011. 1x11 - Mérouville
Précédemment : Sofian part en voyage dans Hoenn afin de devenir un champion d’arène. Il choisit Poussifeu chez le Professeur Seko, capture un Goélise à Clémenti-Ville et une Nirondelle blessée afin de la faire soigner à Mérouville. Il rencontre Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon, qu’il aide à capturer un Tarsal. Flora rejoint le groupe avec son Gobou et son Chenipotte. Ils croisent à plusieurs reprises trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn : Jessie, James et Miaouss. Sofian, Flora et Timmy traversent le Bois Clémenti en direction de Mérouville où les attend la première arène du parcours et Timmy vient en aide à Rowan, un employé de l’Entreprise Devon, qui s’est fait voler par trois bandits une valise contenant des informations importantes pour l’invention du Pokénav. Timmy capture un Arcko à la suite du sauvetage.

Pour quelqu’un qui venait de passer quatre jours entier isolé dans une forêt obscure et interminable, pénétrer dans Mérouville et se faire ensevelir par la foule des touristes excités relevaient d’une véritable épreuve tant mentale que physique. Car il était épuisé. Voyager avait beau être une expérience magnifique, pleine de rencontres humaines formidables et de découvertes pokémons exceptionnelles, Sofian était bien content d’enfin retrouver la civilisation qui allait lui apporter le confort d’un sommeil paisible au fond d’un matelas douillet. Mais il n’était pas l’heure de penser au repos car le bain de foule qui emporta les trois amis dans les rues bondées de Mérouville leur fit décupler leurs efforts de survie.
– Qu’est-ce qu’il se passe dans cette ville ? s’étonna Timmy en essayant de respirer entre les gens collés les uns aux autres.
– Ce sont les fameuses festivités auxquelles tu voulais assister ? demanda Sofian qui devait crier pour se faire entendre, car les rues étaient baignées de musiques festives.
Les grands bâtiments en pierre grise qui devaient normalement donner un ton sombre à la ville étaient tous décorés d’affiches colorées que Sofian n’arrivait pas à lire. Des musiciens jouaient dans les rues, des enfants couraient en tous sens, des adultes les poursuivaient d’un air paniqué, des pokémons faisaient la fête en compagnie de leurs dresseurs,…
– Oh c’est pas vrai, on est arrivé juste à temps ! s’exclama Flora en regardant quelque chose au loin. Il est arrivé ? Vous croyez qu’il est là ?
– De qui elle parle ? s’interrogea Sofian, mais Timmy haussa les épaules.
Ils atteignirent la place principale de la ville et la foule se resserra davantage. Flora sauta sur place afin d’apercevoir ce vers quoi la foule agglutinée regardait. Elle s’engouffra entre deux personnes et essaya de passer.
– Où vas-tu ? s’énerva Sofian qui n’arrivait plus à bouger. On doit aller au centre pokémon de toute urgence, tu as oublié ?
– Je vous y rejoindrai ! cria Flora, avant de disparaître dans la foule.
Sofian voulut la suivre mais Timmy le tira sur le côté et l’emmena dans une petite ruelle vide. Sofian se massa les oreilles pour recouvrer l’ouïe.
– Je commence à regretter la solitude du Bois Clémenti, grommela Timmy. On récupérera Flora plus tard au centre pokémon.
– Encore faut-il le trouver !
Sofian sortit son guide de voyage de son sac à dos et déplia le petit plan du centre-ville de Mérouville où les lieux les plus intéressants à visiter étaient épinglés. En suivant les indications de la carte, ils trouvèrent rapidement le centre pokémon dans un coin retiré de la ville où la foule en délire ne régnait pas en maître.
Mais lorsqu’ils entrèrent dans le vaste centre pokémon de Mérouville, Sofian étouffa une exclamation de surprise en étant aspiré dans un nouveau brouhaha provoqué par une assemblée de personnes animées.
– Mais c’est quoi le problème de cette ville ?
