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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 27/07/2014 à 12:37
» Dernière mise à jour le 24/08/2020 à 16:40

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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006. 1x06 - Les voleurs volés
Précédemment : Sofian emménage à Hoenn et part en voyage dans le but de devenir un champion d’arène avec un Poussifeu maladroit comme compagnon d’aventure. Il fait la rencontre de trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Ceux-ci recherchent un criminel qui pourrait les y aider. À Clémenti-Ville, Sofian rencontre Timmy, un jeune garçon à la santé est fragile, et l’aide à capturer son compagnon de voyage, Tarsal. Sofian capture un Goélise qui fait ses preuves en empêchant la Team Rocket de voler Poussifeu. Norman refuse le défi lancé par son fils et pousse Sofian à accompagner Timmy jusqu’à Vergazon. Ensemble, Sofian et Timmy font route vers Mérouville où les attend la première arène. Mais ils sont surveillés par un inconnu aux noirs desseins.

Pokémon #201d
Voyager seul sur les routes désertes de Hoenn n’avait pas été de tout repos et était de loin l’exercice le plus pénible que Sofian eût jamais vécu. Mais il s’avéra que voyager accompagné d’un adolescent à la santé fragile était tout aussi laborieux, surtout lorsqu’il se retrouvait sur un chemin en pente raide et que le moindre excès d’effort provoquait un essoufflement éreintant. Ils n’avaient quitté Clémenti-Ville que depuis une demi-douzaine d’heures mais il paraissait qu’une journée entière s’était écoulée tellement la fatigue s’amoncelait à mesure que le chemin grimpait dans les hauteurs.
Ils arrivèrent bientôt sur un plateau depuis lequel ils avaient une magnifique vue sur l’entièreté de Clémenti-Ville qui s’étendait dans une gigantesque vallée au bout de laquelle débutait l’océan infini. La chaleur étouffante eut raison de Timmy qui se laissa tomber sur l’herbe brûlée par les rayons du soleil estival. Sofian but une longue gorgée de sa bouteille d’eau et la passa à Timmy qui en renversa sur lui dans sa précipitation pour boire.
– Je suis épuisé et ça ne fait même pas un jour qu’on est parti ! soupira-t-il en s’étirant les jambes. Quand je pense que je voulais traverser la région tout seul… J’ai eu beaucoup de chance de te rencontrer finalement. Mérouville est encore loin ?
Sofian sortit son plan de Hoenn et le déplia à la recherche de l’endroit où ils se trouvaient. Il repéra très vite l’océan qui s’étendait à perte de vue vers l’ouest et trouva Clémenti-Ville juste à côté. En revanche, il était incapable de trouver la ville vers laquelle ils se dirigeaient.
– Je ne comprends pas, elle devrait être au nord mais il n’y a que de la forêt sur le plan, dit-il en scrutant chaque recoin de la carte.
Il s’agenouilla auprès de Timmy et lui montra les environs sur le plan. Timmy souleva un pan de carte qui pendait et trouva enfin Mérouville, très loin au-dessus de l’endroit où ils étaient.
– Attends ! Ne me dis pas que… On doit traverser toute cette forêt pour aller à Mérouville ? se plaignit Sofian.
– Ben oui, tu pensais qu’il faisait quelle taille le Bois Clémenti ?
Sofian se jeta à son tour au sol, désespéré. Comment avait-il pu être aussi inconscient en quittant le Bourg-en-vol ? Il était parti à l’aventure sans savoir le nombre de kilomètres qui l’attendaient et avait simplement espéré que les badges d’arène lui tombent dans les mains. Maintenant qu’il avait un ami qui l’obligeait à y réfléchir sérieusement, il aurait tout donné pour remonter le temps et choisir de rester dans son joli petit bungalow chaleureux.
– Si j’en crois l’échelle de la carte et si nous marchons d’un pas rapide, nous y serons dans plus ou moins deux jours, calcula Timmy. Mais seulement si nous ne nous arrêtons pas. Oh ! J’ai oublié de compter les heures de sommeil. A mon avis, nous y serons dans une semaine.
Poussé par un élan de tristesse, Sofian se laissa tomber sur le dos et retint ses larmes. Ses pieds lui faisaient déjà atrocement mal et il n’était guère au bout de ses peines. Au moins, le paysage avait le mérite d’être exceptionnel.
– Tu as entendu ? demanda Timmy d’une voix tendue.
