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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 30/05/2014 à 08:27
» Dernière mise à jour le 23/08/2018 à 23:03

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 1 : La croisade de Castel
Il semblerai que je sois le Sauveur du Millénaire. Hélas.



*****



Du haut des remparts du château royal de Cinhol, Leaf Elson contemplait les plaines qui s'étendaient au loin vers l'horizon. D'ordinaire, elles étaient vertes. Aujourd'hui, elles n'étaient que rouges et or ; la couleur des armures et des casques des milliers de soldats de Cinhol qui s'étaient amassés, prêts à aller combattre. Il y a encore une semaine, ils étaient tous au service de la reine Nirina Haldar. Aujourd'hui, tous partaient en conquête pour leur nouveau souverain, Adam Haldar, qui avait pris le nom de Castel II, en l'honneur du fondateur du royaume qui a vécu il y a un demi-millénaire. En réalité, il n'y avait pas de Castel II, ni d'Adam Haldar non plus. Il n'y en avait jamais eu. L'ami avec lequel Leaf était arrivée dans ce royaume, ce garçon mignon mais empoté qu'elle avait rencontré à l'Académie Velgos de la région Bakan, qu'elle avait appris à apprécier, et même à aimer... ce garçon là n'avait en fait jamais existé. Depuis le début, il était Castel Haldar.

Castel, en mettant sa conscience en sommeil, avait manipulé tout le royaume pour vaincre son ennemi de toujours, Uriel. Ceci fait, il avait récupéré l'intégrité de son corps, et maintenant s'apprêtait à envahir l'Ancien Monde. Le monde réel. Le monde de Leaf. Elle et son amie Anis Shauntal, une des professeurs de l'Académie et historienne, étaient les seules à connaître la vérité sur Castel. Tous les autres étaient persuadés qu'il était bien Adam, et ne savaient rien de la véritable nature de Castel. Elles avaient décidé de garder le secret pour le moment. Pour leur sécurité, oui, mais aussi car il y avait peu de chance que quelqu'un ici ne les croit. Pour les gens de ce monde, Adam était maintenant un héros et le roi légitime qui allait restaurer la gloire passé de Cinhol dans l'Ancien Monde, et Castel était presque l'égal d'un dieu.

Bref, Castel allait attaquer le monde réel, et Leaf et Anis étaient les seules à pouvoir faire quelque chose. Déjà, prévenir son père dès qu'elle serait rentrée, bien sûr. Iridien Elson siégeait au Sénat de Bakan en tant qu'ambassadeur de la région Kanto, et Leaf l'avait déjà mis au courant de ce qui se passait ici à Cinhol. Elle espérait que le Sénat prendrait des mesures contre Castel, qu'il ne se ferait pas avoir par surprise. Mais même en ayant connaissance de l'invasion plus tôt que prévu, Leaf doutait que ça ne change quoi que ce soit. Castel avait rassemblé une véritable armada, et de plus, il bénéficiait du soutien de Stormy Sky, une organisation clandestine du monde réel. Leaf avait tenté de persuader son amie Syal Aeria, l'une des capitaines de la Quatrième Flotte de Stormy Sky, de ne pas prendre part à ça. Mais Syal avait haussé les épaules.

- Ce n'est pas de mon ressort, avait-elle déclaré. L'Amiral Rashok a passé un marché avec Adam, et c'est pour nous une occasion en or de conquérir une région. Sans l'armée de Cinhol, nous n'y serions jamais parvenus. Et puis bon, avec Sa Majesté Noble Cœur aux commandes, je ne pense pas que Bakan ait à craindre trop de dégâts.

Leaf avait hésité à parler à Syal de Castel, mais avait finalement renoncé. Elle ne pouvait pas être sûr de ce qu'elle ferait de cette information. Syal était loyale envers l'Amiral Rashok, et elle pourrait tout aussi bien aller tout lui dire, et Rashok, à son tour, irait en parler à Castel. Leaf ne devait pas être découverte. Anis lui avait bien dit qu'elle devait tout faire pour rester dans les bonnes grâces de Castel, pour pouvoir l'espionner, puis transmettre les informations au Sénat de Bakan.