Les gens et les pokémons se pressaient de toutes parts : dans le hall d’entrée, devant les écriteaux, dans le restaurant self-service, devant un long étalage en bois au milieu du hall d’entrée… Timmy et Sofian se frayèrent un chemin jusqu’au comptoir de l’infirmière Joëlle où ils attendirent une bonne dizaine de minutes avant qu’elle ne vienne à leur rencontre.
– Que puis-je pour vous ? demanda-t-elle dans un soupir de fatigue.
– Nous sommes venus faire soigner une Nirondelle en très mauvais état, expliqua Sofian en lui présentant la pokéball du pokémon.
– Voyons cela…
L’infirmière Joëlle saisit la pokéball et la plaça dans une petite machine derrière le comptoir. Après avoir lu les données qui s’affichèrent à l’écran, elle poussa un cri de stupeur.
– Oh mon Dieu, mais que lui est-il arrivé pour n’avoir plus que quelques points de vie ?
Sofian et Timmy lui racontèrent alors les évènements du Bois Clémenti : la capture de la Nirondelle par le dresseur insouciant et l’attaque de la Team Rocket.
– On dit que nous sommes entrés dans l’ère de la modernité mais finalement, tout ça c’est bidon, il y a encore des dresseurs inconscients et trop sauvages pour avoir le droit de posséder des pokémons ! se plaignit-elle. Leveinard, ce pokémon a besoin de soins intensifs !
Un pokémon tout rose et presqu’aussi grand que l’infirmière Joëlle vint prendre la pokéball de Sofian et l’emmena dans une salle derrière le comptoir.
– Vous pourrez venir la récupérer demain matin. Autre chose ?
– Non, merci… répondit Timmy, avant de faire volte-face. En fait, oui. Vous savez pourquoi il y a autant de monde aujourd’hui ?
– Ah ça, ce sont les festivités de la rentrée, répondit l’infirmière en se laissant tomber sur sa chaise à roulette afin de se reposer un peu. Avec la Ligue Pokémon qui débute demain et le Grand Festival des Coordinateurs qui a décidé de recruter le plus de candidats pendant toute la semaine et qui a choisi Mérouville aujourd’hui, je ne sais plus où donner de la tête. En plus, les organisateurs de la Ligue Pokémon ne m’ont même pas demandé si j’étais d’accord pour installer leur étalage dans mon centre ! Je suis complètement crevée ! Chaque année c’est pareil, mais bon, ça fait partie du folklore…
– Bon, ça arrive oui ? s’impatienta un homme à leur droite. Mon Rattatac est épuisé, j’aimerais un peu de respect envers lui et que quelqu’un vienne s’en occuper !
– J’arrive !!
Et l’infirmière Joëlle se releva d’un bond en accourut auprès de l’homme en bâillant longuement.

Sofian et Timmy s’éloignèrent du comptoir à la recherche d’un endroit plus calme dans le centre pokémon afin de discuter des informations qu’elle venait de lui donner.
– J’adore le Grand Festival des Coordinateurs ! dit Timmy. L’année passée, ils ont offert un si beau spectacle que je l’ai regardé des tonnes de fois sur internet ! Et toi ?
– Aucune idée de ce que c’est ce truc, répondit Sofian désintéressé. En revanche, j’irais bien faire un tour au stand de la Ligue Pokémon !
Sofian se dirigea vers le centre du hall d’entrée, évita un Leveinard pressé, un Zigzaton nerveux et sa maîtresse surexcitée et arriva à l’étalage en bois derrière lequel deux adultes distribuaient des objets qu’il ne put identifier aux dresseurs qui se poussaient impatiemment. Timmy resta en retrait car il préférait ne pas revivre l’expérience de la foule dans les rues.
– Qu’est-ce qu’il se passe ici ? demanda Sofian à un dresseur qui repartait avec un large sourire de satisfaction aux lèvres.
– C’est ici qu’on s’inscrit pour la Ligue Pokémon et ils offrent un cadeau aux cent premiers !
Sofian bouscula alors toutes les personnes qui se trouvaient devant lui afin d’atteindre le comptoir en bois plus rapidement et se jeta sur le stand en essayant de crier plus fort que tous les autres dresseurs. Il aperçut du coin de l’œil une touffe de cheveux noirs aux reflets bleus et fit subitement volte-face à la recherche de la silhouette d’un dresseur qui lui rappelait quelqu’un. Mais il fut incapable de retrouver la trace du dresseur en question et fut poussé violemment contre le comptoir par une jeune fille aux cheveux noirs.