Sofian croisa le regard inquiet de son ami et se releva d’un coup en tendant l’oreille. Mais rien de spécial n’attira son attention. C’est alors que son ventre grogna bruyamment et les deux garçons éclatèrent de rire en décidant qu’il était l’heure de dîner.
– Ma tante nous a préparé des sandwiches pour la route, annonça Timmy en en offrant un à son ami. Et j’ai fait quelques provisions de nourriture pour nos pokémons.
Ils firent sortir à l’air libre Goélise, Tarsal et Poussifeu et ce-dernier couina de joie en tournant autour des deux humains en voyant les graines qui l’attendaient.

Sofian n’était d’habitude pas très lent à table, toujours pressé de remonter jouer à la console. Mais aujourd’hui, il dut s’avouer à lui-même qu’il avait pris son temps afin de ne pas trop vite reprendre la route. Et il était certain que Timmy avait fait pareil car il termina son sandwich encore plus lentement. Poussifeu et Tarsal jouaient à qui courait le plus vite tandis que Goélise se reposait sur une branche d’arbre face au panorama de Clémenti-Ville.
– Nous ferions mieux de nous y remettre si nous voulons arriver à Mérouville avant l’hiver, plaisanta Timmy en sortant la pokéball de Tarsal de sa poche.
– Ma maman dit toujours qu’il ne faut pas faire trop d’effort quand on digère, répondit Sofian en s’installant confortablement sur l’herbe et en posant sa tête sur son sac à dos.
Des bruissements de feuilles mortes retentirent derrière Sofian et celui-ci se sentit observé. Il se releva brusquement et regarda autour de lui.
– Ton estomac m’épate ! lança Timmy en rigolant. Tu es la première personne que je rencontre qui digère en trois secondes.
– Non, c’est juste que… j’ai l’impression…
Poussifeu poussa un cri et courut vers son maître. Timmy sursauta si brusquement qu’il en fit tomber sa pokéball et Sofian se retourna d’un coup sec. Ils virent alors ce qui avait effrayé le petit poussin : un homme se tenait debout à l’orée du bois et s’était approché d’eux sans bruit.

Pokémon #201e
Même s’il l’avait connu depuis des années, Sofian était certain que cet homme, âgé d’une trentaine d’années, lui procurerait toujours cette sensation de peur. De par sa carrure musclée et sa hauteur imposante, ou peut-être à cause de ses yeux noirs ténébreux sous des cheveux bruns clairs mi-longs, la silhouette de l’inconnu le fit reculer de quelques centimètres vers Timmy.
– Excusez-moi si je vous ai effrayé, dit-il de sa voix dure et sèche, je voyage vers Clémenti-Ville et je crois que je me suis perdu. Savez-vous m’indiquer le chemin ?
La question était simple, pourtant Sofian avait du mal à sortir un son de sa gorge tellement les pectoraux et les biceps de l’inconnu ressortaient de manière menaçante de sous son singlet vert kaki tacheté d’une substance qui ressemblait beaucoup à du sang.
– Vous… vous devez descendre le chemin ici à droite, indiqua Timmy d’une petite voix qui indiquait que lui aussi mourrait de peur.
L’homme jeta un coup d’œil à la route que lui indiquait le jeune garçon et leur fit un sourire poli – Sofian sentit son cœur sauter dans sa poitrine tellement le sourire avait l’air dangereux. Par prudence, il sortit la pokéball de Poussifeu de sa poche au cas où il devrait le rappeler en vitesse pour fuir ; Goélise pourrait voler rapidement au-dessus d’eux.
– Vous êtes dresseurs vous aussi ? s’intéressa l’inconnu musclé en s’approchant d’eux.
Sofian et Timmy se dressèrent sur la pointe des pieds pour essayer de lui faire face et de ne pas se sentir comme une proie.
– Oui, répondit Sofian après un moment d’hésitation, car il ne savait pas trop s’il faisait bien de révéler des choses sur lui à un inconnu aussi intimidant.
– Vous n’êtes pas très bavards, remarqua l’homme en faisant la grimace.
– C’est que vous ne nous inspirez pas trop… commença Timmy avant de balbutier des mots incompréhensibles.
– Ce sont vos pokémons que je vois là derrière ?
Sofian vit du coin de l’œil son Poussifeu et le Tarsal de Timmy collés l’un contre l’autre derrière les jambes de ce-dernier.
– Ils ont l’air robustes, complimenta l’homme, ce qui rassura un peu Sofian. Je peux les observer de plus près ?
