Ces trois bêtes…
- Les Forces de la Nature, ni plus ni moins. C'est un autre atout dans ma manche.
Justin acquiesça.
- Et quel atout.
- Ce n'est pas fini, Truce. Rassurez-vous, cela va être bref.
Trafalgar sortit un miroir de taille moyenne. Le soleil s'y refléta. Démétéros, Boréas et Fulguris changèrent de forme.
- Fascinant, fascinant ! Heatran, Canicule !
Le souffle de feu de Heatran fut absorbé par Arcanin. Justin haussa les sourcils.
- Ah, mince… Oui, j'avais oublié Torche…
- Exploforce !!
Boréas, sous sa forme d'oiseau, s'avança, les ailes brillantes. S'élevant dans les airs, il battit des ailes avec forces et projeta une violente onde de choc rouge qui frappa Heatran de plein fouet. Justin observait, indifférent.
- Tonnerre !!
Fulguris, transformé en bête monstrueuse, sauta vers Heatran et le traversa littéralement. Le Pokémon légendaire de la lave chancela.
- Et SEISME !
Galopant dans l'air, Démétéros fonça en agitant la queue. Justin n'esquissa pas un seul mouvement.
- Vous ne vous défendez pas ?
- …
La queue de Démétéros donna un coup de marteau magistral à Heatran qui en fut tout retourné.
- Ce n'est pas comme si je comptais sur cette bête, de toute façon. Et face à trois Pokémon Légendaires entrainés, il n'avait aucune chance…
- Votre lucidité est rassurante… souffla Trafalgar, épuisé.
Justin inspira.
- Si cela peut vous rassurer…
Justin rappela Heatran et rangea sa Mémoire Ball.
- … Je ne tuerai pas vos Pokémon. Je ne tue pas les Pokémon, c'est contre mes principes.
Trafalgar plissa les yeux.
- Tuer…
- Il est proscrit que quiconque voie le Pokémon que je vais utiliser puisse y survivre pour le raconter. Clairement. Bien.
Justin sortit une simple Pokéball.
- Vous remarquerez que chez les Truce, on ne fait pas de chichis avec la marque de la Pokéball.
Trafalgar agita la tête.
- Viens !
L'adorable Jirachi apparut. Trafalgar écarquilla les yeux. Un éclat de rire se fit entendre, vite stoppé.
Marigold et Gloria s'étaient jetés sur Brice.
- Hmmmmph !!!
- Espèce de crétin !!! Je ne veux pas mourir !! grogna Marigold.
- Chut, sinon nous ne pourrons pas sauver mon père en cas de besoin ! geignit Gloria.
Jirachi regarda les trois bêtes légendaires et sembla ravi de les voir.
- Bon, on ne va pas tourner autour du pot. Carnareket.
Rien ne se passa. Trafalgar s'étonna.
- Euh…
- Cela prend du temps, bien sûr. C'est une attaque à retardement quand elle est utilisée de façon normale. Mais les expériences de Wick ont fait des miracles sur cette bête.
Trafalgar inspira.
- Si vous le dites. Lame d'Air, Tonnerre et Lame de Roc !!
Boréas, Fulguris et Démétéros attaquèrent en même temps. Jirachi sourit et encaissa leurs attaques sans broncher.
- … pardon ?
- C'est un Pokémon Acier et Psy, quand même, n'oubliez pas hein !
- … Arcanin, Déflagration !!
Arcanin attaqua. Justin sourit.
- Attaque… Régénération !
Jirachi tourna sur lui-même et fit de jolies lumières. La Déflagration s'effaça sur lui. Pas absorbée, pas encaissée. Effacée. Trafalgar tomba des nues.
- A la minute où vous avez fait faire des expériences à vos Pokémon, vous avez signé votre arrêt de mort. Parce que moi, j'ai fait en sorte que Jirachi soit un antigène.
Trafalgar grimaça en secouant la tête.
- Jirachi est immunisé contre les attaques des Pokémon qui ont reçu les bienfaits des expériences du docteur Wound comme du docteur Wick.
Trafalgar se toucha le torse. Justin agita la main.
- Ne vous inquiétez pas, je sais que vous avez un micro sur vous et que notre conversation est écoutée en ce moment même. Je veux que Roland le sache bien. Qu'il vienne à moi, je saurais le recevoir. Jirachi est l'indiscutable preuve de mon pouvoir et de mon invincibilité. A terme, l'association sera à moi. J'aurais la place qui m'est due dans ce pays et même sur le monde…
La lumière s'effondra sur les trois bêtes. Trafalgar eut un mouvement de recul. Terrassés par la puissance du ciel, les trois Pokémon légendaires étaient KO.
- M… M…
- Evidemment, Jirachi résiste aux attaques des Pokémon sur lesquels on a expérimenté, mais ses attaques sont également particulièrement foudroyantes sur les Pokémon qui appartiennent à cette engeance…
Trafalgar hésitait à sortir son dernier Pokémon.
Parce que ce dernier Pokémon était lui-même une expérience.
Et probablement que même les retouches de Jackson n'y pourraient rien.
Mais la tentation du tout pour le tout eut raison de ses doutes.
- Hanada !!
Le coffre s'ouvrit. Justin haussa les sourcils.
- Oh, oui, lui… Eh bien il ne va pas faire long feu.
Mewtwo apparut. Il avait quelque chose au bras.
- Psyko !!
L'attaque n'atteignit même pas Jirachi.
- … Météores !!
Mewtwo dressa une nuée de météores face à lui. Peine perdue.
- … Frappe Psy !
Mewtwo tendit le bras et créa une explosion autour de Jirachi qui ne fut même pas secoué par le souffle.
- Inefficace…
- J'ai l'impression d'avoir un Munja avec une Garde Mystique encore plus efficiente, c'est particulièrement jouissif… Carnareket !
Jirachi prépara l'attaque. En désespoir de cause, Trafalgar dut se résoudre à utiliser sa dernière arme.
- Allons-y… Mewtwo, évolue !
Justin pencha la tête sur le côté, médusé.
- … je vous demande pardon ?!
Justin ne put retenir une expression de terreur en voyant une sphère pourpre se former autour de Mewtwo. Qu'allait-il en résulter, ça…
La créature semblait parfaite, petite, un concentré de puissance à l'état pur. Un petit être dont la tête était surmontée d'une sorte de queue. Trafalgar s'étonna en voyant la chose. C'est Jackson qui avait fait les tests, pas lui.
- … ça… ça marche ?
- Oui, ça marche, vous venez de transformer une expérience génétique en quelque chose d'encore plus trafiqué, félicitations. Décidément, vous vous enfoncez dans l'horreur et l'erreur.
Ulrich n'était pas d'accord. Mewtwo le regarda avec une sorte de gratitude dans le regard. « Comme si je l'avais éveillé à une nouvelle vie… Libéré de certaines entraves, comme si… je lui avais fait atteindre une forme de perfection… »
Mewtwo regarda leur adversaire. « C'est différent de toutes les expériences précédentes de Jackson… Celle-ci est… »
- Coupe Psycho.
Méga Mewtwo-Y s'envola et tourna sur lui-même. De l'appendice de sa tête, il envoya une lame violette parfaite. Justin Truce leva les yeux en soupirant.
- Puisque je vous dis que…
L'attaque atteignit Jirachi, très durement, même. Justin fut presque touché.
- ERPS !
Trafalgar haussa un sourcil, agréablement surpris.