En parlant de Castel, voilà qu'il arrivait par derrière pour rejoindre Leaf, un sourire aimable sur son visage noble, aux cheveux blonds et aux yeux bleus. À chaque fois qu'elle le voyait, Leaf avait du mal à ne pas songer à Adam, l'occupant précédent de ce corps. Techniquement, on pouvait dire que Castel l'avait tué, même s'il n'avait été qu'une personnalité passagère. Mais Leaf avait aimé ce garçon. Un court moment, mais elle l'avait fait. Une raison de plus de tout faire pour barrer à la route à son meurtrier. Elle cacha sa répulsion et lui rendit son sourire.

- Merveilleux, n'est-ce pas ? Demanda le roi.

- Tu as réuni beaucoup d'hommes en peu de temps.

- Ils sont venus des quatre coins du royaume. Les gens de Cinhol ont toujours été des conquérants. Mais depuis quelque années, il n'y a plus rien à conquérir dans ce monde. Ils sont heureux de pouvoir repartir au combat, et qui plus est contre leurs premiers ennemis, les habitants de l'Ancien Monde.

Leaf savait qu'à ce moment, pour continuer à donner le change, elle devait faire mine de protester. Elle n'avait jamais caché son rejet du projet de Castel d'invasion, pour la simple bonne raison qu'elle était une habitante de l'Ancien Monde.

- Les gens de l'Ancien Monde ne connaissent même pas l'existence de Cinhol. Comment pourraient-ils être vos ennemis ?

- Ils l'ont été. C'est à cause d'eux et d'Uriel que nous nous trouvons ici, dans ce monde sans Pokemon, où la révolution technologique n'a jamais eu lieu.

Castel détourna son regard de son armée pour dévisager la jeune femme.

- Je sais que cette invasion t'inquiète. À Anis aussi. Mais cela va dans le bon sens. Bakan, et à fortiori l'Ancien Monde dans toute sa globalité, sont embourbés dans la stagnation et la corruption. Ses peuples sont divisés, et parce qu'ils sont divisés, le conflit nait. Je compte unir le monde entier sous une seule régence : celle de Cinhol. Nous serons tous unis, sans conflit, sans déviance. Un ordre parfait.

- Et tu seras au sommet de cet ordre parfait, n'est-ce pas ? Adam, l'orphelin qui lavait les vitres de l'Académie, promu roi du monde ?

Leaf se rendit compte qu'elle était peut-être allée un peu trop loin, mais sa colère envers Castel avait parlé à sa place. Le roi se contenta de sourire.

- Je ne fais pas ça pour moi, Leaf. Je le fais pour mon royaume, et pour nos deux mondes. Je n'ai jamais voulu du pouvoir. Tu te rappelles, j'avais d'abord refusé la couronne quand j'ai appris que j'étais un Haldar. Mais maintenant que je suis roi, je compte servir le royaume du mieux que je peux, et faire ce qu'il y a de mieux pour lui.

Leaf feignit de hocher la tête, un peu à contrecœur, pour que Castel croit qu'il avait réussi à la convaincre. Et elle ajouta, pour renforcer son rôle d'amie confidente inquiète :

- Ne perds juste pas de vue qui tu es, Adam. Tu as beau avoir changé de nom, tu restes Adam Velgos avant d'être le roi Castel Haldar Second. Adam Velgos est mon ami, mais je ne suis pas sûre d'apprécier Castel II.

Puis elle s'éloignant, sentant dans son dos le regard du tyran.


