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Échec et Mat ! de Lucario0822



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» Auteur : Lucario0822 - Voir le profil
» Créé le 28/07/2014 à 22:54
» Dernière mise à jour le 28/07/2014 à 22:54

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• Chapitre 12 •
• Chapitre 12 •


• Lucario2208 •

Je me tournai, me retournai sur le matelas de paille à même le sol. Le bout de mes pattes arrières effleurait la roche brune devenue grise, comme le reste du décor, aux rayons mornes de la lune. Même sans aucun contact, le froid mordant se dégageait du sol minéral et s'insinuait jusque dans mes rêves. Je me relevai, les yeux écarquillés, et entouré d'un léger halo bleuté d'aura, censé m'apporter une réserve d'énergie en cas de mauvaise posture. Les images qui avaient hanté mes songes en ce milieu de nuit étaient celles de notre future opposition au tyran... Vu notre expérience de ce monde, elle avait bien évidemment été un massacre. Je repris une grande inspiration chargée des senteurs mystérieuses et apaisantes de la nuit, la lueur azur s'estompa rapidement dans l'air.

«Grmbl... La faute au repas du soir, j'aurais pas dû me resservir...» marmonnai-je en poussant de la patte un peu de l'herbe séchée qui me servait de lit, afin de créer une couche imperméable évitant tout passage de température entre le sol et mon corps. La possibilité de voir dans les ténèbres était également un des aspects qui me plaisaient dans le fait d'habiter un Lucario. Je balayai donc la tente du regard, et remarquai que les autres dormaient plutôt bien, malgré la paille inconfortable. Je laissai donc ma tête retomber, et me forçai à fermer les yeux. Je pensais à tout et à rien, comme dans mon monde d'origine ; je répondais à des questions sans intérêt, mais qui nécessitent néanmoins un minimum de réflexion — ma meilleure manière de m'endormir. À force de m'ennuyer, je finis par sombrer à nouveau dans le sommeil, ma respiration se fit plus régulière, et je m'évadai de nouveau dans ce monde qu'est celui des rêves.


«Allez, debout là dedans ! Hop hop hop !»

Ce violent cri nous réveilla tous en sursaut avant que la nature n'ait le temps de le faire, le soleil n'était donc pas encore levé lorsqu'un des sujets d'Electounet débarqua avec fracas dans la tente, et se mit en tête de sous secouer jusqu'à ce que nous soyons tous debout. Je me relevai, l'esprit encore embrumé, et secouai la tête pour me remettre les idées en place. J'avais la désagréable sensation de ne pas m'être rendormi après mon cauchemar, mon manque de sommeil risquait donc de se faire ressentir... À peine voulus-je me déplacer que je faillis trébucher sur l'œuf de Melu, couleur bois — ou chocolat, selon son point de vue —. Je pris soin de l'éviter en le calant bien dans la paille au passage, avant de pouvoir gagner l'extérieur encore plongé dans la pénombre, où celui qui nous avait réveillé tapotait le sol du pied, le regard inflexible et impatient.

«Bien le bonjour, mon capitaine-colonel-général-en chef, mais par pitié, faites plus doucement la prochaine fois...» soupirai-je en baillant, alors que Melu, James et Tenkai sortaient à leur tour.

«-Maitre d'armes.» corrigea l'homme trapu avec sévérité. Haussant les épaules avec désinvolture, assez irrité par la fermeté du réveil, je portai mon regard vers l'horizon à mi-dégagé. Les premières collines se teintaient ici de pourpre, là d'indigo, ailleurs d'orangé, annonçant le début prochain de l'inexorable course courbée de l'astre.

«-Bonjour tout l'monde ! J'ai bien dormi, moi, finalement ! bailla Melu en s'étirant avec un air de satisfaction. Finalement j'ai bien aimé les yaourts...

-Les yourtes, Melu, les yourtes...» fit Tenkai, qui avait du mal à se retenir de tomber dans un interminable fou-rire.

«-Mais non, je parlais de ceux d'hier soir, j'ai l'impression qu'ils m'ont évité une mauvaise nuit... Mais maintenant que tu le dis, c'est vrai que ces tentes sont pas mal non plus ! pouffa-t-elle à son tour.