Timmy voulut objecter mais l’homme n’attendit pas de réponse et s’agenouilla face aux deux pokémons apeurés. L’homme les caressa lentement et Poussifeu sembla apprécier le geste. Sofian soupira de soulagement ; l’homme n’était qu’un simple dresseur aux bonnes intentions qui avait juste un paraître intimidant.
– Je l’ai capturé il n’y a que quatre jours mais il s’est montré très brave et très puissant ! dit-il avec fierté.
– Sofian, je ne pense pas que… marmonna Timmy mais Sofian l’interrompit par un geste.
– Ça va, c’est juste un dresseur, chuchota-t-il.
– Et ce Tarsal a l’air très serviable, dit l’homme en l’examinant avec attention, comme s’il allait faire une proposition pour l’acheter. Je suis sûr qu’il obéit à tous les ordres que vous lui donnez.
L’homme se releva et dépassa en hauteur les deux adolescents de deux têtes. Il balaya l’endroit d’un rapide mouvement d’yeux et sourit à nouveau.
– Je ne pense pas que nous ayons été présentés, dit-il en sortant un paquet de cartes de visite de sa poche. Je m’appelle Lionel, je suis un des jurés de la Ligue Pokémon de Hoenn et mon job consiste à garder un œil sur les dresseurs et leurs pokémons.
Il en distribua une à Timmy et une autre à Sofian en la plaçant dans la main qui tenait sa pokéball. Le reste du paquet lui glissa des mains et tomba par mégarde aux pieds de Timmy. Sofian lut attentivement la carte de visite qui confirmait les informations qu’il leur avait données alors que l’homme finissait de ramasser ses affaires et les quittait.
– Eh bien… enchanté… balbutia Timmy qui ne savait pas trop comment réagir.
Mais l’homme était déjà parti en direction du bois duquel il était arrivé.
– Je n’étais pas au courant qu’il y avait des jurés à la Ligue Pokémon, dit Sofian étonné en fourrant la carte dans une de ses poches et en se frottant les mains pour essuyer la sueur qui avait perlé lorsqu’il s’était senti menacé. Hoenn est vraiment différent de Kanto sur tous les niveaux.
– Figure-toi que je ne le savais pas non plus. Ça doit être nouveau parce que l’année passée, il n’y en avait pas.
– Et toi qui pensais qu’il nous voulait du mal ! s’amusa Sofian en ramassant son sac à dos. On ferait bien de se remettre en route vers Mérouville.
– Mais au fait, il a dit qu’il se rendait où exactement ?
– Allez les pokémons, on y va ! appela Sofian.
Goélise se réveilla et les rejoignit d’un battement d’aile.
– Il a bien dit qu’il allait à Clémenti-Ville, non ? continuait Timmy.
– C’est possible…
– Alors pourquoi il n’a pas pris le chemin qu’on lui a montré ?
– Qu’est-ce que j’en sais ! Peut-être qu’il a changé d’avis. On y va ?
Sofian se remit en chemin vers les bois, suivi de Goélise et Timmy l’arrêta en le tirant par le bras.
– Sofian !
– Quoi encore ? s’énerva ce-dernier, lassé de voir son ami en crise de paranoïa.
– On s’est fait avoir !!
– Mais de quoi tu parles ?
Sofian se retourna vers lui et comprit alors ce que son ami voulait lui dire. Il avait appelé ses pokémons et seul Goélise avait répondu à l’appel. C’est alors qu’il se souvint qu’il tenait en main la pokéball de Poussifeu quand l’homme leur parlait ; à présent, ses mains et ses poches étaient vides. Timmy scruta le sol autour de lui et ne trouva pas la pokéballs de son Tarsal.
– On s’est fait voler !! s’horrifia Timmy. Tarsal !! TARSAL !!
– Oh mon Dieu, c’est pas vrai ! paniqua Sofian en comprenant le cinéma qu’avait joué Lionel, s’il s’appelait réellement Lionel. POUSSIFEU !!
– Qu’est-ce qu’on va faire ?! s’écria Timmy dont la respiration se brusqua rapidement.
– Ne cédons pas à la panique, la dernière chose qu’on veut, c’est une nouvelle crise d’asthme. Heureusement, il n’a pas remarqué que Goélise était là. Goélise, je veux que tu voles au-dessus des arbres à la recherche de l’homme qui nous a volé nos amis ! Tout de suite !!

