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Le Projet Wallace de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 15/05/2014 à 19:52
» Dernière mise à jour le 15/05/2014 à 19:52

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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068 - Ground Control to Major Tom
« Les innovations sont presque toujours le fait d'explorateurs individuels ou de petits groupes, et presque jamais celui de bureaucraties importantes et hautement structurées. »
(Harold J. Leavitt)

« Un psy s'paierait du bon temps dans ma tête !
S'il entendait tout c'que j'viens de dire comme boulettes !
L'obsession est une bombe qui mène droit à la tombe !
Alors je ne ferais plus de confidences !

On s'fout pas mal de tout ce que je porte de tout ce que je pense !
Je pourrais moins m'casser l'tronc tout le monde s'en balance...

Mais bluffer collègues et amis !
Comment mieux finit sa vie ?
Au moins faut quitter l'existence dans l'élégance ! »

(Daria, Episode 307)



- Comme vous pouvez le constater, c'est une proposition sans appel. Je n'irais pas jusqu'à dire que vous n'êtes pas en position de refuser mais ce serait préférable que vous acceptiez !

Jeffrey plissa les yeux. Roland Smirnoff était là, devant sa maison, devant son lac, accompagné par Dimitri et Arlène. Jeffrey louchait sur Arlène qui leva les yeux au ciel.

- Ecoutez-le, sinon je vous étouffe avec mes gros seins hypnotiques… grommela la rousse.
- M'en voulez pas, je fantasme sur les femmes enceintes !

Arlène se tint le ventre.

- Bas les pattes ! grommela la rousse.
- C'était ma réplique ! souffla Dimitri.

Jeffrey regarda le petit couple derrière Roland et soupira.

- Baaaah… Ça m'embête un peu, d'un côté ça me tente d'aider mon neveu en quelque sorte. D'un autre côté, vous êtes un peu en train de me menacer, là…
- Pas du tout ! sourit Roland. Vous nous aidez, et en échange, on ne fait pas saisir les biens de votre famille !
- … C'est du chantage ! souffla Jeffrey.
- Il a raison… marmonna Dimitri, gêné.

Roland leva les yeux au ciel, exaspéré par le pouvoir des bons sentiments.

- Nous avons besoin de votre aide, monsieur Houston. Vous êtes proche de l'un des élèves donc nous savons que vous mènerez votre tâche à bien sans nous trahir comme une certaine grosse pute.
- C'est beaucoup plus compliqué ça et tu le sais. Fais confiance à Pablo ! grommela Arlène.
- Ouais, ouais… Bon, vous acceptez ou j'appelle les huissiers ?

Jeffrey soupira.

- C'est dangereux, votre truc…
- Potentiellement, mais vos capacités de combat sont plus que convenables et donc je suis tout à fait certain que vous remplirez la mission sans souci aucun.

Jeffrey souffla.

- Très bien.
- Bon. Je vais vous donner plusieurs éléments, certains messages à transmettre à la classe par divers moyens, par pure mesure de sécurité. Vous aimez les pornos ?

Jeffrey grimaça et regarda Dimitri qui agita la tête.

- Bah… ouais, comme tout le monde !
- Super ! Ça va être encore plus drôle ! Le but, c'est également de s'amuser un peu, nan ?
- Avant ou après que vous ne menaciez de saisir les biens de ma famille ?
- Ca vaaaaaa, rhololo, je suis nul pour aborder les gens, tu vas pas commencer hein ! Quand on me connait, je suis super sympa. Et pis on se tutoie, hein, vous avez l'air d'être le genre de personne qui tutoie !

Jeffrey souffla, à moitié gavé.


***

- Il a juste pris ses affaires et il est reparti… Je ne le comprends pas… souffla Margaret.
- Y'a rien à comprendre, il est juste fainéant, il en avait marre de bosser… Il a démissionné, voilà tout… souffla Carl.

Wallace semblait un peu éteint. Lindsay mangeait en envoyant des SMS. Elle regarda son frère.

- Pourquoi t'appelles pas tes potes ?
- Ils ont tous des trucs prévus…
- Ton copain ?

Margaret et Carl regardèrent Wallace qui les regarda.

- J'ai pas de copain !
- Avec tout ce que tu ramènes à la maison, t'as pas de copain ? s'étonna Lindsay.
- Je suis un célibataire épicurien, tu peux pas comprendre, mademoiselle « Je m'engage corps et âme à rester vierge jusqu'au mariage » !

Carl leva les yeux au ciel.

- Dire que ça m'avait manqué…
- Les enfants, du calme. Lindsay, ton frère aura un copain quand il se sentira prêt. Wallace, ta sœur fait ce qu'elle veut, nous ne l'obligeons à rien.
- Sauf à pas sortir avec n'importe qui, mais ça c'est normal, tu es une fille ! admit Carl.

Lindsay leva les yeux au ciel. Wallace secoua la tête. Il reçut un SMS.

[Je préfère prévenir quelqu'un, mais voilà, je pars pour le 13 rue de la Providence.
Bon week-end.]

Wallace haussa les sourcils et regarda l'heure.

- Faut que j'y aille.
- Wallace, on est en plein déjeuner !
- Non mais euh…
- Faut que j'y aille, c'est tout !

Wallace se rua vers sa chambre et prépara un rapide sac, puis il sortit par sa baie vitrée et fonça vers la gare routière.

« Putain, putain, putain mais quelle grosse conne ! »

Arrivé là-bas, il trouva… Helen, sous l'arrêt du car. Il haussa les sourcils. Elle se mordilla les lèvres.

- J'aurais dû m'en douter…
- Vous êtes sérieuse ?
- Curieuse, plutôt… marmonna Helen.

Wallace soupira et s'assit à côté d'elle. Helen inspira.

- Il fallait que j'y aille au plus vite.
- Normal, le samedi midi… Heureusement que vous m'avez prévenu !
- Je voulais juste que quelqu'un sache où j'étais, au cas où. J'aurais préféré y aller seule.
- Bah voyons. Mais putain, vous êtes sacrément neuneu quand même ! Si vous croyez que je vais vous laisser aller seule dans un truc qu'on sait même pas ce que c'est…
- D'après Google Maps, c'est un adorable petit immeuble résidentiel !
- Mouais… Ça peut être un gros traquenard aussi, vous pourriez être capturée et tout !
- Oh, ça aurait pas été si grave…
- Arrêtez de dire des conneries !

Helen soupira.

- Je sais que j'ai été moins présente ces derniers temps, pour toi, pour tes amis, même…
- C'est pas grave… souffla Wallace.
- Et… sortir avec ton oncle était, avec le recul, une erreur…
- Non, vraiment ? Vous plaisantez, je me faisais une joie ! soupira Wallace, cynique.
- Arrête d'être méchant, t'avais jamais été comme ça avec moiiiiii ! geignit Helen.

Wallace soupira.

- J'ai simplement constaté que… depuis que ça va mieux avec ma mère, vous êtes moins mère poule avec moi !
- Bah normal, tout va bien dans ta vie ! Je dois être ce genre de grosse nouille qui aime bien aider les gens mais qui se lasse quand les problèmes des gens sont résolus !

Wallace plissa les yeux.

- Vous êtes sérieuse, là ?
- Un peu… Je sais, je suis bizarre !
- J'sais pas. Avec Tristan, j'ai résolu ses problèmes, en quelque sorte, mais je sais pas, j'ai toujours envie de savoir ce qui se passe dans sa vie…

Helen haussa les sourcils.

- Ah, ça continue cette histoire-là !
- Bah ouais… J'sais pas trop ce que je veux avec lui. Au refuge de montagne, on avait dormi ensemble, vous vous souvenez…
- Je me souviens surtout des regards choqués de Tino, Benjamin et Orson, ainsi que de Christina toute contente de vous voir tous les deux en sous-vêtements sortir du même lit !
- Ouais, ras le bol nous les gays d'être une distraction pour la populace…
- Vous aviez dormi ensemble, et ensuite ?
- Bah… J'aime bien dormir dans la position de la cuiller, alors on a dormi dans cette position.

Helen hocha la tête.

- Hm, mouais, j'suis pas certaine…
- Bah moi j'ai pris l'habitude avec mes plans d'un soir, et… Bah… J'étais bien avec lui.

Helen sembla toute énamourée. Wallace grimaça.

- Putain, vous êtes sérieuse, là ?
- C'EST TROP MIGNOOOOON !!!
- Mais nan, merde… J'veux pas sortir avec lui !
- Je vous shippe à fond les ballons !! Vous feriez un tellement beau couple !
- Ouais, pendant cinq minutes, jusqu'à ce que je saute sur un autre mec, jusqu'à ce qu'il veuille qu'on s'engage sérieusement, jusqu'à ce que je veuille coucher mais que lui veuille pas, jusqu'à ce qu'il veuille que je sois plus romantique et que je pourrais pas… Ça va pas marcher !

Helen agita la tête. Wallace soupira.

- Mais il sent bon et il a la peau douce… Et j'arrête pas d'y penser quand je le regarde !

Helen écarquilla les yeux. Wallace regarda Helen.

- J'suis con, hein ?
- Un peu beaucoup mais je suppose que ça se soigne !
- Vous vous êtes jamais posé ce genre de question, vous ?

Helen inspira.

- Je crois que Holland me manque.
- Ah ouais ?
- Ouais… Alors que j'étais sûre de ne pas être investie sentimentalement…
- Ça arrive, je suppose… Pis bon, six mois de relation c'est méga long quoi !
- De notre point de vue, oui.
- Vous comparez pas à moi, m'dame, soyez pas si dure avec vous-même !
- Ton oncle trouvait que je te ressemblais sur ce point !
- Mais nan, vous êtes vachement plus sage que moi, si vous aviez mon appétit sexuel, vous auriez au moins quinze gosses !

La vieille à côté d'eux les regarda, outragée.

- C'est pas faux. M'enfin tu te protèges, nan ?
- Ouais bien sûr. Pas tout le temps…
- Wallace Gribble !
- Bah des fois, dans le feu de l'action… C'est super relou, faut que je me démerde à chaque fois pour faire des analyses, gros stress, arrêt des plans culs…
- Mon pauvre biquet ! sourit Helen.

Le bus arriva. Helen et Wallace grimpèrent.

- Et ton ticket ?
- Y'a jamais de contrôles !

Helen soupira.

- Deux tickets pour Volucité, s'il vous plait !

Le conducteur acquiesça. Helen alla s'asseoir avec Wallace.

- Laisse la place aux personnes âgées !
- Elles vous la laisseraient pas, à vous !
- Normal, je suis jeune !
- On s'en tape, pis j'suis vanné et j'ai faim, vous m'avez texté en plein repas de midi…
- Moi j'ai pris une salade à l'épicier en bas de chez moi !
- J'verrais si j'peux pas me prendre un macdo sur la Place de la fontaine.
- Wallace, ce n'est pas très diététique…
- J'ai un métabolisme d'enfer, et pis si je fais mon petit sport chaque matin, tout va bien !