- Météores !
Méga Mewtwo-Y leva une main et conjura des boules d'énergie au-dessus de lui. L'attaque fondit sur Justin et Jirachi.
- Non mais je… Contre-le avec tes propres météores !
Jirachi tenta le coup mais Méga Mewtwo-Y était bien plus puissant, et ses météores percèrent l'attaque de Jirachi, puérile. Le Pokémon Souhait se tourna vers son maître qui fronça les sourcils.
- Je vois…
- On dirait que la roue tourne… FRAPPE PSY !
Méga Mewtwo-Y croisa les bras et conjura autour de lui une immense figure rose en forme de chat d'énergie géant, semblable à un Mew aux bras griffus. Un seul regard de la créature suffit à tétaniser Jirachi. La bête rose le prit ensuite entre ses mains, le leva et l'écrasa au sol. Justin observait l'attaque, complètement éberlué.
- Mais par tous les diables…
Trafalgar était lui-même impressionné par sa propre puissance. Le Carnareket intervint depuis les cieux. Méga Mewtwo-Y l'encaissa comme du lait écrémé.
- …
- … Si vous vous rendez, je ne vous ferai aucun mal.
Justin plissa les yeux.
- Pourquoi une telle mansuétude ?
- Disons que le vertige de la puissance vous fait souvent réaliser que vous êtes allé un peu loin, et qu'il faut parfois savoir ménager ses effets. Vous tuer serait trop abrupt, je préfère juste vous envoyer en prison.
Justin acquiesça.
- Vous avez raison, à propos de ce truc de… vertige de la puissance. Quand on en a trop, ça ne peut apporter que des malheurs… Il y a…
Trafalgar s'étonna alors que Justin faisait les cent pas en agitant la main d'un air très cérémonieux.
- Il y a de cela plusieurs siècles, mon ancêtre Félicie Truce… C'était, paraît-il une très belle femme… Mais elle était effroyablement jalouse de sa sœur, Mildred Suzuki, qui avait fait un meilleur mariage.
Trafalgar se demandait ce que ça venait faire là.
- Un soir, Félicie… avait été battue un peu trop violemment par son mari. Il était infirme de guerre et cela le minait d'être devenu un fardeau, un poids. Il passait ses nerfs sur tout, et sur elle, entre autres. J'ai de l'empathie pour cette femme, elle s'est rendue malheureuse pour avoir une place au soleil, je trouve cela admirable, christique, presque. Son calvaire aura été la source de ma puissance.
Trafalgar ne comprenait toujours rien.
- Ce soir-là, donc, elle… s'enfuit de chez elle, de ce beau manoir, l'un des quatorze manoirs de Salazar Caub – il n'en reste plus que trois aujourd'hui, ceux des Medrenski, ceux des Schirevel et celui des Heine, qui est devenu un refuge pour Pokémon, ce que je trouve quelque part admirable – elle s'enfuit et… pardon, j'aime m'égarer. Elle s'enfuit et trouve une grotte. Que plus tard on connaîtra sous le nom de Mont Sélénite. C'est alors qu'elle trouve cette petite chose que vous voyez là.
Trafalgar regarda Jirachi qui regarda Justin, puis Trafalgar.
- Elle la trouve et c'est PILE le bon moment, ce fameux moment où tous les mille ans, Jirachi exauce un souhait. Mon aïeule est perdue, elle ne sait pas quel souhait formuler. Elle souhaite ainsi que Jirachi lui appartienne en sa pleine puissance. Jirachi accepte, mais il y a une condition, il doit emporter la vie du dernier-né de sa descendance.
Trafalgar s'étonna.
- Cette âme déchue deviendra ainsi celle de Jirachi, car un Pokémon conjugué à une âme pure et innocente peut seul déployer une puissance incommensurable !
Trafalgar secoua la tête.
- Le bébé… de Mildred…
- C'était le dernier né de la descendance, ce n'était que le hasard. Mais un hasard heureux. Mon ancêtre écrit dans son journal – qui est une relique familiale précieuse, que j'ai profané pour en savoir plus, certes – qu'elle n'a jamais été plus satisfaite que par le rétablissement de l'équilibre dans la famille. Ses malheurs à elle devinrent infiniment plus supportables sachant que Mildred avait perdu un fils. En tuant cet enfant, Jirachi avait apporté à ma famille une véritable légitimité pour succéder à Salazar Caub…
Trafalgar regarda Jirachi, et le regard du Fils des Etoiles croisa celui du Trouble Herculéen. L'homme put clairement voir une larme couler de l'œil du Pokémon, une larme de nourrisson.
- Quelle horreur… murmura Trafalgar, choqué.
- Mais avoir un Jirachi ultra puissant ne suffisait pas, il fallait aussi de quoi… grimper l'échelle sociale, et mon ancêtre avait pensé à la puissance, pas à l'ascension, résultat… Ma famille est restée dans l'ombre. Il en aura fallu du temps, hein.
- Tout cela pour rien, car au final, Méga Mewtwo-Y va mettre un terme aux agissements perfides de votre famille !
Justin hocha la tête.
- Vous avez contré toutes les attaques de Jirachi, en effet, et vos attaques ont magnifiquement porté. Sauf que je vous l'ai dit : Je ne tuerai pas vos Pokémon. Ce qui veut dire que j'ai bridé la puissance de Jirachi jusque-là. Je pense que si j'utilise Carnareket à son niveau mortel, je ne ferais que mettre KO Méga Mewtwo-Y…
Trafalgar s'étonna.
- M'enfin, je ne perds rien à essayer, hein. Allez, Carnareket, sans retenue cette fois.
Jirachi hocha la tête, résigné. Du ciel, il s'écroula un lourd rayon de lumière qui perça le sol, le plateau, la croûte terrestre. Trafalgar s'éloigna, stupéfait.
- PAR L'ENFER…
- Adieu ! sourit Justin en agitant la main.
Le rayon avança vers Méga Mewtwo-Y
- MUR LUMIERE !!!
Méga Mewtwo plaça un mur entre lui et le Carnareket.
- Habituellement, les tours d'attente de Carnareket brident sa puissance, mais mon Jirachi possède la puissance nécessaire, acquise grâce au souhait de Félicie, pour faire de cette attaque une foudre divine qui s'abat sur ceux qui ont provoqué ma fureur !
Le Mur Lumière se brisa, et la Carnareket s'abattit sur Méga Mewtwo-Y.
- NON !! NOOOON !!! cria Trafalgar.
L'attaque cessa, et Mewtwo avait repris sa forme originelle. KO. Trafalgar sembla à moitié soulagé. Parce que le prochain sur la liste…
C'était lui.
Justin tendit un bras vers lui, mima un pistolet avec ses doigts et fit un geste significatif. L'attaque vrombit vers Trafalgar, à dose faible, et le frappa. L'homme fut atteint par le rayon rapide, mais non mortel. Le but était en fait de mettre Arcanin KO, et donc la Carnareket normale avait été employée à ce titre. Les jambes d'Arcanin le lâchèrent, et Trafalgar toussait de la fumée, absolument choqué par le coup. Arcanin revint dans sa Pokéball.
- Vous avez de la chance que Jirachi – et moi-même – ne voulions pas tuer de Pokémon. Allez, cette fois c'est la bonne.