-C'est pas bientôt fini la rigolade ?» Nous rappela brusquement à l'ordre la voix du chef. Ces mots semblèrent réveiller le reste du groupe, car Lama, Gui, Chips et Jtm sortirent ensuite, alarmés. Lorsqu'on fut au complet, plus ou moins réveillés, l'homme à l'allure de militaire se présenta :

«-Ludo, uniquement là pour vous faire transpirer !»

Ma curiosité fut piquée au vif, et je jetai un regard entendu à Melu.

«-Ludo... À la place de Ludi, non ?

-Non. À ma connaissance, mon nom n'a jamais changé. Maintenant, arrêtez de me contredire, vous êtes là pour vous améliorer !»

Puis il nous guida sans attendre vers l'arrière du camp, dans une petite combe sablonneuse visiblement destinée à un entraînement intensif. Il ne se retourna même pas pour s'assurer que tout le monde le suivait, et marcha d'un pas ferme jusqu'à ce que les mannequins et les armes nous entourent. Le sol se fit moins ferme sous mes pieds, le sable et la mousse offraient un décor parfait pour s'exercer sans se blesser.

«-C'est parti, fit sèchement le maître d'armes. Entraînez-vous. Ciprian et moi allons évaluer vous progrès sur une période définie.

-Parce qu'il se bat pas, lui, peut-être ? lança Tenkai.

-Il sait déjà se battre.» rétorqua-t-il.

Tenkai voulut répondre, mais il se résigna. Tout le monde s'échangea des regards interrogateurs, doutant sur la marche à suivre. Puis peu à peu, ils se saisirent d'une arme, arc pour certains, épée pour d'autres, et allèrent se poster devant un alignent de silhouettes de tissu usées affublées de cibles mal accrochées. Gui essaya le premier, tendit l'arc... Et manqua de peu le disque. Je pensai en rigolant intérieurement que tout le monde avait effectivement besoin d'entraînement. La Dimoret me rejoignit, et décida de ne plus bouger. Je soupirai longuement, avant de demander :

«-Et nous alors, on se bat comment ?

-Vous... Vous passez directement aux choses sérieuses.»

Il siffla longuement, et un Pokémon couleur rose pâle sortit en trottinant du temple, et vint se frotter à son maître d'un air amical. Un Mentali. Pas d'entraînement pour nous, un combat réel dès la première séance... Je me méfiai de cet adversaire au regard si mignon et innocent, qui pouvait néanmoins faire des ravages. Il se planta face à nous, et ne bougea plus. Il se ramassa sur lui-même, prêt à attaquer. Je me positionnai dos à dos avec ma partenaire, pour pouvoir me déporter rapidement au cas où le Pokémon psy décidait d'attaquer à distance. J'essayai en vain d'anticiper ses mouvements. Tremblant, je laissai le temps se suspendre autour de nous. Puis, d'un coup, notre adversaire se propulsa en avant, toutes griffes dehors. Pris au dépourvu, je tentai de fuir vers un des bords de l'arène, Dimoret voulut courir dans la direction opposée. Mentali fut plus rapide, et nous faucha tous les deux en une seule fois. Je tombai lourdement au sol, et deux nuages de sable volant se soulevèrent. Je grommelai de dépit en me relevant, puis m'époussetai, avant de repartir au combat.


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• Melusine29 •

L'entraînement commença donc.....sans aucune expérience dans l'art du combat, nous devions apprendre les bases. Seulement un problème se posait. Comme l'avait sous-entendu Donphan plus tôt, les femmes dans ce monde n'avaient le droit de ne rien faire. Je m'approchais de Chips et de Ludo.

"- Je veux m'entraîner aussi ! Protestais-je, en vain semble-t'il. Le maître d'armes ne me jeta même pas un regard.

- C'est non.

- Et vous voulez que je fasse comment contre l'autre tyran et ses sbires hein ?! dis-je en fulminant sur place.

