013. 1x13 - Monsieur Marco
Précédemment : Sofian part en voyage dans Hoenn afin de devenir un champion d’arène. Il choisit Poussifeu chez le Professeur Seko, capture un Goélise à Clémenti-Ville et une Nirondelle blessée qu’il fait soigner à Mérouville afin de la ramener en pleine forme à sa famille dans le Bois Clémenti. Il rencontre Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon, qui capture un Tarsal et un Arcko. Flora rejoint le groupe avec son Gobou et son Chenipotte. Ils croisent à plusieurs reprises Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Les trois amis viennent en aide à Rowan, un employé de l’entreprise Devon à Mérouville, torturé par trois malfrats qui désirent s’emparer d’informations confidentielles sur une nouvelle invention. Sofian, Flora et Timmy arrivent à Mérouville et sauvent l’arène d’un braquage en compagnie de journalistes qui réalisent un reportage sur le démarrage de la Ligue Pokémon de Hoenn. Sofian défie Roxanne et, à la suite d’un combat incroyable, remporte son premier badge d’arène, le badge Roche.

La porte s’ouvrit sans un bruit, libérant un accès restreint à la chambre plongée dans la nuit oppressante, sans lune. La mince silhouette se faufila dans la chambre et s’assura que les deux garçons étaient profondément endormis avant d’aller discrètement ouvrir la fenêtre. Une légère brise tempérée pénétra dans la chambre silencieuse et le plus petit des garçons marmonna dans son sommeil. La silhouette tira une corde à l’intérieur de la chambre et deux masses importantes glissèrent le long de la corde et s’introduisirent à leur tour dans la pièce sombre.
Le sac convoité du garçon était simplement posé au pied du lit. Ils étaient à quelques mètres du butin et celui-ci n’était même pas protégé, comme si personne n’allait lui voler un trésor aussi précieux. Jessie prit le sac à dos qu’elle ouvrit délicatement et James y plongea la main avant d’en ressortir une boîte métallique. Miaouss frémit d’impatience et les trois acolytes se réunirent autour du petit coffre-fort que James ouvrit lentement. Le badge qui y reposait brillait de mille feux, un chant divin s’éleva depuis les profondes entrailles de la boîte et résonna dans toute la chambre, et les trois membres de la Team Rocket s’écrièrent à l’unisson avec la voix de Roxanne :
– Avec ceci, nous allons récupérer notre titre de championne d’arène !
Sofian ouvrit subitement les yeux et tomba de son lit. Sans prendre le temps de réfléchir, il se précipita sur son sac à dos posé sur une chaise de la chambre et ouvrit la tirette avec tellement de force qu’elle se brisa. Sa pochette à badge était toujours là, intacte, et personne ne lui avait volé son tout nouveau badge Roche. C’est alors qu’il se souvint de son rêve et se sentit quelque peu stupide en boxer au milieu de sa chambre vide, son corps en sueur et un sac de voyage cassé dans les mains.
La porte s’ouvrit alors à la volée.
– Debout là-dedans, il est plus de midi et Timmy nous attend déjà à la…
Flora resta muette en découvrant son ami presque nu hors de son lit et le teint de son visage vira au rouge.
– Oh… euh… je ne savais pas que tu étais… réveillé… balbutia-t-elle en fermant les yeux. On t’attend à la cafétéria !
Et elle tourna les talons sans prendre le temps de fermer la porte, avant de disparaître dans les couloirs d’un pas précipité.
Lorsque Sofian descendit à la cafétéria du centre pokémon, il retrouva Flora et Timmy assis à une table en face de brioches et de chocolats chauds. Ils étaient plongés dans une conversation à propos des concours pokémon et Flora semblait avoir oublié son entrevue avec Sofian, ou du moins elle le cachait excellemment bien.
– A cause de toi et de ton match, on a perdu une demi-journée, lui reprocha-t-elle quand il s’installa à leurs côtés. Une chance que la cafétéria propose toutes sortes de repas à n’importe quelle heure de la journée…
– Y a quoi au programme aujourd’hui ? demanda Timmy pour éviter que Sofian ne réponde à Flora.
– Je suppose qu’on pourrait visiter Mérouville, proposa Flora. Rowan nous a dit que nous étions les bienvenus dans son entreprise.
– C’est vrai que je suis assez intéressé par leur technologie.
