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Entre deux mondes de Xabab



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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 11/07/2014 à 16:58
» Dernière mise à jour le 11/07/2014 à 16:58

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Chapitre 23 : Paul
« Il paraît que l'opération sera lancée dans moins de dix jours, pendant le défilé ! Ils vont nous montrer ces sauvages, tout le monde aura les yeux posés sur ces hommes venus de l'autre monde et le roi en personne ne parviendra à s'en détourner…
– Et là on frappera un grand coup, sans prévenir !
– Trois coups de mousquets et qu'importe nos vies si elles permettent à des milliers d'autres de s'épanouir ! »

La dizaine d'hommes assise dans le fond de ce bar miteux d'Illumis faisait un bruit terrible. Ils criaient, tous à moitié saoul, levant leurs choppes en cœur et buvant sans avoir soif. Les autres clients ne s'occupaient pas vraiment d'eux, ce n'était pas la première fois que quelques hommes fatigués venaient hurler leur colère contre le régime au fond d'une taverne.
Trois ans auparavant la révolution avait été écrasée malgré les centaines d'innocents qui perdirent la vie au cours de cet évènement. Des bourgeois, des artisans, des pauvres ; tous furent logés à la même enseigne lorsque la vague de haine déferla dans les rues. Quelques quartiers furent mis à feux et à sang puis l'armée se chargea des résistants. La fusillade prit lieu une heure après le début des hostilités et le mouvement en resta là. Depuis Illumis semblait dormir.

Mais ce n'était qu'en apparence et même le roi savait qu'il ne faudrait pas longtemps avant que de nouvelles tentatives éclatent. Il avait beau réprimer chaque homme qui osait parler de son mépris du pouvoir, faire fermer les établissements suspectés de servir de lieux de réunions à ses opposants et en exécuter quelques-uns en place publique ; cela ne suffirait pas.
Peu à peu les habitants de Kalos se lèveraient de nouveau et le petit groupe d'hommes au fond de cette taverne insalubre n'était qu'un début.

Le patron de l'endroit se contentait de rincer des verres, accoudé à son bar, jetant de temps à autre des regards en direction de la porte afin de ne pas se faire surprendre par une troupe de gardes. Le petit groupe qu'il avait fait installer au fond de sa taverne était dangereux et pouvait mener à la fermeture de ce lieu s'il se faisait prendre. Mais d'un autre côté il s'agissait d'une source de revenus non-négligeable. Enivré par une haine tenace et un désir de changement, ils pouvaient tenter de monter un plan de bataille pendant des heures en buvant sans s'arrêter pour oublier que cela ne servait à rien.

« Vous ne faites que les regarder depuis tout à l'heure. Rassurez-moi, vous ne travaillez pas au château ? Si c'est le cas sachez que ces bougres viennent souvent ici mais qu'ils ne sont pas du tout dangereux. Ils boivent et crient plus qu'ils n'agissent.
– C'est justement cela qui me fait peur. Á force de crier ils vont s'attirer les honneurs d'autres personnes que je ne voudrais pas voir dans leur entourage.
– Vous les protégez ? demanda le barman à la fois inquiet et curieux devant l'attitude du client.
– En quelque sorte. Je les protège, de leur propre stupidité. »

L'homme porta à ses lèvres le verre qu'il avait commandé, remontant sa capuche noire pour ne pas la tâcher de vin. Il reposa ensuite sa main gantée sur le bois du bar et se tourna de nouveau en direction du groupe de révolutionnaires.
« Il faut frapper le plus tôt possible et quand personne ne s'y attend ! cria l'un d'entre eux.
– Le défilé !
– Le défilé ! »

Et ils levèrent de nouveau leurs verres, tous ensembles. Néanmoins parmi ces révolutionnaires qui ne faisaient que parler sans réellement décider de passer à l'action, il y en avait un qui se tenait calmement dans un coin, écoutant calmement les autres sans rien dire. Il fixait sa choppe en silence et baissait les yeux.
C'était ce dernier que regardait le client vêtu de noir. Il se moquait des autres, de leurs cris sans fin. Le seul qui l'intéressait était ce jeune homme qui l'air grave semblait s'imprégner de chaque parole de ses pairs sans intervenir.

