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Blue Rhapsody - 1. Awakening de BlueBreon



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» Auteur : BlueBreon - Voir le profil
» Créé le 06/08/2014 à 15:17
» Dernière mise à jour le 25/12/2014 à 19:30

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CT05 . LESSON

— Hrm ...
— Nh nh ...

Autour du petit feu qu'ils avaient allumé pour tenir les Pokémon sauvages à distance, les adolescents se faisaient face, tous deux assis en tailleur.
Et Arno fixait la jeune fille depuis maintenant une bonne minute.
Ses sourcils froncés et son regard concentré trahissaient l'état de profonde réflexion dans lequel il se trouvait.

— ... Voyons si j'ai bien compris, se lança-t-il. En passant sur le sentier, tu as croisé des arbres que tu n'avais jamais vu auparavant.
— Oui, opina rapidement la jeune fille.
— Donc, tu as décidé de t'y pendre la tête en bas pour faire semblant de léviter, parce que tu ne l'avais jamais fait sur ce genre d'arbre.
— Unh.
— Et du coup, vu que tu as passé ton temps à te pendre aux arbres, ça fait quatre jours que tu traînes dans cette forêt.
— C'est ça.
— Et pour finir, tu ne m'as pas vu arriver parce que tu as vu un champignon géant se mettre à courir et passer juste sous ta tête.
— Exactement !
— ... Je vois. Ça explique tout.
« ÇA NE TIENT ABSOLUMENT PAS LA ROUTE ! Surtout la dernière partie ! »

Arno sentit son crâne le lancer sourdement, comme pour lui intimer de ne pas pousser la réflexion trop loin, du moins jusqu'à ce qu'il se soit remis du coup de boule surprise qu'il avait reçu un peu plus tôt dans la soirée. Le garçon ne comptait pas aller contre cet avertissement – son cerveau avait été suffisamment malmené comme ça.

La jeune fille, qui au moment de leur rencontre s'était présentée sous le nom de Luna, lui sourit joyeusement.

Elle avait un visage radieux, encadré par de longs cheveux blonds coupés droit, et illuminé par de grands yeux cyans. Elle était ... comment dire ? « Bizarre » ? Non ... Enfin si, mais là n'était pas la question.
Arno chercha longtemps le mot juste, mais celui-ci lui sembla évident une fois qu'il l'eût trouvé.

« Mignonne. »

Oui. C'était certainement le mot qui la définissait le mieux, à tous points de vue. Son physique gracile, sa voix harmonieuse et sa manière de s'exprimer comme une enfant ... Il fallait le dire, tous ces traits la rendaient très mignonne au premier abord.
Enfin, tout ça d'un point de vue totalement objectif, bien sûr ! À sa place, tout le monde aurait pensé la même chose !

D'ailleurs, ce n'était pas tant le joli visage de cette Luna qui attirait son attention depuis un moment, mais plutôt cet ensemble couleur indigo, décoré d'un col marin aux couleurs d'une Pokéball et parfaitement ajusté à sa silhouette.

— Un uniforme d'écolière ... Tu étudies dans une École des Dresseurs ? demanda le garçon.
— Unh ! J'étudiais à l'école régionale de Kanto avant de venir ici. Comme je me sentais plus à l'aise dans mon uniforme, je l'ai gardé sur moi en partant de la maison.
— Ah bon. ... ... ... ... ... Hum ...
— Hn ?
— Je ne veux pas te vexer, mais ... enfin, la jupe, ce n'est pas vraiment le mieux quand on se pend aux arbres ... Si tu vois ce que je veux dire ...
— Ah ? Ce n'est pas grave, ça ne me gêne pas plus que ça ! En fait, c'est bien plus pratique qu'un pantalon pour grimper sur la branche !
« Dit-elle avec un grand sourire. »

Bon, d'accord, tout le monde n'avait pas le même seuil de pudeur, et Arno savait son propre seuil relativement haut. Mais celui de cette fille était définitivement trop bas ! Cela ne la dérangeait peut-être pas de dévoiler ses sous-vêtements au premier venu, mais elle pouvait tout de même penser à ceux qui se retrouvaient devant elle sans s'y être préparés psychologiquement !

Sigh ...

Ou peut-être était-ce lui qui n'était pas tout à fait normal ? Arno pensa à certains garçons de Bourg-Jais qui auraient sans doute bien aimé être à sa place au moment où il avait percuté le crâne de Luna ... ... ... Enfin, pas pour le choc frontal, bien sûr ...

