Chapitre 234 : La fin des combats
La base mobile de la GSR était enfin arrivée devant la Tour Centrale, siège des Dignitaires. Siena sourit pour elle-même, imaginant comment ces vieux idiots devaient se sentir en ce moment, en voyant d'en haut qu'elle était juste sous leur nez, et en se rappelant bien sûr le sort qu'elle avait fait subir à Balthazar Igeus. Les combats continuaient encore autour. Il ne restait plus beaucoup de soldats en vie, mais le général Lance les avait rejoint, et se battait comme un possédé pour défendre ses hommes. Il devait être en colère. Il avait ravalé sa fierté en se rendant, et Siena s'était royalement fichue de sa reddition en continuant à massacrer ses hommes.
Elle se résolut donc à l'affronter. Le dernier rempart entre elle et les Dignitaires. De plus, Peter Lance était un symbole, un homme légendaire dont la puissance l'était tout autant. L'ajouter à son tableau de chasse ne ferait que du bien à la renommée de Siena. Mais dès que le colonel Crust sortie de sa base mobile, et que Lance se tourna vers elle, il y eu deux nouveaux arrivants. L'Agent 003, qui atterrit à quelques mètres comme s'il venait d'effectuer un saut énorme. Vu les veines qui ressortaient de ses mains et de son cou, et son regard assassin, il venait d'activer ses brassards de Sombracier. Siena connaissait le pouvoir de Vilius, le fait de pouvoir utiliser le Sombracier qu'il portait comme un ultra-tonique, renforçant son corps et son esprit.
Tel était le Sombracier, un métal vivant qui accordait à ceux qui le maniaient une puissance réelle. Mais en échange, ils perdaient un peu de leur âme. Le Sombracier était dangereux, il pouvait, si on s'en servait trop, transformer un homme en une bête sans sentiment ou assombrir définitivement son esprit. C'était pour cela que Siena ne voulait pas l'utiliser. Et puis, elle avait déjà quelqu'un en elle qui l'influencé déjà assez. Avec Vilius, il y avait Solaris, qui replia ses magnifiques ailes nacrées en se posant. Tous les deux regardaient Siena avec circonspection, comme s'ils redoutaient qu'elle ne les attaque soudainement.
- Cela est assez, colonel Crust, commença Vilius. Je viens d'avoir le Boss en direct, et il vous ordonne expressément de cesser le combat et d'accepter la reddition du général Lance. Tout acte contraire de votre part entraînera des représailles immédiates de la Team Rocket. Suis-je assez clair ?
Siena fut tentée de relever son défi. Elle avait assez de GSR pour écraser les forces de Vilius, et elle-même pouvait s'occuper de lui et de Lance à la fois. C'était très tentant. Après avoir écrasé 003 à la face du monde entier, plus personne ne douterai de son pouvoir et de sa détermination, pas même Giovanni. Elle commença à caresser l'éclair d'Ecleus du bout des doigts, quand Solaris intervint :
- Vous devriez l'écouter, Siena. Je ne me suis pas battue à vos coté pour assister à un massacre inutile et gratuit.
Siena sut alors que si jamais elle affrontait Vilius, elle devrait affronter Solaris aussi. Là, ça serait peut-être un peu trop, même pour elle. Et puis, il était trop tôt, finalement. Siena devait encore gagner plus de pouvoirs et de renommée dans la Team Rocket pour espérer un jour écraser tous ceux qui s'opposeront à elle. Pour l'heure, elle devait ravaler sa fierté et s'incliner.
- Bien sûr, Agent 003, fit-elle avec un beau sourire hypocrite. Je ne discuterai pas les ordres du Boss. Veuillez m'excuser pour... m'être un peu emportée. La fièvre du combat, sans doute...
Puis elle se tourna vers un général Lance qui la fusillait du regard de ses yeux dorés.
- Donc, avec un peu de retard, j'accepte votre reddition, général.
Il était clair que Lance fulminait. Il voulait la faire payer pour les hommes qu'elle avait massacrés pour rien. Siena espérait qu'il allait le faire. Ça lui donnerait une bonne raison pour continuer à se battre. Mais Solaris coula un regard implorant vers Lance.
- Général, je vous en prie... Il y a assez eu de morts.
Lance renfloua sa colère et hocha la tête. Il prit sa fine épée à deux mains, et la tendit à Siena, en signe de soumission. Mais avant que Siena n'ai pu s'en saisir, Lance changea de direction et la remis à Vilius à la place. Quand l'Agent l'empoigna, il ne manqua rien du rictus mauvais de Siena à son égard, qui semblait vouloir dire : « je me souviendrai de ça, mon gars ». Vilius l'ignora superbement et fit signe à ses hommes.
