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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 24/09/2014 à 09:26
» Dernière mise à jour le 07/09/2018 à 23:07

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 10 : Le Premier Cavalier
Castel n'était qu'une manifestation de la faiblesse humaine et de ses dérives. Je ne doute pas qu'avant, au tout début, ce fut un homme de conviction, un homme bon. Mais les convictions non-satisfaites ont tendance à transformer un homme en extrémiste, surtout s'ils possèdent du pouvoir. Moi-même, je n'ai jamais été à l'abri de cela.



*****



Deornas n'était jamais monté dans l'engin tout droit sorti des fourneaux de l'enfer de Surervos. Il faillit en être malade, d'autant que le Haut Protecteur conduisait à toute vitesse comme un fou, et ce avec sa musique à fond qui allait manquer de rendre Deornas sourd avant l'âge.

- Ohhhhhh yeah ! C'mon baby ! C'mment c'est trooooop bon d'se tirer de cette cellule quoi ! Le kiff, c'est trop spiiiicy !

- Trop spicy ! Répéta Alroy en riant aux éclats.

Le garçonnet semblait s'amuser comme un fou. Il criait et chantait les chansons vulgaires de Surervos avec lui, sans se rendre compte qu'il disait près de dix gros mots en une phrase à chaque fois. Nirina, assise à l'arrière avec Deornas, le laissa faire. Elle-même semblait ne pas entendre la musique horriblement forte de Surervos. Elle était plongée dans ses réflexions, l'épée Peine bien serrée entre ses mains.

- Puis-je connaître le cheminement de tes pensées, Ta Majesté ? Demanda Deornas.

Nirina leva les yeux vers son cousin.

- Ça t'intéresse ? Tu pensais que j'étais folle.

- Et je le pense toujours. Mais vu que tu m'as embarqué de force dans ta galère, j'aimerai bien savoir ce qui nous attend. Puis ce sera toujours plus passionnant que la musique de Surervos...

- Je te l'ai dit, on va vers la Tribu des Chevaux.

- Oui, ça, j'avais saisi. Mais en admettant que tu parviennes à convaincre ton grand-père de te refiler son anneau, qu'est-ce qu'on fera une fois dans l'Ancien Monde ?

- Je te l'ai déjà dit aussi.

- Ces sornettes sur rendre l'une de ces deux épées à l'héritier d'Uriel ? Sais-tu au moins qui il est ?

- Pas du tout, affirma Nirina. Pas plus que je ne sais laquelle des deux épées je dois lui donner. Mais Uriel - ou son esprit - m'a affirmé que seul lui armé de l'épée pourra vaincre Castel.

- J'ai vu le fantôme d'Uriel de mes propres yeux à la bataille de Naglima. C'était un esprit noir et maléfique. Même si je veux bien croire que tu ne divagues pas, comment peux-tu servir un tel être ?

Nirina soupira, comme si elle trouvait son cousin particulièrement stupide.

- L'esprit d'Uriel a vécu près de cinq cent ans enfermé dans Peine, une épée corrompue, forgée par des Pokemon corrompus. Lui-même a fini par céder à la noirceur et à la folie, mais il n'a jamais menti. Le véritable méchant de l'histoire, c'est Castel. Ça a toujours été Castel. C'est lui qui nous manipule depuis que ce royaume est arrivé dans ce monde. Il a manipulé tous ses descendants, et continue à nous manipuler en se faisant passer pour Adam, ou Castel II comme il se fait appeler maintenant. Il se sert de Cinhol pour exercer sa vengeance sur l'Ancien Monde, et provoquer une ruine telle qu'Arceus lui-même ne pourrait pas guérir.

- Je vois, fit Deornas. Et ce que tu as fait durant ton règne ici, tous ces morts, toute cette tyrannie... C'était pour contrer Castel, ça ?