– L’infirmière Joëlle m’a rendu Nirondelle complètement guérie, on va pouvoir la ramener à sa famille, annonça Sofian.
– Ça veut dire qu’on doit se retaper le Bois Clémenti ? s’exclama Flora qui se rappelait trop bien la difficile traversée de la forêt sombre.
– Ou au moins retourner à l’orée de la forêt pour la libérer dans la nature.
– Et on ne peut pas attendre demain, qu’on ait visité la ville ?
– Si bien sûr, on pourrait aussi attendre le mois prochain, après ton concours, rétorqua Sofian avec sarcasme, mais je ne pense pas que Nirondelle t’apprécierait beaucoup si elle savait que tu n’en avais rien à faire de sa liberté.
Flora resta muette de surprise face à la réponse sarcastique de son ami.
– Bon, et bien c’est réglé, on va libérer Nirondelle ! décida Sofian en se levant.
Et il quitta la cafétéria du centre pokémon. Flora échangea un regard outré avec Timmy qui leva les yeux au ciel en soupirant.
– Non, mais je rêve !
En marchant dans les rues calmes de Mérouville, la petite Nirondelle virevoltant gaiement dans les airs aux côtés de son maître éphémère, Sofian ne se doutait pas un seul instant qu’il n’aurait jamais l’opportunité de ramener son pokémon à ses amis car un évènement inattendu allait l’en empêcher. En réalité, il n’avait aucune idée de toutes les péripéties qu’il allait vivre ce jour-là et qui allaient sceller son avenir…

Un nombre incalculable de badauds s’était agglutiné au centre de la place principale de la ville et Flora crut d’abord à une nouvelle festivité pour le Grand Festival des Coordinateurs. Mais l’enchantement de la jeune fille se dissipa rapidement car il n’en était rien. En effet, sur la grande estrade publique étaient réunies plusieurs personnes en costume noir, assises sur des chaises en plastique devant un écran géant et Timmy reconnut l’homme qui s’adressait au public dans un micro, derrière son pupitre.
– C’est Rowan !
En examinant la foule de plus près, les trois amis constatèrent que la plupart des spectateurs étaient en fait des journalistes et Sofian reconnut d’ailleurs de loin le duo qui l’avait interviewé la veille. Ils se faufilèrent davantage dans la foule et s’approchèrent de l’estrade en tendant l’oreille sur ce que racontait l’homme qu’ils avaient sauvés dans le Bois Clémenti.
– Mesdames et Messieurs, bienvenue à cette conférence pour le nouveau produit de l’Entreprise Devon SARL, accueillait Rowan.
Le sigle de l’entreprise qu’il représentait s’afficha sur l’écran géant en tournant sur lui-même : un énorme « D » en trois dimensions fait de lignes et de minuscules lettres graphiques qui épelaient des terminaisons technologies telles que « inventivité » ou « révolution numérique ».
– Comme vous le saviez, la Devon SARL planchait sur le projet depuis de nombreuses années, poursuivit Rowan, et les promesses que nous vous avions tenues ont résulté en une révolution de la technologie qui dépasse nos rêves les plus fous ! Je vous présente donc… le Navigateur Pokémon, autrement appelé le Pokénav !
Rowan sortit de sa poche intérieure de sa veste un petit objet métallique orange et le public applaudit bruyamment. L’image du Pokénav s’afficha dans l’écran géant et les fonctionnalités que Rowan décrivit par la suite furent démontrées en image devant les spectateurs admiratifs.
– Plus qu’un bijou numérique à la pointe de la technologie moderne, le Pokénav dépasse de loin les aptitudes du simple Pokématos qui date maintenant de quelques années. En effet, les applications que nous vous proposons sont toutes révolutionnaires ! A présent, vous pourrez téléphoner à n’importe qui et vous parler en face à face grâce aux caméras, et ce, sur n’importe quel appareil : le Pokénav peut joindre les Pokématos, les GSM les plus ordinaires et même les programmes informatiques installés sur ordinateur ! Bien plus qu’un simple appareil de communication, il vous permettra de consulter une vaste encyclopédie sur les pokémons qui nous entourent, ou bien de vous repérer dans Hoenn grâce à sa carte en réalité augmentée, ou même de consulter à votre aise l’état de votre stockage de pokémons dans n’importe quel laboratoire pokémon de Kanto, Johto et Hoenn, ou aussi de revoir à votre aise les concours pokémons de l’année, les matches d’arène du moment,… Et tout ceci renfermé dans un appareil tellement robuste qu’il peut résister aux chocs d’intensité extrême et qui est également entièrement étanche !
