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Entre deux mondes de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 02/08/2014 à 01:12
» Dernière mise à jour le 02/08/2014 à 01:12

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Chapitre 35 : Keluyah
S'il existait un paradis sur terre alors il se trouvait devant ses yeux.
Keluyah, ébahie par la beauté du paysage, admirait ce bassin dans lequel remuaient une faune et une flore des plus prospères qui se mariaient à la perfection. Quelques plantes aquatiques se mouvaient à la surface de l'eau, chevauchées par moments par un petit être qui en prenait un instant possession pendant que d'autres grattaient les rochers à ses pieds pour s'y faufiler. Sur la rive s'épanouissait un rongeur, quelques oiseaux voletaient au sommet des quelques arbres fruitiers qui cerclaient l'endroit, dévorant la nourriture qui abondait au bout de leurs branches.

Le soleil qui brillait au-dessus de la vallée qui renfermait un tel spectacle semblait se focaliser entièrement sur cette dernière, oubliant le reste du monde et n'offrant ses rayons qu'à une partie infime de la terre. Malgré la saison ces derniers se reflétaient si bien dans la cascade qui coulait en arrière-plan qu'un magnifique arc-en-ciel s'était formé devant lui. Il semblait sortir d'un pan de la montagne comme s'il indiquait un passage secret en son sein et plongeait ensuite dans le bassin où grouillait une forme de vie omnisciente.

Car entre tous les êtres qui avaient élus domicile à cet endroit il en était un qui prenait bien plus de place que les autres. Une armée de poissons aux écailles orangées et coiffés d'une couronne d'un jaune flamboyant nageait au travers du bassin. Ils l'arpentaient sans réel but, se cognant parfois l'un à l'autre tandis que leurs vies se résumaient à quelques battements de nageoires qui les rapprochait de la fin.
Keluyah en les voyant pensa que ce n'étaient pas les créatures abominables dont parlaient toutes les légendes, ces monstres des mers qui broyaient des arbres d'un coup de mâchoire et pouvaient sans le moindre souci provoquer une tempête un jour de calme.

« Ce ne sont que les Gurdhs dans leur forme la plus basique, lui expliqua Kunra qui lisait de l'étonnement sur son visage. En descendant la montagne seulement ces derniers commencent à se transformer, un changement qui se fait complètement une fois qu'ils atteignent l'eau de la mer.
– Et il y a un moyen pour nous de les convaincre à quitter cet endroit avant leur migration ? Ils ne m'ont pas l'air des plus réceptifs. »
Et alors qu'elle disait cela l'un des poissons eut le malheur de nager dans sa direction et enfin de s'apercevoir de sa présence. Un vent de panique souffla sur ce dernier qui tenta avec grande maladresse de faire demi-tour, se plantant la tête dans le sable.

« On ne pourra jamais tous les faire partir, commenta-t-elle. Un tout au plus mais ce serait un coup de chance. »
Elle arrêta de parler en voyant que ses mots s'évaporaient dans l'air. Le guerrier ne l'entendait pas et se contentait de fixer un point sur la cascade. Elle tenta de suivre son regard et, plissant les yeux, elle pensa entrevoir une faible lueur bleue.
« Qu'est-ce que c'est ?
– Ce que je suis venu chercher. »

Un sentiment de culpabilité et de crainte la frappa de plein fouet. Kunra venait de lui prouver que l'expédition qu'il menait en ce moment cachait certaines choses et que derrière la cascade se trouvait un objet qu'il convoitait.
« Comment ça ce que nous sommes venu chercher ? lança-t-elle. Nous sommes venus pour que les Gurdhs regagnent l'océan et arrêtent les navires. Rien de plus !
– Pas exactement, se contenta de répondre le guerrier en avançant dans le bassin jusqu'à être trempé jusqu'à la taille. Il y a mieux que les Gurdhs pour protéger notre terre. Une force bien plus puissante qui fera de nous les protecteurs de ce monde face aux envahisseurs. Mais avant toute chose je crains que l'on ne tombe sur le gardien. »