Helen leva les yeux au ciel.

- J'aimerais que ce soit aussi simple pour moi…
- Excusez-moi…

Wallace regarda la vieille qui demandait la place.

- Voyez pas qu'on discute ?

La vieille dame fit de gros yeux et chercha une autre place. Wallace soupira.

- Vous êtes parfaite, madame, j'sais pas comment vous faites mais vous êtes très bien !
- J'ai du ventre, pas de hanches…
- Vous avez de jolis seins !
- Merci, oui, c'est vrai que de ce côté-là, j'ai pas à me plaindre ! Après, toute nue, c'est pas pareil.
- Oui pis bon, vous les hétéros, c'est tellement chelou la façon dont vous faites ça… J'veux dire, de mon point de vue d'homo, le sexe c'est un truc facile, du votre, c'est super osé voire honteux d'avoir des rapports sexuels en toute liberté !
- Eh bien d'abord il y a les très pesantes conventions posées par le mariage. Un couple hétérosexuel a un but, faire des enfants, fonder une famille. Ça joue beaucoup, ça aussi, un homme et une femme doivent se préparer psychologiquement à avoir éventuellement des enfants avant chaque rapport.
- J'avoue, putain, la galère…
- Si les femmes avaient un bouton On/Off pour leur utérus, les choses seraient beaucoup plus simples !
- Ouais ou alors vous faites juste par derrière !
- Alors ça Wallace, c'est quelque chose que vous les hommes ne pouvez pas comprendre : On a déjà une porte de devant, pourquoi forcément passer par la porte de derrière ?
- Pour pas faire de gosses !
- C'est pas si évident. Et là encore la société nous dit : Pas de ça, c'est sale, celles qui le font sont des salopes, etc.
- Ouais…
- Merci le patriarcat qui interdit aux femmes le plaisir quel qu'il soit ! admit Helen.
- Mouais… N'empêche que cette limitation de votre liberté sexuelle, globalement, ça nique tout. Combien d'hétéros j'ai croisés dans des backrooms juste parce que leur nana leur faisait pas ce qu'il fallait à la maison !
- Exactement, les restrictions sexuelles poussent la société à des comportements discrets et déviants. En fait on peut dire que les diocèses et les dogmes sur la sexualité ont encouragé à une « sexualité souterraine », libérée des contraintes morales…

Helen soupira.

- Ca me rappelle à quel point Holland était mignon quand on faisait l'amour…
- Merde. J'me suis presque jamais dit qu'un mec était mignon pendant l'amour.
- Qu'est-ce que tu te dis ?
- J'sais pas, des trucs du genre « C'est bon », « Ça fait du bien », « C'est un bon coup »… Ou l'inverse !
- Le plus vieux avec qui tu as couché ?

Wallace inspira.

- J'ai déjà fait des trucs avec un mec qui devait bien avoir 70 piges.
- Oula… Plus jeune ?
- 14 ans, mais j'avais le même âge.

Helen agita la tête.

- Bien !
- Et vous ?
- Je suis ta prof, Wallace !
- Et pis, on parle de cul !
- Comme d'une généralité, rien d'aussi précis !
- Ok ok je reformule : Combien de mecs dans votre vie ? De bonnes grosses relations sérieuses, je parle ! Ayant éventuellement impliqué du sexe !

Helen inspira.

- Quatre. Holland, ton oncle, un type bizarre rencontré en vacances et le mec qui m'a dépucelée.
- J'veux savoir, j'veux savoir !
- Alors là, non, hors de question que je te dise ça ! Qu'est-ce que c'est moche, Maillard !

Wallace regarda par la fenêtre.

- C'est genre des entrepôts réhabilités en logement… J'avais lu une critique dans un magazine d'architecture qui disait que cette ville était aussi agréable à regarder que du vomi sur du caca le tout mariné dans de la pisse sur fond de maladie scrofuleuse.

Helen grimaça.

- Un peu exagéré, nan ?
- J'crois pas, regardez-moi ces box peinturlurés… Artie est vraiment une grosse bouse.
- Certes, son talent est un peu surévalué…
- Les gens vont dans ses expos juste parce qu'il est champion d'arène, et comme c'est le seul débilos à savoir gérer une ville comme Volucité, bah…
- Les aléas de la politique, Wallace… Combien de leaders minables mais en place quand même ai-je traité avec vous en cours…
- Pourquoi les gens sont aussi cons pour choisir leurs leaders ?
- On ne leur laisse pas le choix, Wallace. Regarde, la démocratie à un niveau européen. Qui a la possibilité de se présenter aux élections présidentielles ?

Wallace plissa les yeux.

- Virtuellement tout le monde, nan ?
- Certes. Mais les conditions pour y parvenir sont incroyablement difficiles et ironiques. Il te faut 500 signatures de maire pour te présenter à une élection présidentielle en France.

Wallace plissa les yeux.

- Un maire, c'est…
- Le représentant local d'une ville, c'est un peu comme nos champions d'arène, sauf qu'il y en a plus, et qu'ils n'ont pas d'obligation de combattre.

Wallace acquiesça.

- Ouais, en gros c'est… quasi impossible pour le premier couillon venu.
- A la base, c'est fait pour éviter que « N'importe qui » puisse se présenter. Seulement, c'est cela, la démocratie, permettre à n'importe qui de devenir dirigeant si tant est qu'il est choisi par la majorité populaire. Regarde à Poképolis, nous avons fait élire le président de l'association, Roland Smirnoff, qui n'est absolument pas un politique, a pu se présenter et être élu !
- Oui mais…
- On en arrive au second point : L'argent. Etre élu demande beaucoup d'argent, il faut élaborer une campagne médiatique, un programme solide, être convaincant, être reçu dans des émissions de télévisions pour la plupart à la solde du pouvoir en place, c'est incroyablement difficile. Le point ironique, c'est qu'en France par exemple là encore, alors que le marché de l'emploi est vérolé par une offre de plus en plus obnubilée par l'expérience des futurs employés, la démocratie oblige les candidats au poste de dirigeant à avoir l'approbation des maires. On pratique le copinage jusque dans le système qui permet de choisir ceux qui doivent être élus, et cerise sur le gâteau : On les oblige à être riches et cultivés. Le bas peuple n'a AUCUN moyen d'être élu à moins d'être né au bon endroit et d'en passer par les étapes voulues par les puissants. Les privilèges sont très loin d'avoir été abolis en France, quoi que veuille bien dire la révolution de 1789, et le pouvoir a de très, très fortes ressemblances avec une vulgaire monarchie vaguement électoraliste, car c'est en réalité une poignée de gens seulement qui a la possibilité d'accéder à ce poste. Certes, diriger un pays demande que seuls des gens compétents s'en occupent, mais ça n'est même pas le cas, la poignée de gens qui peut être élue est juste là pour être élue, en France, une personne qui n'y connait rien en médecine ou qui ne pratique pas la moindre activité physique peut être élue ministre de la santé et des sports, et ainsi régenter les codes d'un univers qu'elle ne connaît pas, mais qu'elle apprendra à connaître sur le tard, ce qui est absolument inouï vu de l'extérieur. Aux Etats-Unis, la soi-disant nation la plus démocratique du monde, le système des grands électeurs est la chose la plus ridicule qui soit. C'est un peu comme si les membres de notre congrès élisaient le maître du conseil.

Wallace acquiesça.

- Mais c'est un peu la même merde à Poképolis, nan ?
- Bien sûr ! Le système consistant à choisir forcément le plus fort plutôt que le plus sage est ce qui a valu à Poképolis ses nombreuses guerres. Notre système ultra belliciste basé sur le combat et la prise de pouvoir par la force est totalement contreproductif. Le système des champions d'arène serait totalement à revoir, le découpage en régions aussi… C'est pour ça que Roland Smirnoff a perturbé autant les choses, c'est parce qu'il a dit « Bon, moi je vais être plébiscité et je vais vraiment faire quelque chose pour faire avancer ce pays, quitte à faire chier mon monde ». Son action a amené de nombreux politiciens d'ici à réfléchir à leur façon de diriger, et nos gouvernements actuels sont plus sages que puissants. Du moins au moins pour Johto et Hoenn.

Wallace hocha la tête.

- C'est bien, j'ai droit à un cours personnalisé un samedi…
- Ah bah c'est ça ou je faisais cours à Preston.
- Z'êtes super bizarre…
- Bah voyons, c'est toi qui me dis ça ?
- Bah ouais ! Ah ça y est, on traverse le pont !

L'élève et le professeur observaient le paysage.

- On s'croirait en voyage itinérant… marmonna Helen.
- J'sais pas si j'aurais aimé en faire un… Avec ma chance, je serais tombé sur deux meufs…
- Et alors ?

Wallace regarda Helen en agitant la tête. Helen plissa les yeux.

- Tu sais, les histoires d'amour en voyage itinérant sont extrêmement rares !
- C'est pas ce que dit Internet.

Helen plissa les yeux.

- C'est-à-dire ?
- Bah y'a un site d'histoires de voyages itinérants, et je sais pas si tout est vrai, mais si certaines sont vraies, c'est méga giga ultra glauque.

Helen grimaça.

- Il y a eu quelques sombres affaires… Elèves perdus, professeurs décédés, élèves décédés…
- Dur…
- Violences, physiques comme sexuelles comme morales, harcèlement, mutilations, accidents, vols, cambriolages, meurtres de tiers…
- La vache… Et ils avaient le temps d'apprendre des trucs ?
- La plupart du temps c'était une réussite, ce dont je te parle représente environ 2% des voyages, mais c'est déjà trop !
- Ouais… Vous en aviez fait, vous ?
- Je n'étais pas Poképolite quand l'âge m'y autorisait. Et je suis devenue prof trop tard pour ça.
- Ah oui. Y'a des fois ou vous avez envie de vous re-consacrer à l'archéologie, tout ça ?
- Je pense qu'après la fin de votre cycle, je vais reprendre ça, ouais.

Wallace s'étonna. Helen agita la tête.

- On n'a qu'une vie, après tout, nan ?
- Hm.
- Prof c'est cool mais bon, bourlinguer à travers le monde, chercher des trésors, des vieilleries… C'est vrai que ça me manque. Pas étonnant que j'y retourne à chaque vacance.

Wallace sourit. Helen sembla nostalgique alors qu'ils quittaient le pont.

- On est bientôt arrivés.
- Hm…
- Dites… J'dis pas ça parce que je pense que c'est vrai, hein, mais… Vous avez pensé au fait que mon oncle était peut-être sorti avec vous parce qu'on l'avait obligé à le faire ?

Helen fit de gros yeux.

