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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 29/06/2014 à 09:01
» Dernière mise à jour le 29/06/2014 à 09:01

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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070 - Et le silence était avec Lindsay Gribble
« J'adore m'entourer de vanités. C'est pour moi une façon de supporter l'insupportable. »
(Mylène Farmer dans une interview à Paris Match)

« Mon cœur est une penderie dans laquelle tous les costumes de mes personnages sont accrochés. »
(Simone Signoret)



- Mais je veux ces bonbons !!
- Non, Wallace, tu n'auras pas de bonbons ! geignit Margaret.
- Mais qu'est-ce qui lui prend ?! grommela Carl.
- Des bonbons ! Des bonbons !

Elle observait, intriguée, son frère qui piquait une crise. Elle était moins caractérielle, c'est sûr.

- Je veux des bonbons ! JE VEUX DES BONBONS !
- Wallace, silence !! grogna Carl avec autorité.
- Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! Gnnnnnnnn !!!

Wallace se mit à sangloter. Le reste du supermarché regarda la petite famille. Margaret souffla.

- C'est embarrassant, Wallace, arrête !
- Mais je veux des booonnnbooooonnnnns !
- Lindsay ?!

Carl vit sa fille s'éloigner en se tenant les oreilles.

- Merde !! Maggie, je reviens !
- Hein ? Oh ! Oh mon Dieu…

Lindsay alla se réfugier dans un rayon, accroupie derrière un carton contenant des gâteaux. Son père la regarda.

- Lindsay, ma chérie, ça va aller, tout va bien…

La blondinette regarda son père, affolée. Carl tendit la main vers sa fille.

- Papa est là, tu n'as rien à craindre. D'accord ?

Lindsay hocha la tête. Elle tendit la main vers son père qui attendit qu'elle la lui saisisse pour l'aider à se relever. La fillette se releva et resta contre son père, prostrée. Lorsqu'ils revinrent près de Margaret et Wallace, celle-ci grondait sévèrement son fils.

- Ne fais pas de caprices !! Ce n'est pas comme si on ne te donnait rien ! L'argent ça ne pousse pas sur les arbres, les bonbons c'est mauvais pour la santé, et en plus tu as fait peur à ta sœur !
- Pardon maman…

Carl arriva avec Lindsay, mais il ne disputa pas Wallace, laissant sa femme s'en charger.

- Excuse-toi envers ta sœur !
- Pardon Lindsay… souffla Wallace.

Lindsay hocha la tête en silence. Carl souffla.

- Bon, on peut continuer les courses, maintenant ?

Wallace et Lindsay hochèrent la tête et suivirent gentiment leurs parents.


Quatre

- Les profs en font tout un plat mais ça va être du gâteau cet examen… Pis c'est pas comme si on était débiles, on l'a bien assez prouvé lors du tournoi !

Carl et Margaret acquiescèrent sommairement. Lindsay mangeait son petit déjeuner, silencieuse, écoutant les billevesées de son petit frère.

- Sinon, madame Clover est toujours suspendue, ça fait bizarre, son remplaçant est pas terrible, il est gros, il a les cheveux gris, on dirait le genre de mec qui traîne autour des écoles pour donner des bonbons aux gamins…
- Wallace ! geignit Margaret.
- Pardon maman. Mais sérieux, il est trop louche…
- Tu l'as aussi, Lindsay, je crois… si votre professeur commun est absent…

Lindsay releva la tête, c'était rare que son père ou sa mère s'adresse directement à elle au repas.

- Hein ? Oh, bah nous tu sais, c'est la fin de l'année, les profs on s'en fiche maintenant… on a le tournoi des gars à préparer, et on passera nos écrits pendant son examen débile, alors bon…
- Tu le sens comment au fait ? demanda Carl.
- Bien, bien, je pense que je vais avoir mon diplôme, bon, comme l'a dit le prof principal, avec mon année en moins par rapport aux autres ça va être dur, mais j'avais de bonnes bases en arrivant…

Carl acquiesça.

- T'as pas de conseils à donner à Wallace pour son examen pratique à lui ? Tu l'as fait l'an passé, nan ?
- C'était chiant, tu vas beaucoup te faire chier… soupira Lindsay.
- Chérie… souffla Margaret.
- Pardon maman, mais disons que moi ça m'a pas plus amusée que ça…
- J'ai entendu dire par une de tes copines qu'il fallait traverser une forêt et que t'avais fait une crise d'angoisse !

Carl et Margaret se redressèrent. Lindsay regarda son frère, énervée.

- Putain, qui t'a dit ça ?!!
- Cette poufiasse de Louisa Lowell, elle a dit que tu respirais fort et que tu t'étais prostrée, du coup elles sont fait l'épreuve sans toi, t'es restée avec ton Azumarill, comme une gourde, et pis...
- Wallace !

Wallace regarda son père.

- Quoi, elle vous l'avait pas dit ?!
- Laisse ta sœur tranquille !
- Si elle ne l'a pas dit, c'est qu'elle ne voulait pas nous inquiéter, n'est-ce pas chérie ? souffla Margaret, anxieuse.

Lindsay hocha la tête, intimidée. « J'aime pas quand ils sont comme ça avec moi… »

- Nan bah nan… C'était carrément humiliant !
- Tu as entendu ta sœur ! Alors tu la laisses ! grommela Carl.
- Okay, okay… Je ne vais pas taquiner Lindsay parce qu'elle a peur d'aller dans les bois ! soupira Wallace, dépité.
- Ce serait gentil de ta part ! souffla Margaret en sirotant son thé.

***

- Lindsay a peuuuur, Lindsay a peuuuur, elle est toute péteu-seuh !

Lindsay Gribble, 19 ans, blonde, queue de cheval, t-shirt rouge et jean bleu, leva ses grands yeux bleus au ciel.

- Tu es ridicule.
- Pourquoi t'as peur de la forêt ? sourit Wallace.
- J'en sais rien du tout, ça a toujours été comme ça, et même si je le savais, je te le dirais pas !
- C'est bizarre ça quand même… C'est pour ça que tu passes jamais les vacances avec moi au bord du lac avec tonton Jeff ? A cause des forêts autour ?
- Je n'aime pas cet endroit, ça me met mal à l'aise, maman le sait alors on passe les vacances ailleurs, c'est tout…

Wallace pouffa de rire.

- T'es cinglée en fait. Lindsay est cinglée-heu !
- Et toi tu radotes…
- Si on peut même plus rigoler… souffla Wallace.
- Je suis ta sœur ! On te dit que j'ai flippé, tu te fous de moi !
- Bah ouais, c'est normal, je suis ton connard de frangin !
- Sauf qu'à la fin de l'année dernière, c'est toi qui était flippé et moi je t'ai consolé ! T'as chialé comme une gonzesse dans mes bras, tu veux que je le dise aux parents ?

Wallace regarda sa sœur, blasé.

- T'es pas fun ! Pas étonnant que t'aies eu qu'un seul mec dans ta vie !
- Va te faire foutre, d'accord ?

Wallace haussa les épaules et avança un peu plus vite que sa sœur pour s'en éloigner. Lindsay soupira. « Quel petit crétin… »

Lindsay observa son école. « Allez, plus que quelques semaines dans ce gourbi, et après ça… Pffff… J'arrive même pas à envisager ce qui va se passer après ça. C'est normal je suppose, on peut pas prédire l'avenir… Je sais même pas où je serais demain. Au même endroit, sûrement… A chaque fois je vais aux mêmes endroits… »

Elle arpenta l'allée et fut rejointe par Shawn, son petit-ami attitré.

- Hey, beauté.
- Hey.
- C'est les dernières semaines, c'est plutôt cool !
- Hm, jusqu'aux exams…
- Tu penses toujours à mal ! sourit Shawn.

Lindsay sourit. « Sa compagnie est agréable… Et je ne veux pas forcément plus… Mais lui, forcément… »

- T'as fait le DM de maths ?
- Oui… C'était lourd, et puis Judy m'a appelé alors on l'a fait ensemble par téléphone et c'était un peu plus marrant.
- J'devrais faire ça, tiens, t'appeler pour faire les devoirs…
- Tu rigoles, on a mis deux heures ! ricana Lindsay.

Lindsay et Shawn entraient dans l'établissement. Elle aperçut quelques camarades de son frère mais elle n'y prêta pas attention. Excepté une, qu'elle salua. La jeune fille à lunettes leva une main dans sa direction.

- C'est…
- Tu te rappelles la meuf qu'on a entrainé ?
- Ah oui ! Comment elle avait assuré. Tu devrais devenir prof.
- Ou pas, on lui avait juste appris les bases, et on s'y était mises à quatre, avec Chelsea, Judy et Louisa. D'ailleurs si je la vois, celle-là…
- Tu vas la voir, t'es dans sa classe, j'te rappelle !
- Je sais bien…
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?
- Elle a raconté un truc pas drôle à mon frangin…

Shawn haussa les sourcils.

- Les disputes entre filles, je préfère m'en éloigner…
- Nan mais on va pas se disputer, je vais juste gentiment lui rappeler que c'est pas sympa…
- Et ça va finir en dispute ! sourit Shawn.
- Pfff n'importe quoi !
- T'es d'humeur rigolote en ce moment, qu'est-ce qui t'arrive ?
- J'sais pas, c'est comme ça… L'été, sûrement…
- Ouais, t'as l'air plus bavarde, plus… vivante !

Lindsay grimaça.

- Pourquoi, d'habitude j'ai l'air morte ?
- Nan, nan, juste… J'sais pas… J'te laisse, à toute !
- Hm !

Shawn partit vers sa classe. Lindsay soupira. « Ce que tu voulais dire c'est qu'en ce moment je parle beaucoup… Je dois être dans une période bavarde, voilà tout… Ou alors… J'ai juste envie que tu saches bien que j'aime bien être avec toi, parler avec toi… »

Lindsay leva les yeux au ciel, dissipant ces réflexions maussades. Elle approcha de sa bande, salua Chelsea et Judy, mais pas Louisa, qui se demanda pourquoi.

***

C'était un bel automne, un été indien comme on dit.

Wallace avait à peu près huit ans, Lindsay approchait de la dizaine.

Le domaine près du Lac Courage était l'occasion de grandes réunions de famille chez les Houston. Carl Gribble s'y pliait avec calme. La tenante des lieux, à l'époque, est Xavière Houston, 88 ans, mais encore bien fraîche. Elle est entourée de majordomes et de bonnes et gouvernantes fidèles qui font partie de la maison depuis des générations. Wallace était impressionné par tout ce faste et ne manquait pas de le signaler à son père.

- Papa, pourquoi on vit pas dans une grande maison ?
- Parce que c'est comme ça, Wallace.
- Mais pourquoiiiii ? Maman, pourquoi on n'a pas une grande maison ?
- Parce que je n'en veux pas, Wallace. Je ne pourrais pas la nettoyer à moi toute seule ! sourit Margaret.

Wallace hocha la tête.

- Mais j'pourrais t'aider !

Rires à table. Jeffrey observait son neveu, tout impressionné de le voir aussi vivace et dégourdi.

- Il ne ressemble à aucun de vous deux ! fit-il remarquer.
- Mais un peu trop à toi… grommela Carl.
- Je le prends bien ! sourit Jeffrey.
- Ne vous disputez pas, c'est le jour de grand-tante Xavière ! souffla Margaret.
- Qu'est-ce qui se passe encore ? grommela Edwige Houston.
- Rien maman ! sourit Margaret. Où est Lindsay ?

Margaret se releva et vit sa fille qui jouait avec son Azurill et quelques poupées qui trainaient sur une nappe. Elle jouait avec d'autres enfants et semblait toute joyeuse. Elle sourit à une autre fille plus jeune qui donnait le thé à un nounours.

- Elle joue !
- Elle, par contre, elle tient vraiment de toi ! sourit Jeffrey.
- Pas plus mal, au moins elle n'est pas agitée comme Wallace, ça fait un équilibre entre les deux ! souffla Margaret.
- Margaret, vos enfants sont un ravissement ! sourit une dame d'âge mûr.
- Merci, tante Marie-Catherine.

Carl leva les yeux au ciel. « Marie-Catherine, sérieusement… »

- Moui, enfin il est très improbable que ces marmots deviennent de grands dresseurs… souffla Léandre.
- Est-ce vraiment important… marmonna un homme blond moustachu, l'oncle Nestor.
- Et comment ! N'est-ce pas, grand-tante Xavière ?

