Chapitre 4 - M. Olivier
Fred et Quentin se réveillèrent vers neuf heures. Lorsqu'ils descendirent dans la salle à manger, étonnamment peu bondée comparée à la veille, prendre leur petit déjeuner, Elise était déjà là, occupée à parler avec Mère Michelette. Lorsqu'elle les vit elle s'arrêta pour les rejoindre, et avant qu'ils aient pu lui souhaiter le bonjour leur dit :
- L'artéfact a été volé cette nuit.
- Quoi ?! s'écria Fred. Cette nuit ? Comment ça ?
- Oui, d'après Mère Michelette, M. Olivier a été attaqué cette nuit par un groupe de malfaiteurs qui en nombre ont maitrisé ses Pokémons, rien de grave, il est un peu choqué... Mais ce n'est pas tout... Ecoutez ce que m'a dit Mère Michelette, leur dit Elise en baissant le ton, beaucoup de clients, que tout le monde prenait pour des touristes, ont mystérieusement disparu cette nuit sans explication. Cela paraît être un peu gros pour être une simple coïncidence... D'ailleurs, toujours d'après Mère Michelette, il se dit dans la ville, qu'ils formeraient une organisation secrète, dont personne ne connaît encore trop les revendications, ou les buts, en fait, elle est simplement pour l'instant basée sur des rumeurs : personne ne sait si elle existe...
- Mais pourquoi volerait-on un artéfact ? se demanda Quentin.
- Pour l'argent ? proposa Fred.
- Je ne sais pas, objecta Elise, la manière est étrange, je veux dire, ce n'est quand même pas discret de venir en si grand nombre pour uniquement de l'argent, je ne pense pas que ce soit ça...
- Je suis d'accord, acquiesça Quentin, et en plus on ne connaît pas la réelle valeur de l'artéfact : il n'a été découvert qu'il y a peu, c'est d'ailleurs pour cette raison à mon avis que M. Olivier le gardait encore...
- Oui, peut-être, admit Fred. Après un moment de réflexion, il ajouta : Et notre homme d'hier soir...
Elise sourit :
- D'après Mère Michelette il aurait aussi mystérieusement disparu cette nuit. Je pense que nous serons tranquille de ce côté.
- Oui mais nous n'avons plus de raison de rester ici... fit remarquer Quentin.
Ils se regardèrent silencieux, puis finalement Quentin rompit le silence :
- Peut-être que nous devrions aller voir M. Olivier, il nous en dira peut-être plus, de toute façon cela ne nous coûte rien. Nous en profiterons pour prendre nos pokémons au centre Pokémon
Les deux autres acceptèrent. Après avoir pris leur petit-déjeuner hâtivement et demandés la localisation de M. Olivier, tous trois sortirent et se dirigèrent vers le centre Pokémon. Il faisait beau, mais étonnamment frisquet pour un matin d'automne. Les trois compagnons qui n'avait pas vu Waturbi de jour, ne furent pas déçu et purent découvrir de nouveaux détails qui leur avaient échappés la veille : c'est ainsi qu'ils purent admirer les dessins de la montagne au creux de laquelle se trouvait Waturbi ou encore regarder la rivière en descendre au loin. Le spectacle était saisissant, Waturbi offrait à la fois une impression de tranquillité, d'histoire et de splendeur. Silencieux, les trois arrivèrent enfin au centre Pokémon et demandèrent à l'infirmière leur Pokémon qui les leur remit. Toutefois au moment de rendre Héricendre elle ajouta :
- Monsieur, est-ce normal qu'il ne veuille se séparer de son collier ?
- Oh, et bien je n'ai pas réussi à le lui enlever, cela a-t-il posé un problème ? demanda faiblement Quentin, un peu gêné.
En effet lorsqu'il avait reçu son Pokémon Quentin avait essayé de lui retirer son collier, sans succès : ce dernier griffait et mordait quiconque tentait de le lui prendre. Las, Quentin n'avait pas retenté l'expérience.
Ils sortirent du centre Pokémon et se dirigèrent avec leur Pokémon à leur côté vers la maison de M. Olivier située en bordure de ville, grâce aux indications que Mère Michelette leur avait fournies. En fait de maison, ils purent constater qu'il s'agissait plutôt d'une grande cabane en bois, au premier abord un peu délabrée. Autour de celle-ci, on pouvait retrouver ci et là, toutes sortes d'objets : un vélo en piteux état qui semblait malgré tout capable de rouler, des pioches, de pelles usées, ou encore une grande malle qui semblait avoir fait son âge... On pouvait aussi constater que l'environnement était peu soigné avec de nombreux trous qu'on aurait volontiers assimilés à ceux de Taupiqueurs. C'est avec ce tableau quelque peu déconcertant qu'ils frappèrent à la porte de M. Olivier. Presque aussitôt une voix leur arriva de derrière la porte:
- Entrez, j'arrive.
