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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 17/09/2014 à 09:11
» Dernière mise à jour le 10/10/2016 à 19:24

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 5 : Le Grand Tournoi
Kerel



L'ordre des combats et les noms des participants étaient tirés au sort pour le premier tour. Nous étions en tous deux cent quarante-troix participants, il y aurait donc quatre-vingt un combats au premier tour. Cresuptil s'accorda l'honneur de tirer les noms au sort. Les noms des combattants, ainsi que ceux de leurs maîtres, s'affichaient sur un écran haut de gamme posé pour l'occasion tout au dessus de l'arène, et le public criait à l'écoute de chaque nom, pour certains plus que d'autres, comme le mien.

J'étais en huitième position, et mon adversaire était un dénommé Grumo, un type qui devait avoir à peine treize ans et que je n'avais jamais vu combattre. Sans doute un esclave domestique que son maître avait inscrit pour avoir une chance de gagner, même si son esclave n'avait jamais combattu. Le gosse ne cessait de trembler en me regardant. Pitoyable. Je me promis d'en finir rapidement pour ne pas qu'il souffre trop.

Ce fut le cas. Mon adversaire se déplaçait comme un balourd, avec des ouvertures partout, et ses coups devaient être aussi violents que ceux d'un enfant de deux ans. Avec un soupir de pitié, je lui fis un croche patte, puis lui empoigna la tête par derrière. Je n'eus pas besoin de serrer longtemps. Il leva vite le bras en signe de reddition. Le public ne m'applaudit pas pour ma « victoire », si on pouvait appeler ça comme ça. Il n'y avait aucune raison. En revanche, les Pokemon se moquèrent haut et fort de mon adversaire, le sifflant quand il sortit de l'arène, rouge de honte. C'est sûr que payer pour voir ce genre de spectacle désolant, ils ne devaient pas en avoir pour leur argent. Moi-même, j'avais honte d'une victoire aussi facile.

De retour dans la salle des combattants sous l'arène, je vis le combat de Crusio, qui eu lui la chance de tomber sur un adversaire un peu plus costaud que le miens. Il n'en gagna pas moins rapidement. Son adversaire était un participant occasionnel des tournois. Je le connaissais, et il était loin d'avoir mon niveau ou celui de Crusio, qui étaient sensiblement les même. Je vis aussi le combat de Galbar, qui tomba sur Beroïs, un de ses amis. Ça ne l'empêcha pas de l'écraser rapidement. Galbar était fort bien sûr, mais il me semblait que Beroïs en avait un peu rajouté. Sans doute avait-il prévu de perdre dès le début.

Pour le second tour, mon adversaire fut plus coriace que le premier. Webros, l'un des esclaves du maire Cresuptil. Il n'était pas si fort que ça, mais était connu pour ses coups sournois et très peu sportifs, comme taper dans les parties génitales adverses. Ses coup bas étaient bien connus des habitués de l'arène, également. Parfois, il faisait mine de s'écrouler après un coup, pour que son adversaire, sans méfiance, vienne pour l'achever, et alors, il le prenait par surprise. Je me souvenais qu'une fois, il était venu à bout de son adversaire en lui jetant du sable dans les yeux, l'aveuglant totalement.

D'ordinaire, ce genre de coups foireux valaient une salve de huées de la part du public, mais pour l'esclave de Cresuptil, rares étaient les Pokemon qui trouvaient à redire. Cresuptil avait l'air d'un magouilleur relativement inoffensif, mais aucun Pokemon ne voulait l'avoir comme ennemi. Enfin, pour moi qui savait à quoi m'en tenir avec Webros, je ne fus pas inquiété. Il ne m'attira dans aucun de ses pièges, tandis que je restai constamment sur mes gardes. Se sentant acculé et ayant subi de nombreux coups, il tenta par désespoir de cause son vieux coup, à savoir le lancé de sable dans les yeux de son adversaire. Mais dès que je le vis empoigner le sol de l'arène, je fonçais sur lui tout en gardant les yeux fermé, et ce fut mon coude qui l'accueillit au menton. Il s'écroula sans se relever, et le public m'acclama. Tous étaient contents de pouvoir célébrer la défaite de Webros en la faisant passer pour de l'admiration à mon égard. Mais ça m'allait aussi.

