Voici - Psy 4 de la rimeCassy était dans la salle de bain en train de se brosser les dents lorsqu'une série de coups précipités fut frappée à la porte. Elle sursauta, se blessa malencontreusement à la gencive et remplit un verre d'eau pour se rincer la bouche avant d'aller ouvrir. Yohanna se tenait sur le seuil.
- C'est bon, c'est libre, pas la peine de t'impatienter, essaya-t-elle de plaisanter, bien qu'elle avait encore le coeur lourd de l'échec cuisant essuyé la veille aux ruines Sinjoh.
- Ce n'est pas cela. Quelqu'un vient de sonner, en bas. Chloé est descendue voir de qui il s'agissait, alors je suis venue t'avertir.
- Un visiteur alors qu'il n'est même pas huit heures du matin ? s'exclama la jeune femme en enfilant hâtivement un peignoir.
Elle traversa le salon en courant aussi vite que le lui permettait ses pantoufles et dévala les escaliers jusqu'au vestibule, où sa consoeur se tenait déjà devant le battant entrouvert, fixé au montant par une chaînette de sécurité.
- Ah, tu tombes bien, constata la nageuse en l'entendant descendre les dernières marches. Je crois... Tu ferais mieux de t'en occuper.
Elle s'écarta pour lui laisser le passage et Cassy se rapprocha de l'entrée. Un visage altier au teint de porcelaine entra alors dans son champ de vision, qu'elle pouvait voir au travers de l'interstice. Elle s'efforça de contenir une expression de surprise :
- Athéna ?
- En personne. Aurais-tu l'amabilité de m'ouvrir, s'il te plaît ? Visiblement, j'ai effrayé ton amie.
La dresseuse jeta un regard à Chloé par-dessus son épaule, qui l'interrogea du regard pour savoir si elle avait réellement l'intention d'inviter une humaine légendaire à entrer. Après une légère hésitation, elle ôta la chaîne argentée et fit coulisser le battant sur ses gonds.
- Je vous en prie, déclara-t-elle en invitant son interlocutrice à pénétrer à l'intérieur.
Cette dernière ne bougea pas. Elle tourna les yeux en direction de la rue, vers un point que Cassy ne pouvait voir. Lorsqu'elle fit signe à quelqu'un d'approcher, elle crut immédiatement à un piège, et ses traits se crispèrent, furieuse de sa propre naïveté car elle avait sur elle ni gants, ni pokémon. Elle se détendit cependant lorsqu'Esméralda apparut en face d'elle.
- Oh ! s'écria aussitôt la porteuse du glyphe eau.
Elle traversa le petit hall d'un bond pour aller serrer leur consoeur dans ses bras. Athéna se décala d'un pas afin de s'éloigner de leurs effusions amicales, non sans esquisser un léger sourire avant de recouvrer une expression sérieuse.
- J'ai rencontré cette pauvre Wattouat égarée et j'ai songé que je ferais mieux de te la ramener.
- Merci beaucoup.
- C'est tout naturel. Maintenant, pourrions-nous discuter toutes les deux en privé ?
- Oui, bien sûr. Montez vous installer dans le salon, je vous rejoints dans une minute.
L'humaine légendaire la remercia d'une brève inclinaison de la tête puis se dirigea vers les escaliers tandis que Chloé, ayant enfin relâché son étreinte autour des épaules de la gitane, l'observait avec un air méfiant.
- Athéna ? répéta-t-elle après un instant de silence. Athéna, la fille de Zeus ?
- Elle-même.
- Pourquoi ne nous as-tu jamais parlé d'elle, puisque tu la connais vraisemblablement ?
- Elle est venue ici il y a peu de temps. Elle voulait... Elle voulait que je lui dise la vérité au sujet des projets de Lilith, car elle cherche à éviter un affrontement.
- Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?
- J'ai coopéré.
- Alors que toi aussi, tu désires la mort d'Arceus ?
- Elle m'a révélé qu'un affrontement entre déités suffirait à détruire toute la planète, si cela se passait mal. C'était une mise en garde. Au début, oui, je partageais l'avis de Lilith, mais désormais, trop de gens sont impliqués. Le devoir de la Confrérie est de protéger les humains, or si nous laissons les humains légendaires s'entretuer, la puissance qu'ils libèreront pourra annihiler chaque parcelle de vie sur Terre.
