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Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 09/05/2014 à 09:58
» Dernière mise à jour le 21/08/2018 à 23:39

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 40 : L'orage gronde
Ai-je sauvé des vies, au final ? Peut-être. Peut-être en ai-je condamnées plus encore. Je ne me sens pas l'âme du Sauveur du Millénaire. Mais je sais, et cette pensée me réconforte, que si un péril aussi grand venait à frapper à nouveau, encore une fois, un nouveau Sauveur du Millénaire apparaîtra.



*****



La nuit était tombée sur la ville de Cinhol. Dehors, les gens travaillaient encore à réparer les ravages de la bataille, à déterrer les cadavres, à trouver d'autre survivants dans les décombres. Dedans, dans ses quartiers royaux, Castel était occupé à rire. Il avait gagné. Il avait détruit Uriel, il avait récupéré son propre corps, il avait rallié à lui le peuple de Cinhol. Très bientôt, il allait ramener la météorite des Primordiaux dans l'Ancien Monde. Il allait provoquer là-bas tant de carnage qu'elle ne tarderai pas à se recharger complètement. Alors, il pourrait enfin provoquer ce qu'Uriel avait empêché jadis : la destruction définitive de ce monde.

Il allait se venger de l'humanité, et n'allait laisser qu'une planète stérile et morte. Et alors, son allié, celui qui avait fait chuter la météorite sur ce monde, celui qui avait conçu le métal miraculeux dont elle était issue, pourra terraformer ce monde à sa guise et s'en servir pour ses expériences. Tel était ce que Castel Haldar avait promis au Grand Forgeron. Et lui, il allait faire revenir son aimé Enysia à ses cotés, et ensemble, ils régneront sur Cinhol jusqu'à leur mort, après quoi ils laisseront derrière eux une dynastie qui durera des milliers d'années.

- J'ai gagné ! Hurla Castel. Tu entends, Arceus ?! Tu ne peux plus te mettre au travers de mon chemin ! Plus personne ne le peut !

- Tsss... tu es toujours aussi bruyant, même après cinq cent ans.

Castel dut admettre qu'il avait été pris par surprise. Alors qu'il n'y avait que lui dans sa chambre, une personne venait d'arriver de nulle part. Sa voix mécanique et résonnante était aussi effrayante que sa silhouette. Grand, il portait une combinaison grise avec une large pièce d'armure au torse, avec brassards et bottes assortis. Une cape sombre descendait de ses épaules jusqu'à ses pieds, et son masque, semblable à une tête de mort avec deux cornes, semblait sortir de quelque contes terrifiants. Castel se remit de la surprise initiale. Il connaissait cet individu.

- Vous n'avez pas tardé, dit-il. Vous saviez que je reviendrai aujourd'hui même ?

- Je sais tout de l'écoulement temporel, que ce dans ce monde ou dans un autre, répondit l'homme masqué.

- Bien sûr, fit Castel légèrement ironique. Vous êtes un être omnipotent et omniscient, n'est-ce pas, Lord Judicar ?

- Je le suis bien plus que toi, en tout cas.

Castel n'avait plus vu cet homme depuis cinq cent ans, mais il venait de se rappeler soudain qu'il ne pouvait pas le supporter. Son arrogance était la seule chose qui égalait ses pouvoirs. Des pouvoirs divins, Castel le savait. Même au-delà du divin. Il était capable de voyager entre les époques, entre les mondes, entre les univers même. Ce qu'était Judicar, et ce qu'il voulait, dépassait largement l'entendement de Castel. Mais il devait attendre quelque chose de Castel. Car autrefois, il l'avait aidé. Il lui avait sauvé la vie plusieurs fois contre la République de Bakan, et il s'était servi de son pouvoir pour rendre Castel plusieurs fois victorieux et adulé de ses hommes. Et à cela il n'avait donné qu'une seule raison : parce que Castel était nécessaire au bon déroulement du destin qu'il cherchait à atteindre.

- Tu t'apprêtes à envahir le monde réel ?

- Pourquoi poser la question ? Demanda Castel. Vous devriez le savoir, non ?

- Je vois bien des futurs, Castel. Une infinité. Seuls quelque uns peuvent maintenant se réaliser. Dans certains, tu triomphes. Dans d'autres, tu es détruit. Tous ceux qui peuvent se passer me conviennent. Peu m'importe ce que tu feras dans le monde réel. Je viens toutefois te mettre en garde.

La visière optique qui faisait office d'yeux à Lord Judicar dévisagea ceux de Castel.

- Prend garde à ton alliance avec le Grand Forgeron.

Castel ricana.

