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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 20/08/2014 à 08:37
» Dernière mise à jour le 08/10/2016 à 19:13

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 3 : Les Paxen
Ludmila



Ayant vécu toute mon enfance dans un monde où les Pokemon maltraitaient les humains, où il fallait rester le plus loin d'eux possible si l'on voulait survivre en étant libre, où l'on se demandait chaque jour si on verrait le jour prochain parce qu'on avait eu la malchance d'être humain, je devais avouer que je ne portais pas spécialement les Pokemon dans mon cœur. Bien sûr, en tant que Paxen, je ne devais pas faire preuve de racisme. Les Paxen, le peuple rebelle qui résistait à l'Empire de Pokemonis, était composé aussi bien d'humains que de Pokemon.

J'avais des chefs Pokemon, des amis Pokemon, et mon compagnon, mon frère d'arme chez les Paxen, Penombrice, était un Pokemon. Dans la mesure du possible, on tâchait de réunir un humain Paxen avec un Pokemon Paxen, justement pour forger ces liens de solidarité et d'égalité entre les deux races que nous voulons imposer au monde. J'avais donc appris à ne plus détester les Pokemon. Mais je dois dire que face à des Pokemon comme ce Cresuptil, le maire de Ferduval qui était si fier de ma capture, tenir cet engagement m'étais difficile. Ce n'était pas un impérial, mais il était tout ce contre quoi nous autres Paxen luttions.

- Je ne connais pas bien les critères de beauté pour ceux de ta race, me dit le reptile sur deux pattes. Dis-moi humaine, es-tu considérée comme séduisante par les tiens ?

Cette arrogance dans la voix, cette façon de m'appeler si méprisante de m'appeler « humaine »... L'archétype même du Pokemon esclavagiste orgueilleux. Mais en plus, il semblait que ce Cresuptil était aussi un magouilleur et un escroc. Normalement, s'il suivait la loi de l'Empire, il aurait dû me remettre aux autorités impériales. Tous les esclaves en liberté devaient être signalés. Mais non, Cresuptil comptait me garder pour lui. À ce que j'avais compris, il comptait faire de moi le gros lot d'un de ses tournois d'arène de barbare.

Oh, je n'étais pas mécontente qu'il le fasse. Ça m'arrangeait au contraire. Mon but était de rester dans cette ville et de trouver l'alliée des Paxen que j'étais venue chercher. Que l'Empire soit au courant de ma présence ne m'aurait pas du tout arrangé, car si ce crétin de maire de pacotille ignorait qui j'étais, les autorités impériales, elles, le savaient très bien.
Comme je mettais trop longtemps à répondre, Cresuptil me frappa du bout de sa queue. Je retins mon envie dévorante de lui briser son long et frêle cou, et je pris cet air d'esclave apeuré et soumis que je détestais tant.

- Je... je ne sais pas, messire Pokemon, monsieur... Je sais juste que les esclaves mâles de la ville d'où je viens me regardaient souvent, messire...

- Et c'est bon signe ça, non ?

- Je crois, messire.

Je ne peux retenir ma pique bien longtemps, et même si je savais que j'allais regretter ma fierté, je lançai :

- Mais pourquoi vous en soucier, messire ? Les Pokemon se moquent bien de savoir si leurs esclaves trouvent une autre esclave à leur goût.

Le coup ne tarda pas. En me tenant ma joue endolorie, je m'imaginai en train d'enfoncer mon bâton Desgen dans le cul de cette ordure, si toutefois il avait un cul...

- Tu es une humaine bien insolente, le sais-tu ?

- Mille pardons, messire Pokemon...

- Ce n'est pas un mal pour un esclave à gagner. Nous autres Pokemon, nous adorons mâter les humains pour les rendre docile. Tu changeras vite d'attitude dès que ton futur maître t'aura un peu dressé.

