Chapitre 242 : Innocence et incompétence
Oswald Brenwark, Premier Apôtre d'Erubin et de ce fait leader des Gardiens de l'Innocence, frappa du poing la table de réunion.
- En résumé, il ne nous reste plus que deux Piliers à défendre, dont un dont on ignore toujours sa position, c'est cela ?
La question était futile, et donnait l'impression d'être posée juste pour faire part de son mécontentement. Eryl, qui assistait à la réunion, trouvait le chef un peu injuste. Aussi en colère soit-il, il ne pouvait pas blâmer Dame Cosmunia et Monsieur Worm d'avoir échoué face à Vrakdale. De ce qu'Eryl avait appris, aucun Gardien de l'Innocence n'avait fait le poids face à Vrakdale, et ce depuis plus de vingt ans.
- Comme vous le savez, Vrakdale ne peut être blessé d'aucune sorte, répondit calmement Vaslot Worm. S'il décide de s'attaquer au Pilier Céleste, il tombera comme la Tour Chetiflor, sans que nous ne puissions rien faire. Nous pouvons combattre les autres Agents, mais nous sommes totalement impuissants face à lui.
- C'est un complot, sans nul doute, acquiesça Izizi. Probablement celui des éboueurs de Sinnoh qui sont en grève depuis deux mois. Ils soutiennent les Agents de la Corruption afin d'obtenir des revalorisations de salaire et leur treizième mois.
Personne ne releva la remarque absurde d'Izizi. Tout le monde à cette table était habitué à ses éternelles divagations paranoïaques sur des complots en tout genre.
- Personne ne peut être invincible, protesta Brenwark. Il y a forcément un moyen de venir à bout de Vrakdale.
- D'après ce qu'on a pu tirer de son passé dans la Team Rocket, Vrakdale s'est retrouvé bloqué dans une boucle temporelle, alors qu'il était en train de tomber dans le cratère d'un volcan. Nous n'en savons pas la raison ni n'en connaissons les effets exacts, mais le fait est que comme son corps est déphasé du temps et de l'espace, si on peut dire, rien ne peut l'atteindre. Même votre Bénédiction de la Lumière serait inefficace.
- Il y a un moyen qu'on n'a pas essayé, chantonna la jeune comtesse Divalina aux mèches multicolores. Eryl a détruit Slender simplement en le touchant. Le pouvoir de la Pierre des Larmes transcende peut-être l'espace-temps qui protège Vrakdale.
Eryl était prête à dire qu'elle ferait tout pour les aider - même si elle ignorait comment se servir du pouvoir de la Pierre des Larmes et même où ladite pierre se trouvait dans son corps - mais Cosmunia ne lui en laissa pas l'occasion.
- C'est trop dangereux. Nous ne pouvons pas prendre le risque de perdre la Pierre des Larmes.
- Je suis d'accord, fit Brenwark. La seule personne contre qui Eryl pourra être utilisée, c'est le Marquis lui-même. D'ailleurs, à ce propos, qu'en est-il de ce Mister Smiley ?
Worm haussa les épaules.
- Vrakdale s'est agenouillé devant lui, et je ne vois pas Vrakdale s'agenouiller devant quiconque ne soit pas le Marquis. D'un autre côté, nous n'avons aucune certitude sur l'identité de ce type masqué. Il n'était même pas physiquement là, ce n'était qu'une illusion.
- Silas pensait que c'était une fille, en réalité, intervint Eryl. Le Mister Smiley que la Team Rocket avait affronté auparavant aurait trouvé la mort avec Nuvos l'Infini.
- C'est ce que votre petit copain vous a dit ? Demanda Worm avec un sourire moqueur.
Worm semblait, pour une raison ou une autre, se méfier du fait qu'Eryl ait une relation avec un membre de la Team Rocket. En fait, depuis qu'Eryl avait rejoint les Gardiens, il n'avait cessé de toujours trouver quoi que ce soit à lui reprocher. Eryl ignorait pourquoi, mais cet homme ne l'aimait pas. Il ne semblait pas aimer grand monde, du reste...
- C'est en effet ce que m'a dit Mercutio, répondit Eryl. Mais on n'a aucune preuve que le « premier » Mister Smiley soit bel et bien mort. Mais il faut envisager la possibilité qu'il y ait deux Mister Smiley, et que l'un d'eux soit le Marquis.
