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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 31/08/2014 à 08:06
» Dernière mise à jour le 05/03/2019 à 23:38

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 243 : Familles unies et réunies
Solaris revenait dans sa région natale après cinq années d'errements. Elle s'était souvent dit qu'elle n'avait jamais trop aimé la région Elebla. Trop de mauvais souvenirs. Pourtant, aujourd'hui, elle était heureuse de revenir, et surtout de la trouver changer. Elebla avait toujours été coupé en deux par l'éternel conflit opposant l'Empire de Vriff au Royaume de Duttel. Les guerres incessantes entre ces deux pays avaient profondément meurtri cette région pourtant très belle. Mais aujourd'hui, Elebla connaissait enfin une période de paix et de stabilité. Rendons grâce pour cela à l'Empereur Octave Ier, qui avait œuvré pour unifier les anciens pays ennemis. Désormais, plus de Vriff, plus de Duttel. Non, désormais, il y avait l'Empire Lunaris.

Et ils approchaient de sa capitale, la cité impériale de Duttvriff, du nom des deux anciens pays qui composaient l'Empire Lunaris, car il ne s'agissait pas d'oublier le passé, mais bien de trouver en lui un moyen de réunir les deux peuples ennemis en un seul. Octave avait beau être né dans le royaume de Duttel, et vouer, comme son peuple, une grande haine pour l'Empire de Vriff, depuis qu'il était empereur, il avait toujours fait en sorte de se montrer équitable. Lui-même, après tout, était l'image même de ce mélange entre vriffiens et dutteliens : en lui coulait autant de sang de Duttel que de Vriff.

Solaris se pencha vers la fenêtre du transport Rocket pour admirer la vue de la capitale enfin terminée. Solaris avait grandi à Akuneton, l'ancienne capitale de Vriff, et avait souvent vu Duttelia, la cité royale de Duttel. C'étaient deux villes d'une grande puissance et d'une grande beauté, mais en rien comparable à Duttvriff. La capitale actuelle avait bénéficié, lors de sa construction, de l'aide des ingénieurs et architectes de Kanto, bien plus qualifiés que les gens d'Elebla, mais tout en conservant le style de la région. Duttvriff était un joyau, une ville à la fois moderne et ancienne, mélangeant les styles dutteliens, vriffiens et de Kanto en une touche parfaitement harmonisée.

- C'est incroyable... souffla-t-elle.

- N'est-il pas ? Sourit Djosan de la cabine de pilotage. L'Empereur n'a point lésiné sur les moyens.

- Où a-t-il bien pu trouver les fonds nécessaires pour lever une telle cité ?

- Sa Majesté a généreusement pioché dans les budgets militaires de Vriff et Duttel. Que nous eûmes dépensé des fortunes entières pour faire la guerre. L'Empereur a réduit de 80% le fonctionnement des armées, ne conservant que notre flotte d'Asmolés.

Solaris grimaça à l'écoute de ce nom.

- Octave n'a pas jugé utile de changer ce nom ?

Le terme d'Asmolé lui rappelait des mauvais souvenirs, dans le sens où ce nom était inspiré du dieu que vénéraient les Vriffiens, Asmoth, qui se trouvait être en fait le tout premier Mélénis Noir. Vriffus, le Seigneur Souverain de l'Empire, qui avait asservi Solaris, avait été l'un de ses serviteurs. Djosan haussa les épaules.

- Le culte d'Asmoth a complètement disparu des esprits, répondit-il. Que ceux qui eusses choisi de continuer à le vénérer sont partis dans le nouveau monde qu'a créé pour eux Mercutio Crust avec le Joyau des Mélénis. Le terme d'Asmolé est resté par facilité. Tout le monde connaissait ces vaisseaux sous ce nom-là.

- Ça n'en fait pas pour autant un bon nom.