***


Petite idiote, songea Castel Haldar en regardant s'éloigner la silhouette de Leaf Elson. Ton Adam Velgos a disparu à jamais. Je vais te montrer qui il est en réalité. Castel n'avait rien à faire de cette fille de l'Ancien Monde, mais il tenait à la garder auprès de lui, et même rechercher son amitié. Elle avait été proche d'Adam, et Castel gardait de lui quelque uns de ses sentiments et émotions. Il fut un temps où il avait des vues sur cette Leaf Elson. Castel le comprenait. Après tout, même à l'époque, c'était son propre corps. Leaf était belle, intelligente, vive, et très douée avec les Pokemon.

Castel n'avait plus connu de désir pour une femme depuis très longtemps. Il aimait sa chère Venisi - la réincarnation qu'il avait crée lui-même de sa défunte épouse Enysia - mais n'avait jamais pu consommer son amour pour elle avec le corps imparfait et plus mort que vivant qu'il lui avait donné. Oh bien sûr, durant ces cinq derniers siècles passés à Cinhol dans la clandestinité, il avait bien été dans des bordels de temps en temps. Mais ce n'était rien de plus pour satisfaire un désir naturel. Cette Leaf était bien plus que ça. Elle l'intéressait beaucoup. Castel allait tenter de la faire sienne. Et Castel était douée pour s'approprier les gens qu'il voulait. Il n'y avait personne, à part Uriel, qu'il n'avait pas pu faire sien.

Mais tout d'abord, ce qu'il voulait faire sien, c'était l'Ancien Monde. Ce monde où il était né, ce monde qui l'avait rejeté et maudit. Il préparait cela depuis tant de temps... Le jour où enfin il pourrait refouler du pied le sol de l'Ancien Monde et refaire trembler ses habitants de peur à l'entente de son nom, comme jadis. Bien sûr, aujourd'hui, quasiment tout le monde devait avoir oublié Castel Haldar, le légendaire rebelle qui avait presque mis la République de Bakan à genoux il y a cinq cent ans. Mais Castel allait bien vite leur rafraichir la mémoire.

Il sortit du palais et marcha dans la grande rue de la cité, où les gens l'acclamaient à son passage. Castel les salua avec grandeur et affabilité. Il avait toujours su manier la plèbe. Certains de ses descendants, comme cette Nirina, l'avait au contraire tellement méprisée qu'elle se l'était mise à dos. Une idiotie. On ne dirigeait pas un royaume sans le soutient du peuple, ou tôt ou tard, il allait se retourner contre vous. Castel se fichait de tous ces gueux, bien sûr, mais il savait se faire apprécier d'eux.

Dès qu'il eut quitté la cité pour rejoindre son armée, tous ses soldats s'inclinèrent en un parfait ensemble, même ceux au loin qui ne pouvaient pas le voir. Castel en salua quelque uns pour l'exemple, des gradés, et particulièrement ses généraux. Le duc Barneas de la Tribu des Chevaux, le marquis Shagat de la Péninsule d'Or, Sire Kiridil des Plaines Orageuses, le margrave Kel Kamion des Hautes Marches de l'Est... Tous venaient des quatre coins du royaume de Cinhol, et tous étaient des parias dans leur patrie, car des fanatiques de la guerre. Et c'était justement de gens comme eux dont Castel avait besoin. Pour mettre à feu et à sang un monde entier, il ne lui fallait pas des timorés.

- Votre Majesté.

En parlant de timorés... Voici que le duc Isgon du Rimerlot, Sire Astarias et son fils Deornas venaient à sa rencontre. Le trio des crétins. Trois imbéciles qui n'auraient sûrement pas le cran d'aller massacrer les habitants de l'Ancien Monde. Astarias était un Haldar raté qui accordait plus d'importance à son damné honneur de chevalier qu'à la gloire de sa famille. Le duc Isgon avait été un fier et féroce guerrier autrefois, mais il se faisait vieux, et se lassait des guerres des Haldar. Quant à Deornas, il avait beau porter le nom d'Haldar, il n'en était pas un, c'était évident rien qu'à voir ses cheveux bruns et ses yeux sombres. Un bâtard qui préférait les livres aux épées, et bien trop faible pour mener la guerre que Castel voulait.

