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Entre deux mondes de Xabab



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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 20/06/2014 à 14:53
» Dernière mise à jour le 20/06/2014 à 14:53

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Chapitre 7 : Paul
Paul passa plusieurs jours à se pose la même question : devait-il s'y rendre ?
Ces quelques mots flottaient en permanence dans sa tête, englobés par l'image de l'homme dans son complet gris qui lui avait donné sa carte. Comment se pouvait-il que ce soit bel et bien celui qu'il disait être ? Comment pouvait-il croiser un personnage aussi illustre dans la rue la plus déserte de la ville ?

« Le destin, lui avait répété au moins une centaine de fois Luc. Au bout d'un moment il a tout simplement décidé de te mettre en relation avec lui. Il sait que tu en baves d'envie depuis que tu sais marcher ; c'était le moment où jamais. »
Mais le destin n'existait pas pour Paul Chen, pas plus que la notion de hasard ou de chance. Tout n'a qu'une relation de cause à effet. Aucun élément, aucune rencontre ne se fait sous la simple influence d'un cycle lunaire ou d'autres bêtises de ce genre comme on l'entendait parfois aux terrasses des cafés. Mais tout cela ne voulait rien dire aux yeux de l'enfant, ce n'étaient que des fables pour faire plaisir à ceux qui n'ont pas assez les pieds sur terre.

« C'était voulu, avait-il répondu la veille à son ami. S'il était dans cette ruelle c'est qu'il savait pour la balle, qu'il me connaissait et voulait se renseigner sur mes travaux.
– Tu penses vraiment ce que tu dis ? Lui, avec toutes ses responsabilités et sa notoriété aurait perdu du temps à suivre un gosse dans les rues de la ville ? Je veux bien que tu sois un génie mais là c'est de la folie ! »
Et Paul n'avait pas répondu. Luc avait quelque part raison dans ce qu'il avançait. Et pourtant il restait un point qu'il n'avait pas éclaircit, un détail qui venait changer toute l'équation écrite au fond de ses pensées et que les hommes appelaient « hasard ». Il y avait cette tâche noire, cette belle inconnue qui venait troubler tout le reste mais qu'il n'arrivait pas à distinguer.

Paul passa la soirée suivant sa rencontre avec cet homme assit à son bureau. Face à lui avait été posée sa balle rouge et blanche, vide depuis sa création mais d'une technologie dépassant de loin les prototypes Pokeball.
Mais ce soir il ne la regardait pas comme à son habitude. Il n'avait pas envie de chercher un autre moyen de canaliser encore moins de mana, d'améliorer le design ou de jouer avec toutes les données permettant l'intégration d'un système ADN toujours plus conséquent. Les balles PokeBall ne permettaient pas à des pokemons de plus d'une trentaine de kilos d'entrer ; celle de Paul plafonnait facilement vers la cinquantaine.

Mais cela ne l'intéressait pas. Ses yeux étaient focalisés sur la carte qu'il faisait machinalement tourner entre ses doigts.
« Fargas, murmurait-il par moment comme s'il tentait lui-même de se convaincre de tout cela. Le seul et unique Fargas… »
Quand la nuit était tombée il s'était contenté d'allumer une bougie et de continuer à inspecter un morceau de papier qui n'avait visiblement rien d'autre à lui offrir. Luc était resté quelques heures derrière lui, assit sur son lit à réparer la semelle d'une chaussure en attendant un éclair de génie de la part de Paul. Puis il s'était mis à bailler, avait souhaité une bonne nuit au garçon avant de partir se coucher.

Les heures avaient passé sans que rien ne bouge, Paul se contentant de rêver en se demandant ce qu'il se passerait s'il se rendait à l'adresse indiquée sous ses yeux. Ce qu'il venait de vivre était ce qu'il avait espéré durant toute son enfance et la raison pour laquelle il travaillait sans relâche sur sa balle.
Rencontre Fargas, devenir l'un de ses meilleurs chercheurs et avoir assez de fonds pour changer la face du monde. La première partie de son rêve était passé sur le plan de la réalité.