Djosan haussa les épaules. Il devait sans doute se dire que si Solaris ne trouvait pas le nom convenable, elle aurait dû le faire changer du temps où elle était impératrice. Techniquement, c'était le Seigneur Souverain Vriffus qui avait décidé de la culture de l'empire, mais Solaris ne niait pas sa responsabilité. Elle avait été la plus meurtrière des monarques qui se sont succédé sur le trône de Vriff. Pour autant, Djosan semblait avoir mis sa rancune de côté. Il avait eu du mal à l'accepter dans l'équipe, au début, mais désormais il était le plus proche d'elle dans la X-Squad. Le fait qu'ils proviennent tous les deux de la même région, et que Solaris était la tante de l'empereur de Djosan, avaient joué dans ce rapprochement. C'était grâce à Djosan que Solaris était parvenue à prendre son courage à deux mains et à renouer contact avec sa seule famille restante : Octave et son fils, respectivement son neveu et son petit-neveu.

Bien sûr, Solaris n'oubliait pas qu'Octave et elle s'étaient voués une haine féroce et avaient tenté de s'entretuer pendant longtemps. De plus, Solaris avait tué son père, ce qui n'arrangeait pas particulièrement les choses. Elle n'avait donc pas eu à l'esprit de débarquer d'un coup d'un seul sans prévenir au palais impérial. Cela faisait quelques mois qu'elle conversait à distance avec Octave par courrier, que le transporteur Rocket mensuel vers Duttvriff se chargeait de transmettre. Solaris avait été heureuse de constater qu'Octave semblait prêt à tourner la page de leurs années de défiance. Après tout, pour lui aussi, Solaris était sa seule famille, et le seul lien qui lui restait avec son père. Et puis, il devait savoir quel rôle Solaris avait joué dans le sauvetage de son fils lors de son enlèvement par Zelan et ses sbires.

Donc, après plusieurs lettres échangées, Solaris s'était enfin décidée à revoir son neveu, profitant des quelques jours de congé qu'elle avait prise avec Djosan pour revenir au pays. Ça lui ferait mal, elle le savait, car Octave lui rappellerai son frère Lunarion qu'elle n'avait jamais vraiment connu alors qu'il vivait sous les traits du roi Antyos de Duttel. Mais c'était aussi l'occasion d'en savoir plus sur lui, sur l'homme qu'il était devenu. Solaris voulait faire la paix avec cette partie de son passé. Ce serait sans doute long, mais ça ne pourrait se faire qu'à Elebla. Au sein de la X-Squad et des Gardiens de l'Innocence, elle pouvait faire en sorte de se racheter pour ses crimes, mais ça n'allait pas gommer cette période sombre de son cœur.

Djosan amorça la descente vers le hangar du palais impérial. Il fut accueilli par bon nombres de soldats impériaux, probablement tous des anciens de Duttel, vu que Djosan en serra plusieurs dans ses bras avec sa bonhomie grandiloquente habituelle. Mais quand les gardes reconnurent Solaris, leurs visages se muèrent de terreur et plusieurs portèrent la main à leurs épées ou leurs arcs.

- Que... que fait-elle là, Djosan ? Demanda l'un d'entre eux.

- Visite officielle, parbleu, répondit le chevalier. Dame Solaris fait partie de la X-Squad désormais, tout comme moi.

- Et la Team Rocket nous l'envoie elle pour la représenter ?! C'est une insulte !

- L'Empereur est au courant de sa venue. Tu oserais t'interposer entre Sa Majesté et sa tante ici présente, Hugrunt ?

Les soldats hésitèrent, puis avec un regard noir, baissèrent leurs armes. Quand Djosan et Solaris furent en route pour la salle du trône, le chevalier fit ses excuses.

- Veuillez pardonner la rudesse de mes anciens camarades, dame Solaris as Vriff. Ils n'ont apparemment pas été avertis, assurément.

- Ce n'est rien, Djosan. Je m'attendais à un bien pire accueil.

La réception de l'Empereur fut elle plus chaleureuse. Octave fit vider sa salle du trône de ses courtisans pour eux seul, et alla prendre Djosan dans ses bras après l'avoir forcé à se relever.