- Melu....s'il te plaît arrête...." me fit Chips sans une once d'émotion dans la voix. Alors là c'était le pompon, voilà que Chips me prenait de haut. De rage, je sortis du camp d'entraînement en bousculant au passage le jeune homme, qui ne fit aucun commentaire. Le reste de ma journée consista à chercher un coin tranquille, une fois trouvé je ne fis plus aucun mouvement et restait là regarder les nuages passer, à côté de mon œuf. Tandis que la nuit commençait à prendre place, j'entendais les autres revenir et aller manger. Alors là j'étais bien trop en colère pour aller manger avec eux, même si mon ventre criait famine je devais l'avouer. Des bruits de pas se rapprochèrent de ma position et, voulant être seule, je me cachais dans un recoin derrière un rocher. La personne sembla s'arrêter, j'attendis un long moment avant de jeter un coup d'œil. Malheureusement pour moi, c'est ce qu'elle attendait et je sentis une main prendre mon poignet et m'entraîner hors de ma cachette. Levant mon regard, je vis que c'était Chips. Ma colère revint en le voyant et je m'arrachais de son emprise.

"- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? Oh mais suis-je bête ! Je suppose qu'on m'attend à la cuisine pour que je fasse à manger.....Milles excuses Monsieur mais il n'y a pas écrit pigeon sur mon front !

-Je vais t'entraîner.

-Franchement ces gars je vous jure, et puis pourquoi je rest... hein ?" Je m'arrêtai dans mon élan et le regardai avec de grands yeux.

"-Je te dois quelques excuses... ici dans ce monde la vision de la femme est la même que dans notre Moyen-Age. Je suis donc le mouvement mais je n'en pense pas un mot. Donc je vais m'occuper de ton entraînement...en secret bien sûr, me répondit-il en se rapprochant.

-....et moi qui avait prévu toute une série d'insultes...zut....bon ben...je pense que je dois m'excuser aussi ! Je me suis peut-être emportée un peu trop vite... acquiesçai-je.

-Un peu seulement ? Me fit Chips d'un ton ironique.

-Rohhh ça va je me suis excusée c'est déjà ça ! Allez vas-y donne-moi des leçons professeur ! Rigolais-je.

Mon premier entraînement débuta alors, mon « professeur » m'enseigna ce qu'il connaissait. Bien que je sois très maladroite, Chips savait être patient avec moi et à l'écoute. Quelques heures passèrent et jugeant que j'étais trop fatigué, il arrêta la leçon. Marchant côte à côte, notre tente se rapprocha tandis que la lune était déjà bien haute dans le ciel. Écartant le tissu, je m'avançais en essayant de ne pas faire de bruit, mais des rires se firent dans le noir.

Alors c'était bien avec Chips ? Pas besoin de vous cacher les amoureux ! Qu'est-ce que vous avez fait ? Dit en rigolant quelqu'un, la voix me fit penser à celle de Guigui.

Les ignorant, je m'affalais sur ma couche complètement éreintée. Le sommeil vint à moi facilement, tandis que des idées farfelues circulaient au sein de la yourte. Cette bonne ambiance allait être malheureusement mis à mal, quand notre groupe serait séparé. Serions-nous aussi assez fort pour vaincre nos ennemis et rentrer ? Je me promis de poser la question à Chips le lendemain. Il valait mieux que les autres ne sachent pas pour l'entraînement, on ne sait jamais... et puis l'idée de les surprendre n'était pas pour me déplaire.


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• Lucario2208 •




Et ces leçons durèrent près de deux semaines. Quinze jours à répéter toujours les mêmes gestes pour les perfectionner. Les tirs à l'arc se firent de plus en plus précis, et mes attaques de plus en plus ciblées. Entre deux séances de combat, un autre sujet du roi nous accueillait pour nous faire étudier la géographie du pays, jusqu'au moindre mont, au moindre fleuve.

À l'aube du dix-septième jour, je sortis précipitamment de la tente, et pris une grande bolée d'air frais. Je m'étais réveillé seul cette fois-ci, une première. C'était aujourd'hui que notre entraîneur constituerait le premier groupe d'exploration — les personnes qu'il jugeait aptes à partir les premières — ! Le soleil fit lui aussi l'effort de sortir de derrière les collines plus tôt qu'à l'habitude, projetant des ombres démesurées dans la carrière rocheuse.

Lorsque le maître d'armes s'approcha de notre dortoir, il eut l'air tout d'abord surpris, mais ne dit rien, et s'engouffra à l'intérieur.

