Entre infini et au-delà de Cyrlight

Perfume - Britney Spears


- Inutile de paniquer ! les rassura précipitamment Crios en constatant que ses propos avaient eu l'effet d'une bombe. Tant que vous restez cachés et que vous ne faites pas de bruit, il ne pourra jamais deviner que vous êtes ici.

Il porta un doigt à ses lèvres afin de leur intimer le silence, puis se posa à l'entrée des escaliers. De là, il semblait tendre l'oreille pour écouter ce qui se disait à l'étage. Zeus était-il déjà arrivé ? Que se passerait-il s'il demandait à explorer le temple ? En cas de besoin, les deux humains légendaires seraient-ils capable de lui résister.

Ils attendirent pendant d'insoutenables minutes. Seul Sven paraissait relativement serein, astiquant ses lames avec un morceau de tissu humidifié afin de les rendre plus brillante. Un sourire en coin étirait ses lèvres, comme à chaque fois qu'un danger planer au-dessus de leur tête. Il aimait cela et prenait à plaisir masochiste à se retrouver dans ce genre de situation.

Cassy, elle, ne bougeait pas. Malgré son calme apparent, son coeur battait la chamade. Elle redoutait l'être lié à l'Alpha plus que jamais maintenant qu'elle avait eu une démonstration magistrale de sa puissance. Son regard ne quittait pas le bas des marches, d'où elle craignait le voir surgir d'une seconde à l'autre.

Yohanna, à côté d'elle, demeurait aussi neutre qu'elle dans son expression, néanmoins son bras, qui touchait le sien, la trahissait. Tout son corps tremblait à cause de l'angoisse qui l'habitait.

Finalement, Crios revint vers eux après ce qui leur parut être une éternité. Il avait recouvré son sourire et, avec une douceur respectueuse, vint aider Tina, la plus près de lui, à se remettre debout, tandis qu'il déclarait :

- Ils sont partis. Zeus a des principes : il ne profanerait jamais le temple de Regigigas. Qui plus est, il ignore dans quel camp se trouve Hercule. Il pense qu'il lui est loyal, alors il l'a cru sans hésiter. Attendez encore un peu par mesure de précaution, mais bientôt, vous pourrez rentrer chez vous.

Ils acquiescèrent tous d'un signe de tête. L'humain légendaire quitta l'immense salle cristalline un instant pour revenir ensuite, des couvertures sous le bras. Il leur les offrit afin qu'ils se réchauffent, car leur peau commençait à se violacer à cause de la bassesse des températures.

Le ventre rempli de baies et le confort que leur offrait désormais les carrés de tissu en laine sur leurs épaules les firent somnoler. Ils étaient tellement fatigués après leur rencontre avec la déité d'Arceus qu'ils ne refusèrent pas un petit somme régénérateur. La plupart d'entre eux, d'ailleurs, s'assoupir sans vraiment s'en apercevoir.

Cassy, bien qu'aussi épuisée que ses confrères, ne parvint pas à fermer l'oeil. Quand elle fut certaine que personne ne risquait de la surprendre, elle se leva en silence, veillant à ne pas déranger Yohanna au passage, qui dormait contre elle, avant de prendre la direction des escaliers où Crios avait disparu une dizaine de minutes auparavant.

Elle gravit les marches lentement, jusqu'à atteindre le sommet. Des bribes de conversation lui parvinrent, et elle s'immobilisa une fois parvenue en haut. Tapie derrière le mur, elle observa Hercule, qui lui tournait le dos.

- Comment les trouves-tu, toi, ces petits ?
- Ils sont courageux, répondit le légendaire lié à Regice qu'elle ne parvenait pas à distinguer de là où elle était. Je crois cependant que la tâche qui leur incombe est beaucoup trop grande pour eux. Ce ne sont que des mortels.
- Athéna en a conscience, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle nous a demandé de garder un oeil sur eux.
- Et après ?
- Que veux-tu dire ?
- Ce n'est pas tout d'assurer leur protection. Il faut en finir avec cette histoire une fois pour toute, sans quoi les petits ne seront jamais tranquilles.

