A la lueur du crépuscule
Deux jours après, Shun et Eléonore arrivèrent à Floraville, les liens entre eux s'étaient resserrés et dresseur était un peu moins distant. Certes depuis le début le jeune homme parlait de plus en plus, sa langue se dénouait, il économisait de moins en moins ses mots mais il était toujours resté un peu froid car il aimait la jeune fille et il n'osait se l'avouer et lui avouer. Elle était un remède à sa solitude. Il se disait que ça serait dans Floraville qu'ils allaient se séparer, que c'était leurs derniers jours ensemble et il avait raison, il devait donc tout lui dire avant qu'elle ne parte.
La ville était encore plus belle que d'habitude. Un grand soleil brillait et une multitude de gens se promenaient dans les rues. Les maisons, toutes colorées, étaient couvertes de fleurs en tout genre. Il y avait des touristes partout. Des fleuristes, des marchands de nourritures, de boissons et autres se promenaient dans les grandes artères de la ville. Bref, Floraville était en liesse.
- Que se passe-t-il ? demanda Eléonore.
- C'est le festival des fleurs ! La ville est encore plus kitsch que d'habitude mais c'est assez sympa.
Eléonore était aux anges. Cette ambiance de fête, cette ville fleurie, ces odeurs et tous ces gens la rendaient heureuse. C'était un nouveau monde qui s'offrait à elle, elle n'avait jamais connue ça auparavant. Elle n'avait jamais ressentie ce qu'était de faire partir de la foule. Cela la faisait sourire de voir toutes ces personnes agglutinées autour de simples roses. Elle traînait Shun d'étalage en étalage où elle s'extasiait devant chaque objet, chaque fleur, etc…bien évidemment, elle entamait une discussion avec les vendeurs et les passants, ce qui énervait son pauvre compagnon de voyage qui n'avait aucune envie de se sociabiliser.
Soudain la jeune fille s'arrêta devant un stand qui vendait de magnifiques et grosses fleurs roses qui parfumaient l'air. Quelques pistils jaunes sortaient du cœur de ces fleurs pour rajouter une touche de couleur. La vendeuse s'occupait de son Rosélia et ne prêtait pas attention aux deux amis.
- Shun ! Ces fleurs sont magnifiques ! Qu'est ce que c'est ?
- Ce sont des Gracidées ou plus vulgairement des fleurs du Don, expliqua le dresseur.
- Des fleurs du Don ?! J'ai lu ça dans un des livres de la maison. C'était une légende atroce et triste à propos de cette fleur. Elle parlait de Noctali et de Mentali, c'était magnifique…J'aurais tant voulu partager une telle relation avec mon frère. Selon cette histoire le Noctali et le Mentali étaient frères et sœurs. La Mentali était gravement malada et son aîné n'a pas hésité à tout faire pour protéger sa sœur. Mon frère lui, il a déserté le foyer. Avant je le comprenais mais depuis ce qui c'est passé dans le sanctuaire…j'ai des doutes.
Eléonore joua avec les mèches de ses cheveux qui tombaient en fines boucles noires sur son front. C'était un peu compulsif mais la jeune fille ne savait plus trop quoi penser de son père depuis qu'elle avait appris qu'il avait tout fait pour la protéger. Cela la préoccupait tant qu'elle n'avait pas fermé les yeux de la nuit.
- Cette légende est très connue ici, rétorqua la fleuriste qui avait entendu la conversation des deux amis. Il y a une statue dédiée au Noctali et au Mentali sur une place un peu plus loin, vous devriez aller voir ! Sinon la Gracidée s'offre lorsqu'on veut exprimer sa gratitude envers quelqu'un. C'est une tradition à Sinnoh.
- Je peux vous en acheter une ? demanda Eléonore.
- Bien sur ! Ca fera 400 pokédollars !
- Merci beaucoup, bonne journée !
A sa grande surprise Shun paya à sa place. Il donna un deux billets de 200 puis prit la fleur pour ensuite la confier à son amie. La fugitive saisit la Gracidée et regarda son compagnon de route les yeux écarquillées. Elle bafouilla un petit merci. Celui-ci sourit. C'était la première fois. Hélas il donnait l'impression d'être plutôt crispé comme s'il était hypocrite. Eléonore regarda Shun droit dans les yeux. Le jeune adulte rougit, il admirait les deux émeraudes qui lui faisaient face. Ils scintillaient. Il ne l'avait jamais remarqué. C'était comme si la vie avait regagné la jeune fille, comme si la lanterne s'était rallumée. Rapidement, la fugitive détourna ses yeux et s'écria en voyant une pancarte indiquant la place de la Gracidée :
- Bon ! On va voir cette fontaine ? J'ai envie d'en savoir plus sur cette Fleur du Don, lâcha Eléonore pour éviter un long silence gênant.
