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Entre deux mondes de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 26/07/2014 à 03:03
» Dernière mise à jour le 28/07/2014 à 14:51

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Chapitre 29 : Paul
Il n'avait jamais vu la mer et cela l'amusait. Quel ironie de découvrir cette beauté infinie, pleine de mystères au moment de la prendre pour quitter sa terre natale, se dit intérieurement Paul avec un sourire.
Alors qu'il scrutait l'horizon du pont du navire qui devait l'emmener à l'autre bout du monde, il pensa aux deux enfants qu'il avait chargés de rester au calme pendant qu'il disait au revoir à sa terre natale. Il n'avait aucun problème avec eux. Les petits étaient attentifs, sages et faisaient preuve d'un immense respect envers quiconque alors même que les hommes de ce monde les avaient enlevés à leurs familles.

Paul tenta de se détacher un instant de ses deux protégés. Il se concentra sur le phare qu'il voyait pour la première fois et qui surplombait la mer de son rocher. Il se demanda quelle était la vie de ceux qui allumaient chaque jour le brasier à son sommet, l'alimentaient de branchages afin de guider les marins perdus à bon port. Trouvaient-ils du réconfort chaque jour à regarder la mer ? Un paysage enchanteur qui faisait chavirer le cœur de Paul bien plus que tout ce qu'il avait pu voir dans sa vie.
« Dommage que je la vois seulement quand il est temps de la prendre pour partir loin, murmura-t-il tout bas. »

Alors qu'il prononçait ces mots un homme en armure se pencha à ses côtés et s'adossa aussi à la balustrade. Il porta à son tour son regard vers l'horizon.
« Je sais ce que cela fait de partir pour la première fois, lança-t-il à Paul sans pour autant se tourner dans sa direction. L'impression d'aller vers l'inconnu et de ne jamais pouvoir revenir, de laisser en arrière tout ce que l'on aime... »
Le jeune ingénieur ne répondit pas, se contentant de laisser reposer en son cœur les paroles du soldat. Étrangement elles le touchaient. Son interlocuteur, paré d'une armure qui allait de plaques de métal sur le torse à des gantelets de fer, s'était lancé dans une harangue nostalgique.

« La dernière fois que j'ai vu ce paysage c'était en revenant victorieux de la plus belle de toutes les conquêtes, après celle du cœur d'une femme. J'étais jeune, plus encore que maintenant, et j'avais le monde à mes pieds. Je ne réalisais pas tellement l'étendue de ce que j'étais en train de vivre. Néanmoins je savais que je devais en profiter. »
Il laissa un bref silence s'interposer entre eux.
« Vous devriez ne pas penser à tout cela et vivre le moment présent. Ce que nous allons vivre est une aventure dont peu d'hommes seront capables de se vanter un jour. »

Pour la première fois depuis qu'il avait pris la parole il se tourna en direction de Paul. Un sourire se dessina sous sa barbe drue et il découvrit ses dents blanches et droites. Son visage tout entier paraissait ne souffrir d'aucune imperfection sous les traits d'une jeunesse encore florissante si l'on omettait les poches de cernes sous ses yeux.
« Je suis le capitaine Gonzo, dit-il finalement en tendant une main à Paul. C'est un plaisir de faire votre connaissance.
– Vous savez qui je suis ? lui demanda le jeune homme étonné.
– Tous les soldats ne sont pas dénués de culture, monsieur Chen. Votre nom a fait en quelques années le tour du pays et je serais personnellement étonné de rencontrer un jour quelqu'un qui me dirait ne pas connaître votre réputation. »

Il s'en étonna immédiatement et son interlocuteur sembla le remarquer.
« Vous ne devez pas souvent sortir de chez vous. Pokeball est reconnu dans l'intégralité de ce monde comme étant la révolution des dernières années. C'est en partie pour cela que j'ai accepté ce voyage quand Richard m'a proposé de partir à ces côtés.
– Vous étiez dans l'expédition qui a découvert le nouveau monde ? demanda Paul qui détourna le sujet de la conversation, soudainement intrigué par cet homme.
– Exactement, répondit fièrement le capitaine en bombant légèrement le torse. Même si je dois avouer que je n'étais qu'un mousse à l'époque mais que je suis rapidement monté en grade au cours de ce voyage. J'ai tissé des liens d'amitié avec le commandant et je suis déçu de ne pas être sur son navire. »