Pokémon #201r
La chaleur de l’après-midi était étouffante, mais ils se devaient de continuer leur marche sur le sentier de terre, entre les arbres, en direction du Bois Clémenti. Leur passé à Kanto, et surtout le nombre incalculable de mauvaises expériences qu’ils avaient accumulé, leur avait servi de leçon. Accepter de l’aide n’était pas honteux, mais accepter n’importe quelle aide était aussi risqué. Jessie le savait pertinemment bien, et c’est ce qui l’angoissait le plus en pénétrant plus profondément dans les bois.
– On a intérêt à se préparer, dit enfin James en rompant le silence tendu qui régnait entre eux.
– On le sait ! répondit Jessie sur les nerfs. Ça va aller je vous dis.
– Parce que non seulement il est dangereux, mais en plus, il nous a déjà…
Jessie s’immobilisa instantanément et ses acolytes rebondirent sur elle.
– Qu’est-ce que… s’énerva Miaouss.
Mais Jessie lui plaqua la main à la bouche pour le faire taire et tendit l’oreille. Des craquements de branches d’arbre retentissaient au loin et les bruits s’approchaient très rapidement d’eux, comme si quelqu’un courait à toute vitesse à travers le bois. Enfin, un homme apparut d’entre les feuillages et arrêta soudainement sa course face à eux. L’homme tenait deux pokéballs dans ses mains et était à bout de souffle. Malgré son air inquiet, il afficha un large sourire en les reconnaissant.
– Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que vous ne me retrouviez.
Jessie, James et Miaouss échangèrent un regard méfiant, les souvenirs de leur dernière rencontre encore ancrés dans leurs mémoires.
– Que me vaut le plaisir de recevoir cette chère Team Rocket dans ma région d’exile ? demanda-t-il en serrant les bras.
Les muscles autour des bras de l’homme se resserrèrent et James déglutit difficilement en comprenant qu’en cas de problèmes, il ne ferait pas le poids physiquement.
– Nous sommes venus demander ton aide, annonça courageusement Jessie sans une once de peur dans la voix.
– Mon… aide ?
Et l’homme explosa d’un rire bruyant, tel un Caninos aboyant sur une proie. Miaouss frissonna de peur mais Jessie resta de marbre.
– Vous êtes au courant que je ne travaille plus pour la Team Rocket, répliqua-il lorsqu’il fut calmé. Je ne vois pas pourquoi je vous aiderais.
– Parce que nous pouvons t’aider à revenir dans la partie, Michael ! répondit Jessie en avançant vers lui et en tendant les bras de manière accueillante. Si le Boss sait que tu nous as aidés dans cette mission importante, tu seras récompensé comme il se doit.
– Le… « boss » a eu des propos très clairs envers moi et m’a bien fait comprendre que je ne faisais plus partie de l’équipe, rappela Michael. Et puis, cela m’étonne que vous ayez besoin d’aide maintenant. Je pensais justement que la dernière fois, vous saviez vous débrouiller seuls.
– Ne fais pas comme si tu étais la victime dans cette histoire, rétorqua enfin James.
Le voleur lui lança un regard noir qui le fit se ratatiner sur place.
– Vous n’êtes donc pas ici pour vous venger de notre dernière entrevue, comprit Michael. Vous me décevez.
Il ferma alors les yeux pour réfléchir. Même aveugle, il gardait cette aura de violence qui ne mettait pas les trois acolytes en confiance.
– D’accord, accepta-t-il en rouvrant les yeux d’un coup. Mais à une condition : que vous m’aidiez d’abord.
– Il n’y a pas de conditions dans notre proposition ! s’insurgea Jessie.
– Si vous voulez utiliser mes services, il va falloir payer pour les avoir ! beugla Michael d’un ton autoritaire, ce qui eut le don de paralyser les trois acolytes qui tremblèrent de peur.
Par réflexe, Jessie et James dégénèrent leurs pokéballs et s’apprêtèrent au combat. Mais Michael ne fit rien.
– Bien, reprit-il d’une voix calme en posant les yeux sur les balles de la Team Rocket. Je vous explique la situation : je viens d’effectuer un vol à l’instant. Malheureusement, et cela arrive même aux meilleurs, j’ai laissé un pokémon derrière par inadvertance et les dresseurs sont en ce moment à ma poursuite. Vous allez me récupérer ce pokémon et me le ramener en vous débarrassant des dresseurs. Ça sera facile, ils sont assez jeunes. Deal ?
Jessie, James et Miaouss échangèrent à nouveau un regard méfiant mais s’il voulait son aide, ils n’avaient pas d’autres choix que de se plier à ses règles.
– Deal, acceptèrent en chœur les trois acolytes.
