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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 16/07/2014 à 10:35
» Dernière mise à jour le 29/08/2018 à 23:01

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 5 : Doutes et détermination
Je crois que j'ai compris cela pour la première fois il y a très longtemps, durant ma jeunesse. Ce fut Castel qui m'a appris ce qu'était la haine. Il fut mon premier ennemi, mais en ce sens, mon premier professeur. Et aujourd'hui, je le remercie. Pour parvenir à combattre la haine, il faut l'avoir connue très tôt.



*****



Deornas s'était penché au-dessus du Puits Carcéral pour tenter de voir plus en profondeur, et l'odeur seule qui s'en dégageait manqua de le faire défaillir. Des gens pouvaient-ils vraiment vivre en bas ? Pourquoi avoir entassé tant de monde là-dedans, alors qu'il aurait été bien plus simple et plus clément de pratiquer la décapitation ? Deornas maudit le Haldar qui avait eu l'illustre idée de creuser ce puits. Il maudit la précédente reine Hasteria pour l'avoir remis au goût du jour, et il maudit Castel II de s'en servir pour garder captive sa propre demi-sœur. Quoi que Nirina ait pu faire, ce traitement était indigne.

Deornas voulait tenir la promesse qu'il avait faite à Alroy. Il voulait laisser Nirina remonter un moment pour qu'elle puisse parler à son fils. Si ça ne tenait que de lui, il trouverait une cellule dans le palais où mettre sa cousine, mais il ne pouvait sciemment désobéir à son roi. Il le faisait déjà assez en permettant à Nirina de parler à Alroy. Mais il ne supportait plus de voir le bambin aussi triste et inquiet. Le régent de Cinhol avait donc rassemblé dix gardes pour descendre jusqu'en bas. Etant donné les bêtes sauvages qui y étaient installées, cette précaution était des plus nécessaires. Le soldat qui surveillait le puits s'inclina prestement devant lui.

- Votre Altesse Deornas ! C'est un honneur.

- Comment ça se passe en bas ?

Le soldat haussa les épaules.

- Ils ne s'évaderont pas. C'est la seule chose qui importe. Ils peuvent faire ensuite ce qu'ils veulent.

Deornas n'aima pas du tout le ton désobligeant du garde.

- L'ancienne reine se trouve en bas. Elle est bien plus utile au roi vivante que morte. Donc si, ce qu'elle devient nous importe.

- Pardonnez-moi, messire régent. Son Altesse Nirina semble bien se porter. Aussi bien qu'on le puisse dans cet enfer...

- Pas de problème avec les autres prisonniers ?

Le garde ricana.

- Notre invitée s'est bien intégrée parmi la population locale. Elle a quitté sa cellule personnelle et s'est mêlée à eux.

- Mêlée à... Par Arceus !

Deornas repencha la tête, s'attendant à trouver des morceaux éparpillés de sa cousine, mais le garde le rassura.

- Ne vous inquiétez pas, messire. Ils ne lui feront rien. Elle semble tous les contrôler au doigt et à l'œil. Votre royale cousine a pris le pouvoir au Puits.

- Comment cela est-il possible ?

- Vous lui demanderez si vous descendez la voir. En tout cas, tous les prisonniers se tiennent à carreaux depuis que Son Altesse maintient l'ordre. Plus de meurtre, et même plus de bagarre pour la nourriture. Ça devient bien calme.

Deornas n'en amena pas moins tous ses gardes avec lui. Mais tandis qu'ils descendaient via le monte-charge, Deornas put en effet constater la véracité des paroles du garde. Tous les prisonniers étaient sagement assis, en ligne et en colonne, et Nirina, bien que passablement échevelée, sale et avec un visage hanté, semblait trôner au milieu d'eux, comme entourée par sa propre garde. De même, les prisonniers refusèrent de s'écarter devant les gardes de Deornas, leur interdisant le passage. Deornas leur fit signe de ne pas insister. Il préférait discuter avec sa cousine à distance plutôt que de provoquer une tuerie, et tant pis pour sa fierté. Il avait hâte d'en finir ici, tant l'odeur était nauséabonde.

- Tiens, ça par exemple, si ce n'est pas le cousin Deornas ! Fit mine de s'étonner Nirina en levant les yeux vers lui. Tu es enfin venu m'amener à mon exécution ?