- Oui, je sais que vous n'appréciez pas les Primordiaux, Lord Judicar.

- Je les connais mieux que toi. Ils ont quitté la Terre depuis fort longtemps, et ne sont pas de nature belliqueuse, mais le Grand Forgeron... est une exception.

- Ses pouvoirs et sa science sont sans limite ! S'exclama Castel. C'est lui qui a crée le métal dont est fait la météorite. C'est lui qui a forgé les Dieux Guerriers, dont Hafodes que je tiens dans ma main. Il m'a donné les moyens de parvenir à mes objectifs. En échange, je vais lui donner le monde réel une fois que je l'aurai purgé. Tel était notre accord.

- Tu fais ce que tu veux, Castel, répliqua Lord Judicar. Je te l'ai dit : tous les futurs que tu pourra provoquer me conviennent. Mais sache que je t'observerai de loin, et que je serai là pour me moquer quand sera venue l'heure de ta chute.

- Absurde ! Qu'est-ce qui pourrait bien m'inquiéter ?

- Tu penses réellement en avoir fini avec Uriel ?

Castel eut l'impression d'entendre comme un rire dans sa question.

- Comment cela ? J'ai tué Uriel ? Il a récupéré son corps, et je l'ai décapité ! Il est mort, perdu à jamais dans le cœur de la météorite !

- Mais son héritage va bien plus loin que tu ne l'imagines, fit Judicar en se retournant. N'oublie pas, il était le Sauveur du Millénaire, désigné par Arceus. Tu ne t'en débarrasseras pas si facilement.

Après quoi, Judicar disparut comme il était arrivé, sans laisser de trace, laissant Castel Haldar dans l'interrogative et dans une certaine forme d'inquiétude. Qu'avait-il voulu dire ? En quoi Uriel pourrait-il encore le narguer ?


***


Nirina s'était réveillée plusieurs fois sans savoir où elle était. Malgré son esprit qui était à la dérive totale, elle était parvenue à distinguer autour d'elle une salle blanche, éclairée, avec plusieurs personnes en blouse qui s'affairaient sur elle. Elle avait aussi remarqué qu'elle portait un masque respiratoire, et qu'elle était branchée à de nombreux moniteurs. Elle devait être dans un hôpital, dans le monde réel, mais elle ne se souvenait pas pourquoi. Sa conscience ne cessait d'aller et venir.Quand enfin elle se réveilla pour de bon, un médecin fut là pour lui annoncer avec un soulagement évident que son cas était stabilisé.

- Mon... cas ? Répéta Nirina d'une voix pâteuse.

- On vous a envoyé ici avec la poitrine transpercée. Par une épée, m'a-t-on dit.

Une épée... Oui, Ryates l'avait trahi. Il lui avait enfoncé Peine dans le corps. Mais avant, elle s'était fait battre par Adam et Deornas. Nirina ricana, ce qui lui fit mal à la poitrine.

- Vous auriez du me laisser mourir. Ça m'aurai évité de vivre avec l'humiliation qui est la mienne maintenant...

- Je me fiche de votre égo, madame, ni de qui vous êtes, répliqua le médecin. Mon job est de sauver des vies, et ce pour qui que ce soit.

Nirina regarda autour d'elle, tâchant de deviner où elle était.

- Nous sommes dans le monde réel ?

- Non. J'ignore quand nous rentrerons. Vous êtes actuellement dans le vaisseau l'Inébranlable, de la Quatrième Flotte de Stormy Sky.

Ah oui, Stormy Sky. Nirina se rappelait. Adam s'était pointé avec dix vaisseaux pour conquérir la cité royale.

- J'aimerai savoir ce que mon demi-frère vous a promis pour que vous l'aidiez ?

Le docteur haussa les épaules.

- Je suis toubib, moi. Je ne sais rien des affaires de l'Amiral. Est-ce que vous souffrez quand vous respirez ?

- Un peu... Mais il faut que... Savez-vous quelque chose sur mon fils ? Il est vivant ? Il va bien ?

Le docteur de Stormy Sky soupira.

- Avant qu'on me renseigne, j'ignorai que vous étiez la reine de cet endroit. Je ne sais rien de ce qui se passe à l'extérieur, madame.

Nirina en aurait hurlé. Elle ne pouvait pas rester ici tant qu'elle ne saurait rien sur Alroy. Adam et ses comparses devaient s'être rendus maîtres des lieux. Avaient-ils épargné Alroy quand ils l'ont trouvé ? Et qu'était devenu Ryates ? Le Seigneur Uriel avait-il ressuscité ? Comme elle commença à s'agiter sur son lit pour tenter de se lever, le médecin des Stormy Sky se précipita pour injecter quelque chose dans l'intraveineuse. Nirina se sentit rapidement sombrer dans le sommeil.Quand elle se réveilla, elle n'aurait pu dire combien de temps elle avait dormi. Ce qui l'avait réveillé était l'échange sulfureux entre son médecin et ce qui semblaient être des hommes de la Garde Royale de Cinhol.