- Veuillez escorter le général Lance. Il est notre prisonnier, mais j'entends qu'il soit traité avec le respect qui lui ai dû, est-ce clair ?
- Oui monsieur, s'inclinèrent les Rockets.
Lance les suivit sans faire d'histoire. Siena devrait sans doute patienter un moment avant d'exiger sa tête.
- Bien, si nous montions ? Fit-elle gaiment. Il ne s'agirait pas de faire trop patienter les Dignitaires.
Vilius la regarda avec suspicion.
- Ils seront faits prisonniers eux aussi, et placés sous la juridiction du Boss.
- Bien sûr, bien sûr. Mais je me réserve Erend Igeus. Vous me l'aviez promis, monsieur, vous vous souvenez ? Il a fait tuer mon frère.
Vilius hocha la tête un peu à contrecœur. Siena avait dit ça juste pour le principe. Elle savait qu'elle n'aurait sûrement pas l'occasion de venger Lusso aujourd'hui, car elle pensait avoir compris comment fonctionnait Erend Igeus. En montant jusqu'à la salle du conseil des Dignitaires, ils tombèrent sur pas mal de gardes qui se rendirent sans faire d'histoire. Ils trouvèrent aussi un étage totalement dévasté. Celui des Shadow Hunters. Siena tomba d'ailleurs sur Zeff, Djosan et Goldenger, visiblement amochés, mais indemnes.
- Vous avez gagné ? S'étonna presque Siena.
- On a fait du gagnage contre les méchants, pour sûr ! S'exclama Goldenger. Ils n'ont pas fait le poids face à la force de notre juuuussssstiiiiice.
- Les Shadow Hunters sont morts ?
- Pas le mien, répondit Zeff.
- Ni le mien, assurément, poursuivit Djosan.
- Et la fille méchante que j'ai affronté ne faisait pas de la vraie méchanceté, il aurait été encore plus méchant de lui faire du tuage, pour sûr, acheva Goldenger.
- Vous êtes de parfaits incapables ! Explosa Siena. Les ordres...
- Quels ordres ? Coupa Zeff. Les tiens ? Il s'écoulera beaucoup d'eau sous les ponts avant que je prenne mes ordres de toi, ma chère filleule. On les a battus, point final. Ils ne nous embêterons plus. Ce serait du gâchis de buter des mecs aussi balèzes.
Siena fulminait, mais il n'aurait servi à rien qu'elle se donne en spectacle devant ses capitaines, Vilius et Solaris.
- J'espère au moins que vous avez capturé les Fanexian ?
- Ça je n'en sais rien, répondit Zeff. Faudra voir avec le colonel Tuno et tes frangins.
- Oui, et d'ailleurs, où ils sont ?
- J'n'en sais rien non plus. Mercutio était sur le toit pour combattre le balèze en chef, c'est tout ce que je sais.
- Ils sont vivants, pour sûr. Je sens leur présence dans mon esprit trop fort qui perçoit les esprits des autres, fit Goldenger.
Ça devrait suffire à Siena pour le moment. Elle continua sa marche jusqu'aux Dignitaires. Comme elle l'avait imaginé, elle les trouva tous tremblant dans leur grande salle du conseil, se frottant les mains ou s'épongeant leurs fronts de sueur. Seul Erend Igeus paraissait détendu, le seul étant resté assis sur une chaise, souriant aimablement à Siena, ainsi qu'Edgar Cummens, qui se tenait bien droit et paraissait presque s'ennuyé.
- Messieurs les Dignitaires, je vous salue, leur dit Siena.
Dès lors, l'un d'entre eux ne perdit pas de temps. Il s'inclina devant elle en sanglotant.
- Pitié, colonel Crust ! Grâce, j'implore grâce ! Vous pouvez tuer les autres, mais épargnez-moi, je vous en supplie ! En réalité, j'ai toujours soutenu votre action...
- La ferme Dreant, cracha Artulus Crayns. Vous êtes un menteur et un lâche ! Sachez, colonel Crust, que moi en revanche, je vous ai toujours combattu fermement, mais avec le plus grand respect pour vos compétences. En revanche, j'en connais ici certains qui n'ont pas épargné leurs insultes à votre égard.