– Je vous rappelle que ce serait plus simple si vous ne vous poussiez pas !! s’énerva un des organisateurs qui avait eu peur que son étalage ne s’effondre. Et ceux qui sont déjà inscrits sont priés de faire la file à droite et de sortir leur document d’identité qui le prouverait !
Sofian chassa davantage de dresseurs afin de se rendre vers la droite du comptoir et tendit à bout de bras devant lui sa carte de dresseur pour qu’un des organisateurs la lui prenne. Il jeta sa carte de dresseur dans les mains du second homme qui passait devant lui et ce-dernier l’enfila violemment dans une machine.
– Voici votre pochette à badges, lui dit-il d’une mauvaise humeur en lui tendant un petit boîtier et en lui rendant sa carte de dresseur. Il n’y a plus de pochettes à badges, annonça-t-il en criant pour surpasser le brouhaha des dresseurs surexcités. Les inscriptions pour la Ligue continuent mais ceux qui sont déjà inscrits n’auront pas de…
Mais la fin de sa phrase fut noyée par les hurlements de déceptions de la foule déjantée et Sofian fut poussé par les dresseurs déçus. Il rejoignit difficilement Timmy qui s’était mis à l’écart et lisait des pancartes publicitaires.
– Tu as eu ce que tu voulais ? demanda-t-il en se massant les tempes. On peut sortir pour avoir un peu de calme ?
Sofian et Timmy quittèrent le centre pokémon bruyant et se baladèrent dans les rues calmes de Mérouville. Sofian analysa plus en détail le cadeau qu’on lui avait offert. Sa pochette à badges métallique était grise et un dessin d’une pokéball entourée par les huit badges de Hoenn était gravé sur le dessus de la boîte. Il l’ouvrit comme une console de jeu repliable et découvrit une mousse noire trouée huit fois dans la forme des badges qui n’attendaient qu’à être collectés. En voyant sa pochette vide, un sentiment d’excitation envahit Sofian qui se rendit compte à quel point l’aventure allait être longue avant de collectionner la totalité des badges de la région. Il eut soudain hâte de remporter son premier badge et de faire ainsi un premier pas vers la Ligue Pokémon de Hoenn, et donc de son rêve de devenir un champion d’arène.
– Et maintenant, on fait qu… ?
– On va à l’arène ? proposa Sofian avant même de laisser Timmy terminer sa question.
– Euh… ouais, mais à quoi ça sert ? Les arènes n’ouvrent qu’à partir de demain.
– Ah oui…
Et Sofian perdit tout à coup son sentiment d’excitation. En attendant que les festivités se calment dans Mérouville, ils passèrent le reste de l’après-midi à visiter la grande ville. Ils passèrent ainsi devant le gigantesque building de l’entreprise Devon, un bâtiment qui surplombait toute la cité de ses quarante étages, qui était malheureusement fermée pour cause de l’heure tardive. Ils trouvèrent ensuite un petit parc paisible mais inintéressant près duquel se trouvait la fameuse Ecole Pokémon Fondamentale de Hoenn où, d’après le guide de voyage de Sofian, des milliers d’étudiants étaient inscrits chaque année et dont la réputation, forgée par le Professeur Seko, le plus brillant des étudiants qui y était passé, égalait la célébrissime Académie Pokémon de Céladopole à Kanto où le Professeur Chen avait fait ses études. Ils voulurent visiter l’établissement scolaire créé plusieurs siècles plus tôt mais la rentrée scolaire étant prévue pour le lundi de la semaine qui venait, il leur était impossible d’y pénétrer.
C’est avec un soupir de déception que les deux garçons reprirent le chemin vers le centre-ville de Mérouville alors que le soleil commençait à se coucher, dans l’espoir de retrouver des rues calmes et paisibles. Mais à peine s’étaient-ils approchés de la place principale qu’une limousine fusa à toute allure sur la chaussée, poursuivie par une foule en délire constituée essentiellement de jeunes adolescents.
