• Chapitre 4 •
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Allongé contre le tronc d'un arbre, Alban faisait une sieste, accompagné de son Pokémon. Il se trouvait loin de toute civilisation et goûtait la tranquillité du lieu. Pourtant, il entendit des bruits de pas, puis sentit quelqu'un s'asseoir à côté de lui. Cela ne pouvait être qu'une seule personne, de toute façons, lui seul savait à chaque fois où il dormait.
" -Alban... pourquoi es-tu allé les voir ? On nous l'a interdit pour l'instant.
-... Personne ne me donne d'ordres.
-Tu me désespères... tu sais bien que l'on ne peut pas se révolter... du moins pas pour l'instant.
-Et toi tu m'ennuies."
Son acolyte soupira bruyamment, et le silence se fit. Il fut de nouveau interrompu par l'inconnu, qui passa sa main dans ses cheveux bruns en désordre.
"-Comment sont-ils ?
-Tu ne me laisseras pas tranquille ?" dit Alban d'une voix ensommeillée en se relevant et en s'étirant. Regardant le ciel étoilé, il répondit en baillant. "Deux pièces maîtresses faibles et incapable d'agir... Mais, pourtant...
-... Un problème ?" fit son collègue intrigué, par la réponse du jeune homme. Cela n'était pas dans ses habitudes de partager ses pensées avec quelqu'un d'autre. Ils devaient posséder quelque chose de spécial pour que son ami puisse hésiter à leur sujet, chose intéressante pour le jeune homme.
"-Rien, laisse tomber....
-Cette histoire m'intéresse, peut-être qu'une petite visite est de rigueur finalement ! Tant pis pour les conséquences ! "
Se levant à son tour, il frotta sa cape noire, descendit la petite colline en faisant un grand geste de la main à Alban, qui le regardait partir. Il allait devoir chercher un autre endroit pour dormir en paix.
* * * *
• Lucario2208 •
"-Aïe..."
Le simple fait d'ouvrir brusquement les yeux relança une douleur intense que j'avais presque oublié, m'arrachant une grimace, qui me fit souffrir encore un peu plus. Clignant quelques fois des paupières pour m'accommoder à la lumière ambiante, je remarquai que cette dernière était différente de celle qui m'entourait avant que je ne ferme les paupières. J'en déduis que j'avais dû rester endormi toute la nuit. Maintenant, le soleil devait être assez haut dans le ciel, car des rayons étincelants filtraient à travers le plafond ouvert, illuminant la cour intérieure de doux reflets orangés.
J'avais passé une nuit agitée, et mes rêves avaient été hantés par l'image de l'Aquali, me projetant violemment contre un mur, ses yeux jetant des éclairs et luisants de haine. Maintenant, j'étais calé contre un mur un peu en retrait par une épaisse couche de mousse fraîche. Ne pouvant bouger la tête, le seul endroit qui apparaissait dans mon champ de vision était celui où l'inconnu était apparu, celui qui avait connu ma première et cuisante défaite en tant que Lucario. À force d'observer cette scène, animée par les moines qui s'activaient autour de moi, elle n'avait plus aucun secret pour moi. Je semblais pouvoir deviner le prochain mouvement de chacun d'entre eux.
À force de fixer chaque détail, mes yeux voyaient sans regarder, et je réfléchissais. À quoi....je n'aurais su le dire. Plusieurs questions se bousculaient dans ma tête : Où était Melu en ce moment même ? Et Laël ? Et l'étranger, que je semblais avoir reconnu ? Alors que les moines apparaissaient d'un côté de la vaste pièce pour aller aussitôt s'engouffrer dans une entrée du coté opposé, l'un d'eux sortit de son parcours, qui semblait comme prédéfini, pour s'approcher vers moi, me tirant de mes profondes pensées.
Je répondis à son salut discret par un mouvement presque imperceptible de tête, la maximum que je puisse faire, puis il se baissa. Un tintement métallique retentit à coté de moi, faisant tressaillir mon oreille droite. Tournant l'œil, j'aperçus un petit bol de cuivre, rempli presque à ras bord d'une étrange mixture épaisse et verdâtre, que le moine mélangeait à l'aide d'un pilon.
"-N'aies pas peur..." fit-il en remarquant que je fixais le mélange avec un regard plein d'appréhension. "Baies Prine, continua-t-il en montrant de l'œil ce que j'avais maintenant reconnu comme étant des baies écrasées. Remède efficace et cicatrisant. Par contre, ça risque de piquer, ne sois pas surpris."
Sur ce, il détacha un petit morceau de la mousse qui constituait mon matelas précaire, le trempa dans la mixture gluante, et l'appliqua doucement sur les plaies qui me couturaient le visage. Un petit picotement me parcourut dans un premier temps, puis il se mua en quelques instants en une pointe acérée de douleur, si insupportable que je dus serrer les dents pour ne pas hurler. Le moine reposa ensuite le bol à terre, avec le même bruit métallique.
"-Voilà... C'est fini. Ne touche pas tes plaies, il faut laisser agir la préparation." me conseilla-t-il avant de tourner les talons et de s'éloigner comme il était venu. Il avait appliqué un peu du mélange sur ma nuque également, et je pus très vite bouger la tête à nouveau — non sans douleur, mais l'on n'a rien sans rien.