- Non. En réalité, c'était ce que Castel voulait. Ryates pensait servir Uriel en se servant de moi pour augmenter le pouvoir de la météorite via tous les morts que je causais. Mais en réalité, Ryates était lui-même manipulé par Venisi, qui servait Castel. Tu ne comprends donc pas, Deornas ? Tout notre royaume est un immense mensonge. Tout ce que nous avons fait en cinq siècles est un immense mensonge. Castel se servait du royaume pour provoquer de plus en plus de morts, afin de restaurer la sombre énergie de la météorite. Toutes nos conquêtes, toutes nos guerres, c'est lui qui les a provoquées. Et comme de nos jours, il ne restait plus rien à conquérir, il a décidé de sacrifier son propre peuple. Tout ça pour que la météorite soit chargée, et qu'il puisse reprendre le contrôle de son corps puis se servir de la météorite comme arme contre l'Ancien Monde, comme il a tenté de le faire il y a cinq siècles, avant qu'Uriel ne l'en empêche.

Deornas secoua la tête.

- Ça semble toujours aussi fou, mais ça a l'avantage d'être assez recherché, comme histoire. On voit que tu n'improvises pas. Tu t'es entraînée dans le Puits Carcéral ?

Deornas profita de l'exaspération de Nirina pour dérober l'une des épées, en l'occurrence Sifulis, et avant que Nirina n'ai pu se défendre avec Peine, il lui colla la lame contre la gorge. Nirina resta calme et immobile, dévisageant son agresseur. Devant, tout à leur plaisir de chanter, Surervos et Alroy n'avaient rien remarqué.

- Tu vas me tuer, cousin ? Juste devant Alroy ? Je doute que tu en aies la force...

- Je te prends en otage, comme tu l'as fait pour moi. Dis à Surervos de faire demi-tour !

Nirina ricana.

- Non, je ne crois pas. Je vais plutôt lui demander d'appeler son Kaïdastros pour qu'il t'assomme de façon à ce que tu ne te réveilles pas avant des jours.

- Tu seras morte avant. Je ne veux pas te tuer, mais je sers mon roi. Tu es une ennemie de Sa Majesté Castel II !

Nirina hocha la tête.

- Tout à fait. Je suis son ennemie. Tu es un homme loyal et bon, Deornas, tout le portrait de ton père. Après tout, tu m'as trahi tout comme lui l'a fait.

Deornas rougit.

- Père a fait ça pour ton bien ! Il a fait promettre à Adam de t'épargner une fois qu'il aurait le trône. C'était sa seule condition pour qu'il accepte de le servir !

- Je vois. J'aurai tort de médire sur oncle Astarias. C'est vrai, il a toujours voulu mon bien, et a tout fait pour remplacer mon père. Penses-tu donc qu'il te serait reconnaissant de m'avoir tuée ?

Deornas ne répondit pas, et Nirina perdit patience.

- Tu as trois choix, cousin. Sois tu me tues et tu combats Surervos, afin de servir ton roi adoré. Sois tu descends de l'auto-speeder si tu as trop peur de venir avec nous, mais vu qu'on est actuellement au milieu de nulle part, et que tu n'as pas d'eau sur toi, je ne donne pas cher de ta peau. Sois tu baisses ton épée et tu nous accompagnes, pour voir la vérité par toi-même. Alors tu pourras décider de ce qui est le mieux. Mais on ne fera pas demi-tour.

Deornas lut sur le visage de Nirina une détermination que lui-même n'avait pas. Il avait beau parader, il se savait incapable de tuer sa cousine désarmée de sang-froid, surtout devant son fils. Le visage de Nirina semblait lui affirmer qu'elle ne mentait pas dans son histoire. Mais Deornas refusait tout simplement d'y croire. Parce que l'idée d'avoir vénéré toute sa vie un être comme Castel, à l'égal d'un dieu pour le peuple de Cinhol, si jamais il était bien ce que prétendait Nirina lui était insupportable. C'était comme dire à un peuple qui adorait un dieu depuis cinq cents ans que finalement son dieu était un imposteur. Pourtant, Deornas ne put rien faire d'autre que de baisser Sifulis, et de se radosser à son siège avec une grande lassitude.

- Je ne voulais rien de tout ça... commença-t-il avec une grande détresse dans la voix. Je ne voulais pas fomenter cette rébellion contre toi, je ne voulais pas du trône qu'Isgon et les autres voulaient m'offrir. Je voulais juste vivre une vie tranquille, simple, loin de toutes ces histoires de trônes et de guerre. Je ne voulais même pas être prince ! Par Arceus, je... je... je ne suis même pas un foutu prince !