– Flora ?
Sofian tira son amie hors de la foule et eut du mal à reconnaître la jeune fille d’un naturel calme, mais surexcitée à cet instant précis.
– C’était trop génial ! s’exclama-t-elle, la voix cassée. Je suis trop heureuse d’avoir réussi à arriver à temps !
– Ces festivités, c’étaient pour le Grand Festival des Coordinateurs ? demanda Timmy.
– Oui ! Oh, vous auriez dû rester ! Si vous aviez vu le spectacle qu’ils nous ont offert !
– Attendez un instant, intervint Sofian, c’est quoi ce festival des ordinateurs ?
– Des
coordinateurs, rectifia Flora en lui plaquant un prospectus contre le visage.
Alors qu’elle se mit à décrire le show auquel elle venait d’assister, Sofian déplia la brochure et tomba nez-à-nez avec une photo d’un homme élégamment vêtu et de son magistral pokémon serpent bleu sous lequel se trouvait la légende « Juan et son majestueux Milobellus lors de la finale de 2010 ». Il lut alors le texte en gras sur la page de droite :
Coordinateurs, coordinatrices,
Si vous avez apprécié le fantastique spectacle que nous ont offert les finalistes de la saison 2010-2011, si vos étoiles dans les yeux vous ont donné l’envie d’en devenir une vous-même, ne cherchez plus !
Nous sommes heureux de vous annoncer le renouvellement du plus incroyable des évènements organisés à Hoenn depuis quelques années : le Grand Festival des Coordinateurs, saison 2011-2012 est ouvert !
Venez vous délecter des spectacles haut en couleurs des futurs participants ou inscrivez-vous pour cette fabuleuse aventure pour peut-être vous-même devenir une légende !
Seuls sont admis les plus de 12 ans accompagnés d’au minimum deux pokémons. Les inscriptions se feront dans tous les dômes de concours à partir du 15 septembre. Soyez au rendez-vous lors du premier concours qui aura lieu à Poivressel le dimanche 25 septembre. (Dates des autres concours au dos du prospectus) – Et ils ont dit que ceux qui présentaient ce prospectus à Poivressel auraient droit à une boîte à rubans gratuite ! termina Flora dans un soupire d’émerveillement.
– Rubans ? Concours ? Je ne comprends pas, dit Sofian en lui rendant la brochure.
– Si tu veux, ce sont des spectacles que nous, les coordinateurs, présentons au public en compagnie d’un pokémon, expliqua Flora. Nous sommes jugés par un jury et les meilleurs vont en finale qui consiste à combattre mais de manière spectaculaire et élégante.
– En gros, c’est la Ligue pour les gonzesses qui n’aiment pas la violence… résuma grossièrement Sofian, sans porter grand intérêt.
– Pas du tout !! se vexa son amie. C’est un véritable spectacle artistique qui demande beaucoup plus de travail que vos bêtes combats d’hommes de cavernes primitifs ! Et d’ailleurs, il y a beaucoup d’hommes qui y participent ! Comme Juan, par exemple.
– Le gay sur ton prospectus ?
– Il n’est pas gay ! s’outragea Flora. C’est l’homme le plus élégant et le plus remarquable de toute la région ! C’est une légende vivante, un maître de la coordination, un véritable artiste ! Et il était justement là tout à l’heure et il est parti en limousine tellement il est célèbre.
Timmy approuva les dires de Flora sur la célébrité de Juan par des hochements de tête qui révélaient que lui aussi était plus intéressé par les spectacles de concours que par les combats d’arène.
– Je comprends pourquoi il y avait autant de groupies qui suivaient la limousine… marmonna Sofian.
– Un jour je serai aussi douée et célèbre que lui ! se promit Flora, les étoiles dans les yeux.
– C’est pour ça que tu voulais tant arriver rapidement à Mérouville et que tu évitais de parler des combats d’arène, comprit Timmy.