- ... me fiche que vous tenez vos ordres du roi ou du pape ! S'exclamait le docteur. Cette jeune femme vient d'échapper à la mort, et est loin d'être remise. La déplacer, à fortiori dans une prison, est impensable !

- Nous ne vous demandons pas d'en penser quoi que ce soit, homme de l'Ancien Monde, répondit l'un des gardes d'un ton on ne peut plus menaçant. Ce n'est pas à vous de contester les ordres de Sa Majesté. Cette affaire ne vous regarde en rien. Vous deviez seulement la maintenir en vie, c'est chose faite. À présent, écartez-vous !

Les deux gardes passèrent dans la chambre en bousculant le médecin, qui protesta inutilement. Ils avaient apparemment l'intention de la transporter eux-mêmes. Mais quand ils se rendirent compte que Nirina était consciente, ils stoppèrent leur geste. Ils semblaient même un peu anxieux.

- Eh bien ? Demanda Nirina. Vous venez me conduire à mon exécution ? Je vous prie au moins de le faire en silence, messieurs. Nous sommes dans un hôpital ici.

Nirina ne se faisait guère d'illusion sur sa survie si Adam avait pris le contrôle. Il devait lui en vouloir à mort pour ce qui était arrivé à Ylis. Et même s'il était assez faible pour décider de l'épargner, ses conseillers, Isgon en tête, ne seraient pas de cet avis. Prendre le trône et laisser son concurrent en vie était absurde.

- Nirina Haldar, ex-souveraine de Cinhol, commença l'un des gardes. Sa Majesté, le roi Castel II, a, dans sa générosité, décidé de vous laisser la vie pour le moment.

- Castel II ?! Il a pris le nom de notre ancêtre ? Je ne le pensais pas si arrogant...

Le garde se hérissa.

- Nul ne peut insulter le roi en présence de la Garde Royale !

- Allons, inutile de monter sur tes grands chevaux, mon gars. Tu me servais encore il y a de cela quelque jours, et si tu m'avais bien servi, tu serais mort pour moi à l'heure qu'il est. Dis-moi plutôt ce que mon frère a concocté pour moi s'il ne veut pas ma tête ?

- Vous serez conduite dans le Puits Carcéral, où vous y demeurerait jusqu'à que Sa Majesté en juge autrement.

Nirina était surprise. Elle avait peut-être sous-estimé Adam. Le bâtard était plus impitoyable qu'elle ne l'avait imaginé. Le Puits Carcéral était, et de loin, un sort bien pire que la décapitation. Si Nirina avait accepté l'idée de sa mort et ne la craignait pas outre mesure, elle craignait ce qu'elle subirait dans cette prison.

- Il compte que mes futurs colocataires me violent une bonne centaine de fois avant de me tuer et de dévorer mon cadavre ensuite ? Très prévenant de sa part.

- Vous serez isolée, Altesse. Et nourrie convenablement.

- Assez de ces conneries ! Intervint à nouveau le docteur. Cette femme est ma patiente, et la priver de soin est la condamner à mort ! J'interdis totalement...

- C'est bon docteur, l'arrêta Nirina. Ils m'amèneront de toute façon. Merci de vous être occupé de moi.

Nirina préférait que le toubib se calme et s'en aille. Elle savait que la Garde Royale n'hésiterait pas à le tuer si nécessaire. Elle se laissa donc soulever par les épaules par les deux gardes, et mis difficilement un pied devant l'autre. Elle se sentait déjà mal. Le docteur avait raison. Elle ne tiendrait pas longtemps dans le Puits Carcéral. Nirina ne comprenait pas les intentions d'Adam. Pourquoi la laisser mourir dans ce trou sans que personne ne le sache alors qu'il aurait pu profiter de son exécution publique ? Quand elle en demanda la raison aux gardes, ils répondirent simplement que le roi n'avait pas à se justifier. Elle osa les interroger à propos d'Alroy. Là, elle eut une réponse.

- Le prince est vivant et en bonne santé. Le roi va le garder auprès de lui, en tant qu'héritier.