Aussi entrèrent-ils dans la grande cabane ; s'ils furent déconcertés en découvrant le dehors, quelle ne fut pas leur surprise en pénétrant chez M. Olivier, l'intérieur demeurait, certes, toujours un peu désordonné mais il s'en dégageait une atmosphère très agréable et accueillante, très différente de celle que procurait la cabane vue de l'extérieur. Faite de bois et avec un sol revêtu de parquet, la salle dans laquelle ils se trouvaient devait être la plus grande. En son centre se trouvait une table simple sur laquelle se trouvait une unique tasse contenant un thé dont les nappes de fumées légèrement parfumées arrivèrent jusqu'à eux. Au fond de la pièce se tenait une cheminée dont les flammes rendaient la pièce encore plus confortable. Enfin, un homme apparu par l'entrebâillement d'une porte qu'ils n'avaient pas remarquée.
Celui-ci était assez grand, les cheveux noirs de jais, ébouriffés, il avait les yeux verts pétillants, le visage à peine marqué par les rides. On ne lui aurait donné guère plus de trente-cinq ans. C'était M. Olivier. Malgré l'attaque dont il avait été victime il affichait une mine resplendissante.
- Vous devez être les trois jeunes gens dont m'a parlé Mère Michelette.
- Et bien... Je pense que oui, elle vous a prévenu de notre arrivée ? dit Elise un peu surprise.
- Oui, répondit en souriant M. Olivier, nous nous connaissons depuis longtemps en fait, alors nous nous parlons souvent. Je suppose que vous veniez pour l'Arakis ?
- L'Arakis ? fit Fred.
- Oh, c'est ce que l'on appelle communément l'artéfact. Nous sommes une poignée de personnes à l'appeler par son vrai nom... répondit M. Olivier.
- Hélas nous avons appris ce matin que vous vous l'étiez fait prendre... D'ailleurs comment allez-vous ? remarqua Elise.
- Oh très bien, une petite bosse sur le front mais rien de bien méchant, en fait du moment qu'ils m'ont pris l'objet ils ont fui, rassura M. Olivier. Mais venez boire un thé, Mère Michelette m'a dit que vous étiez de jeunes archéologues, vous connaissez la légende de Lugia ?
Les trois hochèrent la tête s'assirent autour de la table, M. Olivier leur sembla sympathique et ils avaient envie d'en savoir plus sur les Aliquantes et sur l'Arakis, après tout même s'il se l'était fait prendre, c'est quand même lui qui l'avait découvert. M. Olivier leur servit une tasse de thé parfumé à la camomille et au jasmin. Enfin il commença :
- Vous le savez sans doute mais les Aliquantes vénéraient un Pokémon, Lugia, dont vous avez pu admirer une statue dans la ville. En fait la légende dit que Lugia appartenait à une jeune sorcière Aliquante qui l'avait défendu alors qu'il se faisait attaqué par un troupeau de Carchacrok et qui l'avait ensuite recueilli petit, et dont il s'était très attaché, en fait il lui était dévoué et quiconque s'en prenait à elle devait subir sa rage. Les années qui suivirent Lugia fit partie prenante des Aliquantes à la demande de la jeune sorcière. Il aidait les humains dans leurs tâches et surtout sa maitresse qui était alors devenue une jeune femme. Hélas un jour les Jighy, une tribu belliqueuse qui avait entendu parler du Lugia, décidèrent de s'en emparer. Il s'en suit alors une guerre, entre les Aliquantes et ces guerriers assoiffés de pouvoir. Ces derniers, malgré l'aide de Lugia étaient plus forts et plusieurs villes Aliquantes tombèrent sous le joug des Jighy. Une nuit ils kidnappèrent la jeune femme pour attirer Lugia et on raconte que, lorsqu'il se rendit compte du kidnapping il rentra dans une colère monumentale et se mit à ravager les Jighy... Cependant ceux qui avaient capturé la jeune femme avaient fui depuis longtemps et il ne retrouva pas sa maitresse adorée. Lugia se mit à hurler pendant douze jours, et il partit le treizième. Lugia ayant vaincu l'oppresseur les Aliquantes lui vouèrent un culte sans égal mais ne l'ont jamais revu. On raconte qu'il cherche encore la jeune fille et qu'il revient parfois au sommet de la Colline de Mady, où ils avaient l'habitude de se retrouver seuls. En fait les deux avaient nouées une des plus grandes amitiés qu'un Pokémon et un humain puissent avoir, on raconte que la jeune fille pouvait appeler Lugia quand elle le souhaitait grâce à ses cinq Arakis, qui d'après ce qu'on raconte sont des objets magiques qu'elle avait confectionné pour pouvoir n'être jamais séparé de Lugia. Hélas après la disparition de la jeune fille les Aliquantes ne retrouvèrent pas ces objets mythique, et des siècles après la disparition des Aliquantes dont Waturbi en est un lointain vestige, on raconte encore que celui qui rassemblera les cinq Arakis, aura le pouvoir d'appeler Lugia...
