Échec et Mat ! de Lucario0822

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• Lucario2208 •


"-Attendez !"

Le soleil était déjà presque à son zénith lorsque nous avions laissé le monastère derrière nous, pour nous confronter aux montagnes qui s'étendaient à perte de vue, comme des crocs acérés sortant de terre. Quelques rayons à peine parvenaient à filtrer à travers l'épaisse couche de nuages cendrés, qui présageait sûrement beaucoup de pluie dans les heures à venir. À l'entente de cet appel, qui avait résonné dans toute la vallée, je me retournai, aussitôt imité par Melu et Lama. Ce dernier marchait maintenant avec son Poussifeu sur la tête — peut-être le Pokémon lui offrait-il une quelconque protection contre le froid ambiant.

En me retournant, je vis un des moines qui dévalait à toute vitesse la pente rocailleuse, quelque chose à la main. Il fut vite arrivé à notre niveau, et fit face à Melu, tout essoufflé :

"-Ouf, vous êtes toujours là..." fit-il, haletant. Reprenant son souffle, il tendit le contenu de ses mains vers la jeune fille. "Voilà quelque Pokéballs, elles vous seront sans aucun doute utiles..." Voyant que Melu les regardait d'un air sceptique, il ajouta : "Elles sont fabriquées à partir de baies vidées et séchées... De la part du vieux moine."

Il prononça ces derniers mots avec une pointe d'amusement en s'inclinant. Melu laissa échapper un petit rire, sûrement en repensant au vieux bonhomme doté d'un calme imperturbable qui les avait accueilli, puis hocha la tête d'un air approbateur, et accepta le présent avec le sourire. Le moine s'inclina une seconde fois, salua Lama, puis tourna les talons et commença à remonter la pente escarpée. Arrivés en bas de la descente, je marquai une pause, et remarquai que Melu et Lama étaient aussi indécis que moi. À part la forêt où Melu et moi avions atterri, et le monastère dans notre dos, ce monde était encore entièrement nouveau à nos yeux.

"-Mmh... Génial, on va où, maintenant ?" fis-je en me tournant vers mes deux compagnons, qui s'échangèrent un regard dépité, car n'ayant aucune réponse convenable. Soudain, Lama tressaillit, signe qu'un souvenir, aussi vague soit-il, venait de resurgir en lui.

"-Dès que je me suis réveillé, la veille, j'ai entendu un groupe de moine parler d'une ville derrière les montagnes..." commença-t-il d'un air hésitant qui ne lui ressemblait pas. "Je n'ai pas épié en détail leur conversation, je me posais tellement de questions, à cet instant...

-De toutes façons, y'a pas trente six chemins... Si on avance tout droit, on finira bien par trouver quelque chose." déclarai-je d'un air décidé, avec une voix qui se voulait la plus convaincante possible, essayant de masquer mes propres doutes. Sans un mot supplémentaire, je tournai les talons, et me mis à marcher vivement vers les griffes rocailleuses qui sortaient de terre, aussitôt suivi par Melu et Lama, qui semblaient toujours sceptiques.

Nous marchions avec le soleil, à la même vitesse, dans la même direction. Quelques habitations précaires à peine sortaient de terre au milieu de nulle part, mais pas un mouvement ne laissait deviner que quelque chose de vivant pouvait s'y terrer. Les pics rocheux se rapprochaient de nous à chaque pas, si hauts que les nuages s'accrochaient à leurs cimes.

Après plusieurs heures de marche au milieu du gravier et des quelques arbustes noueux et piquants qui sortaient de terre, Melu, qui avait pris la tête du groupe, s'arrêta devant les géants minéraux qui sortaient de terre. Les montagnes que nous avions vu au loin se dressaient à présent devant nous, encore plus imposantes que nous ne l'automne imaginé. Une bise cinglante descendait des sommets. D'épais nuages masquaient le ciel, et leur couleur jaunâtre ne présageait rien de bon concernant la météo. Le soleil devait maintenant être bas dans le ciel, sans pour autant commencer à sombrer derrière les sommets.

Après avoir échangé quelques mots quant à la marche à suivre dans les montagnes, Lama prit à son tour la tête du groupe, et commença à emprunter une corniche étroite qui surplombait une vallée encaissée, et qui, avec un peu de chance, nous ferait traverser les monts... Je marchais. Je marchais depuis dix minutes ou dix heures, je n'aurais su le dire. Je marchais la tête basse à cause du vent glacial qui me fouettait le visage et me piquait les yeux, mais j'avançai sans relâche afin de ne pas me faire distancer par Melu et Lama. Le soleil devait probablement se coucher derrière les nuages, car les ombres s'allongeaient de plus en plus sur les sommets, donnant une atmosphère morne et angoissante à la scène.

"-Il commence vraiment à faire froid, par ici..." chuchota Melu en se frottant les mains, son souffle créant des volutes de fumée blanche qui se fondaient dans l'obscurité grandissante.

Et, comme une réponse à ses paroles, les premiers flocons blancs se mirent à tomber.

"-Manquait plus que ça..." marmonnai-je comme pour moi-même, pourtant mes paroles n'échappèrent pas à Lama, qui se contenta de râler en regardant les flocons tomber, de plus en plus nombreux à chaque instant.

Bientôt, on se retrouva dans une obscurité presque totale, et bloqués dans des vents tempétueux accompagnés d'un torrent de neige. Celle-ci ne tarda pas à recouvrir intégralement le sol, si bien qu'on aurait pu y confondre un rocher avec une touffe d'herbe qui poussait à fleur de la paroi minérale.

