Chapitre 6 - La Plaine de Cachou
Un homme s'avança dans la ruelle étroite éclairée par la lune. Un manteau râpé flottait sur ses épaules fines et, tête baissée et encapuchonnée, il semblait en proie à l'inquiétude, les nouvelles n'étaient pas bonnes, pas bonnes du tout, mais après tout était-ce de sa faute ? Etait-ce sa faute si des incapables n'avaient pas réussi à dérober l'Arakis ? Etait-ce de sa faute si l'archéologue s'était enfui au nez et à la barbe de ces incapables ? Etait-ce encore de sa faute si ces incapables ne l'avaient pas retrouvé à la plaine de Cachou ? Non, certainement pas, mais Il ne serait pas de cet avis. Il ne serait pas indulgent, ce n'était pas Son genre... Au moins avait-il quelques informations qui Le satisferaient, espérait-il...
L'homme atteint une ruelle sombre appelée Impasse de Tenefix. Il pénétra dans un des immeubles, par une lourde porte en fer, après avoir frappé deux coups brefs et trois coups longs. A l'intérieur, un homme à la mine sombre s'écarta pour le laisser passer.
- Bonsoir Tom, quelles sont les nouvelles ?
- Mauvaises, très mauvaises, répondit-il en se décapuchonnant ce qui dévoila son visage très pâle et ses cheveux filasses.
Il monta les escaliers sur sa droite jusqu'au deuxième étage et s'avança dans le long couloir qui menait à une porte en chêne imposante. Il s'arrêta devant celle-ci, frappa à la porte, prit une profonde inspiration, et entra.
La pièce n'était pas aussi grande que la porte ne laissait présager. Les murs de la pièce étaient recouverts de livres anciens et ne comportait qu'une petite table éclairée par une faible lampe de bureau et un fauteuil capitonnée abîmée par l'âge situé devant une assez grande cheminée proportionnellement à la taille de la pièce. Dessus était assis un homme aux cheveux noirs mi longs à côté duquel se trouvait un Luxray allongé. Une voix froide s'en échappa :
- Approche-toi, Tom. J'espère que tu m'apportes enfin des bonnes nouvelles...
Tom frissonna mais s'approcha devant l'homme. Il sentit son sang se glacer en voyant l'immense cicatrice qui s'étendait du menton à l'arcade sourcilière gauche de l'homme. C'était toujours ce qu'il se passait lorsqu'il Le voyait, Le voir lui inspirait toujours du dégoût.
- Hum, non Maître. Nous ne les avons pas retrouvés... dit-il en un souffle.
Un silence pesant s'en suivit. Tom reprit :
- Mais vous connaissez Olivier, il est assez intelligent pour savoir qu'on le suit, il ne passera certainement pas par la plaine de Cachou...
- Vois-tu, mon cher Tom à quel point ton ignorance est immense ? dit l'homme d'une voix doucereuse. C'est l'unique moyen d'atteindre Hydry. Il y passera à coup sûr.
- Pourtant il n'a pas pu y passer, nous avons contrôlé toutes les issues...
- Il n'y est pas encore passé. Je m'y attendais, il se méfie. Brûler la plaine va accentuer sa méfiance et le ralentir un peu plus.
- Je ne comprends pas, pourquoi ne pas l'attendre à la plaine ?
- Tu ne comprends pas grand-chose. Il est nécessaire d'arriver avant lui à Hydry et de lui tendre un piège là-bas, la plaine ne va pas tarder à regorger d'agents et nous ne pourrons rien faire. Le mieux c'est d'avoir plusieurs coups d'avance ce qui nous permettra de mettre la main facilement sur l'Arakis. Après ton fiasco du vol du faux à Waturbi, le mieux est de ne pas trop faire parler de nous...
Tom baissa la tête tandis que l'homme se leva puis caressa la tête de Luxray qui s'était blotti contre lui.
- Qu'as-tu d'autre à m'apprendre ?
- Nous connaissons l'identité de ceux qui accompagnent Olivier grâce aux registres de la Gialu. Il s'agit de deux jeunes archéologues et d'une femme, Frédéric Dean, Quentin Deliatis et Elise Mollie. Nous recherchons encore qui ils sont réellement mais quelque chose pourrait vous intéresser. D'après un de nos sbires qui les a combattus l'un de leur pokémon, un Héricendre avec une énorme balafre (« un peu comme la Votre d'après lui », se retint d'ajouter Tom) porterait le collier que vous recherchez.
Le visage de l'homme s'illumina.
- Es-tu sûr de ce que tu affirmes ?
- C'est ce qu'affirme le sbire... Il n'en connaissait pas la valeur, mais à sa description, j'ai compris qu'il s'agissait de ce dont vous m'avez parlé l'autre jour...