- Comment vas-tu, mon vieil ami ?

- Assurément bien, sire. Je ne puis me trouver autrement en respirant à nouveau l'air d'Elebla. Comme promis, je vous amène madame votre tante.

Quand Octave se tourna vers elle, il parut gêné. Solaris l'était aussi. Comment devait-on se dire bonjour après des années de haine et de guerre commune ?

- Ma tante, je vous souhaite la bienvenue à Duttvriff, fit finalement Octave d'une voix mi-officielle mi-familière.

- Merci, Votre Majesté. Et s'il vous plait, ne m'appelez pas ainsi. Solaris suffira.

- Si vous laissez tomber le « Votre Majesté » seulement, répliqua l'empereur. Quitte à se parler sincèrement, autant le faire sans décorum.

Solaris acquiesça. Djosan s'éclairci la gorge.

- Que j'allasse vous laisser, maintenant. Je vais sans nul doute trouver de vieux compagnons avec qui descendre moult tonneaux de bières.

Djosan les laissa là, ce qui ajouta à la pesanteur ambiante, sans lui pour détendre l'atmosphère. En maître des lieux, Octave prit les devant, et l'invita à le suivre.

- Allons marcher dans les jardins, si vous le voulez bien. C'est mon lieu favori quand je veux du calme et m'évader un peu de la politique.

Solaris acquiesça et le suivit en silence. Elle n'avait plus vu Octave depuis la fin de la guerre, il y a cinq ans, et sa beauté juvénile s'était transformée en une maturité fort gracieuse. Octave était un bel homme, indéniablement, avec ses fins cheveux blonds, ses yeux gris et son visage noble. Mais il avait quoi, vingt-cinq ans ? Et déjà, il faisait plus vieux que Solaris, qui en avait pourtant cinquante-neuf.

- J'ai été surpris d'apprendre que vous avez rejoint la X-Squad, commença Octave. On peut se réconcilier avec d'anciens ennemis, mais il me parait difficile d'en faire partie si tôt.

- Eh bien, techniquement, la X-Squad n'a jamais été mon ennemie. Mes ennemis, c'était Vriffus, et moi-même. Je dirai plutôt que la X-Squad, et Mercutio en particulier, ont été mes sauveurs.

- Je vois ce que vous voulez dire. Avant de rencontrer Siena, j'étais un idiot arrogant. Elle a fait de moi quelqu'un d'un peu plus sage.

Solaris trouva cela ironique, en sachant que Siena était justement en train de devenir l'idiote arrogante qu'Octave avait pu être.

- J'ai apprécié notre correspondance, poursuivit l'Empereur. Et je vais profiter du fait que vous soyez en face de moi pour vous remercier personnellement d'avoir sauvé mon fils, lors de l'affaire avec Zelan.

- Et vous n'avez pas à le faire, renchérit Solaris. Car je ne l'ai pas fait pour vous, ni pour Siena, ni même pour Julian en réalité. Je l'ai fait pour Lunarion, pour son souvenir. Julian est son petit-fils après tout.

Octave hocha la tête sans rien dire, puis amena Solaris au cœur du jardin impérial. Il était énorme, et d'une grande beauté. Il lui faisait un peu penser au jardin impérial à Akenuton, où elle avait passé son enfance avec Lunarion. Octave lui fit visiter les contours. Il demanda, un moment :

- Pouvons-nous nous tutoyer ? Ça rendrait les choses plus faciles.

- Si tu veux. J'ai plus du double de ton âge, après tout.

Octave sourit et s'assit sur un des bancs de pierre, en face de la fontaine centrale.

- Tu sais, je t'ai longtemps détesté après la mort de père. Pas tellement parce que tu l'avais tué, non. Mais parce que c'est à toi qu'il a accordé ses dernières paroles. Il a quitté ce monde en te remerciant et en t'accordant son amour, alors que je n'ai pas eu le temps de lui parler. J'étais jaloux, en quelque sorte.

Solaris ne savait pas trop quoi répondre.