Nirina ne savait pas si elle devait se sentir soulagée ou apeurée. Alroy serait l'otage d'Adam. Ça valait mieux que la mort, certes, mais en sachant Adam capable de l'envoyer pourrir au Puits Carcéral, Nirina craignait ce qu'il pourrait faire à son fils. Elle devrait peut-être demander une audience avec son frère. Elle le supplierait de ne pas lui faire de mal, quitte à tomber à genoux devant lui. Sa fierté ne lui servait plus à rien à présent.

Les gardes l'amenèrent au plus profond de la ville basse, où se tenait l'entrée du Puits Carcéral. Il était profond de deux cent mètres, et devait faire cinquante mètres de diamètre. Il avait été creusé par l'arrière-arrière grand-père de Nirina, Bruford Haldar, dit Bruford le Cruel. C'était ici qu'il avait enfermé tous ses opposants, ou du moins, ceux qu'il soupçonnait d'être des opposants, et il y en a eu beaucoup, car Bruford avait devenu quelque peu paranoïaque dans ses vieux jours.

Quand un prisonnier descendait dans le puits, il ne revoyait plus jamais la surface. Il n'y avait pas de cellules en bas, ou très peu. Les prisonniers étaient livrés à eux-mêmes, et il n'était pas rare qu'on compte un mort tous les jours. Il n'y avait bien sûr aucune femme, car à peine poserait-elle le pied en bas qu'elle se serait faîte violentée dix fois par les prisonniers, qui, tels des bêtes sauvages, avaient perdu tout semblant d'humanité dans la noirceur du Puits. On les nourrissait, mais très peu, d'où les constantes bagarres pour la nourriture. Parfois, un prisonnier en dévorait un autre. Il n'y avait aucun garde pour les en empêcher. Bref, ce n'était pas un coin idéal pour une femme affaiblie et qui plus est de sang royal comme elle.

Bruford et son fils Inias avaient bien remplis le Puits jusqu'à que le grand-père de Nirina, Festil Haldar, dit le Conquérant, ne cesse d'envoyer des prisonniers dedans. Festil, et après lui son fils Rushon, étaient des hommes pragmatiques. Ils ne voyaient pas l'intérêt de garder en vie des gens qui méritaient la peine de mort plus que d'autre et en plus de continuer à les nourrir. Bien qu'ayant été des rois forts et durs, ils n'éprouvaient aucun plaisir à la torture, et préféraient toujours une mort rapide.

Mais à la mort de Rushon, sa femme Hasteria, une reine cruelle, avait repris la tradition d'envoyer du monde dans le Puits. Ayant toujours détesté les gens de Cinhol, elle devait trouver très amusant de les balancer là-dedans pour qu'ils s'entretuent. Et elle en avait envoyé beaucoup, souvent des gens qui ne méritaient pas d'y être, comme des pauvres n'ayant pas payé les impôts royaux à temps. Nirina en avait envoyé aussi, mais pas beaucoup. Comme son père, elle avait une préférence pour une mort claire et nette. Et puis, une tête accrochée sur une piques sur les remparts du palais avait aussi l'avantage d'envoyer un message. Arrivée devant le puits, Nirina prit le risque de se pencher un peu pour voir en bas, le peu qu'elle pouvait voir. Et c'était encore plus immonde que ce qu'elle aurait pu l'imaginer. Les hommes en bas n'étaient plus des hommes, mais des animaux.

- Votre nouvel appartement vous sied t-il, Votre Majesté ? Demanda quelqu'un.

Nirina se retourna, pour voir avec surprise son ancien général, le duc Barneas, qui l'observait avec délice.

- Barneas ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous m'accompagnez ?

- Je crains que non, Altesse. Je sers à présent le nouveau roi.

- Et qu'est-ce que vous avez pu dire pour qu'il vous épargne ? Je vous ai envoyé détruire Naglima. Je m'étonne qu'Isgon ne vous ai pas tranché en deux de la tête jusqu'à la virilité.

- Oh, il en aurait été ravi, j'en suis sûr. Mais il se trouve que Sa Majesté Cinhol II a jugé que je lui serai plus utile vivant que mort. Après tout, moi, je sers le royaume, pas un roi ou une reine en particulier. Que ce soit vous ou lui, ça m'importe peu, du moment que je peux continuer ce que j'adore et ce en quoi je suis le plus doué : tuer.

- Grand-père Lyaderix vous a mis à mon unique service, protesta Nirina. Vous êtes un traitre, à la fois envers moi et envers la Tribu des Chevaux d'où vous venez. Le règne d'Adam ne sera pas bien long s'il commence à placer autour de lui des vermines sans honneur comme vous !

- On a encore sa fierté, Altesse ? ricana Barneas. Grand bien vous fasse. Elle vous servira en bas, j'en suis sûr.