Disant ces mots il porta son regard sur l'embarcation de tête sur laquelle se trouvait Richard et qui arborait fièrement le drapeau de Kalos. Voguait à ses côtés le deuxième plus grand bâtiment de la flotte que commandait Fargas. Les huit autres navires avaient été confiés aux capitaines les plus méritants de l'expédition dont faisait partie Gonzo.
« Pour tout vous dire je pensais avoir hérité du pire équipage, reprit ce dernier. Quand j'ai appris que vous seriez à bord j'ai immédiatement changé d'avis évidemment. »

Paul savait parfaitement de quoi voulait parler le capitaine et il approuva d'un regard la pensée de ce dernier. Même s'il venait de rencontrer cet homme il commençait déjà à l'apprécier, ce qui était chose plutôt rare pour le jeune ingénieur.
« Vous êtes aussi monté pour ne pas subir son discours ? lui demanda-t-il.
– Qui aurait envie de l'entendre ? J'ai déjà vu l'une de ses exécutions en place publique et je ne suis pas l'un de ses fervents partisans. Je ne comprends même pas comment il a été autorisé à monter à bord.
– Ordre du roi, répondit Paul que cela n'enchantait pas non plus. »

Disant cela il se tourna vers le pont du navire et vit l'homme au physique de rapace qui s'y pavanait tranquillement. Son regard perçant semblait sonder un à un chaque marin, soldat et artisan qui se trouvait là. Il les regardait tour à tour, les prenant de haut, ses mains jointes dans son dos. Sa soutane frottait les planches du navire et son cordon se balançait autour de son cou tel une corde autour d'un arbre, porteuse du corps sans vie de l'une de ses victimes.
« Il chasse les hérétiques n'importe où, comme si le but de notre expédition se résumait à une croisade en terres inconnues, cracha Paul que la présence du prêtre répugnait de plus en plus.
– J'ai entendu dire que vous aviez les truchements avec vous. »

Il se tourna vers le capitaine en entendant ces mots et afficha un air suspicieux.
« Non je n'ai rien à leur vouloir, reprit-il face au regard de Paul. Quel monstre pourrait s'en prendre à des enfants simplement à cause de leur couleur de peau ? D'autant plus que lors de mon premier voyage je me suis lié d'amitié avec quelques indigènes. Non, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. C'est de lui. »
Il pointa du menton Frollo qui continuait paisiblement à observer les faits et gestes de chacun. Sans un regard Paul approuva ce geste. Il savait que les enfants étaient en danger rien que par la présence de cet homme.

D'ailleurs ce denier, comme s'il avait senti qu'ils parlaient de lui, tourna dans leur direction son regard pénétrant. Gêné, Paul s'en détourna et recommença à observer l'horizon. Le capitaine en fit de même et un silence s'installa entre les deux hommes. Pendant quelques minutes aucun d'eux ne prononça mot, espérant que le prêtre ne vienne pas les rejoindre afin de déverser son venin dans un long discours de haine.
Quand ils furent certains que cela n'arriverait pas et que le concerné avait repris ses activités, ils se tournèrent de nouveau l'un vers l'autre. Gonzo remarqua alors la nostalgie qui se trouvait au fond des yeux du jeune homme.

« Je suis désolé pour tous ceux que vous laissez derrière vous. Ce sera un long voyage, ils vous manqueront sans aucun doute mais autant ne pas y penser. C'est en se tournant trop vers ceux que l'on laisse que l'on perd goût à l'aventure. »
Mais Paul secoua la tête.
« Détrompez-vous. Je ne laisse personne derrière moi car je n'ai plus personne à terre. »
Et, voulant cacher une larme qui coulait le long de sa joue, il dit au revoir au capitaine et alla se réfugier dans sa cabine. Il avait laissé les enfants seuls trop longtemps.