Crusio et Galbar gagnèrent leur combat également. Le troisième tour passa, puis le quatrième et le cinquième. Mon dernier adversaire fut coriace, et je m'en tirai avec une jambe traînante et douloureuse. À l'issu du cinquième tour, nous n'étions plus que neuf. Et comme il était difficile de faire un quart de finale à neuf, les Pokemon du public allaient maintenant intervenir. Ils allaient voter pour éliminer l'un d'entre nous, celui qui selon eux aura fourni la moins belle prestation lors de ces combats. C'était relativement injuste pour l'esclave désigné, mais c'était ainsi. Il fallait que l'on soit huit seulement pour les quarts de finale.

Je craignis toutefois que le public me désigne moi. Mon premier combat avait été une farce. Ce n'était pas ma faute d'être tombé sur un adversaire si pitoyable, mais le fait est que je n'avais pas pu briller comme d'habitude. Mes combats trois et quatre avaient été simples aussi. Le premier était un gamin d'à peine douze ans, et le second, un vieux qui devait bien avoir dépassé la cinquantaine. Mais pour me rattraper, j'avais étalé cet arrogant de Webros. Et puis, le public espérait sans doute une finale Galbar contre moi. Nous étions les deux favoris. Le maire Cresuptil le savait, et il y avait de grande chance que son tirage des prochains combats ne soit en rien du au hasard.

Celui qui fut éliminé fut Haglan. Il s'était pourtant bien battu lors de ses combats, mais voilà, son maître Pokemon, Smogogo, était très peu apprécié dans la cité. Haglan était éliminé à cause de la mauvaise réputation de son maître, et il en subirait ensuite auprès de lui les conséquences comme si c'était sa faute. Cruel. Mais la vie des humains dans l'Empire de Pokemonis était cruelle.

Avant les quarts, nous avions un petit moment pour nous reposer, l'occasion de faire soigner nos blessures par Madame Leveinard, qui était présente à chaque tournoi. Elle détestait les combats d'arène et ne se privait pas de le faire savoir. Son éthique de médecin faisait qu'elle considérait une vie humaine aussi précieuse qu'une vie Pokemon. Même si je n'étais guère blessé, j'y allais pour bénéficier de son Aromathérapie, qui revigorait et combattait la lassitude. Ma jambe cessa de me faire mal. Mon ami Crusio me rejoignit.

- On est aux quarts, fit-il, tout joyeux.

- Quoi, tu en doutais ?

- Pas vraiment, mais maintenant, ça devient sérieux. Si je tombe contre toi, je ne te ferai pas de cadeau, mon pote.

À cet instant, Galbar passa devant nous, en ricanant et en nous gratifiant d'un regard meurtrier.

- J'en connais un autre qui ne nous fera pas de cadeau... fis-je.

- Il ne gagnera pas. Pour la belle femelle, je ne le laisserai pas gagner. Il ne faut pas que cette jolie fille tombe avec un débile doublé d'une brute pareil. Pour son bien.

- Oh, je vois, dis-je en souriant. Tu te bats pour l'avenir de la femelle alors ? Quel désintéressement, mon bon Crusio.

- En effet. Je suis un galant homme.

Plus personne de nos jours ne savait réellement ce que voulait dire « galant ». Mais ce mot était resté de l'époque d'avant l'Empire, pour désigner les hommes faisant preuve d'une attention particulière envers les femelles. Parfois, les Pokemon l'utilisaient aussi entre eux.
La répartition des quatre prochains combats fut tirée, si ce n'est décidée. Mon adversaire était Gheub, un type solide, qui ne serait pas facile. Finalement, après dix minutes, je l'emportais, mais avec une fracture du tibia et plusieurs coups violents. Heureusement, à ce stade du tournoi, Madame Leveinard nous soignait après chaque combat. Je vis les combats de Crusio et Galbar, mais je n'y pensais guère. Tout mon esprit était concentré sur la victoire. J'étais en demi-finale. Plus que deux victoires, et je pourrai rapporter à ma maîtresse le plus grand prix qui n'ai jamais été joué à Ferduval. Je tâchais de ne pas trop me laisser emporter par cette idée qui n'était encore qu'un rêve éveillé. Je devais rester concentrer pour le réaliser.