Rowan plongea son prototype de Pokénav dans une bassine d’eau, le ressortit, l’alluma et le Pokénav afficha la page d’accueil sans aucun problème. Les journalistes applaudirent d’émerveillement et Timmy bondit sur place d’excitation.
– J’en veux trop un ! s’exclama-t-il en buvant les paroles de Rowan.
– Je vais à présent laisser la parole à la personne qui pourra vous en parler en détail et vous décrire le plus fidèlement possible la perfection de notre nouveau produit : le patron de l’Entreprise Devon, Monsieur Rochard !
Un homme d’affaire de la cinquantaine d’année se leva de sa chaise et remplaça Rowan sous les applaudissements du public. Il replaça son chapeau melon sur ses cheveux gris et brandit le micro.
– L’Entreprise Devon noue une véritable histoire d’amour avec Hoenn, sa région d’implantation, raconta-t-il lorsqu’un silence poli s’installa. Depuis la création de notre entreprise par mon grand-père, Devon Rochard en personne, en 1897, la Devon SARL n’a eu de cesse de créer de l’innovation et de vendre du rêve. Des milliers de produits tous révolutionnaires et tous en lien avec notre chère région que nous adorons sont sortis de nos usines afin de faciliter la vie des concitoyens de Hoenn. Il est vrai que cela fait quelques années que nous avons relâché la pédale de la création, avec néanmoins la sortie l’année passée de la très célèbre Honorball en commémoration d’un jubilé d’or qui nous a tous marqué. Justement, et quel joli enchaînement, c’est avec loyauté et plaisir que nous avons fait appel pour notre Pokénav aux services incommensurables d’une personnalité qu’on ne présente plus à Hoenn, Monsieur Fuji !
Le public tonna d’applaudissement lorsqu’un homme très âgé rejoignit le pupitre de Monsieur Rochard. Lorsque Sofian entendit le nom de la personne qui allait prendre la parole, il se posta sur la pointe des pieds afin de pouvoir l’apercevoir au-dessus des têtes dans la foule. C’est avec une pointe de déception qu’il ne reconnut pas la star internationale qui se trouvait devant lui. Car Sofian connaissait très bien Monsieur Fuji, l’ami des pokémons qui vivait à Kanto et qu’il avait déjà rencontré à un festival, et l’homme qui avançait vers le pupitre n’était pas lui, il en était certain malgré les apparences. Le vieil homme avait une longue barbe blanche et une moustache qui cachaient la moitié de son visage fripé et était aussi bronzé qu’un homme ayant passé sa vie au soleil. Il portait un gilet de marin et un Goélise plus grand que la moyenne et qui paraissait assez âgé lui aussi était installé confortablement sur son épaule gauche.
– S’il vous plait, appelez-moi par mon prénom, je préfère ne pas entacher la réputation de mon frère, dit-il avec amusement alors que la foule ne cessait de l’acclamer dans une véritable ovation.
– C’est qui ce type ? demanda Sofian en baissant la voix pour ne pas déranger les journalistes qui écoutaient avec attention.
–
Ce type ?? s’offusqua Flora.
– Monsieur Marco est l’homme le plus célèbre et le plus talentueux de toute la région ! expliqua Timmy qui était autant choqué par son ami qu’excité par la présence de son idole. Il n’est peut-être pas à la hauteur de son frère mais en tout cas, il a marqué l’histoire de Hoenn et a montré qu’il était très talentueux en matière de pokémon !
– Ouais, je crois que j’en ai déjà entendu parler… marmonna Sofian qui préférait rester discret et ne pas se mettre Timmy à dos.
– C’est avec émotion que j’ai bien évidemment accepté de collaborer avec mon vieil ami Monsieur Rochard pour le projet le plus fou qu’il ait jamais eu : recenser toutes les mers et océans de Hoenn et les répertorier sur une carte numérique avec la possibilité de visiter en réalité augmentée leurs profondeurs, poursuivit Monsieur Marco.