- Erend Igeus est responsable de la mort de votre frère, colonel, pas nous, déclara le ventripotent comte Chumfort. C'est lui qui nous a manipulés pour que nous vous combattions ainsi !
- Ils me cassent les oreilles, siffla Althéï derrière Siena. Vous voulez que je les soulage d'un peu de leur sang pour ne plus les entendre ?
Siena lui fit signe que non, même si elle aurait apprécié le spectacle. Tous les Dignitaires s'étaient mis à parler en même temps en s'insultant entre eux et en essayant de convaincre Siena quelle devait les avoir de leur côté pour gouverner Kanto. Seul Erend restait silencieux, observant tout cela d'un air désolé. Cummens n'avait pas bougé, et Silvestre Wasdens, que Siena avait rencontré chez les Gardiens de l'Innocence, regardait Solaris avec interrogation et un peu de déception. Cette dernière, de honte ou d'embarras, n'osait pas croiser le regard de son maître.
- Vous vous taisez, Erend Igeus, fit Siena en faisant taire le reste des Dignitaires. Vous n'avez donc rien à dire ?
- Toute parole serait futile désormais, fit le jeune Dignitaire. Mais je tiens quand même à vous féliciter pour votre prise de la ville, colonel Crust. C'était audacieux, comme plan. Couteux, mais audacieux. Mais vous ne m'avez pas encore mis échec et mat, je le crains.
Il fit tournoyer le roi blanc qu'il tenait entre ses doigts. Siena tira vers lui un rayon d'Eucandia via son brassard. Tous les autres Dignitaires hurlèrent de terreur, mais le rayon se contenta de traverser Erend sans le toucher. Alors, tout le monde pu voir son image fluctuer un moment avant de redevenir stable. Siena eu un sourire mauvais.
- Comme je m'en doutais, ça fait un moment que vous êtes parti, n'est-ce pas ? Vous n'avez jamais douté de ma victoire.
Erend lui rendit son sourire. Haletant, Crayns se releva.
- Que... Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Voyez-vous-même, dit Siena. Ce n'est qu'un hologramme. Votre tant adulé Igeus vous a abandonné avant même le début de cette bataille. Il doit être à l'abri quelque part, sans doute à Johto, où il a regardé tranquillement la bataille.
En effet, quand Erend se leva de son siège, tous purent voir le projecteur holographique qui se trouvait dessus. Les Dignitaires se rependirent en exclamation outragée à l'égard d'Erend. Celui-ci se contenta de regarder Siena.
- Comment avez-vous deviné, colonel ?
- Je crois que s'il a bien une chose que nous avons en commun, c'est celle-là : nous ne jouons que pour gagner.
L'image d'Erend hocha la tête.
- C'est vrai. Et la fin justifie les moyens. Sur la forme, nous nous ressemblons beaucoup, vous et moi. Mais vous ne servez que vos propres intérêts, alors que je sers la paix.
- Mes intérêts mèneront à la paix.
- Croyez-vous ? Ceux qui se servent de la guerre pour leur propre compte ne pourront jamais avoir comme intérêt la paix, colonel. Et encore moins ceux qui font en sorte de la provoquer et qui restent dans l'ombre en ricanant de nous. Je crois qu'il est temps de vous présenter à tout le monde, Edgar Cummens.
Erend avait parlé au Dignitaire qui était resté impassible malgré toute cette agitation. Quand il sourit à l'encontre d'Erend, Siena cru voir ses yeux se mettrent à rougeoyer.
- Quel humain intelligent vous êtes, Igeus, dit Cummens. Vous savez depuis longtemps ?
- Depuis que vous avez passé ce marché avec mon père. Je vous ai vu chez lui. Vos illusions ont assez durées.
- Mais que... balbutia Vilius, totalement dépassé.
- Ainsi soit-il, fit Cummens. Certains ici me connaissent mieux sous cette apparence, je crois.
Le corps de Cummens se brouilla pour se transformer en quelqu'un d'autre. Une jeune femme aux cheveux noirs, séduisantes, et portant un uniforme de l'ancienne Team Nemesis de Zelan. Zeff jura, et Siena frémit.
- Vous ?
Oui, elle se rappelait bien de cette femme. Elle lui avait pris son fils qui venait de naître pour l'amener à Zelan, et se servait des illusions pour tromper ses ennemis. Licia Spionie. Elle avait été l'assistante du traître Amos dans l'affaire du quatrième oiseau légendaire, elle avait secondé Zelan comme chef de la Team Némésis, mais personne n'avait pu dire qui elle était réellement et ce qu'elle voulait.