- Ce qui ne nous avance beaucoup, vu qu'on ignore qu'ils sont tous les deux, fit Izizi. Vu qu'ils portent un masque suspect, ils doivent sûrement être en relation avec l'organisation des vétérinaires maléfiques. J'irai mener ma petite enquête.
Oswald Brenwark soupira, et se gratta la barbe.
- Nous nageons en eaux troubles. Nous n'avons pas assez d'information. Il faut déjà que nous en sachions le plus possible sur Vrakdale et ce qui lui est arrivé. J'ai demandé à Silas, mais il m'a fait savoir que le nom de Vrakdale avait été totalement effacé des registres Rockets. Apparement, le projet sur lequel il travaillait, ces bombes temporelles, était très sensible et top secret. Mais si nous pouvons trouver un moyen d'en venir à bout une fois pour toute, nous pourrons continuer à défendre efficacement les Piliers qu'il nous reste. D'abord le problème Vrakdale, ensuite nous nous concentrerons sur ces fameux Smiley.
- Si je peux me permettre, dit Worm, j'aimerai lancer un autre sujet sur la table.
Brenwark lui fit signe de poursuivre.
- Comme vous le savez tous, Siena Crust, que nous avons rencontré il y a deux ans au sujet de l'affaire Zelan, est devenue l'Agent 002 de la Team Rocket, et s'est donnée le nom de Lady Venamia. Or, ce nom ne nous est pas étranger. Après vérification, il s'agit d'un terme qui a souvent été utilisé par les Agents de la Corruption, et même avant eux, quand Horrorscor était toujours actif. Venamia serait le nom du monde qu'il voulait créer, ce monde corrompu et débarrassé à tout jamais des Pokemon. J'ai aussi entendu dire que ce Zelan Lanfeal avait repris ce terme à son propre compte. Maintenant, chers amis, interrogeons-nous, s'il vous plait. Pourquoi diable Siena Crust aurait-elle choisi ce nom ?
- Vous suggérez que Crust puisse être une Agent de la Corruption ? Demanda Brenwark. Après ce que lui a fait Zelan, ce serait bien la dernière à soutenir le Pokemon de la Corruption.
- Crust était proche de Zelan par le passé, insista Worm. Aujourd'hui, nous ne savons pas ce qu'est devenu Zelan, qui aurait toujours en lui deux des trois morceaux d'âme d'Horrorscor. Et voilà que d'un coup, cette jeune femme se transforme en chef de guerre dictatorial et prend le nom d'un concept des Agents de la Corruption. Coïncidence ?
Eryl ne voyait pas où Worm voulait en venir. Elle ne pensait pas que Siena ait pu, d'une façon ou d'une autre, rejoindre le camp d'Horrorscor, mais il est vrai qu'elle avait profondément changé par rapport à la fille qu'Eryl avait connue. Même Mercutio ne se l'expliquait pas.
- Que suggérez-vous, Vaslot ? Demanda Cosmunia.
- Juste de garder un œil sur cette femme. Je m'inquiète aussi du fait que Silas soit si proche d'elle. Rappelons-nous qu'elle est au courant, pour nous tous.
- Même si elle travaillait pour les Agents, elle ne pourrait rien leur dire, fit Cosmunia. Ella a promis devant moi. Ma capacité spéciale Vérité ne peut être contrée, même par le Marquis des Ombres en personne.
- Soit. Mais faisons comme j'ai dit, surveillons-là de près. Même si elle n'a rien à voir avec les Agents, ses actions pourraient leur donner envie de la recruter.
- C'est entendu, dit Brenwark. Je dirai à Silas d'ouvrir encore plus l'œil.
- Sauf votre respect, chef, j'aimerai mieux que ce soit quelqu'un d'autre.
Brenwark fronça ses sourcils broussailleux.
- Qu'est-ce que vous insinuez ?
- Ne vous méprenez pas, chef. Votre fils est un bon garçon. Ceci dit, ses liens de travail avec Lady Venamia sont tels qu'il serait... fâcheux qu'on y mêle en plus nos histoires de Gardiens de l'Innocence. Silas est bien plus dans sa base avec Venamia qu'ici avec nous. Il est un Rocket avant d'être un Gardien. S'il devait choisir entre Venamia et nous, seriez-vous sûr de son choix ?
