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Pluies Diluviennes de Arcanin-Fictions



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» Auteur : Arcanin-Fictions - Voir le profil
» Créé le 21/07/2014 à 16:24
» Dernière mise à jour le 14/08/2015 à 19:34

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Chapitre 3 - Égaré
A la bordure du Bois Songeur, tandis que la tempête déferlait, un homme titubait entre les arbres. Ses cheveux bleus profonds, trempés de sueur, masquaient son visage meurtri par la fatigue. Les cernes sous ses yeux faisaient ressortir ses iris dorés. Ses yeux vifs, qui contrastaient son visage passif, témoignaient de sa détermination malgré les forces de la Nature qui se déchainaient sur lui. Il avançait vers le cœur du bois, guidé par son unique instinct. Mais les dieux furent contre lui cette nuit là, car l'orage avait éclaté bien plus tôt que prévu. Le mistral, en plus du déluge, rendait son avancée bien plus délicate. Chaque perle d'eau fouettait sa peau salie d'écorce et de terre. Son corps flanchait de plus en plus sous les aléas du sol. Il voulait hurler son impuissance mais son état ne le lui permettait même pas. Il s'écroula de toute sa masse sur la glèbe boueuse, perdant lentement conscience, tandis que sa vue se troublait et que son corps s'engourdissait. Les secondes passées semblaient être une éternité, il pouvait ressentir les assauts de la pluie sur son corps à travers ses vêtements déchirés. Il serrait avec conviction une pokéball contre sa poitrine – du moins, il pensait le faire, parce qu'en réalité il n'en avait plus la force. Sa main était simplement écrasée par son propre poids - comme s'il se refusait à la perdre. Dans l'ombre il aperçut une silhouette inhumaine, certainement un pokémon assez robuste pour résister à de tels vents. Un magnifique Grahyena. Il était très jeune car sa musculature manquait encore d'assurance, et son air effrayé montrait son manque d'expérience face à ce genre de situation. Il avançait son museau en restant sur ses gardes pour mieux sentir le garçon, qui agrippa sa fourrure en tâchant de ne pas l'effrayer. Le bestiaux se laissait faire. Ils ne bougèrent pas pendant un instant. Puis une lueur vint animer la pupille du jeune homme et un déplaisant sourire se dessina sur son visage. Il agrippait de plus en plus fermement l'animal et tous ses muscles se contractèrent. Ses yeux brillaient à travers les bois et il se sentait revivre. Il le relâcha. Son expression redevint monotone, sans vie. Le pokémon gisait à même le sol, n'ayant plus même la force de grogner ou de sortir les griffes.

« Pardonne-moi. » chuchota-t-il tristement.

Sa respiration redevint normale, son poux s'était recalibré et sa vision rétablie. Il se releva, fixa ses mains blessée : plus rien. Son corps ne le faisait plus souffrir. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il avait fait à ce pokémon sauvage, mais il savait seulement que ce n'était pas normal, que c'était mal.

« Qu'est-ce qu'ils m'ont fait...? » dit-il avant de reprendre la route.





Les premiers feux de l'aurore réchauffaient le ciel. La tempête s'était calmée et le mystérieux jeune homme trouvait enfin l'auberge. Bien qu'il ait pu miraculeusement reprendre ses forces, son état en disait long sur sa nuit. Son visage était couvert d'entailles dues à ses multiples chutes. Les vêtements ressemblaient plutôt à des torchons usagés, et ses cheveux gras de sueur et de saletés tombaient sur son faciès terreux. Il pénétra dans le bâtiment d'un pas soulagé, et plongea son regard dans celui de la première personne qu'il vit. Il n'eut la force de prononcer qu'une simple petite phrase :

« Soignez le... »

Épuisé, il se laissa tomber sur le sol carrelé de l'entrée, laissant s'échapper la pokéball de sa main. Après avoir placé le jeune homme en salle de repos, le personnel de l'auberge jugea bon de prévenir tous les résidents de la présence d'un inconnu, et les invita à aller le voir pour le rassurer ou même l'identifier. Iris fut curieuse de voir à quoi il pouvait bien ressembler alors elle descendit au plus vite les escaliers et s'engagea dans le couloir menant au fameux résident. Elle s'apprêtait à ouvrir la porte quand Zach sorti de la pièce.