- Je n'ai pas bien connu mon frère, mais je suis certaine qu'il t'aimait comme un père aimait son fils unique.

- Oh, oui. Il m'aimait. Et parce qu'il m'aimait, il ne m'a jamais dit la vérité à propos de ses origines. Il pensait sans doute me protéger. Mais j'aurai aimé savoir. Cela aurait peut-être changé mon regard sur l'Empire de Vriff... et sur toi. D'après ce que j'ai compris, tu as pris sa place alors que c'était lui qui devait manger Dracoraure pour devenir le jouet de Vriffus. Il a vécu une vie bien meilleure que la tienne, et pour cela il t'en était reconnaissant. Je suppose que je dois l'être aussi. Si tu n'avais pas fait ça, je ne serai jamais venu au monde. Sachant cela, et sachant ce qu'a été ta vie, j'ai pris conscience que je n'avais aucune raison de t'en vouloir.

- Oh si, tu en as, rectifia Solaris. Tu en as même beaucoup.

- Tu n'es pas croyable comme fille, soupira la voix intérieure de Dracoraure. Le garçon veut te dire qu'il te pardonne. Arrête de jouer la rejetée, tu veux ?

Solaris sourit faiblement.

- Dracoraure semble de ton coté.

- Alors c'est qu'il est aussi sage qu'on le dit, approuva Octave. Je n'ai ni la force ni l'envie de continuer à te détester, ni aucune raison valable. Tu as sauvé mon père, tu as sauvé mon fils, tu as sauvé Siena, tu te bats aujourd'hui pour une bonne cause... De plus, j'aurai l'impression de salir la mémoire de mon père si je n'arrivais pas à te pardonner. Moi aussi, j'ai fait plein d'erreurs dans ma jeunesse. J'étais un gamin méprisable, et pourtant personne ne me manipulait. Alors cessons là. J'ai envie de connaître ma tante telle qu'elle aurait dû être. J'ai envie de me souvenir avec elle de qui était mon père. Et j'ai envie de bâtir avec elle le futur de mon empire et de mon fils.

Solaris dut faire un effort pour retenir ses larmes. C'était plus qu'elle ne méritait. Mais elle l'accepta. Comme l'avait dit Dracoraure, toujours se morfondre n'était pas la solution.

- Au fait, reprit Octave, tu m'as parlé du médaillon de père dans une de tes lettres, celui que vous partagiez étant enfants. Je crois l'avoir déniché dans de vieilles affaires. Attends.

L'Empereur se leva et courut vers le palais. Il avait tout d'un gamin prêt à montrer un trésor à sa tante. Solaris alla s'assoir sur le rebord de la fontaine, et respira à plein poumon. Depuis très longtemps maintenant, elle se sentait en paix avec elle-même. Elle s'était réconciliée avec son neveu. Elle œuvrait pour une cause utile et juste au sein des Gardiens de l'Innocence. Elle avait une équipe et des amis dans la X-Squad. Elle arrivait à envisager le futur comme une belle chose et non plus comme un fardeau.

- C'était ce que tu voulais, hein, Lunarion ? Murmura Solaris. Tu voulais que je vive pour nous deux...

Octave revint un peu plus tard, tout guilleret.

- Tu l'as trouvé, n'est-ce pas ? Demanda Solaris.

- Je crois. Je ne pouvais pas être sûr à cent pour cent avant de le voir, mais je suis presque certain que c'était celui-là.

Il lui tendit un vieux médaillon en argent. Solaris le reconnut immédiatement, à cause des deux lettres gravés dessus. S et L. Solaris et Lunarion. Ils avaient fait ça un peu avant que Lunarion ne se fasse enlevé par les dutteliens. Autrefois, ce médaillon jouait un petit air de musique quand on l'ouvrait. Bien sûr, après tout ce temps, il ne marchait plus, mais le revoir assaillit l'esprit de Solaris de souvenir, et cette fois, elle ne put retenir ses larmes.

- Oui, c'était celui-là, confirma-t-elle. C'était le sien. Non... c'était le nôtre.

