Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/08/2014 à 23:32
» Dernière mise à jour le 23/05/2016 à 21:27

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 1 : La fierté d'un esclave
Kerel


Je me nomme Kerel, je suis un humain, et donc je suis un esclave.

Je ne possède rien. Les habits que je porte m'ont été achetés par ma maîtresse. Et même mon nom peut être changé si ma maîtresse le décidait. Certains humains n'avaient même pas de nom. Chaque jour, je dois obéir à ma maîtresse, me prosterner devant elle, quelle que soit la tâche qu'elle m'assignera. Elle peut me faire mal si elle est mécontente de moi, et même si elle ne l'est pas d'ailleurs. Elle peut me priver de nourriture. Elle peut me vendre si l'envie lui en prend. Je ne suis rien, simplement un bien. Ma vie n'a de valeur que le prix que je coûte sur le marché des esclaves.

Parce que je suis humain, je suis de la vermine pour les Pokemon. Chaque fois que j'en croise un, je dois m'immobiliser et m'incliner sur le champ. Pour un humain, regarder un Pokemon dans les yeux est passible de nombreux coups de fouets, voire de la mort. Je ne peux parler que quand ma maîtresse m'y autorise, et surtout jamais en présence d'un autre Pokemon. Enfin, je n'ai même pas le droit de fréquenter les humains que je veux. Je n'ai le droit de parler qu'aux esclaves dont les maîtres sont en bons termes avec la famille de ma maîtresse.

Bref, pas une vie très agréable, vous en conviendrez. Vous êtes déjà sans doute en train de me plaindre, d'avoir pitié de moi. N'en faites rien. Car je suis un esclave, mais je suis fier de l'être. Et non, je ne suis pas fou. Je suis juste un bon esclave. Et parce que je suis un bon esclave, je fais la fierté de ma maîtresse, et alors, elle me traite bien. Pour un humain, je vis assez à l'aise, alors que nombre des miens sont battus tous les jours ou meurent de faim dans le ghetto tout en bas de la ville. À ceux qui disent toujours - discrètement bien sûr - qu'ils voudraient tant être libre, ne pas être esclave, je leur réponds qu'ils ont de la chance, plutôt. Ils n'ont qu'à voir comment vivent les humains sans maître, les rejetés du ghetto, qui crèvent la faim et dorme dans le froid et les détritus.

Car c'étaient les deux seules possibilités quand on était humain : soit esclave, soit paria. C'était normal. Les Pokemon étaient la race supérieure, ils avaient gagné la longue Guerre de Renaissance, cinq siècles plus tôt. Et au lieu de nous exterminer, alors qu'ils auraient très bien pu le faire, ils ont choisi de nous laisser vivre en échange de notre soumission. À mon avis, l'esclavage était préférable à l'annihilation pure et simple. D'autant qu'un esclave avait toujours possibilité de s'élever au-dessus de sa condition d'origine. J'en suis un bon exemple. Grâce aux combats.

Les Pokemon s'amusaient à faire combattre leurs esclaves humains dans une arène, plus ou moins grande selon les villes. Ici, à Ferduval, elle n'était pas bien grande, mais les combats d'humains étaient quand même un grand divertissement pour les Pokemon. C'était le seul, du reste. Et, le Seigneur Protecteur en soit remercié, j'étais assez doué dans les combats. Je n'étais pas pourtant bien épais, et je n'avais que seize ans. Les combattants professionnels, eux, faisaient le double de mon poids et me dépassaient largement en taille et force. Mais moi, j'étais rapide, j'étais intelligent, et de fait, je gagnais pas mal de tournoi. Et mes victoires rejaillissaient sur ma maîtresse, qui gagnait en prestige, mais aussi qui gagnait de l'argent pour chacun de mes combats remportés.