Nous n'étions donc plus que quatre. Crusio, Galbar, moi-même, et un type nommé Aquil, que je ne connaissais pas. Il devait venir d'une autre ville, mais était sacrément balèze. Comme je m'en doutais, Cresuptil avait fait en sorte de prévoir une finale moi contre Galbar. Je tombais contre cet Aquil, tandis que Crusio affrontait Galbar. Le combat de Crusio fut le premier. J'aurai préféré qu'il se déroule après le mien. Là, j'étais obligé de subir le stress de la rencontre de mon ami contre le plus dangereux esclave combattant de la ville. Crusio sourit à la face de Galbar et lui dit quelque chose. Je n'entendis pas, mais ce devait être guère poli, car le visage de Galbar se tordit de rage et il fonça sur Crusio comme un déchaîné.

Crusio bloqua avec une feinte de son cru. C'était là le point fort de mon ami. Des types comme Galbar et moi étions plus rapides et plus forts que Crusio, mais lui n'avait pas son pareil en parade et en feinte, et savait de plus contrattaquer rapidement. Mais son coup de contre atteignit Galbar en pleine tête, et ce fut apparemment plus la main de Crusio que la tête de Galbar qui prit cher. Galbar était aussi solide qu'un Mackogneur, et quasiment aussi fort, à ceci près qu'il n'avait pas quatre bras, Arceus merci.

Malgré la douleur sur son poing, Crusio ne perdit pas de temps et son bras fusa, cette fois en direction de la gorge. Galbar n'encaissa pas, il en cueillit le poing du bout de son coude, le repoussa de coté et renchérit sur son adversaire en déchaînant le tranchant de son bras, mais Crusio s'était dérobé à temps. Les deux combattants esclaves se tournaient autour, chacun cherchant une faille chez l'autre. C'était du haut niveau de combat cette fois, et le public était ravi.

De mon coté, je voyais ce combat comme un coup de chance. Crusio et Galbar étaient forts tous les deux, et qui que ce soit qui gagnait, il finirait probablement blessé et épuisé, trop sans doute pour que Madame Leveinard puisse totalement le requinquer. Si j'économisais mes forces dans mon combat contre Aquil, la victoire en finale serait à ma portée. Le tout était que Crusio et Galbar continuent leur combat un bon moment.

Galbar tenta d'attaquer Crusio par les jambes. Un pas de coté permit à Crusio d'esquiver et de tenter un tacle. Personne ne pourrait mettre Galbar à terre par sa seule force, il fallait donc ruser, ce que Crusio savait très bien faire. Galbar perdit l'équilibre, mais pas assez toutefois pour tomber. Il mit cependant une main au sol, et cela suffit à Crusio pour lui décocher un coup de pied en plein visage. Et cette fois, le visage de Galbar souffrit plus que le membre de mon ami.

Galbar tomba à terre cette fois, apparemment KO, son nez semblant se vider de tous le sang de son corps. Le public des Pokemon poussa une exclamation, et Crusio leva les bras, ravi. Je m'interrogeais. Crusio avait-il vraiment gagné si vite ? Ça ne ressemblait pas à Galbar, de tomber dès le premier coup. Je voulu crier à mon ami de rester prudent, mais le règlement interdisait aux autres concurrents de s'adresser aux combattants.

C'est alors que ce que je redoutais arriva. Alors que Crusio était tout à son triomphe, occupé à saluer le public, Galbar sorti de sa fausse léthargie pour donner un coup de pied sur le genoux de Crusio, qui perdit son équilibre. Se relevant rapidement, Galbar fut sur lui et le plaqua au sol, lui serrant la gorge. Les deux combattants criaient, se débattaient, puis finalement, un bruit terrible fut entendu de tous, même de moi qui était pourtant à plusieurs mètres. Un horriblement craquement. Puis Crusio cessa de se débattre, pour devenir tout mou.