On la fit descendre sur le monte-charge qui servait à amener prisonniers et nourriture. Comme de bien entendu, quand ils virent qu'on leur amenait une femme, les prisonniers tentèrent de l'attraper, mais ils furent vite repoussés par les épées des gardes. Huit de plus étaient descendus avec elle ; une précaution bienvenue quand on voyait le visage de cauchemar des détenus. Enfin, on l'enferma dans l'unique cellule du Puits. À l'origine, ça avait été une chambre pour le seul garde en faction. Mais comme il n'y avait plus aucun garde, elle restait inoccupée. Nirina espéra ardemment que le garde avait bien verrouillé sa porte, et que les grilles étaient solides. Quitte à mourir, elle préférait largement que ce soit dans son sommeil, dans sa cellule, qu'aux mains des sauvages qui la lorgnaient comme s'ils n'avaient jamais vu une femme de leur vie. Quand les gardes remontèrent, Nirina se sentit soudain très vulnérable, et très seule.

- J'la reconnait, cette chienne ! Brailla l'un d'eux, accrochait aux barreaux de sa cellule. C'est la morveuse d'Hasteria ! La princesse Nirina !

- Pourquoi qu'y f'raient descendre une princesse ici ?

- J'en sais rien, mais moi j'm'en paierai bien un p'tit morceaux !

- Moi j'l'enculerai tellement profond son cul de Haldar que même le Fondateur l'entendra crier, cette salope !

Nirina soupira, et tenta de se trouver un coin pour s'allonger. Elle aurait bien voulu dormir, mais difficile de trouver le sommeil quand on avait une dizaine de curieux qui vous lorgnaient à travers les barreaux en déclarant à voix hautes ce qu'ils allaient vous faire une fois qu'ils auraient mis la main sur vous. Mais Nirina prit sur elle pour les ignorer, et ne surtout pas les regarder. Leur vue l'insupportait. C'est alors que, dans un état de demi-sommeil, elle entendit une voix s'adressant à elle.

- Tu renonces bien facilement. Ce n'est pas très « Haldar ».

Nirina se releva d'un coup, en se faisant mal au passage à sa blessure à la poitrine. C'était apparemment la nuit, et tout le monde dormait. Personne n'avait pu parler. Pourtant, la voix était là, dans sa tête.

- Si tu ne fais rien, le monde que tu considères comme tien va être anéanti.

- Vous êtes qui ? Et vous êtes où d'abord ?! Murmura Nirina.

- Tu me connais. Je suis Uriel. Ou plutôt, une subsistance de son esprit, qui est passé de Peine à toi quand tu la maniais. La seule chose qui reste de moi à présent.

Nirina fut méfiante. Elle ne doutait pas qu'une voix dans sa tête puisse être la manifestation d'un être surnaturel comme Uriel. Mais bien qu'elle ai techniquement embrassé sa cause, elle savait que cet homme était réduit à un esprit maléfique et tordu, et elle n'avait pas non plus oublié la trahison de Ryates.

- Uriel... Pourquoi la seule chose qui reste de vous ?

- Je suis mort. Pour de bon, cette fois. À l'instant même où j'ai récupéré mon corps, Castel m'a tué. Tout ce qui reste de moi est en toi, et va disparaître définitivement à tout jamais très bientôt. J'utilise mes derniers moments pour te parler, descendante de Castel.

- Que d'honneur ! Ironisa Nirina. J'aurai préféré plutôt que vous teniez votre promesse de me faire reine de l'Ancien Monde en votre nom.

- Ce n'est pas moi qui ai promis cela, c'est Ryates. Même si j'étais alors plongé dans les ténèbres, je suis différent de lui. Tout ce que je voulais, c'était faire obstacle à Castel. Alors oui, je me suis servi de toi pour cela, et je te présente mes excuses. Je me rends compte que mon influence et celle de Ryates a très lourdement endommagé ton âme, mais tu n'es pas perdue pour autant. C'est pour cela que je veux te parler. Pour te prévenir. Pour qu'après ma disparition, l'espoir puisse encore survivre.

Alors Uriel lui expliqua. Nirina savait depuis un moment que Castel n'était pas le héros que l'on dépeigné dans les livres et dans la légende, bien sûr. Ryates le lui avait dit, et en tenant Peine, Nirina avait senti la vérité d'Uriel. Mais ce que le Rejeté de la Lumière lui révéla, en revanche, était une surprise.

- Castel est Adam ? C'est absurde...