C'était ça qui faisait ma valeur d'esclave. À l'origine, je n'étais qu'un humain domestique, offert par de riches parents Pokemon pour leur jeune fille. Ma seule mission consistait à jouer avec elle. Je n'étais là que pour lui apprendre le dressage d'un humain. Mais, le jour de mes treize ans, elle m'a inscrit à un combat, et j'ai tout de suite brillé. En peu de temps, je suis devenu l'un des combattants les plus doués de Ferduval. Et d'esclave domestique, j'étais passé à esclave combattant, les plus chers et les plus précieux du marché, et ceux qui avaient une bonne chance de pouvoir se reproduire un jour.

Ma seule crainte était que ma valeur augmente tellement que ma maîtresse ne décide de me vendre pour en tirer un bon prix. Je ne voulais pas changer de maître Pokemon. Depuis que ma mère est morte et que je suis sorti du ghetto, à l'âge de six ans, je ne sers que maîtresse Cielali. Elle est un peu le centre de mon univers, pour moi. J'aime ma maîtresse, et je suis fier de la servir. D'autant que la famille de maîtresse Cielali était une famille influente à Ferduval. Le père de Cielali, Noctali, était un des hauts fonctionnaires de la ville, un notable reconnu, qui avait des relations assez haut placées dans l'Empire. Grâce à ça, ils bénéficiaient d'un certain confort dans une belle demeure de la ville haute, et donc moi aussi, indirectement.

Mais j'aime à croire que maîtresse Cielali tient à moi. Je suis son seul et unique humain. Elle n'en a pas eu d'autre. On est ensemble depuis dix ans. Elle ne m'a jamais fait du mal, elle me traite toujours bien. Quand nous sommes que tous les deux, elle m'autorise à lui parler normalement. Dans la mesure ou des relations d'amitié sont possibles entre un maître et son esclave, on pouvait considérer que j'étais l'ami voir même le confident de maîtresse Cielali. Je vois ses beaux yeux ambrés briller quand je reviens la voir avec la récompense d'un tournoi.

Oui, maîtresse Cielali m'apprécie comme esclave, et n'a nul désir de se séparer de moi. Et aujourd'hui, quand je foule du pied le sol plein de sable de l'arène de la ville, sous les yeux de centaines de Pokemon, et face à mon adversaire, c'est pour elle que je me bats. Pour la rendre fière. Je connais bien mon adversaire. C'est Crusio, un habitué des arènes, comme moi. On s'est déjà souvent affrontés. Il m'a souvent battu, bien que mon compte de victoire lui soit légèrement supérieur. Nos maîtres respectifs se côtoient, ce qui signifie qu'on peut se parler. Nous étions bons amis depuis avoir trainé ensemble dans le ghetto des humains durant notre enfance. On s'est souvent entraînés, dans nos moments de libres. Mais maintenant, à cet instant, nous sommes les pires ennemis. L'enjeu est de taille : c'est une finale de tournoi. Le vainqueur ramasserait gros.

- Tu as l'air mal en point, mon pauvre Kerel, ricana Crusio.

Il n'avait pas tort. Mon dernier adversaire fut coriace, et je saignais abondement à la jambe gauche, qui pouvait à peine me soulever. Et si l'on comptait que Crusio était bien plus costaud que moi, ça se présentait mal.

- Tu sais, y'a aucune honte à abandonner, reprit Crusio.

- Bien sûr que si, répliquai-je. Je ferai honte à ma maîtresse, et j'aurai honte de l'avoir déçue.

Crusio éclata de rire.

- Perso, je me fiche bien de ce que pourrait penser mon vieux crétin de maître si je perds.

Je fronçai les sourcils. Le maître de Crusio était un vieux Rexillius, un Pokemon impressionnant par sa taille et par sa férocité. Autrefois il avait été un grand combattant dans l'armée impériale, mais aujourd'hui il était complètement gâteux, et ne vivait plus que pour les combats entre humains.

- Tu ne devrais pas parler de ton maître de la sorte, sifflai-je.