Ils arrivaient enfin sur la place de la fleur du Don. Devant eux se trouvait une magnifique fontaine d'où jaillissait une eau cristalline. Dans le bassin flottaient des fleurs de Gracidées et de lotus. La fontaine était une sculpture de pierre ocre représentant un Noctali et un Mentali autour d'une magnifique fleur de la gratitude. Le Pokémon Psy semblait endormie, comme plongée dans la catatonie tandis que le Pokémon Ténèbres avait l'air apeuré et surtout tourmenté. Le tout dans un extrême réalisme. Autour du monument des personnes peignaient sur le sol et les murs, rendant la place encore plus colorée. Eléonore entraîna Shun vers un homme qui semblait être responsable de cet atelier peinture.
- Excusez-moi, pourquoi ces gens peignent partout ? demanda Eléonore.
- C'est une tradition du festival, il faut rendre hommage à la nature à travers la peinture. Si vous aussi, vous aimez peindre, vous pouvez représenter la nature sur le mur en face, expliqua l'homme.
Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent. Elle se retourna vers Shun pour lui demander si elle pouvait. Elle n'avait rien dit mais le jeune homme opina, devinant la question de son amie. Eléonore s'inscrivit et se mit à dessiner sur le mur jaune que lui avait désigné le responsable. Très rapidement elle passa à la peinture, représentant un magnifique champ de fleurs multicolores. La fresque était très réaliste, on avait l'impression d'avoir ce pré fleuri en face de soi. Shun était admiratif, ses yeux brillaient. Ces deux jours passés avec cette fille lui avaient fait découvrir un tout nouvel aspect du monde. Tout se réchauffait en lui, la glace fondait. La carapace se brisait lentement. Il n'osait se l'avouer, trop orgueilleux de s'être fait vaincre par une fille qui n'était jamais sortie de chez elle.
Après avoir fini sa fresque, Eléonore continua à s'enfoncer de la spirale du festival des fleurs. Pendant deux jours, elle emmenait Shun gouter les pâtisseries locales, découvrir les bons cafés de la ville. La jeune fille s'était trouvée un guide de la bourgade et n'arrêtait pas de parcourir les méandres de Floraville. Dans la grande rue circulait des chars couverts de fleurs et représentant des Pokémons en rapport avec la nature comme Florges, Roserade, Phyllali, etc… Quelques personnes étaient déguisées en Pokémon et circulaient entre les passant avec une pancarte « Free Hug ». Il y avait constamment de la musique due aux nombreux musiciens qui se baladaient. Des arbres de mai étaient plantés sur chaque place et des gens tournaient autour. Plus d'une fois Eléonore entraîna Shun dans la danse, à son grand désespoir. Les liens entre les deux compagnons de voyage se resserraient inexorablement, une grande amitié était en train de naître. Peut être même plus. Le dresseur voulait faire découvrir à la jeune fille tout ce qu'il savait de Floraville et de ses alentours. D'ailleurs, il l'emmena dans les prés Floraville le soir du deuxième jour pour assister au coucher du soleil. Il voulait profiter des derniers rayons du crépuscule, de cette lueur magique, avant la séparation.