- Nan !
- … ah merde…
- Comment tu peux avoir des idées aussi tordues ?!
- Je m'appelle Wallace Robin Gribble, j'ai 17 ans et demi et je suis pédé comme un foc !
- Oh… Eh bien non, je n'y ai pas pensé, mais merci de m'avoir mis cette idée de merde en tête, maintenant je ne vais plus penser qu'à ça !
- De rien, à votre service !

***

- Tu m'as abordé comme une grosse merde, mais ton plan et ses objectifs me conviennent, au final.

Jeffrey et Roland discutaient dans un grand salon en partageant un vin blanc. Roland acquiesça.

- Comme je te l'ai dit, grosse merde pour aborder les gens. Toujours.
- Ouais… Bon, si c'est pour aider mon neveu, j'accepte à fond les ballons.
- C'est quel genre de garçon, ton neveu ?

Jeffrey inspira.

- Il est gay…
- Bon sang, ma vie doit être sponsorisée par cette communauté de merde… soupira Roland.
- Il te ressemble un peu, il est fougueux, vivace, très débrouillard, cynique mais fondamentalement gentil… Drôle… C'est un bon combattant…
- J'ai vu ça, putain…
- Le tournoi, c'est ça ?

Roland acquiesça.

- Sacré putain de badass, ton neveu.
- Ouais, hein… Devine qui lui a appris à se battre !
- Sérieux ? Pourquoi tu fais pas prof de combat direct ?
- Trop flemmard… Même là, le fait de devoir donner des cours, comment ça va me gaver ! soupira Jeffrey.
- J'te les donnerai, c'est juste prof de fondamentaux, je vais supprimer ces cours de merde pour les élèves à partir de 16 ans, ça va faire gueuler les conservateurs mais tant pis.
- A propos de ça… Pourquoi tu veux que j'écarte ce… Holland Tenorman ?

Roland inspira.

- J'en ai besoin.
- Tu en as besoin ?
- Déjà, lui et moi on s'est déjà croisés, nos destins sont liés, et tout, donc ce sera plus facile pour l'aborder.
- Sans le menacer ?
- Voilà. Ensuite, il est une pièce primordiale de mon plan. Tu dois à tout prix le faire partir, virer, démissionner par tous les moyens. Sans trop de violence quand même.

Jeffrey hocha la tête.

- J'trouverai bien une ouverture.
- Avant la fin de l'année si possible.
- Okay.
- Bon. Plus vite tu y arriveras, mieux mon plan marchera. Ensuite… Je veux des détails sur la vie des élèves, alors efforce-toi de te rapprocher d'élèves un peu faibles ou influençables. Pas les geeks ou les sportifs !
- Vous les connaissez déjà ?
- Un peu, on a fait diverses recherches. Surveille plus spécifiquement… Francis Zuckerman et Tristan Edison, ce sont deux cas particuliers. Oh et aussi la petite Amélia Levy.

Jeffrey haussa un sourcil. Roland inspira.

- A moitié débile, famille ultra riche, un peu paumée… Cible facile pour le camp adverse.
- Je vois.
- Bon… A part ça, mène une vie normale avec ta famille et tout…
- Hm… J'ai un petit souci à régler entre ma sœur et son fils, mais ça va être vite fait…
- Comme tu veux, ça m'regarde pas. Encore que si, donc tu me notifieras les détails des conséquences. La seule chose c'est que tu ne dois pas bousiller ta couverture avant que tous les objectifs ne soient accomplis. Le proviseur de leur école est un beauf débile qui lèche le cul de Direction Dresseurs et suit les directives de Truce sans discuter, donc il ne se posera aucune question quand tu seras recommandé expressément par l'association. C'est à peine s'il regardera si tu es qualifié pour ça.

Jeffrey hocha la tête.

- Oh, et ne donne pas d'informations trop précises à ton neveu sans passer par les moyens que je t'ai octroyé. Par exemple évite de dévoiler leurs noms de codes. On est en train de préparer le box 602, même si ce serait très étonnant qu'ils observent à ce point les pornos…
- Si mon neveu est dans le coup, ils le feront ! sourit Jeffrey.
- Bon à savoir. Et ça laissera du temps à Jackson. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de leur donner autre chose comme infos.

Jeffrey acquiesça. Quelqu'un sortit de la salle de bains, un homme brun vêtu seulement d'une serviette.

- La douche est libre !
- SACHA, PUTAIN, SORS DE CETTE FOUTUE PIECE AVEC DES FRINGUES SUR TOI, MERDE, ON A UN INVITE !!
- Ce genre de phrases, ça fait très gay… marmonna Sacha Ketchum.
- Ouais bah c'est pas ma faute si je suis obligé de me cacher chez toi à cause de ce connard de Truce !
- Tu aurais pu aller vivre avec ton meilleur ami ou ton ex-femme !
- HAHAHA ! Mon meilleur ami a une famille et mon ex-femme me conchie ! Gros teubé ! Pffffffff ! L'autre qui croit que tout est simple !
- Tu craches ni sur la chambre d'amis, ni sur les soirées bière !
- VA CHIER !

Jeffrey sourit.


***

« Providence – Volucité Sud. Faites attention à la marche en descendant du bus »

- Nous y voilà…
- Faut remonter la rue là-bas.

Helen s'étonna.

- Tu avais planifié le trajet ?
- Tristan m'a envoyé la destination exacte par SMS hier.
- Ah, alors vous papotez par SMS !
- Nan il me l'a envoyée de lui-même… J'étais presque certain qu'il était chez son mec.
- Il a un mec ?!
- Bah oui. Je l'ai un peu poussé à faire des rencontres.

Helen leva les yeux au ciel.

- Tu lui as trouvé un nouveau papa.
- Voilà, en gros c'est ça.
- Parce que tu ne voulais pas l'avoir à charge, en fait… Sauf que tu l'aimes !
- Nan. Je me suis attaché à lui, nuance.
- Oh bah la nuance, elle est faible !
- Dit la meuf qui s'est attachée à Holland Tenorman, quoi, le mec le plus banal et le plus useless sur cette terre !

Helen frappa Wallace.

- OUCH !
- M'appelle pas Meuf !
- Menteuse, vous m'avez frappé parce que j'ai parlé en mal de l'homme de votre vie, celui qui va vous faire trois gosses et tout le toutim !
- Ah mais non, beurk, beurk !! Retire ça !
- Que dalle, c'est vrai !
- Alors je ne retire pas le fait qu'une part de toi aime Tristan !
- Si vous voulez, je m'en tape. Je sais que je l'aime pas. De cette façon-là, du moins.
- Eh bien moi je sais que je n'aime pas Holland, non, c'est juste qu'il est comme un doudou pour moi, j'aime le serrer dans mes bras et sa peau est si douce et il sent bon…

Wallace poussa un gros soupir.

- On est hors de la classe donc je crois pouvoir vous dire que vous êtes une grosse connasse.
- Et toi tu es un grossier petit salopard !
- Merci. J'vous en voulais pas pour mon oncle.

Helen s'étonna et se retourna vers Wallace.

- C'est-à-dire ?!
- Bah… J'vous en voulais pas de sortir avec… J'trouvais ça nul pour vous parce qu'au fond il est pour ainsi dire pire que moi en termes de relationnel…
- Dans un sens ça m'a convenu… C'était juste du sexe, du copinage et de la bonne rigolade de temps en temps… mais au fond, Holland me manquait, même quand j'étais avec lui. Il ne l'a pas remplacé, du tout… Et j'ai eu tort de faire du mal à Holland à cause de ce type.
- Z'êtes conne, z'êtes conne, vous y pouvez rien… Macdo !
- Tu as si faim que ça ?
- Moi les expéditions de merde, ça creuse. Pourquoi vous y êtes pas allée en bagnole au fait ?
- La flemme.

Wallace plissa les yeux.

- Nan, vous vouliez que je vienne avec vous, mais vous vouliez pas passer me prendre, alors vous m'avez envoyé un message à l'arrêt de bus.

Helen serra les dents.

- Tu me connais si bien que ça ?
- Vous êtes aussi douée que moi pour ce genre de trucs, vous savez, ressentir des trucs, pas les dire et passer par des moyens détournés pour les exprimer !

Helen leva les yeux au ciel.

- Je voulais que tu viennes avec moi, j'aurais eu les foins toute seule !
- On sait même pas ce qui nous attend… Je prends sur place, hein.
- Quoi ? Ah mais non !
- Si si. Faut que je donne à bouffer à mes loustics en plus.

Helen leva les yeux au ciel. Wallace plissa les yeux en tapotant sur la borne dans le fastfood.

- J'aime pas parler aux caissiers, ça me gonfle, pis y'en a pas un seul de mignon.
- Oh bah tiens…
- Quoi, on a tout notre temps, y'a pas de presse ! Vous prenez un truc ?
- Je vais bien être obligée… Heeeey ce truc est hyper calorique !
- Heeeeey, je mange que de la merde et j'grossis pas d'un pouce ! Vous voulez quoi ?
- Hors de question que tu m'invites !
- J'ai eu une prime, j'ai assuré presque toutes les nocturnes.

Helen s'étonna.

- Tu bosses toujours…
- Yep.
- Ces nocturnes…
- Je fais les fermetures, à 2h du mat le week-end et tout.
- Ça t'empêche de coucher avec n'importe qui !
- Je le fais en semaine, ça.
- Oh.
- Planning, planning, madame…

Wallace s'étonna alors qu'Helen passait sa commande séparément de Wallace.

- Quoi ?
- Rien, je pensais que ton affection pour Tristan avait ralenti le rythme de tes coucheries.
- Pas vraiment. Raison de plus pour pas sortir avec lui, je suis pas assez à fond sur lui pour arrêter de coucher.
- Quel dommage !

Wallace soupira.

- Vous êtes bien une nana…
- Mais vous seriez tellement mignoooooooons !
- Mais rien à foutre, j'veux pas !
- Tu es vraiment un gros égoïste ! Ton couple mettrait du baume au cœur à tout le monde ! Tu as vu à quel point tes camarades sont moroses en ce moment ?

Wallace inspira et se livra à une tirade.