Elle ne put continuer, et Octave lui mit maladroitement une main sur l'épaule pour la réconforter. Elle devait se reprendre. Elle n'était pas venue ici pour pleurer du passé sur l'épaule de son neveu. Elle posa le médaillon et s'efforça de trouver un autre sujet de conversation.

- Comment se porte Julian ? Fit-elle enfin.

- Très bien. Trop bien même. Ce qui me fait penser... Si tu vois sa mère bientôt, dis-lui de ma part qu'elle a dépassé de six jours déjà la date à laquelle c'était à elle de s'en occuper pour ce mois-ci !

Solaris eut un pauvre sourire.

- Je n'ai pas trop été en contact avec Siena depuis que je suis entrée dans la X-Squad. La situation est... un peu compliquée.

- Oui, elle m'a parlé des différents politiques qui l'opposaient avec son frère et sa sœur, admit Octave. Je ne suis moi-même pas sûr d'aimer ce qu'elle se propose de faire à Johkan. L'Empire de Lunaris est prêt à devenir un grand allié du Protectorat de Kanto, mais faire la guerre à Johto... Et ce nom qu'elle est allée se chercher ! Dis-moi Solaris, qu'est-ce qu'elle est en train de devenir ?

Octave paraissait vraiment soucieux. Mais Solaris ne pouvait pas le réconforter, car elle n'avait pas de réponse elle-même. Quoi que Lady Venamia cherche à faire, c'était certainement contraire à ce en quoi les Gardiens de l'Innocence croyaient. Et Solaris redoutait le jour où elle pourrait être opposée à Siena. En tant que mère de Julian, Siena était un peu de sa famille. Et Solaris ne voulait plus que sa famille se déchire encore une fois...


***


Tuno avait profité du fait que chacun de ses subordonnés de la X-Squad était absent pour lui-même s'échapper de la base. Sa destination n'était nulle autre que le bordel que tenait sa mère à Azuria. Tuno y avait passé une grande partie de son enfance. L'on pourrait penser que grandir dans une maison close, avec pour seule compagnie des prostituées, aurait pu avoir un impact sur un jeune enfant, mais Tuno n'avait pas été perturbé plus que ça. Il n'en avait pas vraiment profité non plus. Les filles qui travaillaient pour sa mère étaient un peu comme ses sœurs. Il n'aurait jamais eu l'idée de payer pour passer du bon temps avec elles, même quand il avait grandi. Ce qui l'avait toujours intéressé, chez les femmes, c'était la chasse. Les séduire, les draguer. Payer pour parvenir à ses fins n'était assurément pas son genre. Et la femme qu'il venait voir, il n'avait certainement pas eu à la payer.

Depuis la fin de la guerre, les Shadow Hunters avaient apparemment quitté la région. C'étaient des mercenaires. Ils tuaient en échange d'argent. Et comme les Dignitaires, leurs derniers employeurs, étaient en prison, ils n'avaient plus aucune raison de combattre la Team Rocket. Peut-être était-il dans un pays lointain, à vendre leur service au plus offrant. Le fait est que l'un d'entre eux avait préféré demeurer à Kanto. Ujianie avait choisi Tuno au lieu de ses camarades de la Shaters.

Ce qui s'était passé entre eux était digne d'un roman. Blessée lors d'un combat, Ujianie avait perdu la mémoire. Ce qui avait bien arrangé la Team Rocket, qui lui avait fait croire qu'elle était l'une des leurs. Durant un bref moment, elle avait rejoint la X-Squad. Tuno avait alors rencontré une toute autre femme que la tueuse froide et impitoyable qu'il avait combattue. Avant de se rendre compte de ce qui se passait, il en était tombé amoureux. En soi, ce n'était pas si extraordinaire ; Tuno était tombait amoureux de beaucoup de femmes. Mais Ujianie avait répondu à ses sentiments, et Tuno avait pensé avoir trouvé la bonne. Sauf que, à cause d'Ithil, Ujianie avait fini par recouvrer ses souvenirs. Elle avait alors été écartelée entre ses sentiments pour Tuno et son devoir de Shadow Hunter.