- Bah, il n'entend même pas ce que je dis quand je suis près de lui, alors à cette distance...

Vrai que Crusio n'a jamais été vraiment aussi respectueux qu'il le devait envers les Pokemon, mais là il prenait un risque. Parler en termes négatifs d'un Pokemon, n'importe lequel, était très grave pour un humain. Si jamais quelqu'un dans la foule l'avait entendu, il risquait gros. Certes, les Pokemon dans les gradins criaient tant pour les encourager qu'il était inconcevable que quelqu'un ait pu entendre nos paroles. Mais on ne sait jamais. Certains Pokemon ont vraiment une ouïe très fine.

D'autres ont une vue exceptionnelle. Certains savent voler, d'autres respirer sous l'eau. Certains pouvaient traverser les matières solides, tandis que d'autres savaient vivre sous terre. En fait, chaque Pokemon, bien que différents, avaient un don que les humains n'avaient pas. Et c'était pour cela que les Pokemon leur étaient immensément supérieurs. Je le savais, et je l'acceptais, à l'inverse de certains humains, comme ces fous de Paxen qui avaient osé assassiner le Seigneur Protecteur Xanthos il y a deux ans.

Le maire de Ferduval, Cresuptil, leva son long corps maigre de sa loge principale. Tout en baissant les yeux devant lui, comme tout bon humain devant le faire, je l'examinai discrètement. Il aurait été difficile de définir le maire. Il était grand et filiforme, avec une queue, et des bras et jambes si fins qu'il en était presque comique. Une membrane à la base de son cou remontait comme un col géant, duquel sa tête aplatie aux grands yeux verts sortait.

D'ordinaire, les maires des différentes citées de l'Empire étaient des hauts fonctionnaires rigides, prompts à appliquer la loi impériale dans toute sa sévérité. Cresuptil, lui, était différent. C'était un Pokemon d'affaire qui avait amassé une bien belle fortune, et qui, grâce à sa richesse et à ses relations, étaient parvenus à se faire élire maire de Ferduval. Il faisait respecter la loi impériale oui - bien obligé - mais pas vraiment avec zèle. Ce qui l'intéressait surtout, c'était le profit. C'était un Pokemon cupide qui profitait de sa position pour augmenter encore plus ses revenus, notamment par la vente illégale d'esclaves. Tout cela dans le dos de l'Empire, bien sûr. Si jamais les dirigeants d'Axendria, la capitale impériale, avaient vent des petites magouilles de Cresuptil, nul doute que monsieur le maire ne resterai plus trop longtemps au pouvoir ici.

Monsieur Noctali, le père de ma maîtresse, ne manquait jamais une occasion de critiquer le maire. Mais moi, je n'avais rien contre lui. C'était un maire relativement clément avec les humains de la ville, qui leur accordait bon nombre de libertés qu'aucun autre maire ne leur aurait donné. J'étais content de ma position, oui, mais je pensais aussi aux autres humains qui n'avaient pas ma chance. Cresuptil, par exemple, n'avait jamais fait fermer le ghetto, en bas de Ferduval, qui pullulait d'humains. Tant qu'ils ne posaient pas de problème aux gens de la ville, le maire avait accepté de les laisser habiter là.

C'était aussi parce que ça arrangeait bien ses affaires, naturellement. Cresuptil se servait du ghetto pour mener des négoces discrets avec les marchands d'esclaves. Il se fichait du bien être des humains. Mais c'était déjà pas mal. Certains Pokemon - beaucoup même - semblaient prendre un malin plaisir à faire souffrir les humains. Ils les méprisaient. Cresuptil ne méprisait pas les humains ; il leur était indifférent. Et de mon point de vue, mieux valait l'indifférence que le mépris.

- Chers citoyens de Ferduval, clama le maire. Voici nos deux courageux humains qui sont en finale. Que leur combat soit un régal pour nos yeux et source de fierté pour leurs maîtres !