* *
Shun se tenait à la droite d'Eléonore qui semblait plus préoccupée par les Sakura Mochi qui étaient dans la petite boîte en carton dans sa main gauche. Comment ne pas résister à l'appel de ces magnifiques petites boules de riz gluant rose parfumées à la fleur de cerisier ? Le choix était vite fait pour Eléonore, c'étaient les gâteaux PUIS Shun. D'ailleurs celui-ci était plongé dans une magnifique rêverie. Les fleurs multicolores embaumaient l'air d'une douce odeur de nectars. Eléonore avait raison, la nature était belle. Il comprenait pourquoi elle l'admirait tant. Au bout de quatre jours il avait enfin saisit cela. La liberté. Le jeune homme se reprochait d'avoir était aveugle tout ce temps. Il était subjugué par la beauté du crépuscule, par ce ciel qui se déchirait et qui brulait. Par la lumière vermillon qui donnait l'impression que tout le pré Floraville flambait. Son cœur aussi était en feu. Il se tourna devant Eléonore qui souriait devant ce coucher de soleil. Il voyait sa chevelure d'ébène qui dansait sous le souffle du vent, lui donnant ainsi un côté féérique. Son visage était la perfection pour lui. Il n'avait jamais ressenti cela auparavant, son ventre qui se serrait, ses mains qui devenaient moites, sa respiration qui devenait haletante et surtout toutes ces pensées qui se bousculaient dans sa tête. Il devait lui dire. Il devait lui expliquer qu'auprès d'elle il était heureux, qu'elle était son panacée, son remède à sa tristesse. Son amour. Il inspira profondément puis dit.
- Attends-moi là ! j'ai quelque chose à te donner. Assis toi sur ce rocher et contemple le champ.
- Parfait ! Je t'attends, je vais pouvoir manger mes Mochis ! dit la jeune fille en se réjouissant de pouvoir enfin goûter les pâtisseries.
Le dresseur reparut quelques minutes plus tard, une fleur rose dans les mains.
- Oh ! Mais c'est….
- C'est une Gracidée, coupa Shun, c'est….pour..euh…te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ! Merci de m'avoir ouvert les yeux.
Eléonore sourit, elle était tellement heureuse qu'elle lâcha son gâteau des mains et regarda Shun droit dans les yeux. Celui approcha lentement son visage de son amie, il regardait ses beaux yeux verts, il approcha ses lèvres, il sentait la respiration de la jeune fille mais il se ravisa. Elle méritait mieux qu'un garçon solitaire et un peu perdu. Pour faire croire de rien, il mit la Gracidée dans les cheveux devenus presque blonds de la jeune fille. C'est bon, elle n'avait rien remarqué. Il fallait mieux lui demander avant. Il y eut un lourd silence que seul le doux chant des Melokrik brisait.
- Eléonore…il faut…il faut que je te dise quelques choses. Ce petit voyage que nous avons passé ensemble, il a été comme une révélation pour moi. Je suis tellement heureux de t'avoir rencontré. Je ne sais pas ce que je serais devenu. Depuis trop longtemps j'erre seul. Je…je…comment te le dire…je…je t'aime.
La jeune fille regarda son ami, stupéfaite. Elle ne savait pas quoi répondre. Elle avait été prise par surprise. Jamais elle ne se serrait douté de cela. Le problème c'est qu'elle ne l'aimait pas. Enfin si mais comme ami. Il fallait qu'elle soit délicate. L'ennui c'est qu'elle ne l'était pas du tout. Elle devait trouver un moyen de lui faire comprendre que ce n'était pas réciproque sans pour autant le briser. Elle était triste et surtout désolée de devoir lui dire cela. Il lui avait fait tellement de bien. Elle s'était confié à lui, il l'avait écouté et soutenue. C'était la meilleure des thérapies. Elle jeta un regard à Shun qui attendait le châtiment en tremblant légèrement.
- Shun…je t'aime beaucoup moi aussi mais…mais je ne peux pas accepter ce que tu me demandes. Je me suis enfuie de chez moi il y a quatre jours, je suis recherchée par les hommes de main de mon père et par cette UMGT. Je ne peux pas t'imposer mon fardeau. Dès que nous nous séparerons je quitterai la région, j'ai prévu le coup. Une vie de fugitif, ce n'est pas ce que tu mérites. Tu mérites tellement mieux. Tu es un homme valeureux, tu caches un grand trésor, ne le gaspille pas avec moi. Aie confiance en la vie. Je te remercie pour tout ce que tu as faits pour moi, tu es vraiment un homme incroyable. Grâce à toi je me sens beaucoup mieux. Jamais je ne trouverai les mots pour exprimer ma gratitude. Merci pour tout.