– D’ailleurs, mon père n’a aucune idée de mes projets, se souvint Flora d’un air inquiet. J’espère qu’il ne le prendra pas mal. Après tout, il faut aller jusqu’au bout de ses rêves et moi, je serai une grande coo…
– Bon, c’est pas tout, mais si je veux gagner mon badge, faut que j’m’entraîne ! interrompit Sofian en repartant vers le parc.
Timmy pouffa discrètement en voyant le désintérêt total de son ami pour les rêves de la jeune fille et Flora ouvrit la bouche, outrée.
– Aucun respect !

Le parc était complètement désert étant donné l’heure tardive. Le soleil était sur le point de disparaître à l’horizon, baignant Mérouville d’une lumière orangée, lorsque Sofian décida que l’entraînement avait assez duré.
Il avait passé le reste de l’après-midi à réviser chacune des attaques de ses deux pokémons et les avait fait combattre l’un contre l’autre. Les « pistolets à eau » que lançait Goélise permettaient à Poussifeu d’entraîner son esquive tandis que les boules de feu qu’envoyait le poussin entraînaient la vitesse de la mouette qui fendait l’air pour les éviter. Enfin, il avait pris une vingtaine de minutes pour donner les dernières instructions à ses amis sur la façon dont il voulait qu’ils attaquent dans un combat. De plus, il terminait toujours chaque séance d’entraînement par quelques instants de concentration pour Poussifeu qui n’arrivait toujours pas à maîtriser sa force nécessaire à la capacité « puissance ».
De son côté, toujours vexée par l’attitude de Sofian, Flora était restée éloignée du jeune garçon et avait sorti ses deux pokémons pour discuter de son projet de coordination. Gobou et Chenipotte avaient répondu avec excitation à leur maîtresse, qui ne pouvait s’empêcher d’envoyer des regards noirs de temps en temps à Sofian.
Quant Timmy, il s’était installé sur un banc et jouait avec ses amis Tarsal et Arcko.
– Allons lui demander, Guy !
Sofian, Flora et Timmy se tournèrent vers les voix qui discutaient avec excitation et un homme et une femme les approchèrent. L’homme portait une énorme caméra sur l’épaule et la femme brandissait un micro de télévision. Le caméraman filma les trois adolescents et les pokémons tandis que la femme approcha Sofian.
– Bonjour, nous sommes journalistes pour la chaîne RTH, la Radio Télévisée de Hoenn, se présenta la femme. Nous faisons un reportage sur le démarrage de la Ligue Pokémon et nous sommes à la recherche d’un dresseur qui accepterait une petite interview. Je dois vous avouer qu’on a un peu filmé votre séance d’entraînement. Vous acceptez ?
– Euh…
Flora se précipita devant la caméra et bouscula Sofian pour qu’elle lui laisse la place de la vedette.
– Oh vous savez, il n’aime pas trop les caméras, dit-elle avec précipitation. En revanche, moi je compte participer au Grand Festival des Coordinateurs et devenir…
– Je vous coupe tout de suite, interrompit la journaliste, nous ne nous occupons que de la Ligue Pokémon de Hoenn car la TH1, le chaîne publique et concurrente, a tous les droits sur le Festival. Donc, jeune homme ?
– Bien sûr ! accepta Sofian en repoussant une Flora dépitée.
Et Flora repartit vers Timmy en râlant davantage.
– Avant de commencer, je peux savoir votre nom et d’où vous venez ? interrogea la journaliste.
– Je m’appelle Sofian Match et je viens d’Azuria mais je me suis récemment installé au Bourg-en-vol.
– « Match »… Comme dans Norman Match ? Comme dans « je suis le fils du célèbre champion de Clémenti-Ville » ?
Sofian affirma en se grattant le crâne, plutôt gêné.
– Oh purée, Inès, on vient de dénicher une perle ! s’exclama le caméraman en filmant Sofian.
La journaliste se plaça devant la caméra et demanda à Sofian de ne pas l’approcher pour l’instant.