— Au fait, tu te diriges vers Mérouville, Arno, c'est ça ? s'enquit la jeune fille, tirant Arno de ses pensées.
— Ah-- Oui, je dois y rejoindre un ami qui m'a ... légèrement devancé. Même s'il y a de grandes chances pour que je le retrouve avant.
— Nnh ~ ... ... ...

Luna croisa les bras et ferma les yeux un long moment. Elle sembla réfléchir à quelque chose, silencieusement ... enfin, silencieusement si l'on ne comptait pas les quelques « Nnnh ... » et autres « Nh, nh ... » qu'elle laissa échapper de temps à autre.
Puis, finalement, elle porta un doigt à ses lèvres et prit un regard interrogateur.

— Tu veux bien que je t'accompagnes jusque là-bas ?
— Euh ... Oui, bien sûr. Pourquoi pas ?
— Chouette !!

Luna leva les bras haut au-dessus de sa tête comme une enfant à qui on aurait annoncé qu'on l'emmenait pour la première fois au parc d'attractions. Il sembla à Arno que des étoiles dansaient dans les yeux de la jeune fille.
... À moins que ce ne fut une hallucination due à un trauma crânien.

— Je n'ai pas encore eu l'occasion de voyager avec quelqu'un d'autre. Ça va être amusant !
— Hm. Ah, en revanche, il faudra éviter de rejouer les cochons pendus, la prévint Arno. On ne peux pas se permettre de rester des jours ici, après tout.
— Aah ?

La jeune fille afficha un air franchement déçu, comme si l'on avait annoncé à cette enfant qu'il pleuvait trop pour aller jouer au parc d'attractions.

— Nnh ... Dans ce cas, ça demande une plus mûre réflexion ...
« ... Note à moi-même : ne pas essayer de comprendre cette fille ... »

Arno sentait que le chemin allait être long jusqu'à Mérouville ... Très long ...




— Ooooh ! Cet immeuble est immense !!

Luna sautillait sur place pour mieux apercevoir le large gratte-ciel qui se détachait déjà très bien des habitations. Le bâtiment était effectivement très grand par rapport à ceux qui l'entouraient. Même éloignés comme ils l'étaient, ils pouvaient facilement le voir.

Arno mit une main en visière pour se protéger du soleil qui s'amusait à titiller l'imposante tour, et observa le frontispice.

— ... C'est le siège de la Devon SARL, indiqua-t-il, il y a leur logo sur la façade. Ce sont eux qui produisent les marchandises pour dresseurs dans la région.
— Nnnh~ ... C'est très différent de Safrania : là-bas, les bâtiments sont tellement hauts qu'on ne peut pas voir le paysage. C'est bien plus joli ici !
— Ah ? C'est vrai que Safrania n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une ville de campagne. Même si je n'en ai vu que des photos ...

Arno jeta un coup d'œil à Luna, qui fixait la Devon SARL avec excitation.

Voyager avec cette fille devait être bien plus calme et reposant qu'avec ce têtu de Sebii. Certes, elle avait un côté un peu bizarre, mais elle se montrait beaucoup moins pressée que son ami, et elle prenait le temps d'apprécier les lieux qu'elle découvrait sur leur route.

Elle n'était peut-être même pas assez pressée, en fait. Après tout, en sortant du Bois Clémenti, ils avaient perdu plus de deux heures chez un fleuriste parce que Luna était littéralement absorbée par leur jardin de baies.
Alors qu'il courait après Sebii, c'était une perte de temps monumentale ... Même si ce fleuriste possédait une incroyable variété de baies, au point qu'Arno ait fini par lui en acheter quelques sacs ...

« Attends une seconde ... Elle ne veut quand même pas visiter la Devon, si ? »

S'ils se mettaient à visiter les bureaux de la Devon, ils en avaient au minimum pour une heure, mais avec cette fille ... ! Un instant. Du calme : avec un peu de chance, la sécurité ne les laisserait pas passer. ... Non, peu probable, l'ouverture des bureaux au public faisait partie de la stratégie publicitaire du groupe, il n'allaient pas refuser des visiteurs ...

De toute manière, il n'était pas question d'y aller ! Sebii leur filerait à coup sûr entre les doigts. Il fallait qu'il fasse quelque-chose pour empêcher ça !

