Les forces du mal - DraculaUne silhouette sombre se découpa devant la lumière de la lune qui filtrait pat l'interstice des volets. Elle se déplaçait avec souplesse, ce qui lui permettait de ne pas émettre le moindre son. A pas feutrés, elle s'approcha du lit, dans lequel une personne était étendue, profondément endormie.
Yohanna écarquilla les yeux de terreurs en se réveillant en sursaut lorsqu'on plaqua une main sur sa bouche. Elle voulut hurler, mais son cri fut étouffé par les doigts qui enserraient ses lèvres. Elle s'agita furieusement, désireuse d'échapper à cette étreinte.
- Chut... C'est moi.
- Cassidy ?
En se calmant, elle remarqua le visage de son amie, à peine visible dans l'obscurité. Elle se redressa, légèrement essoufflée par son angoisse passagère, et s'assit en tailleur sur son matelas.
- Qu'est-ce que tu fais ? A quoi tout cela rime ? Il est pratiquement une heure du matin.
- Je sais, je ne voulais pas t'effrayer. Simplement, je craignais que tu ne paniques en voyant quelqu'un entrer dans ta chambre.
- Que me veux-tu ?
- J'aurais un service à te demander, si cela ne te dérange pas.
- Tu connais déjà ma réponse, j'imagine, répondit la religieuse avec un sourire. De quoi s'agit-il ?
- Je vais devoir m'absenter une partie de la nuit, et au cas où les autres remarques ma disparition, il faudrait que tu me couvres.
- Où est-ce que tu vas ?
Cassy réfléchit un cour instant. Elle avait prévu de ne pas révéler la vérité à quiconque au sujet de la quête qu'elle menait en parallèle, cependant elle ne voulait pas non plus, si elle était amenée à disparaître pour une quelconque raison, que tout ce qu'elle avait découvert jusqu'à présent soit perdu.
- Je vais te dire de quoi il en retourne, au cas où il m'arriverait quelque chose.
- Ne dis pas cela, voyons. Il ne peut rien t'arriver. Pas à toi.
- Je ne suis pas à l'abri d'une telle éventualité, et tu es la seule à qui je peux faire confiance.
- Pourquoi moi ? Pourquoi pas Sven ?
- Il est le disciple d'Artémis, il s'empresserait de tout lui raconter et elle le répèterait à Lilith, or elle ne doit pas l'apprendre.
- Je croyais que tu ne devais avoir aucun secret pour elle ?
- Elle en a pour moi. D'ailleurs, j'ai justement le mystère que j'essaye de percer. L'autre jour, aux ruines Sinjoh, les Zarbi m'ont montré... des images. Arceus désirait que Circé lui fabrique un élixir de longue vie, cependant les humains légendaires n'en ont pas besoin. Il faut donc que je découvre à qui il était destiné. Quant à Lilith, elle a peur de quelqu'un, et d'après elle, c'est le cas de tout le monde. Cette personne posséderait une puissance incomparable, capable de terroriser même les plus valeureux d'entre eux.
- Là encore, tu comptes trouver de qui il s'agit. Et que suis-je sensée faire de ces informations, moi ?
- Mener mes recherches à bien si jamais j'échoue. Pour le moment, Cynthia et Régis travaillent déjà là-dessus de leur côté, mais je dois solliciter l'aide d'une Championne d'Arène qui m'a plus ou moins aidée par le passé. Kiméra.
- Si tu vas à Unionpolis, pourquoi ne pas m'emmener avec toi ? Je connais la ville par coeur.
- Parce que c'est trop risqué. Parce que j'ai besoin que quelqu'un reste ici pour mentir aux autres s'ils venaient à remarquer mon absence. Et surtout, parce que si jamais je ne revenais pas, je te confie la tâche de démasquer Arceus. Léa connait son secret, bien qu'elle n'ait pas voulu m'en faire part. C'est vers elle que tu devras te tourner.
- Cassidy, je t'en prie... Tu parles comme si tu allais te faire tuer.