Elle n'avait finalement pas pu tuer Tuno lors de la bataille de Safrania. Elle portait son enfant, et avait décidé de le garder malgré tout. Aujourd'hui, alors que ses camarades étaient partis, elle était restée à Kanto, dans l'espoir de finir par fonder une famille avec Tuno. Bien entendu, elle restait cachée. Tuno n'était pas certain que Venamia, voir même le Boss, seraient trop d'accord pour que Tuno passe sa vie avec une ancienne ennemie attitrée. Donc, Tuno avait caché Ujianie dans la maison close de sa mère. Ce n'était qu'un arrangement durable. Tuno espérait qu'une fois la situation politique stabilisée, et une fois Venamia mis au placard, ils pourraient habiter ensemble, dans leur propre maison. Tuno était même prêt à démissionner de la Team Rocket si besoin est. Il aimait cette femme. Il l'aimait et ne pouvait pas se passer d'elle.

Avant de rentrer, Tuno vérifia comme d'habitude s'il n'était pas suivi. Azuria étant la capitale provisoire et le siège de l'Assemblée, il y avait des soldats GSR un peu partout. Sans doute même certains qui venaient de temps en temps au bordel. Sa mère, Gloria Tuno, était comme à son habitude derrière son comptoir, à servir des boissons aux clients, et à diriger certains vers des chambres privées.

Malgré le fait qu'elle fut prostituée avant d'être gérante de l'établissement, Gloria avait été une bonne mère. Elle avait tout fait pour assurer un bon avenir à son fils, le poussant à travailler. Tuno était conscient qu'il n'avait pas été un enfant désiré. Il était un accident de parcours, le fruit d'une relation entre Gloria et un de ses innombrables clients de l'époque. Mais Gloria aimait particulièrement ce client en particulier, et avait décidé de garder l'enfant qui lui avait donné, malgré les complications que cela engendrerait pour elle, et surtout pour le client en personne, qui venait d'une haute famille.

Tuno n'avait jamais rencontré son père. Mais il savait qui il était. Le père de Tuno était le descendant d'une famille aisée qui avait décidé d'entrer dans la Team Rocket. Il avait disparu lors d'une mission, il y a de ça près de trente ans. Comme c'était lui qui versait chaque mois une somme à Gloria pour s'occuper de Tuno, la Team Rocket avait repris l'éducation du jeune garçon pour en faire un des leurs, comme son père. Gloria n'avait pas pu refuser. Sans le père de Tuno, elle n'avait pas les moyens nécessaires pour s'occuper de lui trop longtemps.

En faisant des recherches, grâce à son travail au Service des Renseignements, Tuno avait appris plus tard que son père était vivant. Mais il n'avait rien dit à sa mère, pour éviter de la faire souffrir. Lui-même lui en voulait beaucoup d'être en vie et de n'avoir rien fait pour continuer à entretenir sa « famille ». Comme si au final, il avait fini par avoir honte de lui, ou qu'il s'en fichait. Depuis, Tuno n'utilisait plus son prénom, Aedan, que son père avait choisi. Il se faisait simplement appeler par le nom de famille de sa mère. En voyant son fils entrer, cette dernière lui fit un clin d'œil.

- Ah, mon p'tit Aedan. Tu trouveras ton amie préférée dans la chambre habituelle.

Belle formulation de phrase. Ainsi, tout le monde va penser que Tuno avait une prostituée attitrée, à qui il rendait souvent visite. C'était tant mieux. Tuno avait conscience qu'Ujianie devait commencer à s'ennuyer ici, obligée de faire semblant d'être une fille de joie, et attendre les venues de Tuno. Le colonel essayait de venir le plus souvent possible, mais ce n'était pas facile avec son poste et sans attirer les soupçons. Il craignait même que des Mélénis comme Mercutio et Galatea, qui pouvaient ressentir les émotions, n'aient compris son petit secret. Mais si c'était le cas, ils n'avaient rien dit, ce dont Tuno leur était reconnaissait.