Le rayon mortel, cette fois, fondit sur Trafalgar qui regarda la mort s'abattre…
… et être interceptée. Cinq des six Lockpin de Love-Pin s'étaient interposées avec Voile-Miroir, ayant sauté en travers du rayon, le rendant ainsi non mortel. Puissant, mais non-mortel.
- … Pardon ?! s'étonna Justin.
Marigold arriva avec Pyrax alors que l'Ohmassacre de Gloria utilisait Flash pour éblouir Justin.
- Vous avez fait ce que vous avez pu, il faut fuir maintenant !
- DEPECHEZ-VOUS, MES FILLES NE VONT PAS TENIR !!! geignit Brice.
- Père !!! geignit Gloria.
Trafalgar inspira.
- Partez, je ne veux pas que vous soyez blessés pour moi.
- Père…
- Ulrich, c'est de la folie, vous allez mourir !!
Trafalgar soupira.
- J'ai échoué, j'ai tout raté, j'ai vendu mon âme, cela ne vaut plus la peine…
Des Draco Météores fondirent. Justin avait ressorti Dracolosse, prêt à en découdre de nouveau.
- VOS MANIGANCES SONT FUTILES !!!
- Marigold, bordel, prends-le et on se casse !!!
Marigold regarda derrière. Ohmassacre commençait déjà à être frappé par l'attaque de Dracolosse. Les Lockpin faiblissaient.
- Ulrich !! grommela Marigold.
Gloria se mordilla les lèvres et prit son père par l'épaule.
- Partez, nous nous débrouillerons !
Brice et Marigold s'étonnèrent.
- Quoi, non !!! cria Brice.
- Mais qu'est-ce que… Mais quoi ?! s'étonna Marigold.
- Mon père s'est battu toute sa vie pour ses idéaux, pas pour fuir ! Il ne fuira pas, et cette fois je ne fuirai pas avec lui ! Je suis la fille de mon père, il a été jusqu'à sacrifier mon enfance pour son combat, je le soutiendrai jusqu'au bout !
Trafalgar se mordilla les lèvres. Marigold s'étonna.
- Tu… Tu veux te sacrifier avec lui ?!
- C'est mon père !! cria Gloria, les yeux pleins de larmes.
Marigold serra les dents. Elle regarda Brice.
- On s'en va.
- QUOI ??? NON MAIS CA VA PAS ! TU VAS LES LAISSER LA ???
- Oui.
- ILS VONT MOURIR BORDEL !
- On va tous y passer si on reste !
L'attaque de Jirachi cessa, mais les météores fusaient toujours. Brice grommela alors que ses Lockpin étaient KO toutes les cinq, et que le flash d'Ohmassacre n'allait pas tenir longtemps. Marigold enfourcha Pyrax.
- Retiens-le en utilisant des Pokémon, il n'osera pas les frapper à plein régime ! cria Marigold.
- Oui ! cria Gloria, déterminée.
Marigold emmena Brice et s'enfuit. Gloria traîna son père pour s'éloigner de Justin et Jirachi.
- M… Gloria… souffla Trafalgar, à bout de forces.
- Tout va bien, papa. Maintenant c'est moi qui te sauve, qui te protège, qui fait ce qu'il faut pour toi !
- … Tu vas mourir, Gloria…
- C'est comme ça que tu m'as toujours élevé, papa, j'étais certaine que tu ne rentrerais jamais à chaque fois. Et tu rentrais toujours. Cette fois au moins j'aurais pu te dire au revoir !
Trafalgar serra les dents. Ohmassacre fut mis KO par Dracolosse. Justin aperçut enfin Trafalgar et Gloria.
- Oh non mais je REVE… Il a ramené une servante… Jirachi !
Le Pokémon eut une seconde d'hésitation. Justin grommela.
- Carnareket !
Le rayon fusa. Puissant, rapide, vrombissant.
L'attaque frappa Gloria et Trafalgar. L'explosion fut forte. Marigold regarda derrière elle, affolée par le bruit et la vision.
- Bon sang… Mais que va dire Roland…
- Il va sérieusement t'engueuler, ma vieille, tu viens de laisser un ancien camarade crever ! Si Dexter ou Nathan étaient encore de ce monde, ce genre de connerie ne serait jamais arrivé !
Marigold souffla et s'arrêta en l'air, sur Pyrax qui tenait Brice entre ses pattes.
- Quoi ? Quoi ?!!
- … On va y retourner.
- JE VEUX MA VIEILLE !
- Quand il sera parti. Je veux juste… m'assurer que Trafalgar est bien mort et… faire ce qu'il faut au cas où.
- T'es CHIANTE !
- Tu veux bien la fermer ? Je ne me rappelais pas que tu étais aussi lourdingue…
- Tu ne te rappelais pas de mon costard rose ?
- Si, mais je me souvenais moins de l'abruti qui était engoncé dedans…
Le sol était fumant. La roche avait noirci sous l'effet de l'attaque. Marigold plissa les yeux.
- Rien…
- Rien ?!
Brice et ses Lockpin cherchaient Trafalgar et sa fille, mais aucune trace d'eux. Marigold sembla bouleversée.
- Mon Dieu… Elle avait à peine vingt ans… et maintenant elle est morte… Et lui…
- Bon sang, c'est pas possible, un Pokémon ne peut pas tuer un humain, c'est pas possible ! grommela Brice.
- Pourtant si, tu vois bien… souffla Marigold.
- Marigold !!
La blonde se retourna dans la direction que désignait Brice, et elle le vit.
Terrakium, qui portait Ulrich Trafalgar et sa fille, inconscients, sur son dos. L'homme en costume et la blonde aux insectes s'étonnèrent.
- C'est…
- Un Pokémon légendaire… marmonna Marigold.
- Ca court les rues en ce moment…
- Ils sont toujours en un seul morceau…
- Et il les kidnappe ! signala Brice.
- J'ai plutôt l'impression qu'il les a sauvés…
Terrakium s'enfuit sous le regard médusé de Marigold et Brice qui se regardèrent, complètement stupéfaits
***
***
Quelques heures plus tard.
- Je suis là…
Arlène et Pablo s'étonnèrent et regardèrent Jackson, sale, roué de coups, patraque.
- … Et Traffy, oukilé ? s'étonna Pablo.
- …
Une personne suivait Jackson : Marigold Heller.
- Je dois voir Roland Smirnoff.
Arlène dévisagea la jeune femme.
- Vous, vous avez couché avec lui…
- A quoi vous m'avez reconnu, à notre décolleté similaire ou à la poignée de main secrète que nous avons toutes deux faite en nous apercevant mutuellement ?
Arlène leva les yeux au ciel. Pablo ricana.
- Ah les femmes… Venez…
Pablo frappa.
« OCCUPE ! »
- C'est une fille avec qui tu as couché, Roland !
« DITES-LUI DE DIRE CE QU'ELLE DOIT DIRE ET QUE VOUS TRANSMETTREZ ! »
Pablo haussa les épaules et regarda Marigold.
- En quoi puis-je vous aider, gente demoiselle ?
Marigold haussa les sourcils.
- Bon… euh… J'étais là quand Trafalgar a affronté Truce.
Arlène écarquilla les yeux.
- Et… Et alors ? demanda Arlène, stupéfaite.
Marigold serra les dents.
- Le père et sa fille comptaient se sacrifier mais au final, Terrakium les a sauvés…
- Terra… Le Pokémon légendaire que Roland lui avait confié ! s'étonna Pablo. HEY ! On en a aussi, allons dégommer Truce !!