– Parfait. Prenez les pokémons que je leur ai volés et servez-vous-en comme appât.
Michael leur tendit les deux pokéballs qu’il tenait en main et les leur plaça dans leurs propres mains.
– Mais… ? commença Jessie.
– Comment on est censé… ? bafouilla James.
– Allez, le temps presse ! Ils vont arriver d’une minute à l’autre ! On se retrouve dans la clairière au bout du chemin.
Michael les poussa dans le dos pour les diriger vers le sentier d’où il venait et Jessie et James observèrent les deux pokéballs qu’il leur avait confiées. Ils soupirèrent et acceptèrent de se laisser mener à la baguette par l’homme qu’ils voulaient commander.

Pokémon #201o
Peu importe depuis combien de temps ils couraient dans les sentiers sinueux du bois, ce n’était pas un point de côté qui les arrêterait.
Sofian était dans un état de panique qu’il n’avait encore jamais connu. Non pas que se faire voler son pokémon ou être en danger était nouveau pour lui, mais plutôt parce que cette fois-ci, il n’avait aucune idée de l’identité du voleur et surtout parce que ce voleur était bien plus terrifiant que les incapables de la Team Rocket.
A chaque pas, il sentait la douleur pointer le bout de son nez dans ses côtes. Chaque centimètre de course étouffait sa respiration. Mais Timmy était prêt à courir jusqu’à rencontrer la mort plutôt que d’abandonner son Tarsal, le seul être vivant capable de le rendre bien physiquement et heureux mentalement.
– Je vois quelque chose ! s’écria Sofian qui était loin devant.
Ils s’arrêtèrent rapidement, soulagés de pouvoir enfin se reposer, et jetèrent un coup d’œil à la sphère qui traînait au sol : une pokéball. Plus loin sur le sentier de terre reposait une deuxième pokéball.
– Attends ! prévint Timmy alors que Sofian s’approchait de la première. Ça doit être un piège !
– Un piège pour quoi ? Il nous a déjà volés ! Il a dû les faire tomber dans sa course.
– Ce serait vraiment une chance pour nous, surtout qu’il a l’air d’être un voleur expérimenté pour arriver à nous enlever les pokéballs des mains sans qu’on ne s’en rende compte.
Sofian haussa les épaules et fit un pas en avant.
– Sofian ! s’écria Timmy pour qu’il l’écoute. Imagine qu’il s’est rendu compte qu’il manquait Goélise et qu’il nous tendait un piège ? Et est-ce qu’on est certain que ce sont bien nos pokéballs ?
Sofian soupira en s’avouant que Timmy avait raison d’être prudent et ordonna à Goélise de ramasser la pokéball. Rien ne se produisit. Goélise s’envola vers la deuxième pokéball et la prit dans son bec à son tour. Là encore, rien ne se produisit.
– A croire qu’on a eu de la chance sur ce coup-ci… dit Sofian en amorçant un pas vers son pokémon.
Tout à coup, un filet sorti de nulle part enferma Goélise et les deux pokéballs dans ses mailles. La mouette cria de peur et essaya de battre des ailes, mais plus elle bougeait, plus elle s’emmêlait dans le filet.
– Et voilà ! C’était plus facile qu’il n’y paraissait !
Un homme, une femme et un chat sortirent de leur cachette et Sofian sut alors à quoi s’attendre.
– Il fallait s’en douter ! s’exclama-t-il en les reconnaissant.
– Ça alors ! Jessie, tu as vu qui on vient de voler ?
La Team Rocket se concentra sur leurs victimes essoufflées et reconnurent à leur tour les deux adolescents.
– Vous travaillez donc avec d’autres personnes ! dit Timmy. Vous n’êtes même pas capables de réussir vos vols alors vous demandez de l’aide autour de vous ! C’est pitoyable !
– Ravale ton venin, tu risques de te brûler avec ! répliqua Jessie.
– Rendez-nous nos pokémons ! exigea Sofian qui perdait patience.
– Quel serait l’intérêt de vous les rendre alors qu’on vient tout juste de vous les voler ? rétorqua James. Il faut parfois faire attention aux répliques qu’on lance, sinon le scénario n’a plus aucun sens.
– Au lieu de parler littérature, nous ferions mieux de vous quitter, intervint Jessie. Nous avons d’autres choses plus importantes à faire que papoter avec vous.
– Si vous croyez qu’on va vous laisser vous enfuir ! menaça Sofian.