Je hochai la tête, soumise, en songeant que le Pokemon qui pourra briser ma volonté et fermer ma grande gueule n'était pas encore né. Les Pokemon disaient que les humains étaient têtus, et moi, j'étais bien plus têtue que la moyenne humaine. Mais de toute façon, je ne resterai pas assez longtemps pour que mon futur acquéreur ait le temps d'essayer. Dès que j'aurai un maître et une certaine liberté de mouvement, je reprendrai ma mission, et partirai vite fait de cette ville pourrie.

J'étais pour l'instant enchaînée dans le bureau de Cresuptil. Je ne comptais pas m'échapper pour le moment, mais le maire cupide ne voulait pas prendre le risque que son gros lot lui fausse compagnie. Vrai que les pouilleux de Ferduval n'avaient pas beaucoup l'occasion de posséder une humaine. Etant née chez les Paxen, je n'ai jamais été esclave, mais je savais très bien ce qu'aurait été mon destin ici. Condamnée à une vie de reproductrice pour tous les esclaves dont les maîtres étaient assez riches pour se payer ce luxe. Alors que la population humaine faiblissait de plus en plus chaque année, les femelles étaient devenues de plus en plus rares, et quand il y en avait une en âge fécond, les Pokemon ne perdaient pas de temps. Pour continuer à avoir des esclaves humains, il fallait bien les faire se reproduire.

J'avais pitié des femmes condamnées à ce sort là. Pourtant, comparé à ce que vivaient les esclaves mâles, le sort des femelles était plutôt enviable, en fait. Elles étaient tellement rares et précieuses que les Pokemon les traitaient bien mieux que les garçons. À la base Paxen, il y avait trois femmes qui avaient dû subir ce genre d'existence. L'une d'entre elle avait porté pas moins de vingt-six enfants ! Et le pire, c'était qu'elle ne les avait vu que le temps qu'ils soient sevrés. Aujourd'hui, ils étaient dispersés dans tout l'Empire, comme esclaves dans plusieurs villes différentes. Les Paxen étaient le seul groupe humain qui pouvait encore faire des enfants et les élever comme ils le souhaitaient. J'estimais avoir beaucoup de chance d'être née l'une d'entre eux.

- Tu as un nom, l'humaine ? Demanda Cresuptil.

J'hésitais à lui donner un faux nom. J'étais assez gourde question mémoire, et je pourrai me trahir si je lui donnais un nom dont je ne me souvenais plus ensuite. Et puis bon, cet idiot de Pokemon n'avait sans doute jamais entendu parler de l'identité du Paxen qui avait tué le Seigneur Protecteur Xanthos, surtout si je ne lui donnais pas mon nom de famille.

- Ludmila, messire, répondit-je.

- C'est le nom que t'a donné ton ancien maître ?

- C'est le nom que m'a donné ma mère, messire. Mes maîtres précédents n'ont pas jugé utile de le changer.

- Qui était ton maître précédent ?

- Messire Coatox, de la cité de Fresquan, inventai-je rapidement.

- Tu as de beaux habits, et de beaux cheveux. Ton maître devait être quelqu'un de riche pour t'accorder tant d'attention, non ?

- En effet, messire. Mais il était en manque de finance à la fin, et n'a pas pu payer la totalité de la somme qu'il avait promis à mon maître précédent. Il m'a juste fait me reproduire et a pris l'enfant avant de me relâcher dans la nature.

Ouf, pas d'erreur dans mon histoire bidon. D'un autre côté, ce Cresuptil était si avide de m'obtenir qu'il se fichait sans doute des détails de mon passé.

- Tu as donc déjà porté un enfant ?

- Oui messire.

J'espérais qu'il n'irait pas demander qu'on vérifie si j'étais encore vierge ou non, car je l'étais. L'examen se pratiquait automatiquement dans les grandes villes impériales. Mais bon, aucun des Pokemon de Ferduval ne devait savoir comment on vérifiait cela. Continuant à m'examiner de plus près, il posa sa main visqueuse sur mon médaillon en forme de Yin et de Yang jaune et vert.

- Et ça c'est quoi ?