« Ah poupée ! Bah, t'es resté en pyjama ?
- Euh non...
- En tout cas il est bizarre le gars, j'l'avais jamais vu avant. Je m'en serais souvenu !
- Pourquoi tu dis ça ?
- Il a des cheveux bleus et les yeux jaunes. C'est pas vraiment commun... Au fait, je compte quitter l'auberge dans l'après-midi. Tu peux venir si t'as peur de te perdre encore une fois.
- Tu m'agaces un peu en fait.
- Tss. Allez, un peu de compagnie n'a jamais tué personne ! On pourrait s'entendre si t'étais moins...coincée.
- Qu...Coincée ?! Va-te faire voir ! »


Elle le bouscula et entra voir le garçon. Il était allongé dans un lit, perfusion dans le bras et électrodes reliées à une moniteur pour surveiller ses constantes. Il tourna la tête vers elle et plongea son regard terne dans le sien. Son épaule dépassait des draps, laissant paraître une marque dont la forme semblait beaucoup trop particulière pour n'être qu'une simple cicatrice. On en devinait la continuité qui se courbait vers l'intérieur de son torse, mais il était impossible pour Iris de la voir entièrement.


« Bonjour...Moi c'est Iris, enchantée. Lâcha-t-elle, gênée. Tu...tu te sens mieux ? Tu as passé la nuit dehors non ? Tu t'appelles comment ? »

Il ne répondit pas mais continua de la fixer un long moment, avant de commencer à s'examiner. Le jeune homme positionna ses mains à hauteur de son buste, les examina. Iris remarqua le bandage qui entourait son bras droit. Il en fit de même avec le reste de son corps. Elle détourna son regard, un peu gênée. Il observait chaque parcelle de son épiderme stigmatisé, contemplait chacune de ses balafres et se découvrait un corps nouveau. Il réclama un miroir, ce qu'une infirmière, intimidée, s'empressa de lui donner. Il attrapa une mèche de cheveux et la tira devant lui pour mieux l'inspecter. Ses gestes devenaient impulsifs, il perdait son calme et peinait à se contrôler. Les « bips » du moniteur accéléraient, indiquant que son poux s'emballait. Son corps tremblait de stupéfaction, d'incompréhension. Quand il remarqua la couleur or de ses yeux, il envoya voltiger le miroir contre le mur et plaqua ses mains contre son visage, désespéré. Iris paniqua et préféra quitter la pièce sans attendre et le laisser reprendre son calme. Elle aperçut Zach, assis sur une chaise dans le couloir, il écrivait dans son carnet en abordant un air inhabituellement concentré. Il ne ressemblait en rien à l'homme nonchalant qui l'exaspérait au plus au point. Son regard était rivé sur ses notes, Iris était étonnée qu'il ne lui ait toujours pas lancé son habituelle «poupée » en guise de surnom. Zach attrapa la pokéball à sa ceinture et la regarda plusieurs secondes. Il réfléchissait à quelque chose d'important, cela semblait évident. Il ne prêtait aucune attention à sa voisine de chambre. Elle fit quelques pas dans sa direction avant de demander :


« T'as l'air pensif, encore ce problème avec ton pokémon ?
- Laisse. Il s'est passé quoi avec le gars ?
- Je sais pas trop... Il est devenu fou en examinant son corps. J'ai préféré le laisser avant qu'il ne s'en prenne à moi.
- Chochotte !
lança-t-il en ricanant
- Jamais tu t'arrêtes !? T'es lourd tu sais ! Et puis pourquoi tu refuses de m'expliquer ce qui est arrivé à ton pokémon ? C'est pas comme si j'allais le raconter à tout le monde !
- Laisse, j'ai dit.
- ... Dans ce cas... Tu veux bien m'expliquer un peu ce que représentent tous ces dessins étranges ?
Enchaina Iris, décidée à enfin en savoir plus sur lui.
- Bon... Après tu me lâches avec tes questions ok ? Il s'agit d'une calligraphie ancienne qu'utilisaient nos ancêtres. Certains disent qu'elle fut pratiquée dès la toute Création, que les humains savaient instinctivement qu'il fallait communiquer de cette façon. Lui expliqua Zach. Chaque symbole, contrairement à notre langue, transmet une idée. Cet alphabet est très vaste, il comprend plus d'une centaine de caractères à l'heure actuelle, mais j'estime qu'une grande partie des vestiges n'a pas survécu à l'épreuve du temps. Je pense qu'on peut en découvrir encore le double, ou même le triple... Non, c'est impossible de jauger ça.
- Celui ci est très beau !
Dit-elle en pointant un symbole de forme raffinée qui comportait un cercle, vers lequel convergeaient trois courbes.
- Il représente la Fin. La légende dit qu'un jour les lignes du Temps, de l'Espace et de la Vie se mêleront, et que ce sera la fin du monde tel que nous le connaissons. Ma mère est la seule à avoir pu voir ce hiéroglyphe de ses propres yeux. Elle était une grande scientifique qui arpentait les grottes et même les profondeurs des océans pour trouver des reliques avec son partenaire... Quitte à délaisser sa famille.
- Elle n'était pas seule ?
- Elle voyageait avec son ami, Octave. Un très grand historien.
- Je vois... Où sont-ils maintenant ? »
- Si seulement je le sav-