Le discours sur les profondeurs des mers de Hoenn ne parvint pas à intéresser Sofian qui se décrocha très rapidement du fil de l’exposé. Il se rendit compte avec étonnement que tout comme de nombreux journalistes, Timmy buvait les paroles de Monsieur Marco avec intérêt.
Tandis que la conférence s’étendait sur une durée qui lui semblait interminable, Sofian se mit à observer les alentours en caressant de manière monotone la Nirondelle sur ses épaules. Il vit au loin, au pied de l’estrade, un homme dont la carrure bien bâtie lui rappelait vaguement quelque chose. Il semblait tendu et n’avait de cesse de jeter des coups d’œil loin devant lui. Sofian suivit son regard stressé et vit de l’autre côté de l’estrade, au pied de l’escalier d’accès, un homme plus grand et plus mince vêtu d’un costume bleu qu’il avait déjà vu quelque part. Ce-dernier fit volte-face d’un coup et tendit la nuque pour voir quelque chose au loin. Sofian l’imita et découvrit une camionnette noire discrète parquée à la sortie de la place principale et son moteur semblait allumé, comme si elle attendait de démarrer en vitesse. C’est alors que Sofian reconnut les deux personnes qui s’échangeaient des regards messagers discrets : ils avaient tenté de voler des informations confidentielles de l’Entreprise Devon deux nuits plus tôt !
– Et c’est ainsi qu’après dix longs mois de travail, nous avons pu Monsieur Rochard et moi-même finaliser…
– Attention ! s’écria Sofian qui était beaucoup trop loin pour qu’on l’entende.
Charlie, l’homme à la carrure d’athlète, lança un objet sur la scène qui explosa aux pieds de Monsieur Marco.

L’agitation qui parcourut la foule empêcha Timmy de voir ce qu’il s’était passé et les cris stridents des spectateurs provoquèrent un mouvement de panique qui terrifia Flora. Une fumée blanche s’éleva de l’estrade alors que des cris retentissaient dans les micros et Sofian eut le temps d’apercevoir la silhouette de Stephen grimper sur scène avant de se faire bousculer par une journaliste en panique. La Nirondelle s’envola de son épaule alors qu’il fut propulsé au sol suite au mouvement de recul de la foule entière. Flora cria son nom et Timmy disparut dans la foule terrorisée. Sofian essaya de se relever mais les jambes et les pieds qui passaient au-dessus de lui menaçaient de l’écraser à tout moment et il se protégea la tête alors que retentissaient enfin les sirènes des véhicules de la police.
De l’endroit où il était couché, Sofian avait une vue sur le bas de la scène. Il vit le vieux Goélise de Monsieur Marco dévaler les marches qui menaient à l’estrade tandis qu’un Nosferapti fendait l’air contre Rowan. L’employé fut projeté hors de l’estrade et les baffles répercutèrent les cris de douleur de Monsieur Rochard qui avait toujours son micro allumé. Sofian entendit la Nirondelle crier de douleur et vit du coin de l’œil le vieux Goélise plisser les yeux de douleur avant de reconnaître l’attaque ultrason du pokémon vampire. Une explosion retentit et un baffle tomba au sol en éparpillant le reste des journalistes qui avaient essayé de venir en aide aux victimes de l’attaque terroriste. Sofian entendit la voix de l’agent Jenny hurler des ordres et un moteur démarrer en trombe. Lorsqu’il rouvrit les yeux, les malfrats avaient disparus et la place était désertée.
Il se releva d’un bond sur les pavés détruits par les attaques des Caninos de la police et il lui fallut un certain temps pour reprendre ses esprits. L’attaque terroriste à laquelle il venait d’assister avait provoqué un tel mouvement de panique que certaines personnes étaient couchées au sol, ensanglantées à cause des piétinements de la foule en délire. Timmy se releva au loin en se massant la nuque à l’endroit où était toujours visible la morsure du Nosferapti qui datait de deux jours et Flora arriva auprès de Sofian en courant.
– Je me suis faite emporter par la foule ! dit-elle en un souffle.
– Qu’est-ce que c’était que ce bordel ? s’exclama Timmy en les rejoignant d’un pas pressé.