Sofian dut se rendre à l’évidence, ils étaient piégés sans aucune issue cette fois-ci. À côté de lui, Timmy tremblait de rage et menaçait de céder à nouveau à la crise de panique.
– Et tu feras comment sans pokémon ? nargua James.
– Contre nos deux pok… commença Jessie, mais elle s’arrêta au milieu de sa phrase et afficha une mine perplexe.
Elle avait passé sa main dans la poche mais l’avait ressortie vide. Elle fouilla son autre poche qui était tout aussi vacante.
– Un problème ? provoqua Sofian.
– James, je ne trouve pas la pokéball d’Arbok…
James fouilla ses poches et fut tout aussi étonné que son acolyte.
– Smogogo n’est plus là non plus !
– Bande d’abrutis, vous ne les avez tout de même pas laissés dans la montgolfière ? s’excita Miaouss.
Pendant que Jessie et James procédaient à de nouvelles recherches, Sofian et Timmy communiquèrent silencieusement. A sa grande surprise, Sofian remarqua que Goélise était occupé à picorer le filet qui le retenait prisonnier.
– Non je suis sûr que je l’avais quand on parlait avec Michael ! répondit Jessie en panique.
– Moi aussi, même que je l’ai sortie de ma poche en pensant qu’il allait nous attaquer ! précisa James.
– Puis il nous a donné les pokéballs des gosses et… et…
À cet instant, les yeux du trio de la Team Rocket semblèrent s’illuminer de la connaissance divine.
– L’enfoiré ! s’écria Jessie.
– Il a osé nous voler ! s’insurgea James.
Soudain, Goélise se délivra de sa prison de corde et se retourna vers Jessie, James et Miaouss.
– Goélise, attaque « pistolet à »…
– Oh ! Laissez-nous ! s’énerva Jessie. On s’en fout de vos pokémons ! On vient de se faire voler les nôtres !
Et la Team Rocket prit ses jambes à son cou en s’enfonçant dans les bois. Sofian et Timmy échangèrent des regards amusés et éclatèrent de rire en récupérant leurs pokémons. Ces trois-là n’étaient définitivement plus une menace, songea Sofian, et il était temps pour eux de repartir vers Mérouville en évitant de recroiser le dangereux « Lionel ».

Pokémon #201b
Le vent glacial de l’altitude leur fouettait le visage mais ils n’en avaient que faire, il fallait à tout prix qu’ils retrouvent le traître de Michael ! Comment avaient-ils pu se laisser berner de cette façon ? Sachant tout ce qu’ils avaient vécus au sein de la Team Rocket avec ce voleur, comment avaient-ils pu le laisser les rouler à nouveau ?
– Là ! s’exclama Miaouss.
Il pointa un endroit de l’épaisse forêt qui s’étendait à des centaines de mètres sous eux et virent une large clairière dans laquelle était garé un énorme camion.
Ils posèrent leur montgolfière à l’écart afin de ne pas se faire repérer et avancèrent prudemment vers la clairière. Lorsqu’ils atteignirent l’endroit d’assez près, ils entendirent alors la voix dure et sèche de leur ancien comparse.
– Shht, du calme, monstres répugnants, disait-il en enfermant Arbok et Smogogo dans une cage de son camion. Soyez contents, vous allez vous faire de nouveaux amis dans ce camion.
– Rends-nous nos pokémons, sale traître ! s’écria Jessie en accourant dans la clairière, ne pouvant pas supporter le ton sur lequel il avait parlé à son Arbok.
Michael se retourna violemment en sursautant et faillit perdre les pokéballs d’Arbok et Smogogo des mains. Il regarda la Team Rocket avec étonnement.
– Mhh, je vois… marmonna-t-il.
– Tu ne t’attendais pas à ce qu’on comprenne ton manège, hein ! dit vaillamment James.
– Non, je ne m’attendais pas à ce que vous reveniez tout de même chercher vos pokémons en sachant très bien l’étendue de mes pouvoirs. Je vous pensais beaucoup moins stupides, mais j’ai dû vous surestimer.
– Et nous qui pensions que tu nous aiderais ! répliqua Jessie. Mais en fait, tu es toujours le même traître que nous avons connu !
Le visage de Michael se durcit lorsqu’il fut insulté et il crispa ses muscles pour les intimider. Mais Jessie et James ne cédèrent pas à la peur.
– Tu vas nous rendre nos pokémons sinon…
– Sinon quoi ? s’écria Michael avec force.
Sa voix retentissante explosa aux tympans et se propagea aux alentours de la clairière.