— Alors, où est-ce que l'on doit retrouver cet ami ?? demanda Luna en penchant la tête sur le côté.
— Non, on a absolument pas le-- ... ... ... Ha ?

... D'accord. Disons qu'il n'avait rien dit.

— Hem ... Il n'a pas précisé de lieu en particulier, se reprit le garçon. Mais il va sûrement tenter de défier le Champion de Mérouville le plus tôt possible.
— Il doit se trouver à l'arène, alors ? en conclut Luna.
« S'il n'est pas déjà reparti ... »

Ils n'avaient pas croisé Sebii dans les bois. Ils n'auraient pas pu le rater, Arno en était certain – il connaissait assez son ami pour savoir qu'il devenait très bruyant lorsqu'il se perdait dans la nature.
Il devait donc être arrivé à Mérouville avant eux. Néanmoins, Sebii avait beau être un rapide, Arno doutait qu'il ait pu arriver en ville et achever son duel avant la fin de l'après-midi. Il était encore possible de l'attraper avant qu'il ne perde patience – ce qui devrait prendre un peu moins de deux minutes à compter de sa victoire – et continue la route tout seul.

Arno se baissa pour étudier un petit panneau sur lequel était représenté une carte de la ville et chercha le repère indiquant l'arène, qu'il ne tarda pas à trouver.
Mais ce fut un autre repère, non loin de ce dernier, qui retint finalement son attention.

Le garçon sortit son portable de la poche de son pantalon et y vérifia la date et l'heure. Mardi, 14h32.
... .... ... ... ... ... ...
Ah ! Évidemment. Il aurait dû y penser tout de suite.

— On oublie l'arène. Je sais où il est en ce moment.

Luna considéra, interloquée, le garçon qui souriait avec satisfaction, et le suivit sans poser de questions lorsqu'il s'engagea dans une rue d'un pas assuré.




Arno poussa la porte d'entrée de l'École des Dresseurs de Mérouville, suivi de Luna qui zieuta à l'intérieur du bâtiment avec un grand sourire.

— Ça ressemble un peu à mon école.

L'École des Dresseurs ... Arno n'en gardait pas beaucoup de souvenirs. En même temps, il n'était pas resté très longtemps dans l'école de sa propre région.

La plupart des Écoles des Dresseurs fonctionnaient selon un système de cycles basé sur l'âge.

Le premier cycle accueillait les plus jeunes enfants, à partir de six ans. On leur dispensait non seulement les enseignements élémentaires, comme la grammaire et les mathématiques, mais aussi les bases du dressage de Pokémon. Á l'âge de dix ans, les enfants obtenaient leur Licence de Dressage et par la même occasion le droit « officiel » de transporter des Pokémon avec eux, mais aussi et surtout, le droit de participer à des compétitions régionales.
Il y avait bien des examens pendant ce premier cycle, mais les notes restant relativement peu importantes, quasiment tous les écoliers obtenaient leur Licence sans difficulté.

Enfin, non, ce n'était pas tout à fait ça. Les notes obtenues étaient importantes pour certains élèves : ceux qui souhaitaient passer en deuxième cycle. Ce dernier recevaient les nouveaux dresseurs, fraîchement titularisés, sur concours d'entrée, et des notes médiocres dans le premier cycle pouvaient compromettre l'accès-même à ce concours.

Le second cycle permettait aux dresseurs qui le souhaitaient de poursuivre leurs études pendant quatre années supplémentaires, afin d'affiner leurs compétences en dressage tout en abordant en parallèle des sujets plus théoriques.
Arno ne s'était pas vraiment penché sur son fonctionnement, mais il savait que toutes les personnes qualifiées de Topdresseurs étaient passés par ces études de deuxième cycle.

Lui n'avait suivi que le premier cycle, tout comme Sebii. Le dressage ne l'avait jamais réellement intéressé, et son ami considérait ces études ultérieures comme une perte de temps. Néanmoins, Arno avait toujours eu de bonnes notes aux examens, et Sebii s'était toujours rattrapé sur la pratique.

Tiens ? En parlant de ça, quelque-chose le chiffonnait. Il n'avait pas vraiment l'habitude de croiser des étudiants de deuxième cycle, alors il n'y avait pas fait attention sur le coup, mais ...

— Luna, dis-moi ... Tu es en second cycle, je me trompe ?
— Nh ? Oui, pourquoi ? répondit naturellement la jeune fille.