Je me retins de lui dégager sa sale main de là. Le médaillon de la famille Chen, qui se transmettait de génération en génération depuis le célèbre Régis Chen lui-même. Mon père me l'avait remis juste avant qu'il ne parte pour sa dernière mission, celle qui allait lui couter la vie. Ce médaillon était mon bien le plus précieux, et ma source de fierté.

- Un bijou sans valeur de mon ancien maître, messire.

Pour changer de sujet, je demandai :

- Messire, ai-je votre permission de poser une question ?

- Vas-y.

- Pourquoi m'offrir en tant que lot pour votre tournoi ? Pourquoi ne pas me garder pour vous ?

Les grands yeux de Cresuptil se mirent à briller, comme sans doute à chaque fois qu'il songeait à l'argent.

- As-tu la moindre idée du nombre d'inscrits qu'il y aura pour le Grand Tournoi avec toi comme premier prix ?

- Non messire. Je ne suis qu'une humaine ignorante.

- Evidement... Eh bien, les années ordinaires, nous faisons environ soixante-dix participants. Le prix d'inscription est de cent jails, ce qui nous fait donc sept-mille jails pour un Grand Tournoi normal. Depuis que j'ai annoncé que tu serais le gros lot, le nombre de participant va sans doute doubler, voire plus. Tous les Pokemon de la ville iront inscrire leur esclave, même s'il n'est pas un combattant de carrière. Ça fera donc au moins quatorze-mille jails. Enfin, ça aurait fait, car pour l'occasion, vu le premier prix, je vais doubler les tarifs d'inscriptions. Donc vingt-huit milles jails au bas mot. Une esclave humaine apte à la reproduction vaut en moyenne quinze-mille jails. Même une idiote comme toi peut voir le bénéfice que je vais faire.

- En effet, messire, acquiesçai-je en faisant mine d'être impressionnée. C'est très intelligent.

- J'ai un certain don avec les jails, se gratifia lui-même Cresuptil. Ils m'aiment autant que je les aime. Tu vas me rendre riche, humaine, et moi, je vais te dégoter un maître aimant qui n'aura pas à t'abandonner parce qu'il n'aura pas pu te payer. N'est-ce pas là un échange des plus profitables ? C'est Arceus le grand, béni soit-il, qui a voulu que nous nous rencontrions !

Je lui souris. En effet, quelle chance d'être tombée sur un idiot doublé d'une crapule. Si j'étais passée entre les mains d'un fonctionnaire impérial à cheval sur le règlement, ça se serait sans doute très mal terminé pour moi. Cresuptil retourna s'asseoir à son bureau coloré et probablement hors de prix, et se mit à marmonner :

- Il faut profiter de vous autre, les humains, tant que vous êtes encore là. Les prévisions impériales estiment que dans moins d'un siècle, vous ne serez plus que dix mille à peine, et que vous aurez totalement disparu dans deux siècles. La faute à ce fou d'Anthroxin et de son poison qui a modifié votre fertilité lors de la guerre.

- C'est le Seigneur Protecteur Xanthos qui lui avait ordonné cela, lui rappelai-je.

Je cru qu'il allait à nouveau me frapper pour mon insolence, mais il se contenta d'acquiescer.

- Oui, c'est le cas. Une bien bonne idiotie, malgré toute l'admiration que j'ai pour le Seigneur Xanthos et ce qu'il a fait pour ma race. Il devait savoir qu'à terme, ça allait faire disparaître toute votre espèce. Peut-être haïssait-il tellement les siens qu'il voulait tous vous exterminer.

Je haussai les épaules. Je ne connaissais pas les motivations réelles de Xanthos quand il avait ordonné cela, mais c'était sûr que ça finirai par poser problème. Le pire, c'était qu'il n'existait aucun antidote. L'ADN humaine avait été irrémédiablement modifiée par ce virus et s'était transmise de génération en génération. En tant que fille, je me savais être un cas rare. Il n'y avait pas beaucoup de femmes humaines dans le monde, et donc, automatiquement, chez les Paxen non plus. Pour que la rébellion ne s'éteigne pas, les Paxen étaient obligés de faire des raids dans des villes pour kidnapper des esclaves. S'il y avait des femmes parmi eux, c'était encore mieux.