La vieille regarda sa petite-nièce, puis les gosses.

- Qu'est-ce que j'en ai à foutre !!

Jeffrey éclata de rire. D'autres se contentèrent de toussoter.

- Grand-tante… souffla Margaret.
- Tu fais c'que tu veux, on est dans les années deux mille, et on n'est pas une de ces familles d'aristo qui donnent dans la performance !

La tante Léandre inspira en regardant son fils Narcisse, assis à ses côtés.

- Question de point de vue…
- Bah tu fais comme tu veux, elle fait comme elle veut et personne n'emmerde personne, voilà ! grogna la vieille.

Rires à table. Lindsay, au loin, observait la forêt. Les feuilles commençaient à devenir de plus en plus brunes, c'était un spectacle magnifique. L'herbe jaunissait un peu, entre le soleil fort et l'absence d'eau venue du ciel. Le lac autour du domaine était magnifique. Un majordome approcha.

- Mesdemoiselles, voulez-vous à boire ?
- Coca ! cria la petite Mireille.
- Du jus de fruits ! sourit une blondinette, Aubrey.

Lindsay regarda le grand homme et haussa les épaules.

- Un verre d'eau !

Les autres filles la regardèrent comme si elle avait craché un énorme mollard. Lindsay n'en tint pas compte : Seule importait cette magnifique vue qu'elle aimait tant.


***

- Cet examen sera une pure perte de temps et d'énergie…

Le grand dadais à lunettes, c'était Elliot Steinberg. Souvent considéré comme le meilleur élève de la Seconde année Quatre. Il bavassait avec son meilleur ami et confrère de devoir en groupe, Yoann Grey, qui officiait à la section journalisme. Les deux étaient connus pour être de grands cerveaux en ébullition.

- Je veux dire, la pratique, on la travaille tout le temps. Est-ce que ce ne serait pas plus judicieux de nous faire faire les examens écrits maintenant plutôt que dans un an ?
- Tu n'y penses pas, souffla Yoann, ça nous laisserait un an de battement avant un examen pratique inutile pour la tenue de nos notes !
- Oui mais ils auraient un aperçu de nos connaissances dans un moment crucial, au moment où nous serions le plus investis dans nos études, on dit souvent que sur un cycle de trois ans ou de trois trimestres, celui du milieu est le plus productif !
- J'aurais plutôt dit le premier… marmonna Yoann.
- Parce que tu penses « Frais à l'entrée », moi je pense « Investi en plein milieu » !
- Tu vois, nos discussions ont un sens, et je suis ravi qu'on les ait, ça nous change de Selina et Djustin…

Les deux tourtereaux étaient prêts de la machine à boissons.

- Cola…
- Nan, Jus de fruits !
- Mais un cola light pour toi parce que tu es TELLEMENT petillante !
- Oh mon Djustin ! Mais je vais grossir ! souffla la jeune fille.
- Peu m'importent tes formes et tes soixante kilos !
- Arrête de me rappeler mon poids au milieu d'une conversation romantique...
- Pardon, bébé…

Elliot leva les yeux au ciel.

- Je suis bien content de ne pas avoir de relation à l'école, c'est tellement surfait !
- Tu m'étonnes… Pis tous ces couples qui se bisouillent… Oh ! J'ai réussi à faire passer mon reportage dans la maquette de ce mois-ci ! Tu sais, celui sur le fait que les Sonistrelle et les Bruyverne communiquent avec les extraterrestres ! Ça a bien fait rire le petit crétin au pull bleu, tu sais, Lilian Grimes…
- Hm, le petit crâneur super balaise avec son frangin, là…
- Voilà ! J'ai fait comme tu m'as conseillé, je suis pas passé par l'autre pouffiasse à lunettes qui se prend déjà pour une rédac-chef… Alors qu'elle en a autant la carrure que celle d'une top-model…
- Je dois bien avouer qu'elle est loin d'être belle… sourit Elliot.

Une fille était assise près de la salle de cours, elle dessinait.

- Hey Bonnie…
- Hey…
- 'lut… marmonna timidement la fillette en chemisier blanc – jupe bleue, arborant des couettes noires.
- Tu bosses sur quoi ?
- Je dessine Selina et Djustin qui s'entredévorent… marmonna la fille.

Elliot et Yoann acquiescèrent.

- Tu as terminé la bibliographie du devoir ? marmonna Yoann.
- Si tu es si inquiet que je ne finisse pas ma part de travail, tu n'as qu'à la faire toi-même, au moins tu seras fixé… souffla Bonnie.

Yoann grommela.

- Toujours aussi aimable…
- Ce qu'il voulait te demander, c'est si au moins tu y avais pensé…
- Evidemment. Je vous donne ça cet aprèm.
- Cool…
- Chouette… marmonna Yoann.
- Peut-être que je vous dessinerai au fusain plus tard, en train de vous embrasser…

Elliot et Yoann se regardèrent, dégoûtés.

- Quoi, mais…
- Berk !!
- Alors éloignez-vous, vous me déconcentrez… souffla Bonnie.

Elliot et Yoann s'éloignèrent.

- Non mais je rêve… souffla Yoann.
- Elle est assez radicale, mais je crois que j'aime cet aspect de sa personnalité… souffla Elliot en rehaussant ses lunettes.
- T'es aussi timbré qu'elle, ouais ! Coucou, Kim !
- Salut…

La fille très garçonne était sur son téléphone à farfouiller sur un site vendant des hormones masculines. Un gars approcha subrepticement et vit ce qu'elle cherchait. Il s'éloigna en ricanant et ce n'est qu'à ce moment que Kimberley l'aperçut.

- Putain, elle essaie de devenir un mec !
- Se-RIEUX ??? ricanèrent d'autres élèves.

Kimberley Cox soupira en secouant la tête. « Bande d'enfoirés… »
Gladys et son copain Jack observaient les élèves moqueurs.

- Ils sont tellement vaches…
- Hm, mais tout ça c'est à cause de la technologie qui influence leurs esprits… Je suis bien contente de pas avoir de smartphone…
- Ouais, on est tellement bien avec nos vieux téléphones à clavier… sourit Jack.
- Totalement… Dis, chéri, plus tard, quand on vivra ensemble, on aura une grande maison avec un grand jardin et nos Pokémon tout partout qui vont courir ?
- Mais évidemment ma belle ! sourit Jack.
- Géniaaaaaal !

***

- Bon… Pour ce dernier cours de combat direct de l'année, je veux en démonstration… Gribble !

Lindsay s'étonna. Le professeur haussa les épaules.

- Vous êtes une de celles à qui il manque une note !

Lindsay souffla et se leva.

- Contre… Lowell, à qui il manque une note également !

Lindsay tiqua de l'œil. Chelsea et Judy s'étonnèrent.

- Mais elles ont quoi aujourd'hui toutes les deux ? s'étonna Judy.
- Je crois que Lindsay fait la gueule à Louisa mais je ne sais pas pourquoi, hm ! marmonna Chelsea.

Lindsay et Louisa se firent face.

- Je peux savoir ce que tu as ce matin ? s'étonna Louisa.

Lindsay resta silencieuse. Le prof souffla.

- Gribble, répondez-lui. S'il y a un grief avant match, je dois savoir.
- Okaaaaay… Tu as dit quelque chose à mon frère, à propos de ce qui s'est passé à l'examen l'an passé.

Louisa s'étonna.

- La fois où tu as pété un plomb ?!
- La ferme ! souffla Lindsay.
- Mais c'est pas grave, ça arrive à tout le monde de faire des crises d'angoisses !

Le reste de la classe sembla étonné. Lindsay souffla.

- Pschhhh…
- Quoi, tu vas me faire la gueule pour ça ?!
- Il va me charrier tout l'été !!
- Et pis, c'est juste ton frère, ça va quoi !
- Je veux un simple, trois Pokémon… souffla le professeur.

Lindsay inspira, mécontente.

- Attends, Lindsay, t'es sérieuse, là, tu vas me faire la tête ?! s'étonna Louisa.
- Oui !
- T'es vraiment nulle, je lui ai juste dit ça parce qu'il m'a dit que mes collants étaient cools, tu sais, ceux avec des fleurs, là !

Lindsay grommela. « Il l'a flattée pour avoir des conneries à me balancer… Pffffffff ! »

- Commencez et réglez vos problèmes sur le terrain…
- Ptiravi, allez !

Lindsay envoya son Pokémon. La petite semblait très joyeuse d'avoir été ainsi appelée.

- Sérieusement ?
- Hm !
- Bon… On va dire que je le prends pas mal… Mygavolt !!

L'araignée électrique apparut à son tour. Elle regarda Ptiravi d'un air affamé. Le Pokémon sembla ne pas en mener large.

- Et vous pouvez y aller !
- Mygavolt, Toile Elek !!

Mygavolt envoya des fils qui entourèrent Ptiravi et l'électrocutèrent.

- Haha !!
- Régénération !

Ptiravi atténua les effets de l'attaque adverse. Louisa s'étonna.

- Oh bah…
- Je suis chef de l'équipe de pom-pom girls, Louisa !
- Je sais, tu m'as sucré la place ! grommela Louisa.
- Quoi, tu m'en veux ?!
- A ton avis, bécasse ? Tranche !!

Mygavolt s'avança avec la nette intention de griffer sauvagement la gueule de Ptiravi.

- En plus c'est quoi ce Pokémon horrible qui te ressemble, là !
- Ptiravi, Ecras'Face !

Ptiravi contra l'attaque ennemie et frappa Mygavolt d'une série de claques fatales.

- Tu vas voir !! Tonnerre !
- Boue-Bombe !!

Ptiravi se retourna et… envoya une bombe de boue à la figure de Mygavolt sous les yeux dégoûtés de la classe.

- BERK !!!
- AAAAAAAAAH !
- UEEEEEH !!

Lindsay sourit. « Merci Wallace de m'avoir appris ce truc… »

- Lindsay Gribble, tu es RE-PU-GNANTE !!! cria Louisa dans le but d'humilier sa camarade.
- Ce n'est que de la boue, tu sais…
- Hein ?
- Ecras'Face !!

Ptiravi frappa Mygavolt dont la garde était baissée. L'arachnide jaune fluo s'écroula, KO.

- … kwa ?!
- Ma Boue-Bombe était une diversion ! Tu étais tellement choquée que tu n'as rien pu faire !
- … c'est pas du jeu !! Monsieur !

Le prof haussa les épaules.

- C'est une tactique comme une autre… Pokémon suivant !
- Azumarill… marmonna Lindsay en envoyant son Pokémon.
- Moufflair ! Haha ! Tu vas PERDRE !

Lindsay haussa les sourcils en regardant le putois géant.

- Mouais. Câlinerie !!

Azumarill fonça vers Moufflair avec l'air de vouloir lui câliner la face.

- Hahaaa ! Direct Toxik !!

Moufflair donna un coup de griffe virulent à son adversaire. Azumarill recula, touché. Lindsay plissa les yeux. « Zut, Oncle Jeff m'avait bien dit de m'en méfier… »

- Bulles d'O !

Azumarill attaqua son adversaire à l'ancienne à coups de bulles. Moufflair fut repoussé.

- Et Hydroqueue !

Azumarill vit demi-tour et donna un coup de queue dans l'air, queue agrémentée d'une vague aquatique qui frappa Moufflair avec dureté.

- Et paf ! DETRICANON !

Moufflair balança la sauce. Azumarill s'effondra, tout intoxiqué. Lindsay plissa les yeux. « Plus le temps passe, plus j'ai l'impression qu'il y a perdu au change avec ce stupide type Fée… »

Lindsay rappela son Pokémon. Louisa sourit.

- Tu vas perdre !
- Si tu le dis… souffla Lindsay.
- Sois un peu plus réactive, t'es tellement molle du cerveau !

Lindsay plissa les yeux, furax, tandis que les gens de la classe qui la connaissaient savaient à quoi Louisa s'exposait.

- Héhé, ça te fait réagir hein ?
- De quoi tu m'as traitée, là ?!
- Allez, Mackogneur !

Le Pokémon Colosse apparut. Lindsay grommela d'une voix qui devenait de plus en plus aigüe.