Le public acclama cette intervention, et poussa des encouragements à mon adresse et à celle de Crusio. Je vis dans les gradins la silhouette reconnaissable de ma maîtresse, Cielali, avec son corps clair et soyeux, ses grandes oreilles qui ressemblaient tant à des ailes, et ses yeux de la couleur d'un coucher de soleil. Je savais au fond de moi que j'étais trop faible pour gagner contre Crusio. En temps normal, je suis plus fort que lui, mais mon dernier combat m'avait laissé épuisé, et Crusio était en forme, étant tombé sur un adversaire faible. Mais je me promis toutefois de me battre de mon mieux. Maîtresse Cielali me regardait. Je ne pouvais pas faire autrement.

L'arbitre des combats, Eoko, fit sonner son carillon pour indiquer le début de la finale. Crusio se jeta aussitôt sur moi. Je reculai, sachant que je ne l'aurai pas à la lutte. Je m'accroupis et je dirigeai mon poing contre sa jambe. Mon poignet accusa le choc, mais Crusio fut déséquilibré. Il lança un coup de pied en aveugle, que je parvins à bloquer avec mes deux bras. Je le jetai alors au sol.

D'une roulade, Crusio se releva rapidement, et je sautai sur lui, le touchant au front, tandis qu'il m'atteignit à l'estomac. Je ne pris pas la peine de rechercher mon souffle après ça. Si je voulais avoir une chance de gagner, je devais le faire rapidement. Mon adversaire et moi roulâmes au sol en nous échangeant coups sur coups. J'avais mal, mais la douleur ne m'effrayait pas. Si c'était le cas, j'aurai arrêté les combats depuis longtemps. En revanche, ce qui m'effrayait, c'est de recevoir une blessure grave au point de m'empêcher de combattre durant longtemps, ou pire, qui m'handicaperait à vie. Un esclave handicapé était un esclave mort.

C'est pour cette raison que, même si les combats étaient autorisés jusqu'à la mort, ils se terminaient toujours par un abandon de l'un des humains. Les esclaves étaient chers, et si un esclave en tuait un autre, le maître du meurtrier allait devoir rembourser l'humain à l'autre Pokemon, et ne serait pas content. Bien sûr, il y avait déjà eu des morts dans les combats d'arènes. Être esclave de combat était plus risqué qu'être esclave domestique, mais bien plus enivrant, et surtout, ça rapportait plus.

Mais cette fois, je ne pourrai pas gagner, je le savais. Si je persistais, je me blesserai sévèrement, et je ne pourrai pas participer au Grand Tournoi annuel qui allait se dérouler dans quelques jours. Aujourd'hui, ce n'était qu'un tournoi amical, avec un faible prix à l'arrivée, mais le Grand Tournoi annuel, c'était autre chose. Il y avait toujours un premier prix génial, et j'avais bon espoir de l'emporter cette année. Donc, je fis savoir mon abandon en levant les bras. Le public de Pokemon poussa un gémissement, déçu que ce soit terminé si vite. Crusio me fit un sourire ironique, et se leva sous les acclamations de la foule. Je remarquai que je lui avais laissé la lèvre en sang, ce qui me consola un peu.

- Eh bien, nous avons un vainqueur, déclara Cresuptil. L'humain Crusio, qui appartient à notre cher monsieur Rexillius !

On applaudit plus Rexillius que Crusio. C'était normal. La gloire revenait toujours au maître, et féliciter un humain était dérangeant pour beaucoup de Pokemon. Je me levais, fit signe à dame Leveinard que je n'avais pas besoin de soin, et sorti de l'arène. J'allais retrouver ma maîtresse en traversant la foule de Pokemon, tout en prenant bien garde de m'incliner plusieurs fois à chaque fois que j'effleurai quelqu'un. Cielali me dévisagea avec gravité.

