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Entre deux mondes de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 18/07/2014 à 22:39
» Dernière mise à jour le 19/07/2014 à 23:35

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Chapitre : 27 : Luc
Il leva son mousquet et fit éclater la poudre. Le tir fila droit et explosa le crâne du soldat qui se dressait sur les marches du château du roi. Le sang de ce dernier s'étala contre le mur avant que son corps ne s'écroule. Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme.
« Pourquoi tu te bats ? lui avait demandé le chef de sa section. Pourquoi rejoindre notre parti et la Révolution ?
– Parce que je suis humain. »

Mais il n'était pas comme les autres ; il le sentait.
Luc était une force brute, celle-là même que la nature n'impulse que dans un nombre limité de cœurs. Il était la bestialité, le courage, la haine, la passion, la détermination... Tant de sentiments contraires qui en lui créait une personnalité débordante d'énergie qui ne vivait que pour changer un monde dans lequel il se mourrait. Un étouffement depuis l'enfance à la vue d'une société pervertie, d'un pouvoir absolue et d'une chance que très peu pouvait se vanter d'avoir.
Il voulait changer toutes ces choses et pour cela il menait un combat sans fin.

Alors qu'il gravissait les marches du palais, tirant quelques coups de feu au passage et réduisant des hommes au silence, il repensa à son frère qui voulait l'empêcher d'agir une semaine avant. Il ne lui en voulait pas.
Paul était comme lui un être avide de progression, plein d'énergie et avec un esprit talentueux. Il changeait le monde à sa manière, découvrant comme rendre la vie des gens plus facile, ne se tournant jamais vers l'argent en récompense de ses actes mais uniquement vers le progrès. Alors qu'il se hissait vers la victoire Luc ne voyait pas un ennemi en son frère ; il était son reflet. La seule image d'un progrès constant qu'il pouvait observer en ce monde. L'image de son cœur apaisée qui changeait les choses par la science.

Il luttait avec les poings, la poudre et le sang. Sa force était son courage, son arme un fusil et son but la mort d'un roi.
« Tu as des connaissances dans la Révolution ? lui avait-on demandé avant l'attaque pour tester sa fiabilité.
– Aucune. Je n'ai que moi. »

Et il ne mentait pas car il était réellement seul. Paul n'était qu'une part de lui, un frère de sang auquel il s'identifiait et qui malgré les conflits restait son plus grand bien. En revanche il n'avait pas de famille. Ses parents étaient morts de la peste en province juste avant de l'envoyer faire son apprentissage dans la ville d'Illumis. Le cordonnier qui lui avait tout apprit avait été son seul refuge et sa famille la sienne. Mais cette dernière était brisée, enfouie sous les ruines d'une vieille échoppe un soir où la colère s'empara de la cité.
Il n'avait plus personne. Jamais une fille à son bras à laquelle il pouvait penser le soir en rentrant chez lui. Son amour allait à la guerre et à l'espoir d'une ère nouvelle. Il ne s'accrochait pas à ses quelques conquêtes et ne trouvait pas de repos dans le cœur d'un ami. C'était un solitaire, un guerrier.

Les balles sifflèrent dans ses oreilles alors que l'un de ses frères d'armes dévala les marches en arrière, transpercés de nombreuses balles. Luc lui accorda un regard, pria brièvement pour lui sans pourtant croire en une quelconque divinité, puis poursuivit son combat.
« Tu ne seras pas mort en vain, se dit-il tout bas. Non, personne ne meurt en vain. »

Et disant ces mots il fusilla le dernier soldat qui les retenait aux portes du château. Il vit son tir le transpercer et lui ôter la vie sans éprouver la moindre satisfaction. Luc n'était pas cruel et ne tuait pas dans le simple but de priver quelqu'un de sa vie. Il luttait pour un désir plus grand.
Son épaule heurta les battants de la porte en même temps que celle d'une vingtaine d'hommes. Un craquement se fit entendre. Ils recommencèrent une nouvelle fois ; second craquement. Puis encore et encore jusqu'à ce qu'elle vole en éclats.