Nirina haussa les sourcils, perplexe, et se rapprocha de lui.

- Que veux-tu dire ?

- Tu te souviens ? Tu disais de moi que je n'avais d'Haldar que le nom, dit Deornas avec un sourire triste. Parce que je n'avais rien de votre blondeur de cheveux et de vos yeux bleus. Et bien, tu avais raison. Je ne suis pas un véritable Haldar. Mon père n'est pas Sire Astarias, mais le duc Isgon. Je suis... je ne suis qu'un bâtard !

Si Nirina fut surprise, elle n'en montra rien. Au contraire, elle prit Deornas par le bras et le serra avec force.

- Tu es toi. Qui que ce soit ton père, qui que ce soit ton roi, quelque soit le royaume que tu sers, tu restes toi. Tu es Deornas. Tu as une identité. Tu as des envies. Ne laisse personne te dire ce que tu dois faire, ce qui est juste ou quel est ton devoir ou ton rang. Fais ce que tu veux, et ce que tu penses être juste.

- Ah ouais ? Et comment savoir ce qui est juste ? Et si je me trompais ?

- Je te connais, Deornas, insista Nirina. On a grandi ensemble. J'étais égoïste et capricieuse, mais toi, tu agissais toujours selon la justice et le devoir, même étant gamin. C'est pour ça que je sais que tu ne te tromperas pas. Tu ne feras jamais les même erreur que moi, parce que tu es quelqu'un de bon, tout simplement.

Deornas garda le silence un moment. Nirina parlait avec l'accent de la sincérité, ce qui ne lui ressemblait guère. Peut-être avait-il perdu de vue qui était sa cousine.

- Tu savais... pour moi ? Demanda-t-il enfin.

- J'avais des soupçons, rien de plus. C'est vrai qu'il y a quelque chose d'oncle Isgon en toi. Puis au final, qu'est-ce que ça change ? Tu sais, je t'envie même, que tu n'aies pas en toi de ce sang maudit de Haldar comme moi. Puis ça veut dire qu'on n'est pas réellement cousins. Ça a un avantage majeur.

- Ah bon ?

- Oui. On peut coucher ensemble sans être accusés d'inceste, désormais.

- Que... Quoi ?!

Nirina éclata de rire. Un rire franc et cristallin, bien loin de ses anciens ricanements sadiques et hautains. Oui, Nirina avait changé, c'était indéniable.

- Je plaisante, nigaud. T'es vraiment tiré du string, ma parole. Faut songer à te détendre un peu.

- C'est quoi un string ?

Nirina repartit de son rire, sans que Deornas n'obtienne de réponse. Il abandonna ses idées de lutte ou de fuite. Il n'était pas encore prêt à croire Nirina sur parole, loin s'en fallait, mais son discours l'avait assez perturbé pour qu'il veuille en savoir plus sur le roi Castel II. Et si Nirina disait bel et bien la vérité, eh bien... eh bien Deornas ne savait pas du tout ce qu'il ferait. Allait-il passer sa vie à trahir, d'un souverain à l'autre, parce que leurs actions ne lui plaisaient pas ? Pourquoi, par Arceus, ne pouvait-il pas se trouver un roi qu'il admirerait et avec qui il serait toujours loyal ? Leur voyage à travers les steppes de l'est dura deux jours en auto-speeder, alors que ça aurait pris bien une semaine en cheval. Mais le moteur de l'engin fini par lâcher. Cette machine fonctionnait à un liquide appelé « essence » qui était bien sûr inexistant dans ce monde ci.

- Paaaaaas cool, quoi, se plaignit Surervos quand son auto-speeder ne voulu plus bouger. J'suis totalement à sec, spiiiicy ! J'avais plus de réserves d'avance quoi !

- Tant pis, nous sommes de toute façon tout prêt du territoire de la Tribu, dit Nirina. Et s'ils nous voient arriver avec cet engin, ils nous cribleront de flèches avant qu'on ait pu voir mon grand-père.

- Je crois qu'ils nous cribleront de flèches dès qu'ils sauront qu'on vient de Cinhol, répliqua Deornas.