A la lueur du crépuscule le cœur de Shun se brisa. Il se leva sans dire un mot, en laissant son visage dans l'ombre et quitta la jeune fille. Celle-ci hurla plusieurs fois « Attends ! » et « Reviens Shun, je t'en supplie » mais le dresseur avait disparu. Eléonore resta seule. Elle détestait cette solitude, elle ne voulait pas être ainsi. Elle se mit à pleurer. Elle ne savait pas pourquoi mais soudainement elle avait peur. Cet avenir la terrorisait. Elle sentit ses poils se dressés, un frison la parcourut. Un mauvais pressentiment. Une crainte sans nom. Elle inspira et expira, elle essaya de respirer calmement avant de faire une crise. Elle devait à tout prix éviter cela. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas eu. Elle pleurait à chaude larme tandis que son malais augmentait inexorablement. Bientôt tout allait exploser comme un volcan. Toute la souffrance qu'elle gardait allait sauter. L'angoisse la rongeait comme un poison. Ses mains tremblaient. Soudain Shun accourut. Il avait entendu les hurlements. Il la saisit dans ses bras. Il la regarda droit dans les yeux comme pour essayer de la calmer. Il avait le visage rouge, il avait pleuré. Il respirait calmement et incitait la jeune fille à faire de même. La douce lumière du crépuscule l'apaisait et la vision du garçon aussi. Son cœur ralentit. La jeune fille explosa en sanglot dans les bras du dresseur. Que c'était il passé ? Pourquoi avait elle fait une telle crise d'angoisse ? Soudain elle entendit la voix de sa mère dans sa tête et surtout elle ressenti une douce chaleur qui l'enveloppait.
« N'aie pas peur ma chérie ! »
« Maman…je me sens si seule… »
« Je t'ai promis la paix, tu l'auras ! »
« Toutes ces promesses n'ont pas de sens ! »
« Rassures-toi ! » gronda la mère pour tenter d'apaiser la peur de sa fille.
« Ca sera pire ! »
« Assez ! Grâce à cet anneau je serais toujours auprès de toi dans ces moments de frayeurs imprévisibles.
Je n'aurais pas le repos tant que tu n'auras pas trouvé la paix. Je fais le serment sur cet anneau Imladris que jamais je ne te quitterai tant que tu ne seras mieux. Je te fais don de ma présence. »
Eléonore ne comprenait pas. C'était complètement surnaturel. C'en était presque encore plus terrifiant. Elle avait souvent des crises d'angoisse comme celle-ci, elles arrivaient souvent sans prévenir, c'était un véritable démon qui rongeait la jeune fille. Un démon inconnu pour une peur inconnue. Depuis quelques temps elle pensait s'en être sorti mais les faits d'avoir laissé Shun, d'avoir fuit sa maison, d'avoir un avenir complètement incertain et d'avoir un passé douloureux la tourmentaient. Elle se sentait coupable de ne pas aimer son ami. Intérieurement des larmes coulaient.
« Merci…merci maman ! Je ne comprends pas comment ce qui se passe peut être possible mais… »
« Ne t'occupes pas ça. C'est le savoir faire des Célestes. Cet anneau te permet d'être liée à moi jusqu'à ce que tu ailles mieux, ensuite je m'en irais. »
« C'est comme dans le film Lettre à Momo. Je suis un peu soulagée que tu sois à mes côtés. »
« Tourne-toi vers l'avenir. Arrête de penser à ton douloureux passé. N'oublie pas que dans les ténèbres les plus sombres il suffit simplement d'allumer la lumière. Que les étoiles veillent sur toi. Que tes ancêtres Célestes te guident et te protègent. Je dois te laisser. Au revoir ! »
Ces phrases, elle ne les comprendra que bien plus tard.
De sombres nuages venant du Mont Couronné commencèrent peu à peu à couvrir le ciel, un silence calme régnait.
La tranquillité ambiante fut détruite par le bruit de plusieurs fourgons qui arrivaient à toute vitesse vers les deux amis. Ils les encerclèrent rapidement. Un double G jaune était peint dessus. Un mauvais pressentiment s'empara de Shun qui mit rapidement la main dans son sac pour se saisir d'une Pokéball.
- Ils viennent pour toi, lâcha le dresseur.
Eléonore déglutit. Elle tremblait. Elle craignait ces hommes qui se faisaient passer pour les alliés de son père. Elle fit sortit son Pokémon de sa geôle sphérique et commença à lui parler. La voix de la jeune fille vacillait. Le petit Pokémon Oiseau sortit et se posa sur les cheveux de sa maîtresse. Celle-ci le saisit et l'embrassa de tout son cœur tout en versant quelques larmes qui humidifièrent le plumage de Tylton.