Arlène regarda Pablo, blasée.
- Recommence à déprimer pour voir ?
- Bah quoi ?
- Disons que Trafalgar s'est fait étaler, ce malgré… Boréas, Fulguris et Démétéros. Ainsi que Mewtwo.
- Même Méga Mewtwo… Même un Mewtwo évolué a perdu… souffla Jackson.
Pablo regarda Arlène qui soupira et désigna Jackson, épuisé et triste.
- Il en parlait à la réunion ! La Méga-Evolution !
- Aaaaaaaah ! Aaaaaaah d'accord…
- T'es vraiment bête comme un pied !
- Oui bah ça va hein !!
- J'ai un autre souci pour vous, Truce a subtilisé Mewtwo, Boréas, Fulguris et Démétéros à Trafalgar.
Pablo et Arlène blêmirent.
- Ouch…
- Il est carrément invincible, en gros ?
- Sa meilleure arme semble être Jirachi et sa Carnareket… Ou alors Heatran… Ou Dracolosse… Ou tout ce qu'il vient de récupérer…
Pablo manqua de s'évanouir. Arlène soupira.
- Du coup…
- Je pense que Terrakium a emmené Trafalgar et sa fille en lieu sûr, ce Pokémon a l'habitude de protéger les « siens ». Quant à Justin Truce, il est… virtuellement invincible. Le seul moment où Trafalgar a cru prendre l'avantage, c'était à la Méga Evolution… Jirachi était une sorte d'anti expériences, et Méga Mewtwo surpassait son anti truc…
Jackson plissa les yeux, intrigué.
- J'aurais dû rester… J'aurais aidé Trafalgar à maximiser sa force… Maintenant tout est aux mains de l'ennemi…
- Giratina aussi ?! s'étonna Pablo.
- Pas encore… Mais j'aurais dû lui céder en fait, les choses seraient montées en échalote moins rapidement…
- Je veux mon neveu… soupira Arlène.
- Je pense que je vais repartir, je n'ai pas l'impression que le maître des lieux n'apprécie ma présence…
« AU REVOIR MARIGOLD ! »
- Trafalgar est peut-être mort, Roland !
« SA FAUTE, PAS LA MIENNE. »
Marigold sourit.
- Il n'a pas changé… Dans ces moments, il est généralement en ébullition, préparez-vous, plus dure sera la sortie… pour vous !
Pablo, Arlène et Jackson acquiescèrent.
- Merci beaucoup, en tout cas… souffla Jackson.
- J'aurais préféré sauver Trafalgar aussi, croyez-le bien…
- Et moi j'aurais dû rester… Si on continue à se lamenter, on n'avancera pas…
- C'est votre domaine, ça… et je suis mariée !
- … oh…
- Adieu, à première vue !
Marigold quitta les lieux. Pablo et Arlène le regardèrent.
- Tu dragues ? Dans un moment pareil ? s'étonna Pablo.
- Eeeelle est mignonne ! souffla Jackson.
- Je rêve… les hommes décidément… Roland ! Jackson est vivant !
« JE ME DOUTE SINON VOUS AURIEZ CHIALE COMME DES MADELEINES DEVANT SON TRONC DEMEMBRE ! »
Jackson agita la tête.
- Il est possible que je défèque Giratina dans les prochaines heures…
« DEMANDE DU LUBRIFIANT A PABLO… NON, DES LAXATIFS A ARLENE ! »
- Comment il sait que j'en ai ?! s'étonnèrent les deux en même temps.
***
Après quelques temps, du sommeil et beaucoup de caca, Roland réunit la petite troupe.
- Bon. Bilan de tout ça : Deux morts et demi. Nestor, dont le décès fait la une, et Cyrus Rhodes dont le décès fait les choux gras des faits divers. Il est hors de question que l'un et l'autre vous vous exprimiez sur ces affaires, tant pour votre bien que pour le reste.
Pablo et Arlène acquiescèrent.
- Je veux maintenant vous poser une question très claire à tous les trois. Dimitri me suivra au bout de l'enfer. Mais vous ? Est-ce que vous voulez continuer ? Si oui, je veux de bons arguments. Si non, je comprendrais. Pablo ?
La follasse blonde soupira.
- Je t'ai suivi, au départ, pour que tu écrases mon patron qui m'avait traité comme une merde. Maintenant je veux que tu réduises à néant Justin Truce pour ce qu'il a fait à Nestor. Je te suis toujours.
Roland acquiesça et regarda Arlène qui agita les bras.
- Je n'ai plus rien d'autre… Et je ne peux pas quitter Dimitri, il a besoin de moi.
- Tu as encore plus besoin de moi, je n'ai perdu personne moi.
- Je crois pas que je veuille qu'on en parle, en fait…
- … ah, d'accord…
- Je te suis toujours en tout cas ! assura Arlène.
Roland acquiesça et regarda Jackson qui récurait la Pokéball de Giratina.
- Hm… Je… crois que…
- Arrête, putain, t'avais mis une capote autour avant de l'avaler, c'est bon, elle sent pas le fond de ton rectum ! J't'assure ! Tu me stresses à frotter ta boule, là !
- Pardon, pardon… Euh… Je veux qu'on retrouve Ulrich, parce que c'est mon ami… et… je veux que Truce paie pour ce qu'il a fait… Ah et aussi que ce sac à merde de Fiodor Wick reçoive la correction qu'il mérite.
Roland souffla.
- Bon. Tant mieux. Parce que d'ici quelques temps, la direction de l'association va vous revenir.
Arlène, Pablo et Jackson s'étonnèrent.
- En fait la direction intérimaire reviendra premièrement à Dimitri, mais vous serez ses fidèles assistants.
- HEY C'EST PAS JUSTE !! TU ME DOIS TOUT !!! grommela Pablo.
- Et tu es englué dans mes histoires d'argent sale. Si tu veux l'association, prends-là, elle sera accompagnée d'une case prison. Point fort : Tu te feras violer ! Point faible : Tu vas tout perdre !
Pablo grommela et regarda Dimitri.
- J'ai intérêt à être ton premier ministre !
- Vous allez commencer par nous dire exactement quel type de contrôle vous exercez sur Seth.
Roland hocha la tête. Pablo haussa les sourcils.
- Mais euh… quoi ?!
- C'est primordial, affirma Roland.
- On en a besoin pour avancer.
Pablo soupira et consentit à parler.
- Je suis comme un père pour lui. Et… je l'ai… encouragé à… séduire Truce, s'il sentait une occasion…
Roland haussa un sourcil.
- Attends, c'est toi qui…
- Oui, c'est moi qui incidemment ait provoqué l'accès de colère de Truce qui provoqua la mort de mon concubin et la disparition de Trafalgar, ainsi que la mort du frère d'Arlène ! Je crois que je suis bien assez puni comme ça ! Ok ?!
Roland s'étonna.
- Attends, tu as imaginé un plan pareil TOUT SEUL ?
- … euh…
- Tu as vendu Seth à Truce ? Tu as dit à Seth de le faire tomber dans ses bras ? Tu voulais que Seth le rende amoureux de lui pour… Mais c'est du génie absolu !
Pablo sourit.
- N'est-ce pas !
Arlène et Jackson grimaçaient, dégoûtés.
- Si ça avait marché jusqu'au bout, Truce aurait même pu devenir abordable ! Qu'est-ce qui a merdé ? s'étonna Roland.
Pablo hésitait.