- Résumons : Perrine sort avec Robbie, ils sont aussi neuneus l'un que l'autre, ça marche super bien, elle se sent bien, il se sent cool, ils ne se sont toujours pas embrassés mais ils sont mignons ensemble donc on s'en fout. Naomi et Walter cherchent la moindre occasion de se voir et j'en parle très peu avec lui ou elle parce que ça a l'air méga sérieux et que je ne veux pas m'immiscer dans leur délire de peur de mourir étouffé sous mon propre vomi. James et Fey c'est un putain de tourbillon de guimauve dégueulasse et suintante, Rebecca et Mike vont probablement casser sous peu parce que ça crève les yeux qu'ils sont plus amis qu'amoureux, même une quiche sentimentale comme moi l'a remarqué. Steven en pince pour Ana, la petite russe…
- J'avais remarqué ! sourit Helen.
- … Mais il a tellement peur de passer pour une tapette en sortant avec elle qu'il nie toute attirance avec elle et que visiblement même moi j'ai plus mes chances avec lui qu'elle. Francis et Quinn sont désespérants et me donnent des envies de meurtre…
- Pourquoi ?!
- Parce que putain quand c'est aussi évident que vous vous kiffez, j'sais pas, sautez-vous dessus !
- Francis n'a vraiment pas une vie facile…
- Ouais bah qu'il arrête de donner le change parce qu'il est juste pathétique. Il assume rien, elle a l'air aussi adulte qu'un fan de Star Wars, j'veux dire, merde quoi. Tino veut pécho Christina, mais il est tellement ultrapuceau que je m'attends à ce que d'un jour à l'autre, il me demande conseil pour l'aborder de cette façon. Et Christina est apparemment aussi nunuche que lui, ça promet de la belle merde. Euuuh… Orson finira vierge, c'est certain et il a l'air d'en être conscient lui aussi, Benjamin n'est même pas un juif sexy, pas de chance, et le peu que je l'entends parler, il baragouine sur sa mère enceinte et comme quoi « Lol c'est méga relou de devenir grand frère », Violette et Santana…
- Les pauvres…
- … sont foutrement connes elles aussi, Violette est une pure girouette, pire qu'un politicien, Santana se prend pour un émir et croit qu'elle peut faire tout ce qu'elle veut sans conséquences…
- M'rappelle quelqu'un ! sourit Helen.
- Sauf que je ne m'aventure pas dans des trucs que je sais que je ne pourrais pas tenir. Elle sort avec une meuf mais elle peut pas s'empêcher d'aller en gougnotter une autre, bah qu'elle aille se faire foutre, tout est de sa faute, qu'elle prenne des putains de cours d'humilité en option. La Andrea est beaucoup plus cool que la Violette en plus, elle est vraiment con, cette Santana. Quant à Clive, j'ai dû lui parler quatre fois en deux ans, il est ultra bizarre, genre pire que moi.
- Les jumeaux ?
- Le rouge, je sais pas, mais apparemment le bleu sort avec l'espagnole...
- Lilian Grimes et Gina Crawford ? Aaaaaaaaaw !
- D'après mon oncle, la blondinette qui l'accompagne tout le temps sort – platoniquement bien sûr – avec un prêtre.
- Holly et… Oh mon Dieu !
- L'cas d'le dire. Pis merde, elle a dix ans de trop…
- WALLACE !
- Vous savez que c'est vrai…
- D'abord ce sont des cas minoritaires, ensuite tu sais très bien que c'est plus souvent des garçons !
- Mouais… Amélia… J'sais pas, j'sais pas par quel bout la prendre, elle est louche.
- Tu as réussi, au tournoi !
- Ouais, mais… Elle est trop bizarre, trop éloignée de nous, comme si… j'sais pas, elle était pas dans notre délire.
- Ah bah ça… Elle vient d'un monde très différent du votre !
- Mouais, sûrement.
- Commande numéro 215 !

Wallace leva le ticket de caisse.

- J'vais chercher une place !
- Okay…

Wallace partit, laissant Helen à la caisse. Aucun des deux n'avait remarqué l'étrange espèce de sosie d'Edgar Allan Poe assis à une table en train de lire un journal.

***

- J'ai la situation sous contrôle. Officiellement, il n'a rien lâché. Tout va bien. Il faut dire, cependant, que tu n'envoies pas des signaux très positifs.

Roland soupira et avança sa tour.

- C'est pas le genre de la maison.

Pablo déplaça son fou.

- Certes. Il a juste affuté ses enjeux personnels.
- C'était pas son but.
- Son « but » et son « chemin de vie » sont devenus interlopes, il a réalisé qu'il était l'élément central, celui sur qui tout reposait. La soif de pouvoir l'a gagné.

Roland soupira et déplaça son roi d'une case sur la droite.

- … et je sens que cela te stresse… marmonna le blond à lunettes fumées.
- Un peu…
- Parce que tu as perdu le contrôle. Je l'ai, et tu sais que tu peux me faire confiance.

Roland acquiesça.

- Mouais. Tant que ça devient pas Game of Thrones, tout ça…
- Ça l'est déjà un peu…
- Certes… Pfff…

Le téléphone sonna. Roland s'étonna.

- Tiens, c'est mon Jorah Mormont !
- Répondez, Varys, je vous en prie !

Roland regarda Pablo.

- Connard, me traiter d'eunuque !
- Tu es en train de perdre de toute façon, je vais voir si le thé est prêt !

Roland mit sur hautparleur.

- Oui, Glouglou ?
« … ce nom de code est vraiment ridicule… »
- Tu aimes les Pokémon Eau, Glouglou. Et pas de chance pour toi, je me suis amusé à finir tous les Rayman et j'adore les niveaux marins. Que puis-je pour toi ?
« C'est embêtant si je dois séduire Mother Brain pour exclure Spirou du jeu ? »

Roland tressaillit et regarda Pablo qui soupira.

- Et merde, j'étais persuadé de pouvoir essayer de me le faire…
- La moitié de la planète n'est pas gay, Pablo, va falloir t'y faire !
- Bouhouhou…
- Faut bien peupler de temps en temps. Glouglou, le plus tôt sera le mieux, alors… Fais comme tu le sens. Tant que tu ne nous trahis pas derrière, tout va bien !
« Pas de risque, j'en ai un peu rien à foutre de tout ça… »
- Et puis, ça reste en famille ! admit Pablo.

Roland s'étonna en regardant Pablo qui agita la tête.

- Mother Brain est dans notre camp, lui aussi, la situation est différente !

Roland soupira.

- Tu as ton passe séduction.
« Ça implique du sexe ? »
- Tant que tu filmes pas pour mettre sur Xtube, tout va bien.
« Au fait, qui m'espionne et m'envoie des SMS ? »
- Tu crois que je vais te le dire, Glouglou ? J'ai des hommes de terrain dont je ne peux pas révéler l'identité comme ça !
« Vous faites vraiment chier à faire des mystères de merde comme ça ! »
- J'ai vachement le choix. Fais ton travail, chien, tu as carte blanche !

Roland raccrocha et soupira.

- Comme si j'allais lui dire qu'on lui avait mis Bonelly aux fesses…
- A propos de ça, les alliés, politiquement…

Roland inspira.

- Les gouvernements actuels me font un peu chier… dans le sens ou les mecs à leur tête sont chiants et le peu que j'ai parlé avec eux, ça aurait pu finir par une orgie de catéchisme… Et j'ai franchement pas envie de me retrouver mêlé à nouveau à ces conneries, c'était bien assez relou la première fois. Par contre j'ai des retours intéressants de la part de Kalos et Hoenn. Les conseils des quatre semblent enclins à m'aider au cas où.
- Bonne chose.
- Le souci c'est que je n'ai pas totalement le choix des armes. C'est nos petits amis les pions qui l'auront, au final.
- Arrête de les traiter de pions ! grommela Pablo.
- Je suis obligé, je dois rester objectif !
- C'est pour ça que tu as demandé des détails sentimentaux ? A d'autres, Roland, tu veux t'impliquer sérieusement dans tout ça, oui !

Roland soupira.

- Je veux juste limiter les problèmes de dernière minute.


***

Wallace et Helen s'étaient assis à une petite table sur le balcon du restaurant au M jaune, tandis que Manternel et Chartor mangeaient côte à côte, et que Tiplouf, Canarticho et Pandespiègle partageaient une grande gamelle.

- Ils sont adorables !
- Je prends du temps pour les entrainer en ce moment, alors ils sont contents.

Helen s'étonna.

- Ah oui, les examens !
- Hm. Ça va être plus de la pratique, c'est ça ?
- Oui… Vous allez avoir trois épreuves, en fait. La première fera appel à votre sens pratique et à votre usage de vos Pokémon en situation spécifique. La seconde me fait très très peur pour vous… Et la dernière sera honteusement classique mais pas moins intéressante voire peut-être même épique si vous vous appliquez !

Wallace haussa les sourcils.

- La première ce sera un truc en terrain sauvage…

Helen serra les dents.

- La seconde un truc du genre combat de mêlée…

Helen grimaça.

- Et la dernière… un tournoi à la con ?!

Helen geignit.

- Je ne t'ai rien dit, n'en parle pas aux autres !!!
- Putain on a déjà eu un tournoi, j'veux dire, c'est bon quoi !
- Au fait, vous avez gardé le contact avec Méanville ?

Wallace inspira.

- Naomi passe des coups de fil à Pamela de temps en temps, vous savez la blonde au dernier match.
- Oui… Pauvre petite…
- Elle est ressortie avec Brian, elle était trop amoureuse. Naomi lui a servi de confidente pendant un moment.
- Oh… Alors ça va mieux avec ce Brian…
- Visiblement il a fait amende honorable, un truc à la mode en ce moment…
- C'est bien, c'est bien…
- Mike est resté en contact avec les sportifs de l'autre classe, Tristan papote parfois avec le rouquin du couple gay, je crois que Christina et Thibault sont restés en contact aussi.
- C'est chouette !
- Mouais, bof. Perso…
- Tu n'es pas comme ça en même temps.
- Non, clairement pas… J'les ai trouvés sympas, mais sans plus quoi.

Helen acquiesça.

- Les rapports humains et leurs mystères…
- Vous prenez pas la sauce blanche ?
- Oh je suis pas trop fan…
- Madame, vous ratez un truc immense dans votre vie !
- … Wallace, la cuisine turque, c'est un truc énorme, ça, c'est de la merde industrielle tout juste bonne pour te rassasier trois heures !
- La cuisine turque ?!
- Oui, Wallace !
- Ca, c'est de la cuisine américaine !
- Oh je t'en prie Wallace, le jour où les Etats-Unis auront une vraie gastronomie, tu me passes un coup de fil et je te suis dans une boîte à partouze !

Wallace plissa les yeux.

- Les redifs de Gordon Ramsay mentiraient ?!
- Honte sur toi pour ne pas suivre les redifs de la version britannique qui, elle, vaut le coup. Plus sérieusement, tu es jeune, tu ne penses qu'à manger vite, quand tu seras adulte, tu verras qu'on peut bien manger, même très bien manger, pour pas forcément cher. La cuisine éthiopienne par exemple est pleine de bonnes choses !

Wallace plissa les yeux.

- Il y a une cuisine ethiopienne ?!
- Oui monsieur !
- Mais… Ils crèvent pas la dalle, là-bas ?! J'crois qu'en cours préparatoire on envoyait des sacs de riz là-bas !
- Wallace, on ne peut pas juger un pays sur des clichés !
- Nan, vous avez raison, une semaine de vacance dans un hôtel c'est tellement plus formateur…

Helen grimaça, vexée.