Pour la première fois, je pus regarder depuis l'extérieur les membres du groupe se lever en titubant sous les ordres de l'entraîneur, sans être parmi eux. Ils semblèrent tout aussi surpris de me voir déjà sur pattes.

La séance d'entraînement du matin ne servit qu'à s'échauffer, car elle dura beaucoup moins longtemps que les autres jours. Pour la huitième fois aujourd'hui, je parvins à rester debout malgré les égratignures lorsque le Mentali, lui, tomba au sol. Je frappai dans la main de Dimoret en la félicitant. De l'autre coté de la combe, les silhouettes de tissu ne firent pas long feu : elles ployaient sous une pluie de flèches et de coup d'épée, et très peu les manquaient. Lama réussit même à en déraciner une. Puis on dût se réunir.

«-Aujourd'hui, fit fermement l'entraîneur, le premier groupe que j'ai constitué partira en direction de la côte pour traquer les partisans du tyran. Les autres resteront ici quelques jours de plus. Que ceux que je nomme s'avancent.»

Je regardai le reste du groupe avec appréhension, la gorge nouée. Tous semblaient aussi impatients. Le maître d'armes fit mine de garder un moment le silence pour faire grimper la peur. Puis... :

«... Toi, le Lucario ; viens ici.»

Je restai tout d'abord coi, puis Jtm me donna un violent coup dans le dos en ricanant, et chuchota que c'était pour me réveiller. J'avançai donc, quelque peu hésitant, en guettant le prochain sélectionné.

«Ensuite... Tenkai.»

Il fit quelques pas en avant avec un sourire satisfait.

«... Puis... Lama.»

Il arriva à notre niveau avec sa moue bougonne habituelle.

«Et pour finir... Jtm.»

Celui-ci, au lieu de s'avancer, courut vers l'extrémité de la combe sablonneuse, où il avait installé son œuf dans un lit de mousse, le cala entre ses bras, puis fila nous rejoindre.

«Bon, c'est tout pour cette fois. Vous autres, allez vous préparer. Le reste, réjouissez-vous, l'entraînement continue !» déclara-t-il froidement.

Le soleil monta dans le ciel voilé par les nuages, et, lorsque le zénith fut passé d'une heure, le groupe entier était réuni à l'entrée de la carrière, prêt à partir. Tout le monde s'échangeait les dernières précautions à prendre en route, les derniers au revoir.

«-Essaie de ramener le groupe en un seul morceau, ce serait un bon début, je pense... s'esclaffa Melu.

-Je ne te garantis pas que Lama reste indemne s'il continue à faire la tronche comme ça...» répondis-je en plaisantant.

Nous nous étions décidés à laisser le sac des moines au groupe restant à l'entraînement, l'entraîneur nous apporta donc un ballotin fourni de quelques provisions sommaires, que nous devions remplir à nouveau par nos propres moyens une fois arrivés près de la côte.

«N'oubliez pas, marchez toujours vers le couchant. Vous devriez apercevoir votre destination au bout de deux jours de marche. Maintenant... Bon vent, et délogez-moi les partisans du tyran, ou c'est moi qui vous ferais la peau !» nous cria Ludi avec un grand éclat de rire suivi d'une quinte de toux, qui fit sourire Lama d'un air railleur. Après s'être échangé quelques derniers regards d'adieux, on se mit en route. Durant la montée de la corniche qui longeait les parois du ravin, je ne pus arracher mon regard au reste de l'équipe en contrebas.

Pour la première fois depuis longtemps, je repensai à mon combat contre Aquali. Et un doute m'assaillit. Je n'étais accompagné que de trois personnes et d'un Pokémon, était-ce suffisant si l'on tombait dans une embuscade ? Après tout, les sbires du tyran étaient sans doute beaucoup plus entraînés que nous... J'écartai rapidement cette question de mon esprit, et me focalisai vers les landes interminables qui s'offraient devant nous, à la liberté profonde que nous allions ressentir lorsque les rafales glacées nous fouetteront le visage en s'engouffrant entre deux rochers.

Je tournai une dernière fois la tête, rongé par le doute, mais la carrière rocheuse avait déjà disparu derrière les collines.