– Sinon quoi ? répéta-t-il, de plus en plus dangereux. Qu’est-ce que trois incapables comme vous seraient capables de faire contre moi ? Vous n’avez jamais réussi à voler un pokémon plus fort que vous et vous voulez me défier ? Moi, le plus grand voleur de pokémons ? Moi, qui ai créé un gigantesque marché noir dans le dos des autorités ? Moi, qui vole les pokémons les plus puissants du monde et qui les revends aux entreprises les plus riches ? Vous n’êtes RIEN !
Il haussa la voix à nouveau et une nuée de Piafabec s’envola de peur tandis que la Team Rocket se recroquevillait sur elle-même. Il s’avança vers eux lentement, comme s’il savourait la terreur qui grandissait doucement en eux.
– Revendre un bête Poussifeu et un Tarsal de pacotille n’a aucun intérêt, poursuivit-il en reprenant son calme. Mais un gigantesque Arbok et un Smogogo bien entraînés par la puissante Team Rocket peuvent valoir des milliers de pokédollars quand on sait à qui les revendre. Vous pensez que vous m’avez retrouvé parce que vous étiez assez malins pour me suivre à la trace ? Vous êtes tellement naïfs…
Une larme de rage coula sur la joue de Jessie alors que James sentait son cœur battre de plus en plus rapidement dans sa poitrine.
– Tu n’as pas changé, intervint James avec courage, la voix tremblant de colère. Tu es toujours un être abject et sans morale ! Oui, nous étions stupides de penser que tu nous aiderais. Mais aujourd’hui, tu ne gagneras pas ! Miaouss, montre-lui de quel bois on se chauffe !
En un éclair, Miaouss se retrouva sur les épaules de Michael et lui lacéra le visage à l’aide de ses griffes fourchues. Le voleur poussa un cri de douleur retentissant et attrapa le chat par le cou avant de le jeter au sol.
– Tyranocif, débarrassons-nous d’eux une bonne fois pour toute ! rugit-il en sortant une pokéball de sa poche.
Le gigantesque dinosaure qui servait de compagnon à Michael se matérialisa devant la Team Rocket qui recula d’un pas précipité face à l’imposante masse du monstre aux écailles vertes et aux cornes menaçantes. Le Tyranocif poussa un cri de rage et balaya la clairière de sa longue queue épaisse. Jessie, James et Miaouss furent propulsés au sol avec violence. Dans le camion, Arbok et Smogogo poussèrent de cris de stupeur en voyant leurs maîtres attaqués.
– Du calme les amis ou vous y passerez, vous aussi, leur dit Michael en se délectant du carnage que son pokémon produisait.
Sous les ordres de James, Miaouss grimpa sur le corps de Tyranocif avec l’agilité d’un chat et griffa à plusieurs reprises le visage du monstre. Tyranocif se plaqua les pattes-avants au visage mais Miaouss sauta sur ses cornes afin d’éviter le coup. Le monstre tituba suite à son propre coup qu’il s’était donné.
– Débarrasse-toi de ce Miaouss et envoie « ultralaser » ! ordonna Michael.
Tyranocif balança férocement sa tête et Miaouss s’envola s’écraser contre un arbre.
– Miaouss !! hurla Jessie avec peine.
Mais elle n’eut pas le temps de se concentrer sur l’état de son ami pokémon car le Tyranocif préparait une attaque surpuissante et James la tira vers elle pour l’obliger à fuir.
– On ne va pas les abandonner ici ! se rebella Jessie en se défaisant de l’étreinte de son acolyte.
La bouche de Tyranocif s’illumina d’une lumière orangée ; « l’ultralaser » était prêt et il visait les deux humains.
– Ici ! cria Miaouss.
Miaouss s’était relevé et s’était faufilé à l’insu de Michael entre Tyranocif et le camion et avait planté ses crocs dans la queue du monstre géant. Tyranocif se retourna subitement vers lui et envoya son laser qui fusa à une vitesse vertigineuse. Miaouss fut assez rapide pour se jeter sur le côté et éviter l’attaque dévastatrice qui explosa contre le camion. Michael fut projeté au sol par le souffle de l’explosion et les pokéballs qu’il tenait en main se brisèrent sur le coup. Le reste du camion qui n’avait pas été endommagé se renversa sur le côté et les cages se rompirent sous le choc. Tous les pokémons prisonniers furent libres et s’enfuirent en toute hâte.
– NOOOON !!! hurla Michael en voyant les Nidoking, Brouhabam et Tengalice se disperser dans la nature.