- Tes Pokémon sont TELLEMENT MOCHES !

Louisa s'étonna d'avoir ainsi énervé Lindsay Gribble. Chelsea et Judy se regardèrent. Le prof haussa un sourcil. Lindsay envoya son Gigalithe.

- Cette grosse caillasse va guincher !! Frappe Atlas !!

Mackogneur fonça vers Gigalithe et l'attrapa par le corps pour le soulever au-dessus de lui.

- Allez, balance-le !
- Tacle Lourd !!

Gigalithe s'alourdit soudainement et écrasa Mackogneur au sol. Louisa secoua la tête.

- Tu crois que ça me fait peur ? Mackogneur est un brave ! Allez, Dynamopoing !
- Piétisol !

Gigalithe piétina son adversaire par de puissants coups successifs donnés par terre. Mackogneur morfla grandement. Les pierres rouges de Gigalithe brillaient par intermittences. Le Pokémon Combat finit par repousser son adversaire qui se rétablit sur ses pieds.

- Prépare-toi à perdre, Lindsay Gribble !! Séisme !!

Mackogneur souleva un pied, mais il était bien lent suite à Piétisol. Gigalithe ouvrit la bouche.

- Tu dis que mes Pokémon sont moches, mais pardonne-moi, Gigalithe c'est pas une beauté…
- Lance-Soleil !

L'attaque frappa Mackogneur en pleine face. Le Pokémon, sonné, s'effondra lourdement en arrière. Lindsay souffla.

- Ne me parle plus jamais, merci.

Lindsay alla se rasseoir, rassurée par ses amies de toujours. Louisa leva les yeux au ciel et alla se rasseoir également.

- Non mais je rêve…
- Eh bien on va continuer le cours… Enfin, les révisions…

***

- Cette folle adorait les Barloche, et moi je lui disais « Mais très chère, vous vous rendez compte, ce poisson se meut dans la boue ! »

Rires à table. Carl fit mine d'être amusé même s'il n'avait pas trop compris. Lindsay arriva près de sa mère.

- Lindsay ?
- Est-ce que mamie Xavière a d'autres jouets ?
- Je ne crois pas, Lindsay… Pourquoi ?
- Eh bien, les autres enfants en veulent plus…

Les autres gamins arrivèrent derrière Lindsay.

- On a déjà joué à tous ces jouets, ils nous ennuient !
- S'il te plait grand-mère !

Xavière Houston soupira.

- Vous n'avez fait que des enfants qui réclament décidément ! Quelle famille !

Margaret leva les yeux au ciel. Jeffrey touillait son café.

- Ma petite Lindsay, viens !

Lindsay arriva vers sa grand-mère qui fouillait dans son sac. Elle en sortit une belle sucette.

- Tiens ! Voilà !
- Oh merci grand-mère !
- Et tu ne la partages pas avec les autres ! C'est pour te récompenser d'être une petite fille polie qui ne réclame pas !

Carl leva les yeux au ciel. Wallace fronça les sourcils, jaloux.

- Grand-mère, j'ai rien réclamé non plus alors je veux une sucette !!
- Tu es un garçon, et tu n'es pas assez mignon pour mériter une sucette !
- Maiiiiiiiiiis !
- En plus tu fais un caprice !

Margaret regarda Wallace, amusée. Wallace regarda sa maman.

- Manman, c'est vrai que je suis pas mignon ?
- Mais non mon poussin, tu es très mignon !
- Je le savais !

Jeffrey secoua la tête, amusé. La tablée reprit ses conversations. Lindsay alla se rasseoir sur le drap dans le jardinet en dégustant sa sucette sous les yeux des autres enfants, jaloux. Qui s'éloignèrent donc d'elle.


***

- Mais quoiiiiiiiiiiii…

Helen Clover prit son mug et but une bonne gorgée de thé. Elle était devant son ordinateur, fébrile.

- Comment ça, on peut pas s'inscrire par Internet à l'élection du président de l'association Pokémon ??? On pouvait le faire avant ! Au moins la demande de dossier !! Là, que dalle !! Passons par Google… Hmmm… ERREUR 404 ???

Miradar, Strassie et Cryptéro regardaient leur maîtresse, fiévreuse depuis quelques temps. Elle avait accumulé la documentation, passé des journées à écrire, préparé tout un tas de choses… Sauf son inscription en tant que candidate.

- Je suis censée être dans les temps au niveau légal !! Est-ce que les médias parlent de ça ?! MEME PAS ! Je crie au complot ou quoi ! Forums spécialisés… Hmmm…

[Verrouillage de l'élection ?!]
[Impossibilité de se présenter !!!!]
[WTF pas possible candidater même en suppléant ??!!]

- Hmmmm… C'est plutôt bizarre… Fouillons un peu…

[Une fois de plus, le système essaie de nous entuber…]
[Bientôt ils vont nous dire que Roland Smirnoff a été élu à vie, un truc comme ça !]
[Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi personne n'en parle ?]
[Vous êtes vraiment stupides. Il existe un moyen détourné de se présenter…]

Helen plissa les yeux et regarda ce membre du forum.

[Il suffit de passer par la haute commission. Envoyez un courrier, une réponse vous sera envoyée sous six mois, complétez le formulaire et vous serez officiellement inscrit. La haute commission est incorruptible contrairement au cabinet électoral de l'association Pokémon.]

Helen se griffa le visage avec les ongles.

- Mais il est trop taaaaaaaaaard pour çaaaaaaaaaa, gnnnnn ! L'annonce des candidatures se fait dans quelques semaines ! Je ne peux pas faire toutes ces bizarreries postales ! POURQUOI VOUS ME REGARDEZ COMME CA, VOUS ???

Strassie, Miradar et Cryptéro s'éloignèrent, affolés.

- Bon, une seule solution : Y ALLER DIRECTEMENT !!! grommela la prof d'histoire.

***

Lindsay passa l'interclasse sur les marches devant les jardins. Elle caressait Ptiravi et Azumarill. Wallace arriva.

- Tes copines m'ont menacé de mort pour que je vienne te voir. S'passe quoi ?

Lindsay s'étonna.

- Tu me demandes ça sérieusement ?!
- Ok, ok j'ai peut-être une part de faute dans ta mauvaise humeur du jour… souffla Wallace.

Lindsay grommela alors que son frère s'assit à ses côtés.

- Pourquoi c'est si facile pour toi et si difficile pour moi ?

Wallace s'étonna.

- Quoi donc ?
- Tout. La vie, les conversations, les fringues, l'amour, les études…
- Qu'est-ce qui te fait croire que tout est facile pour moi ? Qu'est-ce qui te dit qu'intérieurement je ne suis pas dans une grosse crise existentielle qui me bouffe ?

Lindsay inspira.

- Bah… T'as pas l'air d'être en crise !
- Exactement. J'ai pas l'air. C'est pas que tout a l'air facile pour moi, c'est juste que je fais très bien semblant que tout va bien pour moi !

Lindsay acquiesça, compréhensive.

- Tu as l'impression que tout est difficile pour toi ?
- J'ai envie de te dire des trucs mais je sais que tu vas les répéter…
- Parles-en à Shawn.
- Je peux pas en parler à Shawn.
- Parles-en à la grande black qui voulait me péter les clavicules alors !

Lindsay soupira.

- T'étais trop petit pour t'en rappeler, mais… Moi, y'a toute une partie de ma vie où je sais plus ce qui s'est passé.

Wallace haussa les sourcils.

- Sérieux ?! C'est trop cool ça !
- Non c'est pas cool ! Des fois je me demande pourquoi je m'en souviens pas, c'est trop bizarre. T'as aucun souvenir bizarre de quand on était petits ?!

Wallace réfléchit.

- La mort de grand-père sur cette île, ça, c'était bizarre !
- C'était avant…
- Avant… Oh, bah j'étais justement placé chez grand-père et grand-mère. Les parents de papa, quoi. J'sais plus pourquoi. C'était horrible, j'pouvais rien toucher… Mais j'avoue que je ne me rappelle pas de pourquoi j'étais placé là… Ptet que les parents voulaient m'abandonner pendant un temps… Tu faisais quoi à ce moment-là ?

Lindsay souffla.

- Tout ce que je me souviens, c'est que je suis sortie de quelque part, maman et papa m'ont récupéré en voiture, et on est allés te chercher…

Wallace s'étonna.

- Hm. Je crois que c'est un truc que tu devrais voir directement avec les parents. Ou avec oncle Jeff, il a l'air de s'y connaître en secrets de famille…

Lindsay souffla.

- J'oserais pas. Toi, t'oses tout !

Wallace soupira et sortit son téléphone. Il passa un coup de fil.

- Oui, all… Oh… Je pensais que je tomberais sur le fixe du domaine du Lac Courage… Ah vous… Euh… Mais où est la personne qui… D… D'accord, ok…

Wallace raccrocha, surpris.

- Oncle Jeff n'habite plus au domaine, c'est occupé par une certaine Maria qui joue les intendantes pour le compte de la famille Houston… et visiblement elle ne voulait pas me parler.

Lindsay inspira.

- Si ça se trouve c'est de là que viennent tous mes soucis.
- Quels soucis ?
- M'enfin Wallace, tu le dis toi-même, je suis toute molle, débile, lente…
- Wow-wow-wow ! Je te taquine, tu es ma sœur, ne prends pas mes conneries au sérieux sinon t'as pas fini !
- Mais c'est vrai ! Je le vois bien que je suis pas comme les autres filles !
- Quitte Shawn et sors avec une des lesbiennes de ma classe ! En plus elles ont cassé, tu as le choix entre : La camionneuse vietnamienne, la goudou fan de marinières et la bisexuelle pas farouche !

Lindsay leva les yeux au ciel et se leva.

- Pourquoi t'es pas capable juste d'être rassurant comme un vrai frangin ?
- Ca c'est un truc de grand-frère, je suis ton petit frère, gourdasse ! C'est toi la grande sœur, c'est à toi de te comporter en adulte !

Lindsay regarda son frère et soupira.

- Toi t'as un mini-frigo et un cuiseur dans ta chambre. Moi j'ai des peluches et des posters…
- Ca, c'est parce que j'ai pratiquement été obligé de vivre reclus dans ma chambre pendant presque trois ans, idiote. Pas parce que je suis le plus mature de nous deux. Enfin, aussi, peut-être…

Lindsay souffla et se leva. Wallace leva les yeux au ciel.

- C'est ça, va te pendre !!

Lindsay souffla et retourna dans le bâtiment. Elle aperçut un jeune homme à lunettes qu'elle reconnut comme étant l'élève intendant entre l'association sportive et l'établissement.

- Bernie, que se passe-t-il ? souffla la blonde.
- Bonjour, Lindsay Gribble ! Tu es très en beauté une fois de plus, j'adore ton jean…
- Bernie, que se passe-t-iiiiiiil ? grommela Lindsay.
- Euh ben… Louisa a posé une lettre de démission…
- Et alors, il n'y a plus que quelques semaines de cours !
- … Aurais-tu oublié la grande réunion du comté ?

Lindsay haussa les sourcils.

- Quoi ?! Mais c'est juste une grande assemblée à la noix où « On fait de la représentation mais pas de représentation », c'est la coach qui l'a dit !
- … Euh, Lindsay, il est primordial que tout le monde y soit, c'est extrêmement important pour le prestige de l'établissement, et surtout… pour la photo qui sera dans l'album de l'année !

Lindsay leva les yeux au ciel. « Mais quelle vie de merde, bon sang !! »

« Qu'est-ce que j'en ai à foutre de l'album de l'année !! »
« Tout, Lindsay, c'est super important cet album, c'est la confirmation de tout ce qui s'est passé pendant trois ans ! Enfin, deux en ce qui te concerne, mais bon… »
« J'ai envie de l'envoyer chier mais je ne PEUX PAS parce que j'ai cette foutue responsabilité de chef des pom-pom girls et de membre de l'association sportive… »

- Je… Quel est le problème au juste ?! demanda Lindsay.
- Je viens de te le dire ! Louisa, démission, pas bon pour l'établissement !
- Je m'en f… Je vais m'en occuper… grommela Lindsay.
- Il s'est sûrement passé quelque chose qui l'a poussée à démissionner…
- Oui sûrement, je vais m'en charger, merci Bernie.
- De rien, de rien… L'espace d'un instant j'ai cru que tu n'allais rien faire…
- Oui bah tu as mal cru.