La dresseuse se raidit un instant. Effectivement, elle avait un mauvais pressentiment. Jamais ils ne s'étaient autant rapprochés du but, et elle redoutait qu'ils ne s'effondrent d'un instant à l'autre. Elle savait que le pire pouvait encore arriver.
- Je préfère simplement prendre des précautions. Je vais voyager seule et sans autre protection que mes gants de combat. Si jamais un sbire d'Arceus décidait de s'en prendre à moi, je ne ferai jamais le poids contre lui.
- Et à ta prochaine mission, tu me laisseras venir avec toi ?
- Attendons déjà de voir de quoi demain sera fait, d'accord ?
- D'accord... murmura Yohanna, un peu déçue. Prends soin de toi, et essaye de revenir vite.
Elle posa délicatement sa main sur la sienne et lui donna une légère pression, qui sonnait comme un encouragement. La jeune femme hocha solennellement la tête, attacha sa cape autour de son cou, puis quitta la pièce.
Une poignée de minutes plus tard, Dracolosse battait des ailes dans la nuit noire de Sinnoh pour s'éloigner en direction du sud-ouest. A califourchon, Cassy ne cessait de triturer l'élastique de ses gants. Grâce à ses entraînements quotidiens, ils étaient parfaitement chargés, mais cela risquait de ne pas suffire face à des forces qui la dépassaient.
Elle ne regrettait pas d'avoir tout avoué à la religieuse, bien que cela la mette désormais elle aussi en danger. Il s'agissait de la seule personne à laquelle elle pouvait réellement se fier, et elle savait qu'elle ne trahirait pas sa confiance, même si sa vie en dépendant. Elle avait déjà eu l'occasion de compter sur elle en maintes circonstances.
Elle donna un petit coup de talon dans les flancs de son dragon afin qu'il presse davantage l'allure. Le ciel était dégagé et leur silhouette se découpait sur les étoiles au-dessus de leur tête. Elle aurait préféré un peu de brume pour les camoufler, raison pour laquelle elle souhaitait arriver à bon port au plus vite.
Il faisait froid, trop froid pour neiger. Le lendemain, la terre serait à n'en pas douter gelée. Cela rendrait le sol de l'Arène à ciel ouvert peu praticable, mais la dresseuse savait que même les pires conditions météorologiques ne les empêcheraient pas de s'exercer. De toute façon, Lilith ne leur permettrait pas de renoncer, ne serait-ce que pour une journée.
Elle avait les doigts engourdis sur l'encolure de Dracolosse lorsqu'elle survola Unionpolis. Elle lui désigna le bâtiment où exerçait Kiméra et il entama sa descente. Elle craignait d'être mal accueillie en arrivant au beau milieu de la nuit, raison pour laquelle elle espérait que la Championne se souviendrait d'elle, même si leur dernière rencontre remontait à plus de deux ans auparavant.
Elle frappa à la porte secondaire de l'Arène. N'obtenant aucune réponse, elle recommença, plus fort, cette fois. Au bout d'une minute, quelqu'un vint finalement tirer le loquet du battant, mais laissa tout de même la chaînette de sécurité tirée par méfiance.
- Qui va là ? demanda une voix féminine, étonnamment grave.
- Je viens voir Kiméra.
- A deux heures du matin ? Revenez demain.
- Il faut que je lui parle, c'est important.
- Madame Kiméra dort, et elle ne supporterait pas d'être dérangée pour des broutilles.
- Ce ne sont pas des broutilles. Je vous en prie. Dites-lui qu'une amie de Cynthia désire lui parler.
- Je doute qu'elle accepte de recevoir une personne en lien avec sa rivale.
- Dans ce cas, présentez-moi comme étant celle qui porte la marque.
- Je vous demande pardon ?
- Elle comprendra, je vous assure. S'il vous plait, je n'ai pas beaucoup de temps.
- Je vais voir ce que je peux faire.
