Chapitre 1 : Paul
Ses sabots claquaient le long des pavés de la grande Illumis, ville en pleine expansion depuis le début du siècle.
La révolution avait mené à cette avancée sur le plan démographique. Il avait d'ailleurs fallut redessiner en vitesse de nouveaux plans pour Illumis, prenant des mesures parfois drastiques pour parvenir à entasser la « nouvelle bourgeoisie » dans des constructions précaires. Les directeurs de mines s'étaient déplacés en masse vers la capitale à l'image d'une centaine d'artisans qui avaient fait leurs armes en province. L'invention de la locomotive et le développement des voies ferrés n'était qu'un bond en avant de plus qui allait marquer le début de ce siècle.
Kalos s'étendait tout comme le reste du monde civilisé et cela autant sur un plan social que sur un plan économique. Le monde progressait.
Mais tout cela n'était rien comparé à l'invention qui allait marquer le monde dans lequel vivait ce garçon qui battait le pavé sale d'Illumis.
Cette ville était celle dans laquelle était né Léopold Chen, ou Paul comme il voulait qu'on le surnomme. Fils d'un cordonnier et de sa femme qui étaient venus chercher le confort de la capitale comme nombre d'artisans, on ne pouvait néanmoins parler de Paul Chen comme d'un simple enfant. Il y avait en lui bien plus de qualités pour le qualifier et il aurait été possible de monter un roman en ne se basant que sur les premières années de sa vie.
Paul était brillant. Pas simplement plus intelligent que les autres élèves de l'école dans laquelle il avait pu entrer grâce aux économies de ses parents, non ; il était doué de quelque chose que l'on ne trouvait que rarement chez un enfant de son âge : le talent.
Quand il avait trois ans Paul s'était mis à dessiner avec un morceau de charbon. Néanmoins ce n'était pas de simples dessins. Sa maniabilité du fusain était excellente et sous ses doigts se développaient plus qu'un soleil et la représentation grossière de ses parents. Il concevait la dynamique de ce monde, la profondeur ou encore la masse des objets qu'il reproduisait. Des détails souvent abstraits pour les enfants.
Ses parents avaient décidé de ne pas laisser de telles capacités s'éteindre bêtement et avait très tôt inscrit leur enfant à l'école. Il avait appris à lire plus vite que les autres élèves, parvenait à parler de manière construite sans le moindre problème et entretenait d'excellentes relations avec tous ses camarades. Le professeur le qualifiait de génie et avait même proposé à ses parents de l'inscrire sur le long terme à une école très réputée de la région d'Unys, chose qu'ils avaient de suite refusé.
Paul avait donc tranquillement poursuivit son parcours dans cette petite école privée d'Illumis, obtenant parfois quelques subventions de la part de la crème de la bourgeoisie qui gardait sans arrêt un œil sur lui. On peut dire que l'enfant ne laissait personne indifférent et qu'une oreille tendue n'échappait pas à ses murmures de génie.
Mais l'aube de cette journée durant laquelle il battait le pavé de la capitale allait changer pour de bon le cours de son existence. Paul allait trouver sa voie dans l'annonce faite dès l'aube. La plus grand invention de ce siècle venait d'être mise en avant et il ne voulait pas rester sur le côté en tant que simple spectateur, cela quand bien même il n'avait que sept ans.
Tout autour de lui traînaient des journaux jetés dans la rue dès l'aube une fois l'annonce lue. Le petit n'avait pas besoin de lire les titres pour savoir ce qu'ils disaient : « La PokeBall enfin dans le commerce ! Le premier prototype est une révolution ! »
Un système révolutionnaire capable de réduire un pokemon à l'état d'un simple code génétique, un système pour lequel des milliers d'hommes ont travaillés jour et nuit afin de rendre bien plus simple le dressage de pokemon. Le début d'une nouvelle ère, à n'en surtout pas douter comme disait Paul.