Lindsay partit vers son cours de fondamentaux. Une fois de plus, énervée, elle ne parla à personne, pas même à Judy et Chelsea qui l'observaient, étonnés.

***

- Je REQUIERS UNE FOUTUE AUDIENCE !

Le réceptionniste était blasé devant cette femme rousse hystérique. Le fait qu'elle soit accompagnée d'un Miradar et d'un Strassie n'y changeait rien.

- La Haute Commission accorde des audiences sur rendez-vous, cela peut prendre entre trois et six mois selon l'importance de votre question.
- C'est trop long !! Il n'y a personne ici, c'est vide !! Pourquoi les cinq nazes en chef ne peuvent pas me recevoir ?
- Les Maîtres de la Haute Commission effectuent d'importants travaux, et le moindre retard serait effroyablement préjudiciable à l'avancée de ces travaux.
- Quels travaux ?!
- L'édification de la nouvelle Constitution Poképolite, la mise à jour primordiale des textes de lois régionaux, la réorganisation de la Ligue Pokémon, les plans de rénovation routiers, j'en passe et des meilleurs !

Helen souffla.

- Ma question concerne les élections ! Pourquoi personne ne peut se présenter pour être élu à la tête de l'association Pokémon ?!! Les élections sont en janvier !!
- Tout simplement parce que les règles ont changé.
- Ah oui ? Vous savez ça, vous ?
- Bien sûr. Je suis un des juristes au service de Maître Lucian. Nous tournons au poste de réceptionniste afin de renseigner au mieux les éventuels arrivants de votre trempe.
- De ma trempe ?! Vous voulez que je pète un câble ?
- Non.
- ALORS DITES A VOS CHEFS DE ME RECEVOIR !! En quoi les règles ont changé alors ?!
- Roland Smirnoff a démissionné de son poste, vous vous souvenez.
- Oui.
- Cette démission a activé une clause contenue dans le règlement : Tout gouvernement démissionnaire doit anticiper un intérim qui décidera des règles de la prochaine élection.
- Mais c'est DEBILE !
- C'est le droit à la lettre ! Ces règles n'avaient jamais été appliquées, elles sont complètement archaïques et obsolètes, mais il les a appliquées et la Haute Commission est d'accord.
- … Vous insinuez que Roland Smirnoff, la personnalité politique la plus brutale et la plus rebelle jamais élue à la tête de quoi que ce soit, s'est mis la Haute Commission dans la poche ???

Le réceptionniste souffla.

- Et d'une, c'est une accusation très grave, et de deux, si vous croyez que je vais donner ce genre d'information à une simple citoyenne…
- GNAAAAAAAAAAAAAAH !!! ADMINISTRATION POKEPOLITE, JE TE MAUDIS !
- Quoi qu'il en soit, l'intérimaire de l'association a déposé ses règles. Elle a d'abord annoncé qu'elle resterait en place au minimum deux ans. Ensuite ils ont géré les affaires courantes mais n'ont rien fait pour changer les élections. Cela a déclenché une autre procédure.
- Vous avez une chance infinie que je sois une des rares personnes à pouvoir comprendre et écouter ce bla-bla bureaucratique… souffla Helen.
- L'intérimaire ne faisant rien pour assurer sa succession au bout d'un an et demi, il a été décidé que l'ancien président désignerait lui-même deux candidats d'office, ce qui explique le verrouillage.

Helen haussa les sourcils.

- Ahon !! Et donc il a pu empêcher Justin Truce de se présenter ! Il va se présenter avec un abruti et du coup, tout va s'arranger !
- Eh bien non. Car Roland a fait appel à une subtilité de droit.

Helen s'écroula par terre.

- Il a estimé qu'un groupement privé désigné au hasard désignerait un des deux candidats à opposer au sien.
- Ah, donc il veut un face à face avec Truce !!
- Probablement. Mais il y a un hic dans cette stratégie, car du coup, Roland Smirnoff ne pourra pas se représenter lui-même à l'élection.

Helen grimaça.

- Quoi, mais quoi ? J'comprends rien du tout…
- Eh bien oui, l'intérimaire qu'il a choisi n'a rien fait, Roland est donc considéré comme inéligible du fait de l'incapacité de ses adjudants à prendre une décision. Les noms des deux candidats seront révélés fin juin comme il est de coutume. Maintenant débarrassez-moi le plancher, j'ai toute la base de données à refaire !

Helen sembla avoir pris de la drogue. Elle sortit en titubant, assommée par les explications. « Maintenant je sais ce que ressentent mes élèves ! »

***

Trois

Repas de midi. Lindsay se sentait obligée de parler à Louisa mais elle n'en avait pas envie. Alors elle mangeait…

- C'est marrant de vous avoir avec nous ! Enfin… De t'avoir avec nous…

Perrine regarda Robbie, blasée. « Vouvoyer sa sœur, vraiment ? »

- Enfin ce que je voulais dire c'est… ravi de te rencontrer !
- C'est pas étonnant en fait que tu sortes avec Perrine… souffla Wallace.
- Oui bon ça va hein !
- Je veux juste éviter quelqu'un, vous n'êtes pas obligés de me parler… Elle parle à Chelsea et Judy, bordel, elle va retourner tout le monde contre moi !

Wallace siffla le générique de Game of Thrones. Naomi leva les yeux au ciel.

- Nan mais je rêve… C'est ta sœur, Wallace !
- Et ?
- Et elle a l'air d'avoir des soucis !
- Oui je sais, et c'est ma faute !
- Aide ta sœur !
- Non.
- POURQUOI ???
- Calme-toi, t'as l'habitude qu'il soit incohérent… marmonna Walter.
- Il m'énerve parce qu'un jour il va s'en vouloir d'avoir été aussi indifférent à l'égard de sa sœur !

Wallace secoua la tête.

- Elle n'a pas de problèmes, c'est la fin de l'année, tout baigne !
- Sauf que Louisa démissionne et c'est pas bon parce que si elle démissionne ça va gâcher la photo de fin d'année ! grommela Lindsay.
- OH BOUHOUHOUHOUHOUUU ! MA-MAAAAAAAAAN ! LA MECHANTE FILLE ELLE VEUT GACHER LA PHOTOOOOO ! geignit Wallace avec emphase.

Lindsay regarda son frère, étonné. Wallace la regarda.

- T'as vu un fantôme ou quoi ?
- N… Nan… Nan rien… Euh… Juste… Je sais que ça a l'air débile mais c'est ce pour quoi j'ai travaillé pendant deux ans !
- Débrouille-toi, j'ai assez de casseroles qui me trainent au cul.
- Tu parles… soupira Perrine.
- Quoââââââh, qu'est-ce qui-yaaaaa toiiiiiiii ! grommela Wallace.
- Même une fille cartésienne et blasée comme moi reconnait qu'il est injuste qu'une brave fille qui a travaillé dure voie ses efforts réduits à néant à cause d'une connerie ! J'espère que ça va s'arranger.
- Merci… Mais ça va être dur…
- Ouais, ça va nécessiter un grand numéro artistique avec des pompons et des bâtons, et on va faire une pyramide humaine de quatre personnes !! geignit Wallace exagérément.

Lindsay soupira.

- C'est vraiment pas étonnant que tu sois une telle salope. Je me demande quel mec pourrait te supporter plus d'une nuit. T'es vraiment qu'un gros con !

Lindsay se leva et partit avec son plateau. Robbie grimaça, peiné. Il regarda Wallace.

- C'était pas sympa…
- C'était pas fait pour ! admit Wallace.
- Tu es ignoble et je commence à me demander si on doit rester amis… souffla Perrine.
- La même… marmonna Naomi.
- Ses problèmes sont ridicules !
- Pour toi, mais importants pour elle ! souffla Walter.
- C'est pour ça que je ne veux pas de relation durable : Ce serait comme ça tous les jours ! La moindre merde prendrait des proportions ridicules !
- J'ai l'impression que ça fait soixante-dix fois que tu nous répètes ça ! souffla Naomi.
- Bah visiblement ça rentre pas, j'suis obligé de répéter !
- Oui et ensuite tu t'énerves contre Tristan qui savoure ses petites joies quotidiennes… marmonna Walter.
- Et qui vient ramper à ma baie vitrée pour que je le saute après sa rupture ! Tu oublies cette partie !

Robbie, Walter, Perrine et Naomi regardèrent Wallace, surpris. Lequel leva les mains.

- Il s'est rien passé !
- C'est ça… souffla Perrine.
- Bah voyons ! ricana Naomi.
- J'ai du mal à te croire… admit Walter.
- Oh bah mince alors… Toi et Tristan, ça s'est fait alors… s'étonna Robbie.
- Non ! Il ne s'est rien passé ! Rien, rien du tout !
- Bah ça va arriver alors… marmonna Walter.
- Non, on va faire nos vies chacun de notre côté et c'est tout, je ne ferais aucun pas vers lui et il n'en fera pas vers moi, j'ai mis les choses au clair !
- Je voulais pas dire ça…

Walter désigna la table de Tristan. Tout le monde se retourna et vit Lindsay à la table des geeks qui avait pris Tristan à part.

- ………. Oh la chiennasse !!

Tino, Orson, Benjamin et Christina observaient l'étonnant duo.

- Mon frère adore le thé, le Chaï, tu sais, un thé aux épices.
- Hm.
- Sa couleur préférée pour les fringues est le noir. Son anniversaire c'est bientôt, je pense que tu t'en sortirais bien si tu lui offrais des lunettes de soleil, il en parle beaucoup.
- Ah d'accord !
- Sinon pour les trucs craignos, il a mouillé son lit jusqu'à l'âge de huit ans.
- Berk ! sourit Tristan.
- Et il a déjà pleuré pour avoir des bonbons dans un supermarché… Et aussi, il a bu sa première bière à onze ans, et ça l'a fait dormir tout un après-midi.
- Waouh… J'ai du mal à le voir pleurer…
- Il était là « Mais je veux des bonbooooons ! » Les parents étaient hyper gênés…
- J'me doute !
- C'est étonnant que mon frère ait pas essayé de coucher avec toi…
- Il a essayé, c'est juste que j'ai pas voulu… marmonna Tristan. Et y'a peu de temps, c'est… moi qui ait essayé et… il n'a pas voulu.
- Ah ouais je vois… Vous allez finir ensemble, c'est sûr.
- Le jour où on voudra la même chose en même temps, peut-être ! sourit Tristan.

Il reçut un SMS. [Je te roule une pelle si tu l'envoies chier !!!]

- … Est-ce qu'il a des préférences niveau cinéma ?
- Il adore les films avec des fins surprenantes, les films fantastiques, les grosses productions ambitieuses – je crois me souvenir que pendant une période il voulait essayer de regarder Le Seigneur des Anneaux mais ça lui a paru trop compliqué – et les films d'horreur !
- Ah… Je pourrais regarder Le Seigneur des Anneaux avec lui… Lui proposer du moins, et je lui expliquerai des trucs !
- Il aimerait je pense !

Nouveau SMS. [Je suis fou amoureux de toi depuis deux ans, putain, ça crève les yeux, nan ? Alors arrête de lui parler et viens dans mes bras !]

Tristan regarda vers la table de Wallace qui le regarda en lui faisant un clin d'œil.

- Il nous a vus, il veut qu'on arrête de parler… marmonna Tristan.
- Raison de plus pour que je reste, nan ?
- Oui je suppose… Il lit des bouquins ?
- Des petits romans, c'est pas un gros lecteur. J'comprends pas pourquoi il a choisi philo d'ailleurs…

Enième SMS. [Faut que je me mette à genoux, c'est ça ? En toute amitié bien sûr ?]

Tristan montra le SMS à Lindsay qui regarda son frère, tout rouge et lui leva un pouce, ce qui fit frémir le jeune homme de terreur. Tristan éclata de rire, suivi par la pom-pom girl blonde, tout comme Walter, Naomi, Perrine et Robbie.

***

La famille assista ensuite à une représentation de Pokémon Aquatiques dans le lac. Les majordomes avaient mis au point la petite saynète et toute la petite famille y assistait. Wallace s'ennuyait un peu, n'étant pas très passionné par une farandole de Lakmécygne, Milobellus et Luminéon.

