04: Tendre baiser nocturne
Voici le grand jour, le grand jour où les agents Lysliss et Beladonis allaient arrêter la Team Rocket qui sévissait dans la ville. Les trois criminels se terraient dans un hangar dans la périphérie d'Illumis, les deux enquêteurs avaient rassemblé une équipe et ils étaient partis pourchasser la racaille. Raphaël voulait clore cette affaire rapidement. Plus vite ça serait plié, plus vite il pourrait quitter Kalos et retrouver son appartement spacieux de Volucité et surtout oublier toute cette histoire avec Emmanuela qui commençait sérieusement à le gaver. D'ailleurs, celui-ci était parti en tête pour voir si les trois voleurs ne s'étaient pas enfuis, mais bête comme ils étaient, il y avait très peu de chances. En effet Jessie, James et Miaouss étaient tranquillement en train de ripailler, fiers de leur succès. La plus part des Pokémon qu'ils avaient volé avaient été vendus. C'est donc les poches remplies qu'ils avaient réalisé un de leur rêve les plus triviaux qui existent : se goinfrer. Ils étaient là, dans le hangar, trônant sur une pyramide nourriture, autour d'une table dressée exprès pour l'occasion, et ils s'empiffraient en riant et en discutant de façons enjouées et grossières.
- Hahaha ! Vous vous rendez compte ?! Nous sommes riches, ceci est notre plus gros succès, s'écria James la bouche pleine de Yakitori de bœuf.
- Notre SEUL succès, souligna le Pokémon Chadégout.
- Hé ho ça va Miaouss ! Pas besoin de le rappeler, s'écria Jessie. Imaginez avec tout cette argent...je serais une femme immensément belle et immensément riche, une femme extraordinaire voleuse professionnelle...
- Et moi je pourrais enfin compléter ma collection de capsules de bouteilles et surtout je pourrais m'acheter une belle villa avec piscine, maître d'hôtel et nourriture à volonté, ah...le pied ! bava James devant son rêve.
- Et moi j'achèterais ma place sur les genoux du boss, cet idiot de Persian va finir au placard, hin hin hin ! ricana Miaouss.
Dans leur banquet onirique les trois acolytes n'entendirent pas les avertissements de la police qui s'approchaient à grands pas. En effet le bâtiment était cerné. Raphaël et ses hommes bloquaient toutes les issus et Béladonis n'allait pas tarder avec les renforts. La Team Rocket semblait piégée mais ils étaient pour l'instant beaucoup plus concentrés sur leur nourriture que sur autres choses, ce n'est que Miaouss et son ouïe aguerrie qui sentirent le danger qui menaçait. Un murmure légèrement amplifié par des dictaphones lui parvinrent aux oreilles.
- Lâchez vos armes....bzzz....et rendez-vous...bzzz !
- Hé, les cocos je crois qu'on est cerné, s'exclama Miaouss un tantinet terrifié.
Le son d'un hélicoptère planant au dessus du hangar sema un vent de panique. James se leva précipitamment, s'empara de Mime Junior et de Vortente et voulut s'enfuir à toutes jambes mais Jessie lui bloqua le passage.
- OU COMPTAIS TU ALLAIS COMME CA ?! hurla-t-elle.
- Euh....aux toilettes..., répondit James d'une toute petite voix amplifiée par l'imitation de son petit Pokémon rose.
- Tout n'est pas encore perdu, il nous reste une carte à jouer, expliqua Jessie avec un petit sourire mystérieux.
- Oh non ! Si c'est encore un de tes plans où on finit au septième ciel, je m'en passerai, se plaignit Miaouss.
- JE VOIS PAS DE QUOI TU PARLES ! s'écria-t-elle.
Le bâtiment était en feu, des flammes rouges et oranges dévoraient les planches de bois qui composaient le hangar. Une lueur infernale éclairait les quais d'Illumis. Raphaël regardait la scène, sans bouger. Ainsi ils avaient été assez bête pour mettre feu à leur propre planque...la Team Rocket était donc fidèle à sa réputation. L'enquêteur n'appela pas les pompiers ou les secours pour la simple raison que le bâtiment était isolé et près de l'eau, il n'y avait aucun risque et en plus il n'y avait personne dans le hangar.
Soudain un cri le fit sortir de sa torpeur, enfin ce n'était pas un cri mais plutôt un appel au secours. Le son provenait de la bâtisse en flamme. Merde ! pensa l'homme, il fallait intervenir et cela risquait de faire tomber son plan à l'eau. Une vie était plus importante que trois pauvres voleurs en cavale. Le policier libéra son Lucario et sans rien dire il fit comprendre à son Pokémon la situation. Celui-ci devait se servir de son aura pour repérer la ou les personnes en danger. Grâce à cela, Raphaël n'avait plus qu'à suivre son Pokémon à travers ce brasier ardent. C'était plutôt facile car Lucario pouvait non seulement repérer les auras des autres être vivants mais aussi les obstacles. L'enquêteur n'avait donc aucun souci à se faire.