Sofian se tourna vers la scène et constata avec horreur que l’état de santé des membres de l’Entreprise Devon était plus inquiétant que les victimes du piétinement de la foule. Deux employés saignaient du nez tandis que Monsieur Rochard était allongé au sol de l’estrade, inconscient. Son chapeau melon avait roulé jusqu’au pupitre où Monsieur Marco discutait avec animosité avec l’agent Jenny.
Suivi de près par ses deux amis et la Nirondelle, Sofian accourut près de l’estrade en se faufilant entre les nombreux policiers qui aidaient les victimes à se relever et grimpa les marches quatre à quatre.
– Nous avons envoyé des agents à leur poursuite ! répétait l’agent Jenny qui avait du mal à maintenir Monsieur Marco en place.
– Mon Picko ! hurlait ce-dernier.
Le vieil homme était en proie à une crise de panique et sa colère ne faisait qu’empirer son état de nervosité. Les veines de son front menaçaient d’exploser à tout moment et Timmy prit la main du vieux marin pour essayer de le calmer. Ce geste surprit Monsieur Marco qui se tut instantanément et accepta de s’asseoir sur une chaise.
– S’il vous plait, les enfants, la situation est assez compliquée, pas besoin que vous… commença l’agent Jenny.
Mais Timmy ignora l’autorité et fit apparaître son Tarsal qui calma la respiration haletante du vieil homme grâce à ses pouvoirs psychiques.
– Ils m’ont volé mon Picko ! répéta Monsieur Marco dont la voix saccadée trahissait une tristesse profonde. Ils s’en sont pris à mon Picko, ils ont attaqué un vieillard innocent et ont volé Picko…
– Agent Jenny, appela un policier en les rejoignant avec Rowan qui se tenait le bras droit, cet homme dit qu’ils lui ont volé le prototype du Pokénav.
– Je veux savoir qui sont ces gens et pourquoi ils ont volé le Pokénav et le Goélise de Monsieur Marco ! ordonna l’agent Jenny, troublée.
– Nous savons qui ils sont ! intervint Sofian.
– Je vous demande pardon ? s’étonna l’agent Jenny en voyant les trois adolescents se mêler de l’enquête.
– Nous les avons déjà croisés avant-hier pendant la nuit ! expliqua Timmy.
– Ils essayaient de me voler les dernières mises à jour du Pokénav, compléta Rowan.
– Je vous en prie, arrêtez de discuter et sauvez mon Picko !! supplia Monsieur Marco, affalé sur sa chaise.
– Agent Jenny ! appela une voix dans son talkie-walkie. Nous venons d’intercepter le camion des terroristes. Il se trouve au bout de la Route 116 et semble vide.
– Très bien, sécurisez le périmètre, j’arrive ! répondit-elle dans son appareil avant de se tourner vers Rowan. Vous, vous venez avec moi pour me donner toutes les informations dont vous disposez sur ces deux personnages.
– Attendez ! intervint Sofian alors que l’agent Jenny et Rowan descendaient de l’estrade en courant. On veut aider !
– Restez là, les enfants, et laissez la police travailler !
Et l’agent Jenny grimpa sur sa moto avec Rowan avant de disparaître de la place principale.
– Mon Picko… se lamentait Monsieur Marco.
– L’agent Jenny va le retrouver, ne vous en faites pas, rassura Flora en lui caressant la main.
– Monsieur Marco !
Monsieur Rochard avait repris connaissance et avait terminé de donner sa déposition aux policiers.
– Je n’ai rien pu faire ! s’exclama-t-il. Je les ai vu s’enfuir avec votre Goélise mais le pauvre était trop faible pour se défendre et je n’ai rien pu faire !
– Hélas, Picko est devenu bien trop vieux pour résister à deux malfrats… se lamenta le vieux marin. Dans son jeune âge, il était capable de battre une équipe entière, mais aujourd’hui, face à ces gens… c’est sa dépouille que nous allons retrouver !
– Ne dites pas ça ! dit Timmy en prenant un air assuré. Nous allons vous aider à récupérer votre ami.
– Mais Timmy, l’agent Jenny a dit… commença Flora.
– On sait très bien comment fonctionne la police ! interrompit le jeune garçon. Avec tous les protocoles qu’ils doivent suivre, les voleurs seront à Eternara que la police aura seulement reçu l’autorisation de fouiller leur camion. On connait très bien les trois voleurs, on sait comment ils fonctionnent et on connait leur équipe. On les a déjà battus une fois, on peut les battre une deuxième fois et récupérer le Pokénav et Picko !