- Envole-toi ! Pars chercher de l'aide !
Des hommes tout de gris vêtus sortirent des fourgonnettes, ils portaient tous des mitraillettes. Ces sbires semblaient être différents des membres de la Team Galaxie, ils avaient l'air plus entraînés et plus cruels. Ils se placèrent en cercle autour des deux amis pour ne leur laisser aucune échappatoire. Eléonore était agrippée au bras du dresseur. Shun libéra son Grodoudou et lui ordonna de lancer un Ball'ombre sur les assaillants. Ceux-ci répliquèrent avec une myriade de balles que le Pokémon évitait grâce à son corps élastique.
- Ok, on va changer de tactique ! Grodoudou, utilise lance-flamme sur le sol !
En un clin d'œil la prairie prit feu, créant une barrière de flamme qui séparait les deux amis des sbires. Shun rappela son Pokémon estimant que la situation était trop dangereuse. Il avait agit intelligemment. Les soldats se dispersèrent à cause de la forte chaleur que dégageait le mur enflammé. On entendait les pas précipités des sbires et les bruits des nombreux végétaux, fleurs et arbustes qui se faisaient dévorés. Le jeune homme se saisit du bras de son amie se mit à courir en entraînant Eléonore avec lui. Ils s'approchaient de la forge Fuego, ils allaient pouvoir être tranquille.
- Vous pensiez nous échapper ? Après la lamentable défaite de Jupiter nous n'allions vous laisser vous en sortir si facilement, ricana une femme plutôt enrobée et avec des cheveux rouges (Mars de la Team Galaxie pour les plus perspicaces).
- N'approchez pas ! cria Shun.
- Oh un petit garde du corps, trop mignon ! persifla Mars, Toi, la fugitive, tu viens avec nous !
- Jamais ! Jamais je ne vous suivrai. J'ignore ce que vous voulez mais laissez-moi en paix. Mon père vous le fera payer si vous me toucher ! s'écria Eléonore la voix emplie d'amertume.
- Hahahah, pauvre petite ! Tu penses vraiment que la Team Rocket existe toujours ? Nous sommes l'UMGT (union mondiale des groupes terroristes), les Team Rocket, Galaxie, Flare et autres groupes terroriste ont fusionné sous la bannière de Missigno ! Notre boss a besoin de toi ! Alors maintenant tu viens avec nous !
- J'ignore qui est ce Missigno mais je ne me plierais pas à sa volonté.
- Tu as tort et surtout tu mets ta vie en danger et surtout celle de tes proches. Ne sois pas si égoïste. Nous avons juste besoin de ta voix, ne fais pas la compliqué, expliqua Mars d'une voix doucereuse.
- Ma…ma voix ? Mais pourquoi…non…attendez je sais pourquoi. JAMAIS ! Vous entendez jamais je ne vous laisserai faire !
Eléonore comprenait ce que désirait cette mystérieuse UMGT. Elle était révulsée. Elle préférait mourir ici livre plutôt que de suivre ces hommes menaçants. Mars s'approcha dangereusement des deux amis, le regard mauvais et plein d'exaspération. Shun s'interposa.
- Eléonore…vas-t-en ! Je m'occupe de ces ordures, s'écria-t-il en sortant sa Pokéball. *Dans un autre monde, trois vieilles femmes encapuchonnées dans des manteaux noirs regardaient la terre. Une d'elle se saisit d'un long fil qui devint rouge au contact de ses doigts rugueux.
*
- Très bien, répliqua Mars, mais tu penses vraiment que je vais m'abaisser à ce ridicule petit jeu de Pokémon ? poursuivit-elle exaspérée par le dresseur, elle s'empara d'une arme d'un de ses sbires et tira sans sourciller, comme si elle était blasée, au dessus de ça. La détonation résonna comme si la nature environnante amplifiait le son. Shun s'effondra sur le sol.
Du sang cramoisi jaillit de sa poitrine et se répandit sur la multitude de fleurs. Il cracha. C'était rouge. Il tremblait furieusement.
*
Une autre des vieilles dames s'approcha de celle qui tenait le fil, elle avait dans la main une effrayante paire de ciseaux.
*
- Shun !! Non ! Ce n'est pas possible. Ne me laisse pas, je t'en supplie, je me sens si seule. Je t'en prie. Vous êtes des monstres, vous l'avez abattue lâchement ! Soyez maudits ! hurla Eléonore.