Castel comptait laisser Deornas ici. Il le gênerait plus qu'autre chose dans l'Ancien Monde. En revanche, il avait besoin d'Astarias et d'Isgon, car les deux avaient des noms célèbres et une réputation tout aussi grande. Astarias dirigeait la garde royale, et Isgon les guerriers du Rimerlot. Tous les deux étaient contre l'invasion de l'Ancien Monde, mais Castel avait les moyens de leur forcer la main. Il détenait le petit-fils d'Isgon, le prince Alroy. Isgon ne ferait rien qui puisse déplaire à Castel en sachant le sang de son sang à sa merci. Quant à Astarias, il savait que Castel avait emprisonné sa nièce adorée dans le Puits Carcéral, et que sa vie dépendait de son bon vouloir.

- Messires, les accueillit Castel avec chaleur.

- Les hommes seront prêts à partir à votre commandement, Votre Majesté, dit Astarias.

- Parfait. Ça ne saurait tarder. Qu'en est-il de votre peuple, duc Isgon ?

- Mes gars n'attendent que de se battre, sire, grogna Isgon.

Evidement, même s'il était contre cette guerre, il ne pouvait dire autre chose. Les Rimerlot étaient des fous du combat. Mettez leur une hache entre les mains, et ils iraient à la bataille en courant et en criant de joie, même s'ils ne savaient pas pourquoi. Juste une bande de sauvages qui n'étaient parvenus qu'à un degré infime de civilisation grâce à Cinhol. Mais les sauvages étaient toujours utiles, surtout pour la guerre.

- Deornas, j'aimerai que vous restiez au palais en mon absence, lui dit Castel. J'ai besoin de quelqu'un de confiance pour diriger mon royaume du temps que je guerroie dans l'Ancien Monde.

Deornas s'inclina, sans laisser voir s'il était déçu ou soulagé.

- Bien, Majesté. Je suis honoré de votre confiance.

- Commencez à préparer les hommes. Nous partons bientôt.


***


Les préparatifs pour le retour étaient presque terminés. La Quatrième Flotte de Stormy Sky, avec ses dix vaisseaux, repartait elle aussi pour l'Ancien Monde, en compagnie du roi Castel II et de ses troupes. L'Amiral Rashok avait accepté l'offre du souverain de Cinhol de les aider à conquérir Bakan en échange d'une part conséquente de la région. Ils reviendraient dans le monde réel comme ils y étaient partis. Castel II tiendra une chaîne reliant l'ensemble des vaisseaux, et de son autre main, il allait relier l'ensemble de ses hommes, mains dans la mains, pour que tout le monde soit téléporté quand il passera son anneau.

Bien sûr, s'ils passaient l'anneau ici, ils atterriraient non loin de la capitale Fubrica, voir en plein dedans. Et même Castel II n'était pas fou au point de faire apparaître une armée entière dans la ville la plus sûre de tout Bakan d'un coup. Il voulait conquérir la région petit à petit, et ça impliquait d'apparaître bien plus loin. Les vaisseaux de Stormy Sky devaient donc amener en leur bord les hommes du roi jusqu'aux frontières du royaume, là où ils pourront réapparaître à Bakan sans risque. Tout était bien calculé, bien huilé, mais Syal avait des doutes. Pourquoi attaquer Bakan ? Stormy Sky contrôlait déjà pratiquement cette région grâce au marché noir et à la corruption de sénateurs et de dirigeants hauts placés. Ça ne servait à rien. Mais voici ce que l'Amiral lui avait répondu :

- Je le sais bien, fillette. Mais ce gamin royal va attaquer Bakan avec ou sans nous. Nous n'avons donc que deux options : être avec lui pour récolter quelque morceaux, ou tenter de l'arrêter. Tu en penses quoi, toi ?

- Le mieux aurait été de conquérir ce monde de Cinhol non, Amiral ? Avait demandé Syal. Ces gens sont primitifs. Même avec la seule Quatrième Flotte, nous y arriverons.