Ce n'était donc pas une erreur. L'uniforme n'était pas de vigueur en premier cycle, les élèves pouvaient porter ce qu'ils souhaitaient pendant les cours. Mais dans les cycles supérieurs, il était souvent imposé aux dresseurs dans l'enceinte de l'établissement ; Arno avait entendu dire que c'était une forme de reconnaissance entre les différentes écoles, mais il avait oublié les détails.

— C'est bizarre, s'étonna le garçon, la période scolaire ne se termine pourtant que dans deux mois. Tu ne devrais pas être à Safrania, au lieu de voyager aussi loin ?
— Ho ! fit Luna. C'est vrai que c'est un peu bizarre ... Tu as l'œil, dis donc.
— Ah, heu ... Merci ... ?
— En fait, les examens de fin d'année ont été un peu décalés à cause de soucis administratifs ; et comme mes notes étaient parmi les meilleures de la région, j'ai pu demander une autorisation spéciale pour quitter l'école avant la fin des cours. J'avais vraiment envie de voir le tournoi d'Éternara de mes propres yeux ...

La jeune fille, visiblement un peu gênée du privilège qu'on lui avait accordé, s'arrangea nerveusement les cheveux en rougissant légèrement. Arno, lui, n'en croyait pas ses oreilles.

En vérité, cette fille était une tête ! Il se sentait presque honteux de l'avoir prise pour une fille bizarre ... Bon, elle l'était vraiment, mais elle devait être bien plus intelligente qu'il ne l'avait pensé jusque-là.

— Le tournoi d'Éternara ... C'est là-bas que tu comptes aller ? lui demanda-t-il.
— Nh, confirma Luna. Je pensais également faire un peu de tourisme en attendant le début des festivités ...
— ...
« Et le tourisme était aussi inclus quand ils t'ont donné cette autorisation spéciale ? ... »
— Si ton ami cherche à obtenir des badges, il doit vouloir y participer, n'est-ce pas ? J'espère qu'il remportera la première place !
— Pour ça, il faudrait déjà qu'il se qualifie à temps.
— Il va sûrement y arriver ! Il en est à combien de badges ?
— Zéro.
— ... ... Il va sûrement y arriver !!
— Je l'espère ...

Arno s'approcha du tableau d'affichage en liège qui couvrait une bonne partie du mur faisant face à la porte d'entrée. Le grand hall y bifurquait en deux couloirs menant vers les différentes salles de classe de l'école.
Il devait y avoir, parmi les multiples affiches promouvant les événements scolaires et les clubs, les horaires des différents cours de la journée ... Ah, voilà. Exactement ce dont ils avaient besoin.

— ... Ça y est, je l'ai, dit-t-il avec un petit sourire.
— Quoi donc ?
— L'emplacement actuel du Champion de l'arène.
« Et du même coup, celui de Sebii. »

L'amphithéâtre D se trouvait au premier étage de l'aile Est du bâtiment. La pièce était plutôt petite pour un amphithéâtre ; elle devait pouvoir accueillir une petite centaine de personnes, tout au plus.

Lorsqu'ils y pénétrèrent par l'entrée principale, située en haut des gradins, une cinquantaine d'élèves écoutaient avec application leur professeur qui leur enseignait les affectations de statut qu'un Pokémon pouvait subir lors de combats – le long tableau noir était couvert de notes sur la Brûlure, l'Empoisonnement et le Sommeil. La jeune femme qui dirigeait le cours regarda dans leur direction, sans s'arrêter dans ses explications, puis reporta son attention sur ses élèves, qui n'avaient pas remarqué leur présence.

Elle n'avait pas l'air étonnée de les voir débarquer en plein milieu de son cours. Arno se souvenait que chez lui, les cours magistraux étaient souvent ouverts au public, ce qui permettait aux dresseurs même aguerris de revoir leurs bases à l'occasion. C'était peut-être aussi le cas ici.

— Grmbl ...

Et, assis devant un pupitre dans le dernier gradin, se trouvait un Sebii fort ronchonnant. Sans doute parce qu'il n'avait pas encore pu livrer son combat contre le Champion.
Arno s'approcha et s'assit au pupitre voisin de celui de son ami, qui le remarqua au dernier moment.