Le dresseur et son Pokémon se mirent à courir vers le hangar, ils enjambèrent rapidement les poutres calcinées qui bloquaient l'entrée puis se frayèrent un chemin dans cet infernal bâtiment. Raphaël, malgré ses bonnes conditions physiques, avait du mal à avancer. La fumée l'essoufflait, l'empêchant ainsi de faire de trop gros efforts. Un âcre nuage noir flottait dans l'air, bloquant à la fois la vue et la respiration. L'enquêteur sortit un foulard de sa poche et le noua autour du bas de son visage pour se protéger. La chaleur était insupportable mais Lucario lui faisait comprendre qu'ils y étaient presque. En effet, les voix rauques et pleines de fumée de trois personnes les firent comprendre qu'ils avaient atteint leur but. Ils étaient là, tous les trois, bloqués entre quatre caisses enflammées, collés au sol pour avoir le plus d'air pur possible. Une Aura Sphère du Lucario fit sauter une des caisses et le dresseur et son Pokémon se précipitèrent pour secourir les trois personnes. Lucario se saisit d'un homme plutôt grand et Raphaël mit sur son épaule une femme évanouie et son Miaouss. Ils se précipitèrent vers la sortie. Par deux fois il tomba car la fumée lui brûlait tant les yeux qu'il ne voyait pas les obstacles. La chaleur était abominable mais il fallait tenir car des vies étaient en danger, il fallait y arriver. Lucario et Raphaël se soutenaient mutuellement. Le poids des blessés se faisait de plus en plus lourd, c'était intenable. Raphaël n'en pouvait plus. Il fallait ajouter à cela la fatigue due à ses souvenirs oubliés. Il allait flancher lorsqu'il vit la lueur de la sortie. Ils y étaient presque, il fallait tenir.
Raphaël s'écroula sur le bitume, à l'abri des flammes, au bord du canal. Le corps de la jeune femme et de son Miaouss tomba de son épaule. Il reprit son souffle puis se précipita sur les deux personnes blessées tandis que Lucario allait s'occuper du Miaouss. Tous les trois respiraient et leur cœur battait. Il n'y avait aucune brûlure apparente. A la bonheur. Raphaël appela Beladonis pour savoir où il en était avec la Team Rocket. Alors qu'il téléphonait, les trois personnes se réveillèrent. Raphaël raccrocha et s'approcha d'eux.
- Que faisiez-vous ici ? demanda-t-il.
- Nous sommes journalistes, nous travaillons pour Malva du conseil des 4, expliqua la jeune femme.
- Lorsque nous avons appris que la police traquait une bande de criminelle nous nous sommes précipités sur le terrain pour saisir ce scoop...mais nous avons été piégés par les flammes, poursuivit l'homme.
- Miaoooouss ! ronronna le Pokémon.
- Bon et bien nous allons vous laisser, merci monsieur l'agent, remercia la journaliste avec précipitation.
- Vous êtes sur ? Vous ne voulez pas voir un médecin avant ? demanda Raphaël.
- Oh non ne vous inquiétez pas ! Regardez tout va bien ! Je peux étirer mes bras, bouger la jambe, respirer, pas de problème, énuméra le journaliste avec une certaine gêne. Nous allons partir, merci beaucoup, hahahah !
- Attendez ! Cette mallette est à vous ?
- Ah oui ! Merci monsieur l'inspecteur, elle contient notre script...au revoir !
Il ne faut jamais se précipiter et là, en courant, la journaliste, qui tenait la mallette, tomba dans sa course. La petite valise s'ouvrit sous le choc, libérant ainsi trois Pokéballs.
- Eh...mais qu'est ce que ? Attendez ! Revenez ! hurla Raphaël alors que les deux journalistes et leur Miaouss s'enfuyaient en courant en laissant les trois sphères rouges et blanches par terre.
Un grand cri se fit entendre sur les quais. L'enquêteur se précipita et vi Béladonis barrant la route aux fuyards. Ils étaient cernés, d'un côté Béladonis, de l'autre Lysliss et des deux autres le canal.
- Qui êtes vous ? s'écria Raphaël.
- Est-ce la victoire que j'entends...
- Non c'est bon ! Je connais votre speech, pas besoin de le répéter Team Rocket.
- COMMENT OSE-T-IL M'INTERROMPRE !! s'écria Jessie hors d'elle.
- Vous êtes cernés, dit Béladonis, vous n'avez aucune chance de fuir.
- Ca ça m'étonnerait ! s'exclama Miaouss en appuyant sur un bouton.