- Oh, oui, on aurait pu faire ça. Mais pourquoi je ne l'ai pas fait, selon toi ?

Syal avait réfléchi, et trouvé la réponse.

- Car on serait bloqué ici à jamais. C'est Adam qui possède tous les anneaux de transferts.

- Bonne réponse. Ton copain blondin quitterait ce monde dès qu'on l'attaquerai, et nous, nous pourririons ici sans moyen de repartir. Quant à s'allier à la République de Bakan contre lui, c'est exclu. Nous n'y gagnerions rien, et nous nous feront un ennemi de Cinhol. Que ça nous plaise ou non, nous devons collaborer avec le roi, pour le meilleur ou pour le pire. Je te rappelle que c'est toi qui m'a enjoint à l'aider.

- Contre Nirina, pour les terres de ce monde qu'il nous avait promis, avait répliqua Syal. Mais là... ça va trop loin ! Je ne comprend pas ce qui se passe dans la tête d'Adam pour qu'il veuille s'en prendre à sa région natale...

Rashok avait éclaté de rire, de son rire bourru de vieux corsaire du ciel.

- D'après toi ? Le gamin a gagné un royaume grâce à nous, et maintenant, il en veut encore plus. Quand on prend vite goût au pouvoir, surtout quand on est jeune.

- Ce n'était pas l'image que j'avais d'Adam. Il me semblait un lâche maniaquo-rigide effrayé à l'idée de gouverner quoi que ce soit.

- Une couronne sur la tête a tendance à changer la plupart des gens, fillette. Garde ça en tête quand toi aussi, un jour, tu accèderas à de hautes responsabilités.

- Je ne désire rien d'autre que vous servir pour le restant de mes jours, amiral !

- Ah ! Mais le restant de tes jours sera plus long que le mien. Je suis vieux, fillette. Je pense que cette guerre sera ma dernière, quoi qu'il arrive. Ça fait longtemps que je songe à la retraite...

- Vous ne pouvez pas penser cela ! Avait protesté Syal. Vous avez tant apporté à Stormy Sky ! Vous pouvez tant apporter encore !

- Balivernes. La seule chose que j'ai pu apporter, ce sont les jeunes comme toi que j'ai formé. Tu es la plus brillante de mes capitaines, Syal. Le moment venu, je compte intercéder auprès des autres Amiraux et du Grand Amiral pour que tu prennes ma place.

Syal été restée un moment sans voix.

- M-moi ? Amirale ?! C'est... c'est un immense honneur, monsieur, mais ce n'est pas possible. Je n'ai que dix-sept ans. Je suis la plus jeune de vos dix capitaines. Sans doute Malteus ou Kagezo...

- Malteus et Kagezo sont de braves types, doués, compétents, mais ils sont presque aussi vieux que moi ! Fillette, Stormy Sky a besoin de jeunes éléments hauts placés pour pouvoir évoluer. Et je te le dis en mille, ce n'est pas l'expérience qui fait de quelqu'un un Amiral de Stormy Sky. C'est la force, point barre. Ton pouvoir de Modeleur fait naturellement de toi quelqu'un de prédestiné à s'élever dans notre organisation. De plus, tu es la Stormy Sky la plus loyale que je connaisse. Enfin, on y est pas encore. On a du boulot. Tâche juste de ne pas oublier ce que je t'ai dit. Tu es importante pour Stormy Sky. Si jamais tu t'avises de mourir lors des combats, tu peux compter sur moi pour te pourrir l'après-vie quand je viendrai te retrouver. Tu as saisi ?