Le public hurla, et moi-même je me rendis compte que j'avais ajouté ma voix aux leurs. Galbar venait de briser le cou de Crusio. Il venait... il venait de tuer mon ami ! L'ordure se releva l'air de rien, et regarda le cadavre de son adversaire d'un air presque surpris et désolé. Une grande partie des Pokemon le huèrent. Il n'y avait aucun règlement interdisant de tuer son adversaire lors des compétitions, mais les spectateurs n'aimaient jamais que l'un des combattants, surtout un doué comme Crusio, soit tué. Un véritable gâchis. Mais Galbar ne risquait rien d'autre que leur colère passagère. Son maître, Frelali, rembourserai celui de Crusio, et personne n'en parlerai plus. De plus, comme le maître de Crusio était vieux et sénile, Frelali pourrait l'escroquer comme il le désirait.

Je serrais les poings de rage. Jamais je n'avais éprouvé une telle haine pour l'un des miens. Galbar croisa mon regard, et me sourit de façon désobligeante, qui sous-entendait clairement qu'il allait me faire subir le même sort. En ce moment, je ne pensais rien de différent à son sujet. J'avais envie de le tuer. Rien d'autre. La femelle esclave, la réputation de ma maîtresse... Plus rien ne compter pour moi à part enlever se sourire honni sur le visage de Galbar.


***

Cielali


Frelali étira longuement ses mandibules répugnantes en me regardant, la façon pour lui de sourire.

- Oups. Quel malheur pour ce pauvre esclave. Mon Galbar ne sait décidément pas maîtriser sa force. J'espère qu'il saura se contrôler quand il sera face au votre, ma chère.

Moi aussi, j'espérai pouvoir me contrôler. Me contrôler pour m'empêcher d'utiliser une attaque Lame-Air dont cet infect Frelali se souviendrait toujours. Il craignait le type vol, mon type. Je savais que je pouvais lui faire très mal. Ce serait satisfaisant un instant, mais après, je n'osais songer aux conséquences d'un tel acte.

- J'avais compris que ce malheureux esclave était un ami du vôtre, apparemment, poursuivit Frelali. J'espère que ça ne le perturbera pas, le pauvre...

En effet, le combat contre Aquil avait commencé, et mon Kerel ne bougeait pas comme d'habitude. Il était plus grossier, moins rapide. Il était furieux, et n'arrivait pas à trouver son style de combat habituel. Je dévisageai Frelali qui m'observait attentivement de ses sept yeux globuleux. Cherchait-il lui aussi à me provoquer pour que je l'attaque ? Si c'était ce qu'il attendait, je devais faire tout le contraire. Je parvins à lui sourire.

- Vous êtes trop prévenant, Monsieur Frelali. En effet, comme vous dites, mon Kerel était ami avec Crusio. Et je crains que Kerel ne soit encore plus difficile à contrôler que votre Galbar. J'espère qu'il ne vous prendra pas comme le responsable de ce regrettable accident et ne décide de vous démembrer pour cela. Vous savez comment sont ces humains... De vraies bêtes sauvages !

Frelali, troublé, dut se demander si je plaisantais ou non. Bien sûr, quelque soit la colère de Kerel, jamais il ne s'en prendrait à un Pokemon, sauf s'il me menaçait directement. Il n'y avait pas d'humain plus respectueux de son statut d'esclave que lui. Quoi que je n'aurais pas été trop sévère avec lui s'il décidait subitement de démembrer Frelali.

Je reportai mon attention sur le combat. Kerel donnait des coups plus forts que d'habitude, mais ils étaient clairement désordonnés. Son adversaire, Aquil, parvenait à les esquiver sans trop de difficulté, mais Kerel ne s'arrêta pas. Il continuait de frapper, sans se soucier des contres de son adversaire. On l'aurait dit possédé. Je savais que mon humain était fort, mais pas à ce point. Comme Kerel ne perdait jamais le contrôle de ses nerfs, je n'avais jamais été témoin d'un tel spectacle. Et le public non plus. Comme si la folie de Kerel était contagieuse, plein de Pokemon se levèrent pour hurler, encourageant mon esclave, désirant voir couler le sang.