« Je ne sais pas qui est ce type, lui lança le barman qui avait suivi son regard. D'habitude ils ne viennent pas avec lui. Il n'est pas comme eux.
– Non il ne l'est pas, affirma le client. Lui il est sérieux et sa révolution il compte bien la mener jusqu'au bout.
– Vous allez l'arrêter ?
– Je vais l'empêcher de crever surtout. »

Et sur ces mots il reposa son verre et se leva de son siège, rabattant sur ses hanches son long et sombre manteau. Il avança en direction de la table où se tenaient les ivrognes et aucun ne sembla le remarquer. Mais quand il ne fut plus qu'à un mètre de cette dernière sa cible se retourna. Le jeune homme le foudroya du regard, gratta machinalement la barbe qu'il avait laissé pousser et lui adressa un sourire.
« Tu ne peux pas t'empêcher de me suivre partout où je vais, pas vrai ? »
L'homme en noir garda le silence et arrêta d'avancer.
« Parfait, répondit l'autre. »

Sur ce simple mot il adressa un signe de main à ses camarades qui avaient cessés de bouger et se leva. Il fixa son adversaire, serra le poing et l'envoya directement dans le ventre de ce dernier qui fut expulsé contre le bar.
« Je t'avais dit de me laisser tranquille, rugit le révolutionnaire. Ce n'était pas la peine de venir me faire chier jusqu'ici ! »
Il se précipita vers sa cible dont la capuche était tombée, révélant un visage encore juvénile et ce malgré les cernes qui le déformaient. Ce dernier esquiva la charge de son adversaire qui se fracassa l'épaule contre le coin en bois. Cela fait il se saisit de lui par la veste et l'envoya voler contre une table qu'il écrasa sous poids. Le jeune homme se retrouva bientôt entassé sous une tonne de copeaux brisés, légèrement sonné.

« Tu vas me le payer !
– Une autre fois. »
Et disant cela il tira de son manteau un objet de forme circulaire qui émit un rayon de lumière, révélant au grand jour l'énorme araignée électrique qu'il contenait. « Mygavolt, paralyse-moi cet imbécile. »
Le pokemon s'exécuta et inonda le combattant d'un flot d'électricité qui ne lui laissa même pas le temps de s'exprimer. Ses yeux restèrent figés au fond de ses orbites et ses doigts crispés.

Aussitôt les révolutionnaires auxquels il avait donné l'ordre de ne pas bouger se levèrent d'un bond, prêt à en découdre pour venir au secours de leur compagnon. Le patron commença lui aussi à crier, invectivant le jeune homme au sujet de la table brisée et des clients qui venaient de quitter l'endroit suite à la bagarre. Mais les portes s'ouvrirent au même moment, découvrant le visage d'un vieil homme accompagnés de quatre serviteurs armés de fusils.
« Le premier qui bouge aura affaire au plomb, est ce clair ? lança-t-il en installant un silence. Tenez mon brave, en dédommagement, ajouta-t-il en posant un billet sur le bar et en faisant signe à ses hommes d'embarquer celui qui était paralysé parmi les décombres. »

Dès qu'ils eurent quittés le bar le vieillard se tourna en direction du jeune homme qui l'avait accompagné au dehors. Ils montèrent ensemble dans l'un des deux coches garés dans la ruelle et quittèrent l'endroit au plus vite.
« Vous n'avez rien, petit maître ? lui demanda-t-il inquiet au bout de deux minutes de trajet.
– Tout va bien Octave, merci. Je m'inquiète plus pour lui. »
Et disant cela il se tourna vers Luc, paralysé à l'arrière, croupissant dans ses vêtements sales qu'il n'avait pas lavé depuis qu'il avait quitté le domaine un mois auparavant pour mener ces espoirs de conquête. Luc et sa barbe foisonnante, ses désirs de vengeance et sa stupidité.
« Au moins nous l'avons retrouvé, le consola le majordome en posant sa main sur son épaule. Il est avec nous maintenant.
– Pour combien de temps avant qu'il ne se fasse tuer ? »