– Qu’attendons-nous donc pour y aller ? s’exclama Monsieur Marco en se levant d’un bond de sa chaise.
– Timmy, tu n’es pas sérieux ?! dit Flora afin d’essayer de calmer son ami.
– Bien sûr que si ! répondit Timmy d’un air défiant en prenant son Tarsal dans ses bras. Sofian, tu es avec moi ?
– Et comment ? Je ne dis jamais non à un peu d’action ! accepta Sofian en faisant rentrer la Nirondelle dans sa pokéball.
– Alors, allons-y !
– Prenons ma voiture ! proposa Monsieur Rochard en guidant le groupe vers le parking.
Bien malgré elle, Flora suivit les quatre autres dans une course-poursuite qui lui semblait beaucoup trop dangereuse.

Monsieur Rochard arrêta sa voiture loin derrière les nombreux véhicules de la police de Mérouville et le groupe sortit sur la Route 116. Face à eux, une paroi rocheuse bloquait le chemin et un camion avait été garé à l’entrée d’une grotte. Sofian vit de loin l’agent Jenny sortir du camion et discuter avec Rowan en montrant l’entrée de la grotte.
– On dirait qu’ils se sont enfuis dans le Tunnel Mérazon, constata Timmy.
– Le quoi ? interrogea Sofian.
Timmy pointa le doigt vers l’entrée de la grotte.
– C’est un tunnel naturel creusé par les vents depuis des centaines de siècles qui relie Mérouville et Vergazon, expliqua Monsieur Rochard.
– S’ils sont malins, ils se seront cachés dans la grotte, réfléchit Timmy.
– Mais le chemin n’est pas long et la police de Vergazon est sûrement déjà au courant, fit remarquer Flora. Ce qui veut dire qu’ils vont très vite être arrêtés et qu’on n’a pas besoin de…
Un policier passa devant eux en écoutant dans son talkie-walkie et cria à l’attention de l’agent Jenny :
– Toujours aucun signe d’eux à Vergazon !
– Mais pourquoi ils n’y entrent pas ? s’étonna Flora.
– Parce que le tunnel n’est pas éclairé à cause des lois qui protègent ce lieu naturel et que c’est l’endroit propice pour se cacher et attaquer sans être vu, expliqua Monsieur Rochard. Les malfrats sont coincés dans le tunnel mais peuvent se cacher des policiers ou les attaquer en attendant de trouver une solution pour s’enfuir.
– Eh bien je refuse d’attendre une minute de plus ! s’exclama Monsieur Marco.
Le vieux marin démarra en trombe à une vitesse hallucinante pour son âge et courut vers l’entrée du Tunnel Mérazon. L’agent Jenny le vit de loin et cria après lui afin de l’empêcher d’atteindre la grotte et deux policiers l’interceptèrent dans sa course. Le groupe accourut auprès de l’agent Jenny et Rowan les rejoignit.
– Qu’est-ce que vous faites ici, patron ? s’étonna-t-il.
– Je vous avais dit de ne pas vous en mêler ! s’énerva l’agent Jenny. Monsieur Marco, calmez-vous, nous allons récupérer votre pokémon !
Mais Monsieur Marco était à nouveau pris d’une crise de colère qui semblait décupler ses forces. Timmy essaya de le calmer mais même les pouvoirs de Tarsal n’avaient aucun effet.
– Bande d’incapables, je vais aller le sauver moi-même ! hurla-t-il.
Pris d’une force inouïe, il frappa de son poing les policiers qui le maintenaient en place et s’engouffra dans la grotte.
– MONSIEUR MARCO !!! s’écria l’agent Jenny.
Voulant arrêter le vieil homme, Timmy courut à sa poursuite et entra à son tour dans la grotte avec son Tarsal. Sans prendre le temps de réfléchir, Sofian suivit son ami qu’il devait protéger de tout danger, car une crise d’asthme pouvait se déclencher à n’importe quel moment dans des conditions pareilles, et Flora les suivit à son tour.
– REVENEZ ICI ! ordonna l’agent Jenny en les poursuivant.