"-Il faudrait trouver un abri pour la nuit !" fit Lama, qui dut élever la voix pour de faire entendre malgré le vent qui gémissait à travers les roches, comme une âme errante. J'acquiesçai, imité par Melu, mais malheureusement, pas une ouverture dans la roche n'offrait d'abri convenable pour nous trois, et si nous ne nous dépêchions pas, la couche de neige, qui augmentait de volume à chaque seconde, allait finir par masquer toutes les entrées possibles.

"-Faites attention où vous mettez les pieds !" criai-je pour me faire entendre, avalant quelque flocons au passage. "Le moindre geste non calculé peut être fatal dans ce genre d'endroit !"

Comme une ironie du sort, mon pied glissa dans la neige, et je dérapai avant de ma laisser tomber sur le coté, en sursautant, Melu aussi glissa, et, s'agrippant à la manche de Lama, elle l'entraîna avec elle dans se chute, poussant un cri strident. Et c'est avec un bruit sourd que mon corps s'écrasa en bas du ravin peu profond qui avait été masqué par la neige.


* * *


• Melusine29 •


Heureusement pour nous, notre chute avait été amortie par la neige, qui s'était accumulée dans cette fosse. Retirant la neige de mes cheveux, je m'extirpai de la poudreuse et regardai la faible ouverture dans le plafond, qui donnait sur le ciel morne et gris endormi par la nuit. Me rappelant la présence de mes compagnons, je me retournai et demandai :

« -Toujours vivants ? »

En retour, je reçus un faible râle de Lucario qui se leva à son tour en s'ébrouant comme un chien, et une série d'injures à mon encontre venant de Lama.

« -Pourquoi tu m'as agrippé ?!

-Ben pour ne pas tomber ! rétorquai-je. Mais on dirait que cela n'a pas marché....

-Bravo tu as trouvé ça toute seule ?

-Ouais, t'as vu ? »

De nouveau, je me retrouvais face à Lama, et nous nous lancions des piques mutuellement tandis que Luca essayait de réfléchir.

« -Vous allez arrêter ?! Il vaudrait mieux se concentrer sur un moyen de sortir de là ! »

Ne pouvant plus nous supporter, il nous avait séparé, et nous désignait la fissure du plafond. Le Pokémon s'approcha de la paroi et commença à l'escalader, cherchant désespérément une prise sur le mur glissant, ses pattes arrières battant l'air, mais la glace le fit retomber aussi net. Il essaya à coup de coups de poing de la briser, mais rien n'y faisait, une épaisse couche la recouvrait. Il se retourna vers Lama et moi d'un air dépité.

« -Bon... Je crois qu'on est coincés ici...

-C'est embêtant ça...

-Tu l'as dit... '' acquiesça Lama à ma remarque.

"-....T'es d'accord avec moi toi ?

-Ben en même temps, je vois pas trop comment on ne pourrait pas être d'accord ! »

Lucario soupira et s'éloigna des deux, prenant avec lui le sac qu'avait donné le moine avec les Pokéballs et le petit Poussifeu. Il fut étonné de voir dans sa patte des morceaux de bois entiers, qu'il sortait au fur et à mesure. Le sac semblait sans fond, et il trouva même des baies, qui avaient l'air fraîches et juteuses. Utilisant le petit Pokémon feu comme briquet, Luca s'installa et se chauffa les pattes.

« -... Bon, vous deux, si vous voulez manger, c'est par ici ! »

Je me retournais vers Luca en constatant avec surprise qu'il avait tout préparé, m'asseyant à côté de lui je prenais une baie Sitrus qu'il me tendait.

« -Merci, t'es un ange ! Pas comme l'autre en face de moi.. On aurait dû le laisser là-bas finalement !

-Je te signale que l'autre est plus utile que toi, moi au moins j'ai un Pokémon !" rétorqua Lama d'un ton sec.

-Moi, j'appelle ça un poulet... et justement, j'ai comme une envie de viande... rôtie à souhait...

-Pas touche !! »

M'esclaffant en voyant sa réaction outrée je finis de manger ma baie et m'installai confortablement tandis que Lama se mettait à discuter avec Lucario de notre monde. Étonné par les réponses du Pokémon, il demandait des informations sur les autres personnes qui auraient atterri ici.

« -Eh bien il semblerait que nous avons déjà rencontré Aqua, donc cela fait toi, moi, Melu, et lui... il manque encore beaucoup de monde ! Et puis dans ce monde-ci nous n'avons pas les mêmes noms ni la même apparence physique. Je ne suis pas un Lucario à la base !

-Donc dans l'autre monde - le monde normal -, je ne suis pas comme ça ?

-Non, tu es sûrement gros, petit et dyslexique... avec des taches de rousseur ! » Ajoutais-je avec une pointe d'ironie dans la voix. M'éloignant de lui pour éviter les représailles je m'endormis devant le feu, suivie par Lucario, puis par Lama, dont le cerveau travaillait à plein régime.

Le silence se fit dans le crevasse, seul le crépitement du feu indiquait un semblant de vie. Les flammes projetaient sur les parois des formes éphémères qui semblaient danser, petites ombres chinoises en pleine transe elles donnaient l'impression d'exister réellement. Petit à petit une ombre plus grande se joignit à la fête et avança parmi elles. Géante parmi les naines elle se dirigeait vers les ombres projetées par les trois compagnons confié aux soins de Morphée.