- Le roi n'a rien ordonné de tel. Je suis juste venu prendre de tes nouvelles.

- Quelle prévenance. Eh bien, je me porte à merveille, comme tu peux le voir. Les conditions de vie sont assez rustiques ici, c'est vrai, mais je me suis fait plein de nouveaux amis.

Deornas, malgré sa garde, commença à s'inquiéter du regard des prisonniers. Ils semblaient totalement fanatisés. Un seul mot de Nirina, et ils se jetteraient tous sur lui et ses soldats. Castel II l'avait sûrement jeté ici pour l'humilier devant plein d'hommes qui étaient là à cause d'elle, mais finalement, cette décision fut peut-être une erreur.

- Ne t'en fais pas, dit Nirina comme si elle lisait ses pensées. Mes amis ne feront rien tant que je ne donnerai pas d'ordre. Parlons un peu, comme tu es là. Quelles nouvelles d'en haut ?

Deornas tâcha de se reprendre.

- Sa Majesté Castel II a réuni une énorme armée et est parti en croisade dans l'Ancien Monde.

Nirina n'en fut apparemment pas surprise.

- Bien sûr. Et toi, tu n'es pas avec eux ?

- Le roi m'a nommé régent du royaume durant son absence.

- Que d'honneurs... Dis-moi cousin, es-tu d'accord avec ce plan d'invasion ?

Deornas balaya la question de la main.

- Qu'importe ce que je pense. Je suis fidèle au roi.

- C'est admirable de ta part. Oui, tu as activement soutenu Adam Haldar contre moi, tu lui as offert ton armée, tu lui as même cédé ta place d'héritier au trône. Mais tu es quelqu'un d'intelligent et de sensé, Deornas. Tu n'aurais pas fait tout ça si Adam avait été un despote pire que moi. Tu croyais donc en lui.

- Et j'y crois toujours. Le roi va mener Cinhol dans une nouvelle ère de grandeur, en unifiant l'Ancien Monde au nôtre.

- Sauf que la personne en qui tu crois n'est plus la même, soupira Nirina. Dis-moi, que dirais-tu si je te disais qu'Adam Haldar est en fait Castel Haldar, notre ancêtre, et qu'il projette de détruire l'Ancien Monde par vengeance.

Deornas cligna des yeux.

- Je dirai que tu es folle. Adam était l'élu du Seigneur Castel, sa réincarnation terrestre. L'esprit du Seigneur Castel a disparu lors du combat contre Uriel.

- C'est ce qu'Adam t'as dit. Y'a-t-il quelqu'un pour le vérifier ? Je ne suis pas folle, Deornas. Adam a toujours été Castel. Notre ancêtre est devenu immortel, destiné à rajeunir constamment passé un certain âge, à cause du pouvoir de la météorite quand elle amena Cinhol de l'Ancien Monde à ici. Castel a vécu cinq cent ans auprès de nous, tirant les ficelles des rois successifs dans l'ombre, par le biais de Venisi. Comme il perdait un peu de lui-même à chaque fois qu'il rajeunissait, il a fini par mettre son esprit en sommeil, et une nouvelle personnalité a émergé : Adam. Mais lors du combat contre Uriel, Castel a repris le contrôle. Tout cela pour détruire Uriel et pouvoir reprendre le trône.

- Ce que tu dis est absurde, protesta Deornas. Si le Seigneur Castel voulait le trône, pourquoi ce stratagème ridicule ? On lui aurait donné avec joie. Il est notre Fondateur !

- Il ne voulait pas que ses petits secrets se sachent. Castel n'est pas le héros que tout le monde pense. Il a tenté d'annihiler l'Ancien Monde avec la météorite, et en fut empêché par Uriel. Il n'a jamais été le Sauveur du Millénaire. C'était Uriel.

- Folie. Hérésie. Tu as perdu tout sens commun, Nirina !

Nirina soupira.

- Tu n'as vraiment rien remarqué de changé en Adam depuis qu'il s'est bombardé Castel Second ? J'ai souvenir d'un garçon doux, naïf et peureux. Qu'il se transforme soudainement en chef de guerre charismatique désireux d'envahir le monde où il a grandi ne te parait pas curieux ?

Deornas ne pouvait pas raisonnablement prétendre le contraire. Oui, Adam avait changé. Il était devenu plus dur, plus... royal. Mais ça, il le mettait sur le compte de quelque chose de bien précis.

