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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 27/08/2014 à 09:06
» Dernière mise à jour le 01/09/2018 à 22:16

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 8 : Entrer dans la légalité
Mais il me reste encore mon âme sœur avec moi, celle qui l'a toujours été. Nous sommes très vieux, maintenant. Nous nous souvenons de nos vies. Nous nous souvenons de tous ceux que l'on a rencontrés. Nous vivons pour nous souvenir. Nous vivons dans le passé. D'autre, plus jeunes, vivent pour le présent, et pour l'avenir.



*****



Zayne ne croyait pas sa chance. Lui, simple apprenti métallurgiste, partait bientôt en expédition pour le Grand Glacier, là où ces morceaux de métaux non identifiés avaient été découverts. La Steelcon, la société dans laquelle travaillait Zayne, envoyait une équipe sur place pour assister l'Institut Archéologique, qui apparemment n'avait pas fini de tout déterrer. Il y avait probablement d'autres morceaux de ce genre au fin fond du Grand Glacier, et la Steelcon voulait être la première à mettre la main dessus.

Les études préliminaires sur cet alliage inconnu s'étaient révélées passionnantes. Ce métal, quel qu'il soit, avait la capacité de stocker l'énergie sous de nombreuses formes. C'était peut-être une découverte capitale qui allait révolutionner la façon de vivre. Zayne voulait y être. Il voulait être là dans le Grand Glacier, malgré les dangers, pour récupérer encore plus de ce métal et percer ses secrets.

Et le possible métal qu'ils pourraient dénicher n'était pas la seule chose qu'ils pourraient découvrir. Le Grand Glacier était quasiment inexploré, du fait de ses conditions extrêmes. Il descendait sous la glace à des centaines de mètres, et les techniques et la technologie pour explorer si bas étaient toute récentes. Qui sait, peut-être y'avait-il en dessous un Pokemon non répertorié, préhistorique ou légendaire, qui dormait sous la glace depuis des milliers d'années ? Il songea avec amusement que si tel était le cas, son frère Erend aurait tué pour pouvoir l'accompagner, lui qui était un tordu de découvertes et plus particulièrement de Pokemon.

C'était la fin de journée, et Zayne rentrait chez lui. Ou plus précisément, chez sa mère. Il vivait encore chez elle, dans son bel appartement sénatorial d'un quartier chic de Fubrica, mais il n'était pas sans envisager de se prendre un appartement pour lui-même, bientôt. Sa mère pourrait l'aider financièrement, et Zayne touchait des salaires chaque mois maintenant. En rentrant, il constata qu'il était seul. Ces derniers temps, sa mère rentrait de plus en plus tard du Sénat, et paraissait soucieuse. La politique était un truc harassant, de l'avis de Zayne. Elle allait finir par avoir raison de la santé pourtant optimale de sa mère. Il serait bon qu'elle prenne des vacances de temps en temps.

Qu'Erend ne fut pas encore arrivé, ça, c'était plus étrange. Zayne savait que son demi-frère avait pour habitude de suivre tous les cours qu'il pouvait, mais à 19h30, il aurait dû être là. Lui aussi, depuis quelque jours, passait beaucoup plus de temps dans son Académie. À quoi faire ? Zayne n'en savait trop rien. Ce que faisait ou non Erend était hors de sa portée. Au rythme où les choses avançaient pour lui, il serait sûrement Premier Ministre de Bakan dans dix ans, s'il ne prenait pas le poste de Dignitaire de Kanto de son père Balthazar.

Zayne n'aimait pas son beau-père. Balthazar Igeus était un homme orgueilleux, ambitieux et déraisonnablement égoïste. Il savait aussi que sa mère ne l'avait épousé que par intérêt politique, dans le cadre d'une alliance entre Kanto et Bakan. Les deux époux ne se voyaient pratiquement jamais, et Zayne était sûr que Balthazar Igeus avait quantité de maîtresses. Il savait qu'Erend avait un demi-frère bâtard du côté d'Igeus. Zayne ne l'avait jamais rencontré, et il n'y tenait pas vraiment, car selon Erend, ce type était l'assassin personnel de son père.

Par contre, Zayne aimait Erend autant qu'il pouvait. Leur différence d'âge, le fait qu'ils n'aient pas le même père, ou encore leurs centres d'intérêts très différents n'enlevaient rien à ça. Erend n'était pas du tout comme son père. Il avait hérité de ses qualités politiques et managériales, mais n'avait rien de son arrogance. Au contraire. Erend était incroyablement modeste malgré le fait qu'il soit un génie en tout, et pensait toujours à l'intérêt des autres avant le sien. Un garçon destiné à gouverner un jour, Zayne en était sûr.