Mes yeux commençaient doucement à se fermer, et, ne cherchant même pas à m'opposer à la fatigue bien que je venais à peine de me réveiller. J'étais sur le point de sombrer à nouveau dans un profond sommeil quand un cri strident résonna dans les couloirs, avant de se répercuter jusque dans la cour intérieure. Melu surgit d'une des entrées en riant, et fut stoppée nette lorsqu'elle remarqua que j'avais enfin ouvert les yeux. Elle s'approcha, toujours aussi euphorique.
"-Saluuuut ! Tu t'es enfin réveillé ! Ça va ?
-Est-ce que ça a l'air d'aller ?" répliquai-je brusquement. En voyant son visage s'assombrir soudainement, je compris que je m'étais montré trop rude. "... Vraiment désolé..." continuai-je en essayant de rattraper ma bêtise.
"-Pas grave, fit-elle en retrouvant aussitôt le sourire. On va les retrouver. Le type à l'Aquali a dit qu'il s'appelait Alban. Mais... Tu m'avais dit que tu ressentais deux auras en lui aussi, non ? Tu en es sûr ?
-Absolument certain, répliquai-je.
-Alors... Tu penses que ce pourrait être... Aqua ?
-... Probable..." répondis-je simplement.
"-Et Laël, tu penses que...
-Qu'est-ce qu'il a, Laël ?" fit une voix que je ne reconnus pas tout de suite, pleine de curiosité. Melu tressaillit, et déglutit péniblement en se retournant lentement. Laël nous fixait d'un œil sévère et curieux. "Alors comme ça, on parle de moi dans mon dos ?"
"-Oups..." chuchota Melu avec la tête de quelqu'un qui se fait prendre en train de répéter un secret. Puis, sous mon regard paniqué, elle prépara un grand sourire aussi innocent que possible, qu'elle afficha en de retournant brusquement vers le jeune moine.
"-Eh bien... Euh... On se disait juste que c'était excessivement sympathique de votre part de nous héberger, de nous nourrir...
-Et de me soigner..." conclus-je à le hâte en essayant de prendre le même air angélique que Melu, malgré la douleur qui me lacérait le visage. Laël sembla hésiter quelques instants, mais il finit par secouer la tête.
"-... Très drôle." fit-il sans quitter son regard contrarié. Il s'assit lentement en croisant les jambes en face de Melu et moi, me fixant sans interruption d'un œil sérieux qui me fit froid dans le dos. "Je ne bougerais pas d'ici tant que je n'aurais pas de réponses. De toutes façons, j'ai tout mon temps. C'est pas comme s'il allait se passer quelle chose de spécial, ici..." continua-t-il en balayant la cour intérieure d'un regard ennuyé.
"-Plus spécial que l'arrivée d'une fille accompagnée par un Lucario qui parle, suivie par celle d'un inconnu qui veut probablement les éliminer, tu veux dire ?" railla Melu en rigolant. Label posa sur elle un regard noir, à croire que les deux avaient du mal à se supporter. De mon coté, je poussai un profond soupir, puis, après un long moment de réflexion, je me penchai vers Melu, et chuchotai à son oreille :
"-Mieux vaut tout lui dire maintenant, je pense que ça nous évitera des problèmes, même s'il n'a pas encore retrouvé ses souvenirs... Et de toutes façons, si on ne lui dit pas, il va jamais nous lâcher..." conclus-je en coulant un regard discret vers le jeune moine, qui croisait les bras, s'impatientant. Melu sembla profondément plongée dans ses pensées, comme pesant le pour et le contre, ainsi que les conséquences. Puis elle acquiesça silencieusement, et prit une grande inspiration, se préparant à raconter une longue histoire, sous l'œil désormais brillant de curiosité de Laël.
Elle raconta tout : Le message, dont je me rappelait les mots exacts à présent, la perte de conscience, l'atterrissage mystérieux dans ce monde, dans le corps d'êtres déjà présents, le combat contre l'Ursaring, l'arrivée dans le hameau, jusqu'au combat de la veille, dont il me restait quelque lambeaux que je n'arrivais pas à chasser de mon esprit. Il écouta attentivement et avec intérêt, mais sans pour autant quitter son air incrédule. Autant dire que son visage était passé par à peu près toutes les émotions en très peu de temps.
"-... Et c'est pour ça que nous pensons que tu fais partie du groupe, ainsi que l'étranger. Vous avez tous les deux deux auras superposées." conclut Melu d'une voix malicieuse qui semblait vouloir dire «Maintenant, tu seras obligé de me supporter !». Laël ferma les yeux quelques instants, et je ressentais que plusieurs émotions entremêlées émanaient de lui. Puis il les rouvrit brusquement, son regard bleu saphir me glaçant le sang.
"-Alors vous voulez dire que... Je suis moi, mais dans le corps de quelqu'un qui n'est pas moi ?" Grand silence. Puis un petit rire monta dans sa gorge, causant le surprise de Melu. "Et vous croyez que je vais avaler ça ? Après tout, pourquoi je croirais deux étrangers perdus sortis de nulle part ?