A ce moment les trois criminels sautèrent dans le canal mais ils ne touchèrent pas l'eau car un submersible de la forme d'un Magikarp sortit des abysses pour les sauver.
- Hahaha ! Ciao Ciao ! Bande de débiles ! ricana Jessie avant de disparaitre avec ses amis dans les entrailles du Pokémon métallique.
La Team Rocket disparut laissant Raphaël en proie à la colère, il avait échoué. Cependant les trois sbires ne risquaient pas de revenir de si tôt. L'enquêteur s'approcha des trois Pokéballs restées là et les saisit pour les rendre à leur propriétaire. Ce ne fut pas trop compliqué grâce aux données des Centres Pokémons le policier put retrouver les trois victimes de la Team Rocket.
La première était une femme. Elle habitait dans un petit immeuble près de la place Cyan, au dernier étage. Raphaël décida de s'y rendre pour cette fois, quelqu'un d'autre se chargera des deux autres. Il voulait à tout prix quitter la ville le plus rapidement possible. Il entra dans l'immeuble et gravit les escaliers en colimaçon quatre à quatre car bien évidemment il n'y avait pas d'ascenseur, sinon ce n'était pas drôle. Il arriva essoufflé au sixième étage. Il n'y avait qu'une seule porte, au moins il ne pouvait pas se tromper. Il sonna et attendit quelques secondes. La porte s'ouvrit et une jeune femme apparut. Ce n'était pas possible ! C'était un gag ou quoi ? Où était la caméra cachée ? Encore elle ! Elle ressemblait étrangement à Emmanuella. Ses cheveux caramel ondulés et ses magnifiques yeux émeraude ressortaient parfaitement bien grâce à sa peau un peu mate. Elle était sublime. Elle lui sourit tout en lui demanda ce qu'il voulait. L'enquêteur bredouilla quelques mots incompréhensibles puis tendit la Pokéball. La jeune femme hurla de bonheur, fit un baiser sur la joue légèrement barbue de Raphaël puis l'invita à rentrer. Celui-ci déclina l'invitation et partit.
Déjà il avait la tête qui tournait, la descente des escaliers était impossible. Il s'adossa au mur de la cage d'escalier pour reprendre son souffle. Il passa sa main sur son front brûlant et trempé de sueur. Les vertiges reprenaient. Les souvenirs oubliés resurgissaient à nouveau.
* *
Port-Tempères, 12 ans auparavant.
Le carnaval de Port-Tempères est l'un des festivals les plus reconnus du monde. Des habitants de toutes les régions viennent assiter à cette débauche de couleurs, d'odeurs, de sensations et aussi de mœurs. La fête dure trois jours, trois jours intensément arrosés et où les masques et les costumes sont rois, trois jours où tout le monde danse et rit dans la rue. L'agent Lysliss participe lui aussi aux festivités mais dans le but d'enquêter sur la Team Flare. Le jour même où il arrive en ville, son ami Béladonis vient le retrouver.
- Hey Lysliss, je savais que tu viendrais ici ! La Team Flare organise une fête sur un des yachts amarrés au quai, tu devrais aller y jeter un coup d'œil. Mais surtout, je ne sais pas si ça t'intéresse mais ton amie Emmanuela Grimaldi est ici.
- Merci pour toutes ces infos mon ami, remercie Raphaël avant de disparaître dans la foule.
La nuit tombe peu à peu, tous se préparent aux festivités, masque, costumes, parures, tout le monde se déguise et se fait beau. Raphaël se renseigne un peu et apprend qu'Emmanuela sera avec son mari à une fête organisée par un riche habitant de la ville dans une villa au bord de la falaise, puis tout le monde se retrouvera dans la rue, sur les quais. Il pourra essayer de la retrouver sur les quais. Il sait que son histoire avec elle est terminée, qu'il faut tourner la page, qu'il faut continuer, mais il aimerait tellement la revoir, sentir à nouveau ses lèvres sur sa bouche, sentir ses bras qui s'entourent autour de sa taille. Hélas, elle ne voudra surement pas qu'elle l'approche, mais ce soir tout le monde sera masqué et déguisé, personne ne le reconnaîtra, pas même elle, il pourra donc facilement se faire passer pour Alfred. Raphaël prépare son plan, il a réussi à se dégoter une invitation pour la soirée dans la villa de la colline, là, il glissera une lettre dans la poche d'Emmanuela, lui donnant rendez-vous dans un petit jardin donnant sur les quais, il se fera passer pour son mari. Tout semble parfait.