– Nous avons vu que les enjeux politiques et économiques sont très importants dans cette compétition, dit-elle dans son micro, mais plus que ça, c’est un véritable phénomène important dans Hoenn. Les dresseurs sont nombreux à y participer et nous avons justement un concurrent très intéressant à nos côtés pour en témoigner. Il s’agit ni plus ni moins du fils de Norman Match,…
Flora se jeta sur le banc à côté de Timmy et ses pokémons s’amusèrent avec ceux du jeune garçon.
– Regarde-le comme il se pavane, maugréa-t-elle. Comme s’il n’y avait que la Ligue dans la vie…
– Bah, ton tour viendra à toi aussi, réconforta Timmy amusé. Quand on sera à Poivressel, je suis sûr que tu auras l’occasion d’être interviewé.
– Chenipotte, va saboter les enregistrements de cette caméra avec ta sécrétion, chuchota discrètement Flora.
Mais Timmy empêcha le pokémon d’obéir aux ordres et réprimanda Flora pour son manque de soutien envers son ami Sofian.
– Comme s’il en avait eu du soutien pour moi…

La nuit était tombée depuis bien longtemps mais l’interview n’avait pas l’air de vouloir se terminer. Les journalistes étaient tellement excités d’avoir déniché le fils d’une star nationale qu’ils firent durer le reportage durant des heures. Ils s’étaient d’ailleurs retrouvés devant l’arène de Mérouville, un immense bâtiment fait entièrement de pierres, où la journaliste avait eu l’idée, géniale d’après elle, de poser des questions sur les stratégies de Sofian par rapport à son futur combat.
– Une stratégie par rapport au champion de Mérouville ? Bah, je suppose que je vais simplement faire attaquer mes pokémons.
La journaliste échangea un regard avec le caméraman et lui fit couper sa caméra.
– Vous ne pouvez pas dire ce genre de choses, lui annonça-t-elle. Vous voyez, nous allons présenter aux téléspectateurs un dresseur d’exceptions et là, vous retombez comme un vieux flan avec cette stratégie.
– C’est pas sa faute s’il n’est pas doué, se moqua Flora qui commençait à être de mauvaise humeur à cause de l’heure très tardive.
À côté d’elle, Timmy tombait de fatigue et Sofian dut se l’avouer, il avait lui-même beaucoup de mal à tenir sur ses deux jambes. Il se souvint alors qu’il s’était réveillé très tôt ce jour-là pour sauver une valise dans le Bois Clémenti et regretta bientôt le lit douillet qui l’attendait au centre pokémon.
– En gros, qu’est-ce que vous allez faire pour contrer les pokémons roches de cette arène ? demanda la journaliste qui perdait patience.
– Je ne savais même pas que le type de Mérouville était la roche, avoua Sofian mal à l’aise.
La journaliste soupira.
– Bon, je crois qu’il vaut mieux en arrêter là. On a assez d’information pour vous présenter de manière sensationnelle. Oh Guy ! On pourrait même faire un parallèle avec ce dresseur, Steve, pour faire comme s’ils étaient rivaux. Le public adore les rivalités. Oui, on va faire…
C’est alors qu’un bris de glace retentit de derrière l’arène et une sirène d’alarme sonna subitement depuis l’intérieur du bâtiment.
– Qu’est-ce que… ?
– Guy, rallume ta caméra ! On est témoin d’un braquage !
Des ombres se baladaient derrière les portes vitrées de l’arène et le cœur de Sofian bondit dans sa poitrine. Le temps passait mais aucune voiture de police n’arrivait. Et si les voleurs s’emparaient des pokémons du champion et que son match était reporté le temps qu’on les retrouve ? Sofian ne pouvait pas se permettre de remettre à plus tard un nouveau match d’arène et décida qu’il devait jouer les héros. Après tout ce qu’il avait vécu dans le Bois Clémenti, ça ne devait pas être trop dur de faire fuir des voleurs. Sofian courut alors vers les portes vitrées de l’arène.
– Qu’est-ce que tu fous ? s’énerva Flora.
– On ne va pas rester ici les bras croisés à attendre la police qui n’est même pas au courant, si ça se trouve ! s’expliqua Sofian.