- Je ne suis jamais allée dans un hôtel de luxe !!
- Quatre étoiles ?
- Trois GRAND MAX !
- Waouh, putain d'aventurière ! Vous buvez votre urine dans des flûtes à champagne aussi quand vous êtes coincée dans le désert ?
- Hey ça va hein !
- Bon, je reprends mon exposé : Ceci, madame Clover, est une potatoes !
- Hm !
- Ceci est la sauce blanche du macdo, servie dans sa prodigieuse barquette blanche qui est un modèle d'ergonomie et de confort !
- Cher élève, vous êtes flippant… marmonna la prof.
- On ouvre la languette verte, on regarde la sauce. Hmmm !
- Berk !
- Et pourtant ! On prend la potatoes, on la trempe doucement dans la sauce – Pas trop ! Il y en a à peine assez pour une grande dose de potatoes !
- … Hm…
- Et là…

Wallace croqua dans la pomme de terre avec un air extatique.

- Hmmmm ! C'est le truc le plus délicieux jamais inventé par l'espèce humaine depuis le hamburger !
- Tu es… affligeant ! souffla Helen.
- Vous parlez comme Perrine et Naomi !
- C'est ridicule enfin !
- Essayez, vous allez voir !
- Ce sont juste des patates décongelées et de la sauce de basse qualité fabriquée en quantités industrielles pour être servies rapidement ! Ça n'est même pas fait dans le but d'être savoureux, c'est juste pratique ! geignit Helen.
- Essayez !

Helen soupira et prit sa frite.

- AH NON, VOUS AVEZ PRIS DES FRITES !!!
- Bah quoi ?
- M'enfin madame, les frites de Macdo sont à la sauce blanche ce que Nixon était aux micros de l'hôtel Watergate !
- Tu suis bien mes cours ! sourit Helen.
- Merci. Ce sont des ennemis jurés !! Prenez une potatoes !

Helen soupira.

- Ce repas devient ridicule !
- Sauce blanche, comme je vous ai montré !
- … et légèrement glauque !
- Allez-y, prenez la bonne sauce blanche sur le bout de la potatoes, et maintenant croquez avec amour !

Helen regarda Wallace qui agita la tête.

- Je sais, je charrie !

Helen croqua et plissa les yeux.

- J'ai l'impression de manger de la purée à moitié durcie couverte de crème fraîche tournée !
- Vous exagérez…
- Pas du tout… geignit Helen, dégoûtée.
- Bon, très bien, restez-en à vos frites qui ont choisi d'adorer Satan plutôt que de se convertir à la christique Patate…
- Les frites et les potatoes sont issus de la pomme de terre, Wallace…

Wallace s'étonna.

- Ah BON ?
- Bah oui.
- Vous plaisantez ?
- Non.
- Wow…

***

Le duo trouva enfin l'immeuble particulier qui avait deux étages.

- On fait comment ? On sait même pas ce qu'on doit y visiter… marmonna Wallace.

Helen souffla et alla tout simplement sonner le concierge.

- Vous êtes vraiment trop une ouf, on sent la meuf qui a voyagé !
- N'est-ce pas !

On vint leur ouvrir. Petit monsieur âgé.

- Oh. C'est pour la visite ?

Helen plissa les yeux et regarda Wallace qui acquiesça. L'homme soupira.

- On m'avait prévenu… Venez, venez…

L'homme avança tranquillement, suivi par Wallace et Helen.

- On m'a dit que vous seriez au moins cinq, j'avais un peu peur, on m'a dit que l'un de vous deux devrait être en fauteuil, je me disais « Bon sang, Edmond, comment tu vas faire ? » et finalement vous n'êtes que deux, c'est pas plus mal, je comprends pas le propriétaire décidément. Mais bon, il l'entretient bien et je suis bien payé alors bon…
« Roland Smirnoff… » songèrent de suite Helen et Wallace.
- Bon, c'est un immeuble calme, je pense que le propriétaire fera vider l'appartement que vous allez visiter parce qu'il est toujours meublé et il y a encore quelques affaires…

Wallace et Helen se regardèrent alors que le trio arpentait les parties communes.

- Comme vous voyez ça a été refait récemment…
« Genre y'a 20 000 ans ?! » songea Wallace.
« Ça sent bizarre ! » geignit Helen.
- Y'a un couple au rez de chaussée, un vieux monsieur juste à côté, et là à l'étage une petite famille. C'est des gens calmes.

L'appartement était situé au premier étage. Le concierge ouvrit.

- Pfff… ça va puer le renfermé à tous les coups, ça va bien faire six ans que personne est venu là.

Helen et Wallace se regardèrent, intrigués. Le propriétaire ouvrit et l'air s'échappa par la porte. Helen poussa un gémissement révulsé.

- Ouaip. Ca sent le renfermé…

Wallace s'étonna.

- Euh… qui était le précédent locataire ?!

Edmond haussa les épaules en inspirant profondément.

- Un gamin du nom de Seth Corrigan. Le proprio a dit que si vous me posiez la question, je devais vous répondre sans discuter.

Wallace regarda Helen qui semblait d'un coup très intéressée.

- J'vous en prie !

Le duo entra. C'était un appartement sympathique sans casser des briques. Le petit salon comportait un canapé qui avait pris la poussière. Le parquet grinçait un peu. Il y avait peu de bibelots, on sentait que la personne qui habitait là n'était pas ici pour très longtemps.

- Le proprio a dit que je devais vous laisser seuls.
- Oui, merci beaucoup ! admit Helen.

Edmond ferma un peu la porte. Helen souffla.

- L'appartement de Seth Corrigan…
- Il arrivait des Etats-Unis, Roland lui aura trouvé un appartement pour qu'il puisse aller travailler… chez Directions Dresseurs… marmonna Wallace.
- Il faut qu'on cherche des détails qui pourraient nous aider… La cuisine…
- Qu'est-ce que vous allez bien pouvoir trouver en cuisine ?
- BEEEEEH !

Wallace arriva et trouva la même chose qu'Helen. Des pancakes visiblement bien pourris. Une bouteille de sirop d'érable. Un livre sur les meilleurs vins à servir à table. Un référentiel des ouvrages individuels sur les Pokémon.

- … Rien qui ne puisse nous aider ici…

Wallace plissa les yeux et repéra une photographie sur le frigo. Il la montra à Helen, intriguée.

- C'est…
- Justin Truce, je crois.
- Si on pouvait comprendre ce qui se passait ici…
- Bah visiblement celui qui habitait là aimait les pancakes… au point qu'il ne les a même pas rangés avant de partir !

Helen fouilla le reste de l'appartement et trouva autre chose d'intéressant.

- Wallace ! Wallace, génial !
- Quoi ?

Elle tendit un cahier de brouillon. Wallace plissa les yeux.

- Le tome 5 ?

Helen l'ouvrit.

- Oui… mais apparemment il y a beaucoup de pages blanches…

Wallace le regarda avec elle. Helen commença par le début.

[Année 5

D'après Roland, c'est la merde. Les plans de Justin se précisent. Nous avons de moins en moins de contrôle et de pouvoir d'anticipation sur les actions de Seth.]

Saut de pages.

- Pourquoi c'est aussi peu rempli ?!
- Alors là…

[Quelqu'un est mort. Non, en fait plusieurs personnes. Arlène pleure, elle ne veut pas m'en parler. Premiers gros soucis de couple]

Wallace plissa les yeux. Helen regarda Wallace.

- Arlène Rhodes et Dimitri Corbin sont mariés…
- Tu es triste parce qu'ils ont eu des soucis de couple ?
- J'ai lu les quatre précédents cahiers, il y a des pages ou monsieur Corbin exprime son amour envers Arlène, notamment dans les cahiers 3 et 4. Alors si ça me touche, bah ouais un peu quoi… C'est pas cool…

[Pablo pleure aussi. Jackson semble désespéré. Roland est en panique total. Il m'a insulté et j'ai été obligé de le frapper. Tout cela était très déprimant. Trafalgar est en colère mais il rumine plus qu'il n'agit. J'ai peur aussi, c'est jamais agréable de recevoir ce que j'ai reçu, mais je fais bonne figure.]

Nouveau saut de pages.

[Roland vient de prendre une grosse décision. Nous sommes contraints d'obtempérer. C'est terrible mais nous n'y pouvons rien du tout. Et Roland va faire beaucoup de sacrifices dans l'histoire. Aucune nouvelle de Trafalgar.]

Wallace plissa les yeux. Helen tourna les pages.

- Plus rien…
- Bah mince alors… Ils sont pas morts, juste que…
- Visiblement ça a été intense au point qu'ils n'ont pas pu tout noter… admit Helen.
- Je le garde ?
- Garde toujours, ça peut le faire… Je fouille la salle de bains, on peut apprendre des choses avec les médicaments et tout… Fouille la chambre !
- Reçu.

Wallace entra dans la chambre, modeste. « C'est typiquement le genre de petit endroit de merde ou je ne veux surtout pas finir. J'aurais un loft, comme dans les séries américaines. Je me le jure ici et maintenant, sérieux… »

Il trouva une photo retournée sur la table de nuit. Il s'agissait d'une scène de repas. Une femme rousse mettait un chapeau à un jeune homme blond alors que trois hommes semblaient bien rire.

« … Arlène Rhodes… Le petit c'est Seth, les hommes… Là c'est Roland… Là c'est… probablement Pablo, il a des verres fumés comme dans la description de monsieur Corbin… Le scientifique ça doit être… Jackson ?!… »

La scène était cocasse. Mais elle prenait un tour amer après la lecture du cahier cinq. « Est-ce que Seth a conscience que Justin a visiblement fait du mal à Roland et ses amis, alors qu'apparemment… avant, tout allait bien ?!

Il ouvrit le tiroir et fit de gros yeux. Il en sortit un chapelet de capotes. « Bah putain… »

Ainsi que du gel lubrifiant. « La même marque que moi !... J'devrais pas me dire ça ! »

Des menottes. « Trop. De. Détails. »

Il trouva également un sachet d'herbe. « Pièce à conviction ! » qui finit dans sa poche. Avant qu'il ne la remette. « Si ça fait des années que l'appart a pas été visité, elle doit plus être bonne… »

Il regarda le lit, ouvrit les couvertures, vit les draps et les sentit. « Des gens ont couché ensemble dans ces draps, qui n'ont ni été changés ni nettoyés depuis le temps… et ça se sent… »

- Ça va, Wallace ?! cria Helen.
- Oui oui ! cria le jeune homme. Ouais, ouais, je me découvre des tas de points communs avec le précédent occupant… marmonna Wallace hors de portée d'Helen.

Il retourna en cuisine et examina le frigo. Il vit une date entourée en rouge sur le calendrier. « 30 MAI ». Wallace plissa les yeux. « Il avait un dîner de prévu ou quoi ?! »

Helen revint de sa visite dans l'armoire à pharmacie.

- Les habituels, pas de drogue…
- Pas médicamenteuse en tout cas… marmonna Wallace.

Helen plissa les yeux.

- Y'a de l'herbe ?
- Oui. Probablement périmée. Et assez de capotes pour tenir un siège !