- Evidement, gronda Brenwark. Je l'ai élevé dans le respect et le devoir dus à Erubin.
- Votre confiance est admirable, mais...
- Vous êtes mal placé pour parler de confiance, si je puis vous le rappeler, Vaslot, coupa Brenwark. Quand on a découvert que les Agents savaient pour les Piliers, vous avez soupçonné tout le monde, même Solaris, alors que vous étiez l'un des trois principaux suspects, avec moi et Cosmunia. Nous seuls savions.
- C'est mon travail de soupçonner tout le monde, chef Brenwark, se défendit Worm avec un sourire. J'ai été formé pour ça, dans la mafia. Mais comme vous dites, je soupçonne. Je n'accuse jamais sans preuve. Et là, je soupçonne que votre fils Silas ne voit sa loyauté tiraillée si on lui demandait d'espionner Venamia. J'ai dit cela, mais après, vous faites ce que vous voulez. C'est vous le Premier Apôtre.
Eryl suivit la confrontation entre Worm et Brenwark avec anxiété. Depuis que monsieur Wasdens était absent, Vaslot Worm s'était montré de plus en plus critique à l'égard du chef. On le disait ambitieux, mais là, il était clair pour tout le monde qu'il visait la place de Brenwark. Eryl n'était pas vraiment sûre de le vouloir comme Premier Apôtre.
- Je réfléchirai à cela, promit Brenwark de mauvaise grâce. Autre chose à dire ?
- Quand est-ce que Sylvestre revient ? Demanda Divalina comme si elle demandait le temps qu'il allait faire demain.
- Nos négociations avec le nouveau gouvernement de Kanto patinent, avoua Brenwark. Si ça ne tenait que de Giovanni, Lance et Sylvestre seraient aussitôt libérés, en guise de geste de paix à l'égard d'Erend Igeus. Mais Venamia et 003 s'y opposent fortement. Ça prendra sans doute encore du temps. Mais j'ai pu voir Sylvestre dans sa prison. Il est bien traité.
- Peut-être pourrions-nous essayer une autre forme de persuasion pour récupérer Wasdens, proposa Worm.
- Je m'étonne que vous soyez si prompt à vouloir le libérer, remarqua Cosmunia. Il ne se passait pas une séance sans que vous vous insultiez presque.
- Justement, c'est devenu bien calme, sans lui, avoua Worm. Puis même si nous ne pouvions pas nous sentir, nous avons grand respect pour les compétences de l'autre. Je me disais... notre nouvelle porte-parole ne devait-elle pas se rendre bientôt à Johto pour discuter avec Igeus et le mettre au courant sur les Gardiens et les Agents ?
Il dévisagea Eryl.
- C'est-ce que le chef m'a demandé, oui, confirma la jeune femme. J'ai rendez-vous avec Erend Igeus après demain. Je dois, entre autre chose ; lui révéler qui a anéanti Mauville et pourquoi.
- Ne pourriez-vous pas rencontrer quelqu'un du Protectorat de Kanto avant ? Quelqu'un qui ne soit pas un Rocket ? Nos liens avec Kanto s'arrêtent à la Team Rocket, mais je pense qu'il serait bon de nous entourer aussi de civils important. Vous pourrez lui parler de notre cause et du danger que représente les Agents si la Team Rocket ne l'ont pas fait, et insister pour que Wasdens soit libéré.
- Qui avez-vous à proposer comme contact ? Demanda Izizi. Quelqu'un qui ne soit pas lié à un complot serait le mieux.
- Que pensez-vous de ce sénateur Treymar ? Il me semble qu'il a beaucoup d'influence, et qu'il n'est pas sous la botte de la Team Rocket.
Eryl acquiesça. Elle venait de voir le sénateur ce matin aux infos, en compagnie justement de Mercutio, occupés à inaugurer le nouveau Parc Safari.
- Je tâcherai de lui parler. Peut-être Mercutio pourra-t-il arranger une rencontre rapidement.
- La guerre contre les forces d'Horrorscor sera bientôt à nos portes, et nous devons nous entourer d'alliés pour cela, approuva Brenwark. Au lieu de se combattre à distance, Kanto et Johto feraient mieux de s'unir contre le véritable danger. Eryl, vous pensez pouvoir faire comprendre cela à Treymar et Igeus ?
La fille de Dan Sybel haussa les épaules.