Au beau milieu de la nuit, ne sachant que faire et ne parvenant à trouver le sommeil, le garçon se leva et tira une pile de feuilles de sous son lit. Il posa le tout sur le bureau et se plongea dans les informations qu'il avait rassemblées sur le dirigeant de PokeBall il y a deux ans de cela.
Éclairé par une bougie dont la lueur faiblissait peu à peu, Paul revécut l'histoire de son modèle. La vie de l'homme qui le poussait chaque jour dans ses recherches s'étalaient devant ses yeux.

Robert Fargas n'avait actuellement que trente ans et il était pourtant l'un des hommes les plus riches du royaume de Kalos. Issu d'une famille bourgeoise il n'eut jamais de problème pour se faire entendre dans la société. Il avait tout le confort possible, de l'argent à foison et une belle éducation qui lui permit de développer une intelligence qui de base se situait au-dessus de la moyenne.
Mais la vie de Robert changea lors de son dixième anniversaire lorsque ses parents, qui n'étaient pas souvent chez eux, décidèrent de lui offrirent un pokemon comme compagnon. Ceci apporta un nombre incalculable de questions à l'enfant.

Il découvrit bientôt le potentiel de son pokemon, les attaques qu'il pouvait apprendre et toutes les possibilités que procurait un combat. Rapidement il demanda à ses parents de lui trouver des adversaires, ce qu'ils firent sans hésiter, et il combattit sans relâche pendant deux ans. Ce n'était pas un loisir comme les autres cependant car Robert prônait avant tout l'observation.
Son but était de percer les secrets qui entouraient les pokemons. Il se demandait de quelle façon était possible l'évolution, l'attribution à un type ou encore par quel enchantement ces créatures encaissaient autant de coups.

Mais rapidement son but changea. Les combats lui plaisaient et il voulut en faire toujours plus et son pokemon devenait de plus en plus fort au fil des années.
Néanmoins le cercle de combattants était très fermé, c'était une passion trop peu commune et les gens n'avaient pas souvent un pokemon à leur côté. Il était difficile d'en apprivoiser un et y parvenir prenait parfois des années.
Ainsi Fargas abandonna rapidement cette passion, baissant les bras et se concentrant bien plus sur ses études. En revanche il ne perdit jamais de vue son objectif et consacra toute sa matière grise à trouver une solution au problème.

Ses parents moururent jeunes, foudroyés par une grippe dont Robert fut le seul membre de la famille à réchapper. Il hérita de leur fortune, du manoir familial et de toute l'argenterie. Et, sans que personne ne comprenne pourquoi, tout fut vendu quelques mois après et Fargas s'installa dans un appartement modeste du centre-ville.
Il disparut de la circulation durant presque deux ans avant de racheter d'un coup tout un quartier de la ville avec l'argent de ses parents. Il fit construire des usines, engagea du monde et entoura son domaine de murs infranchissables. Les ouvriers n'avaient droit de parler à personne de ce qu'il se passait derrière et le secret ne fut révélé qu'au bout d'un an : la PokeBall venait d'être créée.
Fargas allait sur sa vingt-cinquième année. Si jeune il donnait pourtant à ce monde l'invention qui allait le changer complètement. Il réalisait son rêve en changeant l'humanité.

Et la même année, alors qu'il n'avait que six ans, un autre génie battait le pavé de la plus grande ville de Kalos. Il allait chercher un prototype de cette balle dont tout le monde ne faisait que parler afin de l'observer en profondeur.
Ce garçon venait de rencontrer celui qui avait changé sa vie quand il n'avait que six ans. Entre ses doigts se trouvait la carte qui allait une fois de plus modifier le cours de son existence.

Peut-être que Luc avait raison après tout, se dit Paul en retournant la dernière page de l'histoire de Fargas. Peut-être que ce n'est que le destin.