Les trois prirent le temps de tout assimiler, Elise rompit le silence, dubitative :
- Puisque personne n'a jamais vu les Arakis, comment pouvez-vous affirmer que ce que vous avez trouvé en est un ?
M. Olivier sourit et en sortant un vieux manuscrit d'un des tiroirs d'une de ses commodes:
- Grâce à ceci, ma très chère...
- Wouah ! fit en se levant de sa chaise Quentin. Incroyable ! Je peux ? demanda Quentin en s'approchant du manuscrit. M. Olivier acquiesça. Il le contempla sous tous les angles sans qu'Elise et Fred ne comprennent cet intérêt soudain pour ce manuscrit. Je n'en reviens pas il s'agit bien du Livre du Secret des Aliquantes?
Elise et Fred qui en avaient entendu parler comprirent alors l'importance de ce manuscrit.
- Comment l'avez-vous eu en votre possession ? On le pensait perdu depuis des siècles! demanda Elise, surprise
- En fait un vieux marchand me l'a vendu il y a une dizaine d'années aux alentours de Typou sans savoir de quoi il s'agissait alors que je ne connaissais pas grand-chose sur les Aliquantes. Depuis j'essaie de déchiffrer ce qu'il y ait dit mais ce n'est pas facile, c'est lui qui m'a conduit à venir ici il y a plusieurs années. Mais bref regardez plutôt ceci, fit-il en montrant une page sur laquelle on pouvait voir entre autre une sorte de pierre où était gravé un symbole que l'on aurait volontiers assimilé à une spirale d'où jaillirent des flammes bleues.
M. Olivier sortit alors de sa poche un petite pierre et la posa sur la table, Fred et Quentin restèrent bouche bée et Elise lança une exclamation et, stupéfaite, demanda :
- Mais, et le vol ?
- Les voleurs ont pris une copie que j'ai faite et que j'exposais aux touristes, c'est une idée dont je suis assez fier, dois-je dire même si j'ai dû compter sur leur ignorance, fit en souriant M. Olivier. Bon même si ceux qui m'ont volé sont incompétents, cela risque de moins être le cas de leurs chefs et ils risquent de revenir... Je ne vais donc pas pouvoir rester. Je dois de toute façon me mettre à rechercher les autres Arakis. Hum, je me demandais si vous ne voudriez pas m'accompagner : je ne serais pas contre de l'aide surtout que je sens que nous ne serons pas seuls dans cette quête.
Elise, Fred et Quentin se regardèrent et se comprirent. Fred prit alors la parole :
- Nous acceptons bien entendu, mais pourquoi nous ?
- Je ne sais pas trop pourquoi mais une aura spéciale se dégage de vous, je me fie beaucoup à mon instinct et il me dit que je peux vous faire confiance, répondit-il tout simplement. Il faudra avant s'occuper d'entraîner vos Pokémons, Mère Michelette m'a parlé de votre agression d'hier soir.
- Oui mais nous ne savons pas... commença Quentin.
- Ne vous inquiétez pas je vais vous aider, vous devriez préparer vos affaires nous partons pour Hydry, pas loin de Typou là où j'ai trouvé le livre, à une trentaine de jours de marche, on peut y accéder autrement à cause des montagnes. Je vous attends à la sortie de la ville dans trois heures.
Les trois se dépêchèrent donc de rejoindre La Gialu où ils firent leurs sacs pour un voyage qui s'annonçait palpitant.