Lorsqu’on lui avait expliqué ce qu’était le Tunnel Mérazon, Sofian ne s’était pas attendu à une obscurité aussi épaisse. Habitué à la clarté de l’après-midi, ses yeux eurent du mal à s’acclimater aux ténèbres de la grotte et repérer ses amis représentait un défi continu. Il se déplaçait en traînant des pieds afin de savoir si des obstacles se trouvaient à sa rencontre et tendait l’oreille à l’affut du moindre bruit qui trahirait la présence d’une autre âme vivante. Il préféra ne pas appeler ses amis au cas où les voleurs étaient dans les parages afin de ne pas leur faire savoir qu’ils étaient à leur poursuite, et ses amis avaient dû penser la même chose car le silence qui régnait dans la grotte était oppressant.
Un courant d’air ne cessait de siffler aux oreilles de Sofian qui avait du mal à ne pas ressentir une certaine forme d’angoisse dans le noir de la grotte. Le bruit de sa respiration qui se répercutait contre les parois du tunnel lui indiqua que le plafond devait être haut. Il heurta une colonne de pierres et constata que la grotte était remplie de stalactites et stalagmites qui pouvaient servir de cachette à quiconque voulait fuir les représailles. Mais les murs étaient serrés et s’il tendait les bras sur les côtés, il pouvait effleurer les parois de la grotte. Si les malfrats se cachaient, c’était en altitude, il en était certain.
Enfin, au détour d’un virage, il aperçut une faible lumière émaner d’un minuscule trou au loin et comprit que ce qu’il voyait était la sortie du tunnel à Vergazon. La lumière éclairait faiblement les alentours et il retrouva ses amis et Monsieur Marco éparpillés sur cent mètres.
– Je ne comprends pas, chuchota Monsieur Marco en faisant demi-tour pour les rejoindre, Vergazon est devant nous et nous ne les avons pas croisés.
– Je pense qu’ils se cachent plutôt en… commença Sofian.
Mais il fut interrompu par l’agent Jenny qui arrivait en courant.
– Vous êtes vraiment inconscients ! s’énerva-t-elle à haute voix.
– Shhht !!! l’empressa Timmy de se taire.
– Vous allez retourner tout de suite avec moi sur la Route 116 sans… !
L’agent Jenny resta muette et baissa le regard. À ses pieds, un policier était allongé de tout son long, sans connaissance. Flora poussa un cri de surprise en pointant du doigt un deuxième policier évanoui au sol derrière eux.
– Mes troupes dont on n’avait plus de nouvelles… marmonna l’agent Jenny. Qu’est-ce que…
Une explosion retentit du haut plafond et une stalactite tomba à toute vitesse sur le groupe. Sofian se jeta en arrière afin de l’éviter et la colonne de roche s’écrasa au sol en une dizaine de gros morceaux dont un fut propulsé contre le crâne de l’agent Jenny qui sombra dans le coma à son tour.
C’est alors que trois masses tombèrent à leur niveau et ils furent encerclés par deux des trois malfrats qu’ils avaient déjà rencontrés dans le Bois Clémenti. Sofian, Flora, Timmy et Monsieur Marco se resserrèrent au centre du triangle que formaient les criminels.
– Maintenant qu’on est entre nous, tu vas me donner ce qu’on t’a demandé, vieillard ! ordonna le leader du groupe, Charlie, alors que Rosh faisait en sorte de ne leur laisser aucune place pour s’enfuir.
– Rendez-moi mon Picko et allez vous faire voir ! rétorqua inconsciemment Monsieur Marco, révolté. Où est mon Picko ?
– Il est en sécurité, ne t’inquiète pas pour lui, répondit calmement Stephen qui tenait le Pokénav de Rowan en main. Ce jeu a assez duré, alors tu vas nous donner ce qu’on veut et tout va rentrer dans l’ordre !
– Vous croyez que je ne vous connais pas ? se révolta Monsieur Marco. Je sais très bien qui vous êtes, à qui vous rendez des comptes et quels sont vos manières d’agir ! Je sais très bien que vous ne me rendrez jamais mon Picko en vie, même si je collabore, alors vous pouvez vous rentrer le doigt dans l’a…
– ECOUTE-MOI BIEN, VIEUX SENILE ! rugit Charlie. Tu n’es pas en position de discuter alors tu obéis où on vous égorge un à un !
Charlie empoigna Monsieur Marco avec violence et le plaqua contre une stalagmite.