- Pourquoi tu n'as pas laissé Leveinard soigner tes blessures ? Demanda-t-elle, agacée.

- Ce n'est rien de grave, maîtresse, et j'ai mérité cette douleur. Je regrette de vous avoir déçu, maîtresse.

- Ne dis pas d'absurdité. Crusio était bien plus en forme que toi. Je sais que tu as fait de ton mieux.

Si j'aimais tant servir ma maîtresse, c'était parce que même lorsque je ne gagnais pas, elle semblait fière de moi. Généralement, quand un humain perdait un combat dans l'arène, il se faisait enguirlander ensuite par son maître, s'il n'était pas carrément battu. Mais pas Cielali. Ma maîtresse me grondait très rarement, et ne m'avait jamais puni, du moins de son plein gré. Parfois, son père Noctali lui disait qu'elle ferait mieux de me punir plus souvent, et pour le contenter, elle faisait semblant. Plus rarement, Noctali était tellement en colère contre moi que Cielali était obligée de me punir devant lui et pour de vrai. Peu m'importait. Je savais ce que pensait ma maîtresse.

- Et puis, nous avons le prix de la deuxième place, poursuivit ma maîtresse en bougeant ses longues oreilles. Deux cents jails. On ne se sera pas inscrit pour rien.

Je souris. Encore un trait caractéristique de ma maîtresse. Elle parlait toujours de nous deux, à la quatrième personne. La majorité des Pokemon ne s'englobaient jamais avec leur esclave. C'était dégradant. Cielali était une bonne maîtresse, gentille. Trop gentille parfois. Je craignais toujours qu'un autre Pokemon lui fasse quelques remarques désagréables à cause de son comportement avec moi.
Après la remise des récompenses, le maire Cresuptil reprit la parole.

- Je voulais vous annoncer, à cette occasion, une nouvelle particulièrement plaisante, mes chers amis fans de combats d'humains. Comme vous le savez, dans cinq jours se tiendra le Grand Tournoi annuel de notre ville. À l'origine, le premier prix devait être cinq milles jails, une somme plus qu'alléchante. Mais j'ai le grand plaisir de vous annoncer que cette somme sera désormais le prix de la seconde place.

La foule de Pokemon retint son souffle. Qu'est-ce qui pouvait être mieux que cinq milles jails ?!

- Pour cette occasion exceptionnelle, je suis parvenu à me procurer un lot de choix, poursuivit Cresuptil en insistant bien sur lui-même. Le gagnant du tournoi recevra, tenez-vous bien, une jeune humaine !

Le public, d'abord stupéfait, fondit en acclamation. Il y avait de quoi. Si les esclaves étaient chers, les esclaves féminins, elles, l'étaient encore plus, et immensément rares, surtout les jeunes. Durant la Guerre de Renaissance, six cent ans plutôt, l'Empereur et le Seigneur Protecteur Xanthos avaient usé d'un poison qui avait affecté tous les humains. Ce poison, crée par le grand savant Anthroxin, avait réorganisé les gènes humains, et avait fait que désormais, les chances d'accoucher d'une fille soient profondément réduites. Avant la guerre, il y avait une chance sur deux d'avoir une fille pour une humaine. Aujourd'hui, c'était une chance sur dix. Ça avait été le moyen pour l'armée des Pokemon de réduire la population humaine, afin de mieux les écraser, puis de mieux les contrôler.

Il y avait donc bien plus d'hommes que de femmes, ce qui faisait que la population humaine avait nettement décru et continuait de le faire. Le peu d'esclaves féminins en âge de procréer qu'il y avait était consigné à la capitale Axendria, comme propriété de l'Empire. Il se servait de ces femmes comme de reproductrices pour esclaves. Si un maître voulait que son esclave se reproduise, pour pouvoir posséder l'enfant, il devait payer un permis de saillie à l'Empire et faire tout un tas de paperasses, car la natalité humaine était une chose strictement contrôlée. En clair, seuls les Pokemon riches et influents pouvaient faire que leurs esclaves puissent se reproduire.