L'homme réfléchit puis après quelques instants reprit :
- Bien, demande à ce qu'on se renseigne sur ces trois-là, quant à toi je vais te demander un petit service...
A quelques centaines de kilomètres de là, l'équipe s'était assise autour d'un feu dans l'immense Plaine de Cachou, où des dizaines d'enquêteurs affluaient depuis le début de la soirée pour savoir ce qu'il s'était passé.
A vrai dire, il y eut peu d'informations. D'après les premiers témoignages, un feu immense s'était propagé dans le début de l'après-midi. Cependant, personne ne parvint à le maitriser y compris les plus puissants pokémons eau présents, ce qui parut étrange aux enquêteurs, car un feu ordinaire d'un pokémon aurait pu être maitrisé par les Tortank présents sur place. Cela signifiait donc forcément qu'il avait été généré par un puissant pokémon feu, que personne ne semblait avoir réellement vu. Toutefois certains témoignages loufoques faisaient état d'un pokémon extraordinaire de trois ou quatre mètres qui se serait envolé après l'incendie...
Enfin, le feu après avoir réduit en cendres la plaine, au lieu de se propager dans le reste de la montagne environnante, avait disparu aussi étrangement qu'il était apparu. Heureusement, malgré la puissance du feu, sa faible vitesse de propagation avait a priori permis à tout le monde de le fuir.
Depuis que l'équipe avait découvert le lieu en cendre, quelques pokémons ayant fui l'incendie avaient refaits leur apparition, de même pour quelques dresseurs, curieux, voulant donner leur version de l'histoire ou encore d'autres n'ayant pas d'autre endroits où dormir.
Les quatre donnèrent leur avis :
- A mon avis c'est un accident, dit Quentin.
- Je ne pense pas, tu as entendu les témoignages, objecta Fred, même les Tortank n'arrivaient pas à éteindre le feu... Ce n'est pas normal... Il s'est éteint de lui-même quand la plaine a été brûlée... C'est trop étrange pour être un accident...
- Qui veux-tu que ce soit qui est causé cet incendie ? répliqua Quentin.
- Un pokémon ne pourrait l'avoir causé de sa propre initiative, ça n'a aucun sens... continua Fred. Et puis quel pokémon pourrait générer un incendie pareil ?
- Et si c'était le pokémon géant dont certains parlent ? dit Elise.
- Tu ne crois quand même pas à ces sornettes ? lui répondit Quentin.
Elise rougit. Olivier prit sa défense :
- En fait, dans le Livre du Secret des Aliquantesil y a une référence à ce genre de pokémon. C'est un des passages que j'ai traduit, regardez fit-il en prenant le livre et en l'ouvrant à une page où on pouvait voir un gigantesque oiseau, il appartenait apparemment aux Jighys qui s'en seraient servis pour combattre les Aliquantes...
Quentin, pourtant, n'en démordait pas :
- Quand même comment voudriez-vous qu'un oiseau légendaire vienne ici pour mettre en cendre la Plaine ?
- Et s'il n'était pas seulement une légende ? fit Elise.
Quentin haussa les épaules.
- Il y aurait peut-être un moyen de savoir s'il s'agit du même pokémon... expliqua Fred. En effet montrons l'image de ce Pokémon à un de ceux qui ont crus voir le pokémon s'envoler sans lui dire de quoi il s'agit on verra bien.
Cette solution convainquit les deux parties. Ils se hâtèrent de montrer l'image à un des témoins qui affirmait avoir vu le pokémon.
- Mais c'est le pokémon que j'ai vu tout à l'heure ! s'exclama-t-il.
- Vous en êtes sûr ? demanda Elise, triomphante.
- Oui ! Je reconnais les couleurs arc-en-ciel du Pokémon ! Impossible de s'y tromper.
Ils rejoignirent leur feu de camp. Quentin beau joueur, admit sa défaite :
- Ok, même si c'est difficile à croire, il semble s'agir du même pokémon, mais qui est-ce ?
Elise répondit :
- Je ne sais pas, y-a-t-il d'autres explications dans le livre Olivier ?
- Aucune, mais je vais regarder... Il faudra sans doute attendre un peu avant d'avoir des explications, la traduction prend du temps. Mais quelque chose me préoccupe plus...
- Quoi ?
- Et bien, après la tentative de vol de l'Arakis chez moi, je ne pense pas que cet incendie soit une simple coïncidence.
Il poursuivit à voix basse :
- Je pense que nous devrions rester sur nos gardes, je ne serais pas étonné que cet incendie soit lié à notre présence dans les parages...