Mais les portes de l’arène étaient fermées. Il fit alors apparaître son Poussifeu qui envoya ses boules de feu et les vitres explosèrent en milliers de morceaux. Il pénétra dans l’obscurité de l’arène sous les cris de l’alarme et ses amis ainsi que les journalistes le suivirent. Il chercha à tâtons l’interrupteur qu’il actionna.

Un homme se tenait au milieu de la vaste salle et portait un sac en toile rempli de pokéballs sur les épaules. Une femme était devant les hauts gradins qui servaient aux spectateurs. Le Miaouss qui les accompagnait passa la tête à travers la fenêtre brisée de l’autre côté de la salle.
– Team Rocket ! reconnut Timmy.
– Quelles étaient les chances pour qu’on se fasse arrêter avant d’avoir terminé le vol ? s’étonna James.
– Et surtout, par eux ? précisa Jessie.
– Vous jouez apparemment de malchance ! s’exclama Sofian. Je ne sais pas pourquoi vous commettez des vols, mais celui-ci sera votre dernier car vous êtes filmés !
– QUOI ?
Jessie réagit au quart de tour. Elle fit apparaître son Seviper qui fusa en direction du caméraman. Seviper le balaya de sa queue et la caméra glissa sur le terrain de l’autre côté de l’arène et termina sa course contre le mur. Flora dégaina sa pokéball à son tour et, alors que le Cacnéa de James apparaissait à côté de son allié, elle fit apparaître son Gobou pour prêter main forte à Poussifeu.
Ce fut à cet instant que deux voitures de police arrivèrent avec précipitation devant l’arène et qu’une troupe d’agents de la sécurité pénétrèrent à leur tour dans l’arène.
– Qu’est-ce qu’il se passe ici ? s’écria l’agent Jenny en sortant une pokéball de sa poche. Les mains en l’air tout le monde et que chacun fasse rentrer ses pokémons dans leurs pokéballs !
– Agent Jenny, ces gens essayaient de voler l’arène et nous les avons interceptés ! expliqua Timmy.
– J’ai dit TOUT LE MONDE ! hurla l’agent Jenny.
– Attendez !
Une jeune femme sortit du lot de policiers prêts à attaquer et se posta entre les adolescents et l’agent Jenny. La jeune femme avait de longs cheveux noirs noués par un nœud rose et portait un costume de femme d’affaire.
– Je connais ces trois énergumènes, dit-elle en montrant Jessie, James et Miaouss. L’agent Jenny de Rosyères m’a contactée en me prévenant de la présence d’un trio de voleurs et Norman m’a confirmé ses dires deux jours plus tard. Ils font partie de la Team Rocket de Kanto.
– Et ces enfants ? demanda l’agent Jenny, peu convaincue par leur innocence.
– Ils s’enfuient ! prévint la journaliste qui aidait son collègue à se relever.
Jessie, James et Miaous étaient près de la fenêtre, prêts à déguerpir avec les pokéballs de l’arène. L’agent Jenny et la femme voulurent appeler leurs pokémons mais Sofian et Flora furent plus rapides.
– Poussifeu, empêche-les de passer avec « flammèche » !
– Gobou, « pistolet à eau » !
Poussifeu envoya ses boules de feu contre les gradins à côté de la Team Rocket qui explosèrent en envoyant des bouts de bois dans tous les sens. Jessie, James et Miaouss reculèrent pour éviter d’être touchés par les planches. Le pistolet à eau frappa l’épaule de James qui lâcha le sac et toutes les pokéballs se déversèrent au sol.
– Fuyons ! s’écria Jessie en panique.
– Pas si vite ! intervint la femme en costume. Tarinor, en avant !
Le pokémon qui se matérialisa face à Seviper et Cacnéa ne faisait qu’un mètre de haut mais il stupéfia aussi bien la Team Rocket que Sofian qui n’en avait jamais vu de semblable auparavant. Son corps n’était fait que de roche bleue et un losange rose pointu lui servait de nez au niveau du rocher qui représentait sa tête.
– Elle a un… Tarinor ! s’étouffa James, horrifié.
– Il va nous pulvériser ! Seviper, reviens !
– Tarinor, « barrage » ! ordonna la femme.