Arbok et Smogogo filèrent vers Miaouss pour l’aider à se relever car la chaleur de l’explosion l’avait grièvement brûlé.
– JE VAIS VOUS DETRUIRE !! s’égosilla Michael en crispant ses énormes muscles. Tyranocif, massacre-les !
Une boule d’énergie sombre apparut entre les pattes-avants du dinosaure et s’envola vers les deux pokémons violets qui poussèrent Miaouss sur le côté afin qu’il ne soit pas pris dans la nouvelle explosion. La boule de ténèbres fouetta Arbok et Smogogo qui sombrèrent au sol dans des cris de douleur atroces.
– Arbok !!
– Smogogo !!
Derrière Tyranocif, Jessie et James assistaient au spectacle terrifiant, impuissants. Tyranocif écrasa de ses pattes-arrières les corps des deux pokémons qui hurlèrent à la mort.
– Arrête !! supplia Jessie en se jetant au sol, le visage ruisselant de larmes.
– Achève-les ! ordonna Michael sans une once de pitié.
Tyranocif prépara à nouveau son laser orangée mais il reçut un coup sur le dos et le laser s’évapora. Il se retourna subitement ; James venait de le frapper à l’aide d’une branche. Michael éclata de rire.
– C’est avec cette branche que tu comptes sauver la vie de ces minables ? s’amusa-t-il.
– Je donnerai ma propre vie s’il le faut ! répliqua James qui tremblait de rage.
– Et bien soit, donne-la ! Tyranocif, occupe-toi des deux crétins !
Tyranocif fendit l’air de sa patte-avant et James s’effondra devant Jessie, toujours agenouillée au sol. Arbok et Smogogo se relevèrent difficilement et voulurent les aider.
– Fuyez ! ordonna Jessie de sa voix cassée par la terreur.
Les deux pokémons ignorèrent les ordres.
– Vous ne pouvez rien contre Tyranocif ! répéta Jessie. Nous n’avons pas souvent été très corrects dans notre vie, mais s’il y a bien une chose pour laquelle nous donnerions nos vies, c’est pour sauver les vôtres. Les pokéballs sont cassées, on ne peut pas vous y cacher pour vous protéger. Alors, fuyez tant qu’il en est encore temps !!
Arbok et Smogogo poussèrent en chœur une plainte déchirante et, après avoir lancé un dernier regard inquiet à leurs maîtres désespérés, quittèrent la clairière en vitesse sous les cris de rage de Michael.
Une fois les pokémons partis, le calme s’installa dans la clairière ravagée. De la fumée noire et crasseuse s’échappait du camion détruit et renversé, et Michael se tenait debout, la mâchoire serrée et les veines ressortant sur son crâne. Jessie, James et Miaouss s’étaient regroupés au sol et étaient tous trois agités par des frissonnements de colère, de tristesse et de peur. Michael fit un dernier geste de la tête à son Tyranocif qui envoya une nouvelle attaque destructrice. « L’ultralaser » ravagea la clairière, fit sauter les arbres de leurs emplacements, dévasta l’herbe jaune et emporta dans son sillon les trois membres de la Team Rocket qui dévalèrent abruptement le versant de la colline et finirent leur course dans un ravin.
Du haut de la colline, Michael observa les corps sans vie de Jessie, James et Miaouss, étalés telles des poupées disloquées entre des rochers meurtriers. Il essuya la sueur et la poussière qui s’était amassée sur son front et cracha au sol.
– Bon débarras.

Pokémon #201e
Ses membres ne lui répondaient pas. Il faisait chaud. Il grelottait de douleur. Quelque chose de pointu lui déchirait le torse. Un liquide brûlant lui coulait du crâne jusque dans la bouche. Le goût amer du sang le réveilla d’un coup. James ouvrit les yeux. Il faisait sombre. La nuit devait être tombée. Une touffe de poils hérissés et poussiéreux lui cachait la vue. Miaouss était inconscient. Mais il respirait. Quel soulagement ! Il tourna la tête. Sa joue se griffa davantage sur les cailloux. À sa droite, Jessie était couchée sur le dos, les bras en croix. Ses cheveux roux entremêlés cachaient son visage. Du sang était parsemé sur son uniforme gris. Mais sa poitrine montait et descendait de manière régulière.
Ils étaient en vie. Seuls, mais en vie. Seuls. Un jour, il se vengerait de tout le mal que Michael leur avait fait. Il se le jura.
James perdit à nouveau connaissance.

Pokémon #201r
À suivre dans : « La Team Magma »