Pourtant, Erend n'était pas exempt de défaut. Il avait adopté une ligne de vue et de conduite basée sur l'adage : « la fin justifie les moyens ». Les intentions d'Erend étaient toujours nobles et bienveillantes, de ça Zayne n'avait aucun doute, mais pour y parvenir, son demi-frère était capable d'user de méthodes très discutables. Il était du genre à sacrifier sans sourciller cent personnes si ça permettait d'en sauver cent une dans un futur lointain. Certes, un dirigeant devait savoir prendre des décisions difficiles. Mais Erend avait tendance, dans ces cas-là, à considérer les autres comme des moyens de parvenir à ses fins. Zayne craignait qu'à force, il ne devienne insensible. La politique et l'usage du pouvoir pouvait corrompre le meilleur des hommes. Ignorant s'il devait manger seul ou attendre Erend, Zayne l'appela sur son portable. Inutile d'essayer de joindre sa mère. Elle éteignait toujours son téléphone durant ses réunions. Quand Erend répondit enfin, Zayne cru discerner une note d'inquiétude dans la voix de son demi-frère.

- Grand-frère ?

- Erend, tu comptes rentrer un jour ? Tu sais comme c'est grave la déprime pour moi quand vous m'obligez à rester seul, maman et toi.

Silence. Puis Erend lui demanda :

- Zayne, tu ne sais pas ce qui est en train d'arriver ?

- Comment ça ? Je viens de rentrer du boulot, et normalement c'est moi qui rentre le plus tard...

- Allume la télé. Il y aura le même programme sur toutes les chaînes. Une retransmission en direct du Sénat.

- Quoi donc ? Ils ont décidé d'augmenter un peu plus les impôts ? Plaisanta Zayne. C'est ça le drame ?

- Fais ce que je te dis s'il te plait. C'est important.

Haussant les sourcils, Zayne alluma le grand écran plat mural du salon. En effet, il y avait la même chose partout : une allocution du président du Sénat au peuple de Bakan. De ce que Zayne saisit en une minute, la région était apparemment envahie.


***


- Nous demandons donc à tous nos concitoyens de ne pas s'affoler, mais de faire preuve de prudence, continua le président du Sénat devant les dizaines de caméras des journalistes. Pour l'instant, les troupes ennemies restent cantonnées dans l'Est de Bakan, à Ampuhosg. Notre armée est déjà sur le qui-vive, et tout déplacement de l'ennemi sera observé avec la plus grande attention, et nous agirons en conséquence. Nous protégerons notre population. Le Sénat vous l'assure !

Assise à son banc de sénatrice, Clarisse jugea que l'intervention du président n'était guère convaincante. Etre obligé d'annoncer en direct que le gouvernement avait perdu la souveraineté d'une partie de sa région en quelques jours, en l'ayant caché aux citoyens... De plus, avec la disparition du Premier Ministre Tibaltin et celle de son assistante Nirina, l'Etat était toujours vacant, et donc affaibli. Le Sénat était obligé de s'octroyer le pouvoir directionnel pour le moment, ce qui ne serait pas du goût de tout le monde. Devant le podium du président, les journalistes commencèrent à faire pleuvoir les questions.

- Monsieur le Président du Sénat, avez-vous des informations sur le nombre de victimes actuel ? L'ennemi a-t-il fait des prisonniers, ou a-t-il des réclamations ?

- Nous ignorons hélas pour l'instant le sort des populations des villages conquis, admit le président. Certains ont pu s'échapper, ou ont intentionnellement été libérés, pour nous prévenir de ce qui se passait. Nos appareils éclaireurs qui ont survolé la zone d'invasion se sont fait à chaque fois abattre par les vaisseaux de Stormy Sky.

- L'envahisseur est donc bien Stormy Sky ? Demanda un autre. Que veulent-ils ?

- Nous ne sommes sûrs de rien. La Quatrième Flotte de l'Amiral Rashok est bien présente, mais elle ne semble pas seule. Selon divers témoignages, nous aurions à combattre une armée de chevaliers en armes, menée par un homme possédant des Pokemon aux grands pouvoirs. Nous n'en savons pas plus pour le moment sur leurs intentions. Nous avons tenté d'entrer en contact avec eux pour négocier.