Alors que la Team Rocket brandissait leurs pokéballs pour rappeler leurs pokémons, un étrange souffle émana du corps de pokémon de roche et souffla contre Seviper et Cacnéa qui ne purent s’enfuir se réfugier dans leurs pokéballs.
– Et maintenant, « jet-pierres » !
Un cercle de rochers apparut devant les pattes en pierre du Tarinor et fusèrent contre le serpent et le cactus qui furent martelés par les coups des rochers. James attrapa son pokémon dans ses bras, Jessie saisit la queue du sien et la Team Rocket passa à travers la fenêtre en vitesse.
– Non ! s’écria Sofian.
Il courut à leur poursuite, mais le temps qu’il traverse toute la salle et qu’il se penche à la fenêtre, leur montgolfière s’envolait déjà au loin.

L’alarme de l’arène s’arrêta à l’instant où la femme en costume appuya sur le bouton d’une télécommande. L’agent Jenny prit la déposition des trois adolescents et des journalistes, et les policiers quittèrent la scène de crime pendant que la femme faisait connaissance avec les enfants.
– Merci de les avoir retenus, remercia la femme en costume. C’était très héroïque, mais je vous conseille de ne plus essayer de jouer les héros. Ces individus peuvent être très dangereux.
– Ne vous en faites pas, on les connait bien, rassura Timmy, on sait comment s’y prendre avec eux.
– Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de les filmer avant qu’ils ne m’attaquent, annonça le caméraman. Mais par chance, ma caméra n’a rien.
– Quelle chance, en effet, marmonna Flora qui avait espéré que les enregistrements de Sofian ne soient plus lisibles.
– Je ne sais pas comment vous remercier… dit la femme. Si vous voulez participer à des cours à l’Ecole Pokémon Fondamentale, je serai ravi de vous y inscrire gratuitement, c’est la moindre des choses. Je suis Roxanne, la directrice de l’établissement.
– Merci, mais non merci, répondit Sofian. On est juste de passage pour gagner le badge de l’arène, quand elle rouvrira bien sûr, parce que je commence à perdre patience.
– Ah ! Eh bien si vous voulez, on n’est pas obligé d’attendre huit heures du matin, dit Roxanne.
Sofian lui lança un regard interrogatif, comme s’il avait peur d’avoir compris.
– Bon, on doit quand même attendre le premier septembre, ajouta-t-elle, mais rien n’indique à quelle heure la Ligue Pokémon démarre officiellement.
– Vous voulez dire que… Vous êtes la championne de Mérouville ?
– Bien sûr, qui d’autre à part moi le serait ? s’étonna Roxanne. Monsieur Marco ?
Et elle éclata de rire toute seule avant de se calmer en voyant que les trois adolescents ne la suivaient pas dans son délire.
– Si vous aviez su qui était Monsieur Marco, ça aurait été marrant…
– Roxanne, je te défie ! annonça Sofian de vive voix.
– QUOI ? s’exclama Flora, choquée. Tu n’es pas sérieux ? Je suis morte de fatigue ! Tu ne sais pas attendre demain matin ?
– Défi accepté jeune homme ! Mes vacances à l’étranger étaient beaucoup trop longues, j’ai vraiment hâte de m’y remettre !
– Sérieusement ? s’entêta Flora.
– On peut rester pour filmer le match ? demanda la journaliste. Ça fera une bonne entrée en matière pour le reportage.
– Vous n’allez pas vous y remettre, vous ! s’énerva Flora.
– Aucun problème, accepta Roxanne. Si vous pouviez me faire une copie du combat, ça m’intéresserait beaucoup pour mes étudiants.
– Est-ce que quelqu’un voudrait bien daigner prétendre que j’existe ? s’ahurit Flora.
– En revanche Sofian, il te faudra attendre minuit, termina Roxanne en regardant sa montre.
Timmy emporta avec lui une Flora indignée vers les gradins en compagnie des journalistes.
– Il ne l’a même pas vouvoyée ! termina Flora en s’asseyant sur les gradins et en croisant les bras.
– Il sera minuit dans trois… deux… un… Que le match commence !
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