- C'est pourtant le cas. Ce jeune homme n'a jamais été ton demi-frère, il est ton ancêtre. Lorsque j'ai planté Peine dans la météorite pour empêcher Castel de l'utiliser pour détruire le monde, ça a troublé le processus lancé, et provoqué un dérèglement du continuum tout autour. Quand je suis mort, mon âme s'est trouvée prisonnière de Peine. Pour Castel et ses Pokemon, ça a déréglé leurs lignes de vie. Les Pokemon royaux sont devenus immortels, pouvant renaître à chacune de leur mort. Il n'y a jamais eu de soi-disant bénédiction d'Arceus. Quant à Castel, il était condamné à rajeunir jusqu'au premier jour de sa vie, puis à se remettre à vieillir jusqu'à l'âge qu'il avait au moment de l'accident, et ce à jamais. À chaque fois qu'il redevenait bébé, il perdait un peu plus de son âme. La dernière fois, il mit son esprit en sommeil pour le sauvegarder, et une nouvelle personnalité naquit, celle que tu connais sous le nom d'Adam. Il comptait grandir en tant que fils du roi Rushon, puis plus tard devenir roi à son tour pour agir directement. Mais je suis venu à Cinhol à cette époque, dans le corps de Ryates. J'ai reconnu Castel quand je l'ai vu, bébé, dans les bras de l'amante de Rushon. Ton père a sûrement interverti les enfants, et probablement tué son vrai fils sous les ordres de Castel. J'ai tenté de le tuer, mais il s'est échappé dans l'Ancien Monde. Grâce à toi en fait.

- C'est ce qu'Asterias a dit, acquiesça Nirina. Mais je ne m'en souviens pas. J'étais une gamine, et si c'est le cas, j'en suis désolée.

- Je ne t'en veux pas. Mais toi, tu sais la vérité. Castel a maintenant retrouvé son corps et toute la plénitude de son âme. Il va lancer Cinhol dans une croisade contre l'Ancien Monde, et le réduire à néant. Je sais que tu aimes ce monde. Tu dois l'en empêcher.

Nirina se permit un rire.

- Je crois que vous ne saisissez pas bien ma situation. Vous voyez où je me trouve ? Et même si j'étais libre, qu'est-ce que je pourrai faire contre Castel ?

- J'ai vu en toi, Nirina Haldar. Tu as beau en douter, tu es une femme de grande qualité. Tu es mon dernier espoir, et j'ai confiance en toi.

- Pourquoi ? Je suis la descendante de votre ennemi, après tout.

- Oui. Tu me fais beaucoup penser à lui, d'ailleurs. Mais Castel était un homme bon au début, et il était mon meilleur ami, comme un frère. Aujourd'hui, il est aveuglé par la rancœur et la folie, mais il avait de grandes qualités. Tu as les mêmes en toi. Il faut que...

La voix d'Uriel devenait de plus en plus faible, de plus en plus distante, et Nirina dut se concentrer pour en percevoir ses derniers mots.

- ...trouves mon héritier. Il existe... dans l'Ancien Monde. Lui seul... pourra manier mon épée comme il faut... Et lui seul pourra... vaincre Castel.

Après ça, le silence. Nirina sentit comme un poids quitter sa conscience, et elle sut qu'Uriel avait à disparu à jamais.


***


Bien qu'à la veille d'un examen important de l'Académie, Erend Igeus n'avait pas la tête à étudier. La tête adossé à la fenêtre de la villa sénatoriale de sa mère, il contemplait le ciel gris et orageux de Fubrica, mal à l'aise.

- Il y a quelque chose qui ne va pas... murmura-t-il.

- Oui, en effet. Et ce quelque chose, c'est que ta fichue bestiole rose a encore salopé la cuisine. Quand est-ce que tu vas te décider de le garder dans sa Pokeball ?!

Erend, penaud, se tourna vers son grand-frère.

- Babytus ne comprend pas encore bien le concept de cuisine. Son instinct de Pokemon fait que quand il voit ou sent de la nourriture, il la mange. Mais il progresse.

- Oh oui, c'est vrai, rétorqua Zayne. Cette fois, il n'a pas bousillé le réfrigérateur. Je te jure... tu le laisses en liberté quand tu es chez ton père ?

- Vaut mieux pas. Mon père attraperait une crise. Mais mère n'est pas comme lui, et Babytus doit sortir s'il veut comprendre le fonctionnement de la société humaine.

- Mais ce n'est pas mère qui doit passer derrière le merdier que ta bestiole met dans la maison, répliqua Zayne.

- C'est bon, je vais nettoyer...

- Non, le coupa Zayne. Tu restes là, et tu continues à travailler.