- Comment expliquez-vous une telle déroute, monsieur le président ? Comment peut-on s'emparer d'une partie de notre région de la sorte ? Nous avons la technologie la plus avancée du monde. Le gouvernement est-il à blâmer ?

Clarisse s'adossa sur son siège, tandis que le président tentait tant bien que mal de se défendre face aux attaques qui commencèrent à venir de partout du côté des journalistes, et même des sénateurs de l'opposition. La région courait un grave danger, et ses dirigeants étaient incapables de s'unir pour y faire face, préférant chercher à qui la faute et se taper dessus. Au point où allaient les choses, les Adeptes d'Uriel était le seul espoir de Bakan. Clarisse constata que son ami Iridien Elson, quelques bancs plus loin, semblait aussi dépité qu'elle par ce triste spectacle. Et le plus marrant, c'est qu'il avait lieu en direct devant toute la population de Bakan. Quelle confiance les gens accorderaient-ils au Sénat maintenant ?

L'entrée précipitée d'un des assistants du président du Sénat fit cesser les cris et les insultes. Le pauvre homme courait vers le podium présidentiel comme si sa vie en dépendant, sans se soucier des caméras. Il tenait à la main ce qui semblait être une clé USB, qu'il remit au président interloqué. Il lui murmura quelque chose. Le président ouvrit grand les yeux, et s'épongea le front.

- Mesdames et messieurs, on vient de m'apprendre que le chef de l'invasion ennemi nous a fait parvenir un message vidéo. Je demande à nos amis de la presse de quitter les lieux pour que nous puissions...

Mais le taulé général de la part des journalistes l'empêcha de continuer.

- Les gens veulent savoir ! Vous ne pouvez pas leur cacher la vérité !

- Assez de museler la presse ! Tout finira par se savoir de toute façon !

Les gardes du Sénat ne furent pas assez nombreux pour pouvoir dégager tous les journalistes présents, et les sénateurs de l'opposition se levèrent pour aller aider les journalistes et exiger qu'ils demeurent. Ce fut un chaos total pendant un quart d'heure, et finalement, le président dut reconnaître sa défaite, et accepta que les journalistes continuent de filmer. Après quoi, il brancha la clé USB sous l'ordinateur de son podium, et l'enregistrement s'afficha sur le grand écran du Sénat. Il montrait un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux bleus, élégamment vêtus, portant une épée à la lame dorée qui brillait d'une lueur surnaturelle.

- Peuple de Bakan, je me présente à vous. Je suis le roi Castel Haldar Second, et je gouverne le royaume de Cinhol. Ce nom doit sans doute rappeler certains souvenirs à votre noble République ?

Castel laissa un temps étudié pour que les sénateurs murmurent tous entre eux, certains d'ébahissement, d'autres de peur, et d'autres de moquerie.

- Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, je vais leur rafraichir la mémoire. Le royaume de Cinhol fut fondé par Castel Haldar Premier, il y a cinq cents ans, sur le sol même de la République de Bakan. Mon ancêtre, proche des Pokemon, voulait sortir le peuple de cette république corrompue et décadente, et créer un nouveau régime de vie en harmonie avec la nature et les Pokemon qui la représentaient. Mon ancêtre lutta vaillamment contre la République, jusqu'à qu'il soit trahi par un des siens. Cette trahison, perpétrée par la plus noire des magies, eut pour effet de projeter le royaume de Cinhol dans un autre monde, où nous avons vécu durant cinq siècles. Vos gouvernants respectifs ont fait de Cinhol un mythe, jusqu'à nier son existence et ce qui s'était réellement passé. Je vous annonce aujourd'hui que le mythe est réalité. Nous sommes de retour dans ce monde qui fut celui de nos ancêtres, qui fut celui de notre Fondateur.

À ce stade-là du message, le Sénat semblait divisé. La moitié des sénateurs étaient terrifiés par Castel et l'héritage qu'il disait représenter, et l'autre moitié devant le prendre pour un clown tout droit sorti de l'asile.

- J'ai amené avec moi une armée dix-mille hommes, et j'ai le soutien de l'Amiral Rashok, commandant de la Quatrième Flotte de Stormy Sky. J'ai été obligé de prendre certaines villes pour attirer votre attention, mais je vous rassure, peuple de Bakan, je ne suis pas venu ici en vengeur ou en conquérant. Je suis venu ici en ami.

Clarisse resta bouche bée, se demandant bien à qui Castel voulait faire croire ça. Les sénateurs cessèrent leurs murmures et écoutèrent attentivement la suite.