- Moi, dit Licia. Je suis content de vous revoir, Siena. Vous avez évolué, et en bien. Et ce cher Zeff...
- Mais... que... qui êtes-vous, par Arceus ?! Cracha Artulus Crayns. Vous n'êtes pas Cummens ?!
Licia éclata de rire.
- Le vrai Edgar Cummens est mort depuis quatre ans. J'ai pris sa place et durant tout ce temps, j'ai manipulé le conseil des Dignitaires. Si cette guerre a éclaté, c'est grâce à moi. Le Canon Jupiter de Balthazar Igeus, c'est aussi grâce à moi. Je vous remercie tous de la facilité avec laquelle vous vous êtes laissés embobiner. Même le jeune Erend l'a compris et se sert de vous depuis qu'il est là. Mais bon, il ne s'agit pas de ma vraie apparence, juste l'une de mes multiples identités. En réalité, je suis...
Son image se troubla à nouveau, et quand elle redevint claire, Licia avait disparu, pour laisser place à une silhouette sombre et mécanique, aux yeux et à la crinière rouge métallique hérissée en piques. Les Dignitaires furent encore plus pétrifiés, si c'était possible.
- D-Zoroark, pour vous servir, dit le Pokemon Méchas de sa voix artificielle.
Siena se hérissa. Elle avait espéré que ces Pokemon Méchas qu'elle avait déjà affrontés en étant dans la X-Squad ne viennent pas interférer avec ses plans. D-Zoroark la regarda en même temps qu'Erend.
- Vous êtes tous les deux des humains fascinants. Vous avez tous les deux accomplis beaucoup pour les miens. Mon Père désirait cette guerre entre vous. Vous ne l'avez pas déçu. Vous avez, sans le savoir, servi les plans de notre Père. À présent, vous pouvez continuer à vous entretuer à distance si vous le voulez, peu m'importe. Sachez juste que même si vous ne me voyez pas, moi, je vous verrai. Je peux être n'importe qui n'importe quand. Vous continuerez de danser pour moi, jusqu'à que notre Père prenne enfin possession de ce monde. À présent, si vous voulez bien m'excuser...
Mais il apparut que Siena et les autres ne le voulurent pas. Zeff transforma son argent en fluide pour l'enrouler autour du Pokemon Méchas. Vilius, Solaris, Goldenger et Djosan l'entourèrent. Siena déploya Ecleus sous sa forme normale.
- Tu ne t'échapperas pas, ordure mécanique, déclara Vilius. Ça fait depuis trop longtemps que toi et tes potes vous nous cassez les couilles. Trutos et l'Empire de Vriff, c'était toi aussi, hein ?
- Ah, c'était mon frère, D-Deoxys. Il a œuvré avec ce Seigneur Souverain Vriffus, sous les ordres de Père, pour purger la planète avec son Joyau des Mélénis, oui. En un sens, nous sommes donc aussi responsables de votre petite crise passagère de folie, dame Solaris.
Il s'inclina ironiquement devant Solaris, dont les yeux violets se rétrécirent dangereusement.
- Mais concernant Trutos et sa Team Cisaille, là, D-Deoxys a agi de son plein gré et secrètement. Il espérait faire main basse sur le trio de Pokemon Eï, Ea et Eü pour profiter de leur pouvoir combiné afin de se créer une armée personnelle de Méchas. Mais votre unité X-Squad a été assez serviable pour l'arrêter à notre place, et nous l'en remercions. Ah, et puis plus récemment, mon frère D-Suicune a provoqué un joli chamboulement à Unys, mais il a été détruit, l'idiot...
D-Zoroark sembla secoua la tête.
- Vous autres humains, vous êtes dangereux parfois. Mes frères ne semblent pas s'en rendre compte. Ils vous prennent pour des moucherons. Mais moi, qui ai vécu longtemps parmi vous pour vous espionner, je sais que vous avez un certain potentiel. Il me plairait d'en savoir davantage sur ce pouvoir, sur cette volonté. C'est pourquoi je ne prendrai pas le risque de vous affronter aujourd'hui. Mais nous nous reverrons, soyez en sûr.
Il éclata de rire et ses yeux s'allumèrent, alors que pour toutes les personnes présentes dans la salle, le paysage sembla se distordre et fluctuer. Erend, qui n'était pas affecté vu qu'il n'était pas vraiment là, leur dit :
- Ce n'est qu'une illusion ! Il en profite pour s'enfuir !