Erend retint un sourire. Zayne attachait encore plus d'importance aux études d'Erend que leur mère. Il était un grand-frère très protecteur et possessif, mais Erend l'aimait beaucoup, quand bien même ils étaient très différents. Zayne avait les cheveux d'un noir de jais alors qu'Erend les avait clair, et leurs visages aussi étaient très peu semblables. Mais c'était normal. Ils n'avaient pas le même père. Zayne Alston était le premier fils de Clarisse. Quand elle avait divorcé de son premier mari, Zayne n'avait que trois ans, et il avait alors pris le nom de sa mère. Puis Clarisse avait épousé Balthazar Igeus à Kanto, et Erend était arrivé. Ça faisait qu'il avait deux demi-frère, car son père avait aussi eu un fils avant Erend, un fils illégitime qu'il gardait secret. Erend jonglait avec ses deux frères comme avec ses deux parents, et même avec les deux régions de Kanto et Bakan. Six mois durant, il était à Bakan, les six autre mois, à Kanto. Ce n'était pas très facile.

- De quoi tu parlais tout à l'heure ? Lui demanda Zayne depuis la cuisine.

- De quoi ?

- Tu disais que quelque chose n'allait pas.

- Oh... Je ne sais pas trop. J'ai le sentiment que quelque chose de grave va arriver à Bakan...

Erend ne savait pas si sa mère avait mis Zayne au courant sur ce qu'Iridien Elson avait dit à propos de Cinhol... et d'Uriel. Si ce n'était pas le cas, Erend ne dirait rien. Il savait que leur mère se fiait bien plus à son cadet sur les questions politiques, car Erend les comprenait bien, alors que Zayne n'y trouvait aucun intérêt.

- Quelque chose de grave, hein ? Tu fais référence à la disparition du Premier Ministre ?

- Peut-être... Mère est très débordée ces temps ci, et inquiète.

- Mère est toujours débordée. Les gens croient que les sénateurs sont payés à ne rien fiche, mais ils se trompent. Enfin, quoi qu'il se passe dans la région, mère saura comment y faire face.

- Tu crois ? Demanda Erend qui avait besoin d'être rassuré.

- Bien sûr. Mère est la plus écoutée des sénateurs. Notre famille Alston est l'une des plus anciennes de la République, et jouis d'un énorme prestige.

- Et tu sais pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi la famille Alston est l'une des plus éminentes de Bakan depuis très longtemps.

Erend le savait, bien sûr, mais il n'était pas sûr que Zayne soit au courant. Mère ne leur avait rien dit à tout les deux. Erend l'avait trouvé tout seul en fouillant dans les arbres généalogiques de la famille.

- Oh, ben euh... hésita Zayne. Je crois que c'est à cause d'un de nos ancêtres. Il aurait sauvé la République il y a plusieurs siècles d'un type qui voulait la renverser.

- C'est à peu près ça oui.

C'était un peu plus que ça, quand même. Toutes les bonnes familles de Bakan savaient que la famille Alston descendait d'un dresseur notable, qui, il y a cinq cent ans, s'était soulevé contre la République au coté du légendaire Castel Haldar. Mais finalement, cet homme avait trahi son ami et avait aidé la République à l'arrêter. Il avait péri durant la bataille, mais son fils avait été reconnu par la République en remerciement pour les actes de son père. C'était pour cela qu'Erend avait du mal à accepter ce qu'avait raconté monsieur Elson. Pourquoi diable Uriel voudrait-il envahir la République qu'il avait aidé à sauver il y a cinq cent ans ?

Erend craignait plutôt que les gens de Cinhol, loyaux envers les idéaux de Castel Haldar, ne viennent ici vu qu'apparemment, c'était possible, avec cette histoire d'anneaux. Car s'ils venaient, la République de Bakan ne serait pas leur seule cible. Toute la famille d'Erend serait menacée, car elle était l'héritage d'Uriel, le traître de Cinhol.






A SUIVRE DANS LE SAUVEUR DU MILLENAIRE







*******


Mot de l'auteur :


Et voilà, cette fic est enfin terminée, avec 40 chapitres tout rond. Elle ne devait pas en faire autant, pas plus qu'elle ne devait avoir une suite, mais ayant profondément modifié la fin, je ne pouvais que continuer ensuite. En espérant que mon imagination débordante ne me joue pas encore des tours et qu'il n'y ai pas besoin d'un troisième tome après. J'avais prévu cette fic comme étant un tome unique ne dépassant pas les 30 chapitres, et ça m'embêterai de devoir la transformer en trilogie^^'

Remerciements habituels à vous tous, chers lecteurs, à ceux qui postent dans les commentaires, à mon vaillant béta-lecteur et critique Deadlier. Ecrire cette fic, d'un genre assez différent des autres, a autant été un défi qu'un plaisir. J'espère tous vous retrouver pour le prochain tome, Le Sauveur du Millénaire, pour la suite et fin de cette histoire.