Cassy était partagée entre l'idée de se sentir offusquée par ce sobriquet qu'ils donnaient à sa Confrérie et l'envie de rire car, malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de trouver ce terme affectueux.

Elle toussota bruyamment afin de faire remarquer sa présence. Les deux hommes, après avoir sursauté, se tournèrent immédiatement vers elle. L'expression de Crios s'adoucit lorsqu'il l'aperçut, alors que celle de son allié demeura toujours aussi grave.

- Que fais-tu ici ? As-tu besoin de quelque chose ?
- Pas vraiment, non. Je voudrais vous parler.

Hercule croisa les bras sur sa poitrine, attendant qu'elle s'exprime, tandis que le brun lui faisait signe de s'approcher. Elle s'exécuta sans la moindre méfiance, désormais parfaitement convaincue qu'elle pouvait se fier à eux.

- J'imagine que vous êtes en contact avec Athéna, n'est-ce pas ? dit-elle d'une voix blanche.
- Avec Prométhée, plutôt. C'est lui qui se charge de lui transmettre tout ce qu'elle a besoin de savoir. Pourquoi ?
- J'aurais aimé lui parler. Il y a un ou deux points que je dois éclaircir avec elle.

Le légendaire de Regigigas grommela une phrase inaudible, mais son acolyte l'encouragea à poursuivre ses déclarations.

- Zeus vient de tuer Circé.

Cette fois-ci, les deux hommes réagirent aussitôt. Leurs yeux s'ouvrirent de stupeur et ils ne tardèrent pas à poser une multitude de questions quant à la manière dont cela s'était produit. Après qu'elle leur eut répondu, la dresseuse poursuivit :

- Je sais qu'Athéna compte sur nous... sur moi pour éviter un affrontement. Elle a fondé tous ses espoirs sur Némésis -ses interlocuteurs se raidirent légèrement à la mention de ce nom- et, maintenant que nous n'avons plus aucun moyen de La convaincre d'intervenir, sa stratégie s'en trouve altérée.
- Elle réfléchit actuellement au meilleur moyen de sortir de cette impasse sans causer de dommages collatéraux, affirma Hercule en appuyant ses propos d'un hochement de tête.
- Ecoutez... J'ai foi en son intégrité et j'éprouve un profond respect à son égard, mais... Cela ne peut plus durer. Crios vient de le dire par lui-même : il est temps d'en finir une bonne fois pour toute. L'une de mes amies était la disciple de Circé, à présent elle est totalement effondrée par sa mort. Cela m'a permis de prendre conscience d'une chose : je ne veux pas qu'ils arrivent à avoir Lilith de la même façon.
- Lilith est assoiffée par la vengeance. Elle l'aveugle et elle lui fait commettre des actes inqualifiables.
- Les Gijinkas ? Je la comprends parfaitement. Je conçois qu'elle ait eu envie de créer par la ruse ce qu'Arceus lui a interdit en lui arrachant sa capacité à enfanter. Vous savez, ce n'est pas un hasard s'il a donné l'ordre de tuer Circé la première. Il est loin d'être blanc comme neige. Il a une faille, Athéna sait que je suis au courant de cette histoire, je ne l'ai jamais nié. Maintenant, si elle ne parvient pas à empêcher ce conflit à temps, je retournerai me ranger du côté de Lilith, car c'est des deux camps celui qui me semble le plus honnête.

L'homme aux boucles blond vénitien l'observa d'un oeil dur. Visiblement, il n'était pas d'accord avec tout ce qu'elle venait de dire, cependant il ne releva pas. Crios, lui, parut plus compatissant. Il posa une main amicale sur son épaule, qu'il pressa délicatement.

- Tu es très jeune, Cassy, il n'y a rien d'étonnant à ce que tu cherches encore ta voie. Nous avons mis des siècles, nous, à trouver celle que nous jugions juste, et même aujourd'hui, nous serions incapables de dire si nous avons réellement fait le bon choix.