Je ne devais pas me leurrer. J'étais une Paxen connue et célèbre, respectée pour mon nom de famille, pour mon père qui fut un grand leader, et pour avoir moi-même affronté et vaincu Xanthos, il y a deux ans. Mais en dépit de tout ça, tout le monde à la base s'attendait à ce que je me trouve vite quelqu'un pour donner aux Paxen plein de bébés. Dès lors, finies les missions périlleuses. Déjà, Astrun, notre leader actuel, essayait de me ménager, de m'envoyer de moins en moins au front. Eh oui, j'étais la dernière Chen vivante, et donc un fort symbole, et en plus, une fille. Si les Paxen avaient moyen de m'enfermer dans une cage pour que rien ne m'arrive, ils le feraient sans doute.
De son coté, Cresuptil avait continué son monologue.

- ... ne saurait imaginer ce que ça aurait été si vous aviez pu vous reproduire sans problème. Nous aurions alors bien plus d'esclaves ! Et donc bien plus d'argent ! Quel rêve ça aurait été...

Je songeai vaguement que s'il n'y avait pas eu le virus d'Anthroxin, nous aurions sans doute gagné la Guerre de Renaissance. Oui, nous étions plus faibles que les Pokemon, mais nous avions notre nombre pour nous. Grâce à ce maudit poison, Xanthos et l'Empereur n'avaient plus qu'à attendre que notre nombre diminue pour nous écraser.

- Enfin, c'est ainsi, conclut le maire avec philosophie. Qui suis-je pour contester les décisions du Seigneur Xanthos ou de l'Empereur, hein ? Le Grand Tournoi commence bientôt, et j'ai à faire. Tâche de la boucler maintenant, l'humaine.

Comme si c'était moi qui parlait... La suite du programme pour ma part était ainsi faite : je laisse cet imbécile faire son tournoi et me refourguer au gagnant. Je joue pendant un temps - très court - le rôle de la gentille petite esclave obéissante, sauf si bien sûr cela implique de laisser un esclave mâle poser ses pattes sur moi. Auquel cas, j'accélérerai ma fuite, même si c'était risqué. Il fallait auparavant que je me renseigne sur l'alliée des Paxen qui se cacherait dans cette ville. Astrun m'avait certifié qu'elle était ici, mais sans doute sous une autre identité que celle qu'elle utilisait du temps où elle aidait activement la rébellion.

Tout cela pourrait prendre un certain temps, sans doute plusieurs jours. J'espérais que Penombrice, qui se cachait en dehors de la ville avec notre colis, suivrait le plan et continuerai de le faire. Hélas, je connaissais bien mon partenaire Pokemon. La raison pour laquelle on s'était mis ensemble, c'était que nous étions pareils sur un point : nous détestons attendre.


***

Penombrice



Le froid et la neige ne me gênaient pas. J'appréciais les deux. Normal, me diriez-vous : je suis un Pokemon de type Glace. Mais tous les Pokemon n'étaient pas comme moi, et pire encore, les humains étaient si fragiles qu'ils pouvaient tomber gravement malade, voire mourir à trop rester au froid. Or, ma mission actuelle était de garder, de protéger et de maintenir en vie l'un d'entre eux. Le jeune humain aux cheveux noirs que le conseil des Paxen nous a chargé de mener à l'alliée se trouvant à Ferduval.

Ma camarade humaine, Ludmila, s'était faite capturée sans résister pour pouvoir pénétrer dans l'enceinte de la cité. J'ignorais totalement comment elle allait procéder, mais elle aurait un plan. Elle avait toujours un plan, aussi stupides et irréfléchis soient-ils. Je m'inquiétais pour elle, bien sûr. Je la connaissais assez pour avoir toute les raison de le faire. J'aurai pu me faufiler dans la ville sans être arrêté. Les gardes et la muraille n'étaient pas un problème, mais c'est ensuite que je me ferai rapidement repérer. Si les Pokemon savaient rarement différencier un humain d'un autre, ils se reconnaissaient entre eux, et moi, vu que ma race était quand même relativement rare, j'attirerai très vite l'attention. Je devais donc attendre, sans me faire repérer - ce qui était facile - et sans que l'on repère l'humain inconscient que je gardais... ce qui l'était un peu moins. Moi, je pouvais me fondre dans la neige ou dans les ombres. Les humains n'avaient pas ce talent pratique.