- Et à qui la faute, hein ?! Explosa Deornas. Adam a perdu toute innocence depuis qu'il a vu mourir Ylis dans ses bras. C'est toi qui a envoyé Padreis ! C'est toi qui es responsable de ce gâchis !

Le visage de Nirina se fit soudain moins confiant et condescendant.

- Ce n'était... Ce n'est pas ce que je voulais. J'ai laissé Ryates organisé l'assassinat d'Adam en se servant de Padreis, mais je ne voulais pas de mal à Ylis. Et je... je regrette la mort de Padreis.

- Je n'ai que faire de tes regrets, fit froidement Deornas. Et le roi non plus. Tu peux t'estimer heureuse qu'il n'ai pas fait exécuter Alroy pour se venger. Maintenant, oncle Isgon doit amener tout le Rimerlot aux côtés du roi dans sa guerre s'il veut que l'enfant soit en sécurité.

Nirina fronça les sourcils, et Deornas se rendit compte qu'il avait un peu trop parlé.

- Castel a menacé Alroy ? Il l'utilise pour faire marcher Isgon ?

- Il...

- Et ça, ça ne t'effraie pas ? Tu crois Adam Haldar capable d'utiliser la vie d'un enfant innocent pour son propre compte ?! Bon sang Deornas, Adam est Castel, et il vous a tous pris pour des idiots, depuis des siècles ! Il va provoquer un désastre épouvantable dans l'Ancien Monde. Il faut l'arrêter !

Même s'il la connaissait depuis l'enfance, Deornas n'avait jamais réussi à voir clair dans le jeu de Nirina. Ses pensées lui étaient interdites. Pas qu'à lui : à tout le monde. Nirina Haldar était passée maître dans l'art de cacher ses sentiments. Aussi Deornas ne savait-il pas si sa cousine délirait vraiment, ou si cette histoire à dormir debout était le fruit d'un stratagème pour gagner sa liberté.

- J'ai juste une question, Nirina. Comment sais-tu tout cela ? Tu ne vas pas me faire croire que tu as combattu Adam parce que tu savais alors qu'il était en fait le Castel assoiffé de destruction que tu me décris.

Nirina hésita, puis soupira.

- Uriel me l'a dit.

- Uriel ?

- J'ai porté son épée Peine longtemps. Une infime partie de son esprit a trouvé refuge en moi avant de disparaître totalement, peu après que son corps soit détruit par Castel.

- Tu me dis donc que c'est en réalité une voix dans ta tête, celle de l'esprit désincarné du plus grand ennemi de notre royaume, qui t'as affirmé que Castel était Adam et qu'il était le véritable méchant de l'histoire ? Désolé si je te ne crois pas sur parole...

Nirina haussa les épaules.

- Tant pis. Vous le découvrirez bien assez tôt, j'imagine. Castel ne va pas maintenir sa couverture longtemps. Il est arrogant, et souhaite être reconnu pour ce qu'il est. Le fait qu'il ait pris le titre de Castel II à la place de son nom d'Adam le montre assez bien.

- Je ne suis pas venu pour t'entendre proférer de mensonges odieux - ou pour t'entendre divaguer, qu'en sais-je ? - mais pour te permettre de remonter à la surface un instant. Alroy veut absolument te voir. J'ai choisi d'accéder à sa requête, malgré les ordres du roi.

Nirina hésita. Un conflit semblait naître en elle, qui la déchirait visiblement. Puis elle dit d'une voix éteinte mais ferme :

- Moi aussi, je veux le revoir. Mais je ne monterai pas. Je suis devenue la meneuse de tous ces gens. Je leur ai promis la liberté. Je ne les abandonnerai pas, même pour une heure. On remontera tous ensemble, ou pas du tout.

Deornas commença à perdre patience.

- Assez de ces âneries ! Tu ne vas pas me faire croire que le sort de tous ces gars t'importe, alors que tu as pendant des mois décorés les remparts de la cité de leurs têtes ! Alroy est très perturbé, il a besoin de...

- Alroy est fort, coupa Nirina. C'est un Haldar et un Isgon à la fois. Il patientera le temps qu'il faudra. Dis-lui juste que je l'aime, et que je serai bientôt avec lui.

Deornas secoua la tête, dépité.