— Oh, Arno ! fit le garçon blond avec un air tout juste étonné. T'es enfin arrivé !
« ... 'Enfin' ?! ... »

Le concerné prit soin de baisser la voix, afin de ne pas déranger les autres occupants de la pièce :

— J'aurais eu deux mots à te dire sur le fait que tu m'aies laissé en plan en pleine rue, qui plus est alors que tu pensais que je dormais. Mais puisque pour une fois tu sembles te tenir tranquille, je vais me montrer clément pour cette fois.
— Quoi ? Je t'ai prévenu, pourtant.
— Tu aurais pu me le dire directement, au lieu de me coller ce post-it dessus ! le gronda Arno à voix basse.
— J'avais une bonne raison, tu sais ! En fait-- ... ... ...
— Oui, alors ?
— ...

Aucune réponse. Sebii se montrait bien silencieux, tout à coup. Il était comme figé, le regard inexpressif, ses yeux regardant fixement un point derrière Arno. Le garçon se retourna sur sa chaise, pour découvrir une Luna qui fixait elle-même son ami avec un air surpris.

D'une certaine façon, l'atmosphère lui sembla s'alourdir pendant un court instant.

Puis, ce fut Luna qui, après avoir repris un visage rayonnant, brisa leur petit silence :

— Bonjour, grand frère ! Ça fait un bail, n'est-ce pas ?
— Ah. Salut, répondit calmement Sebii.
— ... Pardon ?

« Grand frère » ? ... « Grand frère » ??! Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?! Depuis quand Sebii avait-il une sœur ?!

— Attendez une seconde !! les arrêta Arno. Sebii, tu ne m'as jamais dit que tu avais une petite sœur !
— C'est possible. Mais ce n'est pas vraiment ma petite sœur, tu sais ?
— C'est-à-dire ? ...
— ... ... ... On est, comme qui dirait, des faux jumeaux.
— Jumeaux ?! s'étouffa le garçon au bonnet.

Encore mieux ... Ces deux-là étaient des jumeaux ?! ... Comment Arno avait-il pu rester dans l'ignorance pendant tout ce temps ?! ...
Il était vrai qu'à bien y regarder, ils se ressemblaient beaucoup ; les mêmes cheveux blonds, les même yeux d'un bleu cyan éclatant ... Et chacun avait un caractère assez particulier, avec ça.
Mais tout de même ! Arno ne pouvait cacher sa surprise : certes, Sebii ne s'était jamais étalé sur sa famille, mais il aurait pu lui parler au moins une fois de sa sœur ... Et puis :

— Comment ça se fait que je ne l'ai jamais croisée à Bourg-Jais ? ne put-il s'empêcher de remarquer. Si c'est ta sœur ...
— En fait, intervint Luna, j'ai déménagé chez de la famille à Lavanville, à Kanto, un peu avant d'avoir ma Licence de Dresseur. Je ne suis restée que deux ans à l'école de Fort-Sablon.
— C'est vrai. Luna a passé une grande partie de sa scolarité à Safrania, souligna Sebii.
— L'école de Safrania ... Ah, c'est vrai, j'avais oublié ça ...

Luna avait donc déménagé ...
Puisqu'elle et Sebii avaient le même âge que lui, elle avait dû quitter Wénora vers l'âge de huit ans. À cette époque, Arno avait à peine fait connaissance avec Sebii, alors il n'était pas anormal qu'il n'ait pas croisé Luna chez lui depuis. Et comme il avait peu de souvenirs de ses autres « camarades » de l'école, il n'aurait su dire si Luna avait partagé la même classe que lui à un moment donné ...

— Tiens, à propos d'école, enchaîna Sebii, quelqu'un à l'arène m'a dit que je trouverais le Champion ici. Mais j'ai eu beau fouiller toute l'école, pas moyen de trouver quelqu'un qui ait une tête de Champion d'arène !

Ah. Voilà donc qui expliquait la mauvaise humeur apparente de son ami.

— Et tu n'as pas pensé à demander au personnel de l'école ? Ou même aux professeurs ?
— Cette salle était la seule à être occupée, alors je me suis dit que j'allais attendre la fin du cours et me renseigner auprès de l'enseignante.

Arno avait-il bien entendu ? « Attendre » ? Depuis quand Sebii avait-il tant de patience ? Lui qui enchaînait impolitesse sur impolitesse d'habitude. Pourquoi les autres avaient-ils droit à un traitement de faveur alors qu'il l'avait abandonné à Clémenti-Ville !?