- Tu es en colère ou pas, en fait, j'ai du mal à suivre…
- Nan, nan, je suis étonné, un peu dégoûté et pas très fier, mais dans le fond l'idée était intéressante et méritait qu'on s'y attarde ! Qu'est-ce qui a pu merder ?
Pablo inspira.
- Trafalgar a dit à Seth que s'il voulait se rendre utile, il n'avait qu'à tuer Truce dans son sommeil. Ce que Seth n'a… pas trop apprécié. Du coup, il est allé se plaindre à son chéri, et…
Arlène écarquilla les yeux.
- C'est SETH qui lui a demandé de faire tout ça ???
- … en quelque sorte.
- … Euh, ouah ! Ouah quoi ! souffla Jackson, un peu furax.
- Putain, il le contrôle comme un toutou ! sourit Roland. C'est notre chance !
Arlène et Jackson s'étonnèrent.
- Non mais quoi ? s'étonna Jackson.
- Roland, quand même ! grommela Arlène.
- J'm'en sors super bien, c'est cool ! sourit Pablo.
- Je vais faire ce qu'il faut, Dimitri, tu leur exposes notre plan pour la réélection, et tu ne t'ATTARDES PAS sur la part d'aléatoire !
- Très bien…
- Bon. Moi, je vais protéger mon espèce…
***
- Quelqu'un a parlé à Ethan ?!
- Oui, devant l'école ! C'était bizarre.
- Et tu n'es pas intervenu ?! s'étonna Rachel en essuyant l'assiette.
Jim entra dans la petite cuisine en haussant les épaules.
- Il lui a juste parlé ! souffla Jim Patterson.
- Je n'aime pas beaucoup ça…
- Tu es trop méfiante…
- J'ai mes raisons, ok ?
On frappa à la porte. Rachel plissa les yeux.
- On a réglé le loyer ce mois-ci ?
- Bah oui ! s'étonna Jim.
Rachel alla ouvrir.
Lui.
Pas de la porte.
Fermer.
Pied en travers de la porte.
- Dégage ! Dégage !! JIIIIM !
- Quoi, quoi ? Quoi ?
- APPELLE LA POLICE !
- Tu peux m'écouter cinq minutes ? Putain, tu me bousilles le pied !
- VRAIMENT ? Oh, pardon !
Rachel donna un bon coup d'épaule dans la porte.
- AUUUUUUGH !
- VA-T'EN ! VA-T'EN ! JIM !!!
- … mais euh… C'est qui ?
- Mon PUTAIN d'EX-MARI !!
- Euh… Rachel, il est président de l'association Pokémon, je crois que si tu t'en prends à lui, euh…
- Il en va de la vie de nos enfants, Rachel ! Ouvre !!
Rachel grommela.
- Tu t'en TAPES !!! Tu t'en tapais complètement quand tu es partie en me traitant de pute devant les gosses, tu t'en tapais encore pendant ces cinq années où tu as été président, VA TE FAIRE FOUTRE !!!
- Et si je te dis qu'un connard veut s'en prendre à toi uniquement parce que tu t'appelles Heine, que toi et les enfants êtes en danger de mort et qu'il sait où vous habitez ?
Rachel se calma.
- Bordel, Rachel, ouvre, je te déteste du plus profond de mon cœur, mais pour une raison que j'ignore, je ne veux pas que tu finisses en baignant dans ton sang ni en ayant une flèche qui te traverse la tête ! Parce que ça, c'est arrivé aux proches de deux de mes collaborateurs ! Juste avant que je ne trouve dans mon bureau, des photos de toi et des gosses ! Ainsi que de David, Lily, Malcolm…
Rachel regarda Jim qui n'en menait pas large.
- … Va dans la chambre avec les enfants !
Jim hocha la tête. Rachel ouvrit. Elle aperçut Roland. Mal rasé, l'air crevé. « Il est beau… Non, ta gueule Rachel, ne pense pas à ça ! »
- Ca a été dur de te retrouver… soupira Roland.
Rachel gifla Roland, furieuse. Roland accepta la gifle sans sourciller.
- … J'ai mérité ça, je suppose.
- … Un peu beaucoup, oui.
- Les enfants vont bien ?
- Tu ne les verras pas.
- Je m'en doutais un peu, t'en fais pas. J'ai préparé une maison pour vous quatre. Vous y serez en sécurité. C'est l'ancien manoir de fonction de Nigel Bonelly.
- … Tu veux qu'on déménage ?
- Je me charge de tout.
- J'ai un travail, j'ai un mari, j'ai une vie, Roland !
- Tu vas mourir si tu restes là.
- Tout ça à cause de tes conneries en tant que président ?
Roland serra les dents. Rachel soupira.
- Tu es incapable d'admettre que tu as déconné, hein ?
- C'est un peu pour ça que tu m'as épousé, nan ?
Rachel soupira.
- La façon dont tu m'as quitté, dont tu nous as quittés… Ethan n'a pas arrêté de me demander où tu étais… Je n'ai pas de télévision exprès… Tes réformes étaient bonnes, certes… sauf au niveau administratif… Et c'est quoi cette connerie de Direction… Oh les deux sont liés, n'est-ce pas ?
Roland sourit, les larmes aux yeux.
- Je reconnais bien là ma petite femme...
- Ah non, ta gueule, ok ?
- Malcolm et Claire seront au Mont Foré, dans l'ancien quartier général des gardes-forestiers. Mes parents, Estelle et ta mère, je les envoie en Europe.
Rachel haussa les sourcils.
- Et les autres… nos amis ?!
- Je m'en charge.
Rachel hocha la tête.
- Tu… ne me demandes rien, comment ça va, ce que je fais actuellement dans la vie…
Roland inspira, gêné.
- Je t'ai espionné, je sais que tu donnes toujours des cours et que tu as épousé ce professeur particulier. Et aussi qu'il est bien pour toi et qu'il s'occupe bien des gosses.
Rachel soupira en regardant Roland.
- Pourquoi tu n'es pas resté comme ça tout le temps ? Le Roland prévenant et agréable du début ?
Roland sourit.
- Tu l'as dit. Je suis incapable d'admettre que j'ai déconné. C'est bien pour ça qu'on s'est séparés, nan ?
***
Roland entra par un côté du container placé sur un terrain désertique. Justin était déjà dedans. Roland s'assit au bout de la table. L'endroit était illuminé.
- Bonjour. Je vois que vous avez vraiment très peur.
Roland resta stoïque et silencieux. Justin sourit.
- Oui, ça se voit que vous avez peur. Vous ne vous agitez pas. Je vous ai très bien dressé.
- Si vous le dites.
- Cette soumission dans votre regard est tout simplement jouissive… Bien. Pourquoi cette convocation en grandes pompes.
- On attend quelqu'un d'autre.
Justin s'étonna.
- Qui ?
- Un notaire.
Justin me regarda.
- Je vous demande pardon ?
- Nous allons passer un marché qui va être validé officiellement par un notaire.
Justin ricana.
- Vous vous rendez compte que si je me lève de cette chaise et si j'approche de vous, vous serez incapable de réagir, vous frémirez comme un Ratentif face à un Seviper…
- C'est très probable.
- Vous ressemblez à un Caninos castré, c'est merveilleux !
- Si vous le dites.
Justin plissa les yeux.
- Qu'est-ce que vous me cachez ?