Voilà pourquoi gagner une esclave humaine était tant incroyable. Le Pokemon qui l'emporterai pourra faire se reproduire son esclave à volonté sans rien devoir à l'Empire, et pourra même la louer comme reproductrice à d'autres Pokemon pour un prix élevé. L'argent et les esclaves à volonté. Le rêve de tous Pokemon. Je notais la lueur d'intérêt dans les yeux ambrés de ma maîtresse. Si je pouvais gagner ce tournoi, ce serait extraordinaire pour elle et pour ses parents. Mais aussi pour moi. J'aurai l'occasion de pouvoir de me reproduire, une chance que peu d'esclaves d'une petite ville comme Ferduval avaient, et un grand honneur en soi.

Moi-même, je n'avais jamais vu une humaine de mon âge. Il n'y en avait pas à Ferduval. Les seules rares femmes qu'on pouvait trouver étaient vieilles et avaient passé l'âge d'avoir des enfants depuis longtemps. Il y en avait quatre, si je ne me trompais pas. Et elles étaient la propriété de Pokemon très riches. Et dans le ghetto, en bas, il y avait la vieille Sol, une humaine sans maître qui vivait là depuis des années, et qui racontait des histoires à ceux qui le voulaient. Bref, si on voulait voir des jeunes humaines - une espèce rare - il fallait se rendre dans les plus grandes villes de l'Empire. Je me demandais donc comment diable Cresuptil avait fait pour se procurer une femme esclave alors qu'elles étaient hors de prix. Sans doute avec des méthodes pas très nettes.

- Une jeune humaine, répéta ma maîtresse une fois qu'on fut dehors dans les rues de la ville. Tu te rends compte, Kerel ? Le Pokemon qui la gagnera deviendra le plus riche de Ferduval !

- Pas plus riche que le maire, maîtresse, plaisantai-je. Il n'aurai pas offert une humaine sans raison. Le nombre de billets pour le Grand Tournoi va exploser.

Cielali, qui voletait à côté de moi pour se déplacer, hocha la tête.

- Oui, mais quand même... Tu imagines si tu gagnes, Kerel ?

Oui, j'imaginais sans mal. Monsieur Noctali gagnerait un prestige tel qu'il fera en sorte de me couvrir d'éloge pour le restant de ma vie. Ma maîtresse elle deviendrait la jeune Pokemon la plus prisée de Ferduval. Enfin, elle l'était déjà, en réalité. Beaucoup voulait la demander en mariage. Quant à moi, je pourrai me reproduire, avoir l'immense honneur de fournir un esclave héritier aux descendants de ma maîtresse, et avec de la chance, peut-être même une fille, si j'avais beaucoup d'enfants.

Plus j'y songeais, plus je souriais. Il n'y avait pas un homme qui ne rêvait pas de se reproduire, mais le fait est que j'ignorais totalement comment faire. Enfin, j'imaginais sans mal que ce que j'avais entre les jambes devait servir à ça. Sol devait le savoir, elle. Elle savait tout. Je me promis de gagner ce tournoi et de remporter cette humaine. J'avais de bonnes chances, j'étais bien classé parmi les esclaves combattants.

Sauf que, il y avait quelqu'un de plus haut placé que moi. Un esclave aguerri aux combats, sans doute le meilleur de Ferduval. Un homme que je détestais par-dessus tout. Et qui, pour l'occasion, se tenait juste devant moi au détour d'une rue. Il se nommait Galbar, il avait quatre ou cinq ans de plus que moi, et de tous les humains que je connaissais, il était le pire. Parce que son maître était un Pokemon influant de la ville et en bon terme avec les autorités impériales, il était arrogant. Parce qu'il était le combattant le plus fort dans l'arène, il était prétentieux. Il adorait s'en prendre aux faibles et par-dessus tout s'en prendre à moi. Il s'inclina devant Cielali, bien que son geste ait quelque chose de moqueur. Tout en lui respirait la moquerie pour les autres, même pour nos maîtres les Pokemon.

