Chapitre 11 - Un refuge parfait
Polarhume s'appliquait à trouver une bouche d'aération, qui si possible puisse lui donner accès à la réserve de nourriture. Les « entrées » ressemblaient à de gigantesques hauts parleurs blancs. Il réussit à escalader le premier qu'il vit et se glissa à l'intérieur. Juste au bon moment, un marin passait devant. Il se laissa tomber à l'intérieur, mais la chute fut plus longue et plus douloureuse que prévu. Après s'être relevé péniblement, le dos en compote, Polarhume se mit à avancer, cherchant à présent une sortie au niveau de la réserve de nourriture. Il se demanda ce que pouvaient bien manger les humains.
Il passa devant plusieurs grilles qui donnaient sur plusieurs pièces. Dans l'une d'elles, Polarhume entrevit des trophées sur lesquels des têtes de Pokémons étaient accrochés. Du Cerfrousse au Nemelios, toute sorte de têtes étaient accrochées. Il sentit une larme couler sur sa joue. Les humains étaient vraiment horribles. Il détourna la tête pour éviter d'être saisi par un haut-le-coeur et continua son chemin. Ça ne présageait rien de bon pour la nourriture. Il put voir une autre pièce, cette fois, des armes étaient accrochées au mur et des caisses de munitions étaient empilées à terre. Rien d'intéressant pour Polarhume. De plus, cette pièce n'avait pas l'air rassurante.
Encore une pièce. La réserve de nourriture n'était pas encore là. Il n'y avait dans celle ci que des lits superposés. Certainement ceux des matelots. Il continua à avancer. Plus il marchait, plus ses jambes lui pesaient. Il n'avait pas dormi depuis qu'il avait quitté la faille des deux gros blocs de glace. Soit pratiquement vingt quatre heures. Et il n'avait pratiquement pas mangé. Il tomba enfin sur le Graal, la réserve de nourriture. Le plus dur était fait, quoique. Il lui restait encore à enlever la grille de métal qui le séparait encore des caisses de vivres et sauter en bas sans se faire mal.
Sans réfléchir, il lança une attaque Eclats Glace sur la grille, qui céda. Mais un matelot, qui passait à ce moment là, entendit le bruit que fit la grille en chutant. Polarhume vit la porte s'ouvrir et juste à temps, se cacha dans le conduit, en dehors du champ de vision de l'humain. Ce dernier vint replacer la grille à sa place en maugréant à voix basse quelque chose d'inintelligible. Polarhume jura et retira la grille une seconde fois après que le marin fut parti, mais avec les pattes cette fois. Il la glissa doucement à l'intérieur du conduit et la reposa, tout aussi délicatement. Il regarda ensuite par le trou du conduit et chercha un point où atterrir après son saut. Il trouva une caisse surélevée quelques mètres plus loin. En prenant de l'élan, il pouvait l'atteindre.
Rassemblant son courage, il prit une grande inspiration, recula jusqu'au fond du conduit, et en courant, sauta en direction de la caisse. Il s'y agrippa de justesse et commença à descendre prudemment la pile de caisses. Quand il arriva au sol, il poussa un soupir de soulagement... qui fut court. La porte s'ouvrit encore une fois et laissa passer deux marins qui heureusement ne virent ni Polarhume, ni l'absence de la grille de la bouche d'aération. Ils prirent une caisse en rigolant et criant : « A table ! » puis partirent.
Polarhume soupira une deuxième fois de soulagement. Il devait s'habituer, les humains viendraient sûrement plusieurs fois par jour.
La curiosité d'ouvrir une des caisses pour découvrir ce avec quoi il se nourrirait les prochains jours lui vint soudain. Il trouva un coin calme et tira avec difficulté la caisse la plus proche de lui. Les humains ne devaient pas trouver les caisses ouvertes, sinon ils devineraient sa présence. Il trouva un morceau de ferraille qui traînait et s'en servit comme pied de biche avec lequel il ouvrit la caisse. Ce qu'il y trouva lui fit lâcher le bout de ferraille et détourner la tête. Il en pleura d'horreur. De grosses larmes coulèrent sur ses joues. Il s'affala, dos à la caisse. Des morceaux éparpillés de Sharpedo et des Magicarpe sans globes oculaires trônaient dans la caisse.
Il rassembla le courage pour ouvrir une deuxième caisse, qui lui donna la même réaction que la première. Des Kokiyas morts étaient empilés les uns sur les autres. Dans une troisième caisse se trouvaient des choses bien plus... humaines telles que des pâtes, du riz, des légumes... Mais ce n'était pas une nourriture pour Polarhume. Il devrait, à contre-coeur se contenter des restes de Sharpedo, de Magicarpe et de Kokiyas. Ces vivres étaient appétissants, mais présentés d'une manière tout à fait ignoble. C'était bien humain de retirer les yeux des Magicarpe. Les Polagriffe eux, mangeaient les Bargantua crus et quelques instants après la pêche seulement. Ils ne les conservaient pas de cette manière.
Polarhume prit un morceau de Sharpedo, et se mit à le manger, lentement, repensant à tout le chemin qu'il avait déjà parcouru. Il y a quelques semaines, il était encore en Antarctique, avec ses parents. Tout passe si vite...
Soudain, Polarhume entendit un bruit, qui ne s'arrêta pas. Il sentit le bateau avancer. Le voilà qui était embarqué sur un navire de guerre avec des humains fous à lier, et en plus de ça, il ne connaissait pas la destination de ce navire, enfin pour le moment. Son GPS mental l'aiderait sûrement une fois que le navire aura pris la direction de sa destination. En attendant, il continuait à manger son morceau de Sharpedo, recroquevillé dans un coin de la pièce, où il passerait probablement la nuit.