En effet, D-Zoroark venait de détruire le mur et de sauter de la tour. Siena envoya Ecleus, et le Dieu Guerrier décocha au Pokemon Méchas une attaque Fatal-Foudre qui le toucha de plein fouet, en balayant au passage une bonne partie de ce qu'il y avait autour. D-Zoroark se retourna.
- C'est que ça fait mal, stupide oiseau articulé !
Ecleus fonça à sa suite, mais D-Zoroark utilisa une attaque Explonuit d'une puissance terrible, qui plongea le centre-ville entier dans le noir total durant bien trente secondes. Quand le phénomène cessa, D-Zoroark avait disparu. Siena prit cinq secondes pour se reprendre, puis jeta un regard aux Dignitaires. Tout cela était trop pour eux, et ils semblaient totalement assommés. Vilius fit signe qu'on les emmène, et ils se rendirent sans protester.
- J'ai reçu ordre du boss de réparer vos dégâts, colonel, dit ensuite Vilius. Nous devons soigner les blesser, récupérer les morts, et qu'importe qui ils sont. Et vous allez aider.
- Oui, mes hommes sont à votre disposition, servez-vous donc.
Quand Vilius fut parti, Siena revint à l'hologramme d'Erend, toujours là.
- Vous avez entendu ce robot, colonel ? Demanda le dernier des Dignitaires. Lui et les siens nous manipulent. En nous faisant la guerre, nous agissons exactement comme ils veulent.
- La guerre est terminée maintenant. À Kanto, du moins. Mais vous devez savoir une chose, Erend. Où que vous vous cachiez, je vous retrouverez.
Igeus ricana.
- Oh, j'imagine sans mal que vous trouverez une excuse pour aller conquérir d'autres régions. En attendant, j'observerai avec attention ce que la Team Rocket fera ici. Vous avez gagné cette région, autant ne pas la perdre en faisant n'importe quoi avec, n'est-ce pas ?
Siena allait répondre, quand Mercutio et Galatea les rejoignirent. Galatea soutenait un Mercutio assez mal en point, qui avait perdu la moitié de son bras droit, ce qui choqua Siena. Elle fut surprise de pouvoir ressentir encore de l'inquiétude pour son frère.
- Mercutio... ça va ?
Les jumeaux regardèrent Siena comme si elle venait de proférer une énormité.
- En pleine forme, comme tu peux le voir, dit Mercutio en secouant son bras raccourci. Je te remercie de ta solitude, très chère sœur. C'est dommage, je constate qu'on arrive en retard pour troller les Dignitaires. Comment c'était ?
- Epique, répondit Zeff.
- Vous êtes en vie, s'étonna presque Erend. Trefens a-t-il décidé de vous épargner ?
Mercutio regarda Erend avec méfiance.
- Pourquoi il est encore là, lui ?
- Il n'est pas là, soupira Siena. C'est un hologramme.
- Ah bon. Eh bien, sachez, m'sieur Igeus, que c'est plutôt moi qui ai épargné Trefens.
- Vous l'avez vaincu ? Surprenant. Mais je partage la perplexité de votre sœur le colonel Crust. Vous auriez dû tuer chacun des Shadow Hunters. Ils sont trop dangereux.
- Amusant venant de la personne qui les engageait, répliqua Galatea. Au fait, vous êtes sacrément mignon, comme garçon. Riche, puissant, intelligent... Quel dommage que vous soyez l'ennemi.
Erend la contempla avec amusement.
- Je ne suis pas l'ennemi de la X-Squad, seulement celui de la GSR. Et je n'étais sûrement pas l'allié des Shadow Hunters. Je n'ai jamais approuvé qu'on se serve de ce genre de personne. Je les méprise, tous autant qu'ils sont, et j'aurai voulu que vous m'en débarrassiez une bonne fois pour toute.
- Même votre frère ? S'étonna Mercutio.
- Même lui.
L'image d'Erend se tourna un peu vers la droite.
- Tu observes depuis longtemps, Ithil ?
La silhouette sombre du G-Man sorti du mur d'en face, provoquant pas mal de réactions parmi les Rockets. Mais Galatea les calma un peu.
- C'est bon les gars, je crois que ce type est clean. Il nous a aidés à Céladopole.
- Absurde ! Cracha Siena. C'est lui qui a tué Lusso !
- Ithil ne fait rien que je ne lui ordonne pas, fit Erend. Il devait éliminer les Shadow Hunters si jamais vous veniez à échouer. Et surtout, vous empêcher d'obtenir les Fanexian en les détruisant. Est-ce chose faite, Ithil ?