- C'est d'un chiant… souffla la matriarche.
- Grand-Tante, enfin ! grommela Edwige.

Margaret inspira et regarda Carl.

- Tu vois ce que je te trouve en fait ?
- Je ne suis pas aussi grossier que ça quand même !
- Tu t'en rapproches dangereusement… sourit Jeffrey.

Lindsay observait la forêt. Depuis tout à l'heure, quelque chose y bougeait. Elle pensait que c'était un Pokémon. Et cela n'aurait pas été étonnant, autour de ce lac, la forêt était luxuriante et surpeuplée de multiples Pokémon profitant du doux climat et de l'humidité ambiante.

- Lindsay, on a trouvé un Chenipan, on l'oblige à lancer du fil sur nous !
- Tu viens ?

Lindsay regarda les autres enfants et secoua la tête. Alors que les adultes étaient distraits par un spectacle aquatique et que les enfants taquinaient une chenille, elle se leva, et prit une décision qui allait renverser sa vie entière.

Elle marcha avec délicatesse, innocence et grâce vers la forêt. Elle s'avança en pensant que quelqu'un la surprendrait avant, l'interrompant dans sa curiosité enfantine, mais il n'en fut rien, personne ne la regardait. Elle approcha des fourrés et pénétra la forêt. Au départ elle ne remarqua rien ni personne.

En fait elle fut remarquée. Elle capta ce regard. Celui d'un homme qui se cachait derrière une plante. Elle l'observa, intriguée.

- Vous êtes qui ?

L'homme se releva. Il avait les cheveux noirs, légèrement dégarni. Grands yeux blancs et noirs. Regard de fou.

- Moi ? Je suis personne… Personne !

La voix était fine, rapide, dénuée de toute folie. L'homme en était, semble-t-il à son coup d'essai.

- Comment tu t'appelles ? demanda-t-il timidement.
- Lindsay !
- … Oh, c'est un très joli nom, Lindsay… Moi, c'est Paul. Paul Becker.
- D'accord.
- Tu as quel âge ?
- J'ai dix ans, presque onze.

L'homme eut un frisson.

- Tu veux te balader un peu ?
- D'accord.
- Je peux te tenir la main ?

Les parents de Lindsay avaient commis une erreur gravissime dans l'éducation de leurs enfants.

Peu méfiants, ils ne leur avaient pas appris à ne pas parler aux inconnus, estimant que c'était une évidence.

Paradoxalement, ils avaient beaucoup protégé leurs enfants. La nature timide de Margaret et le caractère placide et prolétaire de Carl ne leur avait pas enseigné la violence de ce monde, qu'ils avaient connus en devenant adultes et pas autrement.

De surcroît, à leur manière, ils avaient été surprotégés l'un et l'autre. De fait, ils avaient tenu à ne pas reproduire le même schéma avec leurs enfants.

Lindsay était donc très insouciante, pour ne pas dire naïve, un trait qu'on retrouvait aussi chez Wallace, mais dans une moindre mesure.

Elle n'eut donc aucune réticence à suivre Paul Becker dans les tréfonds de la forêt autour du lac.

Pendant ce temps, au domaine, la fête sur le lac battait son plein...


***

« Parfois ma vie est comme un petit rêve. Un petit rêve tranquille durant lequel je suis sur un petit nuage. Je flotte, tranquillement. Le monde va comme à mon allure, et c'est juste idéal. »

Jean Briand, dit Jeannot, était probablement l'élève le plus calme et le plus doux que cette école abrupte ait pu avoir. C'était un brave garçon brun aux yeux rêveurs. Son objectif dans la vie :

- Oh mon Dieu, tu ne fais pas sérieusement CA ???
- Je trouve ça cool, j'avais jamais vu ça sous cet angle, depuis cette place !

Rhonda Mortes observait, effarée, son camarade de classe prendre le paysage par la fenêtre en photo avec un appareil fort moderne.

- Et la dernière fois qu'on était aussi près de la fenêtre, il y avait un Couafarel sur le parking qui regardait !
- Mmmmouais. Parfois je me demande si tu fumes pas la moquette, un peu…
- Je ne fume rien, j'ai peur avec le feu !
- C'est pas le genre de trucs à dire !! grommela Rhonda.
- Je sais.
- Arrête de répoooondre je disais ça comme çaaaaa !

Jeannot sourit. Il souriait tout le temps. C'était un brave garçon optimiste et calme. C'est avec cette attitude qu'il avait conquis le cœur de sa bien-aimée.

- Le type de la médiathèque est adorable mais vraiment trop bavard ! souffla Danielle.
- Si ça peut te rassurer, on ne t'a pas trop attendue… sourit Jeannot.
- Et je suis persuadée que tu as profité de ce laps de temps pour photographier l'extérieur sous un autre angle…
- Exact !

Rhonda leva les yeux au ciel. « Mon royaume pour une corde !! »

- M'enfin bref j'ai réglé tous mes emprunts pour les vacances, du coup j'aurais de quoi lire !
- Comme si t'en avais pas déjà assez ! sourit Rhonda.
- Je n'en ai jamais assez ! souffla Danielle.
- C'est vrai, elle lit un livre en une semaine… marmonna Jeannot.
- Excusez-moi du retard…

Antoine Jobs s'assit avec ses camarades.

- Tu me suivais pendant un moment… marmonna Danielle.
- Je suis allé jusqu'à la salle informatique, j'avais des trucs à fignoler sur mon logiciel !
- Hon, ce logiciel… soupira Danielle.
- C'est juste moi ou tu manges, bois, dors et vis pour la programmation ?
- Boh, je peux pavoiser, je suis parvenu à faire en sorte que la prof oublie Tino Ketts, mais elle est toujours aussi admirative de ce crâneur de Tristan Edison !

Rhonda haussa les sourcils.

- Les seconde années un ont un peu le monopole de l'attention dans cet établissement, en même temps… Moi j'ai un de ces cas en cours de philo…
- Et vous n'avez pas à vous coltiner Naomi Kingsley, elle peut même copier sur son copain, le prof lui passe tout… souffla Danielle.

Jeannot plissa les yeux.

- Vous êtes vaches, plutôt que d'être jaloux, vous devriez être contents qu'ils focalisent l'attention sur eux, comme ça on s'occupe moins de nous et on est plus tranquilles !

Rhonda leva les yeux au ciel.

- Il m'énerve à tout temporiser…
- C'est ce que j'aime tant chez lui ! sourit Danielle en caressant l'épaule de son voisin.
- Mouais, mais quand on veut un peu de reconnaissance… admit Antoine.
- Tu dis ça, Antoine, mais avoue que Rodney, avec son casier judiciaire de ministre européen, te vole sacrément la vedette ! admit Rhonda.
- C'est trop demander de… juste avoir du talent et d'être remarqué pour ça ? souffla le jeune informaticien.
- Oui ! sourit Rhonda. Il faut avoir quelque chose en plus !

Jeannot et Danielle se regardèrent, sceptiques.

La blonde aux cheveux raides se retourna vers ses camarades.

- Quelle bande de gros nazes…
- Tu t'attendais à quoi en te retournant ? ricana Cordelia.
- Franchement, Antoine et Jeannot, ça n'a rien à voir avec les autres beaux gosses de la classe ! ricana Madison.
- Totalement ! sourit Anne-Marie.
- Voyez, c'est pour ça que je me suis mise en groupe de travail avec Philippe, Billy et Jimmy ! Ça, ce sont des vrais mecs !
- T'as raison Angelica ! flatta Nanette.

Angelica Rubinstein sourit. Elle était un peu la reine de la Seconde Année Trois. Considérée comme la plus belle fille, la plus douée, la plus gâtée par la nature. Hautaine, méprisante et…

- Un vrai mec, c'est pas celui qui essaie de se mettre au niveau de la femme, de toute façon, c'est celui qui sait la dominer correctement, qui te montre bien que c'est lui, l'homme, et toi la femme, c'est celui qui sait où est la place de chacun. C'est vrai, quoi, j'ai pas besoin d'être indépendante, j'ai besoin d'être entretenue, merde !
- Carrément !
- Une carrière, beurk, et pis quoi encore !
- Moi je travaillerai jamais de ma vie !

… Terriblement rétrograde.

- Putain les gars, c'est juste moi ou Angelica a l'air d'humeur à se balader en décapotable ? ricana Philippe.
- Elle se capote, des fois ? ricana Billy.
- Ouais, elle est bonne, elle a de beaux petits seins fermes et un cul, putain, un cul ! sourit Jimmy.
- Tu l'as baisée, toi ?! s'étonna Billy.
- Bah ouais, des tas de fois ! assura Jimmy.
- C'est marrant, elle parle jamais de toi… marmonna Philippe.
- Bah c'est que je lui ai coupé la chique, qu'est-ce que vous voulez !
- Ou que tu l'as pas baisée ! ricana Tanner.
- C'est l'option la plus plausible… marmonna Kelyan.
- Nan mais ça va pas les gars ? Bien sûr que j'ai sauté Angelica ! Et même que la moquette est assortie aux rideaux ! grommela Jimmy.
- Nan mais ça c'est comme si tu disais que l'herbe du stade de foot était tondue, tout le monde le sait ! soupira Philippe.

Ryan Fields passa derrière le groupe.

- Hé, casse-toi, sale pédé va !! grommela Jimmy.

Philippe et Billy se tournèrent vers Ryan qui détala, agacé.

- Merde, cette fiotte est toujours dans notre classe, c'est vrai !
- On va se le farcir encore un an… Enfin, se le farcir… souffla Billy. Bref, cet exam, prêt à bouffer de la gamine en chaleur ?
- Totalement ! assura Philippe.
- Yeaaaaaah !
- Graaaaaaave !
- Oh que ouais !! sourit Jimmy.

***

Lindsay sortit de la cantine. Elle fut rejointe par Shawn.

- Hey, ça va ?
- Oui, oui… Quelques soucis avec les filles mais ça va…
- J'ai vu que t'avais pas mangé avec elles, ouais… T'as été manger avec…
- Mon frère et ta sœur, je sais, c'est nul… soupira Lindsay.
- Boh, s'ils gardent le secret, tout va bien, on va dire…

Lindsay acquiesça, ne relevant pas le sous-entendu.

- Faut que je voie Chelsea, tu m'excuses…
- Elle a mangé avec Judy et Louisa…
- Précisément, et là, elle sort seule.
- Ok, bon courage pour régler cette… affaire ! admit Shawn.

Lindsay se dirigea vers Chelsea.

- Alors ?
- Ma chérie, on est dans la panade.
- Je suis dans la panade, c'est moi la cheftaine…
- Nan, nan, quand tu as un problème, c'est celui de toute l'équipe, je te défends de prendre ça sur toi toute seule, hm !

Lindsay hocha la tête.

- Merci.
- Bon. Louisa veut bien te pardonner et ne pas démissionner.
- Ouf !
- A condition que tu lui laisses la place de chef.

Lindsay haussa les sourcils.

- Quoi ? Nan !!
- Et pas que sur la photo, hein, hm.
- … Nan ! J'ai travaillé dur, ON a travaillé dur !
- Elle joue son va-tout, elle a vraiment pas oublié cette guéguerre qui vous a opposés l'an dernier…
- Oui eh bah… Elle est chiante !
- J'te le fais pas dire. On n'a pas trop essayé de la convaincre, tu la connais, têtue comme une mule.

Lindsay hocha la tête en soupirant.

- Je fais quoi, moi ?
- Perso, j'en parlerai au coach, elle trouverait – sûrement comme moi – que c'est des gamineries tout ça, et elle règlerait ça à l'amiable.
- Le coach… Hmph…
- Je sais…

***

- Ce sont des histoires de gamines, réglez ça entre vous !

Lindsay leva les yeux au ciel tandis que la Coach Betty, une petite dame sèche d'une cinquantaine d'années, se leva de son siège dans son bureau.

- Lindsay, savez-vous pourquoi nous n'avons pas de garçons dans l'équipe ?
- Parce que vous trouvez que ça n'est pas harmonieux ?
- Non. Parce que ce serait entretenir le lobby gay, et j'ai autre chose à foutre. C'est pareil avec vos gamineries, je les veux hors de chez moi !
- Elle veut gâcher la photo de fin d'année ! Si elle démissionne, ça va être un désastre pour le prestige de votre équipe, nan ?