– Lâchez-le !!
En voyant le vieux marin malmené de la sorte, Timmy perdit son calme et fonça droit sur Charlie. Rosh se mit en travers de son chemin et le poussa sur le côté. Timmy valsa au sol et glissa contre des rochers avec force.
– Timmy ! Vous allez le regretter !
Sofian fit apparaître son Poussifeu et une fraction de seconde plus tard, le Chenipotte de Flora venait lui donner main forte contre les Nosferapti de Rosh et de Stephen. Un combat éclata dans le tunnel étroit et Timmy rampa sur le côté pour éviter les attaques des pokémons. Les boules de feu de Poussifeu filaient à toute vitesse contre les Nosferapti qui évitaient avec une vitesse incroyable les attaques. Chenipotte envoya sa sécrétion afin de maintenir un des adversaires au sol et Poussifeu put enfin en toucher un.
– Nosferapti ! s’écria Rosh en voyant son pokémon blessé au sol.
– Nosferapti, assez joué, attaque ultrason ! ordonna Stephen.
Une fois de plus les deux pokémons poussèrent des cris de douleurs à cause d’ondes sonores que les humains ne pouvaient pas entendre. Pendant le combat, Monsieur Marco essaya de se libérer de l’emprise de Charlie mais ce-dernier était bien trop fort pour le pauvre vieillard qui fut jeté au sol avec violence. La colère monta au cou de Timmy qui envoya son Tarsal au combat.
– Vous allez arrêter immédiatement ! s’écria le jeune garçon.
Tarsal utilisa ses pouvoirs psychiques sur Charlie pour l’empêcher de ruer de coups Monsieur Marco étalé au sol et le criminel fut immobilisé par une force invisible. À cet instant, le Nosferapti de Rosh fendit l’air et frappa de plein fouet le crâne de Tarsal. Le pokémon psy vola dans les airs et retomba sur le corps de l’agent Jenny qui se réveilla sur le coup.
– Qu’est-ce qu’il se passe ici ? s’écria-t-elle en découvrant le terrain de combat.
Poussifeu attaque le Nosferapti de Stephen et celui-ci recula pour éviter de se prendre un coup d’aile au visage. Il passa ainsi devant Timmy qui lui arracha le Pokénav des mains.
– Espèce de… ! s’énerva Stephen alors que Timmy courait loin de lui.
– Ecoute attentivement, vieux clochard, car ceci est un ultimatum ! menaça Charlie qui était à nouveau maître de ses mouvements.
Poussifeu poussa un cri de douleur suite à la morsure d’un Nosferapti et le bruit du combat empêcha Flora, qui était la plus proche de Charlie, d’entendre ses paroles.
– Maintenant, vous allez tous cesser !! ordonna l’agent Jenny, qui avait repris ses esprits, en faisant apparaître son Caninos.
Le chien au pelage rouge aboya férocement et tous les pokémons rejoignirent leurs pokéballs. Charlie, Stephen et Rosh s’alignèrent contre le mur face au groupe vainqueur des combats. Timmy aida Monsieur Marco à se relever et le vieil homme eut du mal à tenir debout.
– À tous les agents de Vergazon, dit l’agent Jenny dans son talkie-walkie, nous tenons les malfrats, préparez-vous à les recevoir.
– C’est ce que vous croyez ! répliqua Charlie en sortant un objet de sa poche. Marco, n’oublie pas ce qu’on t’a dit si tu veux revoir ta mouette en vie ! Les gars, on s’en va !
– Vous n’irez nulle part ! s’écria l’agent Jenny en se préparant à attaquer.
– Vous n’avez aucune idée de la puissance de la Team Aqua !
Charlie lança l’objet qu’il tenait en main aux pieds de l’agent Jenny. Sofian baissa les yeux pour voir ce qu’il venait de lancer et constata avec effroi la forme d’une grenade. Sans attendre les ordres de l’agent Jenny, il tira ses amis en arrière et courut le plus vite possible vers la sortie de la Route 116. Derrière-lui, la grenade explosa enfin en répandant un souffle puissant de chaleur insupportable. Le sol trembla violemment alors que Sofian était projeté brutalement contre le sol et le plafond du Tunnel Mérazon s’effondra sur les huit personnes présentes dans la grotte.
À suivre dans : « La Team Aqua »