La porte du milieu du container s'ouvrit. Une petite dame aux cheveux bleus coiffés en chignon entra. Justin se leva, outragé.
- … CA ???
- Je sais pas dans quelle langue vous le dites, mais bonjour, oui…
- Justin Truce, je vous présente Zélie Gallo, plus connue sous le nom de Béhémoth.
- … Vous amenez l'ancienne secrétaire de cet immondice de Pentwell ICI ? Pour négocier ?!
- Je savais que ça vous ferait chier, mais ça me fait chier tout autant DONC c'est une partie neutre.
Justin regarda Roland qui n'avait rien perdu de son flegme. La femme mûre et ratatinée leva un doigt significatif.
- Sachez, de surcroît que, premièrement je me fous complètement de votre brouille de gamins, deuxièmement, Truce, je serais vous, j'éviterai de parler en mal de Pentwell quand on sait de quoi est coupable votre mère…
- Taisez-vous MAINTENANT… grommela l'homme, irrité comme un chat.
« Il a peur d'elle ?! » se demanda Roland.
- Troisièmement, Smirnoff, j'espère VRAIMENT que je serais bien payée pour ce boulot parce que me faire venir en hélicoptère dans le désert pour venir notifier une négociation entre particuliers, c'est vraiment du grand n'importe quoi !
- Vous serez bien payée.
- Sachez également, monsieur Truce, que c'est en partie à cause de Smirnoff et de sa tentaculaire famille diabolique qu'en quelque sorte j'ai perdu ma position sociale, donc je ne lui ferai pas de cadeaux, tout comme à vous.
Justin s'enfonça dans son siège. Roland resta stoïque.
- Allons-y… Sur quoi voulez-vous négocier ? grommela Justin.
Béhémoth sortit son ordinateur et son imprimante portative, qu'elle relia à une batterie.
- Nous pouvons commencer, je suis prête à établir le contrat.
Roland inspira.
- Par la présente, je vous demande instamment de ne pas approcher, virgule, ni même de ne rien commanditer à l'encontre, virgule, des personnes suivantes, deux points :
Béhémoth notait. Justin plissa les yeux.
- David Smirnoff, son mari et ses enfants. Lily Meadow, son mari et ses enfants. Norbert Finsbury et Lionel Maloney. Charlie Winchester, Léopold Finsbury-Maloney et leurs enfants. Yann Winchester—Finsbury-Maloney, Amy Nixon et leur fils. Colin Ludges, sa femme et ses enfants. Kate Ludges, sa femme et leur enfant…
Justin plissa les yeux. Roland inspira.
- … Ainsi qu'Ethan Smirnoff, Noémie Smirnoff, Nell Heine, Alexander Heine, Léa Heine.
Justin plissa les yeux.
- Vous ne vous en prenez pas à eux d'aucune sorte, et en contrepartie je démissionne.
- Vous… Attendez, vous me laissez les jumeaux Heine ainsi que vos parents ?
- Je sais que vous ne m'auriez pas laissé les placer sous protection. Vous auriez demandé plus en échange.
Justin sourit.
- En effet, bien deviné…
- Je vous demande également de ne plus pénétrer les locaux suivants : Association Pokémon, Cabinets de l'Association Pokémon, Laboratoire de Recherches scientifiques de l'Association Pokémon. A moins que vous n'en soyez président évidemment.
Justin eut un sourire carnassier.
- Très bien, et quelle contrepartie offrez-vous… ?
Roland inspira.
- Je ne me représenterai pas pour la prochaine élection.
Justin eut presque un orgasme.
- Excellent…
Béhémoth notait les directives de Roland.
- Enfin, j'ai un dernier terme à apporter à l'accord.
Justin écouta avec attention.
- Nous vous donnerons Giratina.
Justin haussa les sourcils, surpris.
- Dans deux ans.
- … c'est long !
- Oui, mais vous l'aurez.
- … et en contrepartie ?
- Nous voulons récupérer Boréas, Fulguris et Démétéros.
- … et pas Mewtwo ?
- Nan, on vous laisse Mewtwo.
Justin s'étonna.
- Pourquoi êtes-vous si leste sur les négociations ?! Vous me laissez une marge de manœuvre considérable ! Vous me laissez Mewtwo, ainsi que la possibilité d'aller m'en prendre à vos parents ainsi qu'aux jumeaux Heine !
Roland haussa les épaules. Justin secoua la tête.
- Vous avez forcément une idée derrière la tête, je vous connais trop bien.
- Vous avez menacé mes amis, ma famille et fait assassiner les proches de mes collaborateurs, et vous pensez que j'ai une idée derrière la tête ?
Justin hocha lourdement la tête. Roland haussa les épaules.
- Pas vraiment, là. Je suis plutôt salement acculé, même. Mademoiselle Béhémoth, si vous pouvez…
- Vous n'avez pas le droit de m'appeler par ce nom ! grommela la notaire.
Elle se dirigea vers Justin avec le papier imprimé.
- Si vous voulez bien relire et signer.
Justin relut les termes du contrat et hocha la tête.
- C'est bon pour moi.
La naine aux cheveux bleus se déplaça vers Roland.
- A vous.
Roland hocha la tête et signa ainsi.
R. S.
En vertu des lois du lieu de signature.
Lu et Approuvé.
Béhémoth observa la signature de Roland et hocha calmement la tête avec tout le pragmatisme dont elle était capable.
- J'ai une dernière question avant de repartir à dos de Dracolosse…
- Hm.
- Pourquoi avoir choisi le désert de cette maudite route 114 ?
Roland inspira.
- Les voies du destin sont impénétrables, monsieur Truce ! admit Roland.
Béhémoth garda le contrat sous scellé.
- La pièce sera conservée à mon cabinet. Rien ne pourra y être changé. Etes-vous d'accord.
Les deux parties hochèrent la tête.
- Toute modification au contrat devra être discuté dans les mêmes conditions et entre les deux mêmes parties avec un notaire du même cabinet. Si l'un de vous deux fait entorse à ce contrat, la justice Poképolite prévoir trois millions de Pokédollars d'amende, sept mois de travaux d'intérêt général, ainsi que de la prison, ferme ou avec sursis. On ne plaisante pas avec les affaires notariales dans ce pays. Bien ! Messieurs.
Justin se leva et prit sa porte.
- Adieu, Smirnoff. Appréciez votre chômage, et le fait que je puisse tout à fait m'en prendre à vous, puisque vous ne vous êtes pas cité dans le contrat…
Roland hocha la tête. Justin sortit. Béhémoth regarda la porte puis regarda Roland.
- Vous l'avez incroyablement bien enfilé…
- Je sais. Je savais que mes connaissances en droit me seraient utiles toute ma vie…
- Vous avez conscience qu'en vertu des lois de Hoenn, puisque vous l'avez notifié, vous êtes à même, non pas de modifier le contrat, mais d'y ajouter des avenants, et ce sans avoir besoin de l'accord de l'autre partie, qui n'en sera informée qu'au moment où le contrat ne fera plus effet ?
- Hm-mm.
- Et vous avez également la clause Suzuki qui explique que celui qui passe le contrat est mieux protégé judiciairement que la partie défenderesse !
Roland inspira.
- Mademoiselle Gallo, quand on veut démolir quelqu'un, on se prépare bien. Les années à venir seront difficiles mais je compte sur la balance karmique qui régit ma famille depuis des lustres. Après les merdes qui viennent de me tomber dessus, il ne peut m'arriver que du bien.