Betty inspira, lasse.

- Vous avez malheureusement raison… Et si vous lui laissiez la place ? De toute façon c'est la fin de l'année, on s'en fiche !
- Non… Enfin, je veux qu'on sache quel travail j'ai fait pendant deux ans, je pense l'avoir mérité, non ?

Betty inspira.

- Quand bien même, je ne peux rien faire. Ce sont vos histoires, pas les miennes. Réglez ça comme vous pouvez mais empêchez cette petite idiote de démissionner !
- Ca va pas être simple…
- Comme disait ma grand-mère, parfois, faut se forcer !

Lindsay haussa les sourcils et regarda à droite à gauche avant de partir.

***

- C'est horripilant ! Cessez tout de suite !
- Carl, Jeffrey… souffla Margaret.

Wallace observait son père et son oncle qui tenaient à aider les majordomes à mettre la table.

- Je tiens à aider, on est invités ici ! souffla Carl.
- Et moi je fais juste de la lèche ! sourit Jeffrey.
- Pourquoi ça ne m'étonne que moyennement…
- Je vous aime aussi, mon cher beau-frère ! sourit Jeffrey.

Wallace sourit, admiratif de son oncle. Margaret secoua la tête.

- Où est Lindsay ?
- Elle ne joue pas avec les autres ? s'étonna une tante.

Margaret, avec le petit Wallace dans les bras, regarda vers le groupe de fillettes dans l'espoir de voir sa fille.

***

- Tu aimes marcher ?

Lindsay hocha la tête. L'homme tremblotait. Leurs pas crissaient sur le sol de feuilles mortes.

- Tu sais, je… J'ai… déjà fait des choses… Tu as déjà fait des choses que tu n'aimes pas faire ?

Lindsay hocha la tête. Chaque pas supplémentaire dans la forêt l'éloignait un peu plus de sa famille, mais ça elle commençait seulement à le réaliser.

- J'aime pas mettre mes chaussettes le matin !
- Ah oui… Oui, c'est… embêtant. Bah moi… Moi je tombe toujours amoureux des mauvaises personnes. Tu as déjà été amoureuse ?

Lindsay fit oui de la tête. L'homme s'arrêta.

A cet instant, un frisson parcourut Lindsay qui s'aperçut enfin de l'anormalité de la situation. Dans l'oppressante forêt d'automne, le sol n'était que feuilles et ressemblait à un coussin. Les arbres étaient autant de barreaux. Le ciel, à peine visible sous la coupole rousse.

- Moi… Je tombe amoureux mais quand je le fais, je fais du mal aux gens…

Lindsay avait déjà entendu ce genre de phrases dans les séries télévisées. Elle n'y comprenait cependant pas grand-chose à tout ça.

- Tu es vraiment très jolie.
- Mer…ci… marmonna timidement mais avec politesse la jeune fille.
- … je suis désolé…

Lindsay regarda l'homme qui se mit à pleurer.

- Je suis désolé, mais tu es tellement belle…

Lindsay recula alors que l'homme avançait. Elle n'osait rien dire. Elle serrait seulement cette peluche. Il accéléra ses mouvements. Elle fut prise dans sa toile gluante et crasseuse. Sa taille, sa force, son âge adulte, son ardeur ignoble et insolente, son désir de grand pour son cœur de petite, elle reçut tout cela comme on reçoit un camion à pleine vitesse.

Sans pour autant mourir sur le coup.

Et cette fois, elle cria.


***

Sur les bancs du terrain de basket, Lindsay faisait silence. Elle se contentait d'observer les joueurs. D'observer Shawn et son Débugant. A ses côtés, Ptiravi gazouillait joyeusement en jouant avec son caillou. Elle regarda son bras, comme le champ de poils blonds dressés qu'elle aimait à voir.

Parfois elle se disait que quand elle était perdue dans ses pensées, elle se sentait comme vivre à l'intérieur d'elle-même, comme si au fond elle était prisonnière de son corps. Elle n'avait jamais fait part de ça à personne. Elle était certaine d'être folle d'y penser et qu'elle était bien trop bête pour avoir de telles velléités philosophiques.

Oui, mais parfois, nos pensées nous dépassent. Il arriva avec une serviette pour s'éponger.

- Hey.
- Hey…
- Tu devrais pas venir me voir comme ça, profite un peu de tes interclasses.
- J'aime bien venir te voir.

Shawn haussa les épaules comme si ça n'avait pas d'importance.

- Encore en train de jouer avec elle ?
- Hm…
- J'me souviens du jour où tu l'as reçue.
- C'était pour mon anniversaire, on me l'avait envoyée par la poste. Je croyais que c'était toi.
- On sait toujours pas qui c'était d'ailleurs ?! s'étonna Shawn.
- Nan… Mais ce jour-là j'étais super triste… parce que j'ai cru que c'était un cadeau de rupture.
- Hm… Mais c'en était pas un !
- Et encore heureux sinon je l'aurais balancé, cet œuf !

Ptiravi émit un piaillement triste, mais Lindsay la rassura en tapotant sa tête.

- Pis même, le petit mot qu'il y avait avec… « Sois forte »… Je saurais jamais ce que ça veut dire, je crois.
- Que tu dois être forte !

Lindsay hocha la tête.

- Louisa veut me voler mon poste de chef des pom-pom girls.
- Ça craint. Moi je sais pas si mon tendon d'Achille droit va tenir le choc jusqu'à mes vingt-cinq ans.

Lindsay soupira.

- On a vraiment des problèmes nuls.
- Et quelque chose me dit que ça va pas aller en s'arrangeant… admit Shawn.
- Hm…

Shawn se rapprocha de Lindsay qui grimaça, embarrassée. Shawn reconnut une mimique typique et s'éloigna un peu.

- Tu as quoi cet après-midi ?

Lindsay inspira. Elle se leva et prit son sac.

- Je crois qu'en fait j'ai rien.

Shawn s'étonna et regarda Lindsay partir, suivie par Ptiravi.

***

Association Pokémon. Dans la zone qui forme l'interstice entre les six régions reconnues par Poképolis.

Helen se trouvait face au bâtiment administratif, du moins celui qui gérait les affaires courantes actuellement.

- OUVREZ ! OUVREZ-MOI !!! Mais merde, qu'est-ce qu'ils ont dans ce PAYS, BORDEL !

La porte s'ouvrit finalement. Helen souffla.

- Bon sang !!

Elle atterrit dans la salle d'attente.

- Oh mais BOR-DEL !

Elle regarda dans la salle, et vit aux murs entre autres, une espèce de liste.

[RECENSEMENT DONS ASSOCIATION HORS ORGANISMES
Rendus publics sur décision de la Haute Commission]
- Elekid
- 1x Bicyclette + Garantie
- Togepi (œuf)
- Ptiravi (œuf)

Helen regarda cette liste, intriguée.

On arriva. Une grande femme en robe rouge accompagnée d'un bébé.

- C'est vous…
- Madame Rhodes ! Et…
- Mon fils. Oui, désolée, je suis ce genre de mère de merde qui aime bien avoir son enfant avec soi au travail.

Helen haussa les sourcils. La rousse se plaça face à Helen, dans la salle d'attente, sur une chaise, comme si on était au square.

- … Dheu… C'est…
- Vous êtes venue pour quelque chose ?

Le nourrisson se mit à geindre. Arlène le regarda.

- Tu es vraiment comme ton père… Oui, madame ?
- … Pourquoi les inscriptions aux élections sont bloquées ?! Enfin ça je sais, on me l'a expliqué à la Haute Commission… Pourquoi de telles manœuvres ?

Arlène inspira tout en ouvrant son chemisier.

- Madame Clover, quand le chemin le plus court est bloqué par des voitures, des monstres aliens de la planète Sigma et votre belle-mère, qu'est-ce que vous faites ?

Helen grimaça alors qu'Arlène allaitait en toute simplicité.

- … euuuuh je prends un gros… Euh un détour !
- Exactement. Cette réponse vous a-t-elle satisfaite ?
- Pas vraiment, et de surcroît comment connaissez-vous mon nom ? indiqua Helen, perspicace.
- Vous vous êtes déjà présentée à moi au début de cette même année, lors de la grève de vos professeurs.
- Ahouic'estvraiiiiiiiiii
- Vous avez la mémoire courte, ça fait peur. Doucement, Raphael, les tétons de maman ne sont pas des pneus de 4x4 !

Helen inspira et tenta de dissiper sa gêne typique de « femme-qui-ne-compte-pas-avoir-d'enfants ».

- Euh… Vous êtes au courant que mes élèves font un devoir sur ce qui unit cette association à Direction Dresseurs ?
- Non pas du tout, de quoi me parlez-vous ?
- … Vous me prenez pour une idiote parce que je suis une simple prof d'histoire ?
- Non, je vous prends pour une idiote parce que vous avez déjà la réponse à votre question, seulement vous la posez au lieu de la considérer comme une évidence, ce qu'elle est.

Helen résout le puzzle dans sa tête.

- Aaaaaaaah donc vous savez ?
- Aaaaaaaah… Pschhh…

Helen plissa les yeux. « Toi, je t'aime pas, pétasse ! »

- Bon, alors admettons… Euh… Vous ne voulez pas me renseigner sur les tenants et les aboutissants, histoire que tout ça avance un peu ?
- Oh bah oui, bien sûr. C'est pas comme si on faisait traîner ça depuis trois ans, déjà, comme ça pour rien, on a juste adoré passer trois ans à nous faire discrets, on va tout vous dire et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Haaaaaa… Tout aurait été TELLEMENT plus facile avec vous aux commandes !

Helen grimaça.

- Par exemple le rôle de Seth…
- Qu'on se comprenne bien, je reste là uniquement parce que je ne peux pas me lever à ma guise.
- … Si… Je…

Helen reprit de l'assurance.

- Si je comprends bien, votre rôle à vous, c'est de rester ici et de jouer les concierges de bâtiments !
- Non, ça c'est le rôle de la nounou. Mais puisqu'apparemment vous tenez à être une vraie garce, je veux bien vous dire deux ou trois trucs. Oui, nous savons.
- AAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Arlène leva les yeux au ciel, méprisante.

- Merci ! Là je suis contente, j'ai une confirmation ! Pourquoi des élections aussi tarabiscotées ?
- Accord passé avec l'adversaire.
- Okay… Pourquoi vous n'avez pas réagi pour l'attaque ? Pour les attaques ?
- Nous avons déjà réagi, mon mari a empêché deux de vos élèves de se faire fusiller, ça ne vous suffit pas ?

Helen acquiesça.

- Wallace m'en avait parlé… A propos de Wallace, c'est QUOI cette façon d'utiliser l'oncle d'un élève pour espionner sa classe ?
- L'association Pokémon est libre de faire appel à ses donateurs ou aux descendants de ses donateurs pour effectuer pour elle des tâches annexes moyennant prime dont le montant est règlementé par la haute commission.

Helen haussa les sourcils. Arlène haussa les épaules.

- On peut être mère de famille et connaître son droit administratif !
- … J'ai plutôt l'impression que vous avez traité ce dossier vous-même…
- Mais c'est qu'elle est mignonne, on lui donnerait presque un su-sucre ! Quel effet ça fait d'avoir été utilisée ?

Helen écarquilla les yeux. Arlène se radoucit.

- Pardon, ça, c'était indélicat.
- A… alors… Oh bah mince…
- Si ça peut vous rassurer, il se peut qu'il vous aimait bien, au fond… Mais quand il a demandé s'il pouvait coucher avec la cible, Roland lui a donné le feu vert.

Helen sembla dépassée.

- Oh la vache…
- Je suis désolée.
- D'être prêt à en arriver là… souffla Helen.
- Eh oui. Il faut ce qu'il faut, comme on dit… Les méthodes se sont quelque peu radicalisées, le temps faisant.
- Pourquoi ? Pourquoi Roland a tout quitté sur un coup de tête ?! Pourquoi ces précautions, cette discrétion ?

Arlène ferma les yeux.

- Je ne devrais même pas vous parler.
- Soyez cryptique, je m'en moque, expliquez-moi au moins !

Arlène souffla alors que Raphael continuait à têter.