Le G-Man s'inclina devant son frère.
- J'implore votre pardon, monsieur, mais seulement deux d'entre eux ont péri. Kenda s'est enfui avec le dernier Fanexian.
Le regard d'Erend se fit froid.
- Et tu l'as laissé partir ?
- Oui, monsieur Igeus. J'ai découvert qu'il avait un potentiel de G-Man, et les G-Man ont interdiction de se combattre entre eux. C'est l'une de nos règles élémentaires.
- Bon sang, tu es vraiment inutile, sais-tu ?
Ithil releva la tête, surpris.
- Monsieur ?
- Tu as très bien compris. Tu ne me sers à rien. Je comptais sur toi pour détruire la Shaters, ou au moins te faire tuer par elle, mais tu n'as fait ni l'un ni l'autre. Quand vas-tu te décider à crever, afin que je ne sois plus obligé de subir ta présence ?!
Erend avait haussé le ton, et tous le regardèrent, ébahis. Le jeune Dignitaire, toujours maître de lui, semblait lâcher tous ses sentiments.
- Tu me dégoutes, poursuivit-il. Depuis le début, tu assassines les gens. Tu n'es né que pour ça. Comme les Shadow Hunters. Je n'avais pas besoin d'eux, et je n'ai pas besoin de toi.
- Mais... Erend... mon frère...
- Silence, raclure ! Tu n'es que le bâtard de notre père, aussi ignoble que lui. Tu n'as pas le droit de m'appeler ainsi. Je te libère du service de la famille Igeus. Tu peux aller faire ce que tu veux. Je ne veux plus te voir !
La transmission cessa, et Erend disparut. Abasourdi par les paroles de son demi-frère, de la seule personne qui comptait pour lui, Ithil resta à genoux, comme sonné. Siena ne comprenait pas. Cet Ithil était quelqu'un de loyal, et surtout, de puissant. Pourquoi s'en débarrasser comme ça ? La noblesse d'Erend Igeus était-elle telle qu'il refusait d'utiliser l'assassinat comme méthode ? Siena en doutait. Erend avait lui-même convenu que la fin justifiait les moyens. Une rancœur familiale, peut-être ? C'était courant qu'un fils de bonne famille accepte mal qu'un de ses parents ai engendré un autre enfant ailleurs. Galatea, qui semblait prise de pitié pour le G-Man, lui posa une main sur l'épaule.
- Pourquoi travailler pour ce type, vu comment il te traite ?
- C'est mon maître et mon frère, répondit Ithil. J'ai servi notre père depuis mon plus jeune âge. J'étais destiné à servir Erend, et son fils après lui. C'est pourquoi j'existe. Je ne sais rien faire d'autre... personne d'autre à servir...
Bizarrement, ce fut Solaris qui lui répondit, d'une voix qui indiquait qu'elle comprenait ce qu'il ressentait.
- On trouve toujours une cause meilleure que la précédente à servir. Tu la trouveras, toi aussi.
Comme s'il venait juste de s'apercevoir de sa présence, Djosan sursauta d'un bond prodigieux.
- Par mes aïeux, l'Impératrice de Vriff, ici ?!
Solaris ne put s'empêcher de pouffer.
- Contente de vous revoir aussi, Sire Djosan.
- Eh eh, fit Goldenger en sautillant, vous voulez que je vous raconte comment j'ai fait du battage de la méchante au monsieur nounours, pour sûr ?
- Sans dec, tu as gagné ? S'étonna Zeff. Tout seul ?!
Comme la X-Squad, ainsi que Solaris, commençaient à se lancer dans leurs récits, blagues et rires, Siena fronça les sourcils et parti. Autrefois, elle serait restée, mais elle n'avait clairement plus sa place dans tout ça. Elle les trouvait tous si stupides et futiles... Ithil, lui, resta, intrigué et curieux par cet étalage de camaraderie et d'échanges joyeux après un combat qui ne l'était pas. Il n'avait jamais rien connu de tel, que ce soit chez les G-Man ou les Shadow Hunters. C'était vraiment bizarre. Ce fut Mercutio qui mit fin à tout ça, en déclarant :
- Bon, désolé de casser l'ambiance, mais j'aimerai bien trouver un toubib pour soigner mon moignon. Et faudrait songer à trouver le colonel aussi. Une idée d'où il peut-être ?
- En train de travailler, peut-être... S'amusa Galatea.