Mis à part ça, la naïveté de Sebii était tout à fait déconcertante. Il ne se doutait vraiment de rien, le pauvre ... Mais bon, c'était sans doute grâce à cela qu'ils avaient pu le rattraper à temps.

— Sebii. Il se trouve que la Championne de l'arène de Mérouville, Roxanne, est la personne dont tu écoutes le cours depuis environ une heure.
— ! ... Quoi, l'enseignante ?!

Il ne l'avait vraiment pas remarqué ...

— Elle a beau être plutôt jeune, elle donne déjà des cours aux élèves du premier cycle, expliqua Arno. Elle utilise ce qu'elle a appris à l'École des Dresseurs dans ses combats à l'arène, et se sert de cette expérience pour enseigner aux dresseurs en herbe.
— Comment ça se fait que tu en saches autant sur elle ?!
— Parce que contrairement à Monsieur-je-suis-super-pressé-!, j'ai préparé ce voyage, moi !
— Gaaah ... Ouais, d'accord ... mais bon ... !

« N'essaie pas de te trouver une excuse. Tu sais que j'ai raison ! »

— Bon, maintenant que tu sais à qui t'adresser, tu n'as qu'à att--
— ROXAAANNE !!

Arno sursauta si fort qu'il en tomba de sa chaise, dont le fracas sur le parquet résonna dans toute la pièce et attira à lui le regard d'une bonne moitié de l'amphithéâtre.
Pourquoi ? Pourquoi lui ?! Alors que c'était Sebii qui faisait encore le mariole !

La Championne arrêta son cours à l'instant où elle entendit Sebii hurler son nom depuis l'autre bout de la salle.

C'était une jeune femme aux cheveux couleur taupe, attachés en deux queues de cheval. Elle portait une robe assez simple – d'un bel indigo proche de celui de l'uniforme de Luna – assortie à ses souliers portés par des jambes collantées de rose.
Et ses yeux de rubis perçants fixaient le garçon blond avec agacement. Même si ce dernier n'en avait pas l'air très affecté.

— Je te défie en combat, déclara-t-il, avec ton badge d'arène à la clé !!
— ... Moi qui me demandais ce que tu faisais ici alors que mon cours ne t'intéressait visiblement pas. Voilà la réponse à cette question. Je te prierais t'attendre la fin du cours pour me défier. Mais si tu as peur de t'ennuyer, tu peux déjà commencer le test écrit.
— Un test ... écrit ???

Arno avait réussi à se relever et s'était rassis sur sa chaise. Il s'était encore cogné la tête ... Peut-être devrait-il songer à faire le compte de ses bosses ? D'ici la fin du voyage, il pourrait peut-être battre un record du monde.

— Aouch ... Roxanne est aussi connue pour faire passer un examen écrit aux dresseurs qui souhaitent la défier ... Ça lui permet de vérifier leurs connaissances théoriques ...
— Voilà quelqu'un de bien renseigné ! le félicita Roxanne. Tu souhaites aussi me défier ?
— Non, pas du tout ... Je me contenterai d'observer.
— Oi ! Une petite seconde ! s'emporta Sebii. Je suis venu pour un combat, moi, pas pour passer un fichu examen !!

Les yeux de Roxanne se firent sévères.

— Tu crois qu'un combat suffit pour montrer ta force ? Connaître les bases est un point essentiel pour un dresseur, d'où le principe de ce test.
— Rien à faire, s'insurgea Sebii. Je veux pas. Je suis sûr que cette histoire, c'est juste pour éviter d'avoir à te battre contre des dresseurs comme moi !
— Tu n'as rien compris. Cela n'a strictement rien à--
— Alors bats-toi contre moi ! À moins que tu n'aies peur de perdre ?

Ah. Voilà que la Championne se mettait à tiquer de l'œil. Ça y est, Sebii l'avait déjà poussée à bout. Interrompre son cours, rejeter ses règles et la narguer en plus de ça ... Son ami n'en faisait qu'à sa tête, encore une fois.

Après un petit rire nerveux, Roxanne s'adressa de nouveau au jeune dresseur :

— Bien, bien. Puisque tu parais si sûr de toi, je vais te faire l'honneur de te remettre à ta place.

Arno sentit une certaine arrogance dans ses paroles. Sebii l'avait réellement énervée. Il avait obtenu ce qu'il voulait, mais Roxanne n'allait pas lui faire de cadeau.
Tout ça n'était pas de très bonne augure.



BR1-05.CHALLENGE/fin