- Dame Cielali. Je regrette que votre esclave ne vous ait pas honoré comme il fallait lors du tournoi d'aujourd'hui, déclara-t-il.

Cielali pris un air froid. Elle n'aimait pas plus Galbar que moi, mais comme il appartenait à un Pokemon en très bonne relation avec ses parents, elle ne pouvait pas provoquer un incident en lui faisant ravaler son orgueil. Pourtant, elle détestait le maître de Galbar de la même façon que moi je détestais Galbar.

- Kerel m'a honoré comme il fallait, au contraire. Mais toi, as-tu honoré le tiens ? Je ne me rappelle pas t'avoir vu dans l'arène aujourd'hui.

- Mon maître a eu la sagesse de me garder au frais pour le Grand Tournoi. Vous vous en doutez, il entend bien remporter la jeune esclave, et je compte bien le faire gagner. Je tâcherai de ne pas trop abîmer votre petit Kerel si je tombe sur lui.

Il me lança un regard affirmant le contraire. J'avais de bonnes raisons de douter de sa parole. La dernière fois qu'on s'était rencontré à un tournoi, il avait failli me tuer, et j'étais resté invalide au combat durant trois mois. Autrefois, je craignais Galbar, mais cette époque était révolue. Je répondis à son regard avec les intérêts. À vrai dire, pour moi, vaincre et humilier Galbar devant l'arène entière serait une bien meilleure récompense qu'une esclave pour ma maîtresse. C'était mal de penser ça, pourtant c'était le cas.
Galbar s'inclina à nouveau devant Cielali, et à moi il lança d'une voix lourdes de sous-entendues :

- On se revoit bientôt, Kerel. Fais en sorte de ne pas trop me rendre la tâche trop facile.

Tandis qu'il s'éloignait, Cielali me murmura :

- Tu sais ce qu'on dit, Kerel ? Tel maître, tel esclave.

Je hochai la tête. Ma maîtresse faisait référence au maître de Galbar, un Pokemon nommé Frelali. Tout comme ma maîtresse, il faisait partie de la famille des Evoli. Si Cielali était de type Vol, Frelali lui était Insecte. Le courant ne passait naturellement pas trop entre eux, mais c'était surtout parce que Frelali était un Pokemon détestable. Pourtant, il avait les bonnes grâces de Monsieur Noctali, et avait des amis dans les hautes strates de l'armée impériale. Cielali craignait que son père ne lui demande bientôt de l'épouser. Je le craignais aussi. Si jamais cela devait se produire, je serai contraint de travailler dans la demeure de Frelali, aux côtés de Galbar. L'enfer sur Terre !

Pourtant, il y avait de grandes chances que ça arrive. La famille de ma maîtresse était reconnue, mais pas autant que celle de Frelali. Lui avait bien plus d'argent que Monsieur Noctali, qui n'était à l'abri de rien. De plus, comme Cielali et Frelali étaient de la même race de Pokemon, et donc compatibles pour se reproduire, leur union semblait aller de soi. Pourtant, ma maîtresse m'avait déjà dit qu'elle préférait mourir plutôt que d'épouser Frelali. Et moi, je préférais mourir plutôt que de servir un Pokemon aussi mauvais que lui. Mais si finalement ça arrivait, si Cielali épousait Frelali, je la suivrai chez lui. Tel était mon devoir, et tel était mon destin. Je suis son esclave tant qu'elle n'en aura pas décidé autrement. Je n'ai pas le droit de la quitter, et d'ailleurs, je n'en ai pas envie. C'est surtout ça qui faisait ma fierté d'esclave.




*******

Image de Cielali et Cresuptil :