- Par le passé, le Royaume de Cinhol et la République de Bakan furent ennemis, continua Castel. Mais il est parfois nécessaire d'oublier le passé pour fonder l'avenir. Je n'ai aucune rancune envers vous, peuple de Bakan. Je désire juste que l'on puisse vivre ensemble, et que mon royaume soit reconnu comme tel au sein de votre région. Je vous prie de m'excuser pour l'entrée théâtrale de mes troupes sur votre territoire, mais elle était nécessaire, je pense, pour montrer notre détermination. Je vous assure cependant que j'ai réduit les pertes humaines au minimum. Je détiens beaucoup de prisonniers, militaires ou civils, que je vous remettrai dès que mes exigences auront été exaucées. Et rassurez-vous, elles sont tout à fait raisonnables et légitimes.

Castel fit une pause pour énoncer ce qu'il voulait.

- Comme je l'ai dit, je souhaite seulement que le Royaume de Cinhol soit enfin reconnu par la République. Nous avons quitté notre monde pour nous installer sur celui de nos ancêtres. Nous pensons en avoir le droit. Je demande au Sénat d'accueillir mon royaume comme nouveau pays indépendant. Je lui demande le droit de siéger en son sein comme son représentant légal. Je lui demande le droit de pouvoir voter comme les autres sénateurs. Je me rendrai dans deux jours au Sénat, avec une escorte réduite, comme signe de bonne foi. J'attends des sénateurs qu'ils m'invitent à siéger parmi eux, et que Cinhol soit reconnu comme voisin et allié de Bakan. Alors, je remettrai à son peuple toutes les personnes que j'ai faites prisonnières. J'aiderai à la reconstruction des villes que nous avons endommagées. J'offrirai l'amitié de mon royaume à la République. Nous avons tant à apprendre les uns des autres. Je promets que je me plierai aux lois de la République, et qu'ensemble, nous puissions avancer sur le chemin de la paix et du progrès commun.

La vidéo prit fin, et ce fut le début de la reprise des discussions animées entre sénateurs. Clarisse resta en dehors, trop assommée pour parler. Qu'est-ce que cela signifiait-il ? Le seul souhait de Castel serait que son royaume fasse partie de la République ?! C'était très loin de ce qu'avait dit la fille d'Iridien. Pouvaient-ils vraiment faire confiance à cet homme qui avait haï la République de tout son être ? Clarisse en doutait sérieusement.

- Votre attention s'il vous plait, fit le président du Sénat en tapant sur le podium avec son marteau. Je demande un vote des sénateurs dans les plus brefs délais, pour savoir quelles suites nous devons donner aux demandes du roi de Cinhol.


***


Silver était arrivé comme promis à l'heure, transporté dans les airs par son Corboss. Leaf le présenta à Castel comme un ami dresseur à qui elle avait demandé de l'aide. Bien sûr, elle ne précisa pas qu'elle lui avait demandé de l'aide pour faire tomber Castel, et non pour l'assister dans sa croisade infernale. Le roi l'accueillit avec plaisir, mais il dit ensuite quelque chose à Leaf qui surprit la jeune femme :

- Avec un peu de chance, les combats cesseront bientôt. J'ai décidé d'intégrer officiellement la République de Bakan et de suivre ses lois.

- Intégrer... officiellement ? Répéta Leaf, perplexe.

Ils étaient un cercle réduit de proches collaborateurs de Castel, installé dans la mairie d'Ampuhosg où le roi avait fait son QG provisoire. Avec Leaf et maintenant Silver, il y avait Rashok, Syal, Astarias, Isgon, le duc Barneas et quelques autres marquis et comtes qui dirigeaient une grande partie de l'armée.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Rien de plus que ça ne signifie, répondit Castel. Je vais proposer la paix au Sénat de Bakan, en échange de l'entrée de Cinhol dans la République. J'ai démontré ma force. Si je leur donne la paix qu'ils désirent, ils me donneront la place au Sénat que je veux.

- Et que diable vous apportera une place au Sénat ? Demanda l'Amiral Rashok. Vous êtes venus ici pour conquérir la région, selon vos termes. Vous avez même promit de la donner à Stormy Sky ensuite. J'en ai assez de ces incessants changements de plans de votre part, roi Castel !

Castel lui sourit.