- Je suppose qu'il vous est déjà arrivé des choses horribles dans votre vie.
- J'ai beaucoup voyagé, donc j'ai été témoin de beaucoup de choses pas très amènes…

Arlène hocha la tête.

- Parfois des gens vous font des choses, et vous souhaiteriez qu'ils soient morts. Eh bien, ne le souhaitez pas trop fort. Parce que c'est en réalité la dernière chose que vous désirez.

Helen hocha la tête.

- Je ne peux pas me présenter comme présidente ?
- Non.
- Est-ce que Holland Tenorman est ici ?
- Qui ?

Helen grimaça.

- Euh… Spirou ?!

Arlène plissa les yeux.

- Il vous les as donnés, le sale enfoiré… Pschhhh… Bon, je n'ai pas à vous répondre…
- Attendez, dites-moi s'il va bien !
- Vous le saurez, promis.

Arlène se leva et dépassa la porte hermétique du local. Helen souffla, décontenancée.

- J'peux avoir un petit remboursement de mon essence au moins ? C'est super loin, votre truc… geignit la prof.

***

Deux

- Hey !

Wallace, accompagné de sa classe, faisant la queue devant la salle d'apprentissage technique, se retourna vers Judy Corday, une des amies de Lindsay.

- C'est un mirage, c'est ça, y'a une pom-pom girl complètement tarte qui essaie de me parler ?!
- Non, c'est vraiment en train de se passer… souffla Perrine.
- Ecoute-la, je sens que c'est important… souffla Naomi.
- Elles ont raison et je n'ai pas envie de répéter… marmonna Walter.

Wallace releva la tête vers Judy, alors que les autres observaient tout ça, intrigués ou distraits. Amélia semblait réciter quelque chose à voix basse.

- Y'a Louisa qui menace ta sœur de foutre l'équipe en l'air en démissionnant, sauf si ta sœur lui laisse la place de chef…

Wallace haussa les épaules.

- Et qu'est-ce que j'y peux ?
- Bah je sais pas, ta sœur dit souvent que tu es une espèce de Superman…

Wallace regarda ses camarades qui plissèrent les yeux. Il regarda de nouveau Judy.

- Les rumeurs vont vite, malheureusement, Superman a cours !
- Louisa, elle a dit que de toute façon, sans toi, elle aurait jamais pu affaiblir Lindsay à ce point vis-à-vis de l'équipe donc je pense que c'est ta faute et que tu dois régler ça !
- Nan mais je rêve… Je verrais ce que je peux faire !
- Ce serait mieux si tu venais avec moi sur le terrain tout de suite, la coach va entendre parler de ça d'ici peu !

Wallace leva les yeux au ciel.

- J'ai-COURS !
- Nan ! assura Naomi.
- Ouais, t'es dispensé ! soupira Perrine.
- Magne tes fesses et va aider ta sœur ! souffla Walter.
- D'accord, vous trouverez une excuse auprès de cette PAUVRE Madame Aubert qui va devoir supporter ma longue absence ! Vous devrez la consoler après ça !
- Consoler qui ?

Wallace se retourna vers Sandrine Aubert qui haussa les sourcils.

- Euuuuuuuuuuuuuh… Faut que j'accompagne cette gonzesse, là, pour aller… consoler ma sœur ! Elle a perdu les petites roues de son vélo !
- Eh bien allez-y, Wallace, c'est la fin de l'année, on fait des révisions depuis trois semaines, un élève de plus ou de moins…
- TROP COOL !
- Restez-là, Steven Weldon, je parlais en termes temporaires ! grommela Sandrine.

Steven marqua un temps d'arrêt. Mike leva les yeux au ciel.

- Pas longtemps quoi !
- Aaaaaaaaaaaah…
- Vous avez la permission de dix minutes, Wallace.
- Merci, madame…

Wallace suivit donc Judy.

- Alors… T'es une copine à ma sœur ?!
- Ouais.
- Elle… est aussi chiante à l'école qu'à la maison ?
- T'es vache ! Elle, elle parle tout le temps en bien de toi !

Wallace grimaça.

- Genre !
- Si ! Elle dit souvent que t'es lourd, gamin et vulgaire…
- Future carte de visite, merci.
- Mais elle dit aussi que tu as un bon fond et que tu es un type bien.

Wallace rougit.

- Bon, j'vais voir ce que je peux faire…
- Ce serait bien, ta sœur a bossé dur pour en arriver là où elle en est.
- Elle bosse ?
- Elle s'entraine plus que nous toutes, elle a porté l'équipe à bouts de bras, quand c'était Louisa, on faisait de la merde, avec Lindsay on a remporté une compète interrégionale !
- Ah bon ?! C'était quand ?!
- Au début de cette année !
- J'y étais pas…
- Non, et elle était déçue que tu ne sois pas venu la voir ou même que tu ne l'aies pas encouragée !
- Ca m'intéresse pas, vos trucs de pom-pom girl… Quand elle en parle, ça me gonfle !
- Et alors ? C'est ta sœur !

Wallace plissa les yeux.

- Nan mais ça va, c'est bon, c'est pas comme si elle venait à… mes trucs à moi !
- Vous les mecs, vous êtes vraiment trop débiles… soupira Judy.

***

- On considère donc que X est une droite… ou un segment en fait, quelle importance…

La classe poussa un long soupir. Nicolas Bundy suivait ce cours de fondamentaux avec un certain ennui. La classe de seconde année deux semblait, dans l'ensemble, quelque peu blasée.

- Tout va bien ?

Nicolas regarda son camarade et ami Desmond Freski, l'élève noir à lunettes.

- Oui… ma foi… Ça peut pas être pire que ce que ça a été toute l'année…
- C'est juste une rupture, remets-toi…
- Quand c'est avec quelqu'un que tu pensais digne de ton amour, ça fait super mal, Desmond !
- Me doute, me doute.

Soraya Talis notait le cours avec attention, à côté de sa camarade indienne Pila Sia.

- Tu ne trouves pas que Paula se la raconte ?

Soraya s'étonna.

- Tu disais il y a une semaine qu'elle était géniale !
- Oui mais ça c'était il y a une semaine…

Soraya agita la tête et reprit la prise de notes.

- En tout cas on est d'accord, Brett et Brooke, c'est bien parti pour durer cette fois !

Soraya leva les yeux au ciel.

- Tu disais qu'ils étaient pitoyables de se séparer et de se remettre ensemble comme ça juste pour l'attention !
- Oui eh bien je nuance mon propos !
- Me prends pas pour une blédarde, Pila, t'es une girouette, tu changes d'avis comme de chemise !
- N'importe quoi !
- Si tu parles comme ça des gens derrière leur dos, qu'est-ce que ça doit être à mon sujet !

Pila s'étonna.

- J'ai jamais parlé de toi derrière ton dos !
- Mouais. Permets-moi d'en douter…

Cynthia Andersen regardait ses ongles. Marissa Benattia souffla, trouvant le cours long. Brooke Swanson n'avait d'yeux que pour Brett Sherrigan. Elle reçut un SMS.

[Trop in love de toi, Tanya !]

Brooke haussa un sourcil. « Quoooooooaaaaaaaaah ??? »

Clara Murray notait le cours. Son frère Marc était à ses côtés.

- J'comprends rien… souffla le jeune homme.
- Je t'expliquerai ce soir… souffla Clara.

Marina Keegan cherchait à comprendre le tableau.

- J'dis rien, j'pige encore moins ce qui se passe au tableau.
- C'est juste des maths… souffla Clara. Glinda, ça va pour toi ?

La jeune fille timide au serre-tête acquiesça en se mordillant les lèvres.

- Ca va, pour le moment je suis…
- T'as trop de la chance, Glindie ! souffla Marc.

Glinda rougit. « Le garçon que j'aime trouve que j'ai de la chance !! »

Les sportifs de la classe étaient largués, sauf Anwar Majid. « Suffit de suivre… Pschhh… »

***

- Bon ! J'ai entendu dire qu'il y avait des soucis dans l'organisation de l'équipe. Vous me faites ça JUSTE AVANT le tournoi de foot, je ne suis pas fière, mesdemoiselles !

Judy arriva. Wallace s'assit dans les gradins avec quelques autres personnes qui observaient les entrainements.

- Gribble !

Lindsay approcha.

- C'est quoi cette embrouille ? Qu'est-ce qui se passe avec Lowell ?
- Rien, madame.
- Lowell, quel est le souci ?
- Je voudrais présenter ma dém…
- En fait je voudrais quitter le poste de chef des pom-pom girls.

Wallace haussa un sourcil. Les autres filles semblaient surprises. Louisa regarda sa rivale, étonnée.

- Pardon, Gribble ?! s'étonna la coach.
- A ma place, je souhaiterai nommer Chelsea Kendall.

La grande black s'étonna. Judy haussa les sourcils, surprise. Louisa regarda Lindsay.

- Quoi ?!
- Non mais attendez, Gribble, c'est quoi ce bordel ?
- Coach, je pense que l'équipe, ainsi que l'établissement, gagnera beaucoup à placer dans la position de cheftaine, une élève de couleur. Cela grandira notre équipe et le prestige de l'établissement…

Lindsay inspira. « Je parle un peu comme mon frère, là… »
« Ou comme un prospectus, c'est selon… »

- … Et je pense que Chelsea est bien plus responsable que moi, et qu'elle a les épaules pour supporter la pression de chef… Alors que de toute évidence, je n'ai pas ces épaules.

La coach Betty sembla stupéfaite.

- Mais bon sang Gribble, vous avez sorti cette équipe de la fange ! Vous nous avez donné une discipline ! Au départ je n'étais pas très certaine mais vous m'avez convaincue, vous nous avez toutes convaincues !

Les autres filles hochèrent la tête. Wallace regardait sa sœur qui était prête à tout perdre pour préserver l'intégrité de son groupe.

- Je comprends, mais je pense qu'en temps de crise, on doit se serrer les coudes et accepter de faire des compromis.

Louisa se mordilla les lèvres.

- Lowell, vous avez quelque chose à y redire ?
- … non, non…
- Et t'as plutôt intérêt, grommela Chelsea en s'avançant. BON ! LES FILLES ! EST-CE QU'ON A LA MOTIVATION ???
- YEAAAAAAAH !
- EST-CE QUE VOUS ETES PRETES A TOUT DONNER ???
- YEAAAAAAAAAH !

Wallace resta là, à regarder sa sœur s'entraîner. Et il oublia complètement son cours.

***

Lindsay sortit de sa séance complètement épuisée. Elle trouva Wallace à la sortie du gymnase.

- Euh… T'étais pas censé avoir cours ?

Wallace haussa les épaules.

- Bof. Sympa, votre cours.
- … Tu voulais des disquettes pour te foutre de ma gueule ?
- N… Nan…
- Ca t'a plu de me voir me sacrifier pour le groupe ? Tu sais pas ce que c'est, hein ? De devoir tout délaisser juste pour que ce que tu aimes le plus, ce que tu as mis tant de temps à construire ne s'écroule pas à cause d'une… d'une…
- Pouffiasse ? Salope ? Pute ?
- J'ai même pas de mots, quelle…
- Traînée ?
- VOILA ! Traînée ! souffla Lindsay.
- C'était cool votre entraînement. J'sais pas comment tu fais pour porter des gens sur tes épaules comme ça…

Lindsay regarda son frangin qui détournait le regard. Elle sourit.

- C'est le talent.
- Arrête de répondre comme moi je ferais ! sourit Wallace.
- Je réponds comme je veux d'abord… sourit la blondinette.

Buffy – Sacrifice

Wallace sourit.

- Ca va aller, tout ton bazar, avec les filles ?
- Ouais. Chelsea mérite de mener l'équipe en finale.

Wallace acquiesça.

- J'aimerais pouvoir être capable de faire un truc aussi noble. J'ai l'impression d'être un lâche et un gros fuyard comparé à toi.

Lindsay haussa les épaules.

- On a eu des vies différentes, voilà tout. On a l'expérience de la vie ou on l'a pas !

Wallace secoua la tête.

- On rentre ensemble ?
- Faut pas que tu préviennes ta prof que t'as séché ?
- Nan, tout baigne, sœurette, tout baigne !

***

La panique dans les yeux de Margaret.

Wallace, qui, ne comprenant rien, pleurait.

La matriarche qui ordonnait à ses majordomes de retrouver la gamine en hurlant des ordres.