Mais Keluyah en avait assez entendu. Sans réfléchir elle se précipita dans l'eau à la suite de son compagnon, le tira par le bras et lui colla une claque qui retentit dans toute la vallée. Son visage angélique laissait transparaître une profonde colère et le guerrier, passé le choc provoqué par le geste de la jeune femme, baissa piteusement le regard. Il était soudainement devenu un homme faible.
« Tu n'es pas en droit de me trahir, cracha-t-elle avec autorité. Tu n'es pas en droit de me mentir ou de te jouer de moi, de m'utiliser ou de faire quoi que ce soit d'irrespectueux. S'il y a mieux que les Gurdhs alors il fallait me le dire lorsque nous étions devant les Estras. »

Il ne répondit rien. Malgré son regard impassible, ce n'était de sa part que de vaines tentatives dont il faisait preuve pour dissimuler la honte que la jeune reine lisait au fond de ses yeux qu'il baissait vers le calme bassin dans lequel s'agitait les Gurdhs.
« Je t'ai sauvé il y a des années, reprit la jeune femme en gardant ce ton sec qu'elle n'employait pratiquement jamais d'ordinaire, tu as tué mon père et pourtant je t'ai donné tout ma confiance. Plus qu'à mon amant et plus qu'à tout mon village. Alors la moindre des choses que tu puisses faire est de ne pas la trahir ! »

Les poissons s'agitaient de plus en plus. L'un d'entre eux se coinça une nageoire dans l'une des plantes aquatiques du bassin qu'il tira derrière lui, soulevant au fond de l'eau un nuage de sable qui délogea quelques créatures. Ils se cognaient en nageant de plus en plus vite, s'assommaient, se coinçaient dans le fond ou encore bondissaient avant de retomber et d'éclabousser alentours. Mais Keluyah ne s'en souciait pas.
« Il fallait me le dire depuis le début ! S'il y a un meilleur moyen de tenir ces hommes à l'écart de ces terres pourquoi ne rien avoir dit ?
– Car tu n'aurais pas été d'accord avec moi ?
– Et pour quelle raison ?
– Tu ne voudrais pas perturber de vieilles légendes et éveiller des forces supérieures à celle de la nature. »

Elle resta sans voix, cherchant à comprendre le message caché derrière ces paroles. L'homme lui faisait passer un secret, quelque chose qu'il gardait et convoitait pour lui depuis longtemps et dont elle était complice.
La faune troublait de plus en plus ce paradis. En dehors des Gurdhs qui nageaient dans tous les sens, les oiseaux perchés dans les arbres prirent leur envol en pépiant tandis que les quelques rongeurs détalaient du rivage pour se cacher dans de petites cavités.
Kunra relevait les yeux, ne la regardant pas fixement pour autant.

« Il y a quelque chose que les Gurdhs gardent d'après la légende depuis la nuit des temps. Un pouvoir dont nous pourrions nous servir pour garder nos terres. »
Keluyah tourna la tête en direction de la cascade presque instinctivement. Elle chercha des yeux le point que fixait le guerrier quelques minutes avant et le trouva sans peine. Derrière l'arc-en-ciel et les flots tonitruants qui s'abattaient dans le bassin se trouvait un éclat bleu ; infime mais réel. Sa mémoire ne mit pas longtemps à remonter au temps où Mamy lui racontait une histoire avant de dormir et à cette pierre qui était capable de soulever les océans.

Mais alors qu'elle sentit ce souvenir émerger en elle un grondement éclata, lointain. Les Gurdhs bondirent tous ensemble hors du bassin avant de se précipiter en bataille vers la sortie avant de descendre le ruisseau qui menait à l'océan.
Et sous leurs pieds, alors que les deux compagnons se tenaient dans l'eau de ce petit lac, le sol se mit à trembler. Le sable s'éleva et une masse commença à se tirer de la cachette qu'elle avait découverte sous le bassin. Serpent gigantesque il commença à se découvrir, tira la tête et son corps de l'eau.
Un Gurdhs à son stade final d'évolution, des écailles rouges luisantes sur tout le corps. Mais dans sa tête une simple phrase : que celui qui triomphe du gardien de la pierre domine tous les océans.
Il gronda et se rua sur eux.