- Je ne les connais pas, chef Brenwark. Mais d'après ce que nous savons d'eux, ils sont tous les deux des hommes raisonnables qui préfèrent la paix à la guerre.
- Alors ainsi soit-il, conclut Brenwark en se levant. Œuvrons comme nous l'avons décidé. Que la volonté d'Erubin sois faite !
- Que la volonté d'Erubin soit faite, reprirent les autres en chœur.
***
Erend Igeus avait à peine vingt-ans, mais se trouvait être le seul et unique dirigeant de la région Johto. Ayant prévu de longue date la chute des Dignitaires à Kanto et la victoire de la Team Rocket, le jeune homme avait préparé sa fuite vers Johto, uniquement accompagné de sa fidèle Ladytus, à la fois Pokemon, amie et conseillère. Le système politique de Johto dépendait largement des décisions des Dignitaires à Kanto. Il y avait ce qui se nommait un Conseil Consultatif qui pouvait diriger l'armée locale. Pour le reste, le Conseil Consultatif avait toujours suivi la politique des Dignitaires. Sans eux, ils étaient perdus. Donc, quand Erend est arrivé ici, ils l'avaient accueilli avec joie et lui avaient refilé les rênes du pouvoir avec de grands sourires.
Erend avait aménagé dans un grand hôtel de Doublonville, la capitale. Il passait la moitié de son temps à recevoir les politiques et acteurs économiques locaux, et l'autre moitié à mettre en place les défenses militaires autour de Johto. La frontière avec Kanto faisait tous les jours les fruits d'attaques dissimulées de la GSR, qui cherchait le moindre prétexte à la guerre. Erend connaissait assez Venamia pour savoir que bien qu'elle crevait de conquérir Johto, elle n'allait pas le faire sans le soutien du nouveau gouvernement, soutien qu'il ne lui accorderai pas tant que Johto n'aura pas attaqué le premier. Erend avait donc donné des ordres très clairs aux soldats en poste à la frontière : totale interdiction d'ouvrir le feu. Celui qui serait surpris à engager le combat avec la GSR sera tout bonnement exécuté. C'était dur, mais nécessaire.
- Voyez ce tableau, mon garçon. Un pur chef d'œuvre du maître Oac-Bron, datant de 1642. Quelle perfection !
Erend quitta la contemplation de la mégalopole pour se tourner vers l'homme qui le suivait presque partout depuis qu'il était arrivé à Johto. Le général Gontran Van Der Noob était le commandant en chef de l'armée de Johto, et donc le premier collaborateur d'Erend. La première fois qu'il l'avait rencontré, il avait craint le pire. Il savait que Van Der Noob avait été placé à ce poste par du piston de la part des Dignitaires. Son habitude vestimentaire était plus celle d'un quelconque bourgeois que d'un soldat. Là, aujourd'hui, il portait un haut de forme bleu, avec un chapeau qui montait assez haut marqué d'une étoile, et il avait son éternel monocle à l'œil gauche. Et puis... Bon, Erend n'était pas du genre à se laisser avoir par les impressions ou les idées reçues, mais quand on s'appelait Van Der Noob, ça n'augurait rien de bon.
Mais il avait laissé sa chance au général, et avait vite convenu qu'il était le pire incapable que la Terre n'ait jamais porté. Il avait une vision de la guerre des plus archaïques, n'entendait rien aux tactiques adverses et n'avait aucune notion de la vie au front et de comment gérer ses propres soldats. C'était juste un homme qui vivait par la richesse et pour la richesse. Il était pompeux, arrogant, et appelait toujours Erend « mon garçon ». Bref, le portrait typique d'un Dignitaire. Pas étonnant qu'ils l'aient choisi lui pour diriger l'armée de Johto à leur place.
Mais c'était aussi un idiot, et Erend savait comment manipuler les idiots. Il suffisait de les flatter, de leur proposer des idées tout en leur faisant croire qu'elles venaient d'eux. Erend aurait pu se dispenser de cet incompétent à ses côtés, mais il en avait besoin. C'était lui qui commandait l'armée, pas Erend. Avec le temps, Erend aurait sans doute pu s'en débarrasser et commander lui-même, mais ça aurait pris un temps qu'il n'avait pas. Il était obligé de faire avec le général Noob.
- En effet général, acquiesça Erend. Une bien belle toile. Vous êtes donc cultivé en matière d'art, cher ami ?
