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Entre deux mondes de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 01/07/2014 à 16:21
» Dernière mise à jour le 01/07/2014 à 16:21

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Chapitre 19 : Paul
« La production avance rapidement. Nos ouvriers travaillent chaque jour pour que la nouvelle collection soit en magasin dans les plus brefs délais. Malheureusement il sera impossible que vos ordres soient respectés et les balles ne seront pas proposées en dessous d'un prix plus que conséquent si vous voyez ce que je veux dire.
– Je vois, répondit Fargas au responsable de l'usine en hochant la tête. Je vois même très bien mais sachez que je m'en fiche toujours autant. Notre objectif consiste à donner à chacun une possibilité de changer ce monde en élevant des pokemons. Je veux exploiter ce potentiel et pas seulement pour les nobles mais pour tout le monde.
– Mais…
– Mais rien du tout. »

Le patron leva une main devant la bouche de son employé pour le faire taire avant de la ramener dans son dos. Il fit ensuite demi-tour et se tourna vers la centaine de personnes qui œuvraient dans cette immense forge.
Des hommes tiraient de cheminée des prototypes de balles encore fumant à l'aide de pinces. Ils les déposaient ensuite sur une table où une dizaine de personnes versaient des seaux d'eau gelée, créant des nuages de vapeur qui les faisaient suer dans leurs tabliers. Là on les prenait afin de les amener sur un second plan de travail où elles étaient ouvertes, creusée et ciselée dans le but d'y implanter le mana nécessaire au fonctionnement. Venait ensuite l'étape de la peinture. Les PokeBalls étaient recouvertes à moitié par un tissu qui permettait de ne recouvrir que le haut de rouge avant que le geste soit répété pour la partie inférieure destinée à devenir blanche.

Paul regardait avec attention tous ces hommes s'acharnaient sur ce que Fargas et lui mettait en œuvre depuis des années. Dans cette fosse où la chaleur atteignait des sommets, le jeune homme ne voyait qu'une immense fourmilière. Des centaines de petits êtres qui se mettaient en marche sans réfléchir, suivant des ordres et s'attardant chacun à une seule tâche pour se diriger vers un seul et unique but. Tous savaient ce qu'ils avaient à faire et le faisaient à la perfection, n'allant jamais sur le terrain d'un autre, ne donnant pas le moindre conseil. L'ouvrier de la fonderie ne parlait pas au peintre, le peintre n'adressait pas un mot au sculpteur et tous ne pensaient à rien. Ils créaient ensemble ce que les deux hommes en hauteur avaient imaginé.

« Le mana coûte cher et Kalos en possède de moins en moins, reprit le dirigeant de l'usine qui ne démordait pas. Les filons s'épuisent de jour en jour dans le coin.
– Trouvez en d'autres, répondit simplement Fargas.
– Il n'y en a pas d'autres. Les seuls à en ramener par ici sont les navettes qui reviennent d'Uros depuis trois ans. Le pont de leurs navires en sont chargés, les marins en offrent à leurs femmes et en décorent leurs maisons. »
Cette fois-ci le contremaître attirait l'attention de Fargas qui se tourna vers lui, soudainement intéressé par ces dires. Paul de son côté n'écoutait que d'une oreille, se contentant d'observer le travail des ouvriers, une besogne difficile qu'il avait exécutée lui-même pendant quelques années afin de créer ses propres prototypes.

« L'Uros ? répéta Fargas.
– Oui, le nouveau continent découvert par Richard, il paraît qu'il en est plein à craquer et que ses montagnes en débordent.
– Merci je sais ce qu'est l'Uros tout de même. Néanmoins je prenais encore l'abondance de ses ressources pour de simples rumeurs balancées à tort et à travers par des marins ivrognes.
– Croyez-moi que non, monsieur. Avec tout votre respect vous faites erreur. Je suis entré dans la maison de deux amis l'autre jour et ils avaient du mana sur leur table de chevet. Bien sûr il était dans sa forme la plus basique qui soit mais ça n'en était pas moins du mana, directement venu du nouveau monde. »