-Et comment tu expliques qu'un inconnu soit venu nous éliminer personnellement en affichant publiquement qu'il venait de la part de celui qui avait envoyé le message, alors ?" demandai-je calmement en essayant de me montrer le plus convaincant possible. Laël devint pâle. Il ferma à nouveau les yeux, replongeant dans la méditation. Fermant les paupières à mon tour et l'entourent d'un léger halo bleuté, j'essayai de ressentir son esprit pour savoir à quoi il pensait. Plusieurs images défilèrent devant moi : Sa venue vers moi il y a à peine une dizaine de minutes, sa nuit dans un dortoir au confort plutôt rudimentaire, puis le combat d'hier, et notre arrivée, ses quelques activités de routine, un peu confuses, puis... Plus rien. Le noir complet.
"-Hé hé... Gagné !" pensai-je en ressentant son égarement le plus total. "Il ne se souvient pas de ce qu'il a fait ni de qui il était avant la veille !"
Je rouvris brusquement les yeux, qui luisaient triomphalement. Lorsque Laël se réveilla à nouveau, son visage s'assombrit soudainement, et je compris qu'il commençait à nous croire, car il n'avait pas vraiment d'autres choix.
"-Bon... C'est vrai que je me suis réveillé hier sans me souvenir que de mon nom... Je ne savais même pas ce que je faisais dans ce monastère, je ne le connaissais même pas ! Bien... Donc, que disait-il, ce message ?" Melu semblait ébahie par ce changement d'avis soudain. Mais elle répéta tout de même les raisons pour lesquelles nous nous trouvions dans ce monde.
"-Bon... Je vais vous suivre." fit-il calmement sous le regard médusé de Melu. "Mais je vous préviens : Si le voyage ne me plait pas, ou si je me rends compte que votre histoire est fausse, je reviens ici illico, compris ?... Je vais aller annoncer mon départ aux autres." conclut-il en se relevant lentement, et en s'éloignant.
Je tentai également de me lever, mais, mes jambes encore tremblantes alliée à l'engourdissement des muscles après une nuit de sommeil me fit retomber aussi sec à terre avec un cri de douleur. Cette fois-ci, Melu m'aida à me relever, et voyant que je titubais, prêt à tomber une deuxième fois, me soutint avec son épaule, et je suivis Laël en boitillant, m'appuyant de temps en temps contre Melu lorsque je manquais de tomber.
* * * *
• Melusine29 •
Bien décidés à partir, on sortit à l'air libre et fit face au groupe de moines qui leur barraient la sortie. Ils semblaient avoir écouté une part de notre conversation, et nous regardaient moi et Lucario d'un mauvais œil. Celui qui nous avait accueilli semblait plus calme et s'avança à notre rencontre.
« -Donc vous partez.... Laël, es-tu bien sûr de ta décision ?
-Désolé, le moine, mais je ne suis pas Laël, enfin si... mais non... » Il avait du mal à expliquer ce qu'il venait d'apprendre. A ses côtés, je ne pouvais m'empêcher de rire ce qui me m'apporta un regard noir à la fois du jeune moine et du groupe entier. Je pris à mon tour la parole.
« -Le simplet qui est à côté de moi veut dire que certaines choses ont changé, et qu'il doit partir pour régler tout cela !
-Je suppose que cela a un rapport avec vous deux et le jeune homme à l'Aquali...
-Perspicace le vieux ! » Ne pus-je m'empêcher de dire d'un ton railleur, tandis que Lucario me lançait un regard désapprobateur. Le moine me regarda en souriant et se retourna vers ses compatriotes.
« -Je crois qu'il est temps de le laisser partir mes frères. Il n'est plus le jeune enfant que l'on a recueilli autrefois, il doit à présent faire ses preuves. Quand à toi, jeune homme, avant de partir j'aimerais te faire un présent, je pense qu'il te sera utile ! » Il chuchota à l'oreille d'un vieux moine qui partit chercher quelque chose, les moines restant s'approchèrent de Laël pour lui dire au revoir alors que lui ne savait pas quel attitude adopter. Le porte parole vint nous voir moi et Lucario.
« -Prenez soin de lui s'il vous plaît... ah, le voilà ! » Il s'approcha du moine qui revenait et confia son présent au jeune homme, qui, surpris, regarda le Poussifeu se frotter à lui. Le petit Pokémon sautilla joyeusement en gazouillant et partit vers Lucario tandis qu'il m'ignorait superbement.
" -Tel chien, tel maître..." fut ma seule réflexion en voyant le Poussifeu.
-Je dirais plutôt Pokémon dans ce cas-là ! » Lucario quand à lui rigolait de la situation et de ma tête dépité. Laël revint vers nous et commença à partir en compagnie de son nouveau Pokémon.
-Au revoir Laël, reviens nous voir un jour !
Le jeune homme se retourna une dernière fois vers sa famille d'adoption en prononçant ces derniers mots.
-Laël je ne suis plus, appelez moi Lama.
Lama :d) http://www.noelshack.com/2014-01-1388771545-lamamp.jpg