Helen grimaça.

- Tu avais raison…
- Si nous sommes bien dans l'appartement de Seth Corrigan, alors oui, j'avais raison. Il couche avec Justin Truce, ils sont amants au minimum, en grande relation amoureuse ultrasolide au max, et au pire, parce que ça voudrait dire une dévotion totale, quel que soit le niveau du relationnel, cela explique sans conteste la position complexe de Seth…

Wallace faisait les cent pas dans l'appartement.

- Il l'aime et… cet amour l'a poussé à aller contre Roland Smirnoff. Mais pas totalement parce qu'il nous a aidé récemment. Il est avec nous… pas avec Roland… et avec Justin… C'est incompréhensible. Quelque chose cloche.

Helen s'étonna.

- Quoi donc ? J'adore quand tu es en mode Sherlock Holmes !
- S'il nous aide, nous, la classe, c'est qu'il est avec Roland. Et cela n'est pas bon pour les affaires de Justin… alors qu'il l'aime… Ça ne peut pas être un simple PQR, même si cet appartement me laisse à penser le contraire… C'est comme si ça n'avait été qu'un campement… Sa mission… La mission de Seth, donnée par Roland… Il devait se rapprocher de Justin… Nan… ça ne ressemble pas à Roland Smirnoff. Il est vicieux mais pas pervers. Il est machiavélique mais il n'utiliserait pas un élève pour… Et comment aurait-il su que Justin Truce était homo ?

Helen serra les dents en haussant les épaules.

- Je t'avouerai que je n'ai pas un gaydar très fiable moi-même…
- C'est des conneries, ce gaydar, madame… Nan, mon hypothèse, c'est que… Seth n'était pas un bon agent, il était même… pas fiable du tout. Roland s'en est débarrassé et… il a saisi la moindre occasion pour s'en éloigner… mais d'un autre côté, il nous perçoit, tout comme lui, comme des victimes de l'emprise de Roland.

Helen écarquilla les yeux.

- Tu es en train de dire que…

Wallace hocha la tête.

- Roland Smirnoff n'est peut-être pas le gentil dans cette histoire. Truce non plus. Mais… alors ce serait… n… PUTAIN C'EST QUOI, CA ???

Helen se tourna vers… Un Cornèbre. Sur un placard. Qui les observait. Helen se leva.

- Blair ?! Oh mon Dieu, Holland est ici !
- Euh, madame, ça, c'est un Cornèbre sauvage !

Helen s'étonna et vit le plumage peu soigné de la bête.

- Oh bah oui, mince…

Les vitres éclatèrent sous l'effet évident d'une onde de choc. Wallace et Helen se mirent à couvert.

- Putain !
- Oula !
- Heeeeey ! cria Edmond en rentrant.

Wallace se releva. Helen le retint.

- Il n'est pas un ennemi, voyons, c'est juste un petit vieux !
- JAMAIS PLUS, JAMAIS PLUS, LALALALALA JAMAIS PLUS ! hurla un mégaphone dehors.

De l'herbe se mit à pousser partout dans l'appartement. Le vieil Edmond s'étonna.

- Oh bah… Oh bah mais qu'est-ce qui se passe ?!
- Sortez d'ici tout de suite et allez vous mettre à l'abri !! geignit Helen.
- Madame… geignit Wallace.

Le vieil homme s'évanouit. Wallace sortit Manternel. Le Pokémon s'étonna. Des fleurs poussèrent dans l'herbe.

- AH NON, NON, NON, NON ! PAS DE FLEURS ! cria le mégaphone.
- String, Coupe ! chuchota Wallace.

Manternel croisa les bras, les écarta vivement et trancha une bonne partie des herbes.

- Mais les fleurs, c'est la vie ! Et puis elles sont tellement jolies, tellement harmonieuses, tellement belles ! marmonna une voix chevrotante.
- MAIS NON ! MAIS NON ! LES FLEURS C'EST MOCHE ! CA PERTURBE MON BEAU CHAMP HERBU !

L'herbe coupée, Wallace aida Helen à se relever.

- Elle absorbe l'énergie…
- Madame Aubert nous a parlé de cette attaque, elle est censée redonner de l'énergie normalement…
- C'est eux, hein ? souffla Helen.
- Ouaip…
- C'est pas vrai…
- BON ALORS ECOUTEZ MOI LES DEUX ZIGOTOS DANS L'APPART !

Miradar aida Edmond à se relever.

- Mais qu'est-ce qui se passe… geignit le vieil homme.
- Partez, ça va chier sous peu ! souffla Wallace.
- VOUS ETES EN ETAT D'ARRESTATION ! HAUT LES MAINS, PEAU DE LAPIN, LA MAITRESSE EN MAILLOT DE BAIN ! NOUS AVONS RECU POUR ORDRE DE VOUS CUEILLIR APRES AVOIR INTERCEPTE UN MESSAGE SMS !
- Oui, vous cueillir comme une délicate pensée du matin… avec ses doux pétales délicats, couverts de rosée humide…

Helen regarda discrètement par une fenêtre éclatée.

- Une folle en justaucorps vert avec des couettes blondes aussi grandes que mon bras… Un petit vieux avec un chapeau de paille et… Edgar Allan Poe ?!
- Ca vous a pas fait tilter que votre SMS à la con nous fout dans la merde ?!
- Mon SMS à la con ?
- « Je suis au 13 rue de la providence, Lol, venez tous on va faire un barbecue ! »
- Quoi, c'est ma faute ?!
- Ouais, « Gogolita » vient de le dire au mégaphone ! En plus d'être une grosse teubée vous êtes sourde !
- NON MAIS CA VA HEIN !
- La ferme, ils vont vous entendre !

Une nuée de Cornèbre entra dans l'appartement. Helen geignit.

- Oh bon sang…
- Va falloir se bastonner je crois…

Helen soupira.

- DeRosette !

Strassie apparut au milieu des oiseaux.

- Eclat Magique !

L'attaque remplit la pièce et flasha les Cornèbre qui s'écroulèrent. Dehors, le sosie d'Edgar Allan Poe grinça des dents. Il observa Corboss qui poussa un cri de colère. Il regarda ensuite Scarabrute mais le somma de ne rien faire pour le moment.

- Le temps de les venger viendra… grommela-t-il sèchement en tirant une taffe de sa cigarette.

Helen apparut par la fenêtre. Shirley cria dans le mégaphone.

- VOUS ! HAUT LES MAINS !
- La ferme ! cria Helen.

Shirley B. baissa son mégaphone et regarda Majaspic.

- MAIIIIIIIIIS ! Elle est méchante !!

Majaspic cracha sa langue rose et fourchue par réflexe. Shirley hocha la tête.

- T'as raison, mon serpent d'amour ! On va la dégommer !
- Vous ne dégommerez rien du tout, hystérique mal habillée ! Vous allez partir sinon je vous jure que vous allez le sentir passer !

Shirley s'étonna et reprit son mégaphone.

- C'EST UNE MENACE ???
- Primo, continuez de crier dans ce mégaphone, c'est un excellent moyen d'alerter la police. Deuxio, même à vous trois, je doute que vous ayez une chance contre moi seule, alors moi plus mon meilleur élève… Hein Wallace ? Wallace ?!

Helen se retourna. A plus Wallace.

- … le petit enfoiré ! geignit Helen.
- C'EST BIEN GENTIL LES PAROLES EN L'AIR MAIS MOI JE VEUX DES ACTES ! ACTE UN, ACTE DEUX, ACTE TROIS, ACTE QUATRE, ACTE CINQ !
- Et celle-là, tu la veux ???

La Lame d'Air partit en plein sur Majaspic qui sautilla pour esquiver. Shirley écarquilla les yeux. Gatsby Rover, le jardinier de Direction Dresseur, s'avança avec Fragilady.

- Tu ne peux pas lutter contre mes précieuses amies ! Regarde Fragilady, si jeune, si fraîche, si douce et si sensu…
- Tranch'Air !!

Canarticho agita son poireau et frappa l'air pour créer de vives lames. Fragilady se protégea avec Danse Fleurs, l'attaque formant une rosace semblable à un Abri. Wallace haussa un sourcil.

- Oh ! Oh, la délicate senteur parfumée des mouvements endiablés du corps de ma beauté…
- Putain de gros porc ! Manny, RAPACE !

Canarticho s'éleva dans les airs, préparant son attaque.

- Attaque directe ? Je suis moins doué face à elles, mon style retentissant est plus flamboyant face à des attaques spéciales…
- Si tu ne fais pas attention à tes arrières…

Wallace s'étonna. Un horrible insecte volant arriva derrière Canarticho.

- … La mort va venir te prendre sans prévenir… marmonna Orlando. MANIA !!!

Méga-Scarabrute donna un coup de coude ultra-puissant à Canarticho qui finit à terre, assommé.

- Manny !!!
- C'est regrettable, mais c'est parfois en touchant le fond qu'on s'élève, en quelque sorte… marmonna l'homme en noir.

Méga-Scarabrute approcha de Wallace qui recula, apeuré.

- Merde…
- Preston, HYDROQUEUE !

Miradar frappa l'insecte dans le dos.

- DeRosette, RAYON GEMME !

L'attaque éloigna l'insecte qui revint près de son maître. Helen arriva aux côtés de son élève.

- Quand je fais un SPEECH par la FENETRE, tu es prié de ne pas DISPARAITRE !
- J'allais faire une attaque SURPRISE !
- On a vu ce que ça a donné, BRAVO !
- Oui bah excusez-moi, je pouvais pas prévoir que le moustachu coiffé avec un chewing-gum allait avoir un méga-truc !

Shirley grommela. Maintenant dehors, Helen constata enfin la brume qui bloquait les rues.

- Mais qu'est-ce que…

Elle vit un Grodoudou en retrait. Helen acquiesça. « Ok, bon… Le vieux glauque est un maître des fleurs, le grand maigre en noir est un gros bourrin et elle, son truc, c'est les champs… »

La prof inspira.

- Je m'en charge, tu t'enfuis !
- On a déjà eu ce genre de conversation, j'ai l'impression, et il est genre hors de question que je m'enfuie !
- Je suis la prof, tu es l'élève, c'est à moi de…
- Ou pas, j'peux assurer aussi !
- Tu viens de te faire ratatiner !
- Par un Méga-Truc, contre leurs simples trucs, je peux m'en tirer !
- Ou pas !

Shirley s'énerva. Orlando et Gatsby retirèrent leurs Pokémon. Helen et Wallace s'étonnèrent.

- Vous… Vous… VOUS, GNNNNN !
- Quelle répartie ! observa Helen.
- MAJASPIC !! CHAMP HERBU !

L'herbe poussa sur le pavé. Wallace et Helen reculèrent par réflexe.

- Si je sors String…
- Elle a probablement prévu un truc contre les Pokémon Plante… marmonna Helen.
- Oui mais rien que pour voir…
- Laisse-moi faire. Aczan !