- La Tribu des Chevaux est un vassal du royaume, protesta Nirina. Il en est ainsi depuis le traité de paix conclut par le mariage de mes parents. Je suis leur reine légitime.

Ce fut au tour de Deornas de ricaner.

- Leur allégeance envers Cinhol, c'est sur le papier seulement. Ces gars là vivent entre eux et n'acceptent aucune ingérence de l'extérieur. Même quand ta mère régnait, elle n'a jamais ordonné quoi que ce soit à Lyaderix.

- Bien évidement que non ; c'était son père ! Il l'a élevée dans une soumission totale, et c'est pourquoi elle a accepté d'épouser Rushon Haldar sans rechigner, parce qu'il le lui avait ordonné. Mais je ne suis pas ma mère, et je ne vais pas plier l'échine devant ces monteurs de chevaux. De part mon sang et ma couronne, ils sont mon peuple.

- Tiens donc ? Mais dis-moi, as-tu déjà rendu visite à « ton » peuple, ô grande reine ? Que sais-tu de lui, de son histoire, de ses coutumes ? Penses-tu pouvoir gouverner des gens sans rien savoir d'eux ?

Le visage de Nirina prit un air contrarié.

- Tu en sais sans doute plus que moi, c'est ça que tu veux dire ?

- Je ne m'y suis jamais rendu, mais j'ai lu beaucoup sur la Tribu, répondit Deornas. Ils n'accordent pas tant d'importance au sang. Pour faire partie de la Tribu, il suffit d'adopter son mode de vie. Ils respecteront plus un étranger qui vit comme eux qu'un des leurs qui s'est détourné de la Tribu. Pour eux, nous serons des envahisseurs.

- Et aaaaaalors quoi ? Intervint Surervos. J'ai mon pote Kaïdastros avec moi, spicy ! Ces lovers de canassons ne nous gonflerons pas longtemps quoi !

- Tâchons d'éviter toute violence, ordonna Nirina. Je suis venue parler.

Ils n'eurent pas longtemps à attendre avant de rencontrer un groupe de guerriers à cheval, portant les symboles de la Tribu. Mais quelque chose chez eux frappa Deornas. Cultivé comme il l'était, le jeune homme avait beaucoup étudié. Tous les textes décrivant la Tribu des Chevaux faisaient mention de sauvages avec de longues barbes à moitié nus. Mais là, les cavaliers étaient tous en armure, bien coiffés, imberbes. Celui qui paraissait être leur chef frappait encore plus part son port royal. Bien que très jeune, il portait une cape et une épée, il avait de fins cheveux bleus, des yeux de la couleur du ciel et un visage noble et altier. Rien à voir avec les barbares que les textes et les rumeurs cultivaient. Sans doute la Tribu avait évolué. Les cavaliers n'en pointèrent pas moins leurs arcs dans leur direction, les encerclant en formation militaire.

- Vous êtes sur le territoire de la Tribu des Chevaux, étrangers, leur dit le meneur aux cheveux bleus.

- C'est aussi mon territoire, renchérit Nirina. Je suis Nirina Haldar, fille d'Hasteria, fille de Lyaderix, et souveraine du royaume de Cinhol, et donc de votre Tribu également.

Il y eut plusieurs murmures dans le cercle des cavaliers. Le chef, lui, resta de marbre, mais descendit de son cheval pour aller l'étudier de plus près. Il regarda ses cheveux sales et en désordre, sa tenue de voyage délavée, son visage blafard et fatigué.

- Vous n'avez pas l'allure d'une reine, fit-il enfin. Depuis combien de temps ne vous êtes vous pas lavée ? Vous sentez encore plus fort que nos chevaux.

Deornas vit avec inquiétude les yeux de Nirina se plisser. Sans doute ne devait-elle pas apprécier d'être comparée aux chevaux.

- Il est de coutume qu'on s'agenouille quand on s'adresse à sa reine...

- Peut-être chez vous. Dans la Tribu, personne ne s'agenouille devant personne. Je ne reconnais aucun souverain en dehors de notre chef Lyaderix. Et je ne suis pas convaincu que vous soyez celle que vous prétendez être. Où est votre fameuse épée dorée ? Où sont vos si puissants Pokemon ?