- Jamais tu ne quitteras le Puits, Nirina. Je ne réitèrerai pas ma proposition.

- Quand je déciderai de partir, je n'aurai pas besoin de ton autorisation, cousin. Maintenant laisse-nous. Mes amis commencent à perdre patience. Ils n'aiment pas trop les gens puissants d'en haut, comme tu peux t'en douter.

Deornas le vit dans le regard des prisonniers. Tous semblaient prêts à le déchiqueter en plusieurs morceaux et à se les partager pour dîner. Ses gardes commençaient eux à devenir nerveux et quelque uns brandissaient déjà leurs épées. Deornas leur fit signe de se calmer, et recula jusqu'au monte-charge.

- Je regrette ton attitude, Nirina, fit-il. Si tu ne penses pas à toi, au moins pourrais-tu penser à ton fils.

Le regard saphir de l'ancienne reine fut comme une flèche décochée.

- Je ne pense qu'à lui. Tout ce que je ferai, ce sera pour lui. Comme si un jour je devais te couper la tête, ce sera pour le bien d'Alroy. Songe-y, cousin. Le trou qui me gardera dedans à jamais n'a pas encore été creusé.


***


Après ce bled paumé de Murcitan, Castel II avait décidé de passer à quelque chose de plus grand. Ampuhosg était la capitale régionale de l'extrême Est de Bakan. Une région très rurale et sans grand intérêt, mais le Sénat ne pourrait ignorer la perte de son chef-lieu. S'il n'avait pas encore réagi à la perte de Murcitan et de quelques autres villages sur la route d'Ampuhosg, là, ce serait différent.

Syal Aeria, capitaine de la trente-troisième unité de Stormy Sky, et bras droit de l'Amiral Rashok, commandant de la Quatrième Flotte, observait la ville d'Ampuhosg à travers l'immense vitre de son vaisseau, l'Indomptable. Ayant, depuis son entrée à Stormy Sky, toujours été assigné à la Quatrième Flotte au-dessus de Bakan, elle n'avait jamais donc participé à des opérations militaires. Elle s'était contentée de flotter au-dessus de la région, commercer avec les habitants, magouiller avec les sénateurs corrompus, parfois faire quelque chantages, mais jamais elle n'avait attaqué qui que ce soit.

De ce coté-là, sa rencontre avec Adam Haldar avait été une bénédiction pour son expérience militaire. D'abord la conquête de Cinhol, puis maintenant de Bakan... Se tenir sur le pont de son propre vaisseau et regarder une ville sur le point d'être conquise était un sentiment grisant. Malgré cela, la jeune femme était toujours en train de culpabiliser sur ce que Stormy Sky était en train de faire. L'Amiral Rashok prenait un risque considérable en s'alliant à Castel II. Si jamais il perdait dans sa conquête de Bakan, la Quatrième Flotte tombait avec lui. Et si jamais il ne tenait pas sa promesse de leur offrir la région une fois conquise, non seulement Stormy Sky passerait pour des débiles mais serait aussi décrédibilisée dans le monde entier.

Leurs relations commerciales avec Bakan s'étaient toujours très bien passées. Cette région était l'une des bases les plus sûres de toute l'organisation dans le monde. Ils avaient graissé tellement de pattes de sénateurs qu'on pouvait dire qu'elle était quasiment à eux. Pourquoi tenter de conquérir ce qui dans les faits nous appartenait déjà ? Syal ne comprenait pas le raisonnement de l'Amiral Rashok, d'autant qu'il n'avait même pas prévenu les autres Amiraux, dont le Grand Amiral Skadner, de ses intentions. Syal craignait que Rashok soit tombé sous une espèce d'influence de Castel II. Pas une manipulation mentale ou autre, non, mais que Rashok voit en Castel II et en sa puissance un moyen pour la Stormy Sky de s'agrandir encore plus.

Peut-être Rashok espérait-il que Bakan ne serait que la première étape du plan de domination de Castel II. Peut-être voulait-il que le roi de Cinhol se lance ensuite à la conquête du reste du monde, pour l'épauler et donc ramasser encore plus de territoires. Castel II semblait se ficher du monde réel. Syal doutait qu'il pense sérieusement à gouverner ici. Il voulait juste l'écraser pour... pour quoi au fait ? Une guerre préventive ? Un moyen de faire savoir sa puissance et de satisfaire son égo ? Sa popularité auprès des gens de Cinhol ? Un signe de son désordre mental ? Syal ne savait pas. Elle avait pensé connaître Adam Haldar avant, mais ce n'était plus le cas.

