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Entre deux mondes de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 26/06/2014 à 16:27
» Dernière mise à jour le 26/06/2014 à 16:27

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Chapitre 13 : Paul
« Statitik attaque cage-éclair ! »
La petite araignée se précipita aussitôt sur le garçon que lui demandait de viser son maître et le paralysa. Alors qu'il se battait farouchement ce dernier n'avait pas vu cet autre protagoniste se joindre à la bagarre qu'il menait au fond de la ruelle avec un autre enfant. Son opposant était à terre et il le ruait de coups de poing. Sans doute aurait-il eut quelques os de brisés si le pokemon ne l'avait pas sauvé au bon moment.

Le corps de la brute tomba à la renverse dès que l'attaque parvint à son système nerveux et il s'écroula contre le pavé. Le jeune homme qu'il battait quelques secondes auparavant tenait sa tête entre ses mains si bien qu'il ne vit pas immédiatement son sauveteur. Il se cachait des coups qui pleuvaient dans son dos et crachait du sang sur le sol.
« Reviens Statitik, annonça le dresseur en tendant devant lui une balle rouge et blanche qui émit un rayon de lumière faisant disparaître l'insecte. »

Il n'eut pas le temps de féliciter le pokemon pour sa témérité, alors même qu'il menait contre cet enfant son premier combat ; une entrée en matière originale pensa-t-il. Sans se faire prier il se rua vers celui qui était à terre et lui tendit une main secourable. Bien entendu le perdant ne vit pas ce geste compte tenu de sa position.
« Relève-toi Luc, lança-t-il en plus de son geste, père se fait du souci pour toi. »

La voix de son ami résonna étrangement dans l'esprit du garçon. Comment était-ce possible que ce soit à Paul de lui venir en aide dans un moment comme celui-ci ? Les rôles pouvaient-ils s'inverser aussi facilement ?
N'en croyant pas ses oreilles le jeune homme se retourna, la bouche encore couverte de sang, et haussa les sourcils en découvrant le nouveau visage de celui qu'il considérait comme étant son frère. Il ne parvenait à se convaincre du changement qui opérait chez ce dernier depuis trois semaines, soit sa première visite chez Fargas. Paul était totalement différent ; à la fois plus fort mais aussi plus mature.

« Comment as-tu fait cela ? lui demanda Luc en attrapant la main qu'il lui tendait, ébahit face au corps inerte de son opposant.
– Fargas m'a offert un pokemon, mon premier pokemon, répondit tout naturellement le second en relevant son ami. Je l'ai capturé il y a seulement deux heures et pour tout t'avouer je n'aurai jamais pensé m'en servir si tôt, encore moins contre un être humain. »
Luc tapota son gilet une fois debout, le débarrassant d'un peu de crasse tout en étalant le sang qui y avait coulé.
« Merci, lança-t-il tout en ne parvenant à croire à ce qu'il venait de se passer. »

Paul rangea sa balle dans son sac et se tourna de nouveau vers le garçon.
« Pourquoi tu t'es encore battu ? Tu ne fais que ça depuis quelques semaines et tu reviens sans cesse couvert de bleus. Qui sait ce que ce gamin t'aurait fait si je n'avais pas été là.
– J'allais reprendre l'avantage et lui coller mon poing entre les dents. Il n'aurait mangé que de la soupe pendant des semaines après ça. Ou alors il aurait payé des dents en or, à voir…
– Ne me dis pas que…
– Si c'est un noble, un foutu riche comme ceux qui empestent dans notre boutique depuis que tu as demandé à ton patron d'aider ton père en le faisant cordonnier du roi. »

Paul baissa le regard face à celui que lui lançait Luc. Même si les affaires de sa famille n'avaient jamais aussi bien fonctionnées que depuis ces deux dernières semaines il savait parfaitement que son frère ne voyait pas cela d'un bon œil.
« Je les déteste, reprit Luc d'un ton plein de haine. Eux et leurs manies d'aristocrate, leurs beaux atours et leurs gosses pourris. Je déteste leurs pokemons élevés à la baguette qui pisent devant le magasin, leurs gamins braillards et leurs femmes qui portent le salaire d'une vie de labeur sur leurs dos. Mais bien entendu tout cela sous la tutelle du Roi !
– Celui-là avait fait quoi pour que tu le suives et décide de le rosser ? demanda Paul sans prêter attention aux paroles de son ami. »

Luc tourna en rond, maugréant pour lui-même et mettant au passage un coup de pied entre les côtes de son ancien adversaire.
« Il ne voulait pas payer, jugeant que mon cuir n'était pas de bonne qualité. Mais bien entendu il prenait tout de même la marchandise avec lui. Ton père m'a demandé de ne pas chercher les problèmes, de lui donner et de ne pas demander notre reste. J'ai obéit puis je l'ai retrouvé.
– Tu n'aurais pas dû faire ça…
– Et toi tu n'aurais jamais dû nous mettre dans une telle situation ! »

Luc venait de pousser un hurlement, serrant les poings et fixant son frère droit dans les yeux. Paul y lisait de la haine, de la colère et un certain dégoût par rapport à l'injustice qu'il voyait se répandre tout autour de lui.
« Tu n'entends pas ce que l'on dit dans les bars ? continua le jeune homme. Les gens crient leur colère envers le régime, ils veulent une nouvelle révolution. La monarchie parlementaire ne va plus assez bien, nous sommes toujours sous le couvert d'un roi et de sa cours. Partout on ne parle que de le tuer, de brûler son château et de lever la tête des politiciens bien gras sur des piques ! »

Paul ne savait que dire, il se murait dans le silence pendant que poursuivait son ami.
« Qu'arrivera-t-il quand tout éclatera ? Quand les gens sortiront dans les rues avec des torches et des lances que crois-tu qu'ils feront ? Ils chercheront les amis du roi pour l'atteindre, couper un à un les vaisseaux sanguins du régime. Et nous, tes parents et moi, qu'on fasse ses chaussures ou que l'on récure sa merde, on sera sur la liste. Ils viendront un jour au magasin, ils brûleront tout et nos têtes seront accrochées aux fenêtres.
– Luc…
– Je ne t'en veux pas, Paul. Tu restes on frère et la seule personne en ce monde pour laquelle je donnerai ma vie sans hésiter. Mais s'il te plaît ne nous mêle plus jamais à tes histoires avec ce riche. On reste en dehors de ça. »

Il hocha honteusement la tête et baissa le regard. Le silence s'installa quelques secondes dans cette ruelle avant que Luc ne le prenne dans ses bras et ne verse enfin une larme sur son épaule.
« Merci quand même de m'avoir aidé, mon frère. Je te rendrai la pareille un jour. »
Paul resta muet jusqu'à ce qu'il ne se détache des bras de son ami. Ils se mirent ensuite en route pour la boutique où défilaient les nobles venus refaire leurs chaussures. Et tout autour d'eux la ville grondait. Un écho de colère s'élevait au milieu de relents de haine.
« Mais le tout sous la tutelle du bon Roi, aurait dit Luc. Sous le couvert du bon Roi et du vieil Arceus ; Amen. »