Pluies Diluviennes de Arcanin-Fictions

L'an zéro. Vide absolu. Le néant. Aucune vie n'avait sa place en ce lieu désolé. Un endroit intemporel et immatériel, sans aucun sens ni raison même d'exister. Et pourtant, immuable, incontestable, l'Œuf était là, égaré au fin fond de ce que l'on appelait le Jardin. Etait-il seulement possible de nommer l'inexistant ? Cette question y répondait d'elle-même. Doucement la brume se formait. Pour la première fois le temps se défigeait et la matière se créait. L'Œuf. Une onde s'en dégagea, déformant l'espace et se propageant dans le Jardin. Une autre. Encore. Aussi intenses et régulières que les battements d'un coeur. «Crac», la coquille se brisait un peu plus à chaque vague, laissant naître la première forme de vie jamais existée. Un être sans nom destiné à vagabonder dans le Jardin. « Que faire ? » pensait-il. Ennui. Il souhaitait ne plus être seul. Qui voudrait l'être ? Larmes, repli. Enfermé dans l'agonie de sa solitude, son pouvoir commençait alors à se manifester. Tristesse est mère d'Inspiration, dit-on. D'une seule pensée il remarquait pouvoir altérer la matière en en manipulant les atomes. « Pourquoi suis-je seul ? » Il forma une sphère opaque, noire, semblable à l'œuf duquel il était sorti, si dense qu'il était possible de la toucher. Il espérait en voir naître un frère, un fils, un ami. Peut-importe. « Je ne veux plus. » Il patientait en observant son Œuf. Rien n'arriva, évidemment. Condenser seulement la matière ne pouvait rien produire. Mais il eut une idée. En isolant ses cellules et en les implantant dans l'Œuf, elles pourraient être stimulées et se multiplier jusqu'à donner naissance à un deuxième être vivant, similaire à lui. Il patienta les yeux rivés sur la sphère. Des siècles durant.
« Je ne peux plus. » Encore une fois rien ne passait. Râle. Rongé par l'impatience il poussa son premier cri, un hurlement désespéré qui résonnait dans le Jardin. Le premier son qu'il n'eut jamais prononcé, mais aussi le premier écho qu'il n'eut jamais entendu. Un écho ? Entendre plusieurs fois le même son à des instants différents ? Il comprenait enfin les notions de mouvement et de temps. Le flux temporel était essentiel à toute vie et il était capable de le créer. Nouvelle tentative, il créa cette fois-ci deux sphères dans lesquelles il planta ses cellules. Ainsi naquirent ses deux enfants.

« Je suis votre Père, Créateur de l'arc du Temps et de l'Espace. Je suis Arceus. »

Il leur confia une partie de ses dons, non sans s'épuiser lui-même, et leur ordonna de créer la Vie, puis sombra dans un profond sommeil récupérateur. Palkia avait un total contrôle de la matière tandis que Dialga maniait le Temps à volonté. En s'associant, ils furent capables de créer un univers, des galaxies et des systèmes solaires. Voulant créer un univers totalement autonome, ils fabriquèrent de gigantesques sources d'énergie, assez endurantes pour les suppléer : des soleils. Leurs cellules, beaucoup moins puissantes que celles de leur Père, avaient quand même permis de créer des milliards de formes de vie plutôt modestes, peu puissantes, juste assez robustes pour vivre plusieurs années. Mais Palkia et Dialga devenaient arrogants, trop fiers de leur création. Très vite devenu des rivaux, cette compétition les faisait repousser chaque jour les limites de leurs pouvoirs si bien qu'ils outrepassèrent l'interdit : créer des créatures à leur image. Supposée s'élever en souverain sur les différents mondes, cette race supérieure s'était vue dotée d'une partie de leur force. Les deux Frères prétendaient avoir enfin atteint la perfection et s'en attribuaient chacun le mérite. Mais aucun pouvoir n'eut jamais été parfait. Leur Univers commençait à s'écrouler. Tout cette énergie devenait trop instable et mettait en péril la pérennité des mondes. Ils réveillèrent le Créateur et réclamèrent plus de pouvoir pour rétablir l'équilibre.