Cassy inspira profondément, attendant une réaction de la part de sa consoeur qui tarda à venir. Etonnamment, ce fut Esméralda qui prit la parole, tout en hochant la tête dans un mouvement lent.
- Athéna m'a raconté tout cela afin de me convaincre de revenir ici. D'après elle, la situation est trop complexe pour que tu parviennes à la gérer seule, raison pour laquelle non seulement tu hésites, mais aussi pourquoi tu as plus besoin de nous que jamais.
- Que les choses soient bien claires : ce n'est pas parce qu'à présent, je souhaite mettre fin à une guerre millénaire que je m'opposerai à Lilith, d'accord ? Je n'oublie pas qu'elle m'a soutenue à chaque fois que je me suis sentie perdue.
- Je... J'imagine que je pourrais m'habituer à cette idée, grommela la gitane. Par contre, Satan...
- Vous n'avez aucune raison de vous méfier de lui. Il n'est pas mauvais et je doute même qu'il l'ait jamais été. C'est Lilith qui tire les ficelles depuis le début, je crois d'ailleurs qu'elle n'a aucun mal à le manipuler. Il n'a rien à voir avec l'image que l'on se fait de lui.
La gitane ne releva pas. La dresseuse en profita pour observer ses deux consoeurs, toutes deux en tenues. Elle les pria de se rendre dès à présent au terrain d'entraînement, en précisant que Tina et Yohanna les y rejoindraient sous peu, car elle devait parler seule à seule avec Athéna.
- Par contre, ajouta-t-elle au moment où ses amies tournaient les talons, il n'est pas utile que Scathach et Artémis aient vent de sa présence ici, si vous voyez ce que je veux dire.
Les deux autres acquiescèrent, avant de prendre congé. De son côté, Cassy remonta à l'étage où elle retrouva l'humaine légendaire. Elle était élégamment assise sur le canapé, les jambes en oblique par rapport au reste de son corps, presque figée comme une statue de cire.
- Qui est-ce ? chuchota précipitamment Tina en entrebâillant la porte de sa chambre au moment où la jeune femme passait devant.
- Une personne qui peut nous aider à rester en vie. Tu pourrais te dépêcher de rejoindre les autres à l'Arène avec Yohanna, s'il te plaît ? Nous devons discuter en privé.
La dresseuse prenait conscience que toutes ses amies commençaient à l'observer avec méfiance, mais elle ne pouvait pas leur en vouloir. Après tout, elle leur avait imposé une alliance avec Lilith, la présence de Sven, et même encore, elle continuait à leur dissimuler des informations de la plus haute importance.
Elle savait que les divinités ne se repaissaient pas de la même façon que les mortels, néanmoins elle proposa quand même à Athéna de lui servir une boisson afin de tromper l'attente. Celle-ci accepta, sans doute par soucis de faire bonne figure, mais ne toucha pas à son verre de cidre lorsqu'il fut posé sur la table basse en face d'elle.
Quand les deux dernières filles eurent quitté l'appartement, une dizaine de minutes plus tard, elles purent enfin parler sans risquer que leur conversation ne soit entendue, bien que Yohanna soit déjà au courant de tout.
- Comment avez-vous retrouvé Esméralda ? demanda presque aussitôt Cassy afin de rompre le silence.
- Par accident. Elle se rendait aux Colonnes Lances lorsque mon chemin a croisé le sien.
- Aux Colonnes Lances ? Qu'allait-elle y faire ?
- Elle cherchait un endroit où elle pourrait contacter Arceus. Elle ne se pardonnait pas de vous avoir abandonnés, cependant revenir dans un camp mené par Lilith et Satan était au-dessus de ses forces, alors elle s'est mise en tête d'implorer l'Alpha afin qu'il vous laisse tranquille.
- Vraiment ? Mais c'est de la pure folie ! Il l'aurait tuée avant qu'elle n'ait eu l'occasion d'ouvrir la bouche.
- C'est exactement ce que je lui ai dis. Je l'ai ensuite rassurée sur tes attentions en lui avouant que j'avais discuté avec toi et que tu étais d'accord pour m'aider à ramener la paix dans les deux camps à cause des risques encourus par l'espèce humaine, qui devenaient plus forts que ta propre soif de vengeance.