Tuno pris une de ses Pokeball. Badapunk, avec son allure de racaille, en sortie, et se posta devant la porte. Son boulot était de faire que personne n'entre tant qu'il était là. Les autres clients de l'établissement devaient penser que Tuno tenait à conserver son intimité avec la fille qu'il avait payée. Tuno frappa trois fois, avec une tonalité différente ; le code qu'ils avaient mis au point pour la prévenir de ses visites. À peine eut-il ouvert la porte qu'Ujianie se précipita dans ses bras. Tuno fit attention en la serrant. Elle était enceinte de sept mois, et son ventre s'était joliment arrondi. Ujianie trouvait la grossesse très handicapante et terriblement disgracieuse, mais Tuno ne l'avait jamais trouvé aussi belle.

- Salut vous deux, fit-il en souriant. Je suis passé voir comment allaient mes deux femmes préférées !

Tuno faisait mention aussi bien à Ujianie qu'au bébé qu'elle portait. Ils savaient depuis longtemps que c'était une fille, et ils n'avaient pas tardé à la prénommer par avance Laurinda. Un nom que Tuno et Ujianie avaient trouvé drôlement approprié, car il était celui que Tuno avait donné à Ujianie quand elle avait perdu la mémoire. Tuno la voyait déjà, cette enfant non-née. Il se l'imaginait en magnifique jeune femme comme sa mère, mais avec toute la joie de vivre de son père. Tuno n'avait jamais vraiment pensé à avoir un enfant un jour, mais maintenant que ça allait être le cas, il se sentait être l'homme le plus heureux du monde.

- Laurinda bouge de plus en plus, répondit Ujianie après l'avoir embrassé. Elle a hâte de venir voir le monde extérieur.

- J'espère oui, ça fait neuf mois maintenant.

- Si elle tient de toi et de ta fainéantise chronique, elle devrait même rester plus longtemps.

- Ciel, que tu es dure, soupira théâtralement Tuno. Et c'est de la diffamation. J'ai accompli tout mon boulot avant de venir.

- Tu veux dire que tu l'as refilé à tes pauvres esclaves de la X-Squad ?

- Que veux-tu ? Je ne suis qu'un pauvre humain moi. Je n'ai ni pouvoirs Mélénis, ni façon de contrôler l'argent, ni de pouvoirs spectres et encore moins d'ailes dans le dos. Mon boulot, c'est la paperasse les rapports et les engueulades avec le général. J'ai refilé une mission à Galatea et Ithil. Ils doivent m'appeler dès qu'ils auront terminé. Les connaissant, ça ne prendra pas trop longtemps, alors autant profiter de ma fainéantise tant que l'on peut.

Ujianie ne le contredit pas. Tuno ferma la porte à clé derrière lui, puis alla se perdre dans les bras de son aimée.

- Alors, comment était ta journée, demanda-t-il.

- Comme celle de hier, et celle d'avant-hier, et celle de tous les autres jours depuis que je me cache ici. J'aide ta mère pour des tâches ménagères ci et là. C'est mieux que ce que font ses employées habituelles, mais je m'ennuie...

- Je comprends, et je suis désolé, fit Tuno. Cette situation n'est que temporaire, le temps que la Team Rocket et surtout Venamia t'oublient un peu. Puis on partira quelque part, dans une région étrangère. Une petite maison en bordure de mer, l'endroit idéal pour élever notre fille. Mais avant bien sûr, nous nous marierons.

Ujianie sourit en lui caressa la joue.

- Ne vas pas trop vite en besogne, beau mec. Tu me vois, moi, en femme au foyer ? Je vais devenir dingue. Faudra bien que je me trouve deux trois petits contrats ci et là. Ça me manque beaucoup...

- Quoi, les combats ?

- Non. L'homicide.

Tuno partit sur un rire nerveux.

- T'es une grande nostalgique, toi...