- Je n'ai pas à me justifier devant vous, répliqua Nirina. Amenez-moi devant mon grand-père, et lui me reconnaîtra.

- Vraiment ? J'en doute. Si vous êtes vraiment Nirina Haldar, il ne vous a plus vu depuis des années. Vous n'êtes jamais venue dans la Tribu.

- Je n'avais pas à venir, mais mon grand-père si. Il n'est même pas venu pour les obsèques de sa propre fille, ni pour mon couronnement !

- Nous n'avons que faire des évènements mondains de chez vous. Lyaderix est très âgé, et il n'a aucune patience pour vos cérémonies ridicules.

En dépit de sa crainte, Deornas trouvait le jeune cavalier quelque peu insolent, mais tint sa langue. Ce que bien sûr Nirina ne fit pas.

- Et qui êtes vous, vous, pour me parler de la sorte ?

Le jeune homme sourit.

- Je suis Leol, le Premier Cavalier.

Deornas se souvint de ce titre. C'était celui que la Tribu donnait à son plus valeureux combattant, celui qui pouvait commander des troupes entières. Et il s'agissait généralement de l'héritier du chef de la Tribu. Bien sûr, Nirina devait l'ignorer.

- Vous voulez voir Lyaderix ? Reprit Leol. Fort bien, allons le voir. Mais avant, je veux l'identité de toute les personnes présentes.

Nirina ne fut pas enchantée de se voir donner des ordres, mais elle obtempéra tout de même.

- Mon cousin, le prince Deornas. Mon fils, le prince Alroy. Mon serviteur, Surervos des Hauts Protecteurs. Pouvons-nous y aller maintenant ?

Leol étudia chacun d'entre eux, plus particulièrement le jeune fils de Nirina.

- Vous amenez un enfant de son âge à travers les grandes steppes ? Quelle sorte d'inconscience est-ce là ?

- Merci de votre considération, mais on sait se défendre.

Le regard de Leol se dirigea vers Surervos.

- Oui, j'ai ouï dire que les Hauts Protecteurs possédaient tous un Pokemon. Il peut conserver la Pokeball, mais au moindre signe qu'il l'appelle, nous vous éliminerons tous. Est-ce clair ?

Deornas ne s'était pas attendu à ce que ces hommes soient au courant pour les Pokemon. Ils en savaient bien plus qu'il ne l'aurai cru. Nirina eut la même pensée.

- Vous semblez bien cultivé, et vous ne vous exprimez pas comme un membre de la Tribu, fit-elle.

- Ah, l'éternelle arrogance de Cinhol, sourit Leol. Vous nous prenez encore pour des sauvages rustres et illettrés ?

Nirina ne répondit pas, ce qui valait toutes les réponses nécessaires. Beaucoup de cavaliers eurent l'air sombre et en colère. Deornas s'empressa d'intervenir.

- La reine ne voulait en aucun cas vous offenser, Premier Cavalier. Nous sommes juste... surpris.

- J'en sais sans doute plus sur votre peuple que vous n'en savez du mien, dit Leol. Ce que nous détestons particulièrement chez vous, c'est votre sentiment de supériorité. Tâchez de ne pas faire de vague dans notre campement, ou je ne pourrai pas répondre de votre sécurité.

Deornas se dépêcha d'acquiescer. Les cavaliers baissèrent leurs armes mais restèrent près d'eux à les observer lors de la marche. Elle dura un long moment, et Nirina et ses compagnons eurent bientôt terminés leur dernière gourde d'eau. Alroy s'en plaignit bien vite.

- Mère, j'ai soif...

Nirina répugnait à demander quelque chose à ces hommes, mais pour son fils elle se résigna à mettre sa fierté de coté. Sauf qu'elle n'eut pas à demander. Le Premier Cavalier Leol, qui avait entendu Alroy, tendit sa propre gourde à l'enfant.

- Merci monsieur, fit sagement Alroy.

- Votre fils est plus poli que vous, souligna Leol avec amusement.

- C'est parce qu'il n'a pas reçu l'éducation d'une mère qui venait de votre Tribu, contra Nirina.

Leol haussa les sourcils.

- Vous n'aimiez pas trop votre mère, je me trompe ?