Les nuits étaient très froide, et je dus vite trouver un abri pour l'humain. Le porter ne fut pas non plus aisé. J'étais un Pokemon Spectre, et donc pas tellement versé dans la force physique. Mais le traîner dans la neige n'était pas une bonne idée. Ça aurait laissé des traces. Alors que moi, quand je marchais, je n'en laissais aucune, en bon Pokemon immatériel que j'étais.
Je dénichai bien vite une grotte en bordure de la forêt. Elle était la demeure d'un vieil Aeropteryx, qui se réchauffait à côté d'un bon feu en grignotant quelque os. C'était un Pokemon Roche et Vol, j'aurai donc pu très bien m'en charger avec mes attaques glaces. Mais je n'en avais pas besoin. Les Pokemon qui refusaient d'habiter en ville et qui continuaient à vivre dans un état quasi-sauvage étaient généralement neutres dans le conflit opposant l'Empire aux Paxen. Ils s'en fichaient royalement, et cet Aeropteryx ne faisait pas exception.

- Bonjour l'ami, fis-je en rentrant dans sa grotte. Je me nomme Penombrice et je suis un Paxen. J'ai besoin d'un abri sûr pour quelque temps, où personne ne trouvera l'humain que je transporte. Me feras-tu l'honneur de m'accueillir dans ton antre ?

Aeropteryx me jeta un coup d'œil, puis à l'humain aux cheveux noirs.

- Il a l'air bon, ton humain. Donne m'en un petit morceau, croâââ.

- Je crains que ce ne soit impossible. Il est d'une grande importance pour la cause Paxen.

Aeropteryx grogna en m'invitant à approcher.

- Croâââ, la cause Paxen, une vaste blague ! Vous avez autant de chance de gagner contre le vieux Daecheron que les Ramoloss de voler un jour. Et si j'avais autant de jugeote qu'Arceus en a donné aux Magicarpe, j'irai immédiatement trouver une patrouille impériale pour vous dénoncer.

- Pourquoi te retenir, l'ami ?

- Croâââ, je ne peux pas blairer ces crétins de l'Empire. Ils se croient si supérieurs, à vivre dans leurs belles cités, avec tout plein d'humains pour exaucer leurs moindres désirs. Vermines que tout cela, croâââ ! Ils sont devenus comme les humains l'étaient jadis, des chiffes-molles. Moi, je suis et je reste un Pokemon ! Vous pouvez bien vous entretuer pour vos histoires d'humains et de paix, moi, je chasse, je vole, je dors, je ponds mes œœufs. Je ne veux rien d'autre.

- C'est ton droit, dis-je. Les Paxen respectent ceux qui comme toi choisissent de vivre comme avant, à l'inverse de l'Empire.

Je posai mon fardeau près du feu pour qu'il se réchauffe, mais moi j'en restais loin, dans un coin sombre de la grotte. Le feu et moi, ça ne faisait pas bon ménage. Mon hôte, un os toujours dans son bec, vint s'asseoir près de moi.

- J'ai beau demeurer un Pokemon sauvage, j'apprécie la compagnie quand j'en ai, ce qui n'arrive pas souvent, croâââ. Raconte ton histoire, Penombrice.

Je le fis. Je n'avais pas à m'inquiéter de cet Aeropteryx. La seule chose à laquelle je devais faire attention, c'était qu'il ne tente pas de dévorer l'humain quand j'aurai le dos tourné.

- Une mission Paxen hein ? Tu dois remettre cet humain à une autre humaine qui vit dans la ville à coté ? Pourquoi ? Qu'a-t-il de spécial, cet humain ?