- Capitaine, fit l'un des hommes aux commandes, une escouade de trois rafales s'approche de nous.

Syal tâcha de revenir au moment présent. Même si elle n'aimait pas ce qu'ils faisaient, elle était loyale envers l'Amiral Rashok. Elle se contenterait d'obéir à ses ordres, comme elle l'avait toujours fait. Elle s'approcha du hublot pour voir les appareils de Bakan s'approcher. Quel espèce d'officier à la noix pouvait envoyer trois rafales contre une flotte entière de Stormy Sky ? Bah, peut-être était-ce tout ce qu'ils avaient ? Après tout, la région n'avait pas une armée très sophistiquée. Les gens de Bakan comptaient surtout sur Stormy Sky pour les protéger. Ce que l'organisation avait toujours fait, gardant jalousement les frontières d'une de leurs régions acquises. Bakan n'aurait jamais imaginé qu'un jour, Stormy Sky se retournerai que contre eux. Et Stormy Sky non plus, d'ailleurs...

Syal laissa à son confrère le capitaine Jovens, qui commandait l'Inébranlable, le vaisseau le plus au-devant de leur formation, le soin de se débarrasser de ses trois avions de chasse avec ses canons. Ceci fait, la voix désincarnée de l'Amiral Rashok résonna dans la salle de contrôle de tous les vaisseaux de la flotte pour ordonner le lancement des troupes. Le Solidor et le Rêve bleu, leur deux vaisseaux hôtels, faisaient office de transporteurs de troupes pour les armées de Cinhol. Syal sourit en se souvenant du visage des capitaines Kagezo et Yvus quand l'Amiral leur avait dit que leurs bâtiments chéris allaient servir à transporter des milliers de chevaliers en armure ainsi que leurs chevaux. D'un autre côté, ils avaient les vaisseaux les mieux disposés pour accueillir le plus de monde possible, donc c'était normal.

L'Indomptable, le vaisseau de Syal, était un des trois spécialisés pour la bataille. Elle ordonna qu'on lance les troupes sur Airplanners, ainsi que les Pokemon qui leur étaient fidèles. Ils s'abattirent sur la ville d'Ampuhosg comme la foudre sur un paratonnerre. Il y avait quelques signes de défenses, certes. Des mitraillettes et des Pokemon furent là pour les accueillir. Cette fois, il y aurait probablement des pertes de leur côté, mais pas beaucoup, car au moment même où les troupes de Stormy Sky plongeaient sur la ville, une partie de celles de Castel II - lui-même et sa garde rapprochée - pénétra dans la ville, saccageant tout avec son habituel déluge de feu.

Syal décida d'aller elle-même au combat. Il n'y en avait pas vraiment besoin, mais rester sur le pont de son vaisseau allait la rendre dingue. Elle confia le commandement à sa seconde et sorti avec son Airplanner personnel. Ah, sentir le vent sur son visage, tandis qu'elle évoluait à toute vitesse dans les cieux. Il n'y avait rien de comparable. Syal avait toujours aimé le combat. C'était normal, car elle était native de la région Mandad et avait été élevée par la Garde Noire, des fanatiques de la force brute et du meurtre. Mais plus encore que le combat, elle aimait le ciel. Alors, combattre en étant dans le ciel, c'était la plus belle chose au monde.

Un Bruyverne, un Pokemon Vol et Dragon semblable à une chauve-souris géante, vint dans sa direction. Il était difficile au premier abord de savoir si c'était un Pokemon de Stormy Sky ou des dresseurs de la ville, mais comme il s'apprêtait visiblement à l'attaquer, il ne devait pas être de leur côté. Il lança une attaque Lame Air que Syal esquiva en faisant tournoyer son Airplanner d'une torsion de son pied gauche. Quand elle était sur son Airplanner, Syal devenait une virtuose de l'acrobatie aérienne. Elle n'était pas seulement capitaine d'unité, elle était la pilote d'Airplanner la plus douée de tout Stormy Sky. Et ajoutez à ça sa nature de Modeleur apte à contrôler le cuivre, qu'elle soit devenue capitaine si jeune n'avez rien d'étonnant. Mais elle ne se sentait pas encore prête à endosser l'habit d'Amirale, comme le voulait Rashok.