J'aimerai aussi m'adresser aux non-lecteurs de mon autre fic, Team Rocket X-Squad, s'il y en a. Cinhol étant une fic qui se suffit à elle-même, la lecture de ma fic référence, X-Squad, n'est donc pas nécessaire. Mais il y a quelque clins d'œil et choses tirées de X-Squad dans Cinhol qui mérite d'être expliquées à ceux n'ayant pas lu X-Squad, pour une compréhension optimale de Cinhol.

Commençons par le plus récent, le dénommé Lord Judicar de ce dernier chapitre. Judicar est un perso commun à toutes mes fics, actuelles ou futures, qui a de multiples identités et des buts mystérieux. Dans X-Squad, il est le terrible et surpuissant Agent 001 de la Team Rocket. Dans Gardiens de l'Harmonie, il est Ardulio, un jeune homme mystérieux aidant les héros. Judicar est un individu drapé de mystères, dont on sait seulement qu'il a le pouvoir de voyager dans le temps et possède une force colossale. Quels sont ses buts ? Personne ne le sait encore, sauf moi peut-être^^ Il est le pivot qui relie toutes mes fics entre elles. Dans ce même chapitre, je cite les Primordiaux. Je ne les ai cité qu'une seule fois dans X-Squad, en tant que race ancienne et légendaire qui aurait crée la cité légendaire d'Atlantis.

Ensuite, venons à un personne que tout lecteur de X-Squad connait, j'ai nommé Erend Igeus. Dans l'arc 7 de X-Squad ( qui se passe cinq ans après Cinhol ) il est l'un des Dignitaires de Kanto, les hommes qui dirigent la région, ayant pris la place de son père après sa mort. Erend, bien que très jeune, est un individu très intelligent et idéaliste, qui parvient rapidement à prendre le contrôle du reste des Dignitaires pour devenir l'ennemi numéro 1 de la Team Rocket lors de la guerre qui éclate entre eux. Dans X-Squad, son Pokemon, Babytus, a déjà évolué, et il a un demi-frère du coté de son père, Ithil, un assassin aux pouvoirs de Pokemon spectres qui lui sert d'espion et d'exécuteurs. Erend aura, comme vous vous en doutez, un grand rôle pour la suite de Cinhol.

Après, qu'est-ce qu'il y a... ah oui, les Modeleurs, la race de Syal et Ryates. Aussi tirée d'X-Squad, car l'un des persos principaux de cette fic est le Silvermod, le gars qui contrôle l'argent. Les Pokemon Dieux Guerriers viennent de X-Squad aussi. Il s'agit des trois Pokemon légendaire pouvant se transformer en arme. Hafodes est l'un d'eux. Dans X-Squad, il y a Ecleus, l'oiseau de foudre qui peut se changer en éclair boomerang, qui est la propriété de Siena Crust, la grande ennemie d'Erend. Le troisième, Triseïdon, n'a pas encore été trouvé.

Un petit mot sur la Stormy Sky aussi. Ils sont cités dans X-Squad et apparaissent une fois en tant que membre des Quatre Eclipse. Les Quatre Eclipse, ce sont les quatre plus puissantes organisations criminelles du monde : Stormy Sky, Team Rocket, la Garde Noire, et Apocalypto. Ces derniers ne sont pas encore apparus dans mes fics, mais j'ai fait apparaître un peu les gars de la Garde Noire, d'où provenait Syal autrefois.

Je crois que j'ai fait le tour de ce qui provient de X-Squad. Je n'ai pas fait seulement des clins d'œil à mes propres fics, mais aussi à l'univers Pokemon. Anis, bien sûr, qui est membre du conseil des 4 d'Unys. Et Leaf, personnage du manga Pokemon Adventure. Leaf est nommée Blue dans la VO du manga, et Verte en VF, et il s'agit, pour ceux qui l'ignorent, de l'héroïne que l'on peut choisir dans Rouge Feu et Vert Feuille. Son histoire que j'ai cité dans un chapitre de Cinhol, son enlèvement par la Neo Team Rocket, tout ça, ça provient du manga, que je ne saurai trop vous recommander.

Voilà voilà. Si vous avez des questions, je serai heureux d'y répondre par MP ou sur les commentaires. Rendez-vous en fin de mois pour le second tome de Cinhol.

PS : Ah, et comme me l'a demandé ma charmante évaluatrice, voici un modeste arbre généalogique de la famille Haldar. Vrai qu'on peut s'y perdre à travers tous ces mariages, infidélités, bâtards et autres^^