Le soleil disparaît peu à peu dans la mer la colorant de rouge et d'orange. Il est temps d'y aller. Il met son masque de carnaval et son costume. Il ressemble désormais à un gentilhomme du 17ème siècle dans son habit vert, ses hauts de chausses et ses escarpins. Parfait pour entrer dans cette fête. Il va à la gare, prend le funiculaire au milieu de nombreuses personnes toutes dans des costumes plus beaux que les autres. Un véritable défilé temporel et spatial. Au bout de dix minutes ils arrivent en haut, Raphaël marche d'un pas calme et sur vers la villa de la colline.
Dans un magnifique jardin de nombreuses personnes dansent et discutent. Des lanternes multicolores éclairent la terrasse et la rendent encore plus belle au milieu de tous ces costumes et ces fleurs. La maison blanche avec des volets bleus donnent sur la mer, le jardin s'étend jusqu'au bout de la falaise où les couples les plus romantiques aiment se promener loin de l'agitation. Au milieu des lys et des roses Emmanuela discute avec des personnes, un verre à la main, elle est toujours aussi belle. Sa robe dans le style renaissant met parfaitement ses formes en valeur et surtout sa beauté. Raphaël s'approche d'elle, la salue d'une révérence et sans dire un mot l'invite à danser. Celle-ci se laisse entraîner par la musique. Le jeune homme regarde l'amour de sa vie à travers son masque, elle ne peut le reconnaître, elle ne peut l'approcher mais c'est sans doute mieux comme ça. Il danse avec elle pendant un bon quart d'heure puis sans éveille ses soupçons il glisse la lettre dans la poche de la jeune femme avant de disparaître dans la foule comme à son habitude. Celle-ci reste quelques instants seules puis ouvre la lettre :
»Emmanuela,
Retrouve-moi au jardin du phare pour que nous soyons tranquilles, je t'attends avec impatience.
Ti amo amore mio. »
La jeune femme referme la lettre et quitte la fête pour retrouver celui qu'elle pense être son mari. Le jardin du phare se trouve au bord la mer et est un des endroits les plus paisibles de la ville. De nombreuses plantes côtières, résistantes au sel, y poussent. Au bord d'un étang, des Gunneras, des pivoines et des azalées décoraient le lieu où un petit banc de pierre servait de refuge aux amoureux. Emmanuela attend quelques instants avant de voir apparaître Raphaël toujours déguisé et masqué. Celui-ci s'approche t'elle, saisit sa main et la fait danser quelques instants avant de la plaquer contre un mur et de l'embrasser passionnément. Celle-ci se laisser faire, heureuse et amoureuse. L'enquêteur relâche un peu son étreinte et la jeune femme a à peine le temps de dire quelques mots.
- Mais...Alfred ! Depuis quand es-tu si romantique..., elle ne put achever sa phrase car déjà Raphaël revenait à la charge.
Il relâche encore une fois son étreinte et dans un long soupir de plaisir Emmanuela étend les mains et ôte le masque qui couvrait le visage de son amant. Elle le fait tomber sous la stupeur.
- Oh ! Raph !? Tu peux me dire ce que tu fais ici ? Comment oses-tu..., s'écria-t-elle pleine de colère.
- Chut Emmanuela, calme-toi...
- Me calmer ? Ca fait sept ans que je ne t'ai pas revu !
- Je sais...mais j'avais peur que tu ne viennes pas si...si je te le demandais.
- C'est absolument vrai, j'aurais refusé ! Raph, la dernière fois aussi tu m'as embrassée dans une ruelle ! Tu crois que tu peux te pointer toutes les décennies et m'embrasser comme ça ? Tu ne m'as pas dissuadé de me marier !
- C'était mon choix. Il t'aimait.
- Je me contre fous de ce qu'il pouvait ressentir...c'est TOI que j'aimais, sa voix commençait à changer, à se calmer et à s'emplir de tristesse. Tu as eu ta seconde chance, je t'en prie Raphaël, n'essaie plus jamais de me revoir.
Emmanuela tourne le dos à Raphaël et s'en va rapidement pour ne pas montrer les larmes de peine d'un amour perdu, les larmes d'un cœur brisé. Elle l'aimait mais lui n'avait pas l'air de s'en rendre compte. Ce n'est pas en faisant une déclaration tous les sept ans qu'on renoue des liens. Pourquoi n'avait-il pas empêché ce mariage ? La jeune femme pleura, elle n'est pas heureuse.
Pendant ce temps, Raphaël est resté figé dans ce jardin. Sa soif de vengeance, son envie de détruire la Team Flare avait-elle pu l'empêcher de voir les choses essentielles ? A cause de cela, à cause de cet amour perdu, le jeune homme avait encore plus envie de détruire à tout jamais ces criminels.
**
Raphaël se releva. C'en était trop, ce souvenir était trop douloureux, il devait quitter la ville pour ne pas revivre cela une troisième fois. C'était décidé, dès demain il fera ses adieux à Illumis.
A suivre....