En entendant cela Paul commença à se désintéresser des ouvriers qui travaillaient sous ses yeux. Il se tourna en direction des deux hommes et prit part à leur discussion.
« Nous devrions organiser une expédition.
– Que dis-tu ? lui lança son patron en se tournant vers lui, changeant de ton comparé à celui qu'il employait vis-à-vis du contremaître.
– Une expédition, répéta Paul. Le nouveau monde n'est à personne, pas vrai ? Et nous avons de l'argent plus qu'il n'en faudrait. Engageons des hommes, préparons trois navires et installons nos propres mines directement sur ces terres. Une fois que nous les aurons appropriés il ne sera même plus utile d'acheter du mana, nous n'aurons qu'à l'importer ! »

La seule réponse de Fargas à son plan fut un sourire, large et porteur d'une reconnaissance plus que profonde. Dès que le jeune homme eut terminé, son patron s'empressa de se tourner vers le contremaitre et le chasse d'un geste de la main.
« Déguerpissez !
– Mais…
– Mais rien du tout, je vous demande simplement de déguerpir. Je ne sais pas pourquoi je vous paie. Ce gamin, pardonne-moi l'expression Paul, vient en quelques secondes de relancer pour la seconde fois mon projet avec l'idée la plus géniale que j'ai pu entendre ces derniers temps. Il a des qualités, pas vous. En résumé : déguerpissez. »

Avec un mécontentement non dissimulé le chef de l'usine s'en retourna, fermant brusquement la porte dans son dos. Fargas n'y prit pas attention et s'empressa de se tourner dans la direction de son protégé et acolyte depuis maintenant quelques années.
« Ce que tu viens de faire va nous propulser au sommet et permettre à notre rêve de s'accomplir, lui annonça-t-il. Tout confirme mon geste de ce matin. Je comptai te l'annoncer plus tard en vérité mais je pense que c'est le moment idéal : tu es désormais mon unique héritier, Paul. »

La nouvelle frappa le jeune homme en plein cœur, le déstabilisant. Il regarda durant un instant le visage de son mentor, tentant d'y trouver une pointe d'ironie mais plaisanter sur de tels sujets ne faisaient pas partie de ses habitudes. L'homme était plus que sérieux.
« Mais votre mariage, riposta Paul en repensant à la femme que Fargas avait épousé deux ans auparavant, et le fils que vous attendez ?
– Tout cela m'importe peu. Je suis marié pour bien paraître à la cour, le roi m'a forcé en tant que représentant de la noblesse à épouser sa nièce. Il ne saura rien de mon arrangement avec toi avant ma mort et je ne compte pas faire du bébé mon héritier ; il n'aura que mon nom. Tu es mon fils spirituel Paul, de surcroît l'homme qui apporta le plus à mon projet. Tout cela te reviendra de droit. »

Mais alors que le jeune homme tentait de réaliser ce que tout cela signifiait la porte que venait de claquer le contremaitre s'ouvrit à la volée. Octave, le majordome, entra en trombe dans la pièce, un air de détresse qui ne lui ressemblait pas sur le visage.
« Illumis est à feu et à sang, annonça-t-il. Les révolutionnaires traversent les rues en exécutant le moindre bourgeois qu'ils croisent. Des têtes ornent des piques sur la grande place.
– Mes parents ! hurla Paul qui oublia momentanément la pensée de l'héritage.
– Je savais que vous en seriez préoccupé. J'ai demandé en urgence à préparer une voiture pour vous y conduire. Le cocher est prêt, nous partons quand vous en donnerez l'ordre. »

Paul annonça qu'il n'y avait pas une minute à perdre et il emboîte le pas à Octave. Fargas resta en retrait et se contenta de crier une vaine revendication : « C'est insensé, vous allez vous faire tuer.
– Certains sentiments n'ont aucune logique Robert, lui lança simplement Octave en refermant la porte dans son dos. »