Et le gamin était sorti très tôt le matin pour récupérer l'une de ses merveilleuses balles. Il avait économisé pendant quelques mois pour cet achat, le premier prototype n'étant pas non plus des plus chers et les subventions de l'école l'aidant particulièrement pour cet achat. Il était presque certain d'être dans les premiers à en avoir fait l'acquisition. Cela faisait environ un mois que Paul avait répertorié les quelques boutiques qui mettraient le produit en vente dès le premier jour, celles qui ouvriraient avant et enfin la moins connue. Un simple plan d'Illumis et un peu de jugeote avait fait le reste.
Et maintenant il la tenait entre ses doigts : la PokeBall. Il n'avait plus qu'une hâte : rentrer et foncer dans sa chambre afin de la démonter et de découvrir la façon dont elle fut conçue.
Les rues étaient encore vides et il les traversait sans s'arrêter, tenant d'une main son béret pour ne pas qu'il s'envole et de l'autre la balle récemment acquise. Un boulevard et une ruelle le séparaient de la petite échoppe tenue par son père, une distance qu'il franchit en moins d'une dizaine de minutes. Cela fait il poussa la porte sans faire attention à ses parents qui prenaient le petit-déjeuner et monta dans sa chambre. Il posa la balle sur son bureau et redescendit chercher ses outils.
« Tu ne vas pas bien de courir comme ça dans la maison ? lui lança son père qui l'attendait en bas des escaliers.
– J'ai la balle papa ! Elle est là-haut ! »
Disant cela il partit fouiller dans le fond de l'échoppe à la recherche de ses outils, qui étaient en quelque sorte ceux que son père n'utilisait plus, et remonta immédiatement. Il posa le tout sur le bureau et prit la balle entre ses doigts.
Elle était belle. Ce fut sa première impression sur le sujet. D'un métal gris légèrement polie, séparée en deux par un léger trait noir ainsi qu'un bouton que les concepteurs avaient pris soin de peindre en blanc. Il appuya dessus et elle s'ouvrit.
« Merveilleux... »
Alors qu'il s'exclamait cela son père ouvrait la porte de sa chambre et s'avançait dans son dos.
« C'est donc ça la fameuse PokeBall ? Et avec ça on peut enfermer n'importe lequel de nos pokemons et le transporter avec soit ?
– Oui. Comme si ce n'était qu'une broche ou un dé à coudre. »
Tandis qu'il parlait Paul retournait dans tous les sens la balle, semblant chercher quelque chose à l'intérieur. Des rainures de métal parcouraient le couvercle intérieur et ce n'était à part cela qu'un récipient vide. Néanmoins une légère encoche sur le haut attirait l'œil de Paul. « C'est là ! s'exclama le garçon. Passe-moi le tournevis papa, s'il te plait ! »
Sans rien dire le concerné s'exécuta, ne tentant pas d'interférer avec les projets de son fils qui le captivait à chaque fois. Sous ses yeux ce dernier glissa le tournevis dans l'encoche, appuya et parvint sans trop de peine à décapsuler une couche de métal. « C'est ici ! »
Une lumière bleue se dégagea de cette nouvelle zone de la balle, une couleur intense qui illumina en grande partie la chambre du garçon dont les rideaux n'avaient pas encore été tirés.
« Qu'est-ce que c'est ? demanda le père en se penchant par-dessus l'épaule de Paul.
– Du mana, une source d'énergie très puissante qui est la seule pouvant aider à créer une balle de ce type. C'est grâce à lui que l'on peut contenir le code génétique d'un pokemon servant à le garder dans cet objet.
– Fascinant... »
Son fils n'en pensait pas moins. Et encore une fois le génie voyait juste ; le mana n'était pas un simple métal que l'on extrait d'une quelconque mine comme du charbon. Il est rare, plus que rare. Ainsi le stock de balle allait rapidement être limité pour des moyens techniques.
La vie de Paul commençait avec cette idée en tête. Comment créer une balle capable de servir sans la force du mana ? Cette évolution devait être durable et c'était le défi que se lançait Paul Chen du haut de ses sept ans, un matin à l'aube de la nouvelle ère.