- A ce sujet... murmura la jeune femme en cherchant le meilleur moyen de lui présenter la nouvelle. Il y a un léger problème.
- Comment cela ?
Quelque chose dans la manière qu'avait Athéna d'arquer les sourcils en entrouvrant la bouche lorsqu'elle était surprise rappelait l'expression de Cynthia. Son timbre clair et sa douceur ressemblaient également à ceux de la Championne, ce qui rassura presque la dresseuse.
- Prométhée ne vous a pas averti ?
- Si. Je sais que Volupté a tenté de vous retenir pour vous livrer à mon père, qu'il vous a sauvés, puis menés jusqu'à Seth.
- Jusque là, tout s'est bien déroulé. Il a accepté de m'aider dès que j'ai mentionné votre nom, en précisant que cela épongerait la dette qu'il avait envers vous.
- Je le conçois. Que s'est-il passé ensuite ? Serait-il revenu sur sa parole donnée ?
- Non, il s'est montré honnête jusqu'au bout. Il nous a accompagnés aux ruines Sinjoh et, avec l'aide d'une amie d'Esméralda, est parvenu à lever les scellés. Cela a fonctionné puisque Lamia est libre.
- Qu'en est-il d'Elle ?
- C'est justement cela, l'ennui. Nous nous sommes rendues dans la chambre souterraine, cependant, ce n'était pas Elle qui se trouvait à l'intérieur.
- Comment cela, pas Elle ? interrogea la déesse sans se départir de son calme apparent.
- Nous avons trouvé une femme prénommée Pandore. Je suppose que vous savez qui elle est, n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que tu sais d'elle, au juste ?
- Seulement qu'il s'agit de l'humaine qu'Arceus a rendu immortelle grâce à l'élixir de longue vie fabriqué par Circé et au rituel sacrificiel mené par Seth, ainsi que celle qui a été liée à Mew suite à la mort d'Isis.
- Effectivement, tu connais déjà trop de choses à son sujet. Cela te fait courir un danger encore plus grand.
- Est-ce la seule façon que vous ayez trouvé pour tenter de me dissuader de poursuivre mon enquête ?
- Si tu as consulté les Zarbi, ils ont dû te mettre en garde : la vérité est un fardeau bien trop lourd à porter. Cependant, jamais je ne t'interdirais de faire ce qui te semble juste. Arceus souhaite déjà ta mort, de toute manière. Cela ne changerait pas grand-chose.
- Pourquoi ne pas me révéler ce que vous savez par vous-même ?
- Je te l'ai dit : j'ai promis. En revanche, tu es désormais près du but. Je ne doute pas que tu parviendras à percer ce secret tôt ou tard, même si... même si j'en redoute les conséquences.
- A ce point ?
Pour toute réponse, Athéna hocha doucement la tête. Cassy se demandait quel pouvait bien être ce mystère que l'Alpha dissimulait pour qu'il provoque tant de silences de la part de son entourage, cependant elle choisi d'en revenir au sujet le plus urgent :
- Et pour Elle ?
- Je ne vois qu'une seule explication. Elle s'est échappée, est déjà au courant de cette vérité que tu recherches et nous observe quelque part, probablement en murissant le châtiment qui nous guette tous.
- Si Elle est libre depuis aussi longtemps et qu'Elle a le pouvoir de vous punir tous, pourquoi ne l'a-t-Elle pas encore fait ?
- Pour une fois, je n'en sais pas davantage que toi. Je ne te cache pas que cela m'effraie. Elle nous déteste tous, sans exception. J'ignore ce qui La retarde tant dans Sa justice divine, mais je crains que cela ne laisse rien présager de bon pour nous. Je te remercie, Cassy. Tu as fait tout ce qu'il fallait pour me venir en aide. Ta mission s'achève là, désormais, car tu ne peux rien de plus. Je continuerai à veiller sur toi, ainsi que sur tes amies, et je serai toujours là pour te venir en aide lorsque tu en auras besoin, mais maintenant, tu ferais mieux de tenir loin d'Elle. Tu as déjà assez affaire avec les humains sans risquer ta vie en pourchassant Némésis. A présent, c'est à moi de m'en charger.