Dès qu'elle s'ouvrit Luc se jeta sur le côté pour esquiver la pluie de balles. Il savait que l'armée du roi se tenait derrière près à les faucher dès leur entrée dans le hall. Il ne ferait pas partie des révolutionnaires morts sur le palier ; il irait trancher la tête de sa proie.
Il vit comme prévu ses compagnons dévaler l'escalier, percés de multiples balles qui firent voler en arrière une vague de sang et d'organes difformes. Les crânes volèrent en éclats, révélant un tas immonde de cervelles putrides. Et Luc attendait.
Caché derrière son muret il attendait que les balles aient cessées de pleuvoir et que la Révolution entre en action.

« Le Dracaufeu ! hurla un homme dans les jardins. »
Et aussitôt l'immense pokemon survola l'entrée et pénétra dans le château, projetant une salve de flammes tout autour de lui. Les soldats se mirent à hurler, les balles fusèrent de nouveau et le pokemon gronda d'une colère sans nom. Il était sans aucun doute blessé et cela ne faisait que l'énerver davantage.
Luc, à l'image d'une dizaine de ses partenaires, se jeta tête la première dans le palais et tira à l'aveuglette dans les flammes qui obstruaient l'immense pièce. Certains soldats gisaient à terre, brûlés par le courroux du monstre qui battait faiblement de l'aile tout près du lustre de cristal.

Luc ne prit pas pitié pour le pokemon blessé, se contentant de repérer les quelques soldats qui restait debout afin de les achever. Il en découvrit un, réfugié derrière un pilier qui ajustait un tir en direction du Dracaufeu. Le jeune révolutionnaire tendit son bras, appuya sur la détente et lui déchira une partie du crâne.
L'ivresse montait en lui à l'idée qu'il se trouva désormais dans le palais du roi, à quelques pas de ce dernier. Il eut presque l'impression douce et merveilleuse de pouvoir le tuer en tendant tout simplement le bras.

Alors qu'il était dans ses pensées un craquement se fit entendre. Le dragon qui venait d'ouvrir les lieux aux révolutionnaires venait de s'écraser contre le mur, ensanglanté. Ses ailes avaient été déchirées et un torrent écarlate quittait son corps. Luc s'en révulsa.
La victoire était proche et certains ne la verrait jamais. Alors qu'ils avançaient ensemble vers la chambre du roi, les révolutionnaires virent une troupe de soldats se précipiter aux balustrades qui encadraient le hall. Les fusils s'armèrent, les coups partirent du côté des assaillants puis la salve finale fut envoyée.

Luc, emporté par la fougue de sa jeunesse, tua d'un trait l'un de ses futurs assassins. Il explosa sa tête contre la tapisserie du château, propulsant son énergie dans un ultime effort en voyant se défiler l'issue de la bataille.
Le Dracaufeu était mort et le roi pouvait faire ce qu'il voulait d'eux. Au final qu'importe les hommes qui laisseront leurs vies pour servir un idéal bafoué, qu'importe le sang et les larmes versés au combat, qu'importe les peurs et les cris de haine ; le pouvoir avait toujours le dernier mot.

Les derniers révolutionnaires qui, juste avant, pensaient remporter la victoire, furent emportés par un torrent de balles. Luc sentit l'une d'elle pénétrer sa cuisse et ressortir de l'autre côté. Il fut précipité contre le sol et là il y attendit sa mort.
Autour de lui tombaient les corps d'hommes qui partageaient sa pensée. Dans un flot de colère et de peine mourrait leur combat. Mais la flamme de la Révolution ne mourrait jamais, pensa le jeune homme. Et cette pensée lui rendit le sourire.
Il ferma les yeux, attendant qu'une balle en finisse de sa vie, attendant d'être happé dans un autre monde. Puis, quand tout s'apprêta à se terminer, il pensa à Paul, à cette moitié de lui qu'il laissait en arrière.

« Change le monde, murmura-t-il en souriant. Fais ce que nous avons toujours voulu toi et moi. Tu le peux. »
Et il se mura dans le silence, n'écoutant plus que le sifflement des balles.