Je secouai la tête. Quel spectacle pitoyable de la part des miens. On se considérait comme une race immensément supérieure aux humains, une race civilisée, mais ça ne nous empêchait pas d'imaginer ce genre de loisir violent et d'être réduit au plus primitif des Pokemon sauvages à hurler de joie devant deux humains qui se battaient... Je n'étais pas vraiment contre les combats d'arène d'esclaves, bien sûr. Il y avait certain Pokemon idéalistes qui les dénonçaient comme étant d'une grande barbarie et indigne de nous, mais je n'en faisais pas partie. Kerel avait trop remporté de victoires et d'argent en combat pour que ce genre de sport me répugne.

Mais ça, ce n'était pas les combats d'humains que j'appréciais. J'aimais quand Kerel se battait intelligemment, avec grâce, en réfléchissant. Pas comme une brute comme Galbar. Pas quand le public, emporté par la fièvre du combat, demandait du sang à la place du style. Kerel, à force de coups, avait fini par mettre à terre son adversaire, et s'était mis à le frapper au visage sans s'arrêter, de plus en plus fort, déversant sa colère sur cet humain innocent. À chaque coup, le public hurlait. Kerel ne s'arrêtait pas, bien qu'Aquil ait arrêté de bouger depuis un moment. Allait-il continuer jusqu'à lui exploser le crâne ? N'y tenant plus, je m'envolai au dessus de ma place, et, rassemblant le plus d'air possible dans mes poumons, je hurlai, tentant de couvrir les cris du public :

- KEREL ! CELA SUFFIT !


***

Kerel


La voix de ma maîtresse perça les acclamations des centaines de Pokemon présents, ainsi que la brume rougeâtre et brûlante qui m'avait envahi l'esprit. Maîtresse Cielali volait au dessus du stade, ses grands yeux ambrés me regardant avec inquiétude et sévérité. Comme sorti d'un mauvais rêve, je ne pus que constater ce que j'avais fait à mon adversaire. J'en frémis moi-même d'horreur. Était-ce moi qui avais fait ça ? Oui, sans nul doute ; mon poing était très douloureux et rempli de sang.

Qu'est-ce qui m'avait pris ? Je ne connaissais même pas ce type. Il ne m'a jamais rien fait. Pourquoi avoir continué à le frapper alors qu'il avait perdu ? Je me rendis compte que j'avais laissé ma tristesse pour Crusio et ma fureur contre Galbar m'emporter, que je l'avais laissé me transformer en ce genre de bête sauvage que décrivaient les Pokemon à propos des humains. Seul le cri de ma maîtresse avait pu me ramener à la raison, alors que ceux de centaines de Pokemon ne l'avaient pu.

Je pris Aquil dans mes bras et l'amena en courant vers Madame Leveinard, qui me dévisagea avec un mépris non dissimulé avant de commencer à guérir Aquil. Je le méritais. J'avais si honte de moi. Je me suis livré à un spectacle indigne devant tout le monde, et j'avais embarrassé ma maîtresse devant sa propre famille et quantité d'autre Pokemon. J'ai laissé Galbar contrôler mes actes.

Après ça, il ne me restait plus qu'une chose à faire pour me racheter. Gagner ce tournoi, et avec honneur. Plus question de vouloir venger Crusio. Je devais le battre dans les règles, comme je le faisais toujours. Maîtresse Cielali gagnera la femelle humaine, et je serai pardonné. Le public finirait par oublier mon coup de folie. Oui, gagner. Je devais gagner. Une esclave va changer la vie de ma maîtresse, et la mienne. Après ça, je n'aurai probablement plus besoin de combattre de nouveau dans des arènes. Nous serons riches. Gagner... La finale débuta, et Galbar se tint devant moi, toujours avec son sourire méprisant, mais ses yeux étaient plus plissés. Sans doute se montrait-il plus prudent depuis qu'il avait assisté à ma rage sur le pauvre Aquil.

- Tu m'as épaté, Kerel, déclara mon ennemi. Qui aurait cru ça de toi, le tout petit gentil Kerel avec sa maîtresse toute mignonne ?