Syal ne cessait de se repasser cette discussion dans sa tête. Cela faisait cinq ans qu'elle était à Stormy Sky, et elle n'avait jamais eu d'autre ambition que de servir l'Amiral Rashok. C'était lui qui l'avait tiré des griffes de ces barbares de la Garde Noire, lui qui lui avait appris à aimer le ciel plus que tout autre chose. Il l'avait entraîné, il lui avait fait confiance, il avait même fait d'elle l'un de ses dix capitaines de flotte. Tout ce qu'elle était à Stormy Sky, elle le lui devait. Elle ne s'imaginait pas servir l'organisation sans servir Rashok. Serait-elle vraiment capable de prétendre à son titre d'Amiral ? De siéger avec les cinq autre Amiraux, avec le Grand Amiral lui-même, le chef de Stormy Sky, que Syal n'avait même pas encore rencontré ?

Tout cela lui paraissait bien lointain, voir irréel. Elle devait revenir à l'instant présent. Elle s'apprêtait à rentrer en guerre. Et pas contre n'importe qui. Contre la région de Bakan, l'une des plus puissantes au monde. Et cette guerre, elle la mènerai pour Adam Velgos. Syal avait d'abord méprisé ce garçon, mais peu à peu, elle avait fini par l'apprécier. Elle pourrait presque le considérer comme un ami. Comme Rashok l'avait dit, c'était bon d'avoir un ami roi. Pourtant, ces derniers jours, elle semblait voir en lui quelqu'un de tout à fait différent. Adam, ce garçon si naïf et si attaché aux règles n'aurait jamais eu l'idée d'attaquer la République de Bakan qu'il voulait si irréprochable. Il y avait quelque chose qui clochait.


***


L'heure était venue. Toutes ses forces étaient rassemblées dans le champs de départ, et les dix vaisseaux de Stormy Sky étaient en stationnement aérien près du sol, chacun d'entre eux reliés à une chaîne dont Castel tenait le bout. Dix-mille hommes de Cinhol, et deux mille pour les Stormy Sky. Techniquement, c'était assez peu quand il s'agissait de conquérir une région de l'Ancien Monde. Mais Bakan n'était pas du tout préparé. D'après les souvenirs qu'il avait d'Adam, Castel savait que la République n'avait plus connu de conflit armée depuis près d'un siècle. Ils seront totalement pris de court, et en plus, Adam avait Hafodes avec lui. Avec le Dieu Guerrier rouge, et Meminyar, il était invincible. Le roi se dressa face à ses hommes. Il était temps de leur parler, de les encourager. Une tâche à laquelle Castel avait toujours excellait du temps où il faisait la guerre à la République de Bakan, il y a cinq siècles.

- Fiers guerriers du royaume ! Aujourd'hui, nous rentrons chez nous ! Oui, chez nous, dans ce monde où Castel Premier a vu le jour, ce monde où notre royaume béni est né ! Là-bas se trouve notre premier ennemi. Je parle de la République de Bakan. Un peuple de fainéants comptant sur les Pokemon pour résoudre tous leurs problèmes, gouverné par un ramassis de démagogues aussi lâches que capricieux. Sans Uriel, nous les aurions écrasé il y a cinq cent ans. Leurs terres nous reviennent de droit. Castel Premier les a revendiquées comme siennes ! Elles sont là, à notre portée ! La plus grande croisade que notre royaume n'ai jamais connue ! Les noms des hommes courageux qui y auront pris part seront célébrés pendant mille ans ! Mes frères, partons en guerre. POUR CINHOL !

Il leva Meminyar au dessus de lui, et l'épée eut la bonne grâce de luire qu'une lueur dorée surnaturelle. Le cri à la gloire de Cinhol fut repris par dix-mille gorges, et dix-mille lames luisirent au soleil. Autant enivré que ses hommes, Castel caressa tendrement la fourche d'Hafodes.

- Nous rentrons au pays, mon vieil ami. Apporte-moi la gloire, comme tu l'as fait jadis.

Il rangea alors Hafodes dans sa Pokeball, qu'il plaça dans la place qui lui était réservée sur Meminyar. Puis, prenant la main d'Astarias, qui tenait celle d'un autre, et ainsi de suite, il se mit l'anneau de transfert au doigt, amenant avec lui l'ensemble de son armée vers un monde qui ne demandait qu'à être cueilli.