J'hésitai. La confiance était une chose, mais il s'agissait là de secrets Paxen. Mais je dis toutefois :

- Il a été un temps prisonnier de l'Empire. Il sait sans doute des choses qui nous intéressent. Mais sa mémoire a été bloquée, et l'humaine que nous cherchons est la seule à savoir comment fouiller ses souvenirs enfouis.

- Ça m'a l'air bien compliqué tout ça, croâââ. Enfin, je viens vivre dans cette grotte l'hiver seulement, après quoi je m'envole vers le sud. Tu peux rester autant que tu veux avec ton humain, du moment que tu ne rameutes pas les impériaux ici. J'aime autant qu'ils ne m'emmerdent pas.

- Je te remercie, ami Aeropteryx. J'ignore le temps que je vais demeurer. Mon amie humaine est en ce moment à Ferduval pour chercher notre contact.

- Alors c'est vrai ce qu'on dit sur les Pokemon Paxen, croâââ ? Vous liez votre vie à celle d'un humain ?

- C'est en effet le cas. Je suis avec Ludmila depuis quatre ans maintenant. Et avant elle j'étais avec un autre humain depuis dix-sept ans, mais il est mort.

- C'est déjà dur d'imaginer devoir passer la vie avec d'autre Pokemon, mais alors avec les humains... Je me demande comment tu fais.

- Oh, ils ne sont pas bien méchants, une fois qu'on s'est habitué à comment ils fonctionnent. Et puis, nous avons quand même le choix de l'humain avec lequel nous désirons faire équipe. Nous ne choisissons que des humains avec lesquels nous pouvons nous entendre.

- Ton humaine, elle est comment ?

- Ludmila ? Elle est jeune selon les critères de sa race. Souvent désagréable, hargneuse et butée, et toujours irréfléchie. Mais elle a une grande force en elle, un feu brûlant qui ne s'éteindra jamais. C'est pour ça que je me bats avec elle. J'ai l'impression que sa force passe à travers moi quand je suis avec elle. Peut-être était-ce ce genre de lien que nos ancêtres avaient autrefois avec ceux qu'on appelait « dresseurs ».

- Bah, je suis assez vieux pour avoir connu les dresseurs de Pokemon, avant la longue guerre, croâââ. Tous ce qui les intéressait, c'était combien d'entre nous ils pouvaient capturer et combien de combat ils pouvaient gagner grâce à nous.

- Tu as connu les dresseurs Pokemon ?! M'étonnai-je. Mais c'était il y a six cents ans !

- Ma race vie longtemps. Des Pokemon fossiles, qu'on nous appelle. J'ai vu bien des choses sur les humains et les Pokemon, et si Arceus le veut, j'en verrai encore bien d'autres, mais toujours de loin. Et je continuerai à chasser et à dormir alors que vous tous serez morts et enterrés à cause de vos guerres stupides, croâââ.

- Eh bien, c'est tout le mal que je te souhaite, vénérable ami.

Au même moment, l'humain remua dans son sommeil. Je comptai rapidement dans ma tête. Cela faisait une semaine que Ludmila et moi avions quitté la base avec lui. Précisément la durée durant laquelle on pouvait espérer qu'il reste inconscient après sa sortie de stase.

- Il va bientôt se réveiller, indiquai-je à mon hôte. Il sera sans doute un peu perdu. Sa mémoire a subi de gros dommages. Autant ne pas l'effrayer plus que nécessaire.

- C'est bon, croâââ. Je me trouverai un autre repas pour demain. Au fait, tu ne m'as pas dit son nom.

Je regardai l'humain endormi, son visage pâle et fin, ses longs cheveux noirs avec deux mèches rouges. Ludmila le méprisait, je le savais. Elle le craignait aussi, comme la plupart des Paxen. Moi, j'étais seulement curieux à son égard. Un humain fascinant, avec beaucoup de secrets, qui pourra être soit le salut des Paxen, soit leur chute.

- Il se nomme Tannis Chalk, dis-je.