- Naturellement, répondit Van Der Noob. C'est là le savoir d'un gentilhomme. Vous qui venez aussi de bonne famille, vous devriez le savoir, mon garçon.
- J'ai quelques connaissances, mais rien qui n'égale les vôtres, j'en suis sûr, concéda aimablement Erend. Je n'ai hélas pas trop eu le temps de m'y plonger comme je le voudrais. Je suis encore jeune, et j'ai déjà eu une vie très occupée.
- Ah oui, ces guerres... Franchement, elles sont une telle perte de temps et d'argent ! Quand je pense à tout ce qu'on pourrait faire de plus intéressant. Parce que si nous n'étions pas là, nous serions ailleurs, vous voyez ?
- En effet, aussi tâchons d'y mettre un terme assez rapidement, général.
Erend savait que ce qu'il disait était absurde. Jamais Johto n'aurait de quoi lutter contre la puissance militaire de la Team Rocket. Si Venamia décidait de les envahir même sans provocation de leur part, Johto ne tiendrait probablement pas une journée. Mais comme le général Noob était stupide, il pensait sans doute que son armée pouvait écraser celle de la Team Rocket comme bon lui voulait.
Ah, comme Erend regrettait le général Lance... Lui, c'était un homme compétant, un meneur d'hommes exceptionnel, et un Maître G-Man et Pokemon par-dessus le marché. Il espérait qu'il allait bien. Erend lui aurait bien proposé de s'enfuir à Johto avec lui avant la bataille de Safrania, mais le général n'aurait jamais abandonné ses hommes ni son poste. Peter Lance était un homme d'honneur et de devoir. Erend respectait ces choses-là, mais quand on jouait contre Siena Crust, l'honneur et le devoir étaient plus des freins qu'autre chose. Si on voulait gagner contre Venamia, il fallait se montrer encore plus retords qu'elle.
- Je vous l'ai déjà dit, mon garçon, fit Noob du ton de celui qui expliquait quelque chose de simple à un très jeune enfant. Le seul moyen pour en finir avec la Team Rocket rapidement, c'est d'aller reprendre Kanto. Notre armée écrasera ces malotrus de Rockets sans qu'ils ne puissent comprendre ce qui leur arrive ! Parce que si on les tue, après ils seront morts, vous voyez ?
- Euh... sans doute, général, mais je suis d'avis de ne pas précipiter les choses. Le Protectorat de Kanto a été reconnu par la communauté internationale. Si nous l'attaquions, ce serait considéré comme une agression injustifiée d'un autre territoire. Nous sommes plus civilisés que les Rockets, n'est-ce pas général ? Nous respectons les lois et les conventions, à l'inverse d'eux.
- C'est vrai, admit Noob. Ce serait trop les considérer que de faire tous ces efforts pour ces marauds. Mais alors, nous restons là sans rien faire, seulement à défendre ? Parce que si nous ne bougeons pas, eh bien nous resterons là, vous voyez ?
- Certes. Mais même si nous ne pouvons pas attaquer directement, nous pouvons le faire plus discrètement. Je pense à des missions d'infiltrations à Kanto, miner le pouvoir de Venamia de l'intérieur, ce genre de choses... Vous y avez pensé, vous aussi, j'en suis sûr.
- Bien évidement, mon garçon. Je ne l'ai pas dit parce que c'était évident. Qu'est-ce que vous proposez, au juste ?
- Le général Lance est toujours prisonnier de la Team Rocket, avec les autres Dignitaires. Si nous les délivrons sans que Giovanni ne puisse nous accuser directement, ce sera un grand coup.
Erend n'avait que faire des Dignitaires, mais il voulait Lance à ses côtés contre la GSR. Van Der Noob fit mine de réfléchir. Fit mine seulement, parce que cet homme n'était sûrement pas équipé pour réfléchir.
- Délivrer Lance...
- Oui, insista Erend. Pensez à tout ce qu'il pourrait apprendre d'un homme aussi expérimenté que vous.
- Bien sûr, admit Noob. Oui, le délivrer, c'est bien. Parce que si nous le délivrons, il ne sera plus en prison, vous voyez ?
- C'est là une remarque d'une grande intelligence et d'une grande sagesse, acquiesça Erend. Quant au plan pour le tirer de prison...
- Laissez donc, mon garçon, l'interrompit Noob avec un fin sourire. Le plan, je l'ai déjà.