« Ignorants ! Vous ne méritez pas mon pouvoir. Votre arrogance vous a perdu. » Rétorqua-t-il sèchement.

Arceus laissa cet univers se déchirer. Les projets de ses Fils n'étaient pas ce qu'il avait souhaité. Sous ses yeux, le Temps et l'Espace se déformaient. Le reflet de ses démons le poursuivait. « Et si la solitude était la seule solution ? » Palkia supplia le Créateur d'agir, de ne pas laisser toutes ces créatures mourir. Silence, colère. La déception d'Arceus fut terrible. L'orgueil, la vanité, l'envie. Ses Fils avaient été corrompus par le propre pouvoir qu'il leur avait offert. Ils devaient être punis.

« Ressentez ce que je ressens. J'ai créé quelque chose dont je n'ai plus le contrôle. Je vous ai créé. L'égoïsme a causé ma perte. »

Pourtant, ce qu'avaient créé Dialga et Palkia n'était pas entièrement corrompu. Le problème était l'influence qu'ils voulaient exercer sur ces mondes. Arceus doutait. Il pensait avoir trouvé une solution pour tout réparer... et les empêcher de tout faire dégénérer à nouveau. Il conçut alors un troisième oeuf et y implanta ses cellules les plus évoluées pour donner vie à un être si puissant qu'il pourrait contenir ses frères et rétablir l'équilibre dans leur œuvre. Giratina créa alors une autre dimension où chaque déséquilibre serait absorbé par des portails dimensionnels. Des trous noirs. Jaloux et humiliés, Dialga et Palkia s'opposèrent à leur nouveau frère et parvinrent à l'emprisonner dans l'autre dimension pendant qu'il était affaiblit. Puis ils s'en prirent à leur Père, lui aussi fragilisé par la naissance de Giratina. L'affrontement fut violent. La plupart des mondes furent réduit à néant tant les opposants s'étaient déchainés. Les créatures qu'avaient conçut Palkia et Dialga avaient souffert de cette guerre et très peu y avaient survécu. Gravement blessé, Arceus s'exila pour recouvrer ses forces. Mais le conflit n'était pas terminé : restait maintenant à déterminer lequel d'entre Dialga et Palkia était le plus fort. Les rivaux se donnèrent alors corps et âmes dans un duel de force éternel..


Deux milles six cents cinquante années plus tard, deux principales espèces étaient formées sur la Terre. Les humains, créatures faibles mais dotés d'intelligence, et les pokémons, petits monstres qui servent dignement l'écosystème de la planète. Hommes et Pokémons vivent aujourd'hui en parfaite symbiose et ont appris à s'entraider au quotidien.

Arceus, Giratina, Dialga et Palkia ne sont alors plus qu'une légende et leur Histoire est régulièrement contée aux plus jeunes enfants avant qu'ils n'aillent se coucher.

« Dis papa, tu as dit que certains monstres avaient survécus à la bataille, tu sais où ils sont maintenant ? J'aimerais tellement voir ces gros pokémons en vrai !
- Ahah tu rêves fils ! On raconte que certaines de ces créatures terrifiantes ont survécu et sont cachées aux quatre coins du monde. Zekrom, Groudon, Lugia... Parfois les gens prétendent les avoir vu de leurs propres yeux. Nous ne savons pas ce qu'ils sont réellement fiston, pokémons, divinités... peut-être même les deux ? Alors on aime simplement dire qu'ils veillent sur nous depuis leur cachette !
- Si moi je peux pas les voir, je veux que mes enfants le fasse !
- Chaque chose en son temps mon fils. Demain tu as école. Bonne nuit. »

Ce qu'Octave ignorait, c'est que ces pokémons légendaires n'étaient pas tous entrain de veiller sur eux. Certains les surveillaient.