La porte de la salle de repos claqua, coupant net la conversation. Le mystérieux réfugié sorti de la pièce, les yeux tenaces et le regard aiguisé. Il s'avança directement vers Zach, sans prêter attention à Iris. Il se mit face à Zach, posture assurée, et s'exclama :

« Où est-il ?
- Quoi ?
- Où est-il ?!
Insista-t-il.
- Oh oh. Je sais pas d'où tu sors bonhomme mais tu vas vite changer de ton avec moi. Rétorqua Zach, laissant se dessiner sur son visage un rictus d'excitation.
- Je vous prie de bien me suivre monsieur. Intervint une aubergiste. Votre pokémon est dans la salle d'attente. Il vous attend.»
- Tss, dommage.
marmonna Zach.

Sans ajouter un mot, il suivit les recommandations de l'employée. La pièce dans laquelle il fut conduit disposait de centaines de pokéballs, toutes rangées de façon très ordonnée sur des étagères. Beaucoup ne contenaient pas de pokémon, les autres appartenaient aux résidents qui séjournaient ou appartenaient à l'auberge elle-même. Certains types de monstres y étaient très appréciés dans des professions telles qu'infirmières ou femmes de chambre. Il n'était pas donc pas rare de voir un Leveinard en tant qu'assistant pour seconder un employé. Sans un mot le jeune homme s'empara de sa pokéball et en libéra la créature sans plus attendre. Un magnifique Caninos fit son apparition. Son poil de la couleur des flammes et les rayures noires sur son corps le rendaient particulièrement intimidant tandis que sa crinière claire et soignée adoucissait son image. Les caninos, peu fréquents dans l'ouest de Hoenn, étaient réputés dans le monde entier pour leur immense loyauté envers leur maître. Créer une relation de confiance avec eux était une tâche très difficile qui demandait énormément de temps. De nombreux chercheurs auraient aimé pouvoir en étudier, mais la méfiance des Caninos à l'état sauvage était sans aucun doute la plus dangereuse de tous les pokémons.

Après avoir salué son ami avec quelques caresses, l'homme voulu quitter l'auberge. Les aide-soignantes essayaient tant bien que mal de l'en empêcher, lui expliquant alors que son état faible et sa condition physique encore fragile ne lui permettraient pas de traverser le bois Songeur. Même s'il essayait de démontrer le contraire, il n'était pas de taille pour le moment. Il passa la porte du hall, rien ne se dressait contre lui. Le personnel ne cessait de geindre dans son dos mais personne n'osait s'imposer. Jusqu'à ce qu'un mur de flamme bloque sa trajectoire. Iris, avec le soutien de son Goupix, empêcha le jeune homme de courir à une mort certaine. Caninos grogna et cracha un jet de feu sur le renard avant de se ruer sur lui à toute allure. N'ayant pas pour but de se lancer dans un duel, Goupix, prit de court, encaissa les flammes avec assez de difficulté. L'intensité du feu de Caninos était étonnamment forte. Le renard tenta de perturber la course du Pokémon en crachant des boules de feu mais elles n'avaient pas l'air de l'affecter et il passait au travers comme si de rien n'était. Même s'il était un pokémon de type feu, il ne devrait pas être complètement insensible aux attaques adverses. Iris lui ordonna d'esquiver avant qu'il ne soit blessé par la violente charge. Trop tard. Goupix fut projeté plusieurs mètres plus loin et percuta violemment le pan de mur de l'auberge.

« Mais t'es taré ! Je n'ai jamais voulu engager un combat ! Cria-t-elle.
- Caninos l'a fait de lui-même. Ne nous blâme pas pour tes erreurs. Rétorqua-t-il sans scrupule.
- Tu pouvais l'arrêter, je voulais simplement éviter un drame en te laissant partir seul ! T'as intérêt à rester maintenant, j'espère que Goupix n'a pas subi ça pour rien !
- ...
- Zach payera ta chambre. Tu pourras partir demain.»


Il acquiesça. Par respect pour le pokémon qui venait d'être blessé, il resterait jusqu'à ce que celui-ci soit rétabli.
Sa chambre était similaire en tout point à celle d'Iris, seul le tableau était différent. Il s'agissait ici d'une peinture du Démon de Vermilava, caché derrière un mur de flammes sombres. Les yeux de la Bête perçait le jeune homme à travers les pigments de peinture. Il remarqua une signature « À la mémoire d'Octave » dans le coin inférieur droit de la toile. Ce prénom lui était familier. Il resta assis sur son lit à contempler l'œuvre pendant des heures, essayant de comprendre pourquoi ce nom le faisait réagir. Il se concentrait sur le regard du monstre quand un frisson lui parcouru l'échine.


« Grand-père... »