Voilà que Galbar commençait à s'en prendre à ma maîtresse. Il savait qu'il n'y avait pas meilleur moyen de me mettre hors de moi. Mais il n'y arriverait pas cette fois.

- C'est la mort de ce cher Crusio qui t'a énervé comme ça ? Poursuivit Galbar. À toi, je peux te dire que j'ai bien évidement fait exprès de lui écraser la nuque, à cet idiot heureux. Par Arceus, que c'était jouissif ! Et ce bruit ! Tu as entendu ce bruit, Kerel, quand son cou a craqué ? J'en ai encore des frissons...

Et Galbar passa à l'attaque alors qu'il venait tout juste de terminer sa phrase. Un coup lâche pour m'avoir par surprise alors que la colère menaçait de me rendre fou. Mais mon cerveau réagit comme au ralenti, et mes bras se levèrent comme par réflexe. Je bloquai son bras, son coude. Un coup de pied gauche. Je sautai. Un plat de la main droite au niveau du menton. Je tournai la tête, et sa main ne frappa que du vide. Si elle avait touché au but, je serai sans doute mort comme Crusio. Le public le savait, et en frémit d'anxiété.

Galbar voulait me tuer, c'était certain. Il voulait gagner à tout prix, et tuer son adversaire était plus facile que de le mettre K.O. ou le forcer à abandonner. Son maître Frelali, une fois la femelle en poche, n'aurait aucun mal à me rembourser à ma maîtresse et à celui de Crusio pour nos morts. Mais moi, bien que je crevais d'envie de tuer Galbar, je ne pouvais pas le faire. Frelali était quelqu'un de très influant, et Galbar coutait très cher, plus cher que moi. Frelali ne pourrait que demander à ma maîtresse la femelle en contrepartie.

J'aurai pu abandonner sans combattre. Galbar n'aurait plus eu aucune raison de me tuer, et moi je n'aurai pas risqué de le faire. Certes, la femelle nous aurait échappé, mais il y avait quand même le lot de la seconde place, qui était de cinq mille jails, une somme plus que conséquente. Je n'aurais pas été déshonoré, ni ne serais rentré les mains vides. Oui, j'aurais pu faire cela, mais je m'y refusais. Tant pis si je risquais de mourir. Abandonner maintenant, ce serait trahir ma maîtresse. Et trahir Crusio. Si je savais une chose de mon ami, c'est qu'il aurait mille fois préféré que ce soit moi qui l'emporte plutôt que Galbar.

Nous continuâmes à échanger des coups. Rien de très puissant, juste façon de tester l'autre et ses habitudes de contre. Car un combat n'était pas seulement une question de force et de vivacité. Pour trouver la faille chez l'autre, il fallait être très attentif à ses mouvements, pour tenter de deviner le prochain. Tout individu avait un rythme propre. Tôt ou tard, un penchant inconscient pour une certaine attaque ou un certain contre ressortirait. Galbar était une brute, mais était loin d'être un idiot. Il savait cela lui aussi. Ce serait à celui qui le trouverait en premier.

Le visage de Galbar n'était qu'un masque ; impassible, il parait tout les coups sans céder un pouce de terrain. Si j'étais connu dans l'arène pour mon style gracieux, Galbar n'avait rien de flamboyant dans sa façon de combattre. Il était sobre et précis, et efficace. Il ne tomba dans aucun de mes pièges tandis que j'ouvrai ma garde, l'invitant muettement à s'engouffrer dans des brèches laissées béantes.

Malgré nos différences, nous étions sensiblement de la même force, et à mesure que durait l'échange, personne dans le public n'aurait pu dire lequel d'entre nous se détachait. D'une attaque glissée en ligne, je portai un coup, puis feinta à gauche pour parer le contre qui allait inévitablement venir. Je continuai durant longtemps, et n'avait plus aucune idée du temps qui s'écoulait. Si je ne me souciais pas de ma fatigue, mon corps allait bientôt s'en soucier, lui. Galbar était légèrement plus endurant, malgré la sueur qui maculait tous ses habits. Je contrai un autre coup de Galbar, mais ne relâcha pas son poing. Arc-boutés, nous tenions nos visages grimaçants presque à se toucher. L'épreuve de force venait de commencer.