Cryptéro apparut. Shirley sourit.

- Votre attaque ne peut rien face aux Pokémon volants, n'est-ce pas ?
- En effet, ah bah oui, c'est vrai... marmonna Shirley d'un air bêta.
- Bien. Tranch'Air !

L'attaque frappa les alentours et atteignit à peine Majaspic dont l'herbe se retira. Wallace plissa les yeux. L'air s'emplit de tension électrique.

- Madame…
- Quoi ?! OH !

Cryptéro se retrouva foudroyé. Helen s'étonna. Wallace regarda derrière eux : Elekable. Autour s'était déclaré un véritable orage magnétique.

- L'avantage des Champs, c'est qu'ils permettent une réactivité à toute épreuve. Et ils emprisonnent mes ennemis dans un monde de rêve où je suis la plus forte et où ils sont soumis à mon pouvoir tout puissant ! Hihihihihi !

Helen hocha la tête.

- D'accord. Maintenant JE suis en colère. HYPERIOOOOON !

Helen, furieuse, sortit Golemastoc. Le Pokémon s'empara d'Elekable, le souleva et l'écrasa devant sa maîtresse.

- KYAAAAAAAAAH !!!
- POING OMBRE !!!

Golemastoc amorça une frappe mais Grodoudou s'interposa avec Boul'Armure. Wallace souffla.

- Pepsi, Hydrocanon !

L'attaque du Tiplouf de Wallace vira Grodoudou, et l'attaque d'Helen atteignit Elekable.

- Mon bébééééééééé !! geignit Shirley.
« Ses alliés ne sortent pas de Pokémon parce que les champs de leur chef peuvent les atteindre aussi… » songea Wallace.
- Orlando, détruisez-les ! geignit Shirley en rappelant ses Pokémon, sauf Grodoudou qui maintenait le Champ Brumeux autour d'eux.

Wallace souffla.

- J'me les fais !
- Wallace…
- C'est bon, ça va aller !

Orlando ressortit Méga-Scarabrute. Wallace déglutit.

- Wallace, non ! geignit Helen.
- Tabasco !

Chartor sortit aux côtés de Tiplouf.

- Le feu… C'est une bonne stratégie sur le fond, mais… Vive-Attaque !

Méga-Scarabrute fonça et frappa de coups de griffe répétés son adversaire. Chartor sembla quelque peu dépassé par la situation. Tout comme son maître. « Pourquoi ça me fait aussi peur ? C'est un insecte de merde, une grosse bestiole comme j'ai pu en affronter des centaines… »

- Lance-Flammes…

Chartor repoussa Méga-Scarabrute, mais ça n'était pas suffisant pour le battre. Gatsby était en retrait.

- Nihééééhéhé… Impossible que j'intervienne face à un Pokémon pareil !

Orlando observait Wallace.

- Je le vois, ton désarroi… Ta solitude face à mon invincible créature. C'est pour voir ce genre de détresse dans les yeux des gens que je suis devenu dresseur… C'est pour contempler la détresse provoquée par le manque et l'incapacité que je suis devenu archiviste. Je sais où se trouvent tous les documents, pas eux. Avoir ce pouvoir me confère une sorte de supériorité, misérable, certes, mais suffisante pour percevoir cette détresse dans leurs yeux quand ils cherchent… Et que moi je sais…

Wallace soupira. « C'est ça, je suis seul face à lui. J'ai pas mes potes ou même les autres élèves derrière moi. Ça me fait chier de l'admettre… »

- Tabasco, Exuviation…

Orlando soupira.

- Stratégie de faible, Chartor est de toute façon trop lent… Méga-Scarabrute, Mania !
« Mais quelque part j'ai besoin d'avoir tous ces gens derrière moi pour montrer mon vrai visage, mon vrai moi… »
- CA…
« Comme si au fond, cette année, j'avais tellement grandi avec eux que j'en étais devenu faible sans eux, dépendant de leur présence pour me dévoiler réellement. C'est un peu ce que je ressens avec Tristan… »
- …NI…
« Quand je suis avec lui, je me sens bien, j'ai chaud, et quand je le quitte, j'ai froid. Comme si je quittais une pièce accueillante, une fête agréable, pour rejoindre une chambre froide et sombre… »
- … CULE !

Chartor cracha une vive fumée brûlante à la face de Méga-Scarabrute qui fonça dedans. Orlando haussa les sourcils. Le Méga Pokémon en sortit brûlé, volant avec un air complètement détraqué.

- Pardon, besoin d'un putain de nettoyage à sec, enfoiré de fils de pute ? HYDROCANON !

Tiplouf monta sur Chartor et frappa le Pokémon, le projetant sur Shirley et Gatsby qui s'éloignèrent vivement. Le Pokémon finit sa course folle contre un mur, acculé. Orlando sembla quelque peu surpris.

- … Tout reposer sur cette bestiole était une indiscutable erreur… Et surpasser ta détresse était une fort indélicate surprise…
- Vous faites des recherches sur nous, je suppose que vous avez vite compris qu'on était une belle bande d'enfoirés !

Shirley grommela.

- Nous n'étions pas préparés à ça… Enfin, si, mais je ne m'attendais pas à ce que les estimations de madame Torres et de monsieur Wick soit aussi exactes… Ma désinvolture a causé notre débâcle… grommela Shirley avec sa même voix de gamine surexcitée.

Orlando et Gatsby regardèrent leur chef, frustrée, mais sensée. Helen plissa les yeux. « S'ils commencent à faire preuve de sens commun, la situation va vraiment devenir périlleuse… »

Les trois regardèrent le sommet de l'immeuble, ce que Wallace et Helen se risquèrent à faire. Un Croâporal s'y était dressé. Le Pokémon regarda un instant les trois cadres et se retira. Grodoudou arriva près de sa maîtresse alors que les Pokémon étaient retirés.

- Nous nous reverrons, Helen Clover et Wallace Gribble. Je sens que bientôt, nous allons nous revoir, et cette fois-ci, je ne serais pas aussi gentille !

La brume recouvrit les adversaires. Wallace regarda Helen, toute essoufflée.

- Putain… souffla Wallace.
- Ouais… geignit Helen. Comme tu dis, putain…
- Mon immeuble…

Wallace et Helen regardèrent le concierge, affolé par les fenêtres brisées et les fissures apparues.

- Mais enfin… Mais enfin…
- Envoyez la facture au propriétaire… admit Wallace.
- Oh bah… E… Et vous ?
- Le propriétaire nous connait, il saura que c'est pas notre faute mais celle des gens qui étaient là !

Le propriétaire cligna des yeux.

- Bande de vandales !
- Cassos, madame ! souffla Wallace.
- Non, non, je tiens à le préciser, c'est pas notre faute !
- Dégageeeeeeeeeeez… grommela Wallace.
- J'appelle la police ! grogna le propriétaire.
- Au revoir ! sourit Helen en courant.
- Encore désolés ! sourit Wallace en la suivant.

Le concierge entra dans son bâtiment. Alors même qu'il allait saisir son téléphone, celui-ci sonna. Le concierge, étonné, le prit.

- … A… Allô ?!
« C'est bon, je prends toutes les réparations à ma charge. Appelle la police et tu repars en taule direct. »

Edmond geignit.

- Oui monsieur… pardon monsieur !
« C'est bien. Tu auras une paie majorée ce mois-ci. »
- M… Monsieur est trop bon !
« Juste, n'appelle pas la police, Ok ? Cela restera notre petit secret ! »

Edmond hocha la tête avec frénésie.

***

Sacha ouvrit à Jackson et Dimitri. Ils virent Roland qui avait fait une véritable fresque sur le mur, avec trente photos.

- J'sais plus quoi faire, y'en a pas un qui peut le prendre chez vous ? soupira le dresseur légendaire.
- Oh ça va hein ! Tu as dit un jour que j'étais une distraction amusante ! grommela Roland.
- C'était il y a bien un ou deux ans, ça va, ok ?

Dimitri regarda la fresque. Il observa la partie consacrée à Perrine.

[Ma petite nièce. Amoureuse ou pas ? Sort avec (Flèche jusqu'à Robbie) => Toujours pas de bisous !!!]

Dimitri grimaça.

- Ca n'est absolument pas pertinent… geignit Dimitri.
- Si, ça l'est !! grommela Roland.

Dimitri regarda Jackson qui mima la folie avec son doigt à côté de sa tête.

- Je ne suis pas fou, putain ! Ils sont tous super cools, ils ont plein de lubies marrantes…

Roland regarda la fresque.

- Je les aime bien ces gosses !
- Pablo avait raison… soupira Dimitri. Ça m'arrache la langue de le dire, et Arlène va me tuer si je lui répète, mais Pablo. Avait. Raison.
- Pablo peut parler, hein, moi au moins je n'ai pas un pacte de merde avec Seth Corrigan ! « Mais tu peux pas comprendre, c'est un truc de filles ! » Vieille salope… grommela Roland.

Jackson soupira.

- C'est dommageable mais en effet, Pablo a raison, Roland…
- Je veux les connaître mieux !
- C'est de l'obsession ! Tu t'intéresses à la relation entre deux ados de dix-sept ans !
- Hey ! Wallace et Tristan c'est forever à la vie à la mort, okay ?

Dimitri et Jackson se regardèrent. Sacha plissa les yeux.

- Vous pouvez pas le soigner, Doc ?
- Je suis un scientifique, pas un médecin, même si j'ai un entraînement clinique. Roland, tu as un souci.
- …
- Nous ne sommes pas exactement tes amis, mais tu peux nous en parler.

Roland soupira.

- J'me fais chier. Grave. Et cette classe me rappelle un peu… le boulot d'avant…

Roland soupira.

- Bref. Comment se passe la formation ?

Dimitri soupira.

- Laborieux, il a d'abord fallu le convaincre que nous n'étions pas des martiens venus lui poser une sonde…

Roland éclata de rire.

- Je viendrai le briefer à nouveau sous peu, c'est vrai que la dernière fois il avait l'air un peu hystérique… Mais sa mission est essentielle, et si par malheur il échouait ou se débinait au dernier moment…
- L'argument maternel a semblé marcher… Tu avais raison, Roland, la mère est l'entrejambe métaphorique de tout homme ! admit Jackson.

Roland acquiesça, tout fier de lui.

- Tu t'ennuies ? Viens t'occuper de Spirou ! pesta le scientifique.
- J'adore le fait que ce surnom soit resté ! sourit Roland. Bon… Je consigne ça en dossier et j'arrive.
- Sage décision… souffla Jackson.

Dimitri observait la fresque.

- Cela vous embête si je garde tout ça pour moi, personnellement ?

Roland haussa un sourcil. Dimitri haussa les épaules.

- L'un de nous doit bien se tenir informé !

Roland acquiesça.