- Ne vous inquiétez pas, mon ami. Je n'ai qu'une parole. Notre marché tiens toujours, même si le plan de base a changé. Je veux toujours contrôler Bakan. J'ai juste décidé de changer de méthode. Comme ma chère amie Leaf me l'a fait remarquer, mon armée risque d'être impuissante à prendre la région entière par les armes, même avec votre aide. Et même si nous y parvenions, nous ne pourrions pas la conserver quand les autres régions du monde viendront nous déloger. Je ne peux pas gagner sur ce terrain-là. Je vais donc jouer selon les règles de la République, à ce jeu tordu qu'elle appelle « démocratie ». Je vais conquérir Bakan, mais de façon légale.

Syal fronça les sourcils, et dit :

- Tu comptes te présenter comme Premier Ministre ?

- Un truc dans ce genre, oui. Mais le Premier Ministre ne contrôlait pas grand-chose, au final. Il était dirigé par le Sénat. Je compte faire abolir le système sénatorial, pour mettre en place un pouvoir obtenu par un seul homme : moi. La République de Bakan deviendra un royaume, et ce royaume fusionnera avec Cinhol.

Leaf se retint d'éclater de rire.

- Et tu penses que le peuple acceptera ça, après que tu sois venu en conquérant chez eux pour prendre plusieurs de leurs villes ?

- Le peuple, c'est le Sénat, répliqua Castel. Si le Sénat me soutient, la loi sera de mon côté, et le peuple se rangera derrière la loi.

- Et peut-on savoir par quel miracle tu comptes convaincre les sénateurs de voter pour leur propre disparition ?

Castel lui fit un sourire énigmatique, et de très mauvais augures.

- Je ne vais pas tout te révéler, ça ne serait pas drôle. Je vais juste jouer au jeu de la démocratie. À l'inverse de la monarchie, c'est un système politique qui permet bien des choses à tous ceux ayant un petit peu d'ambition.

Après quoi, Castel enregistra un message à l'adresse du Sénat sur clé USB, qu'il remit à un de ses messagers. Pour montrer à la République sa bonne foi, il renvoya une grande partie de ses forces dans l'autre monde, par le biais de ses anneaux. Puis il se prépara à partir pour la capitale Fubrica, armé seulement de la fourche d'Hafodes, sans son épée ni ses autres Pokemon, et avec une escorte de dix hommes. Leaf ne savait pas ce qu'il projetait, et ça l'inquiétait particulièrement. Quand elle put enfin se retrouver seule avec Silver, elle lui fit part de ses doutes. L'adolescent aux cheveux rouges haussa les épaules.

- Tu connais mieux ce type que moi. Mais je crois qu'il est sensé. Il m'a l'air du genre à conquérir le monde entier s'il en avait le pouvoir. S'il veut trouver un terrain d'entente avec le Sénat, c'est qu'il ne peut pas, mais qu'il ne veut pas repartir la queue entre les jambes.

- Tout ça me semble cacher quelque chose, insista Leaf. Je ne vois vraiment pas Castel s'incliner devant le Sénat et des lois qui ne sont pas les siennes. Il n'a en plus aucune chance de se faire élire à la tête du pays. C'est totalement absurde.

Nouveau haussement d'épaule de la part de Silver.

- Bah, de toute façon, je ne vois pas ce qu'il pourra faire à Fubrica s'il s'y pointe avec dix mecs seulement.

- Il aura la fourche d'Hafodes, lui rappela Leaf.

- D'accord, mais ça ne fait qu'un seul Pokemon...

- C'est parce que tu n'as pas vu sa puissance à l'œuvre. Imagine un lance-flamme en cent fois plus puissant, au carburant illimité, et dont le feu peut être contrôlé à volonté par son lanceur.

- Admettons. Mais même avec ça, Castel ne pourra jamais prendre ou détruire la ville sans se faire buter avant. Je doute que ce soit ce qu'il projette.

Leaf hocha la tête.

- Sans doute. Mais... je n'arrive pas à me débarrasser de ce mauvais pressentiment.

- Tu veux qu'on intervienne de suite ? Plus de la moitié de ces mecs ont fichu le camp. Avec nos Pokemon, à nous deux, on peut le faire prisonnier ou le mettre hors d'état de nuire.

- Castel aussi a des Pokemon, et des très forts, fit Leaf en se souvenant de son combat contre eux tandis qu'elle affrontait Nirina de dresseur à dresseur. De plus, avec la flotte de Stormy Sky dans le coin, ce serait du suicide. Non, restons patient et voyons ce qu'il va faire au Sénat. S'il est sincère, nous n'aurons pas à intervenir. Peut-être l'ai-je mal jugé, mais... dans le doute, je vais appeler mon père pour lui demander de n'aller sous aucun prétexte à cette réunion au Sénat.