- Abandonne, me souffla rageusement Galbar.

- Va en enfer.

- Je tuerai tous ceux qui te sont chers, Kerel ! Les gamins du ghetto que tu protèges, la vieille Sol, ta foutue maîtresse. TOUS !

La menace me toucha au plus profond de moi. Je savais Galbar assez ignoble pour s'en prendre à ceux du ghetto - personne ne lui dirait rien, vu que personne ne s'en souciait - mais tuer un Pokemon ? Était-il fou ? Il risquait là un sort pire que la mort. Même son maître ne pourrait pas le protéger. C'était du bluff pour me faire abandonner, mais un bluff si odieux que la brume rouge de la colère qui m'avait envahi plus tôt revint. Ce salopard osait menacer ma maîtresse ? Ce déchet qui n'était même pas digne de respirer le même air qu'elle ?!

Je lui décocha un coup de tête qui le prit par surprise. Il ne tomba pas, mais fut assez déconcentré pour que je puisse me libérer de son bras et me jeter de tout mon poids dessus. Il se débattait, mais je tins bon. Je parvins à m'accrocher derrière lui, et à prendre prise sur son cou de mes deux bras. Galbar s'immobilisa aussitôt. Il savait, tout comme moi, que d'une seule torsion, je pouvais le tuer sur le champ, tout comme il avait tué Crusio. La victoire était à moi, je le savais, mais je n'arrivais pas à lâcher. La brume rouge ne voulait plus me libérer. Elle voulait du meurtre.


***

Ludmila


Du haut de mon siège d'honneur à coté de ce répugnant Cresuptil, j'avais une vue parfaite sur le combat qui se déroulait en bas. Je trouvais bien sûr révoltant ce genre d'amusement sadique des Pokemon à faire combattre des humains entre eux, mais j'avais observé le dernier combat avec la plus grande attention. En tant que Paxen, j'ai bénéficié d'un entraînement physique et au combat particulier. Je reconnaissais un bon combattant quand j'en voyais un, et les gars en bas en étaient.

Celui aux cheveux rouges, Kerel, avait pris le dessus sur la grosse brute. Une prise impossible à se libérer. Comme Galbar avait cessé de se débattre, j'en jugeai qu'il avait abandonné, mais Kerel ne semblait pas prêt à le laisser partir. Je le vis dans son regard, même de loin. Je connaissais ces yeux. J'ai vu les même sur la verrière du masque de Xanthos, il y a deux ans. Le reflet des miens, tandis que je m'apprêtais à le tuer. Le regard de la vengeance. Le regard du meurtre. Ce Galbar ne s'en sortirait pas.

Mais alors, un des Pokemon du public, un petit couleur crème aux grandes oreilles, prononça le nom de Kerel. D'une façon douce et suppliante. L'esclave aux cheveux rouges cligna des yeux, et son regard meurtrier disparut instantanément. Après un bref hochement de tête en direction du Pokemon, il lâcha son adversaire, et se releva. Comme un signal, le public se mit à l'acclamer à grand cris.

- Mesdames et messieurs les Pokemon, chers amis, s'exclama Cresuptil avec sa voix sonorisée. Notre Grand Tournoi a un vainqueur ! Nos félicitations à l'esclave Kerel, et à sa maitresse, mademoiselle Cielali !

Tonnerre d'acclamations et d'applaudissements, pour les Pokemon qui pouvaient. Ainsi donc, voici celui qui m'avait "gagné" ? J'allais devoir passer quelque temps maintenant avec ce Kerel et sa maîtresse volante, jusqu'à que je trouve un moyen de leur fausser compagnie pour trouver la personne que j'étais venue chercher. Peut-être que ce Kerel pourrait m'aider. Ce garçon m'intriguait. Alors que son regard exprimait toute son envie de tuer Galbar, il avait pu refouler ce désir. Il est parvenu à contrôler sa haine. Ce n'était pas chose donnée à tout le monde. J'en savais quelque chose...