La jeune femme lui adressa un sourire reconnaissant. Elle venait à peine de le rencontrer, pourtant elle l'appréciait déjà. Tout comme Prométhée, il avait opté pour le camp d'Athéna non pas par soucis de neutralité au sein de ce conflit millénaire, mais de façon à pouvoir protéger les humains, des êtres considérées comme inférieurs par la majorité des légendaires, y compris par ceux alliés à Lilith, à quelques exceptions.

Le brun l'accompagna lorsqu'elle redescendit dans la salle où les siens se reposaient. Quelques-uns s'étaient réveillés, notamment Sven qui jetait nonchalamment un couteau dans le mur, sans jamais rater le trou causé par le premier impact.

- Elle est très jolie, ton amie, commenta Crios alors qu'ils passaient devant Yohanna, pelotonnée sous sa couverture. Tu sais, je contrôle la glace, moi aussi.
- Formidable, vous devriez bien vous entendre, alors, répliqua Cassy, une pointe de jalousie dans la voix.
- Ne te vexe pas, je t'en prie. Je ne pensais pas à mal en disant cela. Toujours est-il que j'aimerais lui parler seul à seule. Enfin, avec ta permission, évidemment.
- C'est une grande fille, jusqu'à preuve du contraire. Elle n'a pas besoin de permission, vous pouvez lui demander directement si elle est d'accord.

La dresseuse s'efforça de maîtriser son ton, qui demeura anormalement sec. Leur conversation eut pour unique effet de réveiller la religieuse, qui battit doucement des paupières, ses longs cils blonds venant effleurer sa joue pâle.

- Que se passe-t-il ? murmura-t-elle, léthargique.

L'humain légendaire réitéra sa question auprès d'elle et, après les quelques secondes qu'ils lui furent nécessaire pour émerger totalement du sommeil, Yohanna accepta de le suivre. Il la conduisit vers une porte dérobée, derrière laquelle ils disparurent.

- Dis, Cassy, où est-ce qu'il l'emmène ? s'enquit Tina en repliant sa couverture.
- Je n'en ai pas la moindre idée. Il veut peut-être la présenter à Regice. C'est un type glace, après tout.

D'un regard maussade, elle observait le pan du mur qui les avait engloutis, avant de se ressaisir. Elle alla s'accroupir à côté de Sven, qui aiguisait à présent la lame de ses couteaux de jet.

- Ne t'inquiète pas, s'il touche à ta protégée, dès qu'il sort, je l'empale.
- Ce n'est pas ma protégée.
- A d'autres. Je te l'ai déjà dit : un vrai Caninos, cette fille.
- De toute façon, Crios est notre ami, il n'est pas question de le tuer. Et puis, c'est un humain légendaire, alors je doute que tu en sois capable.

Le porteur du glyphe ténèbres haussa les épaules, comme s'il doutait qu'une telle affirmation soit vraie. La dresseuse elle-même n'en était plus certaine. Si Zeus avait réussi à assassiner Circé, cela prouvait bien qu'aucun d'eux n'était réellement invulnérable. Ses pensées allèrent alors vers Lilith.

Malgré tous leurs différents, toutes leurs disputes, elle ne pouvait pas lui laisser encourir des risques similaires. Elle n'oubliait pas qu'elle l'avait aidée, autrefois, qu'elle l'avait guidée tel le phare d'Oliville quand elle était encore à la dérive.

Elle s'en voulait un peu de devoir laisser Athéna tenter seule de ramener la paix, mais puisque cela ne lui paraissait plus possible, désormais, il lui fallait bien prendre une décision. Sans Némésis, il ne restait qu'un seul chemin à suivre : le secret d'Arceus, son lien avec cette mystérieuse Pandore, qu'elle devait absolument percé, et elle savait qui l'y aiderait. Dès que Léa se serait remise de la mort de Circé, elle l'interrogerait à ce sujet.