Quand le Bruyverne revint à la charge, Syal était prête. Elle brandit son bras droit, où était enroulé son cuivre, et le transforma en pointe avant de l'étirer pour qu'il aille transpercer une des ailes membraneuses du Pokemon. Après quoi elle contrôla son cuivre à distance pour qu'il s'enroule autour du Bruyverne. Il lui suffit ensuite de le laisser tomber. Elle récupérerait son cuivre après la bataille. Elle pouvait le sentir même à des kilomètres. Elle aurait facilement pu tuer le Bruyverne, mais éliminer les Pokemon était aussi inutile que cruel, surtout les Pokemon Vol que Stormy Sky adorait.

Puis comme Castel II semblait recruter les Pokemon vaincus au fur et à mesure de ses conquêtes, en menaçant d'éliminer leurs dresseurs... Non pas que Syal réprouve ce genre de chantage. Elle en avait elle-même fait pas mal depuis qu'elle était entrée à Stormy Sky. Mais c'était tellement à l'opposé de la morale qu'Adam avait fait montre avant que ça la perturbait. La perte d'une femme et une couronne sur la tête pouvaient-elles autant changer quelqu'un ?

Syal éclipsa ces questions de son esprit pour se reconcentrer sur la bataille. Elle prit la tête d'un groupe de trente sbires sur Airplanners, et ensemble ils allèrent systématiquement détruire les infrastructures militaires de la ville, bases, canons, et même le Centre Pokemon, qui bien que non-militaire pouvaient soigner les Pokemon ennemis. Ils ne touchèrent pas à l'hôpital par contre. Si Adam semblait se fiche désormais d'assassiner des blessés, Syal avait quand même une certaine morale.

Une fois tout ceci de fait, il s'agissait maintenant de maîtriser les dresseurs Pokemon, pour obliger leurs Pokemon à rendre les armes. Elle en repéra deux qui donnaient des ordres à un Arcanin et un Charmina contre des soldats de Cinhol. Syal sauta de son Airplanner juste au-dessus d'eux et en étala un en lui tomba dessus. L'autre cria et se lança contre elle. Il était grand et fort, la trentaine, et sans doute se croyait-il capable de mettre à terre une adolescente. Hélas pour lui, il n'avait apparemment pas suivi l'entraînement au corps à corps dispensé par Stormy Sky. Syal l'envoya au sol après quelques échanges seulement, lui bloquant les bras en une prise d'entrave.

- Rappelle ton Pokemon, mon gars. Ça t'évitera d'être blessé, fit-elle.

- Sale chienne de Stormy ! Pourquoi vous faite ça ?! Qu'est-ce qu'on vous a fait ?!

- Tu ne m'as rien fait, avoua Syal. Et pour la peine, je te sauve la vie. Vaut mieux pour ta poire que tu tombes sur moi que sur les mecs en armure. Ils ne sont pas aussi commodes que nous. Alors rappelle ton Pokemon, maintenant, avant qu'ils ne se pointent.

En voyant les six colosses de Cinhol qui s'approchaient, leurs armures et leurs épées pleine de sang, le dresseur ne se fit pas répéter et rappela son Charmina. Syal lui confisqua sa Pokeball, puis le libéra, après quoi elle lança la Pokeball à l'un des guerriers.

- Tiens, cadeau pour ton roi. Il les collectionne apparemment.

- Nous voulons cet homme, gronda le type de Cinhol en désignant le dresseur. Il a gravement blessé l'un des nôtres avec son Pokemon ! Il doit payer !

- C'est moi qui l'ait capturé, riposta Syal. Et puis, faire quartier aux adversaires qui se rendent, ça vous dit quelque chose ? Je doute que Castel II...

- Nous comprenons bien mieux notre roi que toi, femme de l'Ancien Monde ! Ne t'avise plus de te mettre au travers de notre chemin. La loi de Cinhol est absolue, même pour vous, les arrivistes de Stormy Sky.

Ils la laissèrent là avec les deux dresseurs, sans doute pour trouver d'autres proies à faire souffrir. Syal se demanda, au nom d'Arceus, quel fléau avaient-ils lâché dans le monde.