- Oui et ton bon jugement neutre de la situation te permettra d'apprécier la situation de façon bien plus équilibrée que moi !
- … c'est une certitude… admit Jackson.
- Hm… marmonna Dimitri.

Ce dernier regarda Amélia Levy, sous la photo de laquelle était marqué « DIMITRI 2 » en rouge.


***

Wallace et Helen attendaient de nouveau le bus. De retour cette fois.

- Quelle après-midi… soupira Helen.
- Ouais… Dire que je comptais juste boire et faire la sieste…

Helen et Wallace étaient assis sur le banc, sous l'arrêt, en plein Volucité. Il y avait pas mal de monde dans les rues.

- Vous savez…

Helen regarda Wallace qui inspira.

- Avant… ce cycle scolaire, j'avais pas vraiment d'amis, j'venais à peine de déménager, honnêtement, je pensais pas que ma vie deviendrait si cool au bout de seulement deux ans… Je veux pas que ça s'arrête.
- Cela ne s'arrêtera pas, du moins c'est à toi d'en décider, Wallace.
- Je sais… mais ces gens, je vais les perdre de vue… Walter, Perrine, Naomi… Tristan…
- Ou alors tu peux les revoir, c'est ton choix !
- Je sais, mais… La vie, c'est jamais vraiment ce qu'on veut en faire, vous savez bien… Si Perrine part à l'étranger, si Walter et Naomi s'installent, se marient, ont des gosses…
- Tu mèneras ta vie de ton côté aussi, un jour vous vous reverrez et vous serez ravis de vous revoir les uns les autres !
- Vous. Vous aussi, je vais vous perdre de vue !
- Mais moi c'est normal, je suis une prof ! Tu pourras toujours me contacter par mail de temps en temps !
- Vous savez bien que je le ferais pas…
- Non, et ça me rassurera, ça voudra dire que tu ne vis pas dans le passé, que tu as fait ta vie ! Je serais fière, rassure-toi !

Wallace soupira.

- Vous en parlez tellement facilement…
- J'ai 36 ans, Wallace…

Wallace soupira.

- Vous étiez pareille à mon âge ?
- Pire ! J'étais chiante et je pétais des câbles. Mon père en soupire encore quand je l'appelle. Il me fait : « Hallooooooohhhhh…. » genre « Encore cette emmerdeuse ! »

Wallace ricana.

- J'vous vois trop pas être chiante !
- Quand je voulais protéger un site archéologique ou en faire conserver les éléments les plus dignes de conservation, si.

Wallace plissa les yeux.

- Est-ce que c'est pas plus cool de tout laisser là où c'est ?
- A la merci des pillards ? Non merci ! Une fois conservés, je n'ai plus de souci à me faire pour aucune de ces reliques. C'est à croire que j'étais née pour embêter mes parents, à finir vieille fille et à forcer mon père à investir dans les musées…

Wallace sourit.

- J'aurais pu leur présenter Holland… Ma mère l'aurait fait chier, mais il aurait eu l'habitude par rapport à la sienne. Mon père l'aurait trouvé trop niais pour moi, mais… J'aurais pu lui tenir tête…

Helen soupira, décontenancée.

- Je suis amoureuse de lui !
- Bah merde alors !
- Et là, je ne sais plus où il se trouve, je ne sais pas ce qui lui arrive… Jeffrey avait l'air confiant, alors… je suppose que tout va bien, mais…

Wallace regarda sa prof, compréhensif.

- Je peux me voiler la face autant que je veux, je l'aime. Je veux le revoir ! Je veux qu'il soit à mes côtés, je veux passer du temps avec lui, je veux qu'il reste avec moi la nuit parce que… Je suis seule et qu'au fond j'en ai marre d'être seule, et lui, bah c'était une excellente compagnie… Même le fait qu'il soit roux, je m'en fiche !

Wallace agita la tête.

- Tu ressens probablement ça avec Tristan !
- … Mais nan, trop pas !
- Oh je t'en prie !
- On… On est juste amis, je me fais juste du souci pour lui ! Et je pense qu'au fond je m'en ferais toujours un peu…
- Mais tu aimerais garder le contact avec lui après le cycle !

Wallace souffla. Il regarda sa prof.

- Ce petit con… a commencé par me suivre, par me tenir la jambe comme un damné, à s'accrocher comme une tique, et moi j'ai tout fait pour le repousser… Vraiment ! Avec force, mais après… Ce petit crétin s'est mis dans de beaux draps et…

Wallace inspira.

- Je sais pas, toute ma détestation de son attitude et de ses valeurs s'est transformée en… admiration de sa ténacité et de sa droiture. J'aimerais… avoir le même sens commun que ce garçon, sa ténacité face aux épreuves…

Helen ne put qu'acquiescer. Wallace soupira.

- Quand je pense que je faisais un caca nerveux parce que ma mère ne me parlait plus, alors que peu à peu je me suis aperçu que… moi je pouvais lui parler calmement, même sans qu'elle ne me réponde forcément, juste… lui dire des choses. Et finalement tout s'est arrangé grâce à mon oncle, mais… Ça m'a juste fait réaliser que, de la même façon que ma mère pouvait évoluer au sujet de sa position sur l'homosexualité, je pouvais évoluer quant à ma position sur les relations amoureuses… Sauf que…

Helen grimaça. Wallace la regarda.

- Vous êtes suspendue à mes lèvres, quoi !
- Bah oui, c'est super mignon tout ça !
- Hmph… Sauf que je suis toujours à 100% persuadé que si on sort ensemble, ça va pas coller, je vais le faire souffrir, il va me gonfler…
- Oui parce que toi, impossible que tu souffres !
- Je suis plus solide moralement que lui !

Helen retint un ricanement.

- Quoi ?
- Wallace, tu veux le dissimuler mais tu sais très bien qu'au fond de toi se cache une immense sensibilité !
- Bah voyons !
- Mais si, mais si ! Cette année t'a fait grandir, tu as compris que tu étais quelqu'un de bien et que tu pouvais soutenir les autres, pas seulement les prendre de haut, les brimer ou les railler méchamment.

Wallace regarda Helen qui sourit.

- Si tu faisais un vrai panorama de la classe, à présent ? Pas un tour d'horizon cynique, mais un vrai panorama avec ta vraie pensée, pas de grands effets, juste toi !

Wallace inspira.

- Pfffff… Relou…

Le bus arriva, et les deux s'assirent au fond, comme à l'aller. Wallace soupira.

- Perrine est une fille très bien, un peu space, mais c'est… une plante, qui a besoin d'un tout petit peu d'attention de temps en temps, et… Elle est toujours là pour moi, mais je suis pas sûr d'être toujours là pour elle…

Helen acquiesça.

- Walter est mon meilleur copain, bon, là il est en couple alors je prends un peu mes distances… Même si j'adore Naomi aussi, on a de super discussions… Juste que… Je veux pas les gêner et… j'espère vraiment que ça va bien se passer entre eux, parce qu'au fond, je sais qu'ils s'aiment beaucoup…

Wallace inspira.

- Robbie est un gars cool, vraiment… Je devrais être plus cool avec lui, il fait du bien à Perrine, il lui a permis de s'ouvrir un peu plus, d'atteindre une espèce de stabilité spirituelle et je trouve ça cool. Et il a un étrange talent pour diriger… Tino est un petit je-sais-tout de merde, mais au fond je sais qu'il a des valeurs, il est lourd parfois mais… Je sais pas, il a l'air d'être un peu comme moi, de pas pouvoir se dévoiler, mais… pour d'autres raisons !

Helen agita la tête.

- Orson… Il est marrant. Toujours intimidé, toujours l'air gêné par tout… Même la prof d'apprentissage technique lui fait peur…

Helen sourit. Wallace soupira.

- Benjamin, c'est un peu le petit péteux qui veut faire mieux que tout le monde, qui veut qu'on l'admire… Il est encore plus coincé qu'Orson et Tino réunis, je crois, il a trop de principes de merde… Nan, Orson exprime ses sentiments, Tino est capable d'être conciliant, mais Benjamin… Je sais pas, on dirait une jeune vierge catholique élevée dans un couvent toute sa vie et que d'un coup on emmènerait en discothèque un beau jour…

Helen ricana.

- Christina… Elle est cool. Au début j'aimais bien lui faire peur et puis après elle a cessé d'avoir peur, et pis bon, les autres se foutaient de sa gueule…
- Toi aussi ! rappela Helen.
- Une ou deux fois, ouais. Je suis sûr qu'elle va arriver à pécho Tino.

Helen ricana.

- C'est dit si joliment !
- Mike est un brave gars. Faut que j'essaie de lui parler un peu plus. Mais je maintiens mon truc avec Rebecca. Amis, mais rien d'autre. Je sais pas, c'est juste… bizarre de les imaginer ensemble. Steven est hilarant et je suis persuadé qu'on pourrait devenir potes, si seulement il était pas homophobe à fond les ballons… James est un gars bien, Fey a l'air un peu hystérique avec lui parfois… avec tout le monde en fait, tu sens la meuf qu'il faut pas faire chier… Ana est une fille cool mais faut qu'elle s'éloigne de Steven, c'est trop chelou, elle est toute gentille et lui, bah… c'est lui ! Gina et Holly… Elles ont vachement changé, au départ pour moi c'étaient des pouffes, et maintenant, je sais pas… Gina et moi on a un peu le même humour, elle me pige bien. Holly est cool aussi, on peut discuter avec elle, je les regarde vachement différemment depuis qu'il y a eu la brouille avec Teresa Torres. Elles ont vraiment assuré ce jour-là. Les jumeaux… Pffff leur combat je m'en remets pas… C'était tellement ouf. Clive et Andréa, je sais pas, c'est un peu comme si ils s'excluaient d'eux-mêmes de la classe. Pourtant Andréa est une fille géniale. Et Clive est … probablement sympa !

Helen agita la tête, incertaine.

- Francis… Pfff, ce serait cool que ça marche avec Quinn. Merde, ça se voit depuis l'espace qu'ils sont faits l'un pour l'autre… La petite Lucy me fait trop rire, je suis sûr qu'on pourrait se mettre à la colle elle et moi !... Santana… Pfff… J'devrais essayer de lui parler, mais ça serait tellement galère. Est-ce qu'elle m'écouterait, est-ce que je saurais l'aider… Pas sûr. Violette ne sait plus où elle en est non plus, elle est aussi paumée qu'elle… Rebecca par contre commence à devenir vachement fréquentable, et il faudrait que j'essaie de lui parler un peu, ce serait cool. Amélia… J'sais pas vraiment quoi dire d'elle, elle est assez affligeante dans son genre…

Wallace s'arrêta. Helen plissa les yeux.

- Tristan ?

Wallace inspira et regarda sa prof, l'air un peu désespéré. Helen inspira et tapota l'épaule de son élève. Les deux s'enfoncèrent dans leur siège, regardant le passage défiler, et avec lui les minutes les rapprochant de leur ville.