- Elle ne m'a jamais rien apporté. Elle ne s'occupait pas de moi. Je n'étais rien de plus à ses yeux qu'un moyen qu'elle avait de conserver le trône. Et j'ai de bonnes raisons de croire que c'est elle qui a fait tuer mon père. Ce n'est pas que je ne l'aimais pas, c'est plutôt que je la détestais.

- Eh bien, vous aurez au moins ça en commun avec Lyaderix. Il espérait qu'en tant que reine, elle rapproche le royaume de notre Tribu, mais Hasteria est devenue une parfaite souveraine de Cinhol, arrogante comme tous les Haldar avant elle, en méprisant la Tribu. C'était d'autant plus une trahison qu'elle en était elle-même issue. Lyaderix ne lui a jamais pardonné. C'est pour cela qu'il n'est pas venu à ses obsèques. Pour lui, elle n'était plus sa fille, mais une Haldar.

- Comment va mon grand-père ? Demanda Nirina. Ça lui fait quel âge maintenant ?

- Soixante-seize ans. Mais il a encore la force de chevaucher. Un chef qui ne peut plus monter à cheval n'est plus un chef.

Bien qu'elle ne l'ait pas vu très souvent, Nirina respectait Lyaderix. C'était un homme fort, qui avait affronté pendant des années la domination des Haldar. Il avait fini par plier le genou devant Festil, l'autre grand-père de Nirina, mais pas sans condition. Festil aurait pu totalement l'écraser, mais la guerre aurait duré encore longtemps, donc il a préféré négocier. Nirina lui en était reconnaissante, car sinon, ses parents ne se seraient jamais mariés, et elle ne serait jamais née. Elle était le fruit de la paix entre le royaume de Cinhol et la Tribu des Chevaux.

- Je veux monter sur le cheval ! Exigea Alroy. Cheval ! Cheval !

- Plus tard, quand tu seras grand, fit distraitement Nirina.

- Il est déjà bien assez grand, dit Leol.

Sous le regard inquiet de Nirina, le jeune Premier Cavalier prit le garçon d'une main et le posa en selle devant lui. Alroy prit les rennes en riant aux éclats.

- Dans la Tribu, nous apprenons à monter avant même de savoir marcher, expliqua Leol. Et cet enfant fait aussi un peu partie de la Tribu, non ?

- Oui, de la Tribu ! Confirma Alroy. Lyaderix est mon pépé, tu le sais ?

Leol lui sourit.

- Il sera ravi de rencontrer son arrière petit-fils, je n'en doute pas.

Nirina n'en était pas aussi certaine. Lyaderix se fichait d'elle, autant qu'il se fichait de sa mère. Aucune raison qu'il ne se fiche pas encore plus d'Alroy. Ils atteignirent le campement de la Tribu juste avant le coucher du soleil. C'était un assemblement de tentes, presque collées les unes au autres, avec des chevaux partout. L'odeur était atroce, mais après avoir passé plusieurs jours dans le Puits Carcéral, à dormir dans sa propre merde, Nirina n'était plus aussi sensible qu'avant. Leol leur montra une tente plus grande que les autres.

- On a informé Lyaderix de votre venue. Il vous attend.

Il leur emboita le pas pour entrer en premier. Nirina le suivit de près. Elle revit son grand-père après plus de dix ans. Lyaderix était un vieil homme, assurément, mais encore vigoureux. Il se tenait debout et portait une lourde armure avec des cheveux d'or gravés dessus. Autour de son cou, il avait une lourde fourrure, qui se mélangeait avec sa barbe poivre sel. Il était coiffé avec une queue de cheval, et avait encore pas mal de muscles.

- Voici la prétendue reine Nirina Haldar, les princes Deornas et Alroy, ainsi que Surervos des Hauts Protecteurs, annonça Leol. Ils sont ici pour vous rencontrer, père.

- Bien. Tu peux nous laisser, fils.

Le regard de Nirina alla de Lyaderix à Leol, avec un air de stupeur.

- Fils ?

Leol lui sourit ironiquement.

- Ce fut une grande joie de vous rencontrer, ma chère nièce, fit-il avant de lever la toile et de sortir de la tente.