La jeune fille s'approcha du mourant. Elle le saisit dans ses bras couvrant ainsi ses vêtements du sang de son ami. Elle n'en avait que faire. Elle tenait le corps et pleurait à chaudes larmes tandis que Mars riait de plus bel.
- Non ! Non ! Non ce n'est pas possible, Shun ! Shun !
- Prends….prends ça…, murmura-t-il dans un souffle à peine audible en lui donnant une Pokéball.
- Grodoudou ?!
Le jeune homme fit un signe de tête puis dit de façon imperceptible : « Chante ». Eléonore comprit ce que lui demandait son ami et tout en restant accroupie et en essayant d'étouffer son chagrin. Elle ouvrit la bouche et chanta une complainte d'une profonde beauté. Un puissant vent agita toutes les fleurs du pré, créant ainsi une pluie de pétales qui recouvraient peu à peu Shun. Une puissante voix grave répondit au chant d'Eléonore. Les arbres semblaient presque vivants et essayaient d'exprimer leur tristesse. Les lourds nuages furent transpercés par les dernies rayons du crépuscule. La nature toute entière semblait soutenir Eléonore. Le dresseur regardait cette scène avec plein d'admiration, voyant toute la beauté de la nature avant d'expirer.
*
Enfin, la troisième femme se saisit des ciseaux et coupa le fil.
*
Shun s'endormit dans l'éternité tandis qu'Eléonore pleurait et que Mars s'extasiait en disant : « C'est elle ! C'est elle qui ouvrira la porte du royaume des dieux ! ».
Deux sbires se saisirent d'Eléonore et l'entraînèrent de force dans le fourgon. Elle hurlait et écumait de rage, on aurait dit une folle qu'on internait. « Non ! Non ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas être enfermé ! Non ! Non ! Shun ! Shun ! » Mais les mots furent perdus et les larmes pareillement dans le bruit du moteur et des ricanements de Mars.
Un peu plus loin, Giovanni observait la scène en compagnie d'un jeune homme aux cheveux rouges. Ils avaient l'air de deux inconnus qui se trouvaient au même endroit et au même moment. Ils ne se regardaient pas, ils se méprisaient.
- Pardonne-moi ma chérie….je n'avais pas le choix ! J'avais demandé aux domestiques de la maison de te laisser t'échapper pour ne pas être prise par l'UMGT, et hélas ils t'ont rattrapée…
- Pourquoi lui veulent-ils du mal ? Et pourquoi ne la protèges tu pas ?
- Te souviens-tu de la légende des Célestes que racontait ta mère ? Et bien elle descendait d'une des tribus qui ont continué à entretenir le savoir du peuple d'or. Elle avait un don qui ne se transmet que de mère en fille : la voix de la nature. Lorsque ta mère chantait, toute la nature lui répondait, il en va de même pour ta sœur. Mais en plus de cela, ce don, cette voix, fait réagir les mécanismes célestes et Pluton, le chef de l'UMGT qui est possédé par Missigno, veut entrer au pays d'Andor pour s'emparer de je ne sais quoi. Et pour cela, ils ont besoin de la voix d'Eléonore. Voilà pourquoi je l'ai laissée s'enfuir, sinon ils se seraient emparés d'elle et Arceus sait ce qu'ils lui auraient fait. Mais hélas, j'ai échoué et j'ai désormais les mains liées. Si je commets la moindre erreur, ils la tortureront.
- Tu es tellement lâche que tu n'oses même pas affronter tes congénères. Tu me dégoutes papa ! Tu as préféré simuler une fuite plutôt que de protéger ta fille. Je n'arrive même pas à comprendre comment tu peux encore te regarder dans un miroir, lâcha froidement Silver. Je la retrouverai moi-même !
Le vent souffla sur les prés de Floraville, éteignant ainsi les flammes d'une tragédie et recouvrant de pétales de fleurs les choses disparues. A la lueur du crépuscule deux âmes se séparèrent, à la lueur du crépuscule la mort frappa. L'échiquier de la bataille entre Arceus et Missigno, de la guerre pour le royaume perdu d'Andor était désormais en place.
Note :Si vous voulez savoir ce qui est arrivé à Eléonore et en savoir plus sur les Célestes et Missigno, lisez ma fic Etoile du Soir.