Béhémoth sembla sceptique.
- C'est un peu hasardeux…
- Je sais, mais j'ai l'impression que j'ai toujours vécu de cette façon, alors ça me change pas des masses !
***
- Parlez, Monsieur Smirnoff, nous vous écoutons.
Pablo, Jackson, Arlène et Dimitri se trouvaient dans le tribunal de la Haute-Commission.
« Il va merder… » songea Pablo.
« Il va tellement merder… » songea Jackson.
« Il va merder au point que les murs du tribunal seront recouverts de merde… » songea Arlène.
« J'ai faim… » songea Dimitri.
Roland portait un joli costume et était bien coiffé.
- Votre Honneur… Chers membres de la Commission… Je suis Roland Smirnoff, Président de l'Association Pokémon, et vous avez requis cette audience avec moi afin que je m'explique sur la provenance des fonds ayant financé à la fois ma campagne et mon premier mandat.
Les cinq membres hochèrent la tête.
- Eh bah… J'en ai pas d'explication.
Les cinq dignitaires haussèrent les sourcils.
- Parce que c'est la vérité, l'argent provient de sources privées et non-encadrées par les lois Poképolites. Il vient du jeu et du pari, de la Zone de Combat.
Regard outré des cinq.
- Roland Smirnoff !
- Vous avez trompé notre bienveillance !
- Dire que nous avions pour vous les meilleurs espoirs !
- J'en porte la responsabilité, l'idée est mienne, ce que le rapport Gold édicte est la stricte vérité. La réfection de Pokétopia était destinée à faire en sorte que sous la loi Poképolite, les combats clandestins étant devenus légaux, l'argent serait rétroactivement devenu légal, mais…
- Suffit !
Le reste de l'équipe frissonna.
- Vous avez volontairement souhaité nous duper !
- Disons que j'ai dissimulé des choses avec l'intention de tout réparer plus tard.
- Roland Smirnoff, votre position à la tête de l'association est intenable ! Que décidez-vous ?
Roland inspira.
- Je démissionne.
Le conseil sembla dépité de cette décision, autant que l'équipe de Roland.
- C'est extraordinairement dommageable…
- Nous regrettons amèrement…
- C'est cependant la solution, la seule. Il va falloir vous trouver un remplaçant et réorganiser les élections…
- Aurons-nous le temps de le faire ?
Roland hocha la tête.
- Messieurs-dames. Maître Lucian, Maître Isidore, Maître Samson, Maîtresse Clothilde, Maître Saïd…
Les cinq observèrent Roland, intrigués.
- Je souhaiterai, en vertu de l'article 445 du Code de Procédures du Président de l'Association Pokémon datant de 1533 et jamais mis à jour depuis, désigner la personne qui effectuera mon intérimaire.
Panique chez les édiles. Aucun ne connaît ce code.
- Bon sang !
- Jamais mis à jour ?!
- Comment cela a pu être possible ?
- La noblesse, pardi !! Hmph ! Nous avons vécu trop longtemps sous des régimes oisifs…
- Euh… Hmmmm… Euh voyons… Là !… Il a raison.
- Gardez-le, c'est pas terminé. Je désigne comme président intérimaire de l'association Pokémon un collectif de quatre personnes.
Les cinq s'étonnèrent.
- Monsieur Pablo Montes, monsieur Jackson Wound, madame Arlène Rhodes-Corbin et monsieur Dimitri Corbin.
Les quatre se levèrent. Pablo s'étonna.
- Ah, tous les quatre ?!
- Il a le droit ?! s'étonna Jackson.
- Ce, en vertu de l'article 447 qui prévoit qu'en cas d'impossibilité de désigner un seul intérimaire, un collectif peut être désigné.
- C'est… vrai !! abdiqua Lucian.
- Mais attendez, attendez !! Certaines des personnes sont impliquées par le rapport Gold !! Monsieur Montes !
- BWAAAH ! geignit le plus important des latinos du monde.
- Avancez-vous, monsieur Montes ! désigna l'homme d'âge canonique, le Maître Isidore.
Pablo s'avança.
- Nous ne pouvons pas vous laisser diriger l'association, fût-ce dans un collectif !
- De même, la réputation de monsieur Wound n'est pas des plus enviables ! grommela Maîtresse Clothilde.
- Sans parler de madame Rhodes-Corbin ! souffla Maître Saïd.
Arlène plissa les yeux.
- Quoi, ma robe est trop échancrée, c'est ça ? Je vous signale que mon mari est dans la pièce !
- Nous nous attendions effectivement que ce soit monsieur Dimitri Corbin qui soit désigné si un cas pareil se présentait.
Dimitri semblait gêné.
- Euh… euh… ah bon ?
- Vous semblez en effet être le plus sain et le plus à même de tenir une telle position.
- … J'sais plus où me mettre…
- C'aurait été avec plaisir. Mais Pablo m'a fait une crise de jalousie ! souffla Roland.
- QUOI ??? JUSTE POUR CA ??? cria Arlène.
- MAIS T'ES MALADE !!! grommela Jackson.
Le conseil semblait d'accord. Roland soupira.
- M'enfin, réglons ces affaires. Arlène, mets un pantalon !!
- Et pourquoi pas crever les yeux de ces vicelards pour éviter qu'ils ne soient choqués de voir mes jambes ? Hm ?
Les commissionnaires écarquillèrent les yeux.
- Certes. Mais nan. Jackson !
- J'ai dans ce dossier un rapport complet et détaillé de chacune de mes expériences y compris celles effectuées sur Giratina et sur les Méga-Gemmes. Je souhaiterai le conférer en priorité au Maître Isidore, spécialiste des sciences.
- Je prends.
Jackson tendit le dossier relié cuir à son éminent confrère.
- J'ai aussi quelque chose… C'est…
Pablo tapa dans ses mains. Un jeune homme à lunettes ramena un chariot contenant des blocs-notes. Le conseil se leva, stupéfait.
- C'est ?!
- Mais qu'est-ce ?!
- C'est ma comptabilité sur les quatre années et six mois qui viennent de s'écouler. Il y a très exactement 234 blocs-notes, un par semaine.
Les commissionnaires se regardèrent, complètement abasourdis.
- C'était certes, de l'argent sale, continua Pablo, mais je l'ai géré comme une Reine, et TOUTES les dépenses y ont été scrupuleusement consignées et recomptées à la virgule près. Au stylo vert. Tout est vérifiable.
- Si Maître Samson veut bien lire l'article 460… marmonna Roland qui s'était rassis, du coup.
L'homme s'exécuta.
- Ahem… « L'intérimaire reste pour un minimum de deux ans et un maximum de cinq ans. »
- Cool, on est employés pour au moins cinq ans ! sourit Dimitri.
Les autres le regardèrent, éberlués. Dimitri se recroquevilla.
- L'article 455 à présent.
- Oui… « L'intérimaire s'engage à organiser les élections de celui qui va lui succéder. »
- Le 456, n'arrêtez pas en si bon chemin.
- « En l'absence de tout effort de sa part, l'intérimaire sera désigné incompétent en la matière, et l'ancien président pourra désigner deux candidats à l'exception de lui-même. »
- 457…
- Je ne suis pas votre liseur !
- Je n'ai pas mon code sur moi et vous avez une voix absolument divine à l'oreille !