- Ah bon ? S'étonna Erend en craignant le pire.
- Oui. J'ai une unité très spécialement spéciale que j'ai fondée et entraînée moi-même. Les personnes qui la composent sont l'élite de notre armée. S'infiltrer en territoire ennemi et délivrer nos alliés sera un jeu d'enfant pour eux.
- Je vois... Je serai très curieux de rencontrer ces héros, général.
- Je vais faire le nécessaire très vite, promit Noob. Parce que quand vous les rencontrerai, vous les verrez, vous voyez ?
- Oui, et j'ai grande hâte. Je m'en remets à vous, général. Je sais que je peux compter sur votre intelligence et sur votre sens du devoir.
- Naturellement, naturellement...
Erend attendit que le général Noob ait franchi le seuil de son bureau pour s'asseoir en soupirant et en se frottant les tempes. Franchement, était-il permis d'être aussi idiot que ça ? Comment pouvait-il espérer vaincre Venamia avec un ahuri pareil ?! Qu'avait-il fait à Arceus pour mériter ça ?! L'air autour de lui changea. Il devint plus frais, plus pur, plus reposant. Erend s'en regorgea et se tourna vers Ladytus pour la remercier de son attaque Aromathérapie. Même si Erend n'était pas blessé, l'air pur et floral que produisait Ladytus l'apaisait et réduisait significativement son exaspération.
- Tu sais, commença Erend, c'est dans ces moments que j'en viens à me dire que me rendre à Crust au moment où elle a conquis Safrania aurait été un bien moindre supplice que de subir ce type là...
- Crust ne t'aurai pas fait emprisonner comme Lance et les autres, répliqua Ladytus de sa voix féminine et profonde. Elle t'aurait tué elle-même.
- Probablement. Et la mort aurait été moins cruelle que la compagnie de Van Der Noob.
Ladytus, sentant le besoin de son ami humain, alla lui remplir un verre d'un alcool forcé. Erend, qui n'était pourtant pas un habitué de buverie, le descendit d'un coup.
- Cette mission d'aller sauver Lance et les autres... c'était sérieux ou c'était pour ne plus l'avoir dans les pattes ? Lui demanda Ladytus.
- Un peu des deux, sans doute. S'il réussit, c'est tant mieux, mais je ne me fais guère d'illusions. Même moi, je ne peux pas faire grand-chose. Nous sommes bloqués. Venamia peut nous rayer de la carte en un instant si l'envie lui prenait. Et l'envie, je suis sûr qu'elle l'a. Notre seul espoir est de compter sur le bon sens de Giovanni et de leur Assemblée pour privilégier la paix. Je suis prêt à négocier pour si peu qu'ils le veulent aussi. Le problème, c'est que...
- Venamia ne voudra jamais, compléta Ladytus. Pas tant que tu seras le dirigeant de Johto.
- Et je n'envisagerai la paix parfaite entre nos deux régions que quand Venamia sera sortie de l'échiquier. Cette femme est une bombe à retardement. Avec son Mégador, elle a les moyens de faire sauter le monde entier. Il faut tout mettre en œuvre pour l'éliminer, au moins politiquement. Il faut que Giovanni comprenne ça, et vite.
- Il commence à le comprendre, apparemment. Selon les infos, il s'est allié avec le sénateur Treymar et a commencé à courtiser le professeur Chen.
- C'est bon signe, concéda Erend. Treymar est devenu un incontournable sur la scène politique de Kanto, et si Giovanni est prêt à négocier avec Chen, son pire ennemi, c'est qu'il sait que Venamia est une ennemie encore plus dangereuse. Quand Venamia sera en minorité à Kanto, j'interviendrai pour demander officiellement la paix.
- Mais la GSR a encore beaucoup de pouvoir là-bas, signala Ladytus.
- Je sais. Pour ça, il nous faudra compter sur le reste de la Team Rocket, ceux qui sont opposés à Venamia, comme la X-Squad. Je n'ai pas demandé à Ithil d'y rentrer sans raison. Ils seront la clé qui nous permettra de nous débarrasser de Venamia. Mais pour l'instant, nous ne pouvons que patienter. Aidons plutôt Noob à monter sa mission de récupération. Mais je crains que si, comme il le dit, c'est lui qui a formé sa fameuse unité, Lance ait du souci à se faire...