Cassy s'emmitoufla dans sa cape avec le vain espoir de se tenir chaud en attendant que la femme revienne. Elle redoutait que, l'ayant prise pour une folle, elle soit retournée directement se coucher, mais elle revint finalement au bout d'un moment qui lui semblait interminable.
- Madame Kiméra va vous recevoir, déclara-t-elle en lui permettant l'accès à l'intérieur. Suivez-moi.
Elle put enfin voir le visage de son interlocutrice. Sa peau était sombre, presque autant que ses cheveux de jais noués en un chignon serré. Elle portait une sorte de toge violette, serrée à la taille par un ceinturon doré orné d'une boucle complexe. Subjuguée par son apparence surprenante et sa beauté exotique, la dresseuse la suivit jusqu'au boudoir où elle avait déjà été reçue lors de sa dernière visite.
La Championne l'y attendait déjà. Elle portait une robe de chambre mauve en satin, attachée autour de la taille. Ses mèches d'ordinaire coiffées avec excentricité tombait simplement jusqu'au creux de ses reins.
- Je think bien qu'il s'agissait de toi.
- Bonsoir. Je vous prie de m'excuser de vous déranger à cette heure.
- A quel sujet est-ce, today ? Always en quête de mythes ?
- Exactement. Vous connaissez les humains légendaires et j'en recherche un dont j'ignore tout. J'ai songé que vous pourriez m'aider.
- Why ?
- Hum... Je ne sais pas, moi. Pour faire partager votre savoir, peut-être.
- Non, I can't help you. Je sens quelque chose en toi. Last time, je t'ai parlé de ta darkness. Elle a empiré. Elle ne fait que croître en ton sein. You choosed le mauvais camp.
- J'ai choisi le camp des ténèbres, c'est vrai. A présent, je me bats aux côtés de Lilith et de Satan, cependant ils ne sont pas aussi malfaisants qu'on le croit. Pas plus qu'Arceus, du moins.
- Oh, I see. C'est à cela que tu aspires ? Kill Arceus ?
- Non. C'est lui qui souhaite nous détruire, mes amies et moi. Le seul moyen que nous ayons de nous protéger est de le devancer. Cependant, sans cet humain légendaire que je recherche, nos chances sont moindres.
- I won't help les alliés de Darkrai.
- Vous ne les aiderez pas. Ils ne veulent pas non plus avoir affaire à cette personne, contrairement à moi qui pense qu'elle peut nous aider à résoudre tous nos problèmes. Je vous jure, je ne souhaite pas faire le mal. Mon glyphe, ce symbole que je porte, est celui qui commande à seize autres : la Confrérie. C'est à moi d'assurer la protection de mes amis. Si j'agis ainsi, c'est uniquement pour m'assurer qu'ils en sortiront indemnes.
- Me give-tu ta parole ?
- Je vous le jure. Les Zarbi ont eu suffisamment confiance en moi pour me confier un secret qui dépasse l'entendement. Pourquoi pas vous ?
Kiméra tourna les talons et s'éloigna en direction d'une bibliothèque. Dans la lumière tamisée, Cassy peinait à voir ce qu'elle faisait. Lorsqu'elle revint vers elle, elle tenait dans la main un grimoire qui paraissait presque aussi ancien que celui de Circé.
- J'ignore tout de cet être que tu recherches, but je suppose que l'un des textes contenus dans ce book y fait référence. Je vais te le recopier. Ensuite, please, quitte mon Arène et don't come back. Même si tes objectifs sont aussi louables que tu say that, tu appartiens à la darkness. I wan't avoir affaire avec quelqu'un comme toi.
- D'accord. Je ne vous en demanderai pas davantage, de toute façon.
La Championne trempa une longue plume dans un encrier et recopia ce qui ressemblait à un poème sur un papier parcheminé. Ni l'une ni l'autre ne prononçait le moindre mot, seul le grattement de l'écriture troublait le silence.
- Voilà, déclara-t-elle en lui remettant le document. Good luck, mademoiselle, mais surtout goodbye.