- Hmph… « Si ce cas de figure venait à advenir, et que le président devait présenter un de ses agents ou un homme désigné par lui-même, un groupement privé aurait la possibilité de désigner un autre candidat. »
- Ok. Cool. Bah on va faire comme ça. Cette fois vous êtes informé d'avance !
La Haute-Commission s'étonna.
- Quoi, vous allez…
- Laisser la situation évoluer. Et si un évènement particulier arrive, alors je serais en position de force et je pourrais renverser Truce avant qu'il ne me renverse.
- La Haute-Commission n'acceptera pas d'être le théâtre d'une guéguerre entre deux notables !
Roland inspira.
- C'est dommage parce que c'est qu'est-ce qu'il va se passer !
Roland tourna les talons, suivi par son équipe, observé par la Haute Commission, médusée.
***
Roland faisait ses cartons. Jackson arriva.
- Qu'est-ce que tu vas faire exactement ?
Roland inspira.
- Je vais me « cacher » à Pokétopia, chez Sacha Ketchum, en espérant que ce ne soit pas un colocataire trop relou…
- Tu es sûr que ça va aller ?
- Ouais. C'est pas dans mes habitudes de me cacher dans un trou et d'attendre qu'un frémissement se produise du côté de la jeune génération, mais apparemment ma destinée est faite ainsi, alors bon… Et puis on va se revoir, tout de même, je ne vais pas vous laisser toutes les clés de l'association tout de même !
Jackson acquiesça.
- Bon courage alors, et… désolé que la situation soit un peu partie en vrille…
- Oh, à qui je dois m'en prendre à ton avis ?
- … moi… Pablo… Ulrich… Toi-même… Seth…
- Trop de monde. La flemme.
Jackson agita la tête et sortit. Roland soupira. Il ouvrit un de ses tiroirs et en sortit un papier vieillissant. Il l'ouvrit et lut à nouveau la missive.
« Cher Roland.
« J'ai refait cette lettre au moins trois mille fois, dans l'espoir qu'elle soit parfaite, et finalement je n'y arrive pas, alors je vais juste me contenter d'écrire ce qui me passe par la tête.
D'abord, j'espère que tu vas bien.
C'est idiot, hein ? Je te vois souvent à la télévision, tu as l'air tellement sûr de toi, tellement fort, tellement vaillant, parfois je me dis « Oh lala, j'aimerais être comme lui ! » Et en fait je me dis « Boh, mais non, en fait ça doit être horriblement chiant ». Et je pense que j'ai raison. J'espère donc que tu vas bien, que tu es heureux, et que derrière les façades médiatiques qui ne me font percevoir qu'un frère de plastique, souriant et sarcastique, se cache un homme qui a fait la paix avec lui-même, le frère que j'ai entrevu pendant ses années de mariage.
Pardon, sujet qui fâche. Je ne sais pas si tu as des nouvelles d'elle. Je n'en ai pas non plus. Peut-être que dans ta position tu pourrais en avoir. Mais ce serait un peu méchant de l'espionner, nan ? Surtout sans le lui dire. Peut-être que tu le fais déjà. Je ne peux pas t'en vouloir de le faire ou d'y avoir pensé… Quant aux parents, quelque chose me dit que tu veilles sur eux, mais je préfère ne pas trop m'étendre pour ne pas te fâcher.
Je prends déjà des gants, on va aller loin ! ^^
Tu t'es peut-être remarié ou tu es en couple, ou pas, je n'en sais rien du tout en fait. On sait peu de choses sur ta vie privée actuelle finalement. Nous allons tous bien, je crois. Lily fait des affaires florissantes, Finn bosse mais son travail ne lui plait pas trop, il n'est vraiment pas fait pour les bureaux. Leurs enfants sont un peu bizarres, entre Noé qui est très, trop bavard même, Flora qui est un peu bébé, mais je sens que ça plait à Lily d'avoir une fille un peu gamine, ça la change.
Charlie et Léopold ont encore adopté – je ne te dis pas qui a pris l'initiative, tu te doutes – deux enfants cette fois. Jack est un peu revêche, il parle assez mal à ses parents – ça te rappelle pas quelqu'un ? – mais apparemment Charlie a un minimum de contrôle sur lui. Orianne est adorable, juste un peu trop, comment dire, altruiste. Kate et Bernice vont bien, tu dois le savoir puisqu'elles sont en contact régulier avec les bureaux de l'association. Elles ont fit les démarches pour adopter, enfin, depuis le temps qu'on leur disait de le faire ! Je crois que Kate a mis un peu de temps à vraiment envisager sa vie avec Bernice. Sa vieille peur que rien ne marche, tu sais.
Comme tu vois la vie avance. Je ne sais pas trop à quel rythme va la tienne, mais j'espère que ça va, que tu es content de ce que tu as accompli. Je pense qu'en d'autres circonstances, on aurait tous été fiers de toi. C'est assez rigolo comme de manière tacite, aucun d'entre nous n'a accepté de répondre aux journalistes à ton sujet. Comme si on s'était donné le mot. Ou alors personne ne voulait vraiment parler de toi…
Moi, moi… On s'est installés à Ogoesse, grâce à Rachid, Armando et Noa (J'ai vraiment bien fait de « jouer les héros », hein ?), Perrine est toujours avec nous, aucune nouvelle de Kyle (Je pense qu'il est toujours en prison mais je n'ai absolument aucune envie de vérifier). La vie avec Denis… Ça n'est pas toujours facile, disons qu'il a du caractère, que je suis buté comme toujours, tu sais comment je suis… Malgré tout ça, nous avons adopté (un peu par hasard) un petit garçon, Firmin. Il était tout bébé quand on l'a eu. Ça m'a fait un choc… J'ai envoyé des photos chez maman et papa, je ne sais pas où elles sont, j'espère que la poste a fait suivre, si tant est qu'ils soient domiciliés autre part… Bref, bébé… Je crois que du coup j'ai complètement compris ce qui s'était passé pour toi et Ethan. Parfois je me dis : Et si tu devais choisir entre Firmin et Denis… et le seul choix me donne le vertige, parce que je sais lequel je ferais, mais ce ne serait pas un bon choix. Dans un sens comme dans l'autre. C'est mon fils, quoi. Ce serait bien que Firmin et Ethan se rencontrent un jour. C'est idiot je sais, mais ce serait drôle je pense. Sous les yeux de papa, maman et tante Estelle. Et on prendrait le thé dans le jardin, à Voilaroc, dans la maison des parents, et…
C'est idiot, je sais, je divague un peu beaucoup… Je crois que je suis un peu trop nostalgique en fait ! Je te laisse, tu as du travail. Je ne sais même pas si tu liras cette lettre, peut-être que tu n'as pas envie d'avoir de mes nouvelles en fait… Et que cette lettre est juste partie à la poubelle, section « Famille et autres désagréments » - tu en serais bien capable – mais sache que quoi qu'il arrive, quoi que tu penses, je n'oublie pas que tu es mon frère et que quoi que tu fasses, même si tu me blesses, je t'aimerais toujours.
Fraternellement,
David. »Roland s'était assis à son bureau.
Il reposa la lettre, l'air ému comme jamais. Comme à chaque fois qu'il la lisait, en fait.
Cette fois, c'était pour se donner du courage pour la suite. Car cela allait être dur.
Roland partit du bureau en chargeant sa voiture. Lorsqu'il démarra, il savait que le plus dur commençait maintenant.
« Le plan… Le grand plan pour éradiquer Truce de l'équation à tout jamais… »