Le reste de la famille absolument paniqué.

Les autres femmes qui rentrent les enfants et conseillent à Margaret de rentrer. Wallace inconsolable.

Jeffrey qui relève la tête, croyant avoir entendu un cri de fillette. Qui fonce dans le sous-bois, sans réfléchir.

Suivi.

- LINDSAY !!! LINDSAAAAY !
- LINDSAY !

Jeff se retourna vers Carl.

- Retourne auprès de Maggie !! grommela l'oncle de Wallace.
- Tu as entendu quelque chose ?!
- J… Je sais pas ! Retourne auprès de Maggie !
- Pourquoi ?!

Pourquoi.

Jeffrey voulait éloigner Carl, mais il ignorait pourquoi exactement. Peut-être ce jour-là avait-il pressenti que quelque chose de sordide s'était passé.

En réalité il pensait plus à un cadavre.

Pas à ça.

Les deux minutes de courses dans les bois les menèrent à la plus cruelle des découvertes.

L'homme se rhabillait maladroitement.

Lindsay était assise contre un tronc d'arbres, en larmes, prostrée, les yeux grand écarquillés.

Carl observa la scène, dévasté. Il peinait à comprendre ce qui s'était passé.

Bien plus habitué à flirter avec l'ignoble, Jeffrey avait tout compris.

- J… J'voulais pas lui faire de mal ! J'ai pas fait exprès !! J'voulais pas !!
- … Carl, occupe-toi de la petite.

Carl regarda sa fille.

- L-L…

Il s'approcha, tremblotant. Il se mit à pleurer. Il essuya ses larmes. En père maladroit, jeune et pas très malin, il eut cependant la meilleure des réactions, celle qui tenait de l'instinct.

- Ma chérie… C'est papa… Tout va bien, c'est papa…

Il posa un genou à terre et regarda sa fille sans la toucher, de prime abord, mais en lui parlant.

- Tout… Tout ira bien, Lindsay…

Carl remarqua les habits déchirés de sa fille. Il retint un haut le cœur.

- J'voulais pas !! J'voulais pas, j'suis désolé !

Jeffrey…

- Pardon !!

Paul Becker se mit à courir. Jeffrey se baissa et saisit quelque chose.

- Carl, laisse-là se ressaisir et ramène-là à Maggie.
- PAS DANS CET ETAT !!! cria le père.
- ET TU VEUX QUOI, LUI DONNER UN BAIN ??? RAMENE-LA !
- Et j'appelle la police !
- Nan.

Carl s'étonna. Il vit Jeffrey partir en courant, une pierre à la main. Il écarquilla les yeux. Il regarda sa fille.

- On… On rentre, Lindsay, d'accord ?

Lindsay leva les yeux vers son père.

- Lindsay, tout va bien, ma chérie… sanglota l'homme. Tout… Sniff… Tout va… Oh nooooooooooon !

Lindsay vit son père, complètement effondré. Elle était cependant trop occupée à sa propre souffrance et pleurait elle aussi.

TCHONK !
- BAAAAAAAAH ! NAAAAAAAAN !!! AAAAAAAAAAAAAH !!! AAAAAAAAH !

Carl se releva et regarda vers le fond de la forêt. Lindsay se boucha les oreilles, sous le choc.

TCHONK ! TCHONK ! TCHONK !
- PFHAAAARETEZ !!! AAAARPFFFF !!! PITIEEEEERGL !

Carl serra les dents et prit Lindsay dans ses bras.

- Allez viens ma chérie, courage !
- Nnnnnn…
- C'est papa, ma grande, courage !

TCHONK ! TCHONK !!

Carl se précipita vers la maisonnée familiale.

TCHONK ! TCHONK ! TCHONK…

Les bruits cessèrent. Carl sortit du sous-bois.

Un des hommes de l'assistance le remarqua. Il se dirigea vers lui, avec quelques majordomes, mais Carl leur somma de s'éloigner. Margaret le vit revenir.

- Lindsay ! Oh mon…
- MAGGIE, LAISSE WALLACE, NE VIENS PAS AVEC LUI !!! cria Carl.

Margaret regarda son mari. Regarda Lindsay et ses habits déchirés. Elle secoua la tête. Wallace grimaça.

- Maman, mais qu'est-ce qui…
- Maman, prends-le ! cria presque Margaret en donnant Wallace à sa mère.
- Oui ma chérie, va ! Reste-là, toi ! grommela Edwige.
- Maman !!! Mamaaaaaaaaan !! Maman qu'est-ce qu'elle a ? MAMAAAAAAAN !!!

Margaret courut vers son mari alors que Wallace, pétri d'incompréhension, fut ramené à l'intérieur de la maison par Edwige Houston.

- MAMAAAAAN ! LIN'SAAAAAY MAIS QU'EST-CE QUI YAAAAAA ????
- SILENCE-HEU ! Tu vas te taire, oui ! Ce sont des choses de grand ! Tu te tais ! Compris ! Laisse tes parents régler ça !!

Wallace essuya ses larmes, toujours aussi affolé. Les autres femmes se regardèrent, complètement tétanisées. Wallace ignorait pourquoi elles parlaient de « Violet ».

Dehors, Margaret, Carl, Xavière et quelques majordomes s'occupaient de Lindsay. Enfin, Carl serrait Margaret dans ses bras pendant qu'elle implorait le ciel de lui donner quelque explication. Lindsay était dans un état presque catatonique.

- Laissez-la respirer, il va falloir appeler la police, faire constater les faits, retrouver ce malade…
- Pas la peine.

Margaret et Carl se tournèrent vers Jeffrey, livide, couvert de sang, qui retournait vers la demeure.

- Grand-mère, je vais avoir besoin d'une bonne douche et d'un feu de cheminée, pour brûler mes fringues.

Margaret regarda Jeffrey, effarée. Carl secoua la tête.

- T'as fait quoi ?!! Mais putain…
- Ce qu'il y AVAIT A FAIRE !!! QUE VOULAIS-TU QUE JE FASSE D'AUTRE !!!

Margaret secoua la tête.

- C'est un cauchemar… C'est un vilain cauchemar…
- Occupez-vous de ça, Dotson !
- Bien, madame !
- Et faites-le entrer par la porte des jardiniers, de sorte qu'il ne traumatise personne à l'intérieur.

Le majordome se précipita. Xavière fit un bout de chemin avec Jeffrey.

- C'est une réaction d'homme que tu as eu là, mon cher petit-neveu.

Jeffrey ne répondit rien.

- C'est toi qui héritera de la demeure quand je clamserai.

Jeffrey ne se réjouit absolument pas de ce fait. Disons que c'était pas le moment.

***

Retour en voiture. Carl conduisait comme un robot. Wallace avait été littéralement sédaté par le médecin mandaté par la famille Houston, qui était venu porter secours à Lindsay sans pour autant prévenir la police. Du coup, le gosse était endormi alors que sa sœur avait pendant un temps dû supporter ses sanglots effrayés dans la pièce d'à côté.

Margaret était complètement tétanisée, et même l'espoir de pouvoir compter sur les meilleures thérapeutes du pays ne suffisait pas à la rassurer. L'argent de la Grand-Tante ne suffirait pas à panser cette blessure.

- Tout va bien, ma chérie ? demanda-t-elle à tout hasard.

Lindsay, la tête basse, encore secouée, se contenta d'un petit hochement.

- 'rentrer à la maison.
- On y va, ma grande, t'en fais pas… marmonna Carl qui tentait de garder sa contenance.

Margaret souffla.

- Je me sens horrible d'avoir été rassurée quand le médecin a dit qu'il n'y avait pas eu… enfin… insertion…
- Chut, Margaret, je ne veux pas parler de ça.
- Tu as raison, mais c'est tellement…
- Je sais, je sais… déglutit Carl.
- Je n'arrive pas à croire que Jeff…
- Chut, Margaret… souffla Carl.
- Quand même, aller si loin…
- Oui eh bien… Si c'est pas lui qui le faisait, c'était moi !
- Oh non, Carl !
- Bah j'sais pas, mais peut-être… Fin… J'aurais pu le faire aussi, je crois.
- Comment on va se sortir de ça, Carl ?! Notre fille…
- On va… On va juste se contenter d'oublier ça, de le mettre de côté… je suppose !
- Il va falloir placer Wallace quelque part…
- Mes parents s'en occuperont… souffla Carl. Calme-toi, Maggie, on a fait tout ce qu'il fallait, tout va bien se passer, on va faire soigner Lindsay, tout ira bien.
- Oui, oui…

Margaret regarda par la fenêtre, encore choquée.


***

Lindsay observait ses SMS à table.

[Merci encore, mais le mieux, c'aurait été qu'on jette Louisa dans une fosse à purin… Gros bisous… CK]
[Bon bah ton frère n'aura servi à rien… encore une fois ! Judy]

Elle sourit.

- Lindsay s'est mise debout sur les épaules de sa grande copine black, j'me suis dit « Elle va s'écrouler, elle va s'écrouler ! » Mais nan, elle s'est pas écroulée !

Margaret ricanait. Carl secoua la tête.

- Si tu étais venu voir plus souvent ta sœur, tu saurais qu'elle fait ça depuis qu'elle a treize ans !
- Ouais bah à l'époque j'étais un petit con, et je croyais que c'était chiant, mais en fait nan, c'est juste flippant !
- Wallace ! souffla Margaret.
- C'est vrai, m'man, j'te jure, les pyramides c'est super stressant, tu te dis « Ca va s'écrouler ! »

Carl secoua la tête.

- Elles savent ce qu'elles font, fiston !
- J'me doute bien !

Lindsay souffla et observa un autre échange de SMS.

[J'ai bien vu qu'on n'était plus sur la même longueur d'ondes…]

- Quel effet ça t'a fait d'avoir ton frère dans les gradins, Lindsay ? demanda Margaret.

[… Alors je crois, pour toi comme pour moi qu'il vaut mieux qu'on rompe…]

Lindsay releva la tête, un peu mélancolique, mais pas suffisamment pour être incapable de le cacher.

[… Mais évidemment on peut rester amis. Juste qu'on ne sera plus aussi intimes qu'avant. Non pas qu'on était spécialement intimes en fait. On va dire qu'on « requalifie » notre relation. Voilà. Bonne soirée – Shawn.]

- Oh bah… Pas grand-chose, c'est à peine si je l'ai vu !

Wallace secoua la tête.

- J'arrive pas à croire que j'ai réussi à me faire discret…
- Et moi donc… souffla Carl.
- En effet, ça paraît bien peu probable. Bon, je vais voir si le gratin de pommes de terres est prêt…

Wallace regarda sa sœur qui semblait un peu perdue.

- Lindsay, ça va ?

Lindsay regarda son frère qui était, pour une fois, sincère.

- Oui oui… Pourquoi ça n'irait pas ?

Carl reçut un SMS. Il s'étonna et regarda son téléphone.

- J'sais pas, on dirait que t'as vu un fantôme…
- Mais pas du tout…
- Non mais… Wallace, tu as séché un cours pour aller voir ta sœur ?!! Je viens de recevoir un SMS de l'administration de ton école, tu as été compté absent pour deux heures de cours !

Wallace haussa les sourcils.

- ……. C'est la faute à Lindsay, elle a joué à Game of Thrones avec ses copines !
- Wallace, merde ! Ça va être inscrit dans ton dossier !!
- Mais c'est bon, papa, ça va aller, c'est rien…
- Quoi ? Non mais tu plaisantes, j'espère !!
- Maiiiiis… Dis-lui, Lindsay !
- Je t'ai pas obligé à venir…
- Wallace, bon sang, je pensais que tu étais allé la voir sur des heures de permanence !
- QUELLES heures de permanences ?! T'as vu notre emploi du temps, récemment ?!
- Votre emploi du temps, celui qui change toutes les semaines, là ?
- Mais nan, c'est une vue de l'esprit !
- Je vais t'en fiche, des vues de l'esprit, moi ! Tssss !
- Tu vois, Lindsay, à vouloir être gentil avec toi, c'que ça me rapporte !
- Laisse ta sœur tranquille !

Margaret regarda sa famille, souriante. Plus particulièrement Lindsay qui souriait des âneries de son frère. Ravie de pouvoir observer ce qu'elle pensait anéanti à jamais, elle se prit à sourire elle aussi.

Un.